ALAIN
FORTIER
Depuis plus de 20 ans,
Alain Fortier travaille dans
le commerce de détail,
principalement en vente
et satisfaction du
consommateur ainsi
qu’en innovation et
implantation des
processus d’affaires.
Détenteur d’un MBA
exécutif de l’Université
Concordia, il poursuit des
études en commerce électronique
à l’Université
Laval. Il est directeur
des opérations pour
le groupe Cantrex
(Sears Canada).
alain.r. fortier@gmail.com
Des commerces de détail font actuellement l’objet
de projets pilotes pour la nouvelle certification
Leadership in Energy and Environmental
Design (LEED) en commerce de détail. En
attendant que le tout soit complété et que la certification
soit officiellement lancée (prévue fin
2010) (1), nous vous proposons une revue des
actions possibles pour être plus écoresponsable.
Au cours des dernières années, plusieurs
entreprises ont construit des magasins verts, par
exemple Canac-Marquis Grenier pour sa succursale
de Saint-Nicolas à proximité de Québec.
Comme bénéfice direct, la nouvelle construction
amènera des économies d’énergie de 25 %
supérieures aux standards canadiens de consommation
d’énergie (2).
D’autres commerçants ont converti des commerces
répondant aux exigences du développement
durable. Dans ce contexte, le Conseil du
bâtiment burable du Canada (CBDCa)(3) et Voir
Vert, le portail du bâtiment durable au Québec
(4), travaillent à promouvoir diverses certifications
et à former des entrepreneurs en construction
pour les appliquer. Dans l’optique d’éclairer
votre réflexion au sujet des pratiques vertes de
commerce de détail, cet article présentera les
principales certifications sur le marché ainsi que
les avantages concrets et les défis d’application y
étant associés. Une brève liste de commerçants
qui exploitent leur entreprise dans des locaux
conformes à des certifications de ce type sera
dressée. Le développement durable sur une base
volontaire sera aussi abordé.
Quelle certification choisir?
Bien qu’aucune certification dédiée au commerce
de détail n’ait encore vu le jour, plusieurs
certifications existent présentement dans l’industrie
du bâtiment. Leadership in Energy and
Environmental Design (LEED) et Energy Star
s’imposent actuellement comme les standards
les plus utilisés et les plus reconnus (5). Pour
obtenir une certification LEED, il est conseillé de
faire appel au service d’un professionnel agréé
LEED. Il sera en mesure d’agir en tant que personne-
ressource et de coordonner le processus
de certification parmi les membres de l’équipe
de travail. Sur son site Internet, le CBDCa se
réjouit d’une augmentation de 25 % des demandes
de certification LEED au cours des trois
derniers mois, résultat d’un « signe évident de la
force de LEED Canada et de sa valeur sur le
ma rché! ». Le s détails de l ’initiation d’une
demande sont a
IIBA Région de Québec - Une journée dans les souliers de votre client extern...
Magazine Surface - En attendant la certification - Alain Fortier
1. A
EN ATTENDANT LA CERTIFICATION
Des commerces de détail font actuellement l’ob- LEED. Il sera en mesure d’agir en tant que per-
jet de projets pilotes pour la nouvelle certifica- sonne-ressource et de coordonner le processus
tion Leadership in Energy and Environmental de certification parmi les membres de l’équipe
Design (LEED) en commerce de détail. En de travail. Sur son site Internet, le CBDCa se
attendant que le tout soit complété et que la cer- réjouit d’une augmentation de 25 % des deman-
tification soit officiellement lancée (prévue fin des de certification LEED au cours des trois
2010) (1), nous vous proposons une revue des derniers mois, résultat d’un « signe évident de la
actions possibles pour être plus écorespon- force de LEED Canada et de sa valeur sur le
sable. marché! ». Les détails de l’initiation d’une
ALAIN demande sont accessibles en ligne ainsi qu’un
Au cours des dernières années, plusieurs
FORTIER aperçu des frais d’inscription et de certification.
entreprises ont construit des magasins verts, par
De son côté, Energy Star est mieux connue pour
exemple Canac-Marquis Grenier pour sa succur-
son étiquette identifiant certains produits, par
Depuis plus de 20 ans, sale de Saint-Nicolas à proximité de Québec.
exemple des électroménagers répondant à des
Alain Fortier travaille dans Comme bénéfice direct, la nouvelle construction
critères stricts en matière d’efficacité énergé-
amènera des économies d’énergie de 25 %
le commerce de détail, supérieures aux standards canadiens de con-
tique. Toutefois, une grande partie de l’expertise
principalement en vente Energy Star est mise à contribution dans les
sommation d’énergie (2).
immeubles résidentiels et commerciaux avec des
et satisfaction du D’autres commerçants ont converti des com- professionnels agréés en ingénierie ou en archi-
consommateur ainsi merces répondant aux exigences du développe- tecture. Ils vous aideront à prendre des décisions
qu’en innovation et ment durable. Dans ce contexte, le Conseil du averties pour réduire votre consommation
implantation des bâtiment burable du Canada (CBDCa)(3) et Voir énergétique et améliorer votre profitabi-lité.
Vert, le portail du bâtiment durable au Québec
processus d’affaires. Si facile et si difficile
(4), travaillent à promouvoir diverses certifica-
Détenteur d’un MBA Les critères de certification simplifient la tâche
tions et à former des entrepreneurs en construc-
des marchands en dressant une liste d’actions
exécutif de l’Université tion pour les appliquer. Dans l’optique d’éclairer
plus vertes lorsqu’ils veulent construire ou con-
Concordia, il poursuit des votre réflexion au sujet des pratiques vertes de
vertir un bâtiment commercial (6).
commerce de détail, cet article présentera les
études en commerce élec- L’intervention d’un professionnel agréé facilite la
principales certifications sur le marché ainsi que
tronique à l’Université mise en œuvre de ces actions et l’atteinte des
les avantages concrets et les défis d’application y
objectifs associés. Certains attributs du bâtiment
Laval. Il est directeur étant associés. Une brève liste de commerçants
découlant de la certification auront un impact
des opérations pour qui exploitent leur entreprise dans des locaux
sur sa valeur marchande, mais les coûts élevés
conformes à des certifications de ce type sera
le groupe Cantrex de certaines actions ne se convertiront pas
dressée. Le développement durable sur une base
(Sears Canada). nécessairement en gain financier (7). Les certi-
volontaire sera aussi abordé.
fications ont l’avantage significatif de permettre
Quelle certification choisir? une prise de mesure d’efficacité et d’établir des
alain.fortier@gmail.com Bien qu’aucune certification dédiée au com- comparatifs avec d’autres bâtiments. L’image de
merce de détail n’ait encore vu le jour, plusieurs l’entreprise peut dans certains cas en être
certifications existent présentement dans l’in- améliorée (8).
dustrie du bâtiment. Leadership in Energy and Il serait naïf d’ignorer le temps et les coûts
Environmental Design (LEED) et Energy Star nécessaires pour répondre aux exigences d’une
s’imposent actuellement comme les standards telle certification. Par exemple, pour la certifica-
les plus utilisés et les plus reconnus (5). Pour tion du stationnement d’un commerce, la réali-
obtenir une certification LEED, il est conseillé de sation de certaines actions d’envergure et l’en-
faire appel au service d’un professionnel agréé tretien subséquent des espaces s’ajoutent aux
38 SURFACE • Juillet-août-septembre 2010
2. coûts (9). Ecoxera, une firme de consultants L’agence Shop, avec des bureaux à gnalétique avec des valeurs incluant la concil-
en développement durable, conclut pour sa Montréal et à Paris, se spécialise dans la con- iation des objectifs d’affaires et du respect de
part que les coûts et la lourdeur des processus ception d’environnements de commerce de l’environnement (16). Le cofondateur et
constituent les freins majeurs lors d’une certi- détail (14). Selon sa philosophie de concep- designer Cedric Sportes résume la perception
fication multisite (10). Par ailleurs, certains tion, le président Brian D. McConnell nous qu’ont certains clients de la mise en place d’un
détracteurs dénonceront l’éco-opportunisme affirme porter une attention particulière aux espace respectueux du développement
de certains détaillants pour qui une certifica- améliorations qui permettraient aux détail- durable : « moche, compliqué et coûteux ».
tion verte représente uniquement un moyen de lants de réduire leur consommation énergique Dans sa pratique, M. Sportes prend le temps
redorer leur image ou de se faire connaître ou d’en améliorer le rendement. Il tend à d’expliquer et d’appliquer des concepts de
davantage. incorporer de petites attentions telles que le développement durable tout en offrant des
Des marchands proactifs dans recyclage des eaux de pluie et l’orientation solutions de rechange aux clients. Selon lui, le
le commerce de détail éco-efficiente de la porte d’entrée. Les coûts commerce de détail devrait être un segment
Aux États-Unis, plusieurs détaillants tels que liés à la faisabilité de certaines actions vertes croissant dans la demande de design avec
Best Buy, Home Depot, Starbucks et Aveda ont demeurent des enjeux majeurs, selon M. notions écologiques.
converti certaines de leurs succursales pour McConnell.
se conformer aux exigences d’éco-certifica-
tion. Green Depot, avec plus de 10 succursales
et 12 centres de distribution, principalement
situés sur la côte est des États-Unis, exploite
des centres de rénovations LEED et vend des
produits éco-respectueux (11). À Montréal, la
succursale de l'entreprise située à Saint-
Léonard est en voie d'être certifiée LEED. Tel
que mentionné plus tôt, la succursale de Saint-
Nicolas de Canac-Marquis Grenier a obtenue
cette certification dernièrement. La chaîne de
quincaillerie et de matériaux de construction
indépendante n’a rencontré que peu de défis
outre la rigueur à démontrer pour obtenir la
certification.
Dans le contexte actuel, les détaillants cer-
tifiés obtiennent une certaine attention média-
tique. Sous peu, ce caractère de nouveauté s’a-
menuisera (12). Dans le futur, les clients s’at-
tendront plus spontanément à des actions éco- Dans son rapport préparé pour
Le design industriel occupe une part gran- Agriculture et Agroalimentaire Canada,
responsables de la part des détaillants. dissante des activités lors de la conception de
Certains consommateurs appliqueront le vote Georges Morris Centre identifie trois bienfaits
commerces de détail. Itai Azerad, designer majeurs de l’horticulture dans un contexte
du dollar et ne dépenseront que dans des ma- industriel et chargé de cours à l’Université de
gasins répondant à leurs aspirations éco- commercial (17). Premièrement, les bienfaits
Montréal, remarque l’intérêt grandissant de la économiques engendrés par la réduction des
logiques (13). part de cette université et de ses étudiants à coûts énergétiques et l’augmentation de la
Des actions écoresponsables aborder les thèmes d’éco-conception et d’éco- valeur des propriétés commerciales.
sur une base volontaire nomie durable (15). Dans l’ensemble des Deuxièmement, des bienfaits environnemen-
Lors de la construction ou de l’amélioration mesures mises en place pour mieux répondre taux. On parle, entre autres, d’amélioration de
de votre commerce, il existe des solutions de aux standards, on propose aux étudiants une la qualité de l’air intérieur et extérieur et de la
rechange aux certifications disponibles. Si cer- mesure à la dimension du produit pour en réduction de la pollution acoustique. Pour ter-
tains définissent ces solutions comme l’appli- inclure toutes les composantes, par exemple miner, des bienfaits sur le mode de vie qui
cation du « bon sens », d’autres préfèrent par- la capacité de détruire le produit après usage. peuvent entraîner une réduction du stress et
ler d’une philosophie d’entreprise. Toutefois, Pour l’instant, M. Azerad parle d’une profes- une augmentation de la productivité au travail.
tous s’entendent pour dire que la base con- sion qui prend lentement le virage vert. Mélanie Grégoire, directrice générale des
siste à poser des gestes plus verts. Nous avons La compagnie Perennia exerce ses activ- Serres St-Élie en Estrie, reconnaît ses bienfaits
discuté avec divers professionnels de ce sujet. ités dans le design graphique, industriel et si- dans un éventail d’applications commerciales
SURFACE • Juillet-août-septembre 2010 39
3. allant des toits verts aux stationnements verts de fenêtres représentent aussi des éléments
(18). Lors de la rénovation de son entreprise, clefs dans une démarche d’éco-responsabili-
elle a consacré 15 % du budget à la réduction sation. En effet, les fournisseurs de revête-
des pertes énergétiques et à l’augmentation de ments de sol, de couvre-fenêtres et de peinture
la récupération par compostage. Mme s’impliquent dans le développement durable.
Grégoire suggère que le développement Pour en donner un aperçu, nous proposerons
durable fasse partie de l’identité du com- une série de profils d’individus au sein de ces
merçant. Le partage des valeurs écologiques entreprises plus écoresponsables. Nous débu-
avec les clients, les employés et les four- tons dans le présent numéro avec Ray
nisseurs s’inscrit dans une philosophie de Anderson d’Interface (voir page 42).
responsabilisation. Le remplacement des bacs En conclusion
en styromousse et des sacs de plastiques par Dans cet article, nous avons démontré que les
des alternatives vertes correspondent à leurs certifications jouent un rôle d’encadrement
valeurs. avec des listes d’actions et des experts formés
Lors du choix des matériaux pour con-s- pour répondre à des normes en lien avec le
truire ou convertir un bâtiment, Quincaillerie développement durable. Nous avons mention-
Richelieu offre plus de 700 produits sous la né qu’il est aussi possible d’incorporer des
mention Produits Verts, par exemple des choix verts sur une base volontaire et moins
éclairages à diode électroluminescente (DEL), structurée. En attendant de connaître les
des placages, des poignées et des détails au sujet de la nouvelle certification
colles/adhésifs/scellants (19). Christian Le- LEED en commerce de détail, des certifica-
vasseur, directeur des achats, indique que ces fluorescent et au xénon, l’éclairage peut jouer tions plus générales et des solutions de
produits répondent à des critères rigoureux un rôle important dans la réduction des coûts rechange informelles s’offrent à vous si vous
de sélection, entre autres à des normes éco- énergétiques combinée à une durée de vie très êtes sensible au développement durable.
énergétique ou LEED. À l’aide d’éclairage DEL, longue. La peinture et les revêtements de sol et
Liens utiles
(1) www.usgbc.org/DisplayPage.aspx?CMSPageID=1734#commercial_interiors
(2) www.novae.ca/actualites/2010-02/canac-marquis-ouvre-sa-premiere-succursale-leed
(3) www.cagbc.org/index_fr.htm
(4) www.voirvert.ca/
(5) www.palgrave-journals.com/rlp/journal/v8/n4/full/rlp200918a.html
(6) www.treehugger.com/files/2008/01/slate_on_decide.php
(7) www.palgravejournals.com/rlp/journal/v8/n4/full/rlp200918a.html
(8) www.greenwashingindex.com/
(9) www.www.stormwatercenter.net/Assorted%20Fact%20Sheets/Tool4_Site_Design/GreenParking.htm
(10) www.csrwire.com/press_releases/29276-LEED-Retail-Approved-What-Next-
(11) www.greendepot.com/greendepot/
(12) www.twincities.bizjournals.com/twincities/stories/2009/10/12/focus1.html
(13) www.adbusters.org/magazine/88/vote-with-your-dollar.html
(14) www.agenceshop.com/
(15) www.itaiazerad.com/
(16) www.perennia.org/
(17) www.fihoq.qc.ca/bienfaits_horticulture_fihoq_07.pdf
(18) www.serresstelie.com/
(19) www.richelieu.com/produit/green/index.php
40 SURFACE • Juillet-août-septembre 2010
4.
5. LEADERSHIP VERT : RAY ANDERSON D’INTERFACE
gnant du Best of Festival en 2009 au Annual Fort de son leadership, M. Anderson a
Wild & Scenic Film Festival, dresse un por- engagé son entreprise à éliminer les émissions
trait de cet homme inspirant. à impact négatif sur l’environnement d’ici
Son parcours professionnel et ses réalisa- 2020. Cet engagement s’effectuera grâce aux
tions dans l’industrie ont propulsé le président cinq dimensions suivantes : gens, processus,
d’Interface en tant que figure de proue inter- produit, emplacement, profit. Un tableau de
nationale du développement durable. La lec- bord avec des mesures précises permettra tant
ture de L’écologie du marché de Paul Hawken aux investisseurs qu’aux employés de suivre
(7), a influencé Ray Anderson au point d’in- l’évolution vers l’atteinte des objectifs.
clure le développement durable dans le code Plusieurs des produits et des bâtiments
génétique de son entreprise. Plusieurs résul- d’Interface sont certifiés Leadership in Energy
tats concrets permettent d’apprécier les réali- and Environmental Design (LEED). De plus,
sations et les avancées accomplies : l’entreprise participe à des programmes de
vérification sur une base volontaire, par exem-
• Réduction de 43 % de l’énergie utilisée ple la divulgation de son taux d’émission de
pour la production des tapis depuis 1996 à la gaz à effet de serre.
suite d’améliorations des processus et de l’uti-
lisation de l’énergie; Dans le magazine Inc. (8)., Ray Anderson
définit le développement durable comme le
• Réduction de 44 % des émissions de gaz à fait de « ne prendre à la Terre que ce qui est
effet de serre en terme absolu depuis 1996; rapidement et naturellement renouvelable, et
• Augmentation des ventes nettes de 27 % ne pas porter atteinte à la biosphère. » Cette
Ray Anderson, président-fondateur d’Interface pendant cette même période. sage approche est à la base de son succès
(1), est un leader reconnu pour ses positions mondial.
avant-gardistes et progressistes en matière d’é-
cologie et de développement durable. Son
entreprise se démarque comme le plus impor-
tant manufacturier de tuiles de tapis modu-
laires. M. Anderson donne plus de 100 con-
férences par année à des auditoires avides
d’entendre son message. Sur TED (2), un site
Internet présentant des vidéos de con-
férenciers de grande renommée, on retrouve
une dizaine de segments de ses conférences.
L’année dernière, il a publié son deuxième
livre, Confession of a radical Industrialist
(3), faisant suite à Mid Course Correction
(4) après plus de 10 ans. En 2007, Ray
Anderson était nommé parmi les héros de
l’environnement par le magazine Times. (5)
Le documentaire So Right, So Smart (6),
présenté en sélection officielle au Las Vegas
Internatinal Film Festival en 2009, et ga-
42 SURFACE • Juillet-août-septembre 2010