1. THEME 4 :
GERER LES ESPACES TERRESTRES
Question 1 : Les mondes arctiques, une « nouvelle frontière » sur la planète.
Etude de cas :
L’arctique russe
Introduction : Qu’est-ce que l’arctique ?
L’arctique est un espace à fortes contraintes traditionnellement délimité par le cercle polaire.
Autre limites possibles :
- limite de Köppen qui délimite les régions ayant une moyenne de 10°C pour le mois le plus chaud.
- Indice de nordicité : prend en compte des données naturelles (températures, durée de la nuit…) mais aussi humaines
(accessibilité par voie terrestre, maritime et aérienne, population, activités économique…
- Limite du pergélisol (sol gelé en permanence).
- Limite (ethnologique) des aires culturelles des peuples autochtones.
5 pays se partagent l’espace arctique : Russie, USA, Canada, Danemark et Norvège.
C’est un espace en mutation, notamment par une intégration de plus en plus marquée à la mondialisation, mais qui reste
caractérisée par une grande diversité, si bien que les géographes préfèrent parler de « mondes arctiques » au pluriel.
Ces régions sont essentielles aux équilibres mondiaux, au cœur d’enjeux écologiques, économiques et culturels majeurs.
Dans quelle mesure l’arctique est-il un enjeu pour les équilibres mondiaux et un nouveau théâtre
des relations internationales ?
I. Un milieu contraignant, un nouvel espace en voie d’intégration.
1) L’intégration de l’Arctique russe.
En raison de sa superficie, la Russie est un acteur majeur des régions arctiques.
L’Arctique russe est marqué par la nordicité : fortes contraintes liées au froid et à la nuit polaire, éloignement des grands
centres comme Moscou.
Contraintes climatiques : froid intense (jusqu’à -70°C en Sibérie), végétation très basse (toundra) et un ensoleillement quasi
nul l’hiver et permanent l’été.
Ces conditions expliquent que les activités et la mise en valeur par l’Homme de ces territoires soient très difficiles.
Son peuplement est plus important que celui des autres régions arctiques. Cela s’explique par une volonté étatique de créer
des fronts pionniers à l’époque soviétique (surtout sous Staline) : migrations forcées de populations russes pour mettre en
valeur la Sibérie => peuplement ponctuel organisé autour de villes minières et industrielles. Norilsk, située au nord du cercle
polaire arctique, est la ville de plus de 100 000 habitants (200 000 hab) la plus septentrionale au monde.
Le peuplement de l’arctique russe est aussi lié à la présence des goulags dont les gardiens et les prisonniers, un fois libérés,
sont restés sur place.
A ces populations russes, il faut bien sûr ajouter les populations autochtones, essentiellement nomades, qui ont toujours
occupés ces espaces. Nenets : Ce sont des éleveurs. Ils sont 42 000 sur 1 M de km2. Aujourd’hui seuls 10 % ont une vie
nomade contre 70 % il y a 30 ans. Aujourd’hui, en raison de la colonisation russe, les populations indigènes sont minoritaires.
2. En Russie, les populations autochtones ont été contraintes à l’assimilation et donc à l’abandon de leurs mode de vie
traditionnel.
2) L’intégration des mondes arctiques.
Ces espaces immenses, inhospitalier, restèrent longtemps des périphéries des Etats arctiques, peu mis en valeur (mis à part le
cas particulier de la Russie). L’agriculture y est impossible et le nomadisme est une adaptation durable aux contraintes qui ne
permet pas la survie de fortes densités humaines.
Cependant, les mondes arctiques sont en voie de désenclavement grâce à l’avion. Les motifs sont essentiellement
économiques mais l’intégration de l’arctique passe aussi par des investissements économiques et éducatifs, ainsi que par des
nouveaux usages comme le tourisme, la prise de consciences de la nécessité de protéger la nature…
Le particularisme culturel et le mode de vie traditionnel des populations autochtones a longtemps été ignoré voire combattu
par les Etats-nation de l’Arctique. Au cours du XXème siècle, le désenclavement des espaces arctiques a favorisé la mutation et
parfois la disparition du mode de vie traditionnel des populations autochtones qui, parallèlement, réclament une
reconnaissance des Etats arctiques et un rôle économique et politique plus important dans les choix de développement. C’est
ainsi que les Inuits ont réclamé davantage d’autonomie dès les années 70 et que le Danemark a accordé une large autonomie
au Groenland en 1979. En 1999, le Canada a créé la province du Nunavut dont la gestion est confiée aux Inuits.
La culture indigène est aussi davantage mise en valeur : musée canadien de l’histoire à Ottawa.
En Russie, il n’existe pas de réelle reconnaissance de peuples autochtones.
II. Des ressources convoitées, des tensions entre les Etats.
1) L’Arctique russe, un réservoir de ressources
L’Arctique est une nouvelle frontière, un front pionnier au cœur de la stratégie de la Russie qui souhaite redevenir une grande
puissance. L’économie de rente énergétique entraîne la mise en valeur de nouveaux gisements qui nécessitent d’énormes
investissements. L’Arctique russe dispose d’énormes ressources en pétrole et en Gaz (d’où l’importance de la firme d’Etat
Gazprom en Russie). Les infrastructures de transport des hydrocarbures n’ont pas été conçues pour ces milieux et sont soumis
à rude épreuve lors des changements de saisons. Les immensités à traverser augmentent les risques mais les enjeux
énergétiques justifient leur exploitation (pétrole + gaz = 25 % du PNB russe).
2) Des ressources naturelles sous pression.
La demande croissante en énergie augmente la pression humaine sur l’Arctique et la recherche de nouveaux gisements.
On estime que l’Arctique renferme 20 à 30 % des réserves d’hydrocarbures restant à découvrir dans le Monde.
Par ex, le Groenland vend de + en + de concessions à des compagnies pétrolières ou gazières.
Exploitation compliquée, couteuse et polluante : il faut donc qu’elle soit rentable.
Engendre de nombreux conflits avec les populations autochtones.
La richesse créée par ces activités profite peu aux populations autochtones, malgré les conséquences sur leur mode de vie
(pollution de leurs terres, les oléoducs entravent la migration des rennes, etc.)
3) Les ressources arctiques suscitent des tensions géopolitiques.
Pendant la guerre froide, le contrôle des régions arctiques était un enjeu stratégique pour des raisons militaires.
Aujourd’hui, avec l’intensification de l’exploitation des ressources énergétiques et le besoin de contrôler de nouveaux
gisements, le tracé des frontières dans l’océan glacial arctique est de nouveau un enjeu international primordial.
On assiste aujourd’hui à une compétition des Etats polaires pour affirmer leur souveraineté sur les territoires de l’Arctique, et
notamment sur le pôle Nord. L’ONU y joue un rôle d’arbitre.
3. III. L’Arctique, un enjeu pour les équilibres mondiaux.
1) La Russie au cœur des enjeux environnementaux de l’Arctique
Le mode de développement économique et l’exploitation des ressources dans l’Arctique russe posent d’énormes problèmes
environnementaux.
La communauté internationale a du mal à agir en raison du manque de transparence des autorités russes qui refusent de
dresser un inventaire précis des pollutions.
Ex : Norilsk, qui compte parmi les 10 villes les plus polluées au monde.
Il existe également en Arctique une pollution radioactive liée au rejet en mer de déchets nucléaires mais aussi aux fuites des
sous-marins nucléaires laissés à l’abandon dans la péninsule de Kola en raison de l’incapacité de la Russie de procéder à leur
démantèlement.
Ces pollutions sont aujourd’hui un enjeu mondial car elles menacent les pays voisins (en particulier la Norvège) et l’équilibre
naturel de l’Arctique.
2) L’enjeu environnemental : un enjeu global.
Aujourd’hui, on assiste à une certaine prise de conscience des problèmes environnementaux de l’Arctique :
Mise en place, notamment au Canada, de modes de gouvernance associant autochtones, scientifiques et associations.
En Russie cependant, le problème écologique reste très préoccupant.
L’éloignement de l’Arctique ne le protège pas des pollutions émises ailleurs dans le monde, il en est au contraire le réceptacle
par les masses d’airs qui déposent massivement des polluants.
3) L’Arctique au cœur des équilibres mondiaux.
Tensions entre les logiques de protection/préservation de l’environnement et les logiques économiques d’exploitation des
ressources énergétiques et minérales ainsi que celles liées à l’ouverture de nouvelles routes maritimes consécutives à la fonte
des glaces engendrée par le réchauffement climatique.
L’Arctique est au cœur des mécanismes climatiques mondiaux. Les modifications du climat arctique ont des conséquences
globales : la fonte des glaces liée au réchauffement climatique entraîne une élévation du niveau général des mers et des
océans. L’autre risque est la modification des courants mondiaux.
Là encore, l’enjeu global est de créer un modèle polaire de développement durable.
Les opportunités commerciales engendrées par la fonte des glaces sont importantes car de nouvelles routes maritimes plus
courtes ou moins dangereuses sont créées. L’ouverture de routes maritimes place toute la région au cœur des dynamiques de
la mondialisation mais risque de mettre en péril les logiques de préservation de l’environnement.
Conclusion :
Ex DD