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L’Afrique : les défis du développement
Introduction :
L’Afrique est un immense continent de 30 millions de km2, très morcelé politiquement (54 pays). L’Afrique est le
continent où l’on trouve les niveaux de développement les plus faibles. Sur 48 pays faisant partie des PMA (Pays
les moins avancés), 34 sont situés en Afrique. Ces pays ont un IDH très faible, ce qui veut dire qu’ils n’ont pas la
capacité de satisfaire les besoins fondamentaux de leur population, sont instables politiquement (corruption,
tensions voire conflits internes ou interétatiques…) et sont très mal insérés dans la mondialisation ou en position
de dominés.
Néanmoins de nouvelles perspectives de développement se font jour et permettent à l’Afrique de combler une
partie de son retard, ce qui nous empêche de considérer l’Afrique comme un continent totalement à l’écart et sous-
développé, même si les défis à relever sont encore importants et nombreux.
Nous pouvons ainsi nous demander
Quels sont les défis que l’Afrique doit surmonter pour combler son retard de développement et
favoriser son intégration dans la mondialisation ?
Etude de cas :
Le Sahara : ressources, conflits
De quels atouts le Sahara dispose-t-il et quelles sont les tensions qui l’affectent ?
I. Un espace de fortes contraintes physiques, mais disposant d’importantes ressources
convoitées
Le Sahara est un espace à forte contrainte pour deux raisons :
- Son immensité (8,5 millions de Km2, soit la superficie du Brésil). Il occupe près du tiers de l’Afrique. C’est le
plus grand désert du monde.
- Son climat marqué par l’aridité qui interdit l’agriculture en dehors des oasis. L’eau est très rare car les
précipitations sont très faibles (moins de 200 mm/an, voire moins de 100 mm dans de nombreux espaces). A
l’exception du Nil, les cours d’eau sont peu nombreux.
Ces contraintes expliquent que le Sahara un espace peu peuplé. Néanmoins ce n’est pas un espace vide car plus de
7 millions y vivent (hors vallée du Nil), mais les densités de population sont très faibles (en moyenne moins de 1
hab/km2).
Le Sahara possède néanmoins des ressources importantes, principalement en sous-sol. Le pétrole et le gaz naturel
sont présents en Algérie, Libye et en Egypte. Des minerais sont aussi présents en quantité (fer et cuivre en
Mauritanie, Phosphate au Sahara occidental marocain, uranium au Niger…). Le Sahara dispose également
d’immenses nappes aquifères fossiles (nappe d’eau souterraine présente dans la roche et peu alimentée, donc non
renouvelable) principalement en Algérie, Tunisie, Libye et dans le nord du Niger.
Ces ressources stratégiques sont d’autant plus convoitées qu’elles sont très inégalement réparties. Ces ressources
sont exploitées par les Etats du Sahara mais sont aussi convoitées par les FTN étrangères (principalement issues des
pays développés et émergents) qui sont mises en concurrence. L’exploitation de ces ressources est essentielle pour
alimenter les revenus des Etats (l’économie de l’Algérie et de la Libye est liée à la rente pétrolière ; l’uranium
représente le tiers des exportations du Niger…) et les profits des FTN. Un gazoduc transsaharien de 4300 km est en
construction pour acheminer en Europe les ressources gazières du Nigeria via le Niger et l’Algérie.
Néanmoins, les populations locales bénéficient peu de ces ressources qui sont essentiellement destinées à
l’exportation et aux grandes villes littorales. C’est la raison pour laquelle le développement humain de la plupart
des Etats du Sahara demeurent parmi les plus faibles du monde (Niger, Mauritanie, Mali, Tchad…) malgré la
richesse de leurs sous-sols. Cela crée des conflits entre différents groupes ethniques (rébellion des Touaregs au
Niger…) qui souhaitent pouvoir bénéficier de ces richesses en termes d’emploi et de conditions de vie.
II. Un ensemble politiquement fractionné mais parcouru par des flux importants
Dix Etats se partagent le Sahara (Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Egypte, Soudan, Tchad, Niger, Mali, Mauritanie).
Après les avoir longtemps délaissées, les Etats s’intéressent de nouveau à leurs zones sahariennes pour plusieurs
raisons :
- Politiques et stratégiques : maîtrise du territoire national et contrôle des populations dans des zones de plus
en plus instables.
- Démographiques : rééquilibrage du peuplement
- Economiques : exploitation des ressources.
Pour intégrer le Sahara à leur territoire national, les Etats ont amélioré l’encadrement administratif et multiplié les
équipements de communication (routes bitumées, voies ferrées, aéroports…).
Les frontières héritées de la colonisation, plus symboliques que réelles, ne sont pas un obstacle à des échanges
transsahariens qui ont toujours existés.
Dans ce contexte, les échanges transsahariens, et notamment les flux migratoires sont importants et en
augmentation.
Outre les échanges traditionnels entre Nord et Sud, certains flux sont facteurs de tensions importantes :
- Les flux illicites (drogue, armes…). Les zones frontalières le long de la Route transsaharienne sont de vastes
plaques-tournantes du trafic de drogue, d’armes et de contrebande (frontière entre le Mali, le Niger et
l’Algérie, Tamanrasset…). On estime que 15 % de la cocaïne consommée dans le monde transite par les
routes sahariennes. Ces flux illicites financent des groupes armés ou terroristes (AQMI, Boko Haram…).
- Les flux de migrants subsahariens à destination de l’Europe, en forte augmentation en raison du
renforcement des inégalités Nord-Sud, provoque des tensions avec l’UE qui renforce ses frontières (Frontex)
et lutte contre les réseaux mafieux qui contrôlent ces filières.
En raison de leur faiblesse, les Etats qui se partagent le Sahara peinent à lutter contre ces flux.
III. Un espace soumis à de multiples tensions et conflits
Longtemps resté en marge, le Sahara est aujourd’hui au cœur de la géopolitique internationale en raison de son
intérêt économique et stratégique mais aussi car cette région est l’objet de tensions importantes et de conflits
armés.
On peut distinguer trois types de conflits :
 Les conflits liés aux ressources. Ils sont liés à la répartition des profits entre Etats, FTN et populations
locales. Les nomades s’opposent aux Etats et aux intérêts étrangers (Touaregs au Mali et au Niger, Sahraouis
au Sahara occidental…).
Les conflits peuvent aussi se développer entre Etats, par exemple à propos du partage des eaux du Nil entre
l’Egypte, le Soudan et l’Ethiopie…)
 Les conflits liés au tracé des frontières. Il subsiste des tensions importantes entre le Maroc et l’Algérie,
entre le Tchad et la Libye. La question du Sahara occidental n’est toujours pas réglée (Les Sahraouis
réclament l’indépendance du Sahara occidental, illégalement annexé en 1975 par le Maroc. L’ONU a imposé
un référendum d’autodétermination mais le Maroc refuse de l’organiser).
Des situations de guerres civiles sont aussi présentes, notamment au Tchad et au Soudan (Guerre du
Darfour, indépendance du Soudan du Sud en 2011).
 Les conflits liés au développement de groupes terroristes islamistes. Depuis 2007, des mouvements
islamistes (AQMI et Boko Haram) ont perpétré des attentats et organisé des enlèvements en Mauritanie, au
Mali, au Niger et au Nigéria. Depuis 2011, des rebelles touaregs ont pris position au Nord-Mali en essayant
d’y créer un Etat islamiste (l’Azawad).
Pour toutes ces raisons, le Sahara est devenu un enjeu sécuritaire pour les grandes puissances, qui s’inquiètent de
l’instabilité politique qui favorise les trafics illégaux et l’essor du terrorisme. Pour préserver leurs intérêts
économiques, sécuritaires et sécuriser leurs filières d’approvisionnement énergétiques, les grandes puissances
interviennent de manière diverse :
- L’ONU intervient par la médiation (Sahara occidental) et déploie des Casques bleus pour des opérations de
maintien de la paix (Darfour…).
- La France intervient par des opérations militaires dans le cadre d’accords de défense passés avec ses
anciennes colonies (Opération Epervier au Tchad de 1986 à 2014, Opération Serval au Mali en 2013 pour
repousser les islamistes de l’Azawad, Opération Barkhane dans toute la zone sahélienne depuis 2014).
La France. En 2011, la France lance l’opération Harmattan contre la Libye dans le cadre de l’ONU et de
l’OTAN pour soutenir les mouvements rebelles contre Kadhafi.
Pour la France, il s’agit de préserver sa zone d’influence en Afrique et à protéger ses expatriés.
- Les Etats-Unis se contentent de soutenir les Etats du Sahara dans leur lutte contre les mouvements
terroristes et apportent une aide logistique à la France engagée militairement.
Le continent africain face au développement et à la mondialisation
I. Un continent longtemps en marge de la mondialisation qui souffre d’importants
problèmes de développement.
1) Un continent marqué par d’importants retards de développement
L’Afrique est le continent qui connait les plus importants retards de développement de la planète :
- En termes de richesse créée : son PIB est de 1700 milliards de dollars, soit 2 % seulement du PIB mondial.
Le PIB/hab est de 3500 dollars alors que la moyenne mondiale s’établit à presque 15 000 dollars.
L’appareil productif est peu performant car les investissements dans les infrastructures et les équipements
sont insuffisants.
- En termes de conditions de vie des populations : presque tous les pays d’Afrique ont un IDH inférieur à 0,7.
Les PMA (Pays les moins avancés), qui représentent les 2/3 des pays d’Afrique, cumulent les difficultés et
ont un IDH inférieur à 0,5 :
 Le taux de pauvreté est le plus élevé au monde, avec 1/3 de la population vivant avec moins d’1,25
dollars/jour.
 L’accès à l’eau est très difficile, pour la consommation domestique et l’agriculture, faiblement
irriguée.
 L’insécurité alimentaire est généralisée en raison de la faiblesse des agricultures (faibles
rendements, faible mécanisation, concurrence avec les agricultures des pays développés…). Cette
situation provoque des émeutes de la faim et parfois des famines (Somalie, Darfour…)
 L’accès à l’éducation est également très faible. Seuls 1/3 des enfants scolarisés terminent
l’enseignement primaire. Les taux d’analphabétisme sont donc très élevés (85 % au Niger)
 L’Afrique est également le continent des pandémies (VIH, paludisme…). Leur développement
s’explique par une très faible couverture médicale, un accès aux traitements très insuffisants et un
manque de prévention auprès des populations.
Tous ces facteurs expliquent que l’espérance de vie soit la plus faible de la planète (56 ans en moyenne). Le
taux de mortalité est le plus élevé de la planète : 15 ‰ en moyenne (9 ‰ dans l’UE), 89 ‰ pour la
mortalité infantile (4,5 ‰ dans l’UE).
Par ailleurs, l’Afrique est le continent des conflits : 40 % des conflits mondiaux et 60 % des victimes mondiales
depuis 1991.
L’Etat d’insécurité de l’Afrique (conditions de vie + tensions et conflits) génère un nombre élevé de déplacés et de
réfugiés (1/3 des déplacés mondiaux).
2) Un continent en périphérie de la mondialisation
L’Afrique est en marge de la mondialisation mais pas exclue de celle-ci. Le poids de l’Afrique dans le commerce
mondial reste faible (3 % des importations et des exportations). Les échanges internes sont faibles (77 milliards de
dollars en 2013, à comparer aux 4700 milliards de dollars pour l’Europe). Les stocks d’IDE atteignent à peine 2 % du
stock mondial.
Cela s’explique par la faiblesse de la production industrielle de l’Afrique, qui représente seulement 1 % de la
production mondiale, ainsi que les moyens financiers très limités des PMA qui ne parviennent pas à importer ce
dont ils ont besoin.
Les ports africains attirent peu les flux de la mondialisation en raison d’un déficit d’infrastructures multimodales et
d’un hinterland peu développé qui ne permet pas de redistribuer efficacement les marchandises.
L’intégration de l’Afrique dans la mondialisation est aussi freinée par la faiblesse de la couverture numérique (5 %
des internautes mondiaux)
Par ailleurs, les échanges entre l’Afrique et le reste du monde sont inégaux et hérités de la période coloniale : en
raison de la faiblesse de son industrie, l’Afrique importe essentiellement des produits manufacturés à forte valeur
ajoutée alors qu’elle n’exporte quasiment que des matières premières.
Le seul pays bien intégré à la mondialisation est l’Afrique du Sud, qui fait partie des BRICS.
II. De nouvelles perspectives et des signes de décollage…
1) D’immenses perspectives de développement
L’Afrique dispose d’importantes réserves de ressources naturelles :
- En hydrocarbures : 13 % de la production mondiale de pétrole, 10 % des réserves mondiales de pétrole et
8 % de celles de gaz naturel (Algérie, Libye, Nigéria, Gabon…)
- En minerais : 30 % des réserves mondiales, dont 50 % des réserves mondiales de diamants (Congo, Afrique
australe…), 20 % pour l’or et l’uranium en Afrique de l’Ouest et australe, 90 % des réserves de chrome, 50 %
du Cobalt.
- En bois : 20 % de la production mondiale (Congo…)
Par ailleurs, l’Afrique est le continent où le potentiel de découverte de nouvelles réserves est le plus élevé.
Le potentiel agricole de l’Afrique est également très important : le continent dispose de vastes terres fertiles et de
ressources en eau qui peuvent être mises en valeur par des investissements en infrastructures et dans la
modernisation des agricultures.
Ces perspectives font que l’Afrique est convoitée pour la richesse de ses ressources par des FTN ainsi que par
d’autres Etats qui achètent ou louent des terres pour les exploiter : c’est le Land grabbing.
Dans le domaine politique, la démocratisation progresse, ce qui ouvre de nouvelles perspectives de
développement. En 2011, les Etats d’Afrique du Nord ont connu le « Printemps arabe » qui a chassé du pouvoir les
dictateurs au pouvoir en Tunisie, Libye et en Egypte.
En Afrique subsaharienne, le processus de démocratisation est lent et incomplet. Néanmoins, des chefs d’Etat en
place depuis des dizaines d’années, qui contribuaient à maintenir leur pays dans un retard de développement en
s’accaparant l’essentiel des ressources, ont dû quitter le pouvoir (RDC, Côte d’Ivoire, Guinée équatoriale…).
2) Un continent attractif et en mouvement
Depuis le début des années 2000, l’Afrique connait une forte croissance économique (5 % en moyenne), malgré la
crise économique qui a touché le monde en 2008.
L’Afrique est devenue attractive : le commerce et les investissements étrangers se sont intensifiés (X 10 entre 2003
et 2010).
Les pays émergents investissent massivement en Afrique, à l’image de la Chine qui est aujourd’hui le 1er
investisseur en Afrique (on parle de « Chinafrique », en référence à la « Françafrique »). Les IDE financent des
infrastructures de communication, d’exploitation minière, d’achat de terres agricoles… Les FTN des pays émergents
s’implantent et investissent de plus en plus en Afrique.
D’immenses chantiers sont en cours aujourd’hui en Afrique. Tous ces chantiers mobilisent des fonds publics et
privés africains mais aussi des investissements étrangers. Ils révèlent une modernisation des infrastructures du
continent avec le double objectif d’être plus productif et de mieux s’insérer dans le flux de la mondialisation :
nouveaux ports (Djibouti), lignes TGV au Maroc, corridors de circulation (Afrique australe), liaison haut-débit…
Néanmoins, le décollage de l’Afrique est très inégal : 6 pays concentrent 70 % du PIB du continent (Afrique du Sud,
Nigeria, Egypte, Algérie, Maroc, Angola) => ce sont les « Lions africains ».
Parmi ces pays, l’Afrique du Sud est la puissance dominante du continent. Elle représente 22 % du PIB de l’Afrique
pour seulement 5 % de sa population. La bourse de Johannesburg est connectée à la finance mondiale, le pays
dispose de FTN puissantes (2/3 des FTN africaines) et le port de Durban est le 1er port d’Afrique.
Les pôles de développement se situent donc au Nord et au Sud, la partie médiane continue de concentrer les
difficultés. Partout, les disparités régionales sont très fortes, notamment entre villes et campagnes ainsi qu’à
l’intérieur des grandes villes où se côtoient misère et richesse.
La croissance économique a favorisé l’apparition d’une classe moyenne dont le niveau de vie s’est amélioré et qui
peut consommer (34 % de la population africaine).
Cependant, malgré cette croissance économique l’IDH reste très bas dans la plupart des pays car pour faire baisser
la pauvreté, un taux de croissance d’au moins 7 % est nécessaire.
III. …mais des défis importants à relever pour s’affirmer dans la mondialisation
1) Faire face à la croissance des populations
L’Afrique est le continent où la croissance démographique est la plus forte car la plupart des pays africains n’ont
pas achevé leur transition démographique. On estime que la population africaine, qui s’élève à 1,2 milliards
d’habitants pourrait être de 2 milliards en 2050 (dont 1,8 en Afrique subsaharienne).
L’Afrique fait face à deux défis démographiques majeurs :
- La population de l’Afrique est la plus jeune du monde. En Afrique subsaharienne, la fécondité est de 5 à 7
enfants par femme, 40 % de la population a moins de 15 ans. Cette croissance démographique non maîtrisée
pose le problème de l’accès aux ressources fondamentales (alimentaires, santé, logement, éducation…) ainsi
qu’au travail.
Dans ces conditions, l’Afrique est touchée par le phénomène de la « fuite de cerveaux » qui constitue un
frein au développement.
- L’Afrique s’urbanise très rapidement (population X 14 depuis 1950). Le nombre de citadins est passé de 32
millions en 1950 à 460 millions en 2014. Les villes du Caire, Lagos, Abidjan, Kinshasa, Johannesburg ont
connu une croissance spectaculaire. Lagos, au Nigéria, est passé de 300 000 hab en 1950 à 13 millions
aujourd’hui. Le Caire est passé de 5 millions d’habitants en 1960 à 16 millions aujourd’hui.
L’urbanisation de l’Afrique est un facteur de développement car les conditions de vie sont meilleures qu’à la
campagne (meilleurs accès aux ressources vitales, aux soins, à l’éducation…) mais pose également de
nombreux défis pour subvenir aux besoins d’une population en très forte augmentation (alimentaires, eau
potable, transports, énergie, égouts…) et limiter les pollutions liées à l’étalement urbain.
Néanmoins, la croissance urbaine non maîtrisée génère beaucoup de précarité, notamment dans les
bidonvilles où vit 60 % de la population urbaine d’Afrique subsaharienne.
2) Des blocages structurels à surmonter
Malgré les signes de décollage économique, l’Afrique doit encore surmonter des blocages structurels
(fonctionnement des sociétés et des Etats) pour favoriser son intégration dans la mondialisation et régler ses
problèmes de développement :
 L’« économie de rente » demeure prédominante et ses effets sont néfastes car elle maintient les pays qui
disposent de réserves naturelles importantes dans une situation de dépendance vis-à-vis des exportations et
des acheteurs (issus des pays développés ou émergents) qui imposent leurs conditions et leurs prix. Par
ailleurs, l’« économie de rente » est un frein au développement car, en raison des bénéfices générés par
l’exploitation des ressources naturelles, elle n’encourage pas les Etats africains à investir pour diversifier
leur économie (ce qui est pourtant indispensable pour assurer le développement à long terme)
De plus, la « rente » enrichit essentiellement des catégories privilégiées et ne profite que très peu aux
populations locales, d’autant plus que l’exploitation est souvent confiées à des FTN issues des pays
développés et émergents.
L’« économie de rente » contribue donc à maintenir l’Afrique dans une situation de dépendance et de
domination sur le marché mondial.
 Pour faire face à la compétition mondiale, l’Afrique reste trop divisée même si des organisations régionales
existent : la SADC (Communauté de développement de l’Afrique australe), l’Union africaine, l’UEMOA (Union
économique et monétaire ouest-africaine) dont les Etats utilisent la même monnaie (le Franc CFA), le NEPAD
(Nouveau partenariat pour le développement en Afrique). Cependant, ces organisations sont peu efficaces
pour intégrer les pays africains et pour concurrencer efficacement les organisations des pays développés
(UE, ALENA…)
 Les tensions et les conflits demeurent importants et sont un frein au développement car ils contribuent au
pillage des ressources, provoquent des famines (Ethiopie dans les années 80, Somalie dans les années 90,
Soudan dans les années 2000…), des déplacements de populations et éloignent les investissements
étrangers pour des raisons sécuritaires. Les conflits armés concernent aujourd’hui plus de 20 % de la
population. Pacifier les Etats affectés par des guerres et maintenir la paix est donc un objectif prioritaire en
Afrique.
A l’heure actuelle, toutes les guerres africaines sont des conflits intra-étatiques (conflits opposant des
groupes de population issus d’un même Etat). Il s’agit dans la quasi-totalité des cas du même schéma : des
ethnies différentes qui se battent pour prendre et/ou conserver le pouvoir (en Côte-d’Ivoire jusqu’en 2011)
ou bien parce qu’elles refusent de vivre ensemble au sein d’un même Etat (au Soudan jusqu’en 2011). Les
armées nationales ont été incapables de maintenir l’ordre (car elles étaient parties prenant de ces conflits)
dont la régulation de ces conflits s’est faite par le biais d’acteurs extérieurs : casques bleus de l’ONU (Côte-
d’Ivoire) ; Etats étrangers (comme la France au Mali) ou organisations régionales africaines (comme la
CEDECAO au Nord-Mali). Le retour à la paix est une condition sine qua non au retour à la croissance
économique et à la reprise du processus de développement.
Certaines formes de conflits plus originales – comme le terrorisme ou la piraterie – sont difficiles à enrayer
car elles ne répondent pas aux règles traditionnelles de la guerre (ce qui complique l’action des militaires).
Les attentats ou les enlèvements perpétrés par AQMI en Mauritanie, au Mali et au Niger ou par Boko Haram
au Nigéria frappent de façon « aveugle » et s’en prennent aux civils. De la même façon, les actes de piraterie
commis au large de la Somalie s’en prennent à des cargos ou à des voiliers transport des touristes (afin de
rançonner l’équipage). L’intervention des acteurs extérieurs face à ces actes s’expliquent par le fait qu’ils ont
des intérêts dans ces zones (mines d’uranium pour Areva dans le Nord-Mali, flux maritimes au large du
détroit de Bab el Mandeb).
 La nature de l’Etat pose problème : d’un point de vue économique le pouvoir politique favorise
l’« économie de rente » au profit de clientèles privilégiées et d’un point de vue politique, la violence et le
guerre demeurent des moyens de conquête du pouvoir dans de nombreux pays (République centrafricaine,
Somalie, Mali…)
3) Le défi environnemental et du développement durable
La protection de l’environnement constitue un enjeu commercial dans le cadre de la mondialisation. De
nombreux Etats africains doivent assurer une gestion durable de leurs ressources afin de préserver les réserves. De
nombreuses zones et de nombreuses ressources sont menacées d’épuisement (comme le bois dans certaines zones
de la forêt congolaise). Or, ces ressources constituent des apports pour la vie quotidienne des populations locales
(bois d’œuvre, bois de chauffe ou bois vendu dont ils tirent un revenu) et constituent parfois une très grande partie
des revenus des Etats (« économie de rente »).
Par ailleurs, l’exploitation des ressources engendre des catastrophes écologiques : marées noires dans le delta du
Niger, pollution des sols et des cours d’eau, surpêche, exploitation prédatrice des ressources. Les pratiques des FTN
sont particulièrement dénoncées.
La protection de l’environnement est aussi un enjeu économique majeur en raison de l’essor du tourisme dans
certains pays d’Afrique (Afrique du Sud, Namibie, Kenya, Tanzanie…). Pour attirer les touristes, principalement issus
des pays riches, des mesures de protection de la faune et de la flore sont prises.
Conclusion :
L’Afrique a toujours été insérée dans la mondialisation. Cependant elle est aujourd’hui en marge car sa participation
au commerce mondial est très faible et les flux qui l’animent la maintiennent dans une position de périphérie
dominée.
Cependant l’Afrique est en train de rattraper son retard en devenant plus attractive pour les investisseurs
étrangers, mais de manière très inégale. L’immense potentiel de développement de l’Afrique permet à la plupart
des pays de connaître une forte croissance économique depuis le début des années 2000 et de faire lentement
reculer la pauvreté.
Néanmoins cette croissance accentue dans le même temps les écarts de développement entre villes et campagnes,
entre riches et pauvres, entre zones littorales et enclavées…
Pour surmonter leur retard de développement et être mieux intégrés à la mondialisation, les PMA devront faire
face à de nombreux défis (de nature économique, politique, sociale, environnementale…), s’engager dans la voie
d’un développement plus durable et surmonter de nombreux obstacles qui constituent toujours autant de freins au
développement.

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  • 1. L’Afrique : les défis du développement Introduction : L’Afrique est un immense continent de 30 millions de km2, très morcelé politiquement (54 pays). L’Afrique est le continent où l’on trouve les niveaux de développement les plus faibles. Sur 48 pays faisant partie des PMA (Pays les moins avancés), 34 sont situés en Afrique. Ces pays ont un IDH très faible, ce qui veut dire qu’ils n’ont pas la capacité de satisfaire les besoins fondamentaux de leur population, sont instables politiquement (corruption, tensions voire conflits internes ou interétatiques…) et sont très mal insérés dans la mondialisation ou en position de dominés. Néanmoins de nouvelles perspectives de développement se font jour et permettent à l’Afrique de combler une partie de son retard, ce qui nous empêche de considérer l’Afrique comme un continent totalement à l’écart et sous- développé, même si les défis à relever sont encore importants et nombreux. Nous pouvons ainsi nous demander Quels sont les défis que l’Afrique doit surmonter pour combler son retard de développement et favoriser son intégration dans la mondialisation ? Etude de cas : Le Sahara : ressources, conflits De quels atouts le Sahara dispose-t-il et quelles sont les tensions qui l’affectent ? I. Un espace de fortes contraintes physiques, mais disposant d’importantes ressources convoitées Le Sahara est un espace à forte contrainte pour deux raisons : - Son immensité (8,5 millions de Km2, soit la superficie du Brésil). Il occupe près du tiers de l’Afrique. C’est le plus grand désert du monde. - Son climat marqué par l’aridité qui interdit l’agriculture en dehors des oasis. L’eau est très rare car les précipitations sont très faibles (moins de 200 mm/an, voire moins de 100 mm dans de nombreux espaces). A l’exception du Nil, les cours d’eau sont peu nombreux. Ces contraintes expliquent que le Sahara un espace peu peuplé. Néanmoins ce n’est pas un espace vide car plus de 7 millions y vivent (hors vallée du Nil), mais les densités de population sont très faibles (en moyenne moins de 1 hab/km2). Le Sahara possède néanmoins des ressources importantes, principalement en sous-sol. Le pétrole et le gaz naturel sont présents en Algérie, Libye et en Egypte. Des minerais sont aussi présents en quantité (fer et cuivre en Mauritanie, Phosphate au Sahara occidental marocain, uranium au Niger…). Le Sahara dispose également d’immenses nappes aquifères fossiles (nappe d’eau souterraine présente dans la roche et peu alimentée, donc non renouvelable) principalement en Algérie, Tunisie, Libye et dans le nord du Niger. Ces ressources stratégiques sont d’autant plus convoitées qu’elles sont très inégalement réparties. Ces ressources sont exploitées par les Etats du Sahara mais sont aussi convoitées par les FTN étrangères (principalement issues des pays développés et émergents) qui sont mises en concurrence. L’exploitation de ces ressources est essentielle pour alimenter les revenus des Etats (l’économie de l’Algérie et de la Libye est liée à la rente pétrolière ; l’uranium
  • 2. représente le tiers des exportations du Niger…) et les profits des FTN. Un gazoduc transsaharien de 4300 km est en construction pour acheminer en Europe les ressources gazières du Nigeria via le Niger et l’Algérie. Néanmoins, les populations locales bénéficient peu de ces ressources qui sont essentiellement destinées à l’exportation et aux grandes villes littorales. C’est la raison pour laquelle le développement humain de la plupart des Etats du Sahara demeurent parmi les plus faibles du monde (Niger, Mauritanie, Mali, Tchad…) malgré la richesse de leurs sous-sols. Cela crée des conflits entre différents groupes ethniques (rébellion des Touaregs au Niger…) qui souhaitent pouvoir bénéficier de ces richesses en termes d’emploi et de conditions de vie. II. Un ensemble politiquement fractionné mais parcouru par des flux importants Dix Etats se partagent le Sahara (Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Egypte, Soudan, Tchad, Niger, Mali, Mauritanie). Après les avoir longtemps délaissées, les Etats s’intéressent de nouveau à leurs zones sahariennes pour plusieurs raisons : - Politiques et stratégiques : maîtrise du territoire national et contrôle des populations dans des zones de plus en plus instables. - Démographiques : rééquilibrage du peuplement - Economiques : exploitation des ressources. Pour intégrer le Sahara à leur territoire national, les Etats ont amélioré l’encadrement administratif et multiplié les équipements de communication (routes bitumées, voies ferrées, aéroports…). Les frontières héritées de la colonisation, plus symboliques que réelles, ne sont pas un obstacle à des échanges transsahariens qui ont toujours existés. Dans ce contexte, les échanges transsahariens, et notamment les flux migratoires sont importants et en augmentation. Outre les échanges traditionnels entre Nord et Sud, certains flux sont facteurs de tensions importantes : - Les flux illicites (drogue, armes…). Les zones frontalières le long de la Route transsaharienne sont de vastes plaques-tournantes du trafic de drogue, d’armes et de contrebande (frontière entre le Mali, le Niger et l’Algérie, Tamanrasset…). On estime que 15 % de la cocaïne consommée dans le monde transite par les routes sahariennes. Ces flux illicites financent des groupes armés ou terroristes (AQMI, Boko Haram…). - Les flux de migrants subsahariens à destination de l’Europe, en forte augmentation en raison du renforcement des inégalités Nord-Sud, provoque des tensions avec l’UE qui renforce ses frontières (Frontex) et lutte contre les réseaux mafieux qui contrôlent ces filières. En raison de leur faiblesse, les Etats qui se partagent le Sahara peinent à lutter contre ces flux. III. Un espace soumis à de multiples tensions et conflits Longtemps resté en marge, le Sahara est aujourd’hui au cœur de la géopolitique internationale en raison de son intérêt économique et stratégique mais aussi car cette région est l’objet de tensions importantes et de conflits armés. On peut distinguer trois types de conflits :  Les conflits liés aux ressources. Ils sont liés à la répartition des profits entre Etats, FTN et populations locales. Les nomades s’opposent aux Etats et aux intérêts étrangers (Touaregs au Mali et au Niger, Sahraouis au Sahara occidental…). Les conflits peuvent aussi se développer entre Etats, par exemple à propos du partage des eaux du Nil entre l’Egypte, le Soudan et l’Ethiopie…)
  • 3.  Les conflits liés au tracé des frontières. Il subsiste des tensions importantes entre le Maroc et l’Algérie, entre le Tchad et la Libye. La question du Sahara occidental n’est toujours pas réglée (Les Sahraouis réclament l’indépendance du Sahara occidental, illégalement annexé en 1975 par le Maroc. L’ONU a imposé un référendum d’autodétermination mais le Maroc refuse de l’organiser). Des situations de guerres civiles sont aussi présentes, notamment au Tchad et au Soudan (Guerre du Darfour, indépendance du Soudan du Sud en 2011).  Les conflits liés au développement de groupes terroristes islamistes. Depuis 2007, des mouvements islamistes (AQMI et Boko Haram) ont perpétré des attentats et organisé des enlèvements en Mauritanie, au Mali, au Niger et au Nigéria. Depuis 2011, des rebelles touaregs ont pris position au Nord-Mali en essayant d’y créer un Etat islamiste (l’Azawad). Pour toutes ces raisons, le Sahara est devenu un enjeu sécuritaire pour les grandes puissances, qui s’inquiètent de l’instabilité politique qui favorise les trafics illégaux et l’essor du terrorisme. Pour préserver leurs intérêts économiques, sécuritaires et sécuriser leurs filières d’approvisionnement énergétiques, les grandes puissances interviennent de manière diverse : - L’ONU intervient par la médiation (Sahara occidental) et déploie des Casques bleus pour des opérations de maintien de la paix (Darfour…). - La France intervient par des opérations militaires dans le cadre d’accords de défense passés avec ses anciennes colonies (Opération Epervier au Tchad de 1986 à 2014, Opération Serval au Mali en 2013 pour repousser les islamistes de l’Azawad, Opération Barkhane dans toute la zone sahélienne depuis 2014). La France. En 2011, la France lance l’opération Harmattan contre la Libye dans le cadre de l’ONU et de l’OTAN pour soutenir les mouvements rebelles contre Kadhafi. Pour la France, il s’agit de préserver sa zone d’influence en Afrique et à protéger ses expatriés. - Les Etats-Unis se contentent de soutenir les Etats du Sahara dans leur lutte contre les mouvements terroristes et apportent une aide logistique à la France engagée militairement.
  • 4. Le continent africain face au développement et à la mondialisation I. Un continent longtemps en marge de la mondialisation qui souffre d’importants problèmes de développement. 1) Un continent marqué par d’importants retards de développement L’Afrique est le continent qui connait les plus importants retards de développement de la planète : - En termes de richesse créée : son PIB est de 1700 milliards de dollars, soit 2 % seulement du PIB mondial. Le PIB/hab est de 3500 dollars alors que la moyenne mondiale s’établit à presque 15 000 dollars. L’appareil productif est peu performant car les investissements dans les infrastructures et les équipements sont insuffisants. - En termes de conditions de vie des populations : presque tous les pays d’Afrique ont un IDH inférieur à 0,7. Les PMA (Pays les moins avancés), qui représentent les 2/3 des pays d’Afrique, cumulent les difficultés et ont un IDH inférieur à 0,5 :  Le taux de pauvreté est le plus élevé au monde, avec 1/3 de la population vivant avec moins d’1,25 dollars/jour.  L’accès à l’eau est très difficile, pour la consommation domestique et l’agriculture, faiblement irriguée.  L’insécurité alimentaire est généralisée en raison de la faiblesse des agricultures (faibles rendements, faible mécanisation, concurrence avec les agricultures des pays développés…). Cette situation provoque des émeutes de la faim et parfois des famines (Somalie, Darfour…)  L’accès à l’éducation est également très faible. Seuls 1/3 des enfants scolarisés terminent l’enseignement primaire. Les taux d’analphabétisme sont donc très élevés (85 % au Niger)  L’Afrique est également le continent des pandémies (VIH, paludisme…). Leur développement s’explique par une très faible couverture médicale, un accès aux traitements très insuffisants et un manque de prévention auprès des populations. Tous ces facteurs expliquent que l’espérance de vie soit la plus faible de la planète (56 ans en moyenne). Le taux de mortalité est le plus élevé de la planète : 15 ‰ en moyenne (9 ‰ dans l’UE), 89 ‰ pour la mortalité infantile (4,5 ‰ dans l’UE). Par ailleurs, l’Afrique est le continent des conflits : 40 % des conflits mondiaux et 60 % des victimes mondiales depuis 1991. L’Etat d’insécurité de l’Afrique (conditions de vie + tensions et conflits) génère un nombre élevé de déplacés et de réfugiés (1/3 des déplacés mondiaux). 2) Un continent en périphérie de la mondialisation L’Afrique est en marge de la mondialisation mais pas exclue de celle-ci. Le poids de l’Afrique dans le commerce mondial reste faible (3 % des importations et des exportations). Les échanges internes sont faibles (77 milliards de dollars en 2013, à comparer aux 4700 milliards de dollars pour l’Europe). Les stocks d’IDE atteignent à peine 2 % du stock mondial. Cela s’explique par la faiblesse de la production industrielle de l’Afrique, qui représente seulement 1 % de la production mondiale, ainsi que les moyens financiers très limités des PMA qui ne parviennent pas à importer ce dont ils ont besoin. Les ports africains attirent peu les flux de la mondialisation en raison d’un déficit d’infrastructures multimodales et d’un hinterland peu développé qui ne permet pas de redistribuer efficacement les marchandises. L’intégration de l’Afrique dans la mondialisation est aussi freinée par la faiblesse de la couverture numérique (5 % des internautes mondiaux)
  • 5. Par ailleurs, les échanges entre l’Afrique et le reste du monde sont inégaux et hérités de la période coloniale : en raison de la faiblesse de son industrie, l’Afrique importe essentiellement des produits manufacturés à forte valeur ajoutée alors qu’elle n’exporte quasiment que des matières premières. Le seul pays bien intégré à la mondialisation est l’Afrique du Sud, qui fait partie des BRICS. II. De nouvelles perspectives et des signes de décollage… 1) D’immenses perspectives de développement L’Afrique dispose d’importantes réserves de ressources naturelles : - En hydrocarbures : 13 % de la production mondiale de pétrole, 10 % des réserves mondiales de pétrole et 8 % de celles de gaz naturel (Algérie, Libye, Nigéria, Gabon…) - En minerais : 30 % des réserves mondiales, dont 50 % des réserves mondiales de diamants (Congo, Afrique australe…), 20 % pour l’or et l’uranium en Afrique de l’Ouest et australe, 90 % des réserves de chrome, 50 % du Cobalt. - En bois : 20 % de la production mondiale (Congo…) Par ailleurs, l’Afrique est le continent où le potentiel de découverte de nouvelles réserves est le plus élevé. Le potentiel agricole de l’Afrique est également très important : le continent dispose de vastes terres fertiles et de ressources en eau qui peuvent être mises en valeur par des investissements en infrastructures et dans la modernisation des agricultures. Ces perspectives font que l’Afrique est convoitée pour la richesse de ses ressources par des FTN ainsi que par d’autres Etats qui achètent ou louent des terres pour les exploiter : c’est le Land grabbing. Dans le domaine politique, la démocratisation progresse, ce qui ouvre de nouvelles perspectives de développement. En 2011, les Etats d’Afrique du Nord ont connu le « Printemps arabe » qui a chassé du pouvoir les dictateurs au pouvoir en Tunisie, Libye et en Egypte. En Afrique subsaharienne, le processus de démocratisation est lent et incomplet. Néanmoins, des chefs d’Etat en place depuis des dizaines d’années, qui contribuaient à maintenir leur pays dans un retard de développement en s’accaparant l’essentiel des ressources, ont dû quitter le pouvoir (RDC, Côte d’Ivoire, Guinée équatoriale…). 2) Un continent attractif et en mouvement Depuis le début des années 2000, l’Afrique connait une forte croissance économique (5 % en moyenne), malgré la crise économique qui a touché le monde en 2008. L’Afrique est devenue attractive : le commerce et les investissements étrangers se sont intensifiés (X 10 entre 2003 et 2010). Les pays émergents investissent massivement en Afrique, à l’image de la Chine qui est aujourd’hui le 1er investisseur en Afrique (on parle de « Chinafrique », en référence à la « Françafrique »). Les IDE financent des infrastructures de communication, d’exploitation minière, d’achat de terres agricoles… Les FTN des pays émergents s’implantent et investissent de plus en plus en Afrique. D’immenses chantiers sont en cours aujourd’hui en Afrique. Tous ces chantiers mobilisent des fonds publics et privés africains mais aussi des investissements étrangers. Ils révèlent une modernisation des infrastructures du continent avec le double objectif d’être plus productif et de mieux s’insérer dans le flux de la mondialisation : nouveaux ports (Djibouti), lignes TGV au Maroc, corridors de circulation (Afrique australe), liaison haut-débit… Néanmoins, le décollage de l’Afrique est très inégal : 6 pays concentrent 70 % du PIB du continent (Afrique du Sud, Nigeria, Egypte, Algérie, Maroc, Angola) => ce sont les « Lions africains ». Parmi ces pays, l’Afrique du Sud est la puissance dominante du continent. Elle représente 22 % du PIB de l’Afrique pour seulement 5 % de sa population. La bourse de Johannesburg est connectée à la finance mondiale, le pays dispose de FTN puissantes (2/3 des FTN africaines) et le port de Durban est le 1er port d’Afrique.
  • 6. Les pôles de développement se situent donc au Nord et au Sud, la partie médiane continue de concentrer les difficultés. Partout, les disparités régionales sont très fortes, notamment entre villes et campagnes ainsi qu’à l’intérieur des grandes villes où se côtoient misère et richesse. La croissance économique a favorisé l’apparition d’une classe moyenne dont le niveau de vie s’est amélioré et qui peut consommer (34 % de la population africaine). Cependant, malgré cette croissance économique l’IDH reste très bas dans la plupart des pays car pour faire baisser la pauvreté, un taux de croissance d’au moins 7 % est nécessaire. III. …mais des défis importants à relever pour s’affirmer dans la mondialisation 1) Faire face à la croissance des populations L’Afrique est le continent où la croissance démographique est la plus forte car la plupart des pays africains n’ont pas achevé leur transition démographique. On estime que la population africaine, qui s’élève à 1,2 milliards d’habitants pourrait être de 2 milliards en 2050 (dont 1,8 en Afrique subsaharienne). L’Afrique fait face à deux défis démographiques majeurs : - La population de l’Afrique est la plus jeune du monde. En Afrique subsaharienne, la fécondité est de 5 à 7 enfants par femme, 40 % de la population a moins de 15 ans. Cette croissance démographique non maîtrisée pose le problème de l’accès aux ressources fondamentales (alimentaires, santé, logement, éducation…) ainsi qu’au travail. Dans ces conditions, l’Afrique est touchée par le phénomène de la « fuite de cerveaux » qui constitue un frein au développement. - L’Afrique s’urbanise très rapidement (population X 14 depuis 1950). Le nombre de citadins est passé de 32 millions en 1950 à 460 millions en 2014. Les villes du Caire, Lagos, Abidjan, Kinshasa, Johannesburg ont connu une croissance spectaculaire. Lagos, au Nigéria, est passé de 300 000 hab en 1950 à 13 millions aujourd’hui. Le Caire est passé de 5 millions d’habitants en 1960 à 16 millions aujourd’hui. L’urbanisation de l’Afrique est un facteur de développement car les conditions de vie sont meilleures qu’à la campagne (meilleurs accès aux ressources vitales, aux soins, à l’éducation…) mais pose également de nombreux défis pour subvenir aux besoins d’une population en très forte augmentation (alimentaires, eau potable, transports, énergie, égouts…) et limiter les pollutions liées à l’étalement urbain. Néanmoins, la croissance urbaine non maîtrisée génère beaucoup de précarité, notamment dans les bidonvilles où vit 60 % de la population urbaine d’Afrique subsaharienne. 2) Des blocages structurels à surmonter Malgré les signes de décollage économique, l’Afrique doit encore surmonter des blocages structurels (fonctionnement des sociétés et des Etats) pour favoriser son intégration dans la mondialisation et régler ses problèmes de développement :  L’« économie de rente » demeure prédominante et ses effets sont néfastes car elle maintient les pays qui disposent de réserves naturelles importantes dans une situation de dépendance vis-à-vis des exportations et des acheteurs (issus des pays développés ou émergents) qui imposent leurs conditions et leurs prix. Par ailleurs, l’« économie de rente » est un frein au développement car, en raison des bénéfices générés par l’exploitation des ressources naturelles, elle n’encourage pas les Etats africains à investir pour diversifier leur économie (ce qui est pourtant indispensable pour assurer le développement à long terme) De plus, la « rente » enrichit essentiellement des catégories privilégiées et ne profite que très peu aux populations locales, d’autant plus que l’exploitation est souvent confiées à des FTN issues des pays développés et émergents. L’« économie de rente » contribue donc à maintenir l’Afrique dans une situation de dépendance et de domination sur le marché mondial.
  • 7.  Pour faire face à la compétition mondiale, l’Afrique reste trop divisée même si des organisations régionales existent : la SADC (Communauté de développement de l’Afrique australe), l’Union africaine, l’UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine) dont les Etats utilisent la même monnaie (le Franc CFA), le NEPAD (Nouveau partenariat pour le développement en Afrique). Cependant, ces organisations sont peu efficaces pour intégrer les pays africains et pour concurrencer efficacement les organisations des pays développés (UE, ALENA…)  Les tensions et les conflits demeurent importants et sont un frein au développement car ils contribuent au pillage des ressources, provoquent des famines (Ethiopie dans les années 80, Somalie dans les années 90, Soudan dans les années 2000…), des déplacements de populations et éloignent les investissements étrangers pour des raisons sécuritaires. Les conflits armés concernent aujourd’hui plus de 20 % de la population. Pacifier les Etats affectés par des guerres et maintenir la paix est donc un objectif prioritaire en Afrique. A l’heure actuelle, toutes les guerres africaines sont des conflits intra-étatiques (conflits opposant des groupes de population issus d’un même Etat). Il s’agit dans la quasi-totalité des cas du même schéma : des ethnies différentes qui se battent pour prendre et/ou conserver le pouvoir (en Côte-d’Ivoire jusqu’en 2011) ou bien parce qu’elles refusent de vivre ensemble au sein d’un même Etat (au Soudan jusqu’en 2011). Les armées nationales ont été incapables de maintenir l’ordre (car elles étaient parties prenant de ces conflits) dont la régulation de ces conflits s’est faite par le biais d’acteurs extérieurs : casques bleus de l’ONU (Côte- d’Ivoire) ; Etats étrangers (comme la France au Mali) ou organisations régionales africaines (comme la CEDECAO au Nord-Mali). Le retour à la paix est une condition sine qua non au retour à la croissance économique et à la reprise du processus de développement. Certaines formes de conflits plus originales – comme le terrorisme ou la piraterie – sont difficiles à enrayer car elles ne répondent pas aux règles traditionnelles de la guerre (ce qui complique l’action des militaires). Les attentats ou les enlèvements perpétrés par AQMI en Mauritanie, au Mali et au Niger ou par Boko Haram au Nigéria frappent de façon « aveugle » et s’en prennent aux civils. De la même façon, les actes de piraterie commis au large de la Somalie s’en prennent à des cargos ou à des voiliers transport des touristes (afin de rançonner l’équipage). L’intervention des acteurs extérieurs face à ces actes s’expliquent par le fait qu’ils ont des intérêts dans ces zones (mines d’uranium pour Areva dans le Nord-Mali, flux maritimes au large du détroit de Bab el Mandeb).  La nature de l’Etat pose problème : d’un point de vue économique le pouvoir politique favorise l’« économie de rente » au profit de clientèles privilégiées et d’un point de vue politique, la violence et le guerre demeurent des moyens de conquête du pouvoir dans de nombreux pays (République centrafricaine, Somalie, Mali…) 3) Le défi environnemental et du développement durable La protection de l’environnement constitue un enjeu commercial dans le cadre de la mondialisation. De nombreux Etats africains doivent assurer une gestion durable de leurs ressources afin de préserver les réserves. De nombreuses zones et de nombreuses ressources sont menacées d’épuisement (comme le bois dans certaines zones de la forêt congolaise). Or, ces ressources constituent des apports pour la vie quotidienne des populations locales (bois d’œuvre, bois de chauffe ou bois vendu dont ils tirent un revenu) et constituent parfois une très grande partie des revenus des Etats (« économie de rente »). Par ailleurs, l’exploitation des ressources engendre des catastrophes écologiques : marées noires dans le delta du Niger, pollution des sols et des cours d’eau, surpêche, exploitation prédatrice des ressources. Les pratiques des FTN sont particulièrement dénoncées. La protection de l’environnement est aussi un enjeu économique majeur en raison de l’essor du tourisme dans certains pays d’Afrique (Afrique du Sud, Namibie, Kenya, Tanzanie…). Pour attirer les touristes, principalement issus des pays riches, des mesures de protection de la faune et de la flore sont prises.
  • 8. Conclusion : L’Afrique a toujours été insérée dans la mondialisation. Cependant elle est aujourd’hui en marge car sa participation au commerce mondial est très faible et les flux qui l’animent la maintiennent dans une position de périphérie dominée. Cependant l’Afrique est en train de rattraper son retard en devenant plus attractive pour les investisseurs étrangers, mais de manière très inégale. L’immense potentiel de développement de l’Afrique permet à la plupart des pays de connaître une forte croissance économique depuis le début des années 2000 et de faire lentement reculer la pauvreté. Néanmoins cette croissance accentue dans le même temps les écarts de développement entre villes et campagnes, entre riches et pauvres, entre zones littorales et enclavées… Pour surmonter leur retard de développement et être mieux intégrés à la mondialisation, les PMA devront faire face à de nombreux défis (de nature économique, politique, sociale, environnementale…), s’engager dans la voie d’un développement plus durable et surmonter de nombreux obstacles qui constituent toujours autant de freins au développement.