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THEME 3 :
DYNAMIQUES GEOGRAPHIQUES DE GRANDES AIRES CONTINENTALES
Problématique du thème :
En quoi l’Amérique, l’Afrique et l’Asie du Sud et de l’Est reflètent-elles les dynamiques globales d’une
planète mondialisée ?
Quelles évolutions spécifiques connaissent-elles ?
L’Amérique : puissance du Nord, affirmation du Sud
Séquence 1 :
Le continent américain : entre tensions et intégrations régionales
Introduction :
Continent immense : 10 000 kms du nord au sud (du Cap Columbia à l’extrême-nord du Canada) au Cap Horn
(extrême-sud du Chili). On distingue 4 sous-continents, qu’il ne faut pas confondre :
- L’Amérique du Nord (Canada, Etats-Unis, Mexique)
- L’Amérique centrale (du Guatemala au Panama)
- Les Caraïbes
- L’Amérique du Sud.
L’appellation « Amérique latine » désigne les pays indépendants d’Amérique centrale, des Caraïbes et d’Amérique
du Sud.
Le continent compte plus de 970 millions d’habitants sur 45 millions de km2.
C’est un continent marqué par une grande diversité naturelle, culturelle, économique et politique.
Cette grande diversité génère des tensions nature diverses, notamment liées à des rivalités géopolitiques et des
écarts de développement importants.
Le continent compte 35 pays. Beaucoup sont regroupés dans les deux organisations internationales dominantes :
l’ALENA et le MERCOSUR.
Quelles sont les dynamiques d’intégration sur le continent américain et quel est leur impact sur les
tensions qui subsistent ?
I. Un continent aux multiples contrastes
1) Une diversité culturelle
La frontière entre les Etats-Unis et le Mexique est une ligne de fracture culturelle, linguistique et religieuse :
- Au Nord, le modèle anglo-saxon domine, anglophone et protestant. Il y a cependant des minorités d’origine
européenne (Québécois et habitants de la Louisiane francophones…) et indiennes (Amérindiens des Etats-
Unis et du Canada, Inuits au Canada…) qui revendiquent leur spécificité.
Les Etats-Unis sont particulièrement marqués par le multiculturalisme (WASP, afro-américains, hispaniques,
natifs…).
- En Amérique latine, la population est majoritairement hispanophone (sauf au Brésil, où l’on parle portugais)
et catholique. C’est un héritage de la colonisation à partir du XVIème siècle.
2) Des écarts de développement marqués
Le continent américain présente de grandes disparités de développement entre un Nord très développé (Etats-
Unis, Canada) et qui concentre l’essentiel des richesses, et un Sud plus diversifié :
- Les « Jaguars » (Nouveaux pays industrialisés : Argentine et Chili). IDH élevé (supérieur à 0,8).
- Les puissances régionales émergentes (Brésil, Mexique), très dynamiques économiquement mais où
subsistent d’importantes inégalités socio-spatiales. IDH Moyen (autour de 0,7)
- Les périphéries dominées (exportations de matières premières ou de produit à faible valeur ajoutée). Ex :
Venezuela, Colombie…
- Les espaces en retard de développement : certains pays d’Amérique centrale (Honduras, Nicaragua…), des
Etats enclavés (Bolivie, Paraguay), et un PMA (Haïti).
D’une manière générale, l’intérieur du continent est délaissé, de même que les espaces ruraux et les
bidonvilles.
3) Des régimes politiques diversifiés
Le Nord est marqué par une grande stabilité politique : République fédérale aux Etats-Unis depuis l’indépendance
du pays à la fin du XVIIIème siècle, une monarchie constitutionnelle parlementaire au Canada (membre du
Commonwealth : la reine d’Angleterre est toujours le chef d’Etat officiel du Canada).
Au Sud, tous les régimes sont des républiques. Si les démocraties dominent, des tensions idéologiques perdurent
entre les régimes libéraux (Colombie, Mexique…) et socialistes (Venezuela, Cuba, Bolivie…).
II. Un intégration inégale et limitée
1) Deux organisations dominantes : l’ALENA et le MERCOSUR
Deux unions dominent :
- L’ALENA (Accord de libre-échange nord-américain). C’est une organisation à vocation économique créée en
1994 qui regroupe les Etats-Unis, le Canada et le Mexique. Elle constitue la 1ère de puissance de la planète
avec plus d'1/4 de la richesse produite dans le monde. L’ALENA a permis de tripler les échanges
commerciaux entre les membres et a accéléré le développement du Mexique mais elle profite surtout aux
Etats-Unis.
En effet, si l'ALENA a permis au Mexique de tripler ses exportations, il a également augmenté
considérablement la dépendance économique du Mexique vis-à-vis des États-Unis. Il y a une véritable
"maquiladorisation" de l'économie (maquiladoras : usines d'assemblage et de sous-traitance, Les
maquiladoras exportent 40% du total des exportations mexicaines. Désormais 70 % du commerce mexicain
s'effectue exclusivement avec les Etats-Unis.
De plus, l’ALENA ne facilite que les flux de marchandises et de capitaux et pas du tout les flux migratoires,
surtout entre les Etats-Unis et le Mexique, dont la frontière demeure très hermétique.
- Le MERCOSUR, créé en 1991 est également une union douanière destinée à faciliter le libre-échange entre
les Etats d’Amérique du Sud (Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay, Venezuela). C’est le processus
d’intégration le plus poussé d’Amérique du Sud. Les échanges commerciaux entre les pays membres ont été
multipliés par 10 en 20 ans.
2) Des associations régionales secondaires
D’autres organisations régionales existent mais elles n’ont pas l’importance de l’ALENA ou du MERCOSUR :
- Le CARICOM (Caraïbes)
- La CAN (Communauté andine) comprend la Colombie, l’Equateur, le Pérou et la Bolivie)
- UNASUR (Union des nations sud-américaines.
- L’ALBA (Alliance bolivarienne pour les peuples d’Amérique). C’est une association destinée à contrer
l’hégémonie des Etats-Unis qui comprend le Nicaragua, Cuba, le Venezuela, l’Equateur et la Bolivie)
- La SICA (Système d’intégration centre-américain)
Les associations régionales sont trop nombreuses pour être efficaces. De plus, ces associations regroupent des
Etats dont les disparités de développement freinent la coopération : les réseaux de communication sont mal
connectés et les espaces transfrontaliers dynamiques sont rares.
3) Une intégration continentale difficile et limitée
Une véritable intégration continentale n’existe pas. L’OEA (Organisation des Etats américains), qui comprend les 35
Etats américains, n’est qu’un forum de discussion.
Le projet de ZLEA (Zone de libre-échange des Amériques), initié par les Etats-Unis en 1994, a été gelé par le
président Obama en 2009.
Par ailleurs, l’ALENA et le MERCOSUR, ainsi que les organisations régionales servent avant tout à défendre les
intérêts nationaux, notamment ceux des puissances dominantes :
- Les Etats-Unis attirent 75% des exportations canadiennes et 78% des exportations mexicaines alors que les
importations mexicaines provenant du Canada ne représentent que 2 % du total et les canadiennes du
Mexique 1%. Le PIB du Mexique ne représente que 6% de celui des Etats-Unis.
- Le Brésil réalise 60% des exportations du Mercosur et n'en importe que 11% de son total. L'Argentine n'est
que le 3ème partenaire du Brésil derrière les EU et la Chine.
Cependant, sous la pression des institutions internationales (FMI, OMC), les Etats ouvrent leurs frontières malgré
leurs différends par le biais d’accords bilatéraux. Par exemple, les Etats-Unis demeurent le 2ème client et le 1er
fournisseur du Venezuela malgré les oppositions politiques.
III. Des tensions persistantes
1) L’hégémonie des Etats-Unis source de tensions
Depuis le début du XIXème siècle et la doctrine Monroe (doctrine qui met en place l’isolationnisme en matière de
politique étrangère jusqu’à la Seconde Guerre mondiale : les Etats-Unis s’engagent à ne pas intervenir dans les
affaires européennes et condamnent toute intervention européenne sur le continent américain), les Etats-Unis ont
cherché à dominer, politiquement et économiquement, l’ensemble du continent européen, et à faire de
l’Amérique latine en particulier une sorte « d’arrière-cour ». C’est la politique du Big Stick, mise en place au début
du XXème siècle, par laquelle les Etats-Unis s’accordent le droit d’intervenir militairement pour défendre leurs
intérêts en Amérique latine.
L’hégémonie des Etats-Unis a provoqué et continue de susciter un fort sentiment d’antiaméricanisme et la
dénonciation de son impérialisme.
Ces résistances ont amené les Etats-Unis à renoncer à leur projet d’édifier une zone de libre-échange pour tout le
continent (ZLEA). C’est pour contrer ce projet que les pays dénonçant l’impérialisme américain ont fondé l’ALBA.
L’ALBA constitue un axe anti-américain, c’est-à-dire une association d’Etats socialistes opposés idéologiquement
aux Etats-Unis : Cuba de Fidel Castro, Venezuela d’Hugo Chavez, Bolivie d’Evo Morales, Nicaragua de Daniel Ortega,
Equateur de Rafael Correa…
En recul aujourd'hui, cette tutelle américaine se traduit toujours par un " interventionnisme diffus" : rôle du $ dans
les économies, investissements, aides militaires, lutte contre les trafics de drogue et les cultures de coca. Du point
de vue économique, la domination des Etats-Unis sur le Sud reste réelle : 30% des importations et des
exportations, 50% du stock d'IDE.
2) Des tensions entre Etats toujours présentes
De nombreuses tensions entre Etats existent, surtout en Amérique latine. Elles sont liées à des oppositions
idéologiques (Colombie/Venezuela) ou à des contestations de frontières (Chili/Argentine, Equateur/Pérou,
Chili/Bolivie) et de ZEE (Colombie/Venezuela). Le conflit entre le Royaume-Uni et l’Argentine à propos des
Malouines n’est toujours pas réglé sur le fond.
Au Nord, des tensions existent entre les Etats-Unis et le Mexique à propos des flux d’immigrés clandestins,
aggravées ces derniers mois par les déclarations de Donald Trump sur le sujet et son projet d’ériger un mur qui
serait financé par le Mexique.
Des revendications territoriales entre les Etats-Unis et le Canada ont lieu à propos de l’Arctique et ses réserves
d’hydrocarbures.
3) Des tensions internes importantes
Les tensions intra-étatiques sont importantes. Elles sont liées à 3 phénomènes qui peuvent se recouper :
- D’importantes inégalités socio-spatiales. Elles sont présentes au Nord comme au Sud. Les Etats d’Amérique
latine sont très inégalitaires (au Brésil 1% de la population possède 50 % de la richesse nationale).
Ces inégalités entrainent des violences, notamment dans les bidonvilles, qui peuvent dégénérer en
véritables guérillas urbaines. Les villes d’Amérique centrale sont les plus dangereuses au monde. L’armée y
intervient régulièrement.
L’inégal accès aux terres agricoles par les paysans génère également de la violence, notamment au Brésil.
Aux Etats-Unis, des affrontements ont lieu régulièrement entre des afro-américains et la police
(majoritairement blanche) depuis les incidents de Ferguson en 2014.
Les revendications des peuples indigènes peuvent aussi générer des tensions (Brésil, Equateur, Chili…)
- Des violences liées aux activités criminelles (mafias, trafic de drogue). C’est notamment le cas en Amérique
centrale, en Colombie, au Brésil… Les violences urbaines sont liées également à des luttes de pouvoir entre
narcotrafiquants. Avant la coupe du monde de football de 2014, le Brésil a envoyé l’armée pour lutter contre
les trafiquants dans les bidonvilles.
- Des mouvements de guérillas (Amérique centrale, Colombie, Pérou…). La plupart sont en voie de règlement,
comme en Colombie où le gouvernement a signé en 2016 un accord de paix avec les FARC.
Conclusion :
Le continent américain présente donc de forts contrastes. Les tensions tendent cependant lentement à s’atténuer et
les voies d’intégration à s’affirmer au niveau régional. Cependant, certains projets ont ravivé (comme la ZLEA) ont
ravivé les résistances de nombreux Etats opposés à l’hégémonie des Etats-Unis.
À l’échelle du continent, le poids des États-Unis et les ambitions du Brésil rendent difficile la mise en place de
structures de décisions collectives.

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  • 1. THEME 3 : DYNAMIQUES GEOGRAPHIQUES DE GRANDES AIRES CONTINENTALES Problématique du thème : En quoi l’Amérique, l’Afrique et l’Asie du Sud et de l’Est reflètent-elles les dynamiques globales d’une planète mondialisée ? Quelles évolutions spécifiques connaissent-elles ? L’Amérique : puissance du Nord, affirmation du Sud Séquence 1 : Le continent américain : entre tensions et intégrations régionales Introduction : Continent immense : 10 000 kms du nord au sud (du Cap Columbia à l’extrême-nord du Canada) au Cap Horn (extrême-sud du Chili). On distingue 4 sous-continents, qu’il ne faut pas confondre : - L’Amérique du Nord (Canada, Etats-Unis, Mexique) - L’Amérique centrale (du Guatemala au Panama) - Les Caraïbes - L’Amérique du Sud. L’appellation « Amérique latine » désigne les pays indépendants d’Amérique centrale, des Caraïbes et d’Amérique du Sud. Le continent compte plus de 970 millions d’habitants sur 45 millions de km2. C’est un continent marqué par une grande diversité naturelle, culturelle, économique et politique. Cette grande diversité génère des tensions nature diverses, notamment liées à des rivalités géopolitiques et des écarts de développement importants. Le continent compte 35 pays. Beaucoup sont regroupés dans les deux organisations internationales dominantes : l’ALENA et le MERCOSUR. Quelles sont les dynamiques d’intégration sur le continent américain et quel est leur impact sur les tensions qui subsistent ? I. Un continent aux multiples contrastes 1) Une diversité culturelle La frontière entre les Etats-Unis et le Mexique est une ligne de fracture culturelle, linguistique et religieuse : - Au Nord, le modèle anglo-saxon domine, anglophone et protestant. Il y a cependant des minorités d’origine européenne (Québécois et habitants de la Louisiane francophones…) et indiennes (Amérindiens des Etats- Unis et du Canada, Inuits au Canada…) qui revendiquent leur spécificité. Les Etats-Unis sont particulièrement marqués par le multiculturalisme (WASP, afro-américains, hispaniques, natifs…). - En Amérique latine, la population est majoritairement hispanophone (sauf au Brésil, où l’on parle portugais) et catholique. C’est un héritage de la colonisation à partir du XVIème siècle.
  • 2. 2) Des écarts de développement marqués Le continent américain présente de grandes disparités de développement entre un Nord très développé (Etats- Unis, Canada) et qui concentre l’essentiel des richesses, et un Sud plus diversifié : - Les « Jaguars » (Nouveaux pays industrialisés : Argentine et Chili). IDH élevé (supérieur à 0,8). - Les puissances régionales émergentes (Brésil, Mexique), très dynamiques économiquement mais où subsistent d’importantes inégalités socio-spatiales. IDH Moyen (autour de 0,7) - Les périphéries dominées (exportations de matières premières ou de produit à faible valeur ajoutée). Ex : Venezuela, Colombie… - Les espaces en retard de développement : certains pays d’Amérique centrale (Honduras, Nicaragua…), des Etats enclavés (Bolivie, Paraguay), et un PMA (Haïti). D’une manière générale, l’intérieur du continent est délaissé, de même que les espaces ruraux et les bidonvilles. 3) Des régimes politiques diversifiés Le Nord est marqué par une grande stabilité politique : République fédérale aux Etats-Unis depuis l’indépendance du pays à la fin du XVIIIème siècle, une monarchie constitutionnelle parlementaire au Canada (membre du Commonwealth : la reine d’Angleterre est toujours le chef d’Etat officiel du Canada). Au Sud, tous les régimes sont des républiques. Si les démocraties dominent, des tensions idéologiques perdurent entre les régimes libéraux (Colombie, Mexique…) et socialistes (Venezuela, Cuba, Bolivie…). II. Un intégration inégale et limitée 1) Deux organisations dominantes : l’ALENA et le MERCOSUR Deux unions dominent : - L’ALENA (Accord de libre-échange nord-américain). C’est une organisation à vocation économique créée en 1994 qui regroupe les Etats-Unis, le Canada et le Mexique. Elle constitue la 1ère de puissance de la planète avec plus d'1/4 de la richesse produite dans le monde. L’ALENA a permis de tripler les échanges commerciaux entre les membres et a accéléré le développement du Mexique mais elle profite surtout aux Etats-Unis. En effet, si l'ALENA a permis au Mexique de tripler ses exportations, il a également augmenté considérablement la dépendance économique du Mexique vis-à-vis des États-Unis. Il y a une véritable "maquiladorisation" de l'économie (maquiladoras : usines d'assemblage et de sous-traitance, Les maquiladoras exportent 40% du total des exportations mexicaines. Désormais 70 % du commerce mexicain s'effectue exclusivement avec les Etats-Unis. De plus, l’ALENA ne facilite que les flux de marchandises et de capitaux et pas du tout les flux migratoires, surtout entre les Etats-Unis et le Mexique, dont la frontière demeure très hermétique. - Le MERCOSUR, créé en 1991 est également une union douanière destinée à faciliter le libre-échange entre les Etats d’Amérique du Sud (Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay, Venezuela). C’est le processus d’intégration le plus poussé d’Amérique du Sud. Les échanges commerciaux entre les pays membres ont été multipliés par 10 en 20 ans.
  • 3. 2) Des associations régionales secondaires D’autres organisations régionales existent mais elles n’ont pas l’importance de l’ALENA ou du MERCOSUR : - Le CARICOM (Caraïbes) - La CAN (Communauté andine) comprend la Colombie, l’Equateur, le Pérou et la Bolivie) - UNASUR (Union des nations sud-américaines. - L’ALBA (Alliance bolivarienne pour les peuples d’Amérique). C’est une association destinée à contrer l’hégémonie des Etats-Unis qui comprend le Nicaragua, Cuba, le Venezuela, l’Equateur et la Bolivie) - La SICA (Système d’intégration centre-américain) Les associations régionales sont trop nombreuses pour être efficaces. De plus, ces associations regroupent des Etats dont les disparités de développement freinent la coopération : les réseaux de communication sont mal connectés et les espaces transfrontaliers dynamiques sont rares. 3) Une intégration continentale difficile et limitée Une véritable intégration continentale n’existe pas. L’OEA (Organisation des Etats américains), qui comprend les 35 Etats américains, n’est qu’un forum de discussion. Le projet de ZLEA (Zone de libre-échange des Amériques), initié par les Etats-Unis en 1994, a été gelé par le président Obama en 2009. Par ailleurs, l’ALENA et le MERCOSUR, ainsi que les organisations régionales servent avant tout à défendre les intérêts nationaux, notamment ceux des puissances dominantes : - Les Etats-Unis attirent 75% des exportations canadiennes et 78% des exportations mexicaines alors que les importations mexicaines provenant du Canada ne représentent que 2 % du total et les canadiennes du Mexique 1%. Le PIB du Mexique ne représente que 6% de celui des Etats-Unis. - Le Brésil réalise 60% des exportations du Mercosur et n'en importe que 11% de son total. L'Argentine n'est que le 3ème partenaire du Brésil derrière les EU et la Chine. Cependant, sous la pression des institutions internationales (FMI, OMC), les Etats ouvrent leurs frontières malgré leurs différends par le biais d’accords bilatéraux. Par exemple, les Etats-Unis demeurent le 2ème client et le 1er fournisseur du Venezuela malgré les oppositions politiques. III. Des tensions persistantes 1) L’hégémonie des Etats-Unis source de tensions Depuis le début du XIXème siècle et la doctrine Monroe (doctrine qui met en place l’isolationnisme en matière de politique étrangère jusqu’à la Seconde Guerre mondiale : les Etats-Unis s’engagent à ne pas intervenir dans les affaires européennes et condamnent toute intervention européenne sur le continent américain), les Etats-Unis ont cherché à dominer, politiquement et économiquement, l’ensemble du continent européen, et à faire de l’Amérique latine en particulier une sorte « d’arrière-cour ». C’est la politique du Big Stick, mise en place au début du XXème siècle, par laquelle les Etats-Unis s’accordent le droit d’intervenir militairement pour défendre leurs intérêts en Amérique latine. L’hégémonie des Etats-Unis a provoqué et continue de susciter un fort sentiment d’antiaméricanisme et la dénonciation de son impérialisme. Ces résistances ont amené les Etats-Unis à renoncer à leur projet d’édifier une zone de libre-échange pour tout le continent (ZLEA). C’est pour contrer ce projet que les pays dénonçant l’impérialisme américain ont fondé l’ALBA. L’ALBA constitue un axe anti-américain, c’est-à-dire une association d’Etats socialistes opposés idéologiquement aux Etats-Unis : Cuba de Fidel Castro, Venezuela d’Hugo Chavez, Bolivie d’Evo Morales, Nicaragua de Daniel Ortega, Equateur de Rafael Correa…
  • 4. En recul aujourd'hui, cette tutelle américaine se traduit toujours par un " interventionnisme diffus" : rôle du $ dans les économies, investissements, aides militaires, lutte contre les trafics de drogue et les cultures de coca. Du point de vue économique, la domination des Etats-Unis sur le Sud reste réelle : 30% des importations et des exportations, 50% du stock d'IDE. 2) Des tensions entre Etats toujours présentes De nombreuses tensions entre Etats existent, surtout en Amérique latine. Elles sont liées à des oppositions idéologiques (Colombie/Venezuela) ou à des contestations de frontières (Chili/Argentine, Equateur/Pérou, Chili/Bolivie) et de ZEE (Colombie/Venezuela). Le conflit entre le Royaume-Uni et l’Argentine à propos des Malouines n’est toujours pas réglé sur le fond. Au Nord, des tensions existent entre les Etats-Unis et le Mexique à propos des flux d’immigrés clandestins, aggravées ces derniers mois par les déclarations de Donald Trump sur le sujet et son projet d’ériger un mur qui serait financé par le Mexique. Des revendications territoriales entre les Etats-Unis et le Canada ont lieu à propos de l’Arctique et ses réserves d’hydrocarbures. 3) Des tensions internes importantes Les tensions intra-étatiques sont importantes. Elles sont liées à 3 phénomènes qui peuvent se recouper : - D’importantes inégalités socio-spatiales. Elles sont présentes au Nord comme au Sud. Les Etats d’Amérique latine sont très inégalitaires (au Brésil 1% de la population possède 50 % de la richesse nationale). Ces inégalités entrainent des violences, notamment dans les bidonvilles, qui peuvent dégénérer en véritables guérillas urbaines. Les villes d’Amérique centrale sont les plus dangereuses au monde. L’armée y intervient régulièrement. L’inégal accès aux terres agricoles par les paysans génère également de la violence, notamment au Brésil. Aux Etats-Unis, des affrontements ont lieu régulièrement entre des afro-américains et la police (majoritairement blanche) depuis les incidents de Ferguson en 2014. Les revendications des peuples indigènes peuvent aussi générer des tensions (Brésil, Equateur, Chili…) - Des violences liées aux activités criminelles (mafias, trafic de drogue). C’est notamment le cas en Amérique centrale, en Colombie, au Brésil… Les violences urbaines sont liées également à des luttes de pouvoir entre narcotrafiquants. Avant la coupe du monde de football de 2014, le Brésil a envoyé l’armée pour lutter contre les trafiquants dans les bidonvilles. - Des mouvements de guérillas (Amérique centrale, Colombie, Pérou…). La plupart sont en voie de règlement, comme en Colombie où le gouvernement a signé en 2016 un accord de paix avec les FARC. Conclusion : Le continent américain présente donc de forts contrastes. Les tensions tendent cependant lentement à s’atténuer et les voies d’intégration à s’affirmer au niveau régional. Cependant, certains projets ont ravivé (comme la ZLEA) ont ravivé les résistances de nombreux Etats opposés à l’hégémonie des Etats-Unis. À l’échelle du continent, le poids des États-Unis et les ambitions du Brésil rendent difficile la mise en place de structures de décisions collectives.