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THEME 2 :
GUERRES ET PAIX, 1914-1945
L’Europe, un espace marqué par deux conflits mondiaux
La première moitié du XXème siècle connait des tensions internationales très importantes qui aboutissent à deux
guerres mondiales d’une violence extrême qui touche principalement l’Europe.
Dans quelle mesure l’Europe et ses populations ont-ils été profondément bouleversés par les deux
guerres mondiales ?
I. La Première Guerre mondiale, une guerre totale
En 1914, les tensions sont importantes entre les puissances européennes. Elles sont liées à des rivalités
économiques et territoriales. Les grandes puissances se lancent dans une course aux armements et forment de grandes
alliances : la Triple-Entente regroupe la France, le Royaume-Uni et la Russie alors que la Triple-Alliance est conclue entre
l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie et l’Italie.
1) Une nouvelle expérience combattante
Après l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand d’Autriche, le jeu des alliances précipite toute l’Europe dans la
guerre durant l’été 1914. A l’espoir d’une guerre courte de mouvement succède rapidement une guerre de position
caractérisée par un enlisement des troupes dans les tranchées et l’utilisation d’une puissance de feu qui avait été
sous-estimée par tous les états-majors.
Les soldats font l’expérience de la guerre industrielle et de la dégradation de leurs conditions de vie. La Première
Guerre mondiale est l’aboutissement du processus d’industrialisation qui, après avoir transformé les économies et
les sociétés, transforme les conflits et engendre une violence inouïe. La puissance de l’artillerie (3/4 des blessures)
et des mitrailleuses automatiques engendrent des pertes effroyables : entre le 20 et le 23 août 1914 par exemple,
l’armée française compte 40 000 tués, dont 27 000 pour la seule journée du 22… En moyenne, entre 1914 et 1918,
900 Français, 1300 Allemands et près de 1500 Russes meurent chaque jour. Durant la préparation d’artillerie qui
précédé la bataille de la Somme (1916), 1 500 000 obus furent tirés en 7 jours. Le 1er jour, l’armée britannique
compta près de 20 000 morts. En 4 mois et demi, cette bataille fit plus de 440 000 morts.
La redoutable efficacité de ces armes nouvelles conduit les fantassins à improviser leur défense en creusant des
tranchées pour se protéger des projectiles. Reliés entre elles, les tranchées s’étendent rapidement à la quasi-
totalité du front et s’érigent en système de défense.
Dans les tranchées, les soldats ont des conditions de vie très dures liées au manque d’hygiène, aux maladies, à
l’omniprésence de la mort et à aux longues périodes d’attente dans l’angoisse du prochain assaut. Lorsqu’ils
entendaient le bruit caractéristique des mitrailleuses, arme typique de la guerre industrielle compte tenu de la
débauche de munitions qu’elle occasionne et de la densité de son tir, les soldats savaient qu’ils allaient à la mort.
Faute de « trêve des brancardiers », les soldats blessés agonisaient souvent dans le no man’s land. Le front fut donc
le lieu de la mort de masse, généralement anonyme car on ne sait pas qui vous tue, on ne sait pas qui l’on tue.
Les combats individuels ont pourtant existé, notamment lorsqu’une tranchée était prise. Les « nettoyeurs de
tranchées » utilisaient pour cela des grenades ou des armes blanches, souvent fabriqués par les soldats eux-mêmes.
Pour les soldats l’apparition des gaz de combat, utilisés pour la 1ère fois en 1915 par les Allemands à Ypres,
incarnent également cet ennemi invisible. Même si les gaz n’ont pas eu l’efficacité escomptée (3 ou 4 % des pertes
totales sur les champs de bataille), leur emploi laissa un souvenir de terreur durable.
Dans le domaine des armes nouvelles, l’aviation connu un essor considérable pendant le conflit. Utilisés d’abord
individuellement, les avions sont ensuite déployés en masse pour conduire de grands raids de bombardement sur le
front et les villes de l’adversaire. Les chars d’assaut, quant à eux, sont utilisés dès 1917.
Cependant, les pertes étaient également très importantes chez les aviateurs, dont la durée de vie ne dépassait pas 3
semaines en moyenne avant d’être abattus ou d’être victime d’un accident, et les chars, s’ils étaient efficaces face
aux mitrailleuses, restaient très vulnérables aux tirs d’artillerie.
Cependant, malgré la dureté des combats et des conditions de vie, les soldats tiennent. Comment l’expliquer ?
Les mutineries, dont les plus importantes éclatent en 1917, les désertions et les fraternisations n’influencent pas
l’issue des combats. Les historiens expliquent cette attitude par le consentement des soldats qui tiennent par
solidarité avec leurs camarades, par un sens patriotique puissant et presque religieux, par hostilité de l’adversaire et
par un fort « sentiment de défense », notamment des siens restés à l’arrière, mais aussi par la contrainte
entretenue par le commandement qui autorise les exécutions sommaires sur le champ de bataille et condamne à
mort ceux qui se sont mutinés, mutilés (pour être rapatrié), ont fraternisé ou déserté.
2) Les civils dans la guerre
L’expérience combattante ne se limite pas aux combats sur le front car les civils subissent aussi la violence de la
guerre lors des invasions, occupations, bombardements… Au total (en prenant en compte tous les belligérants, le
nombre de civils tués est à peine inférieur à celui des militaires. La distinction entre soldat et civil a quasiment
disparu.
Parfois les stratèges militaires ont cherché à affamer les civils adverses par le blocus ou la guerre sous-marine. Tous
les pays belligérants connaissent des pénuries car les circuits commerciaux se ferment et les ouvriers ainsi que les
paysans sont mobilisés.
Dans les territoires occupés (France, Belgique), l’occupant utilise les populations comme une main d’œuvre
gratuite. Dans tous les pays belligérants, les ressortissants des pays ennemis sont internés dans des camps de
concentration. 100 000 Belges et autant de Français sont déportés en Allemagne.
La Guerre totale impose aux civils de « l’arrière » de participer à l’effort de guerre.
Les civils, et notamment les femmes des soldats partis au front, prennent en charge la production agricole et
industrielle. La part des femmes dans l’industrie est d’environ oscille entre 30 et 40 % en 1917. 400 000
« munitionnettes » travaillent dans l’industrie de l’armement.
L’industrie soutien l’effort de guerre en produisant des armes. Citroën produit des obus et Renault des fusils, des
canons et des chars d’assaut. En 1918, la France devient le plus important producteur d’armes des Alliés : par mois
sortent des usines 1000 canons, 260 000 obus, 3000 fusils. 6 millions de munitions d’infanterie sont produites par
jour et 50 000 avions ont été construits durant le conflit (alors que la production était artisanale en 1914).
Pour financer la guerre, les gouvernements font appel à l’épargne privée et réalisent des emprunts. En France, le
4ème emprunt national a mobilisé 55 milliards de francs en 1918.
Même les enfants sont « mobilisés » par la propagande. Beaucoup apparaissent sur des cartes postales ou des
affiches de propagande déguisés en « poilus » et dans des postures héroïques. Il s’agit de montrer que l’ensemble
de la population participe à l’effort de guerre, soutient le combat des soldats au front et contribue à la victoire.
3) Des sociétés durablement traumatisées
Le bilan de la guerre est très lourd. Avec 10 millions de morts, la Grande Guerre dépasse tous les conflits
précédents. L’Allemagne compte 2 millions de morts et la Russie 1,8. La France est proportionnellement à sa
population l’un des pays les plus durement touchés avec 1,4 millions de morts dont environ plus de 700 « fusillés
pour l’exemple ». La moitié des jeunes Français nés en 1894, et donc âgés de 20 ans en 1914, ont disparu à l'issue
du conflit. Aux 28 % déjà décédés avant la guerre (la mortalité infantile était encore très importante) s'ajoutent les
24 % de ceux qu'on appelait « la classe 14 » morts au combat. Un véritable traumatisme pour la société française.
Ce sont les classes sociales les plus favorisées qui, proportionnellement, ont été les plus touchées car le taux de
mortalité des officiers était 2 fois plus élevé que celui des soldats. En moyenne, près de 15 % des mobilisés sont
morts. Le pays le plus touché est la Serbie avec 38 % et le moins est les Etats-Unis avec 2,5 %. France et Allemagne :
16 % (28 % des combattants).
La guerre a fait 3 millions de veuves et 6 millions d’orphelins de guerre.
La Grande Guerre a donc été une catastrophe démographique majeure. En 4 ans, la France par exemple a connu
une tragédie comparable à celle causée par la Révolution et l’Empire en 25 ans. 10 % de la population masculine a
disparu, surtout de jeunes hommes de 19 à 40 ans, c’est-à-dire les forces vives du pays. La guerre a engendré un
déséquilibre entre les sexes, un déficit des naissances, un vieillissement de la population.
Il faut attendre 1950 pour retrouver le niveau de population d’août 1914. Il faut aussi ajouter les blessés et les
mutilés de guerre, dont beaucoup meurent après le conflit (peut-être 500 000).
Le conflit a fait 6 millions de blessés et d’invalides. Symboles des ravages de la guerre industrielle, les « gueules
cassées », dont la réinsertion est difficile.
Plus difficile à mesurer, les séquelles psychiatriques (syndrome de stress post-traumatique) et notamment l’obusite
(Shell Shock). On sait depuis la Seconde Guerre mondiale qu’un homme ne peut pas conserver son équilibre
psychique sur un champ de bataille plus de quelques mois. Or les soldats qui ont eu la chance de survivre ont été
constamment ramenés vers le combat, même après plusieurs blessures, souvent aux mêmes endroits où ils avaient
déjà combattu. Cela a engendré des traumatismes psychiques souvent irrémédiables.
Toutes les sociétés belligérantes ont été touchées dans leur intégralité. Chacun a un membre de sa famille victime
du conflit. Toutefois le deuil des familles a été long et difficile, notamment en l’absence des corps des victimes. On
estime que 50 % des corps ont totalement disparus du fait de l’intensité des combats. C’est la raison pour laquelle
le culte de la mémoire a dû pallier l’absence des corps :
 On crée des monuments au « soldat inconnu ».
 On érige des monuments aux morts sur lesquels sont inscrits les noms des morts. On compte 33 000
monuments aux morts au Royaume-Uni, 38 000 en France (pour 36 000 communes !). La plupart exaltent la
patrie, le courage des soldats et des civils. Une dizaine portent un message pacifiste et antimilitariste.
Par ailleurs, les destructions sont très importantes. Certaines villes proches du front sont quasiment détruites
comme Reims. Il faut relancer l’économie, la production agricole, le commerce et faire face à la pénurie de main
d’œuvre.
Sujet d’étude :
Vivre dans l’Italie mussolinienne
1) La naissance du fascisme italien
En Italie, la victoire de 1918 est ressentie comme une défaite par les nationalistes qui dénoncent une « paix
mutilée », dont ils rendent le gouvernement responsable, car les traités de paix ne lui ont pas octroyé les territoires
revendiqués (Dalmatie, Trieste).
Par ailleurs, le pays connaît une crise économique et sociale importante du fait de la désorganisation totale de
l’économie au lendemain de la Première Guerre mondiale.
L’Etat est accusé de ne pas être capable de mettre fin aux troubles et à l’agitation sociale mais aussi d’être
responsable de la « paix mutilée ».
Le parti fasciste de Benito Mussolini, créé en 1921, fédère les nationalistes mais aussi les grands propriétaires et
industriels qui craignent une révolution communiste. Le parti se présente comme l’ennemi du désordre et
favorable à des mesures sociales, ce qui le rend populaire également auprès des ouvriers.
Le 28 octobre 1922, Mussolini organise un coup de force, la « marche sur Rome », c’est-à-dire un défilé
paramilitaire entouré de ses milices armées (les « chemises noires »).
Le 30, Mussolini est appelé par le roi Victor-Emmanuel III pour former un nouveau gouvernement.
Les députés lui donnent les pleins pouvoirs pour un an.
La « marche sur Rome » n’est pas un coup d’Etat car Mussolini est parvenu au pouvoir légalement.
A partir de 1925, Mussolini met en place une dictature. Les élections sont truquées, le parti fasciste devient le seul
autorisé (le parti socialiste est dissous) et les lois fascistissimes suppriment les libertés publiques et accordent tous
les pouvoirs à Mussolini.
Le gouvernement est remplacé en 1928 par le Grand Conseil du fascisme contrôlé par Mussolini. Cependant, pour
ce dernier, l’Etat est tout et le parti est l’instrument de la domination de l’Etat.
Exercice :
L’historien Ian Kershaw a défini un régime totalitaire comme étant « Etat omnipotent, dominé par un parti unique
et un chef autocratique, qui encadre et surveille sa population pour lui imposer son idéologie et qui cherche à
éliminer ses ennemis réels ou supposés. »
Justifiez cette définition à propos de l’Italie mussolinienne à partir des documents de cette fiche, ainsi que des docs
p.87 à 89
2) Un Etat et un chef tout puissants
Pour les fascistes, l’Etat est tout (d’où le terme de « totalitaire ». L’objectif de Mussolini est de renforcer l’unité de
la nation par un Etat tout-puissant, donc anti-démocratique.
Mussolini souhaite restaurer la grandeur de l’Italie, celle de l’Empire romain, qui est omniprésent dans la
propagande. Mussolini est souvent représenté tel un empereur romain. Il impose le salut fasciste (qui sera repris
par les nazis), inspiré du salut romain « Ave César ».
Le fascisme est donc, par nature, expansionniste. Mussolini souhaite créer un nouvel Empire romain par des
conquêtes militaires. Il conquiert l’Ethiopie et l’Albanie et se rapproche de l’Allemagne (Axe Rome-Berlin, 1936).
Pour mener ce projet, Mussolini souhaite créer un « homme nouveau », un peuple de guerriers formés dans les
organisations collectives du régime.
Le rapprochement de l’Italie avec l’Allemagne l’amène à prendre des mesures racistes et antisémites (absentes
jusqu’au milieu des années 30) mais la répression est moins marquée qu’en Allemagne.
L’Italie mussolinienne est donc une dictature personnelle car Mussolini concentre tous les pouvoirs. Il fait
également l’objet d’un culte de la personnalité orchestré par la propagande d’Etat qui mobilise tous les moyens
pour exalter la figure du chef (grandes cérémonies, presse, cinéma, arts, architecture…).
La propagande en fait un hommes charismatique, providentiel, infaillible et proche du peuple. Lui seul a la capacité
de décider du destin de son peuple. Sa volonté est source de tout droit.
Mussolini est qualifié de « Duce » (le Guide).
De grandes cérémonies mettent en scène le peuple rassemblé autour de son chef.
3) L’utilisation de la répression et de la terreur comme outil de gouvernement
Mussolini utilise également la violence et la terreur pour parvenir au pouvoir et s’y maintenir. Pour mener la
répression contre ses ennemis, le régime dispose d’une police politique : l’OVRA. En 1919, il crée une milice
paramilitaire, les « faisceaux de combats » (qui a donné le terme « fasciste ») qui s’attaquent à ceux qui sont
désignés responsables des désordres (grévistes, syndicalistes, partis de gauche…).
En 1925, Mussolini revendique l’assassinat par les fascistes du député socialiste Matteotti, son principal opposant.
Cet évènement marque le début de la dictature.
4) Une population encadrée
L’Italie mussolinienne s’appuie sur une idéologie à laquelle l’ensemble de la population doit adhérer et qui vise à
transformer radicalement la société en créant un « homme nouveau ».
Cet « homme nouveau » doit être capable de lutter contre les ennemis identifiés par le régime, c’est pourquoi les
masses doivent être organisées de façon paramilitaire pour les besoins de la production ou pour la défense
nationale. La place de l’armée est importante dans ces régimes et quasiment omniprésente dans la propagande.
L’établissement d’une « société nouvelle » passe par l’embrigadement et l’endoctrinement de la population, et
plus particulièrement de la jeunesse.
La population est endoctrinée par la propagande qui impose l’idéologie officielle. Des ministères de la propagande
sont créés. L’objectif est de rechercher l’adhésion de l’ensemble de la population.
Les enfants sont enrôlés, parfois dès le plus jeune âge, dans les « fils de la louve » et l’« Œuvre nationale Balilla ».
Ces organisations ont une structure paramilitaire et reprennent celle du parti. En uniforme, les enfants y reçoivent
un entrainement sportif et militaire ainsi qu’un endoctrinement idéologique.
II. La Seconde Guerre mondiale, une guerre d’anéantissement
1) Une guerre à l’échelle mondiale
- En Asie, la guerre est due à la politique expansionniste du Japon en Corée (1910) et en Mandchourie (1931)
avant que la guerre soit officiellement déclarée avec la Chine en 1937. Jusqu’en 1942, le Japon conquiert
quasiment toute l’Asie orientale, de la Mandchourie au Nord à l’Indonésie au Sud, et de la Birmanie à
l’Ouest aux îles du Pacifique à l’Est.
Le Japon est animé d’une idéologie ultranationaliste farouchement anti-communiste. Il souhaite réaliser
une unification politique de l’Asie sous direction japonaise pour expulser les Occidentaux, notamment de
Chine, et contenir les Soviétiques. En 1936, le Japon s’allie avec l’Allemagne nazie, puis l’Italie fasciste
(l’Axe).
En réaction à l’embargo mis en place par les Etats-Unis, le Japon attaque la flotte américaine à Pearl Harbor
(Hawaï) le 7 décembre 1941. Le lendemain, les Etats-Unis entrent en guerre.
A partir de la bataille de Midway (juin 1942), les Etats-Unis prennent l’avantage. Le Japon ne cesse de reculer
jusqu’à sa capitulation le 2 septembre 1945.
- En Europe, la guerre débute en septembre 1939 avec l’invasion de la Pologne par l’Allemagne nazie et
l’URSS, qui envahit également la Finlande et les pays baltes (en vertu du Pacte germano-soviétique d’août
1939). En 1940, l’Allemagne envahit rapidement le Danemark et la Norvège, puis la France et les pays du
Bénélux grâce à la stratégie du Blitzkrieg, mais échoue à s’emparer du Royaume-Uni.
Le 22 juin 1941, Hitler rompt le Pacte germano-soviétique en attaquant l’URSS (Opération Barbarossa). Il
se heurte à une résistance inattendue de l’Armée rouge.
L’entrée en guerre des Etats-Unis, alliés aux Soviétiques, aux Britanniques et aux Français libres (le régime de
Vichy a signé un armistice et collabore avec l’Allemagne) contraint l’Allemagne à se battre sur plusieurs
fronts. Les Alliés débarquent en novembre 1942 en Afrique du Nord, en juillet 1943 en Sicile, en juin 1944
en Normandie et en août 1944 en Provence.
Après la bataille de Stalingrad, les Soviétiques progressent vers l’Ouest alors que les Alliés font de même
vers l’Est. Après la prise de Berlin par les Soviétiques, l’Allemagne capitule le 8 mai 1945.
2) Une guerre d’anéantissement qui touche avant tout les civils
- La Seconde Guerre mondiale est une guerre totale, c’est-à-dire qu’elle mobilise toute les ressources
disponibles pour vaincre l’ennemi. La société civile participe intensivement à l’effort de guerre. La
propagande joue un rôle important dans la mise en place d’économies de guerre.
Les belligérants utilisent les prisonniers et les déportés pour le travail forcé, principalement en Allemagne et
au Japon.
- Les populations civiles subissent des massacres et sont victimes des combats. Lors de la conquête de la
Chine, les troupes japonaises se livrent à des massacres et des viols de masse à Nankin (décembre 1937) qui
auraient fait environ 200 000 victimes en 8 semaines. En juin 1944, le village d’Oradour-sur-Glane est détruit
avec sa population par une division Waffen SS (650 victimes). Sur le front de l’Est, les Einsatzgruppen se
livrent à des massacres systématiques des populations, essentiellement juives. L’idéologie nazie pousse les
soldats à anéantir les populations slaves et juives, sans faire de distinction entre militaires et civils, entre
adultes et enfants. Lors de la bataille de Stalingrad, environ 250 000 civils périrent au milieu des combats.
- La Seconde Guerre mondiale est également marquée par des innovations technologiques importantes
permettant de mettre au point des armes ayant une capacité de destruction sans précédent et destinées à
toucher principalement les civils :
➢ Les Japonais testent des armes bactériologiques sur les populations chinoises et provoquent des
épidémies (au moins 3000 morts), tandis que les nazis pratiquent des expériences médicales sur des
cobayes humains dans les camps de concentration. A des fins d’expérimentation, la firme Bayer a
acheté 150 femmes à Auschwitz pour une somme dérisoire.
➢ Le bombardement stratégique (destiné à frapper des cibles civiles, des villes le plus souvent) connait
un développement considérable.
A partir de 1942, les Alliés prennent pour cible les villes allemandes et japonaises lors de raids
aériens comprenant plusieurs centaines de bombardiers. Les bombardements sont parfois effectués
au moyen de bombes incendiaires, comme lors du bombardement de Hambourg (40 000 morts,
80 000 blessés). En février 1945, le bombardement de Dresde fait 25 000 morts. En 1944, le
bombardement des villes de Normandie par les Alliés fait près de 20 000 victimes civiles.
En Asie, les bombardements américains sur les villes japonaises font 500 000 victimes. Le
bombardement de Tokyo (mars 1945) par 334 B-29 fit 100 000 victimes, c’est-à-dire davantage que
les raids nucléaires sur Hiroshima et Nagasaki.
En représailles, les Allemands mettent au point des armes nouvelles : la bombe volante V1 et le
missile balistique V2, destinés à terroriser les populations des villes britanniques.
➢ L’arme nucléaire est mise au point par les Etats-Unis dans le cadre du programme Manhattan (1ère
explosion d’une bombe nucléaire en juillet 1945). Elle est utilisée contre les villes d’Hiroshima le 6
août 1945 et de Nagasaki le 9 août afin de provoquer la capitulation japonaise et de placer les Etats-
Unis en position de force face à l’URSS. Elle provoque des dégâts considérables : une seule bombe a
provoqué la mort immédiate d’au moins 70 000 personnes à Hiroshima et entre 50 000 et 80 000 à
Nagasaki.
3) Un bilan humain et matériel effroyable et sans précédent
La Seconde Guerre mondiale est le conflit le plus meurtrier de l’Histoire avec plus de 50 millions de victimes, dont
60 % de civils. Le pays le plus touché est l’URSS avec plus de 21 millions de morts. Plus de la moitié des militaires
tués en Europe sont des soldats soviétiques. Vient ensuite la Chine avec 20 millions de morts…
Les destructions matérielles sont immenses. Des villes sont entièrement détruites (Varsovie, Stalingrad, Berlin,
Hambourg, Dresde, Caen, Tokyo, Hiroshima…
Les infrastructures de production et de transport sont totalement désorganisées, ce qui provoque des pénuries
dans les années qui suivent le conflit.

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  • 1. THEME 2 : GUERRES ET PAIX, 1914-1945 L’Europe, un espace marqué par deux conflits mondiaux La première moitié du XXème siècle connait des tensions internationales très importantes qui aboutissent à deux guerres mondiales d’une violence extrême qui touche principalement l’Europe. Dans quelle mesure l’Europe et ses populations ont-ils été profondément bouleversés par les deux guerres mondiales ? I. La Première Guerre mondiale, une guerre totale En 1914, les tensions sont importantes entre les puissances européennes. Elles sont liées à des rivalités économiques et territoriales. Les grandes puissances se lancent dans une course aux armements et forment de grandes alliances : la Triple-Entente regroupe la France, le Royaume-Uni et la Russie alors que la Triple-Alliance est conclue entre l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie et l’Italie. 1) Une nouvelle expérience combattante Après l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand d’Autriche, le jeu des alliances précipite toute l’Europe dans la guerre durant l’été 1914. A l’espoir d’une guerre courte de mouvement succède rapidement une guerre de position caractérisée par un enlisement des troupes dans les tranchées et l’utilisation d’une puissance de feu qui avait été sous-estimée par tous les états-majors. Les soldats font l’expérience de la guerre industrielle et de la dégradation de leurs conditions de vie. La Première Guerre mondiale est l’aboutissement du processus d’industrialisation qui, après avoir transformé les économies et les sociétés, transforme les conflits et engendre une violence inouïe. La puissance de l’artillerie (3/4 des blessures) et des mitrailleuses automatiques engendrent des pertes effroyables : entre le 20 et le 23 août 1914 par exemple, l’armée française compte 40 000 tués, dont 27 000 pour la seule journée du 22… En moyenne, entre 1914 et 1918, 900 Français, 1300 Allemands et près de 1500 Russes meurent chaque jour. Durant la préparation d’artillerie qui précédé la bataille de la Somme (1916), 1 500 000 obus furent tirés en 7 jours. Le 1er jour, l’armée britannique compta près de 20 000 morts. En 4 mois et demi, cette bataille fit plus de 440 000 morts. La redoutable efficacité de ces armes nouvelles conduit les fantassins à improviser leur défense en creusant des tranchées pour se protéger des projectiles. Reliés entre elles, les tranchées s’étendent rapidement à la quasi- totalité du front et s’érigent en système de défense. Dans les tranchées, les soldats ont des conditions de vie très dures liées au manque d’hygiène, aux maladies, à l’omniprésence de la mort et à aux longues périodes d’attente dans l’angoisse du prochain assaut. Lorsqu’ils entendaient le bruit caractéristique des mitrailleuses, arme typique de la guerre industrielle compte tenu de la débauche de munitions qu’elle occasionne et de la densité de son tir, les soldats savaient qu’ils allaient à la mort. Faute de « trêve des brancardiers », les soldats blessés agonisaient souvent dans le no man’s land. Le front fut donc le lieu de la mort de masse, généralement anonyme car on ne sait pas qui vous tue, on ne sait pas qui l’on tue. Les combats individuels ont pourtant existé, notamment lorsqu’une tranchée était prise. Les « nettoyeurs de tranchées » utilisaient pour cela des grenades ou des armes blanches, souvent fabriqués par les soldats eux-mêmes. Pour les soldats l’apparition des gaz de combat, utilisés pour la 1ère fois en 1915 par les Allemands à Ypres, incarnent également cet ennemi invisible. Même si les gaz n’ont pas eu l’efficacité escomptée (3 ou 4 % des pertes totales sur les champs de bataille), leur emploi laissa un souvenir de terreur durable.
  • 2. Dans le domaine des armes nouvelles, l’aviation connu un essor considérable pendant le conflit. Utilisés d’abord individuellement, les avions sont ensuite déployés en masse pour conduire de grands raids de bombardement sur le front et les villes de l’adversaire. Les chars d’assaut, quant à eux, sont utilisés dès 1917. Cependant, les pertes étaient également très importantes chez les aviateurs, dont la durée de vie ne dépassait pas 3 semaines en moyenne avant d’être abattus ou d’être victime d’un accident, et les chars, s’ils étaient efficaces face aux mitrailleuses, restaient très vulnérables aux tirs d’artillerie. Cependant, malgré la dureté des combats et des conditions de vie, les soldats tiennent. Comment l’expliquer ? Les mutineries, dont les plus importantes éclatent en 1917, les désertions et les fraternisations n’influencent pas l’issue des combats. Les historiens expliquent cette attitude par le consentement des soldats qui tiennent par solidarité avec leurs camarades, par un sens patriotique puissant et presque religieux, par hostilité de l’adversaire et par un fort « sentiment de défense », notamment des siens restés à l’arrière, mais aussi par la contrainte entretenue par le commandement qui autorise les exécutions sommaires sur le champ de bataille et condamne à mort ceux qui se sont mutinés, mutilés (pour être rapatrié), ont fraternisé ou déserté. 2) Les civils dans la guerre L’expérience combattante ne se limite pas aux combats sur le front car les civils subissent aussi la violence de la guerre lors des invasions, occupations, bombardements… Au total (en prenant en compte tous les belligérants, le nombre de civils tués est à peine inférieur à celui des militaires. La distinction entre soldat et civil a quasiment disparu. Parfois les stratèges militaires ont cherché à affamer les civils adverses par le blocus ou la guerre sous-marine. Tous les pays belligérants connaissent des pénuries car les circuits commerciaux se ferment et les ouvriers ainsi que les paysans sont mobilisés. Dans les territoires occupés (France, Belgique), l’occupant utilise les populations comme une main d’œuvre gratuite. Dans tous les pays belligérants, les ressortissants des pays ennemis sont internés dans des camps de concentration. 100 000 Belges et autant de Français sont déportés en Allemagne. La Guerre totale impose aux civils de « l’arrière » de participer à l’effort de guerre. Les civils, et notamment les femmes des soldats partis au front, prennent en charge la production agricole et industrielle. La part des femmes dans l’industrie est d’environ oscille entre 30 et 40 % en 1917. 400 000 « munitionnettes » travaillent dans l’industrie de l’armement. L’industrie soutien l’effort de guerre en produisant des armes. Citroën produit des obus et Renault des fusils, des canons et des chars d’assaut. En 1918, la France devient le plus important producteur d’armes des Alliés : par mois sortent des usines 1000 canons, 260 000 obus, 3000 fusils. 6 millions de munitions d’infanterie sont produites par jour et 50 000 avions ont été construits durant le conflit (alors que la production était artisanale en 1914). Pour financer la guerre, les gouvernements font appel à l’épargne privée et réalisent des emprunts. En France, le 4ème emprunt national a mobilisé 55 milliards de francs en 1918. Même les enfants sont « mobilisés » par la propagande. Beaucoup apparaissent sur des cartes postales ou des affiches de propagande déguisés en « poilus » et dans des postures héroïques. Il s’agit de montrer que l’ensemble de la population participe à l’effort de guerre, soutient le combat des soldats au front et contribue à la victoire.
  • 3. 3) Des sociétés durablement traumatisées Le bilan de la guerre est très lourd. Avec 10 millions de morts, la Grande Guerre dépasse tous les conflits précédents. L’Allemagne compte 2 millions de morts et la Russie 1,8. La France est proportionnellement à sa population l’un des pays les plus durement touchés avec 1,4 millions de morts dont environ plus de 700 « fusillés pour l’exemple ». La moitié des jeunes Français nés en 1894, et donc âgés de 20 ans en 1914, ont disparu à l'issue du conflit. Aux 28 % déjà décédés avant la guerre (la mortalité infantile était encore très importante) s'ajoutent les 24 % de ceux qu'on appelait « la classe 14 » morts au combat. Un véritable traumatisme pour la société française. Ce sont les classes sociales les plus favorisées qui, proportionnellement, ont été les plus touchées car le taux de mortalité des officiers était 2 fois plus élevé que celui des soldats. En moyenne, près de 15 % des mobilisés sont morts. Le pays le plus touché est la Serbie avec 38 % et le moins est les Etats-Unis avec 2,5 %. France et Allemagne : 16 % (28 % des combattants). La guerre a fait 3 millions de veuves et 6 millions d’orphelins de guerre. La Grande Guerre a donc été une catastrophe démographique majeure. En 4 ans, la France par exemple a connu une tragédie comparable à celle causée par la Révolution et l’Empire en 25 ans. 10 % de la population masculine a disparu, surtout de jeunes hommes de 19 à 40 ans, c’est-à-dire les forces vives du pays. La guerre a engendré un déséquilibre entre les sexes, un déficit des naissances, un vieillissement de la population. Il faut attendre 1950 pour retrouver le niveau de population d’août 1914. Il faut aussi ajouter les blessés et les mutilés de guerre, dont beaucoup meurent après le conflit (peut-être 500 000). Le conflit a fait 6 millions de blessés et d’invalides. Symboles des ravages de la guerre industrielle, les « gueules cassées », dont la réinsertion est difficile. Plus difficile à mesurer, les séquelles psychiatriques (syndrome de stress post-traumatique) et notamment l’obusite (Shell Shock). On sait depuis la Seconde Guerre mondiale qu’un homme ne peut pas conserver son équilibre psychique sur un champ de bataille plus de quelques mois. Or les soldats qui ont eu la chance de survivre ont été constamment ramenés vers le combat, même après plusieurs blessures, souvent aux mêmes endroits où ils avaient déjà combattu. Cela a engendré des traumatismes psychiques souvent irrémédiables. Toutes les sociétés belligérantes ont été touchées dans leur intégralité. Chacun a un membre de sa famille victime du conflit. Toutefois le deuil des familles a été long et difficile, notamment en l’absence des corps des victimes. On estime que 50 % des corps ont totalement disparus du fait de l’intensité des combats. C’est la raison pour laquelle le culte de la mémoire a dû pallier l’absence des corps :  On crée des monuments au « soldat inconnu ».  On érige des monuments aux morts sur lesquels sont inscrits les noms des morts. On compte 33 000 monuments aux morts au Royaume-Uni, 38 000 en France (pour 36 000 communes !). La plupart exaltent la patrie, le courage des soldats et des civils. Une dizaine portent un message pacifiste et antimilitariste. Par ailleurs, les destructions sont très importantes. Certaines villes proches du front sont quasiment détruites comme Reims. Il faut relancer l’économie, la production agricole, le commerce et faire face à la pénurie de main d’œuvre.
  • 4. Sujet d’étude : Vivre dans l’Italie mussolinienne 1) La naissance du fascisme italien En Italie, la victoire de 1918 est ressentie comme une défaite par les nationalistes qui dénoncent une « paix mutilée », dont ils rendent le gouvernement responsable, car les traités de paix ne lui ont pas octroyé les territoires revendiqués (Dalmatie, Trieste). Par ailleurs, le pays connaît une crise économique et sociale importante du fait de la désorganisation totale de l’économie au lendemain de la Première Guerre mondiale. L’Etat est accusé de ne pas être capable de mettre fin aux troubles et à l’agitation sociale mais aussi d’être responsable de la « paix mutilée ». Le parti fasciste de Benito Mussolini, créé en 1921, fédère les nationalistes mais aussi les grands propriétaires et industriels qui craignent une révolution communiste. Le parti se présente comme l’ennemi du désordre et favorable à des mesures sociales, ce qui le rend populaire également auprès des ouvriers. Le 28 octobre 1922, Mussolini organise un coup de force, la « marche sur Rome », c’est-à-dire un défilé paramilitaire entouré de ses milices armées (les « chemises noires »). Le 30, Mussolini est appelé par le roi Victor-Emmanuel III pour former un nouveau gouvernement. Les députés lui donnent les pleins pouvoirs pour un an. La « marche sur Rome » n’est pas un coup d’Etat car Mussolini est parvenu au pouvoir légalement. A partir de 1925, Mussolini met en place une dictature. Les élections sont truquées, le parti fasciste devient le seul autorisé (le parti socialiste est dissous) et les lois fascistissimes suppriment les libertés publiques et accordent tous les pouvoirs à Mussolini. Le gouvernement est remplacé en 1928 par le Grand Conseil du fascisme contrôlé par Mussolini. Cependant, pour ce dernier, l’Etat est tout et le parti est l’instrument de la domination de l’Etat. Exercice : L’historien Ian Kershaw a défini un régime totalitaire comme étant « Etat omnipotent, dominé par un parti unique et un chef autocratique, qui encadre et surveille sa population pour lui imposer son idéologie et qui cherche à éliminer ses ennemis réels ou supposés. » Justifiez cette définition à propos de l’Italie mussolinienne à partir des documents de cette fiche, ainsi que des docs p.87 à 89 2) Un Etat et un chef tout puissants Pour les fascistes, l’Etat est tout (d’où le terme de « totalitaire ». L’objectif de Mussolini est de renforcer l’unité de la nation par un Etat tout-puissant, donc anti-démocratique. Mussolini souhaite restaurer la grandeur de l’Italie, celle de l’Empire romain, qui est omniprésent dans la propagande. Mussolini est souvent représenté tel un empereur romain. Il impose le salut fasciste (qui sera repris par les nazis), inspiré du salut romain « Ave César ». Le fascisme est donc, par nature, expansionniste. Mussolini souhaite créer un nouvel Empire romain par des conquêtes militaires. Il conquiert l’Ethiopie et l’Albanie et se rapproche de l’Allemagne (Axe Rome-Berlin, 1936). Pour mener ce projet, Mussolini souhaite créer un « homme nouveau », un peuple de guerriers formés dans les organisations collectives du régime. Le rapprochement de l’Italie avec l’Allemagne l’amène à prendre des mesures racistes et antisémites (absentes jusqu’au milieu des années 30) mais la répression est moins marquée qu’en Allemagne.
  • 5. L’Italie mussolinienne est donc une dictature personnelle car Mussolini concentre tous les pouvoirs. Il fait également l’objet d’un culte de la personnalité orchestré par la propagande d’Etat qui mobilise tous les moyens pour exalter la figure du chef (grandes cérémonies, presse, cinéma, arts, architecture…). La propagande en fait un hommes charismatique, providentiel, infaillible et proche du peuple. Lui seul a la capacité de décider du destin de son peuple. Sa volonté est source de tout droit. Mussolini est qualifié de « Duce » (le Guide). De grandes cérémonies mettent en scène le peuple rassemblé autour de son chef. 3) L’utilisation de la répression et de la terreur comme outil de gouvernement Mussolini utilise également la violence et la terreur pour parvenir au pouvoir et s’y maintenir. Pour mener la répression contre ses ennemis, le régime dispose d’une police politique : l’OVRA. En 1919, il crée une milice paramilitaire, les « faisceaux de combats » (qui a donné le terme « fasciste ») qui s’attaquent à ceux qui sont désignés responsables des désordres (grévistes, syndicalistes, partis de gauche…). En 1925, Mussolini revendique l’assassinat par les fascistes du député socialiste Matteotti, son principal opposant. Cet évènement marque le début de la dictature. 4) Une population encadrée L’Italie mussolinienne s’appuie sur une idéologie à laquelle l’ensemble de la population doit adhérer et qui vise à transformer radicalement la société en créant un « homme nouveau ». Cet « homme nouveau » doit être capable de lutter contre les ennemis identifiés par le régime, c’est pourquoi les masses doivent être organisées de façon paramilitaire pour les besoins de la production ou pour la défense nationale. La place de l’armée est importante dans ces régimes et quasiment omniprésente dans la propagande. L’établissement d’une « société nouvelle » passe par l’embrigadement et l’endoctrinement de la population, et plus particulièrement de la jeunesse. La population est endoctrinée par la propagande qui impose l’idéologie officielle. Des ministères de la propagande sont créés. L’objectif est de rechercher l’adhésion de l’ensemble de la population. Les enfants sont enrôlés, parfois dès le plus jeune âge, dans les « fils de la louve » et l’« Œuvre nationale Balilla ». Ces organisations ont une structure paramilitaire et reprennent celle du parti. En uniforme, les enfants y reçoivent un entrainement sportif et militaire ainsi qu’un endoctrinement idéologique.
  • 6. II. La Seconde Guerre mondiale, une guerre d’anéantissement 1) Une guerre à l’échelle mondiale - En Asie, la guerre est due à la politique expansionniste du Japon en Corée (1910) et en Mandchourie (1931) avant que la guerre soit officiellement déclarée avec la Chine en 1937. Jusqu’en 1942, le Japon conquiert quasiment toute l’Asie orientale, de la Mandchourie au Nord à l’Indonésie au Sud, et de la Birmanie à l’Ouest aux îles du Pacifique à l’Est. Le Japon est animé d’une idéologie ultranationaliste farouchement anti-communiste. Il souhaite réaliser une unification politique de l’Asie sous direction japonaise pour expulser les Occidentaux, notamment de Chine, et contenir les Soviétiques. En 1936, le Japon s’allie avec l’Allemagne nazie, puis l’Italie fasciste (l’Axe). En réaction à l’embargo mis en place par les Etats-Unis, le Japon attaque la flotte américaine à Pearl Harbor (Hawaï) le 7 décembre 1941. Le lendemain, les Etats-Unis entrent en guerre. A partir de la bataille de Midway (juin 1942), les Etats-Unis prennent l’avantage. Le Japon ne cesse de reculer jusqu’à sa capitulation le 2 septembre 1945. - En Europe, la guerre débute en septembre 1939 avec l’invasion de la Pologne par l’Allemagne nazie et l’URSS, qui envahit également la Finlande et les pays baltes (en vertu du Pacte germano-soviétique d’août 1939). En 1940, l’Allemagne envahit rapidement le Danemark et la Norvège, puis la France et les pays du Bénélux grâce à la stratégie du Blitzkrieg, mais échoue à s’emparer du Royaume-Uni. Le 22 juin 1941, Hitler rompt le Pacte germano-soviétique en attaquant l’URSS (Opération Barbarossa). Il se heurte à une résistance inattendue de l’Armée rouge. L’entrée en guerre des Etats-Unis, alliés aux Soviétiques, aux Britanniques et aux Français libres (le régime de Vichy a signé un armistice et collabore avec l’Allemagne) contraint l’Allemagne à se battre sur plusieurs fronts. Les Alliés débarquent en novembre 1942 en Afrique du Nord, en juillet 1943 en Sicile, en juin 1944 en Normandie et en août 1944 en Provence. Après la bataille de Stalingrad, les Soviétiques progressent vers l’Ouest alors que les Alliés font de même vers l’Est. Après la prise de Berlin par les Soviétiques, l’Allemagne capitule le 8 mai 1945. 2) Une guerre d’anéantissement qui touche avant tout les civils - La Seconde Guerre mondiale est une guerre totale, c’est-à-dire qu’elle mobilise toute les ressources disponibles pour vaincre l’ennemi. La société civile participe intensivement à l’effort de guerre. La propagande joue un rôle important dans la mise en place d’économies de guerre. Les belligérants utilisent les prisonniers et les déportés pour le travail forcé, principalement en Allemagne et au Japon. - Les populations civiles subissent des massacres et sont victimes des combats. Lors de la conquête de la Chine, les troupes japonaises se livrent à des massacres et des viols de masse à Nankin (décembre 1937) qui auraient fait environ 200 000 victimes en 8 semaines. En juin 1944, le village d’Oradour-sur-Glane est détruit avec sa population par une division Waffen SS (650 victimes). Sur le front de l’Est, les Einsatzgruppen se livrent à des massacres systématiques des populations, essentiellement juives. L’idéologie nazie pousse les soldats à anéantir les populations slaves et juives, sans faire de distinction entre militaires et civils, entre adultes et enfants. Lors de la bataille de Stalingrad, environ 250 000 civils périrent au milieu des combats. - La Seconde Guerre mondiale est également marquée par des innovations technologiques importantes permettant de mettre au point des armes ayant une capacité de destruction sans précédent et destinées à toucher principalement les civils : ➢ Les Japonais testent des armes bactériologiques sur les populations chinoises et provoquent des épidémies (au moins 3000 morts), tandis que les nazis pratiquent des expériences médicales sur des cobayes humains dans les camps de concentration. A des fins d’expérimentation, la firme Bayer a acheté 150 femmes à Auschwitz pour une somme dérisoire.
  • 7. ➢ Le bombardement stratégique (destiné à frapper des cibles civiles, des villes le plus souvent) connait un développement considérable. A partir de 1942, les Alliés prennent pour cible les villes allemandes et japonaises lors de raids aériens comprenant plusieurs centaines de bombardiers. Les bombardements sont parfois effectués au moyen de bombes incendiaires, comme lors du bombardement de Hambourg (40 000 morts, 80 000 blessés). En février 1945, le bombardement de Dresde fait 25 000 morts. En 1944, le bombardement des villes de Normandie par les Alliés fait près de 20 000 victimes civiles. En Asie, les bombardements américains sur les villes japonaises font 500 000 victimes. Le bombardement de Tokyo (mars 1945) par 334 B-29 fit 100 000 victimes, c’est-à-dire davantage que les raids nucléaires sur Hiroshima et Nagasaki. En représailles, les Allemands mettent au point des armes nouvelles : la bombe volante V1 et le missile balistique V2, destinés à terroriser les populations des villes britanniques. ➢ L’arme nucléaire est mise au point par les Etats-Unis dans le cadre du programme Manhattan (1ère explosion d’une bombe nucléaire en juillet 1945). Elle est utilisée contre les villes d’Hiroshima le 6 août 1945 et de Nagasaki le 9 août afin de provoquer la capitulation japonaise et de placer les Etats- Unis en position de force face à l’URSS. Elle provoque des dégâts considérables : une seule bombe a provoqué la mort immédiate d’au moins 70 000 personnes à Hiroshima et entre 50 000 et 80 000 à Nagasaki. 3) Un bilan humain et matériel effroyable et sans précédent La Seconde Guerre mondiale est le conflit le plus meurtrier de l’Histoire avec plus de 50 millions de victimes, dont 60 % de civils. Le pays le plus touché est l’URSS avec plus de 21 millions de morts. Plus de la moitié des militaires tués en Europe sont des soldats soviétiques. Vient ensuite la Chine avec 20 millions de morts… Les destructions matérielles sont immenses. Des villes sont entièrement détruites (Varsovie, Stalingrad, Berlin, Hambourg, Dresde, Caen, Tokyo, Hiroshima… Les infrastructures de production et de transport sont totalement désorganisées, ce qui provoque des pénuries dans les années qui suivent le conflit.