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LA GÉOGRAPHIE ÉLECTORALE DES ÉLECTIONS PRÉSIDENTIELLES DE 2012 R 955

d’analyse qui serait plus pertinente qu’une autre, telle la quête du découpage le plus fin
possible, mais de définir une combinatoire d’échelles1.

L’apport du gradient d’urbanité dans la compréhension du vote

La dynamique Marine Le Pen
Si le clivage gauche/droite continue d’être plus ou moins structuré sur la base de grandes
régions, notamment à travers une différence est-ouest, la prise en compte du lieu de résidence
et plus particulièrement de la distance à la grande agglomération la plus proche ou la moins
éloignée apparaît aussi importante pour bien appréhender le vote. Au cours des trente dernières années, la géographie sociale de notre pays a été en effet profondément modifiée sous
l’effet de l’étalement urbain et de la péri-urbanisation. Des pans entiers des catégories populaires ont progressivement quitté les grandes agglomérations pour s’installer dans les zones
pavillonnaires du périurbain par un phénomène de relégation subie (la hausse de l’immobilier dans les métropoles les conduisant à s’installer ou à devenir propriétaire dans des zones
plus abordables et donc toujours plus éloignées des centres) ou choisie (on fuit la grande
ville, sa banlieue et ses nuisances supposées4). Parallèlement à cela, les grandes villes ont vu
s’accroître la population issue de l’immigration dans leurs quartiers populaires et se concentrer un nombre très important de cadres et professions intellectuelles. Dans ce nouveau
paysage social, le « gradient d’urbanité » c’est-à-dire la distance qui sépare la commune de
résidence de la grande agglomération (de plus de 200 000 habitants) la plus proche a une
incidence électorale de plus en plus forte. C’est notamment le cas pour le Front national
dont le vote est fortement structuré selon ce critère.
On a ainsi constaté au premier tour (voir graphique 1 ci-dessous) un sur-vote et une poussée
frontiste très significative dans le grand périurbain5 (regroupant les communes rurales et les
petites villes situées entre 20 et 50 km des grandes agglomérations) et inversement des scores
1. John E. Agnew, « Mapping Politics. How Context Counts in Electoral Geography », Political Geography, 15 (2),
1996, p. 129-145 ; Ron J. Johnston, Kelwyn Jones, Carol Propper, Rebecca Sarker, Simon Burgess, Anne Bolster,
« Party Support and Neighborhood Effect. Spatial Polarisation of the British Electorate, 1991-2001 », Political
Geography, 23, 2004, p. 367-402.
2. L'analyse spatiale, fréquemment utilisée par les géographes, vise à théoriser, mesurer et modéliser des organisations spatiales, par exemple à travers les notions de distance, de gravité, de réseaux, de localisation, etc.
3. Loïc Ravenel, Pascal Buléon, Jérôme Fourquet, « Vote et gradient d'urbanité : les nouveaux territoires de
l'élection présidentielle de 2002 », Espace, populations, sociétés, 21 (3), 2003, p. 469-482 ; Michel Bussi, Céline
Colange, Jean Rivière, « Distance(s) à la ville et comportements électoraux. Quelques éclairages quantitatifs
lors des derniers scrutins présidentiels », dans Marie-Flore Mattéi, Denise Pumain (dir.), Données urbaines 6,
Paris, Anthropos, 2011, p. 33-42.
4. Voir, par exemple, Jacques Lévy, « Périurbain : le choix n'est pas neutre », Pouvoirs locaux, 56, 2003, p. 35-42.
5. Jean Rivière, « Le vote pavillonnaire existe-t-il ? Comportements électoraux et positions sociales locales dans
une commune rurale en cours de périurbanisation », Politix, 83, 2008, p. 23-48 ; et « Trajectoires résidentielles
R REVUE FRANCAISE DE SCIENCE POLITIQUE R VOL. 62 No 5-6 R 2012
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A

u-delà de la description des cartes électorales et des comparaisons possibles avec les
paysages socio-économiques de la France, la répartition des votes autorise une troisième analyse : celle qualifiée d’analyse spatiale2 par les géographes. Il ne s’agit plus
seulement de faire varier les échelles, comme dans les deux chapitres précédents, mais de
mesurer l’effet des interactions spatiales, ou, en d’autres termes, de calculer si le score d’un
parti dans un lieu donné est influencé par le score de ce parti dans un lieu voisin. Ces
mesures peuvent notamment s’appuyer sur des mesures de distance, telle l’intensité du vote
pour chaque parti à partir de l’éloignement à des pôles urbains3.
956 R Michel Bussi, Jérôme Fourquet et Céline Colange

très nettement inférieurs à la moyenne et en recul pour Marine Le Pen dans les métropoles.
Tout se passe comme si cette année, la structure du vote frontiste avait été encore davantage
que par le passé polarisée selon une logique spatiale.

Plus que jamais, le cœur des grandes agglomérations ressort comme l’espace le plus réfractaire au
vote Le Pen1 (14,8 % en moyenne en 2012, en recul de 1,5 par rapport à 2002), qui prospère en
revanche de plus en plus dans le grand périurbain. Dans les territoires situés entre 30 et 50 km
des grandes agglomérations, le niveau du vote Marine Le Pen s’établit en moyenne à 21 % quand
son père n’y obtenait « que » 18 % en 2002 et 16,5 % en 1995. Ce développement régulier et cet
enracinement du vote lepéniste dans le périurbain depuis l’élection présidentielle de 1995 (scrutin
atypique de 2007 mis à part) se retrouvent également dans les zones rurales encore plus éloignées.
Tableau 4. 1995-2012 : l’évolution du vote FN au premier tour de l’élection présidentielle
dans la France rurale (en pourcentage)
Distance aux grandes
agglomérations
50-60 km
60-70 km
70-80 km
80-90 km
90-100 km
+ de 100 km
France entière

Score FN dans la strate
en 1995

Score FN dans la strate
en 2002

Score FN dans la strate
en 2012

Évolution 1995-2012

14,8
14,9
12,9
12,2
11,8
11,9
15

17,7
16,7
16
15,4
14,7
14,7
16,9

20,6
19,8
19,4
18,9
17,6
18,1
17,9

+ 5,8
+ 4,9
+ 6,5
+ 6,7
+ 5,8
+ 6,2
+ 2,9

et choix électoraux chez les couches moyennes périurbaines », dans « L'espace des classes moyennes », Espaces
et sociétés, 148-149, 2012, p. 73-90.
1. Pascal Perrineau, Le symptôme Le Pen. Radiographie des électeurs du Front national, Paris, Fayard, 1997.
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Graphique 1. Comparaison du vote FN au premier tour de l’élection présidentielle
de 1995 à 2012 en fonction de la distance aux aires urbaines de plus de 200 000 habitants
LA GÉOGRAPHIE ÉLECTORALE DES ÉLECTIONS PRÉSIDENTIELLES DE 2012 R 957

Rappelons tout d’abord que, d’après le sondage Ifop réalisé le jour du premier tour1, Marine
Le Pen a atteint 33 % parmi les ouvriers et 28 % parmi les employés. C’est dans ces deux
groupes qu’elle obtient ses meilleurs résultats (en comparaison : 13 % parmi les professions
libérales et cadres supérieurs, par exemple) et elle y termine en tête (à égalité, il est vrai avec
François Hollande chez les employés). Cette forte audience du FN dans les milieux populaires, mesurée à l’aune de catégories objectives, apparaît également si l’on considère des
catégories subjectives. Toujours selon le même sondage, le score de la candidate du FN est
en effet parfaitement corrélé avec les difficultés ressenties pour s’en sortir avec les revenus
de son foyer : 7 % parmi ceux qui s’en sortent « très facilement » contre 32 % auprès de
ceux qui s’en sortent « très difficilement ».
Graphique 2. Un vote Marine Le Pen indexé sur la capacité à s’en sortir avec ses revenus

On note également que parmi les personnes qui déclarent s’en sortir « très difficilement »
avec leurs revenus, c’est Marine Le Pen qui arrive en tête avec 32 % devant François Hollande
(24 %) et Jean-Luc Mélenchon et Nicolas Sarkozy (15 % chacun). Le vote des milieux populaires et des catégories rencontrant des difficultés constitue donc bien la composante principale du vote FN au plan national. Or, l’analyse détaillée montre que les espaces qu’on a
appelés le grand périurbain (regroupant des communes périurbaines, mais aussi de petites
villes ou des communes rurales mais se situant entre 30 et 50 km d’une aire urbaine importante) se caractérisent à la fois par la proportion la plus élevée d’ouvriers et d’employés de
toutes les strates de notre gradient d’urbanité, mais aussi par un vote FN de ces catégories
1. Sondage Ifop/Fiducial réalisé pour Europe 1, Paris Match et Public Sénat le 22 avril 2012 auprès d'un échantillon
national représentatif de 3509 personnes inscrites sur les listes électorales.
R REVUE FRANCAISE DE SCIENCE POLITIQUE R VOL. 62 No 5-6 R 2012
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f:2000image150902bussi7

Si les progressions sont assez spectaculaires en milieu rural sur la longue durée (nous y
reviendrons), le graphique 1 montre néanmoins que c’est dans le grand périurbain que le
niveau de vote FN est, en 2012 comme lors des scrutins passés, le plus élevé. Il convient dès
lors de s’interroger sur l’origine de ce sur-vote FN dans le grand périurbain. S’explique-t-il
par un effet de structure, c’est-à-dire par le fait que les milieux populaires (qui ont constitué
les catégories ayant le plus fortement voté pour Marine Le Pen) soient surreprésentés dans
ces territoires ou le vote en faveur de Marine Le Pen est-il plus particulièrement prononcé
parmi les ouvriers et employés dans ces zones ?
958 R Michel Bussi, Jérôme Fourquet et Céline Colange

populaires plus élevé que la moyenne : 32 % des ouvriers et employés habitant dans un rayon
de 30 à 40 kilomètres et 34,9 % de ceux résidant dans la strate suivante (40 à 50 km) ont
voté pour Marine Le Pen, contre 28,9 % en moyenne.
Tableau 5. Le poids des catégories populaires et leur niveau de vote en faveur de Marine
Le Pen dans les différentes strates de communes (en pourcentage)

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Proportion d’ouvriers et d’employés
dans la population de la strate

Score FN parmi les ouvriers et employés
de la strate en 2012

0-10 km
10-20 km
20-30 km
30-40 km
40-50 km
50-60 km
60-70 km
70-80 km
+ de 80 km

24
28,4
28,5
33
32,2
32
31
30,3
31

24,7
30,7
29,6
32
34,8
29,1
26,9
31
28

France entière

28,3

28,9

Afin de disposer de bases statistiques suffisantes sur les employés et ouvriers, nous avons regroupé les trois dernières
strates les moins peuplées en une seule : + de 80 km de distance d’une grande agglomération.

C’est donc l’effet cumulé de ces deux facteurs qui contribue au fait que Marine Le Pen ait
enregistré ses meilleurs résultats dans ces lieux bien spécifiques. Le sur-vote des catégories
populaires en faveur du FN renvoie à un certain nombre de difficultés existant dans ces
territoires : niveau de revenu assez faible, fragilité du tissu économique local concentrant
l’emploi sur un nombre restreint d’entreprises (et donc un impact important en cas de
fermeture d’un site, les salariés ayant plus de difficultés à retrouver un emploi que dans les
grandes agglomérations), forte dépendance de ces populations à la hausse des prix du carburant, progression de la petite délinquance et disparition de certains services publics. À cela
s’ajoute les conséquences de la relégation subie et choisie (obligation ou volonté de se mettre
à distance de la grande ville) et la peur « d’être rattrapé par la banlieue », angoisse qui taraude
une partie de ces milieux populaires du grand périurbain. Si ces derniers souffrent souvent
d’être à trop grande distance de la grande ville (frais et durée de transport importants,
moindre présence ou moindre qualité des services publics sur place, engendrant souvent le
sentiment d’être des citoyens de seconde zone), ils craignent dans le même temps que les
nuisances urbaines en termes de délinquance ou de cohabitation avec des « populations à
problèmes » (immigrés ou bénéficiaires des aides sociales) ne se propagent et se diffusent
progressivement jusqu’à eux1.
Marine Le Pen et ses conseillers ont parfaitement cerné le profil psychologique de cet
électorat populaire du périurbain et c’est souvent d’abord à eux, les fameux « invisibles »,
qu’elle s’est adressée durant la campagne en calibrant très clairement ses propos sur les
attentes et les difficultés quotidiennes de cet électorat. Bien profilé et adapté à la réalité
psychologique et sociale de ce terrain particulier, le message du Front national version
1. Les habitants de ces territoires vivent leur rapport à la ville selon la formule « trop éloignés pour bénéficier
de ses avantages mais suffisamment proches pour en subir les désagréments ».
R REVUE FRANCAISE DE SCIENCE POLITIQUE R VOL. 62 No 5-6 R 2012
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Distance aux grandes agglomérations
LA GÉOGRAPHIE ÉLECTORALE DES ÉLECTIONS PRÉSIDENTIELLES DE 2012 R 959

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Tableau 6. Le vote des ouvriers et employés en faveur de François Hollande et Marine
Le Pen dans les différentes strates de communes (en pourcentage)
Distance aux grandes
agglomérations

Vote Hollande parmi les ouvriers
et employés de la strate

Vote Le Pen
parmi les ouvriers
et employés de la strate

Écart Le Pen/Hollande

0-10 km
10-20 km
20-30 km
30-40 km
40-50 km
50-60 km
60-70 km
70-80 km
+ de 80 km

29,6
26,3
27,4
25,4
23
24,5
27,3
29,7
31

24,7
30,7
29,6
32
34,8
29,1
26,9
31
28

– 4,9
+ 4,4
+ 2,2
+ 6,6
+ 11,8
+ 4,6
– 0,4
+ 1,3
–2

France entière

27,2

28,9

+ 1,7

Afin de disposer de bases statistiques suffisantes sur les employés et ouvriers, nous avons regroupé les trois dernières
strates les moins peuplées en une seule : + de 80 km de distance d’une grande agglomération.

Au-delà des seuls milieux populaires dont il a été question jusqu’à présent, le graphique
suivant fait clairement ressortir que le sur-vote frontiste auprès des populations (milieux
populaires et autres catégories) du grand périurbain s’accompagne, pour François Hollande,
de résultats sensiblement inférieurs à sa moyenne nationale quand ceux de Nicolas Sarkozy
demeurent, eux, relativement étals. Dans ce territoire (et notamment parmi les employés et
les ouvriers qui y vivent), la lutte politique et idéologique oppose donc le PS au FN, ce
dernier exploitant sans doute une inadéquation du discours socialiste dans ces lieux.
Ce phénomène de diffusion a également concerné des territoires ruraux où le Front
National avait toujours rencontré des difficultés et se retrouve à une échelle beaucoup
plus importante dans tout le centre de la France et dans le Grand Ouest. Dans ces régions,
et conformément à ce que nous avons pu observer lors de l’analyse selon le gradient
d’urbanité, ce mouvement concerne non pas les villes moyennes ou grandes qui organisent
ces territoires, mais des espaces péri-urbains, voire pour beaucoup très ruraux. Autre
élément marquant, cette poussée frontiste s’est produite aussi bien dans des terroirs de
gauche que de droite. En Auvergne et dans le Limousin, Marine Le Pen améliore ainsi
très sensiblement le score de son père au second tour de l’élection présidentielle de 2002
dans un Cantal catholique et de droite, mais les progressions sont tout aussi importantes
dans les campagnes « rouges » et déchristianisées de l’Allier, de la Haute-Vienne, du Puyde-Dôme et de la Creuse.
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Marine Le Pen y rentre en concurrence directe avec celui du Parti socialiste. Si François
Hollande est parvenu à prendre l’ascendant sur la leader frontiste dans l’électorat populaire
des grandes villes, comme le montre le tableau ci-dessous, il cède du terrain dans la proche
périphérie et est très nettement distancé par Marine Le Pen parmi les employés et les
ouvriers dans le grand périurbain. L’écart au profit de la candidate du FN atteint même
près de 12 points dans la strate de communes situées dans un rayon de 40 à 50 kilomètres
d’une grande agglomération.
960 R Michel Bussi, Jérôme Fourquet et Céline Colange

Plus au nord, cette poussée s’est également vérifiée dans des zones tout aussi rurales mais
nettement plus conservatrices. C’est le cas par exemple dans ce que les géographes1 appellent la « dorsale de l’Ouest intérieur », vaste zone bocagère et catholique courant du sud
de la Manche à la Vendée, constituant l’un des espaces les plus favorables à la droite
classique en France.

L’influence des villes sur la victoire de François Hollande
Le score historique de la gauche à Paris (55,6 %) n’est pas un cas isolé, bien au contraire,
car la géographie du vote Hollande se caractérise également par une nette domination dans
la plupart des grandes villes, qu’elles soient dirigées par la gauche ou par la droite.
Tableau 7. Un net avantage à François Hollande dans les grandes métropoles
(en pourcentage)
Villes de gauche
Rennes
Grenoble
Toulouse
Montpellier
Lille
Nantes
Strasbourg
Lyon

Score de F. Hollande

Villes de droite

Score de F. Hollande

67,1
64,3
62,5
62,4
62,4
61,5
54,7
53

Le Havre
Bordeaux
Marseille

58,6
57,2
50,9

1. Voir Michel Bussi, Éléments de géographie électorale. À travers l'exemple de la France de l'Ouest, Mont-SaintAignan, Publications de l'Université de Rouen, 1998.
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Graphique 3. Écart au score moyen national des votes en faveur des trois principaux
candidats selon la distance aux villes

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  • 1. LA GÉOGRAPHIE ÉLECTORALE DES ÉLECTIONS PRÉSIDENTIELLES DE 2012 R 955 d’analyse qui serait plus pertinente qu’une autre, telle la quête du découpage le plus fin possible, mais de définir une combinatoire d’échelles1. L’apport du gradient d’urbanité dans la compréhension du vote La dynamique Marine Le Pen Si le clivage gauche/droite continue d’être plus ou moins structuré sur la base de grandes régions, notamment à travers une différence est-ouest, la prise en compte du lieu de résidence et plus particulièrement de la distance à la grande agglomération la plus proche ou la moins éloignée apparaît aussi importante pour bien appréhender le vote. Au cours des trente dernières années, la géographie sociale de notre pays a été en effet profondément modifiée sous l’effet de l’étalement urbain et de la péri-urbanisation. Des pans entiers des catégories populaires ont progressivement quitté les grandes agglomérations pour s’installer dans les zones pavillonnaires du périurbain par un phénomène de relégation subie (la hausse de l’immobilier dans les métropoles les conduisant à s’installer ou à devenir propriétaire dans des zones plus abordables et donc toujours plus éloignées des centres) ou choisie (on fuit la grande ville, sa banlieue et ses nuisances supposées4). Parallèlement à cela, les grandes villes ont vu s’accroître la population issue de l’immigration dans leurs quartiers populaires et se concentrer un nombre très important de cadres et professions intellectuelles. Dans ce nouveau paysage social, le « gradient d’urbanité » c’est-à-dire la distance qui sépare la commune de résidence de la grande agglomération (de plus de 200 000 habitants) la plus proche a une incidence électorale de plus en plus forte. C’est notamment le cas pour le Front national dont le vote est fortement structuré selon ce critère. On a ainsi constaté au premier tour (voir graphique 1 ci-dessous) un sur-vote et une poussée frontiste très significative dans le grand périurbain5 (regroupant les communes rurales et les petites villes situées entre 20 et 50 km des grandes agglomérations) et inversement des scores 1. John E. Agnew, « Mapping Politics. How Context Counts in Electoral Geography », Political Geography, 15 (2), 1996, p. 129-145 ; Ron J. Johnston, Kelwyn Jones, Carol Propper, Rebecca Sarker, Simon Burgess, Anne Bolster, « Party Support and Neighborhood Effect. Spatial Polarisation of the British Electorate, 1991-2001 », Political Geography, 23, 2004, p. 367-402. 2. L'analyse spatiale, fréquemment utilisée par les géographes, vise à théoriser, mesurer et modéliser des organisations spatiales, par exemple à travers les notions de distance, de gravité, de réseaux, de localisation, etc. 3. Loïc Ravenel, Pascal Buléon, Jérôme Fourquet, « Vote et gradient d'urbanité : les nouveaux territoires de l'élection présidentielle de 2002 », Espace, populations, sociétés, 21 (3), 2003, p. 469-482 ; Michel Bussi, Céline Colange, Jean Rivière, « Distance(s) à la ville et comportements électoraux. Quelques éclairages quantitatifs lors des derniers scrutins présidentiels », dans Marie-Flore Mattéi, Denise Pumain (dir.), Données urbaines 6, Paris, Anthropos, 2011, p. 33-42. 4. Voir, par exemple, Jacques Lévy, « Périurbain : le choix n'est pas neutre », Pouvoirs locaux, 56, 2003, p. 35-42. 5. Jean Rivière, « Le vote pavillonnaire existe-t-il ? Comportements électoraux et positions sociales locales dans une commune rurale en cours de périurbanisation », Politix, 83, 2008, p. 23-48 ; et « Trajectoires résidentielles R REVUE FRANCAISE DE SCIENCE POLITIQUE R VOL. 62 No 5-6 R 2012 ¸ Document téléchargé depuis www.cairn.info - Bibliothèque Diderot de Lyon - - 140.77.64.4 - 16/01/2014 17h26. © Presses de Sciences Po Document téléchargé depuis www.cairn.info - Bibliothèque Diderot de Lyon - - 140.77.64.4 - 16/01/2014 17h26. © Presses de Sciences Po A u-delà de la description des cartes électorales et des comparaisons possibles avec les paysages socio-économiques de la France, la répartition des votes autorise une troisième analyse : celle qualifiée d’analyse spatiale2 par les géographes. Il ne s’agit plus seulement de faire varier les échelles, comme dans les deux chapitres précédents, mais de mesurer l’effet des interactions spatiales, ou, en d’autres termes, de calculer si le score d’un parti dans un lieu donné est influencé par le score de ce parti dans un lieu voisin. Ces mesures peuvent notamment s’appuyer sur des mesures de distance, telle l’intensité du vote pour chaque parti à partir de l’éloignement à des pôles urbains3.
  • 2. 956 R Michel Bussi, Jérôme Fourquet et Céline Colange très nettement inférieurs à la moyenne et en recul pour Marine Le Pen dans les métropoles. Tout se passe comme si cette année, la structure du vote frontiste avait été encore davantage que par le passé polarisée selon une logique spatiale. Plus que jamais, le cœur des grandes agglomérations ressort comme l’espace le plus réfractaire au vote Le Pen1 (14,8 % en moyenne en 2012, en recul de 1,5 par rapport à 2002), qui prospère en revanche de plus en plus dans le grand périurbain. Dans les territoires situés entre 30 et 50 km des grandes agglomérations, le niveau du vote Marine Le Pen s’établit en moyenne à 21 % quand son père n’y obtenait « que » 18 % en 2002 et 16,5 % en 1995. Ce développement régulier et cet enracinement du vote lepéniste dans le périurbain depuis l’élection présidentielle de 1995 (scrutin atypique de 2007 mis à part) se retrouvent également dans les zones rurales encore plus éloignées. Tableau 4. 1995-2012 : l’évolution du vote FN au premier tour de l’élection présidentielle dans la France rurale (en pourcentage) Distance aux grandes agglomérations 50-60 km 60-70 km 70-80 km 80-90 km 90-100 km + de 100 km France entière Score FN dans la strate en 1995 Score FN dans la strate en 2002 Score FN dans la strate en 2012 Évolution 1995-2012 14,8 14,9 12,9 12,2 11,8 11,9 15 17,7 16,7 16 15,4 14,7 14,7 16,9 20,6 19,8 19,4 18,9 17,6 18,1 17,9 + 5,8 + 4,9 + 6,5 + 6,7 + 5,8 + 6,2 + 2,9 et choix électoraux chez les couches moyennes périurbaines », dans « L'espace des classes moyennes », Espaces et sociétés, 148-149, 2012, p. 73-90. 1. Pascal Perrineau, Le symptôme Le Pen. Radiographie des électeurs du Front national, Paris, Fayard, 1997. R REVUE FRANCAISE DE SCIENCE POLITIQUE R VOL. 62 No 5-6 R 2012 ¸ Document téléchargé depuis www.cairn.info - Bibliothèque Diderot de Lyon - - 140.77.64.4 - 16/01/2014 17h26. © Presses de Sciences Po Document téléchargé depuis www.cairn.info - Bibliothèque Diderot de Lyon - - 140.77.64.4 - 16/01/2014 17h26. © Presses de Sciences Po f:2000image150902bussi6 Graphique 1. Comparaison du vote FN au premier tour de l’élection présidentielle de 1995 à 2012 en fonction de la distance aux aires urbaines de plus de 200 000 habitants
  • 3. LA GÉOGRAPHIE ÉLECTORALE DES ÉLECTIONS PRÉSIDENTIELLES DE 2012 R 957 Rappelons tout d’abord que, d’après le sondage Ifop réalisé le jour du premier tour1, Marine Le Pen a atteint 33 % parmi les ouvriers et 28 % parmi les employés. C’est dans ces deux groupes qu’elle obtient ses meilleurs résultats (en comparaison : 13 % parmi les professions libérales et cadres supérieurs, par exemple) et elle y termine en tête (à égalité, il est vrai avec François Hollande chez les employés). Cette forte audience du FN dans les milieux populaires, mesurée à l’aune de catégories objectives, apparaît également si l’on considère des catégories subjectives. Toujours selon le même sondage, le score de la candidate du FN est en effet parfaitement corrélé avec les difficultés ressenties pour s’en sortir avec les revenus de son foyer : 7 % parmi ceux qui s’en sortent « très facilement » contre 32 % auprès de ceux qui s’en sortent « très difficilement ». Graphique 2. Un vote Marine Le Pen indexé sur la capacité à s’en sortir avec ses revenus On note également que parmi les personnes qui déclarent s’en sortir « très difficilement » avec leurs revenus, c’est Marine Le Pen qui arrive en tête avec 32 % devant François Hollande (24 %) et Jean-Luc Mélenchon et Nicolas Sarkozy (15 % chacun). Le vote des milieux populaires et des catégories rencontrant des difficultés constitue donc bien la composante principale du vote FN au plan national. Or, l’analyse détaillée montre que les espaces qu’on a appelés le grand périurbain (regroupant des communes périurbaines, mais aussi de petites villes ou des communes rurales mais se situant entre 30 et 50 km d’une aire urbaine importante) se caractérisent à la fois par la proportion la plus élevée d’ouvriers et d’employés de toutes les strates de notre gradient d’urbanité, mais aussi par un vote FN de ces catégories 1. Sondage Ifop/Fiducial réalisé pour Europe 1, Paris Match et Public Sénat le 22 avril 2012 auprès d'un échantillon national représentatif de 3509 personnes inscrites sur les listes électorales. R REVUE FRANCAISE DE SCIENCE POLITIQUE R VOL. 62 No 5-6 R 2012 ¸ Document téléchargé depuis www.cairn.info - Bibliothèque Diderot de Lyon - - 140.77.64.4 - 16/01/2014 17h26. © Presses de Sciences Po Document téléchargé depuis www.cairn.info - Bibliothèque Diderot de Lyon - - 140.77.64.4 - 16/01/2014 17h26. © Presses de Sciences Po f:2000image150902bussi7 Si les progressions sont assez spectaculaires en milieu rural sur la longue durée (nous y reviendrons), le graphique 1 montre néanmoins que c’est dans le grand périurbain que le niveau de vote FN est, en 2012 comme lors des scrutins passés, le plus élevé. Il convient dès lors de s’interroger sur l’origine de ce sur-vote FN dans le grand périurbain. S’explique-t-il par un effet de structure, c’est-à-dire par le fait que les milieux populaires (qui ont constitué les catégories ayant le plus fortement voté pour Marine Le Pen) soient surreprésentés dans ces territoires ou le vote en faveur de Marine Le Pen est-il plus particulièrement prononcé parmi les ouvriers et employés dans ces zones ?
  • 4. 958 R Michel Bussi, Jérôme Fourquet et Céline Colange populaires plus élevé que la moyenne : 32 % des ouvriers et employés habitant dans un rayon de 30 à 40 kilomètres et 34,9 % de ceux résidant dans la strate suivante (40 à 50 km) ont voté pour Marine Le Pen, contre 28,9 % en moyenne. Tableau 5. Le poids des catégories populaires et leur niveau de vote en faveur de Marine Le Pen dans les différentes strates de communes (en pourcentage) Document téléchargé depuis www.cairn.info - Bibliothèque Diderot de Lyon - - 140.77.64.4 - 16/01/2014 17h26. © Presses de Sciences Po Proportion d’ouvriers et d’employés dans la population de la strate Score FN parmi les ouvriers et employés de la strate en 2012 0-10 km 10-20 km 20-30 km 30-40 km 40-50 km 50-60 km 60-70 km 70-80 km + de 80 km 24 28,4 28,5 33 32,2 32 31 30,3 31 24,7 30,7 29,6 32 34,8 29,1 26,9 31 28 France entière 28,3 28,9 Afin de disposer de bases statistiques suffisantes sur les employés et ouvriers, nous avons regroupé les trois dernières strates les moins peuplées en une seule : + de 80 km de distance d’une grande agglomération. C’est donc l’effet cumulé de ces deux facteurs qui contribue au fait que Marine Le Pen ait enregistré ses meilleurs résultats dans ces lieux bien spécifiques. Le sur-vote des catégories populaires en faveur du FN renvoie à un certain nombre de difficultés existant dans ces territoires : niveau de revenu assez faible, fragilité du tissu économique local concentrant l’emploi sur un nombre restreint d’entreprises (et donc un impact important en cas de fermeture d’un site, les salariés ayant plus de difficultés à retrouver un emploi que dans les grandes agglomérations), forte dépendance de ces populations à la hausse des prix du carburant, progression de la petite délinquance et disparition de certains services publics. À cela s’ajoute les conséquences de la relégation subie et choisie (obligation ou volonté de se mettre à distance de la grande ville) et la peur « d’être rattrapé par la banlieue », angoisse qui taraude une partie de ces milieux populaires du grand périurbain. Si ces derniers souffrent souvent d’être à trop grande distance de la grande ville (frais et durée de transport importants, moindre présence ou moindre qualité des services publics sur place, engendrant souvent le sentiment d’être des citoyens de seconde zone), ils craignent dans le même temps que les nuisances urbaines en termes de délinquance ou de cohabitation avec des « populations à problèmes » (immigrés ou bénéficiaires des aides sociales) ne se propagent et se diffusent progressivement jusqu’à eux1. Marine Le Pen et ses conseillers ont parfaitement cerné le profil psychologique de cet électorat populaire du périurbain et c’est souvent d’abord à eux, les fameux « invisibles », qu’elle s’est adressée durant la campagne en calibrant très clairement ses propos sur les attentes et les difficultés quotidiennes de cet électorat. Bien profilé et adapté à la réalité psychologique et sociale de ce terrain particulier, le message du Front national version 1. Les habitants de ces territoires vivent leur rapport à la ville selon la formule « trop éloignés pour bénéficier de ses avantages mais suffisamment proches pour en subir les désagréments ». R REVUE FRANCAISE DE SCIENCE POLITIQUE R VOL. 62 No 5-6 R 2012 ¸ Document téléchargé depuis www.cairn.info - Bibliothèque Diderot de Lyon - - 140.77.64.4 - 16/01/2014 17h26. © Presses de Sciences Po Distance aux grandes agglomérations
  • 5. LA GÉOGRAPHIE ÉLECTORALE DES ÉLECTIONS PRÉSIDENTIELLES DE 2012 R 959 Document téléchargé depuis www.cairn.info - Bibliothèque Diderot de Lyon - - 140.77.64.4 - 16/01/2014 17h26. © Presses de Sciences Po Tableau 6. Le vote des ouvriers et employés en faveur de François Hollande et Marine Le Pen dans les différentes strates de communes (en pourcentage) Distance aux grandes agglomérations Vote Hollande parmi les ouvriers et employés de la strate Vote Le Pen parmi les ouvriers et employés de la strate Écart Le Pen/Hollande 0-10 km 10-20 km 20-30 km 30-40 km 40-50 km 50-60 km 60-70 km 70-80 km + de 80 km 29,6 26,3 27,4 25,4 23 24,5 27,3 29,7 31 24,7 30,7 29,6 32 34,8 29,1 26,9 31 28 – 4,9 + 4,4 + 2,2 + 6,6 + 11,8 + 4,6 – 0,4 + 1,3 –2 France entière 27,2 28,9 + 1,7 Afin de disposer de bases statistiques suffisantes sur les employés et ouvriers, nous avons regroupé les trois dernières strates les moins peuplées en une seule : + de 80 km de distance d’une grande agglomération. Au-delà des seuls milieux populaires dont il a été question jusqu’à présent, le graphique suivant fait clairement ressortir que le sur-vote frontiste auprès des populations (milieux populaires et autres catégories) du grand périurbain s’accompagne, pour François Hollande, de résultats sensiblement inférieurs à sa moyenne nationale quand ceux de Nicolas Sarkozy demeurent, eux, relativement étals. Dans ce territoire (et notamment parmi les employés et les ouvriers qui y vivent), la lutte politique et idéologique oppose donc le PS au FN, ce dernier exploitant sans doute une inadéquation du discours socialiste dans ces lieux. Ce phénomène de diffusion a également concerné des territoires ruraux où le Front National avait toujours rencontré des difficultés et se retrouve à une échelle beaucoup plus importante dans tout le centre de la France et dans le Grand Ouest. Dans ces régions, et conformément à ce que nous avons pu observer lors de l’analyse selon le gradient d’urbanité, ce mouvement concerne non pas les villes moyennes ou grandes qui organisent ces territoires, mais des espaces péri-urbains, voire pour beaucoup très ruraux. Autre élément marquant, cette poussée frontiste s’est produite aussi bien dans des terroirs de gauche que de droite. En Auvergne et dans le Limousin, Marine Le Pen améliore ainsi très sensiblement le score de son père au second tour de l’élection présidentielle de 2002 dans un Cantal catholique et de droite, mais les progressions sont tout aussi importantes dans les campagnes « rouges » et déchristianisées de l’Allier, de la Haute-Vienne, du Puyde-Dôme et de la Creuse. R REVUE FRANCAISE DE SCIENCE POLITIQUE R VOL. 62 No 5-6 R 2012 ¸ Document téléchargé depuis www.cairn.info - Bibliothèque Diderot de Lyon - - 140.77.64.4 - 16/01/2014 17h26. © Presses de Sciences Po Marine Le Pen y rentre en concurrence directe avec celui du Parti socialiste. Si François Hollande est parvenu à prendre l’ascendant sur la leader frontiste dans l’électorat populaire des grandes villes, comme le montre le tableau ci-dessous, il cède du terrain dans la proche périphérie et est très nettement distancé par Marine Le Pen parmi les employés et les ouvriers dans le grand périurbain. L’écart au profit de la candidate du FN atteint même près de 12 points dans la strate de communes situées dans un rayon de 40 à 50 kilomètres d’une grande agglomération.
  • 6. 960 R Michel Bussi, Jérôme Fourquet et Céline Colange Plus au nord, cette poussée s’est également vérifiée dans des zones tout aussi rurales mais nettement plus conservatrices. C’est le cas par exemple dans ce que les géographes1 appellent la « dorsale de l’Ouest intérieur », vaste zone bocagère et catholique courant du sud de la Manche à la Vendée, constituant l’un des espaces les plus favorables à la droite classique en France. L’influence des villes sur la victoire de François Hollande Le score historique de la gauche à Paris (55,6 %) n’est pas un cas isolé, bien au contraire, car la géographie du vote Hollande se caractérise également par une nette domination dans la plupart des grandes villes, qu’elles soient dirigées par la gauche ou par la droite. Tableau 7. Un net avantage à François Hollande dans les grandes métropoles (en pourcentage) Villes de gauche Rennes Grenoble Toulouse Montpellier Lille Nantes Strasbourg Lyon Score de F. Hollande Villes de droite Score de F. Hollande 67,1 64,3 62,5 62,4 62,4 61,5 54,7 53 Le Havre Bordeaux Marseille 58,6 57,2 50,9 1. Voir Michel Bussi, Éléments de géographie électorale. À travers l'exemple de la France de l'Ouest, Mont-SaintAignan, Publications de l'Université de Rouen, 1998. R REVUE FRANCAISE DE SCIENCE POLITIQUE R VOL. 62 No 5-6 R 2012 ¸ Document téléchargé depuis www.cairn.info - Bibliothèque Diderot de Lyon - - 140.77.64.4 - 16/01/2014 17h26. © Presses de Sciences Po Document téléchargé depuis www.cairn.info - Bibliothèque Diderot de Lyon - - 140.77.64.4 - 16/01/2014 17h26. © Presses de Sciences Po f:2000image150902bussi8 Graphique 3. Écart au score moyen national des votes en faveur des trois principaux candidats selon la distance aux villes