1. N°253 - du 1er au 7 mars 2011
2012 :
une nouvelle
génération ?
(2/2)
2. 2012 :
une nouvelle
génération ?
Et si la politique se faisait
ailleurs qu’en politique ?
Si la politique se faisait
aussi en refusant de voter
mais surtout en portant
des causes très précises
en dehors des partis poli-tiques
traditionnels ?
C’est cette tendance
qu’incarne Augustin Le-grand.
Pour l’opinion pu-blique
Française, Augustin
Legrand est un physique,
un cri, un caractère.
Un physique, parce que
cet acteur passé par le
cours Florent se démar-que.
Il se démarque par
les tenues vestimentaires
qui vivent le terrain. Il se
démarque par la façon de
se comporter et surtout
par la capacité à pousser
des cris devant ce qu’il
juge l’intolérable.
Avec l’association «les en-fants
de Don Quichotte»,
il a vécu l’indignation
avant qu’elle ne devienne
une théorie à la mode. Il
a mobilisé toute son éner-gie
pour défendre une
cause : «impossible d’être
soi sans toit».
Augustin Legrand sait re-marquablement
gérer l’é-vènementiel.
Il est le marqueur des
frontières intolérables de
la crise. L’hiver 2011 peut
être «son» hiver comme
cet hiver 2006 où la
proximité de la présiden-tielle
donnait un relief
particulier à chaque injus-tice
alors dénoncée.
Augustin Legrand, c’est la
France des causes de la
solidarité sur le terrain.
Hugues Renson ou la
génération fraîcheur
Il est jeune (32 ans), dy-namique,
séduisant, fin
connaisseur des dossiers
et il représente le Mouve-ment
de Dominique de
Villepin sur Paris : autant
de caractéristiques qui ne
peuvent qu'attirer l'atten-tion.
Son nom comptera
lors des prochains scru-tins
2
: Hugues Renson
(photo en couverture).
Un nom qui bénéficie déjà
d'une forte et très positi-ve
notoriété sur Paris car
sa maman, Cécile, gaul-liste
de longue date, a été
longtemps élue témoi-gnant
son attachement
aux valeurs de solidarité
et d'humanisme qu'elle
déploie déjà au quotidien
dans son activité profes-sionnelle.
Hugues Renson est une
synthèse de l'engagement
aux côtés de Dominique
de Villepin. A lui seul, il
donne une traçabilité au
profil d'une nouvelle gé-nération.
Tout d'abord, il défend
l'actif des bilans du Prési-dent
Jacques Chirac, cette
connaissance de la
"France profonde" qu'il
faut respecter pour la fai-re
évoluer sans la brus-quer.
Ensuite, seconde étape
complémentaire, s'il y a
3. Législatives 2012 : une nouvelle génération ? (2/2) 3
Isabelle Baert ou le
choc des offres
A Lille, deux femmes incarnent
désormais deux offres radica-lement
différentes. La sortan-te,
Martine Aubry, incarne le
socialisme dogmatique, tech-nocratique.
La challenger, Isa-belle
Baert, symbolise le prag-matisme,
les nuances du ré-alisme
de terrain. Aubry fait
de la politique nationale. Baert
s’occupe des quartiers lillois.
Aubry parle solidarités. Baert
prend au mot et demande du
concret. C’est le choc des of-fres.
Le choix s’annonce au
moins clair dans cette capitale.
4. Législatives 2012 : une nouvelle génération ? (2/2) 4
respect pour ce proche
passé, Hugues Renson est
néanmoins plongé dans la
vie moderne qu'il observe
avec impertinence, esprit
critique et une forte dose
d'humour.
Enfin, il sait que la lutte
sur Paris ne sera pas
"comme toutes les au-tres".
La Capitale a tou-jours
échappé à la routi-ne.
Elle a souvent réservé
bien des surprises à
l'exemple même de cette
conquête commando en
1977 contre le "candidat
du Président" de l'époque.
Il y a un volet qui devrait
beaucoup compter. L'opi-nion
attend du neuf et
l'équipe du Président sor-tant
peine à trouver sa
propre relève. A l'opposé,
avec des personnalités
neuves, fraîches et moti-vées
comme Hugues Ren-son,
Dominique de Ville-pin
va bénéficier de tem-péraments
de grande
qualité qui réunissent
tous les critères pour sé-duire
et motiver l'électo-rat
sur des bases nouvel-les.
Le score du premier tour
sur Paris en avril 2012
pourrait témoigner une
fois de plus d'un esprit re-belle
qui est la marque de
la Capitale de France tout
particulièrement …
Si un divorce existe ac-tuellement
entre l’opinion
et bon nombre des mem-bres
de la classe politi-que,
c’est qu’ils donnent
le sentiment de porter
des dates périmées. Les
propositions subissent le
«déjà vu, déjà entendu».
Les méthodes semblent
obsolètes ou plutôt tou-jours
les mêmes, celles
d’hier.
A l’opposé, cette généra-tion
des trentenaires peut
avoir la chance de l’auda-ce.
Si l’opinion veut le
«grand saut dans le
neuf», c’est cette généra-tion
qui peut casser les
codes, donner de l’air
frais et peut-être réconci-lier
l’opinion et la vie pu-blique.
Dans un tel climat, Hu-gues
Renson réunit toutes
les qualités pour être à
l’avant-garde. En 2012, il
sera l’un des marqueurs
emblématiques du besoin
de fraîcheur témoigné
alors par l’opinion.
France Jamet et Steeve
Briois ou la génération
«bleu Marine»
Depuis février 2011, le
Front national a encore
changé de «catégorie».
En réalité, son parcours
politique a connu quatre
étapes.
La première jusqu’au dé-but
des années 80 était
celle d’une certaine mar-ginalisation.
Au début des
années 70, le FN réalise
des scores de 2 % dans le
meilleur des cas. En
1974, JM Le Pen se pré-
5. Législatives 2012 : une nouvelle génération ? (2/2) 5
sente à la présidentielle
et fait 0, 74 % des suffra-ges.
En 1981, JM Le Pen
n’est pas candidat à la
présidentielle car il n’a
pas pu obtenir les parrai-nages
nécessaires. Son
absence ne cause aucun
«scandale».
Lors des législatives qui
suivent la victoire de F.
Mitterrand, il est en posi-tion
de présenter seule-ment
77 candidats.
Cette marginalisation
prend fin en 1984 lors des
élections européennes.
Cette date est le début de
la seconde étape : la
croissance permanente.
De 1984 à 2002, JM Le
Pen réalise désormais
d’excellents scores électo-raux
mais il est diabolisé.
L’opinion le considère
comme «dangereux».
La troisième étape est
celle du 21 avril 2002
avec l’accession au se-cond
tour de la présiden-tielle.
C’est l’étape de
l’acceptabilité. Cette éta-pe
recouvre deux mouve-ments
difficilement quan-tifiables
individuellement
tant ces sujets sont sub-jectifs.
Faut-il parler d’u-ne
droitisation de l’opi-nion
ou d’une modération
de Le Pen ?
Il est certain que l’opinion
s’est durcie dans certains
domaines. Ce faisant elle
est allée dans le sens des
idées du FN. Cette évolu-tion
a d’ailleurs des raci-nes
étonnantes. Par
exemple, les enquêtes ré-alisées
après les émeutes
urbaines de cette époque
ont attesté d’une poussée
du FN dans les zones ru-rales
qui n’avaient pas été
exposées aux émeutes en
question...
A cette époque, le Front
National est d’abord la
France des peurs. Mais
dès cette époque, des
chiffres permettent d’ap-précier
le potentiel :
· en 1997, le niveau
d’adhésion des Fran-çais
aux 4 dossiers
c l e f s d u F N
(immigration, sécuri-té,
défense des va-leurs
traditionnelles
et critique de la clas-se
politique) oscillait
entre 12 et 31 %. A
fin décembre 2005,
le score le plus faible
d’adhésion était de
22 % (et non plus 12
%). Le score le plus
élevé était passé à
33 %,
· si on devait dissocier
ces thèmes de la
question sur l’appro-bation
du Front Na-tional,
la progression
serait encore plus
considérable pour at-teindre
parfois 73 %
de l’opinion par
exemple sur le thè-me
de la défense des
valeurs traditionnel-les.
Depuis février 2011, Mari-
Denis Broliquier ou la
g é n é r a t i o n d e s
«grandes métropoles»
Aux Etats-Unis, il y a «le
club des Gouverneurs».
L’ importance de leur
«fonction locale» est telle
qu’ils sont associés aux
grands choix fédéraux mê-me
sous le régime du man-dat
unique.
Avec la réforme des collecti-vités
territoriales locales et
la naissance des métropoles
régionales, la vie publique
française s’engage manifes-tement
dans cette direction.
Il y aura demain une dizaine
de métropoles qui seront
des points de passages ma-jeurs
et incontournables.
Avec la confusion des fonc-tions
départementales et
régionales, le Département
va disparaître de facto.
Deux pouvoirs directs à très
fort ancrage démocratique
vont être confortés : le Pré-sident
et le Maire.
Le premier a la force incom-parable
de l’élection quand
la France est une circons-cription
unique. Le second a
la force de la proximité. Les
Maires des métropoles au-ront
en plus la force de la
puissance démographique et
financière. C’est un parcours
à part entière. Denis Broli-quier,
Maire du 2ème arron-dissement
de Lyon et leader
de l’opposition dans cette
ville incarne ce nouveau
parcours (cf photo page 8).
Une page territoriale est en
train de se tourner.
Il en est de même dans le
choix des mandats.
6. Législatives 2012 : une nouvelle génération ? (2/2) 6
ne le Pen opère une mu-tation
: le Front National
devient le symbole de
«l’autre politique», celle
qui refuse le système éta-bli
depuis le politiquement
correct jusqu’aux métho-des
traditionnelles. C’est
le vote des révoltes face à
la crise (tableaux pages 6
et 7). C’est la révolution
conservatrice. Les sonda-ges
sont au rendez-vous
et donnent désormais de
nouveaux seuils. Il est
techniquement possible
de voir Marine le Pen au
seuil des 25 % courant le
printemps 2011 …
France Jamet et Steeve
Briois sont à l’avant-garde
de cette nouvelle
génération.
Ils ne se posent plus la
question de l’acceptabilité
mais celle de leur impact
sur le pouvoir.
C’est une nouvelle donne
culturelle mais aussi une
nouvelle donne politique.
Leurs géographies vont
ouvrir le FN à des scores
historiques dans ce
contexte national. Ils se-ront
des personnalités qui
vont structurer les votes
locaux non plus pour té-moigner
mais pour déci-der.
C’est une réelle mutation
dans la vie politique fran-çaise.
Isabelle Baert et la
preuve locale
Fille de militaire, son père
fut l’un des premiers ins-tructeurs
en France sur
hélicoptère, Isabelle Baert
est mère de deux grands
enfants. Sa fille, 24 ans,
est dans le monde juridi-que,
après avoir obtenu
un master deuxième an-née
en Droit Public tandis
que son fils, 21 ans, est
en troisième année d’éco-le
de chirurgie dentaire de
Lille.
«Entrée en politique » en
1989, aux côtés d'Alex
TURK, élue au conseil
municipal de LILLE, de-puis
quinze ans, Isabelle
Baert incarne la preuve
locale.
Elle a continué le combat
municipal aux côtés des
successifs leaders lillois.
7. Législatives 2012 : une nouvelle génération ? (2/2) 7
Enseignante depuis 34
ans, directrice d’école de-puis
24 ans, Isabelle
Baert incarne l’assiduité
dans la proposition
concrète positive. La vie
quotidienne dans sa Com-mune
de Lille est l’objet
de toutes ses attentions.
Face à Martine Aubry,
Isabelle Baert a pris le
leadership d’une opposi-tion
constructive, qui
n’hésite pas à effectuer
des propositions de natu-re
à améliorer la qualité
de vie, le dialogue ou les
solidarités. Isabelle Baert
est le visage emblémati-que
de l’opposition sé-rieuse,
tolérante mais exi-geante
au niveau des ré-alités
locales.
Arnaud Tauzin ou le
chevalier sans peur
Ce jeune chef d’entreprise
landais (cf photo page 4) re-présente
l’opposition à
Henri Emmanuelli. Il sym-bolise
le courage car il en
faut pour s’opposer à ce-lui
qui incarne le féodalis-me
landais dans toute son
autorité comptant non
seulement sur le Conseil
Général mais aussi sur un
tissu d’organismes satelli-tes
qui quadrillent chaque
territoire ou activité du
département. Dans ce tis-su,
quatre facteurs sont
annonciateurs de remises
en question profondes et
inédites. Tout d’abord, le
Modem est ici du côté de
l’opposition locale notam-ment
avec la conquête de
Mont de Marsan en mars
2008. Ensuite, les écolo-gistes
supportent de plus
en plus difficilement l’au-torité
omniprésente du
co-leader du courant
«Nouveau Monde» qui dé-cide
de tout, surveille
tout, contrôle tout. Puis, il
y a l’effet des tournants
de l’état civil. La
«génération Emmanuelli»
au pouvoir depuis plus de
30 ans est usée. Elle n’a
pas voulu ou su faire naî-tre
une relève prometteu-
8. Législatives 2012 : une nouvelle génération ? (2/2) 8
droite qui, âge aidant,
connait une certaine éro-sion.
Dans les deux cas, ces
grandes capitales régio-nales
sont endormies.
Broliquier et Mennucci
sont les symboles des pa-triotismes
locaux. «Lyon
d ’ a b o r d » c o m m e
«Marseille d’abord» pour-raient
être leurs devises.
2012 sera aussi le départ
pour 2014 avec de nom-breuses
villes en défis de
successions.
se. Enfin, il y a l’actualité
et l’affaire de la Mission
des Landes qui a suscité
des mises en examen sur
janvier 2011 et le goût
amer d’un système qui
pourrait avoir connu tout
le pouvoir mais peut-être
même surtout trop de
pouvoirs.
Tous ces facteurs peuvent
conduire à une brutale in-version
des tendances ha-bituelles.
Dans ce cas, Ar-naud
Tauzin, responsable
de la fédération UMP des
Landes, Conseiller Régio-nal
Aquitaine, pourrait in-carner
l’alternative face à
un système manifeste-ment
à bout de souffle.
Denis Broliquier et Pa-trick
Mennucci ou les
grandes métropoles ré-gionales
Ils ont deux engagements
politiques très différents.
L’un est «divers droite»
(Denis Broliquier). L’autre
est PS ou plutôt «divers
gauche» tant sa doctrine
socialiste est douce.
Mais, au-delà d’engage-ments
différents, ils col-lent
à leurs villes : Lyon
et Marseille. La première
a un Maire socialiste qui,
cassant les usages, s’oc-cupe
beaucoup (trop ?)
de politique nationale. La
seconde a un Maire de
Editeur :
Newday
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9. Barack Obama ou le retour accéléré en forme 9
Le 2 novembre 2010, Obama
subissait une sévère défaite
lors des élections intermédiai-res.
A fin février, la presse titre sur
le fait qu’il soit «sans rival»
pour 2012. Les sondages tom-bent
et il fait de bons scores
au point de commencer à dis-suader
des concurrents répu-blicains
potentiels qui préfè-rent
attendre … 2016.
Comment expliquer ce retour
accéléré en forme. C’est le su-jet
de notre lettre 254.
Parution le : 8 mars 2011.