SlideShare une entreprise Scribd logo
1  sur  9
Télécharger pour lire hors ligne
N°258 - du 5 au 11 avril 2011
2012 :
la nouvelle idéologie :
le style ! (1/3)
2012 :
la nouvelle idélogie :
le style !
En 1960, John Kennedy
part en campagne avec
deux handicaps sérieux.
D’une part, son âge car à
43 ans sa jeunesse est
considérée comme une
preuve d’incompétence.
D’autre part, sa religion
catholique car jusqu’alors
tous les Présidents
avaient été d’origine pro-
testante.
Première étape : JFK
ou comment parler à
l’oeil
Pour ces deux raisons, en
début de campagne, les
Républicains voient l’ave-
nir en rose au moment du
démarrage des opéra-
tions.
Certes John Kennedy va
traiter chacun de ses
deux handicaps dont la
réunion du 12 septembre
où il aborde de front la
question religieuse. Mais
la donne a changé. Ken-
nedy a mis en place une
nouvelle campagne. Il
conduit une communica-
tion inédite, sans précé-
dent. Sa vie est mise en
scène. Son bateau de
guerre (PT 109) devient
le symbole de son endu-
rance et de ses qualités
de chef.
Face à lui, Nixon est ré-
duit au rôle de second
d’Eisenhower. Il est atta-
qué sur ses capacités de
leadership avec des cam-
pagnes négatives très of-
fensives. Les Démocrates
exploitent une déclaration
très maladroite d’Eisenho-
wer au sujet de Nixon.
Puis c’est toute la «famille
Kennedy» qui monte au
front dont Jackie Kenne-
dy. Lorsqu’elle n’est pas
dans la caravane électo-
rale, l’opinion a l’explica-
tion : elle attend un en-
fant. La télévision fait la
différence. Kennedy arri-
ve aux débats en ayant
étudié tous les détails
dont la couleur du fond
du décor. Au dernier mo-
ment, il change même la
couleur de sa chemise
pour qu’elle soit davanta-
ge en harmonie avec le
décor. Nixon fatigué par
une récente opération du
genou paraît exténué, le
teint pâle, laiteux, la bar-
be naissante ; bref l’air
du battu face à la jeunes-
se éclatante pleine de
santé, de vigueur, d’opti-
misme.
A la fin du débat, les son-
dages sont organisés et
ils révèlent une situation
étonnante.
Les personnes qui ont
écouté le débat à la radio
donne Nixon gagnant.
Celles qui ont vu le débat
à la télévision donnent
Kennedy très largement
en tête. Les secondes
sont infiniment plus nom-
breuses que les premières
car la télévision est déjà à
cette époque chez 44 mil-
lions de foyers américains
soit 88 % de la popula-
tion.
Le 4 novembre, Kennedy
gagne. Il devient «l’élu de
la télévision». L’impact du
seul visuel a été tellement
2
2012 : la nouvelle idéologie : le style ! (1/3)
3
JFK et la nouvelle
frontière
En dépit de l’immensité de la
fortune familiale, JFK a joué la
carte de la simplicité, de la
proximité, du contact direct,
du partage des préoccupations
des plus déshérités.
Il a invité l’opinion à «faire
partie de la famille Kennedy»
en ouvrant la connaissance à
tous les membres de la famille
à l’exemple de l’émission qui
proposait de «prendre une
tasse de café avec Jackie Ken-
nedy». La communication pu-
blique venait de changer d’â-
ge.
grand que tous les candi-
dats vont refuser de dé-
battre à la télévision jus-
qu’en 1976 où le défi est
alors relevé par Ford et
Carter.
Le leadership moderne en
politique était né.
Seconde étape : Rea-
gan ou l’intelligence
émotionnelle
La seconde étape majeu-
re date des années Rea-
gan. Il est le grand com-
municateur. Il ne parle
pas de politique mais des
valeurs qui guident la vie
de tous les jours : un su-
jet, une anecdote, un
sourire et l’adhésion est
emportée.
C’est le produit d’un tra-
vail méticuleux. Il invente
le «Président Téfal» celui
à qui aucun échec ne colle
à la peau.
Tout est scénarisé. C’est
un spectacle permanent
avec un «happy ending».
Reagan est le héros qui
lance les grandes aventu-
res, qui réussit contre
tous les courants contrai-
res.
Avec Reagan, la politique
devient une histoire. Dans
la dernière ligne droite
avant le vote, Reagan
achète des espaces publi-
citaires sur les grands ré-
seaux. De quoi parle-t-il
alors ? Des dossiers les
plus importants ? Il ra-
conte «qu’il vient de per-
dre un ami (John Wayne)
et juste avant sa mort,
cet ami lui a fait prendre
un engagement simple :
donne à l’Amérique une
raison de vivre et elle
triomphera de tout».
C’est l’optimisme holly-
woodien avec une présen-
tation manichéenne d’une
extrême simplicité.
Le 4 novembre 1980 à
soixante dix ans, Reagan
devient le plus âgé des
Présidents élus mais le
plus moderne de ses Pré-
sidents.
Il va mener sa gestion
présidentielle comme ses
campagnes. Une fois les
dossiers les plus sérieux
de la planète traités, le
Président repart dans son
ranch, monte à cheval,
taille le bois. C’est sain,
sportif, viril faisant réfé-
rence aux clichés les plus
forts du Far West.
En 1980 l’élection est bril-
lante. En 1984, la confir-
mation l’est autant. La
personnalité est adulée
même si l’opinion est plus
mesurée sur le bilan
concret.
Le 6 novembre 1984,
Reagan remporte 49 Etats
sur 50 réunissant 59 %
des électeurs sur l’ensem-
ble de l’Etat fédéral.
Au lendemain de sa ré-
élection, alors qu’il est in-
vité à commenter les ré-
sultats, il énonce avec un
2012 : la nouvelle idéologie : le style ! (1/3)
4
grand naturel «et nous
n’avez encore rien vu !».
La seconde étape dans le
leadership moderne était
franchie.
Il n’était plus question de
compétences intellectuel-
les mais de compétences
émotionnelles et physi-
ques : savoir parler à l’in-
telligence émotionnelle de
l’opinion.
Troisième étape : Oba-
ma ou le leadership as-
socié
En 2008, Obama fait naî-
tre et vivre une nouvelle
étape : le leadership as-
socié. Cette étape ajoute
de nouvelles données aux
deux premières étapes
parce de nouveaux sup-
ports sont nés avec les
nouvelles technologies.
Obama a créé un nou-
veau leadership en 2008 :
le leadership de possibili-
té orienté vers des es-
poirs grâce à la mobilisa-
tion de chacun en s’éloi-
gnant de la reproduction
de vieux modèles basés
sur la contrainte ou sur
l’excessive délégation.
Facebook, Twitter, Inter-
net … ont été les moyens,
les outils d’une campagne
qui reposait sur un objec-
tif considérablement plus
ambitieux : répondre au
besoin d’idéal de la socié-
té Américaine.
La campagne 2008 d’O-
bama, c’est d’abord la soif
d’idéal.
Dans cette soif d’idéal,
c’est aussi la rencontre
entre le «je» et le
«nous». Pour donner un
sens à sa vie, il faut assu-
rer la rencontre de soi et
des autres.
Le développement per-
sonnel passe par un en-
gagement social.
Ce parti pris d’idéal col-
lectif associé à une forte
implication individuelle,
c’est l’axe stratégique de
la campagne de Barack
Obama.
Le choix fort a été ensui-
te, grâce à des outils,
d’offrir de s’associer à cet
idéal pour le transformer
en idéal commun. Ces ou-
tils ont «vendu de la rela-
tion».
Mais Barack Obama a d’a-
bord «vendu de l’idéal» y
compris par la force de
son propre cursus person-
nel mais bien au-delà par
le symbole de tous ses
grands projets.
Les outils ont permis de
bâtir l’adhésion du grand
nombre à cet idéal puis
de s’affirmer comme une
«marque».
Parce qu’on adhérait à la
campagne de Barack
Obama, on montrait que
l’on partageait une vision
et des engagements.
Gary Hart ou la force
de l’image
Le mardi 13 mars 1984, jour
de nombreuses primaires, l’o-
pinion américaine découvre
Gary Hart qui gagne en Floride,
au Massachsetts, dans le Rho-
de Island …
Il gagne sans aucune base
électorale, avec des moyens
financiers particulièrement fai-
bles. Mais il a le «look Kenne-
dy» (voir photo bas page 08).
Il cultive toutes les similitudes
possibles : de la mèche de
cheveux à la façon de marcher.
En quelques semaines, Hart
devient le « candidat de la mo-
dernité » par référence à un
look du … passé. Mais le mythe
Kennedy était tellement fort
qu’il pouvait être le tremplin
vers tout.
Le Sénateur du Colorado est
mode. En quelques semaines,
d’inconnu, il devient célèbre
suivi par onze équipes de télé-
vision et plus de 70 journalis-
tes.
En 1988, fort de sa popularité
mieux installée, il s’engage
dans les primaires mais il doit
les quitter sur un scandale de
vie privée.
Sans ce scandale, cette année
1988 remplissait toutes les
conditions pour être « son ren-
dez-vous » face à un profil
comme GW Bush peu affirmé.
Bien que candidat en deux oc-
casions, difficile de donner des
idées fortes de Gary Hart. Il
était un style, le rappel d’un
leadership qui parlait aux Dé-
mocrates.
Avec des moyens très faibles,
un style avait changé la dimen-
sion d’une candidature.
2012 : la nouvelle idéologie : le style ! (1/3)
5
I l a a n n o ncé l a
«conscientious living»,
c'est-à-dire un style de
vie mesuré qui est la re-
cherche de sens.
C’est la fin du consumé-
risme ostentatoire (style
de vie «bling bling»).
La campagne Obama a
démarré comme créatrice
de valeur. Par son succès,
elle est devenue créatrice
de mode.
Au moment où elle est
devenue créatrice de mo-
de, les «premiers enga-
gés» ont d’ailleurs mal
vécu la perte de leur dif-
férenciation initiale.
Les rencontres avec les
acteurs de la première
heure étaient très signifi-
catives. Ils exprimaient
presque une forme de re-
gret d’être désormais sui-
vis par tant de personnes.
Ils s’estimaient dilués, dé-
passés. La marque dis-
tinctive initiale était en
voie de disparition.
Par conséquent, toutes
les approches qui consis-
tent à analyser la com-
munication de Barack
Obama comme la mobili-
sation de réseaux com-
munautaires, l’émergence
d’un style de «cool attitu-
de» qui rompt avec l’ima-
ge classique du pouvoir …
nous semblent passer à
côté de la vraie vague de
fond : répondre à la soif
d’idéal comme rencontre
entre un engagement
personnel et une mobili-
sation collective.
C’est le moment où la po-
litique vient à la rescous-
se de la vie ; ce qui expli-
que d’abord la mobilisa-
tion militante puis celle
civique du vote.
Parce que la vague de
fond était celle-là, la crise
d’octobre a amplifié la
portée du phénomène
Obama.
La crise financière deve-
nait la démonstration ob-
jective d’un radeau à la
dérive.
La confrontation entre ce
nouveau style (Obama) et
l’incarnation de ceux qui
avaient failli au point d’a-
mener le bateau au point
de couler (McCain) pro-
duisait des effets encore
plus implacables.
2012 : la nouvelle idéologie : le style ! (1/3)
6
Sur l’image du leader, Ba-
rack Obama marque d’a-
bord le retour en force du
leader de charme.
Il est en campagne per-
manente avec de très
nombreux déplacements
sur le terrain.
Ses déplacements produi-
sent toujours le même vi-
suel : le rassemblement,
l’action, le dialogue, la
mobilisation.
Le temps de crise produit
une sur-personnalisation
que Barack Obama met
en scène avec efficacité
et réussite pour l’instant
sans innovation particu-
lière.
Sur le fond, il restaure la
place de l’intérêt général.
Ou plutôt, son discours
repose en permanence
sur trois piliers :
• il n’est pas possible
de résoudre les pro-
blèmes avec ceux qui
les ont créés,
• il y a un intérêt gé-
néral qui dépasse la
somme des intérêts
particuliers,
• les solutions passent
par la renaissance de
la démocratie.
C’est ce contenu même
du discours qui est le plus
novateur.
Le premier socle consiste
à «tourner la page». La
crise provient de compor-
tements qui ne doivent
pas se reproduire. Le sys-
tème qui a créé la crise
non seulement n’est plus
crédible mais il est fautif.
Il faut donc évoluer vers
un autre ensemble de rè-
gles porté par de nou-
veaux leaders.
Ce nouvel ensemble de
règles doit reposer sur
une place nouvelle accor-
dée à la notion d’intérêt
général.
2012 : la nouvelle idéologie : le style ! (1/3)
7
sont concernés tous les
décideurs politiques mais
bien au-delà. C’est ce
dernier volet qui ajoute à
la nouveauté. Le Prési-
dent Américain veut faire
renaître la démocratie. Il
récuse la notion de ci-
toyen spectateur pour
évoluer en permanence
vers celle de citoyen ac-
teur.
Toutes les images vont
dans cette direction prin-
cipale : retrouver le sens
d’une communauté où
chacun agit.
Le discours de Barack
Obama n’est pas le
«retour de l’Etat», c’est la
naissance de l’intérêt gé-
néral dans la politique
Américaine.
Jusqu’alors, la politique
Américaine reposait sur la
notion de l’équilibre
consenti entre des inté-
rêts particuliers qui doi-
vent négocier pour déga-
ger un terrain d’entente.
La notion même d’intérêt
général était très exté-
rieure à la politique Amé-
ricaine.
L’intérêt général fait une
entrée fracassante dans
la politique Américaine ;
d’où l’actuel débat sur la
«socialisation» de la poli-
tique.
Classiquement, deux
questions se posent im-
médiatement :
• qu’est ce que l’intérêt
général ?
• qui en a la charge ?
A la première question,
Barack Obama répond par
des grandes causes natio-
nales comme la défense
de l’emploi, la mise en
place de la couverture
santé …
A la seconde question, il a
tendance à répondre que
Editeur :
Newday
www.exprimeo.fr
2012 : la nouvelle idéologie : le style ! (1/3)
8
2012 : la nouvelle idéologie : le style ! (2/3)
9
Tim Pawlenty a lancé son co-
mité politique pour 2012.
Mitt Romney organise ses 15
dîners de levées de fonds pour
affirmer une puissance de tir
grâce à un «trésor de guerre»
sans rival possible.
Jon Huntsman publie la liste
de ses premiers collaborateurs
dans le cadre de son équipe
pour 2012.
…
Le combat est engagé. Mais
l’enjeu ne paraît plus être le
programme mais ...le style.
Parution le : 12 avril 2011.

Contenu connexe

En vedette

ALLES ÜBER FAHRZEUGEINRICHTUNGEN IN 20 FOLIEN
ALLES ÜBER FAHRZEUGEINRICHTUNGEN IN 20 FOLIENALLES ÜBER FAHRZEUGEINRICHTUNGEN IN 20 FOLIEN
ALLES ÜBER FAHRZEUGEINRICHTUNGEN IN 20 FOLIENchiarabonan
 
Lettre Exprimeo : 2016 comme 2012 ?
Lettre Exprimeo : 2016 comme 2012 ?Lettre Exprimeo : 2016 comme 2012 ?
Lettre Exprimeo : 2016 comme 2012 ?Newday
 
CLEANEXTREME Katalog 2015 Fahrzeugpflege Autoreinigung Außenreinigung Innenre...
CLEANEXTREME Katalog 2015 Fahrzeugpflege Autoreinigung Außenreinigung Innenre...CLEANEXTREME Katalog 2015 Fahrzeugpflege Autoreinigung Außenreinigung Innenre...
CLEANEXTREME Katalog 2015 Fahrzeugpflege Autoreinigung Außenreinigung Innenre...CLEAN COMPANY Systemzentrale GmbH
 
Recepcional Estrategia
Recepcional EstrategiaRecepcional Estrategia
Recepcional EstrategiaJavier Sanchez
 
Integrando la wiki dentro de la empresa (e20biz)
Integrando la wiki dentro de la empresa  (e20biz)Integrando la wiki dentro de la empresa  (e20biz)
Integrando la wiki dentro de la empresa (e20biz)Gorka Puente
 
Ayudas aprender a examinar la oración
Ayudas   aprender a examinar la oraciónAyudas   aprender a examinar la oración
Ayudas aprender a examinar la oraciónagustinaka
 
Sesion 12 dos visiones del trabajo
Sesion 12 dos visiones del trabajoSesion 12 dos visiones del trabajo
Sesion 12 dos visiones del trabajoAsael Lopez
 
ownCloud, tu nube libre
ownCloud, tu nube libreownCloud, tu nube libre
ownCloud, tu nube libreJorge Cacho
 
4R2012 708 Trig Equations
4R2012 708 Trig Equations4R2012 708 Trig Equations
4R2012 708 Trig EquationsA Jorge Garcia
 
Virginia Herreros
Virginia HerrerosVirginia Herreros
Virginia HerrerosSchool
 

En vedette (20)

Guide utilisation
Guide utilisationGuide utilisation
Guide utilisation
 
ALLES ÜBER FAHRZEUGEINRICHTUNGEN IN 20 FOLIEN
ALLES ÜBER FAHRZEUGEINRICHTUNGEN IN 20 FOLIENALLES ÜBER FAHRZEUGEINRICHTUNGEN IN 20 FOLIEN
ALLES ÜBER FAHRZEUGEINRICHTUNGEN IN 20 FOLIEN
 
Lettre Exprimeo : 2016 comme 2012 ?
Lettre Exprimeo : 2016 comme 2012 ?Lettre Exprimeo : 2016 comme 2012 ?
Lettre Exprimeo : 2016 comme 2012 ?
 
CLEANEXTREME Katalog 2015 Fahrzeugpflege Autoreinigung Außenreinigung Innenre...
CLEANEXTREME Katalog 2015 Fahrzeugpflege Autoreinigung Außenreinigung Innenre...CLEANEXTREME Katalog 2015 Fahrzeugpflege Autoreinigung Außenreinigung Innenre...
CLEANEXTREME Katalog 2015 Fahrzeugpflege Autoreinigung Außenreinigung Innenre...
 
Zaostřeno na Islám
Zaostřeno na IslámZaostřeno na Islám
Zaostřeno na Islám
 
Odysseas, kostas, sofoklis
Odysseas, kostas, sofoklisOdysseas, kostas, sofoklis
Odysseas, kostas, sofoklis
 
Druckerei Puchades
Druckerei PuchadesDruckerei Puchades
Druckerei Puchades
 
El hardware
El hardwareEl hardware
El hardware
 
Diagnostic solaire
Diagnostic solaireDiagnostic solaire
Diagnostic solaire
 
Recepcional Estrategia
Recepcional EstrategiaRecepcional Estrategia
Recepcional Estrategia
 
Integrando la wiki dentro de la empresa (e20biz)
Integrando la wiki dentro de la empresa  (e20biz)Integrando la wiki dentro de la empresa  (e20biz)
Integrando la wiki dentro de la empresa (e20biz)
 
Burowski CARLOS
Burowski  CARLOSBurowski  CARLOS
Burowski CARLOS
 
Ayudas aprender a examinar la oración
Ayudas   aprender a examinar la oraciónAyudas   aprender a examinar la oración
Ayudas aprender a examinar la oración
 
Sesion 12 dos visiones del trabajo
Sesion 12 dos visiones del trabajoSesion 12 dos visiones del trabajo
Sesion 12 dos visiones del trabajo
 
BINIPREU MAÓ MENORCA
BINIPREU MAÓ MENORCABINIPREU MAÓ MENORCA
BINIPREU MAÓ MENORCA
 
ownCloud, tu nube libre
ownCloud, tu nube libreownCloud, tu nube libre
ownCloud, tu nube libre
 
Proyecto diciembre 2012
Proyecto diciembre 2012Proyecto diciembre 2012
Proyecto diciembre 2012
 
4R2012 708 Trig Equations
4R2012 708 Trig Equations4R2012 708 Trig Equations
4R2012 708 Trig Equations
 
Virginia Herreros
Virginia HerrerosVirginia Herreros
Virginia Herreros
 
Paper 2 2008 - b
Paper 2   2008 - bPaper 2   2008 - b
Paper 2 2008 - b
 

Similaire à La politique et l'enjeu du style (1/3)

JFK : L'importance de l'éthos pour la construction du personnage politique
JFK : L'importance de l'éthos pour la construction du personnage politiqueJFK : L'importance de l'éthos pour la construction du personnage politique
JFK : L'importance de l'éthos pour la construction du personnage politiqueÓscar Rodicio Ramos
 
Lettre Exprimeo : Rick Perry ou le retour du cow-boy
Lettre Exprimeo : Rick Perry ou le retour du cow-boyLettre Exprimeo : Rick Perry ou le retour du cow-boy
Lettre Exprimeo : Rick Perry ou le retour du cow-boyNewday
 
Etats-Unis : les nouvelles Républicaines
Etats-Unis :  les nouvelles RépublicainesEtats-Unis :  les nouvelles Républicaines
Etats-Unis : les nouvelles RépublicainesNewday
 
Canada élections 2006
Canada élections 2006Canada élections 2006
Canada élections 2006Newday
 
Campagne Obama 2008 (Octobre 2008)
Campagne Obama 2008 (Octobre 2008)Campagne Obama 2008 (Octobre 2008)
Campagne Obama 2008 (Octobre 2008)Newday
 
MoveOn.org (1/2)
MoveOn.org (1/2)MoveOn.org (1/2)
MoveOn.org (1/2)Newday
 
Stratégies d'influence, le décryptage de François-Bernard Huyghe.
Stratégies d'influence, le décryptage de François-Bernard Huyghe.Stratégies d'influence, le décryptage de François-Bernard Huyghe.
Stratégies d'influence, le décryptage de François-Bernard Huyghe.Bruno Racouchot
 
Lettre Exprimeo : Tea Party : possible en France ?
Lettre Exprimeo : Tea Party :  possible en France ?Lettre Exprimeo : Tea Party :  possible en France ?
Lettre Exprimeo : Tea Party : possible en France ?Newday
 
Lettre Exprimeo : Obama : alerte ou divorce ?
Lettre Exprimeo : Obama : alerte ou divorce ?Lettre Exprimeo : Obama : alerte ou divorce ?
Lettre Exprimeo : Obama : alerte ou divorce ?Newday
 
Lettre Exprimeo 253
Lettre Exprimeo 253Lettre Exprimeo 253
Lettre Exprimeo 253Newday
 
La démocratie est-elle le meilleur régime ? Actualités d'une question ancienne.
La démocratie est-elle le meilleur régime ? Actualités d'une question ancienne.La démocratie est-elle le meilleur régime ? Actualités d'une question ancienne.
La démocratie est-elle le meilleur régime ? Actualités d'une question ancienne.Gabriel Gay-Para
 
L'infopollution. Appréhender l'information sur le Web à l'ère de la post-véri...
L'infopollution. Appréhender l'information sur le Web à l'ère de la post-véri...L'infopollution. Appréhender l'information sur le Web à l'ère de la post-véri...
L'infopollution. Appréhender l'information sur le Web à l'ère de la post-véri...Emanuela Chiriac
 
La politique et l'enjeu du style (2/3)
La politique et l'enjeu du style (2/3)La politique et l'enjeu du style (2/3)
La politique et l'enjeu du style (2/3)Newday
 
L'opinion et la manipulation
L'opinion et la manipulationL'opinion et la manipulation
L'opinion et la manipulationNewday
 
Les acrobates de l'innovation, Esprit, juillet 2011
Les acrobates de l'innovation, Esprit, juillet 2011Les acrobates de l'innovation, Esprit, juillet 2011
Les acrobates de l'innovation, Esprit, juillet 2011Jean-Baptiste Soufron
 
La politique et l'enjeu du style (3/3)
La politique et l'enjeu du style (3/3)La politique et l'enjeu du style (3/3)
La politique et l'enjeu du style (3/3)Newday
 
La propagande - La manipulation des foules
La propagande - La manipulation des foules La propagande - La manipulation des foules
La propagande - La manipulation des foules Ali Bedar
 
Propos sur des sujets qui m'ont titillé.pdf
Propos sur des sujets qui m'ont titillé.pdfPropos sur des sujets qui m'ont titillé.pdf
Propos sur des sujets qui m'ont titillé.pdfMichel Bruley
 
Vie publique France : les symboles
Vie publique France : les symbolesVie publique France : les symboles
Vie publique France : les symbolesNewday
 
The True Trump, a political quake in a virgin America
The True Trump, a political quake in a virgin America The True Trump, a political quake in a virgin America
The True Trump, a political quake in a virgin America cécile nebbot
 

Similaire à La politique et l'enjeu du style (1/3) (20)

JFK : L'importance de l'éthos pour la construction du personnage politique
JFK : L'importance de l'éthos pour la construction du personnage politiqueJFK : L'importance de l'éthos pour la construction du personnage politique
JFK : L'importance de l'éthos pour la construction du personnage politique
 
Lettre Exprimeo : Rick Perry ou le retour du cow-boy
Lettre Exprimeo : Rick Perry ou le retour du cow-boyLettre Exprimeo : Rick Perry ou le retour du cow-boy
Lettre Exprimeo : Rick Perry ou le retour du cow-boy
 
Etats-Unis : les nouvelles Républicaines
Etats-Unis :  les nouvelles RépublicainesEtats-Unis :  les nouvelles Républicaines
Etats-Unis : les nouvelles Républicaines
 
Canada élections 2006
Canada élections 2006Canada élections 2006
Canada élections 2006
 
Campagne Obama 2008 (Octobre 2008)
Campagne Obama 2008 (Octobre 2008)Campagne Obama 2008 (Octobre 2008)
Campagne Obama 2008 (Octobre 2008)
 
MoveOn.org (1/2)
MoveOn.org (1/2)MoveOn.org (1/2)
MoveOn.org (1/2)
 
Stratégies d'influence, le décryptage de François-Bernard Huyghe.
Stratégies d'influence, le décryptage de François-Bernard Huyghe.Stratégies d'influence, le décryptage de François-Bernard Huyghe.
Stratégies d'influence, le décryptage de François-Bernard Huyghe.
 
Lettre Exprimeo : Tea Party : possible en France ?
Lettre Exprimeo : Tea Party :  possible en France ?Lettre Exprimeo : Tea Party :  possible en France ?
Lettre Exprimeo : Tea Party : possible en France ?
 
Lettre Exprimeo : Obama : alerte ou divorce ?
Lettre Exprimeo : Obama : alerte ou divorce ?Lettre Exprimeo : Obama : alerte ou divorce ?
Lettre Exprimeo : Obama : alerte ou divorce ?
 
Lettre Exprimeo 253
Lettre Exprimeo 253Lettre Exprimeo 253
Lettre Exprimeo 253
 
La démocratie est-elle le meilleur régime ? Actualités d'une question ancienne.
La démocratie est-elle le meilleur régime ? Actualités d'une question ancienne.La démocratie est-elle le meilleur régime ? Actualités d'une question ancienne.
La démocratie est-elle le meilleur régime ? Actualités d'une question ancienne.
 
L'infopollution. Appréhender l'information sur le Web à l'ère de la post-véri...
L'infopollution. Appréhender l'information sur le Web à l'ère de la post-véri...L'infopollution. Appréhender l'information sur le Web à l'ère de la post-véri...
L'infopollution. Appréhender l'information sur le Web à l'ère de la post-véri...
 
La politique et l'enjeu du style (2/3)
La politique et l'enjeu du style (2/3)La politique et l'enjeu du style (2/3)
La politique et l'enjeu du style (2/3)
 
L'opinion et la manipulation
L'opinion et la manipulationL'opinion et la manipulation
L'opinion et la manipulation
 
Les acrobates de l'innovation, Esprit, juillet 2011
Les acrobates de l'innovation, Esprit, juillet 2011Les acrobates de l'innovation, Esprit, juillet 2011
Les acrobates de l'innovation, Esprit, juillet 2011
 
La politique et l'enjeu du style (3/3)
La politique et l'enjeu du style (3/3)La politique et l'enjeu du style (3/3)
La politique et l'enjeu du style (3/3)
 
La propagande - La manipulation des foules
La propagande - La manipulation des foules La propagande - La manipulation des foules
La propagande - La manipulation des foules
 
Propos sur des sujets qui m'ont titillé.pdf
Propos sur des sujets qui m'ont titillé.pdfPropos sur des sujets qui m'ont titillé.pdf
Propos sur des sujets qui m'ont titillé.pdf
 
Vie publique France : les symboles
Vie publique France : les symbolesVie publique France : les symboles
Vie publique France : les symboles
 
The True Trump, a political quake in a virgin America
The True Trump, a political quake in a virgin America The True Trump, a political quake in a virgin America
The True Trump, a political quake in a virgin America
 

Plus de Newday

Programme liste nous citoyens grenoble mars 2014
Programme liste nous citoyens grenoble mars 2014 Programme liste nous citoyens grenoble mars 2014
Programme liste nous citoyens grenoble mars 2014 Newday
 
Club 20 organisation
Club 20 organisation Club 20 organisation
Club 20 organisation Newday
 
Lettre 272
Lettre 272Lettre 272
Lettre 272Newday
 
Lettre Exprimeo : les nouvelles fonctions des sondages (3/3)
Lettre Exprimeo : les nouvelles fonctions des sondages (3/3)Lettre Exprimeo : les nouvelles fonctions des sondages (3/3)
Lettre Exprimeo : les nouvelles fonctions des sondages (3/3)Newday
 
Lettre Exprimeo : la fonction des sondages connait une mutation (2/3)
Lettre Exprimeo : la fonction des sondages connait une mutation (2/3)Lettre Exprimeo : la fonction des sondages connait une mutation (2/3)
Lettre Exprimeo : la fonction des sondages connait une mutation (2/3)Newday
 
Lettre Exprimeo : la fonction des sondages est en train de muter (1/3)
Lettre Exprimeo : la fonction des sondages est en train de muter (1/3)Lettre Exprimeo : la fonction des sondages est en train de muter (1/3)
Lettre Exprimeo : la fonction des sondages est en train de muter (1/3)Newday
 
Lettre Exprimeo : François Hollande et le socialisme des synthèses
Lettre Exprimeo : François Hollande et le socialisme des synthèsesLettre Exprimeo : François Hollande et le socialisme des synthèses
Lettre Exprimeo : François Hollande et le socialisme des synthèsesNewday
 
Livre de Pierre de Villard : "Faut-il quitter la France ?"
Livre de Pierre de Villard : "Faut-il quitter la France ?"Livre de Pierre de Villard : "Faut-il quitter la France ?"
Livre de Pierre de Villard : "Faut-il quitter la France ?"Newday
 
Lettre 252
Lettre 252Lettre 252
Lettre 252Newday
 
Lettre Exprimeo : la mode Alain Juppé
Lettre Exprimeo : la mode Alain JuppéLettre Exprimeo : la mode Alain Juppé
Lettre Exprimeo : la mode Alain JuppéNewday
 
Barack Obama et le rappel des facteurs de la défaite de novembre 2010
Barack Obama et le rappel des facteurs de la défaite de novembre 2010Barack Obama et le rappel des facteurs de la défaite de novembre 2010
Barack Obama et le rappel des facteurs de la défaite de novembre 2010Newday
 
Campagne 2008 de Barack Obama : les 15 ruptures
Campagne 2008 de Barack Obama : les 15 rupturesCampagne 2008 de Barack Obama : les 15 ruptures
Campagne 2008 de Barack Obama : les 15 rupturesNewday
 
Terres de Vénus présentation
Terres de Vénus présentationTerres de Vénus présentation
Terres de Vénus présentationNewday
 
Barack Obama et la présidentielle 2012 (1/2)
Barack Obama et la présidentielle 2012 (1/2)Barack Obama et la présidentielle 2012 (1/2)
Barack Obama et la présidentielle 2012 (1/2)Newday
 
MoveOn.org (2/2)
MoveOn.org (2/2)MoveOn.org (2/2)
MoveOn.org (2/2)Newday
 
France : la crise du militantisme
France :  la crise du militantismeFrance :  la crise du militantisme
France : la crise du militantismeNewday
 

Plus de Newday (16)

Programme liste nous citoyens grenoble mars 2014
Programme liste nous citoyens grenoble mars 2014 Programme liste nous citoyens grenoble mars 2014
Programme liste nous citoyens grenoble mars 2014
 
Club 20 organisation
Club 20 organisation Club 20 organisation
Club 20 organisation
 
Lettre 272
Lettre 272Lettre 272
Lettre 272
 
Lettre Exprimeo : les nouvelles fonctions des sondages (3/3)
Lettre Exprimeo : les nouvelles fonctions des sondages (3/3)Lettre Exprimeo : les nouvelles fonctions des sondages (3/3)
Lettre Exprimeo : les nouvelles fonctions des sondages (3/3)
 
Lettre Exprimeo : la fonction des sondages connait une mutation (2/3)
Lettre Exprimeo : la fonction des sondages connait une mutation (2/3)Lettre Exprimeo : la fonction des sondages connait une mutation (2/3)
Lettre Exprimeo : la fonction des sondages connait une mutation (2/3)
 
Lettre Exprimeo : la fonction des sondages est en train de muter (1/3)
Lettre Exprimeo : la fonction des sondages est en train de muter (1/3)Lettre Exprimeo : la fonction des sondages est en train de muter (1/3)
Lettre Exprimeo : la fonction des sondages est en train de muter (1/3)
 
Lettre Exprimeo : François Hollande et le socialisme des synthèses
Lettre Exprimeo : François Hollande et le socialisme des synthèsesLettre Exprimeo : François Hollande et le socialisme des synthèses
Lettre Exprimeo : François Hollande et le socialisme des synthèses
 
Livre de Pierre de Villard : "Faut-il quitter la France ?"
Livre de Pierre de Villard : "Faut-il quitter la France ?"Livre de Pierre de Villard : "Faut-il quitter la France ?"
Livre de Pierre de Villard : "Faut-il quitter la France ?"
 
Lettre 252
Lettre 252Lettre 252
Lettre 252
 
Lettre Exprimeo : la mode Alain Juppé
Lettre Exprimeo : la mode Alain JuppéLettre Exprimeo : la mode Alain Juppé
Lettre Exprimeo : la mode Alain Juppé
 
Barack Obama et le rappel des facteurs de la défaite de novembre 2010
Barack Obama et le rappel des facteurs de la défaite de novembre 2010Barack Obama et le rappel des facteurs de la défaite de novembre 2010
Barack Obama et le rappel des facteurs de la défaite de novembre 2010
 
Campagne 2008 de Barack Obama : les 15 ruptures
Campagne 2008 de Barack Obama : les 15 rupturesCampagne 2008 de Barack Obama : les 15 ruptures
Campagne 2008 de Barack Obama : les 15 ruptures
 
Terres de Vénus présentation
Terres de Vénus présentationTerres de Vénus présentation
Terres de Vénus présentation
 
Barack Obama et la présidentielle 2012 (1/2)
Barack Obama et la présidentielle 2012 (1/2)Barack Obama et la présidentielle 2012 (1/2)
Barack Obama et la présidentielle 2012 (1/2)
 
MoveOn.org (2/2)
MoveOn.org (2/2)MoveOn.org (2/2)
MoveOn.org (2/2)
 
France : la crise du militantisme
France :  la crise du militantismeFrance :  la crise du militantisme
France : la crise du militantisme
 

La politique et l'enjeu du style (1/3)

  • 1. N°258 - du 5 au 11 avril 2011 2012 : la nouvelle idéologie : le style ! (1/3)
  • 2. 2012 : la nouvelle idélogie : le style ! En 1960, John Kennedy part en campagne avec deux handicaps sérieux. D’une part, son âge car à 43 ans sa jeunesse est considérée comme une preuve d’incompétence. D’autre part, sa religion catholique car jusqu’alors tous les Présidents avaient été d’origine pro- testante. Première étape : JFK ou comment parler à l’oeil Pour ces deux raisons, en début de campagne, les Républicains voient l’ave- nir en rose au moment du démarrage des opéra- tions. Certes John Kennedy va traiter chacun de ses deux handicaps dont la réunion du 12 septembre où il aborde de front la question religieuse. Mais la donne a changé. Ken- nedy a mis en place une nouvelle campagne. Il conduit une communica- tion inédite, sans précé- dent. Sa vie est mise en scène. Son bateau de guerre (PT 109) devient le symbole de son endu- rance et de ses qualités de chef. Face à lui, Nixon est ré- duit au rôle de second d’Eisenhower. Il est atta- qué sur ses capacités de leadership avec des cam- pagnes négatives très of- fensives. Les Démocrates exploitent une déclaration très maladroite d’Eisenho- wer au sujet de Nixon. Puis c’est toute la «famille Kennedy» qui monte au front dont Jackie Kenne- dy. Lorsqu’elle n’est pas dans la caravane électo- rale, l’opinion a l’explica- tion : elle attend un en- fant. La télévision fait la différence. Kennedy arri- ve aux débats en ayant étudié tous les détails dont la couleur du fond du décor. Au dernier mo- ment, il change même la couleur de sa chemise pour qu’elle soit davanta- ge en harmonie avec le décor. Nixon fatigué par une récente opération du genou paraît exténué, le teint pâle, laiteux, la bar- be naissante ; bref l’air du battu face à la jeunes- se éclatante pleine de santé, de vigueur, d’opti- misme. A la fin du débat, les son- dages sont organisés et ils révèlent une situation étonnante. Les personnes qui ont écouté le débat à la radio donne Nixon gagnant. Celles qui ont vu le débat à la télévision donnent Kennedy très largement en tête. Les secondes sont infiniment plus nom- breuses que les premières car la télévision est déjà à cette époque chez 44 mil- lions de foyers américains soit 88 % de la popula- tion. Le 4 novembre, Kennedy gagne. Il devient «l’élu de la télévision». L’impact du seul visuel a été tellement 2
  • 3. 2012 : la nouvelle idéologie : le style ! (1/3) 3 JFK et la nouvelle frontière En dépit de l’immensité de la fortune familiale, JFK a joué la carte de la simplicité, de la proximité, du contact direct, du partage des préoccupations des plus déshérités. Il a invité l’opinion à «faire partie de la famille Kennedy» en ouvrant la connaissance à tous les membres de la famille à l’exemple de l’émission qui proposait de «prendre une tasse de café avec Jackie Ken- nedy». La communication pu- blique venait de changer d’â- ge.
  • 4. grand que tous les candi- dats vont refuser de dé- battre à la télévision jus- qu’en 1976 où le défi est alors relevé par Ford et Carter. Le leadership moderne en politique était né. Seconde étape : Rea- gan ou l’intelligence émotionnelle La seconde étape majeu- re date des années Rea- gan. Il est le grand com- municateur. Il ne parle pas de politique mais des valeurs qui guident la vie de tous les jours : un su- jet, une anecdote, un sourire et l’adhésion est emportée. C’est le produit d’un tra- vail méticuleux. Il invente le «Président Téfal» celui à qui aucun échec ne colle à la peau. Tout est scénarisé. C’est un spectacle permanent avec un «happy ending». Reagan est le héros qui lance les grandes aventu- res, qui réussit contre tous les courants contrai- res. Avec Reagan, la politique devient une histoire. Dans la dernière ligne droite avant le vote, Reagan achète des espaces publi- citaires sur les grands ré- seaux. De quoi parle-t-il alors ? Des dossiers les plus importants ? Il ra- conte «qu’il vient de per- dre un ami (John Wayne) et juste avant sa mort, cet ami lui a fait prendre un engagement simple : donne à l’Amérique une raison de vivre et elle triomphera de tout». C’est l’optimisme holly- woodien avec une présen- tation manichéenne d’une extrême simplicité. Le 4 novembre 1980 à soixante dix ans, Reagan devient le plus âgé des Présidents élus mais le plus moderne de ses Pré- sidents. Il va mener sa gestion présidentielle comme ses campagnes. Une fois les dossiers les plus sérieux de la planète traités, le Président repart dans son ranch, monte à cheval, taille le bois. C’est sain, sportif, viril faisant réfé- rence aux clichés les plus forts du Far West. En 1980 l’élection est bril- lante. En 1984, la confir- mation l’est autant. La personnalité est adulée même si l’opinion est plus mesurée sur le bilan concret. Le 6 novembre 1984, Reagan remporte 49 Etats sur 50 réunissant 59 % des électeurs sur l’ensem- ble de l’Etat fédéral. Au lendemain de sa ré- élection, alors qu’il est in- vité à commenter les ré- sultats, il énonce avec un 2012 : la nouvelle idéologie : le style ! (1/3) 4
  • 5. grand naturel «et nous n’avez encore rien vu !». La seconde étape dans le leadership moderne était franchie. Il n’était plus question de compétences intellectuel- les mais de compétences émotionnelles et physi- ques : savoir parler à l’in- telligence émotionnelle de l’opinion. Troisième étape : Oba- ma ou le leadership as- socié En 2008, Obama fait naî- tre et vivre une nouvelle étape : le leadership as- socié. Cette étape ajoute de nouvelles données aux deux premières étapes parce de nouveaux sup- ports sont nés avec les nouvelles technologies. Obama a créé un nou- veau leadership en 2008 : le leadership de possibili- té orienté vers des es- poirs grâce à la mobilisa- tion de chacun en s’éloi- gnant de la reproduction de vieux modèles basés sur la contrainte ou sur l’excessive délégation. Facebook, Twitter, Inter- net … ont été les moyens, les outils d’une campagne qui reposait sur un objec- tif considérablement plus ambitieux : répondre au besoin d’idéal de la socié- té Américaine. La campagne 2008 d’O- bama, c’est d’abord la soif d’idéal. Dans cette soif d’idéal, c’est aussi la rencontre entre le «je» et le «nous». Pour donner un sens à sa vie, il faut assu- rer la rencontre de soi et des autres. Le développement per- sonnel passe par un en- gagement social. Ce parti pris d’idéal col- lectif associé à une forte implication individuelle, c’est l’axe stratégique de la campagne de Barack Obama. Le choix fort a été ensui- te, grâce à des outils, d’offrir de s’associer à cet idéal pour le transformer en idéal commun. Ces ou- tils ont «vendu de la rela- tion». Mais Barack Obama a d’a- bord «vendu de l’idéal» y compris par la force de son propre cursus person- nel mais bien au-delà par le symbole de tous ses grands projets. Les outils ont permis de bâtir l’adhésion du grand nombre à cet idéal puis de s’affirmer comme une «marque». Parce qu’on adhérait à la campagne de Barack Obama, on montrait que l’on partageait une vision et des engagements. Gary Hart ou la force de l’image Le mardi 13 mars 1984, jour de nombreuses primaires, l’o- pinion américaine découvre Gary Hart qui gagne en Floride, au Massachsetts, dans le Rho- de Island … Il gagne sans aucune base électorale, avec des moyens financiers particulièrement fai- bles. Mais il a le «look Kenne- dy» (voir photo bas page 08). Il cultive toutes les similitudes possibles : de la mèche de cheveux à la façon de marcher. En quelques semaines, Hart devient le « candidat de la mo- dernité » par référence à un look du … passé. Mais le mythe Kennedy était tellement fort qu’il pouvait être le tremplin vers tout. Le Sénateur du Colorado est mode. En quelques semaines, d’inconnu, il devient célèbre suivi par onze équipes de télé- vision et plus de 70 journalis- tes. En 1988, fort de sa popularité mieux installée, il s’engage dans les primaires mais il doit les quitter sur un scandale de vie privée. Sans ce scandale, cette année 1988 remplissait toutes les conditions pour être « son ren- dez-vous » face à un profil comme GW Bush peu affirmé. Bien que candidat en deux oc- casions, difficile de donner des idées fortes de Gary Hart. Il était un style, le rappel d’un leadership qui parlait aux Dé- mocrates. Avec des moyens très faibles, un style avait changé la dimen- sion d’une candidature. 2012 : la nouvelle idéologie : le style ! (1/3) 5
  • 6. I l a a n n o ncé l a «conscientious living», c'est-à-dire un style de vie mesuré qui est la re- cherche de sens. C’est la fin du consumé- risme ostentatoire (style de vie «bling bling»). La campagne Obama a démarré comme créatrice de valeur. Par son succès, elle est devenue créatrice de mode. Au moment où elle est devenue créatrice de mo- de, les «premiers enga- gés» ont d’ailleurs mal vécu la perte de leur dif- férenciation initiale. Les rencontres avec les acteurs de la première heure étaient très signifi- catives. Ils exprimaient presque une forme de re- gret d’être désormais sui- vis par tant de personnes. Ils s’estimaient dilués, dé- passés. La marque dis- tinctive initiale était en voie de disparition. Par conséquent, toutes les approches qui consis- tent à analyser la com- munication de Barack Obama comme la mobili- sation de réseaux com- munautaires, l’émergence d’un style de «cool attitu- de» qui rompt avec l’ima- ge classique du pouvoir … nous semblent passer à côté de la vraie vague de fond : répondre à la soif d’idéal comme rencontre entre un engagement personnel et une mobili- sation collective. C’est le moment où la po- litique vient à la rescous- se de la vie ; ce qui expli- que d’abord la mobilisa- tion militante puis celle civique du vote. Parce que la vague de fond était celle-là, la crise d’octobre a amplifié la portée du phénomène Obama. La crise financière deve- nait la démonstration ob- jective d’un radeau à la dérive. La confrontation entre ce nouveau style (Obama) et l’incarnation de ceux qui avaient failli au point d’a- mener le bateau au point de couler (McCain) pro- duisait des effets encore plus implacables. 2012 : la nouvelle idéologie : le style ! (1/3) 6
  • 7. Sur l’image du leader, Ba- rack Obama marque d’a- bord le retour en force du leader de charme. Il est en campagne per- manente avec de très nombreux déplacements sur le terrain. Ses déplacements produi- sent toujours le même vi- suel : le rassemblement, l’action, le dialogue, la mobilisation. Le temps de crise produit une sur-personnalisation que Barack Obama met en scène avec efficacité et réussite pour l’instant sans innovation particu- lière. Sur le fond, il restaure la place de l’intérêt général. Ou plutôt, son discours repose en permanence sur trois piliers : • il n’est pas possible de résoudre les pro- blèmes avec ceux qui les ont créés, • il y a un intérêt gé- néral qui dépasse la somme des intérêts particuliers, • les solutions passent par la renaissance de la démocratie. C’est ce contenu même du discours qui est le plus novateur. Le premier socle consiste à «tourner la page». La crise provient de compor- tements qui ne doivent pas se reproduire. Le sys- tème qui a créé la crise non seulement n’est plus crédible mais il est fautif. Il faut donc évoluer vers un autre ensemble de rè- gles porté par de nou- veaux leaders. Ce nouvel ensemble de règles doit reposer sur une place nouvelle accor- dée à la notion d’intérêt général. 2012 : la nouvelle idéologie : le style ! (1/3) 7
  • 8. sont concernés tous les décideurs politiques mais bien au-delà. C’est ce dernier volet qui ajoute à la nouveauté. Le Prési- dent Américain veut faire renaître la démocratie. Il récuse la notion de ci- toyen spectateur pour évoluer en permanence vers celle de citoyen ac- teur. Toutes les images vont dans cette direction prin- cipale : retrouver le sens d’une communauté où chacun agit. Le discours de Barack Obama n’est pas le «retour de l’Etat», c’est la naissance de l’intérêt gé- néral dans la politique Américaine. Jusqu’alors, la politique Américaine reposait sur la notion de l’équilibre consenti entre des inté- rêts particuliers qui doi- vent négocier pour déga- ger un terrain d’entente. La notion même d’intérêt général était très exté- rieure à la politique Amé- ricaine. L’intérêt général fait une entrée fracassante dans la politique Américaine ; d’où l’actuel débat sur la «socialisation» de la poli- tique. Classiquement, deux questions se posent im- médiatement : • qu’est ce que l’intérêt général ? • qui en a la charge ? A la première question, Barack Obama répond par des grandes causes natio- nales comme la défense de l’emploi, la mise en place de la couverture santé … A la seconde question, il a tendance à répondre que Editeur : Newday www.exprimeo.fr 2012 : la nouvelle idéologie : le style ! (1/3) 8
  • 9. 2012 : la nouvelle idéologie : le style ! (2/3) 9 Tim Pawlenty a lancé son co- mité politique pour 2012. Mitt Romney organise ses 15 dîners de levées de fonds pour affirmer une puissance de tir grâce à un «trésor de guerre» sans rival possible. Jon Huntsman publie la liste de ses premiers collaborateurs dans le cadre de son équipe pour 2012. … Le combat est engagé. Mais l’enjeu ne paraît plus être le programme mais ...le style. Parution le : 12 avril 2011.