Lors des élections intermédiaires de novembre 2010, Barack Obama a subi une défaite cinglante. Bon nombre des facteurs d'alors se retrouvent aujourd'hui et même de façon amplifiée ...
Barack Obama et le rappel des facteurs de la défaite de novembre 2010
1. N°229 - semaine du 24 août au 31 août 2010
Barack Obama face à la défaite
- Les sondages actuels
- Les explications
- Les conséquences
La
tempête de
novembre
2010 ?
2. Barack Obama peut-il
encore inverser la
tendance ?
Tous les sondages placent
les Républicains en tête.
Des scrutins emblémati-
ques pour les Démocrates
s’annoncent pour le
mieux serrés ou quasi-
ingagnables. En Califor-
nie, Meg Whitman est en
passe de réussir un ex-
ploit inconcevable il y a
quelques mois quand la
mode était alors de se
moquer des pratiques de
«Queen Meg». Dans le
même Etat, Carly Fiorina
se détache et acquiert dé-
sormais une marge de sé-
curité face à la Sénatrice
Démocrate sortante, Bar-
bara Boxer.
Harry Reid, leader des
Démocrates au Sénat, ré-
élu sans difficulté depuis
1987 est au coude à cou-
de avec Sharron Angle,
candidate de la «Sarah
team».
Et la liste des défaites
cinglantes pourrait être
longue.
La Maison Blanche recon-
naît déjà que la Chambre
des Représentants est
perdue.
Il pourrait en être de mê-
me du Sénat où pas
moins de 13 sièges sont
actuellement tantôt dans
des duels au coude à cou-
de tantôt placés dans des
prévisions favorables aux
candidats Républicains.
Comment faire renaître
la flamme de 2008 ?
Tous les indicateurs sont
au rouge. Plus de 60 %
des Américains désap-
prouvent la gestion prési-
dentielle. Les rumeurs les
plus fantaisistes, dont cel-
le sur la religion du Prési-
dent, ont maintenant pri-
se. Sur le seul mois de
juillet 2010, sur le plan
fédéral, le Parti Républi-
cain a levé 8, 5 millions
de dollars quand pour le
même mois, le Parti Dé-
mocrate levait … 6, 2 mil-
lions de dollars.
A quoi est dû ce total re-
tournement de tendan-
ce ?
Certes, l’économie ne re-
démarre pas. Les déficits
se creusent. Les Républi-
cains déchaînent les cam-
pagnes négatives où ils
excellent. Mais, le mal
paraît plus profond com-
me si le «charme Obama»
n’opérait plus.
En 2008, la mode était au
changement. En 2010, la
mode est à la punition. Le
résumé de cette évolution
pourrait accréditer l’idée
selon laquelle l’opinion a
muté. Elle est restée la
même respectant les ten-
dances profondes qui
avaient fait la victoire de
2008.
Tout d’abord, chacun vote
pour soi et pas pour un
candidat. La nouvelle gé-
nération est consomma-
trice. Elle vise d’abord l’a-
mélioration de son sort
individuel. Aucun signe ne
lui permet de penser que
la politique d’Obama va
améliorer la situation in-
2
3. Tous les indicateurs
sont au rouge :
• Chambre des Repré-
sentants perdue en
novembre,
• 13 scrutins au Sénat
incertains donc doute
sur la majorité au Sé-
nat,
• 41 % d’opinions favo-
rables,
• 62 % de désapproba-
tion de la politique
présidentielle,
• ...
Barack Obama face à la tempête de novembre 3
4. dividuelle d’une large ma-
jorité des citoyens Améri-
cains ; bien au contraire.
L’opinion vote pour une
star mais à la condition
qu’elle lui ressemble. En
2008, Obama était le can-
didat de proximité. C’est
ce trait de tempérament
qui a fait sa force au sein
même du Parti Démocrate
dans la lutte implacable
contre Hillary Clinton
alors perçue comme l’ex
First Lady.
Enfin, l’opinion vote pour
un gagnant et pas pour
un perdant. Dès que les
sondages ont été annon-
ciateurs d’une vague ré-
publicaine, ils ont amplifié
cette contestation nais-
sante, entrant dans cette
d y n a m i q u e a u t o -
entretenue qui modèle
une partie de l’opinion qui
accompagne le courant
dominant.
Les critères de 2008 sont
restés les mêmes. Hier,
ils ont fait la victoire d’O-
bama. Aujourd’hui, ils
creusent sa défaite.
La nouvelle révolution
conservatrice
Ce qui est plus inquiétant
pour le Président en exer-
cice, c’est qu’une nouvelle
révolution conservatrice
est en marche. Cette ré-
volution annonce des
jours sombres avec quand
même heureusement
quelques embellies éven-
tuelles.
Les jours sombrent nais-
sent de circonstances po-
litiques très compliquées
pour la seconde moitié de
son premier mandat. Il lui
va falloir partager le pou-
voir avec l’impact psycho-
logique d’une nouvelle
majorité plus fraîche car
sortie des urnes lors de la
toute dernière élection.
Cette nouvelle majorité
aura souvent gagné sa
légitimité sur des bases
radicales, avec des for-
mulations populistes qui
ne supportent pas les
nuances. Donc les bras de
fer devraient être vio-
lents.
Mais surtout, puisque fra-
gile, le Président en exer-
cice apparaît battable en
2012. Par conséquent, les
meilleurs des Républi-
cains vont passer à l’as-
saut de la prochaine
échéance présidentielle.
C’est d’ailleurs là, le véri-
table enjeu politique des
élections dites du mid
term. Si l’exécutif les ga-
gne, il calme les ardeurs
des meilleurs concur-
rents. S’il les perd, il s’ex-
pose aux candidatures
des plus redoutables
concurrents.
De cette fragilité peut pa-
radoxalement naître une
embellie pour Obama. Les
Républicains vont devoir
vivre une compétition in-
terne redoutable. Non
seulement, parce que les
candidats sont nombreux.
Barack Obama face à la tempête de novembre 4
5. Mais surtout, parce qu’ils
demeurent séparés sur
des questions de fond en-
tre des radicaux qui sur-
fent sur les valeurs du
Mouvement Tea Party et
les modérés toujours per-
suadés que la présiden-
tielle se gagne au centre
avec la capacité à se ral-
lier les couches moyen-
nes.
Les radicaux ont des thè-
ses qui peuvent inquiéter
les couches moyennes.
Bien davantage, les radi-
caux ont une figure em-
blématique, Sarah Palin,
qui n’a pas la présidentia-
lité requise.
Quel équilibre sera obte-
nu dans le temps sur
2011 ? Toujours plus mo-
bilisés, les radicaux de-
vraient encore hausser le
ton dans la foulée de la
probable victoire de no-
vembre 2010.
Hausseront-ils le ton au
point de susciter une can-
didature indépendante
sortie des rangs Républi-
cains classiques mais qui
changerait totalement la
donne en captant une
part même modeste des
voix républicaines ?
En novembre 2010, Oba-
ma va perdre la main.
Il devra ensuite jouer en
contre pour profiter des
faiblesses du camp adver-
se. Ces faiblesses exis-
tent. Elles sont même
nombreuses et profondes.
Un impératif : restau-
rer son leadership
culturel
Le danger ultime pour
Obama c’est l’évolution
éventuelle de son image
vers une carterisation.
Jimmy Carter est l’exem-
ple à ne pas suivre. Cette
morale du «cœur en ban-
doulière» est considérée
comme le socialisme ram-
pant sur le plan intérieur
par la multiplication des
programmes fédéraux.
C’est la faiblesse à l’inter-
national par la multiplica-
tion de précautions inuti-
les.
Ces deux logiques heur-
tent les classes moyen-
nes. Sur le plan intérieur,
les programmes fédéraux
annoncent des hausses
d’impôts et de bureaucra-
tie. Sur le plan internatio-
nal, les précautions sont
ressenties comme des
handicaps à l’efficacité,
donc une dévalorisation
de la force américaine et
une fragilisation des inté-
rêts américains.
Cette carterisation est la
stratégie mise en place
par le Parti Républicain
qui n’hésite plus à mettre
en doute les qualités de
Commandant en Chef
pour évoquer celles du
«Comédien en Chef».
C’est le sillon de Sarah
Palin quand elle dénonce
le fait que selon elle «le
Président Obama n’aurait
Sarah Palin :
à l’offensive !
Sarah Palin est sur tous les
fronts : réunions de soutien
à des candidats républi-
cains, colloques locaux du
mouvement Tea Party et
émissions à la TV. Sa course
pré-présidentielle répond
aux conclusions d’études
très précises.
Les Républicains attendent
un leader fort. Leur principal
critère est l’examen de la
force morale de son tempé-
rament. Pour les Démocra-
tes, c’est la capacité de ju-
gement qui compte.
La sécurité nationale est la
première priorité pour les
Républicains tandis qu’elle
est largement devancée par
l’économie pour les Démo-
crates. Pour ces derniers,
les questions sociales arri-
vent même devant la sécu-
rité nationale.
Mais surtout, il résulte que
l’électeur Américain ne vote
pas pour un candidat quand
il ne le connaît pas.
Ces données portaient en
elles les scores des primai-
res 2008.
Sarah Palin est actuellement
la présidentiable qui effec-
tue le «tour de chauffe» le
plus intense et méthodique.
Il est même question de la
«team Sarah» qui truste les
investitures locales. Des in-
vestitures ou des responsa-
bilités qui pèseront très
lourd en 2011 lors des pri-
maires internes au Parti Ré-
publicain pour le choix de
son représentant en 2012.
Barack Obama face à la tempête de novembre 5
6. Janvier 2010 : le message de
Boston ...
En janvier 2010, le Républicain, Scott
Brown, a défait la candidate démocrate,
Martha Coakley, avec 53% des suffrages
contre 47% à sa principale adversaire
lors d'une élection partielle.
La circonscription sénatoriale de Ted
Kennedy échappait aux Démocrates. Le
Président Obama était descendu dans
l'arène le dimanche précédant en effec-
tuant un voyage éclair à Boston pour ap-
porter son soutien à Martha Coakley.
Il a rappelé à la foule des partisans dé-
mocrates que les grandes initiatives de
sa présidence --la couverture médicale,
la lutte contre les gaz à effet de serre et
la réforme financière-- étaient en jeu.
Brown a parlé simple sur peu de sujets.
C'est la logique de la campagne qui
transforme le scrutin en referendum :
emploi et fiscalité.
Après d’autres défaites significatives lors
de partielles, les Démocrates ont inter-
prété «ce message de Boston» comme
un vote local entre un candidat républi-
cain très charismatique et une candidate
démocrate très … effacée.
Les démocrates ont regretté que, Vicki,
la veuve de Ted Kennedy, n’ait pas été
leur candidate et ont alors considéré que
le score aurait été inversé.
Ce vote avait probablement une portée
considérablement plus large. L’opinion
passait ses premiers messages même
dans un «sanctuaire démocrate». La va-
gue républicaine avait pris naissance et
allait gagner en volume.
pas les couilles» pour
conduire la politique de
lutte contre l’immigration.
C’est presque du copier /
coller avec les campagnes
publicitaires de Reagan le
présentant en 1980 com-
me «un homme».
Ce nouveau leadership
culturel doit remplir deux
missions essentielles.
D’une part, réconcilier
Obama avec les couches
moyennes qui feront la
décision en 2012.
D’autre part, mobiliser
des segments électoraux
de couches sociales défa-
vorisées qui avaient
beaucoup voté en 2008 et
qui se sont réfugiées de
nouveau dans l’absten-
tion.
Construire une nouvel-
le équipe
2008 a été la victoire d’u-
ne nouvelle génération.
Depuis cette date, elle est
au pouvoir. Dans ce ca-
dre, les actes n’ont pas
toujours été à la hauteur
des espoirs d’alors.
Le thème du changement
des mœurs de Washing-
ton n’a pas donné lieu à
des faits marquants.
Des réformes dont celle
de la santé ont renvoyé
les Démocrates aux vieux
démons des images d’an-
tan : bureaucratie et im-
pôts fédéraux croissants.
Si les promesses n’ont
pas toujours donné les
résultats escomptés, des
modifications jugées trop
mineures ont parfois dé-
mobilisé à l’exemple de la
continuité en matière de
défense.
La mode est désormais
aux «nouveaux Républi-
cains» : Thune, Cantor,
Brown, Angle, Fiorina,
Haley ...
Les ex nouveaux Démo-
crates ont tardé à impri-
mer leur valeur ajoutée.
Les uns subissent le pro-
cès de «centrisme» à
l’exemple de Mark Warner
tandis que d’autres sont
qualifiés de «socialistes».
Dans les deux cas, ce
sont des qualificatifs qui
pénalisent dans la vie pu-
Barack Obama face à la tempête de novembre 6
7. blique Américaine.
Le focus de l’opinion n’est
plus dirigé à destination
des «nouveaux Démocra-
tes» mais à destination
des «nouveaux Républi-
cains».
Ces derniers sont suppo-
sés incarner l’opinion pro-
fonde de l’Amérique dura-
ble.
Pour «reprendre la main»,
les ex-nouveaux Démo-
crates doivent régler trois
enjeux majeurs :
• la reprise économi-
que,
• la stabilisation des
prélèvements obliga-
toires,
• la réconciliation avec
les classes moyennes
probablement par le
biais de la moralisa-
tion de l’industrie fi-
nancière.
Le lendemain des élec-
tions de novembre s’an-
nonce comme une res-
tructuration en profon-
deur de l’équipe d’Obama.
L’actuel Secrétaire Géné-
ral de la Maison Blanche
pourrait quitter son poste
ouvrant une réorganisa-
tion en profondeur non
seulement des collabora-
teurs personnels directs
du Président mais aussi
des membres du Cabinet.
Le sort de son équipe
économique sera observé
à la loupe et plus particu-
lièrement le sort de deux
ou trois conseillers emblé-
matiques jugés trop pro-
ches de Wall Street. C’est
le cas de Tim Geithner,
actuel Secrétaire d’Etat
au Trésor, qui incarne le
poids excessif des finan-
ciers. La reconduction du
ticket Geithner - Sum-
mers susciterait des pas-
ses d’armes redoutables
au Congrès.
Ce qui est plus inquiétant
à ce sujet c’est une dou-
ble rupture. D’une part,
l’approche bipartisane est
passée de mode compte
John Thune : le Républicain modéré
John Thune incarne la nouvelle génération
du Parti Républicain.
Il est Sénateur du Dakota du Sud. Il fait
partie des orateurs vedettes pour les candi-
dats aux élections de novembre 2010.
Toute son histoire personnelle le relie au
Dakota du Sud où il est né le 7 janvier
1961. Il a grandi dans la ville de Muro
(Dakota du Sud). Il a effectué son parcours
universitaire dans cet Etat. En 1984, il épou-
se Kimberley Weems, elle-même originaire
de cet Etat. Son parcours professionnel est
toujours lié à la politique. Il débute comme
Assistant de Jim Abdnor, Sénateur. Puis il
occupe des postes administratifs dans des
structures gérées par des responsables ré-
publicains.
Sa première candidature date de 1996
quand il est élu à la Chambre des Représen-
tants. Il connaît deux réélections à cette
fonction dont l’une particulièrement brillante
puisqu’il capitalisera la plus grande marge
dans l’histoire du Dakota du Sud lors d’une
élection.
En 2002, il se présente au Sénat mais il est
battu. Il se présente alors dans une autre
circonscription sénatoriale en 2004. A cette
époque, peu d’observateurs parient sur ses
chances de victoire car il est candidat contre
le Démocrate Tom Daschle qui n’est autre
que le leader des Démocrates au Sénat.
Pourtant, le 2 novembre 2004, il bat Tom
Daschle et devient l’un des symboles de la
jeune génération républicaine.
Il est libéral en économie, conservateur sur
les valeurs.
Il a construit avec méthode l’image du Sé-
nateur travailleur, bon père de famille, pas-
sionné de sports (basket et jogging), à l’é-
cart des mœurs de Washington, préférant la
chasse au faisan dans les prairies aux lon-
gues réunions dans la Capitale fédérale.
Mais John Thune considère que la présiden-
tielle se gagne toujours au centre. Par
conséquent, il garde ses distances avec les
thèses les plus populistes du Mouvement
Tea Party.
Barack Obama face à la tempête de novembre 7
8. relativement égales. Si la
victoire est acquise, il fait
le pas de faço n
ostentatoire y compris
parfois contre des
ancrages conservateurs
comme lors de la
première campagne de
T o n y B l a i r . L e
communiqué du Groupe
pour expliquer les
v e r s e m e n t s f a i t
"référence à des valeurs
en période critique pour
l'économie". C'est le
probable marqueur le plus
manifeste de la victoire
a s s u r é e p o u r l e s
Républicains et d'une
défaite d'ampleur pour les
Démocrates.
En 2008, le schéma était
clair même en dehors du
vote sanction contre GW
Bush. Il y avait d'un côté
le candidat du quotidien
(Obama) et de l'autre
celui qui ne connaissait ni
le nombre de ses
propriétés ni celui de ses
véhicules (McCain) ... La
partie était trop inégale.
O b a m a t r a v e r s e
a c t u e l l e m e n t u n e
véritable crise d’identité.
Il doit reconquérir sa
valeur ajoutée initiale.
Est-ce possible en étant
le Président en exercice ?
tenu de la radicalisation
des positions républicai-
nes. Mais surtout, la mo-
de au sein des Démocra-
tes est à la distanciation
avec les positions d’Oba-
ma à l’exemple caricatu-
ral des dernières prises
de positions sur l’installa-
tion de la Mosquée à
Ground Zero. Un sujet qui
résume à lui seul la réac-
tivité de l’opinion comme
l’ampleur du fossé d’in-
compréhension qui s’est
creusée.
Si le noyau dur de l’équi-
pe de 2007-2008 est
voué à demeurer (Plouffe,
Axelrod, Favrau …), il fau-
dra trouver des nouvelles
personnalités dans des
conditions très difficiles
qui risquent de neutrali-
ser bon nombre des meil-
leurs atouts potentiels.
Une information récente a
établi la gravité de la si-
tuation actuelle. News
Corp, groupe de Rupert
Murdoch, vient de verser
un million de dollars au
Parti Républicain. Un
signe de plus de l'actuelle
fragilité politique de
B a r a c k O b a m a . L a
tradition du groupe
Murdoch est simple :
accompagner la victoire.
Si la victoire est indécise,
il répartit ses versements
dans des conditions
Editeur :
Newday
Directeur
De publication :
Denis BONZY
Barack Obama face à la tempête de novembre 8
9. Lettre 230 : Premier Ministre, une fonction en péril ? 9
Au sommaire de notre
prochain numéro :
• L’évolution de la
fonction de Premier
Ministre
• Les perspectives
possibles
• Matignon et la prési-
dentielle 2012
Parution le 31 août 2010