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IMPACT DES BONS BRH SUR LE CRÉDIT EN HAÏTI :
UNE MODÉLISATION VAR (OCTOBRE 1996 À SEPTEMBRE 2010)
Mémoire de sortie préparé et présenté par :
Albert PIERRE LOUIS
Pour l’obtention du grade de licencié ès Sciences Économiques
Sous la direction du professeur :
Thébeau MICHEL
Promotion 2006 - 2010
Port-au-Prince, Août 2011
i
REMERCIEMENTS
Après avoir passé quatre ans à la FDSE en acquérant toutes sortes de connaissances qui
me seront utiles pour le reste de ma vie, je suis parvenu à ce stade d’élaboration de mon mémoire
de sortie, considéré comme l’ultime étape du cursus de formation de l’étudiant pour l’obtention
du grade de licencié ès Sciences Économiques. La réalisation de ce travail, j’en suis conscient, a
été rendue possible avec le concours de plusieurs personnes auxquelles je désire adresser mes
plus sincères remerciements.
Je remercie d’abord le grand JE SUIS (YHWH), dans son omniscience, m’a pourvu de la
sagesse et de l’intelligence nécessaire pour réaliser ce travail de recherche.
Un grand merci à la Fondation Gérard Pierre Charles pour son appui financier à la
réalisation de ce mémoire.
J’adresse particulièrement des remerciements à mon directeur de mémoire, Thébeau
Michel pour avoir mis à ma disposition son précieux temps et pour ses nombreuses remarques et
suggestions très utiles dans le cadre de ce travail.
Des remerciements spéciaux vont également à Ogisma Lonège et Jean Marie Cayemitte
pour leurs conseils et commentaires sur ce présent travail.
Je remercie nos collègues étudiants de la promotion 2006-2010 pour l’esprit de solidarité
et camaraderie qu’ils ont su montrer tout au long de ces quatre années d’études.
Enfin, que tous ceux et toutes celles qui d'une manière ou d'une autre m'ont aidé,
encouragé à réaliser ce travail, par leurs soutiens (Carl Nally Regi Simon et Emmanuelle Jean
Baptiste), conseils, critiques, et suggestions, trouvent l’expression de notre profonde
reconnaissance.
À vous chers lecteurs, que vous puissiez en tirer profit et qu'en revanche vous puissiez y
apporter certaines critiques constructives car un travail humain n'est jamais parfait, à tous nous
réitérons notre reconnaissance.
ii
DÉDICACE
Je dédie ce mémoire à mes mères, à mes frères et sœurs pour leur participation combien
importante dans ma formation, et aussi pour le goût de la recherche qu’ils ont stimulé en moi.
Merci pour l’éducation équilibrée qui m’a été enseignée à savoir spirituelle, intellectuelle,
mentale, physique et sociale afin de faire face à la vie.
Merci du fond du cœur !
L’argent ensorcèle l’homme. On se fait du souci à son sujet, on s’en use
pour lui. L’homme invente les moyens les plus ingénieux pour le procurer
et les plus ingénieux aussi pour le dépenser. C’est le seul bien qui ne sert à
rien si l’on ne s’en sépare. Il ne nourrit personne, il n’habille personne, il
n’amuse personne, à moins qu’on ne s’en départe. Il y a des gens qui
feraient n’importe quoi pour en obtenir, et l’argent peut aussi faire à peu
près n’importe quoi pour ceux qui en ont. La monnaie est une énigme
captivante, mouvante, elle porte mille masques.
Traduction de Federal Reserve Bank of Philadelphia, « Creeping
Inflation », Business Review, August 1957, p.3.
Le Crédit a fait beaucoup plus, un millier de fois plus, pour
enrichir les nations que toutes les mines du monde. Il a excité le
travail, stimulé les entreprises, étendu le commerce sur tous les
horizons, et amena chaque nation, chaque royaume et chaque
petite tribu des races humaines à être connus du Reste du Monde.
WEBSTER Daniel
iii
RÉSUMÉ
IMPACT DES BONS BRH SUR LE CRÉDIT EN HAÏTI :
UNE MODÉLISATION VAR (OCTOBRE 1996 À SEPTEMBRE 2010)
Albert PIERRE LOUIS
Sous la direction de Thébeau MICHEL
Août 2011, 85 pages
Ces dernières années nous constatons qu’il y a rationnement du crédit en Haïti, c’est-à-
dire les banques commerciales refusent d’octroyer du crédit aux agents économiques. Par contre,
cœteris paribus, elles préférèrent investir dans les bons BRH qui sont de loin plus sûrs. Notre
travail consiste à montrer l’impact négatif des bons BRH sur le crédit. Pour confirmer cette
affirmation nous avons utilisé la modélisation du Vecteur Autorégressif (VAR). Les résultats
montrent qu’un choc de 1% des bons BRH a un impact cumulé négatif très faible à court et à
long terme sur le crédit, après un mois (-0.19%), après trois mois (-0.28%) et devient constant
après cinq mois (-0.27%). Outre, nous avons trouvé que le crédit est dû à 94.90% de ses propres
innovations et à 0.77% des innovations des bons BRH. Donc, les bons BRH ont un impact
négatif faible sur le crédit en Haïti.
Mots clés : Crédit, bons BRH, Vecteur Autorégressif (VAR), réponses aux chocs, décomposition
de la variance, Haïti.
iv
TABLES DES MATIÈRES
REMERCIEMENTS……………………………………………………………………i
DÉDICACE………………………………………………………………………………...ii
RÉSUMÉ…………………………………………………………………………………....iii
TABLES DES MATIÈRES……………………………………………………........iv
LISTE DES SIGLES ET ABRÉVIATIONS………………………………..viii
LISTE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES………………………………x
INTRODUCTION GÉNÉRALE……………………………………………..….....1
CHAPITRE I – CADRE CONCEPTUEL ET THÉORIQUE…………6
Section 1. Cadre conceptuel…………………………………………………………..6
1.1. Crédit……………………………………………………………………….………..6
1.2. Taux d’intérêt débiteur…………………………………………………………...7
1.3. Taux directeur……………………………………………………………………...7
1.4. Bons BRH…………………………………………………………………………..7
Section 2. Cadre théorique …………………………………………………………...8
2.1. Les fondements théoriques de la politique monétaire …………………..8
2.1.1. Approche des monétaristes …………..…………………………………………..8
2.1.2. Approche des keynésiens …………..………………………………………….....9
2.2. Les théories du crédit………………….……...…………………………...10
2.2.1. La repression financière ……….…………………………...…………………...11
2.2.2 Les imperfections des marchés financiers…..……………………………………11
2.2.2. Le rationnement du crédit……………..…………………………………………15
2.3. Le crédit et la politique monétaire………………....………………………….20
2.4. Les théories sur la modélisation VAR..............................................................22
2.4.1. La critique de Lucas (1976)……………. ……….……………………………...24
v
2.4.2. la critique de Sims (1980) ……. ..………………………………………………25
CHAPITRE II – LES INSTRUMENTS DE LA POLITIQUE
MONÉTAIRE THÉORIES ET RÉALITÉS…….…………………………..27
Section 1. Présentation des instruments de la politique monétaire
d’un point de vue global………………………………………………………………27
1.1. Politique Monétaire……………………………………………………………...27
1.1.1. Définition de la politique monétaire…………………………………………….27
1.1.2. Objectifs de la politique monétaire ……………………………………………..28
1.2. Les instruments de la politique monétaire : considérations générales......28
1.2.1. Généralité des instruments de politique monétaire……………………………...29
1.2.2. Les instruments de la politique monétaire dans la pratique………….………….31
Section 2. Présentation des instruments de la politique monétaire en
Haïti……………………………………………………………………………………………36
2.1. Situation de la politique monétaire en Haïti………………………..............36
2.2. Les instruments utilisés par la Banque de la République d'Haïti (BRH)
pour mener sa politique monétaire…………………………….……………………38
2.2.1. Le taux d’escompte…………………………...………………………………....38
2.2.2. Les réserves obligatoires ………………………………………….…………….39
2.2.3. Les interventions sur le marché des changes………….………………………...40
2.2.4. Les bons BRH………………………..………………………………………….42
CHAPITRE III – LA SITUATION DU CRÉDIT EN HAÏTI………...47
Section 1. Analyse du crédit au sein de l'économie haïtienne………....47
1.1 Évolution du crédit …………………………………………………….................47
1.2. Évolution des taux d'intérêts débiteurs……………………………………….50
1.3. Répartition du crédit au sein de l'économie haïtienne……………………...51
1.3.1. Répartition du nombre de prêts par emprunteur………………………………...51
vi
1.3.2. Répartition de l'encours des prêts par tranche (prêts de 75 000 gourdes ou
plus)……………………………………………………………………………………51
1.3.3. Répartition de l'encours des prêts par secteur d'activité………………………...52
1.3.4. Répartition de l'encours des prêts par échéance (prêts de 75 000 gourdes ou
plus)…………………………………………………………………………………….52
1.4. Quelques obstacles à l'expansion du crédit en Haïti ……………………...53
Section 2. Analyse des effets des bons BRH, des taux d’intérêt
débiteurs sur le crédit en Haïti……………………….……………………………...55
2.1. Effets des taux des directeurs sur les taux d’intérêt débiteurs....................55
2.2. Effets des bons BRH sur le crédit……………………………………………..57
2.3. Effets des taux d’intérêt débiteurs sur le crédit..............................................59
2.4. Poids dans le PIB des intérêts versés par la BRH aux Institutions
financières sur les bons BRH………………………………………………………...60
CHAPITRE IV - BONS BRH ET CRÉDIT : UNE ANALYSE
ÉCONOMÉTRIQUE DES DONNÉES À PARTIR DE LA
MODELISATION VAR………………………………………………………………63
Section 1. Présentation de la modélisation VAR……………………………63
1.1. Écriture du modèle VAR ...…………………………………….…………….…63
1.1.1. Exemple introductif……………………………………………….……………..63
1.1.2. Formulation générale ……………………………………………….………..….65
1.2 Estimation des paramètres d'un VAR (p)…………………………....……….67
Section 2. Présentation de notre modèle..................……………………………68
2.1. Présentation des variables du modèle……….....................................................68
2.2. Test de stationnarité ou de racine unitaire…………………………………….69
2.2.1. Test de Dickey-Fuller (1979, 1981)…………………………………………….71
2.3. Spécification et Estimation du modèle………………………………………...76
2.3.1. Spécification du modèle…………………………………………………………76
2.3.2. Estimation du modèle……………………………………………………………76
2.4. Test de causalité……………………………………………………………………78
2.4.1. Test de causalité de Granger…………………………………………………….78
vii
2.5. Dynamique du modèle VAR(1) et analyse des résultats…………....………79
2.5.1. Réponses aux chocs………………………………………………………….…..79
2.5.2. Décomposition de la variance…………………………………………………...80
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS……………….……………...82
BIBLIOGRAPHIE.................................................................................................…......86
ANNEXE…………………………………………………………………………….………89
viii
LISTE DES SIGLES ET ABRÉVIATIONS
ADF : Dickey-Fuller Augmenté
AIC : Akaike Information Criterion
BCE : Banque Centrale Européenne
BCEAO : Banque Centrale des États de l'Afrique de l'Ouest
BCN : Banques Centrales Nationales
BRH : Banque de la République d’Haïti
COPAL : Commission Économique pour l’Amérique Latine et les Caraïbes
DAT : Dépôts à Terme
DF : Dickey-Fuller simple
DW : Durbin-Watson
ÉU : États-Unis
Eviews : Econometric views
FDSE : Faculté de Droit et des Sciences Économiques
Fed : Système fédéral de réserve
FMI : Fonds Monétaire International
FOMC : Comité Fédéral de l’Open-Market
HP : Hypothèse Principale
HS1 : Hypothèse Secondaire un (1)
HS2 : Hypothèse Secondaire deux (2)
HS3 : Hypothèse Secondaire trois (3)
ix
IHSI : Institut Haïtien de Statistique et d’Informatique
MCO : Moindres Carrés Ordinaires
MEF : Ministère de l’Économie et des Finances
OPEP : Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole
PIB : Produit Intérieur Brut
SC : Schwarz Information Criterion
SEBC : Système Européen des Banques Centrales
TMA : Taux Moyens Annuels
TXBBRH : Taux de croissance mensuelle des Bons BRH
TXCRED : Taux de croissance mensuelle du Crédit
TXTDB : Taux de croissance mensuelle des Taux Débiteurs
TXTDR : Taux de croissance mensuelle des Taux Directeurs
UE : Union Européenne
UEH : Université d’État d’Haïti
UEMOA : Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine
VAR : Vector AutoRegressive
x
LISTE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES
Graphique # 1- Évolution de l’encours et du taux de croissance des bons BRH…………...44
Graphique # 2- Composition de l’encours des bons BRH……………………………………45
Graphique # 3- Évolution des Taux Moyens Annuels (TMA) sur les bons BRH..............…46
Graphique # 4- Évolution des dépôts et du crédit avant 1997………………………….……47
Graphique # 5- Évolution des dépôts et du crédit après 1996………………………………48
Graphique # 6- Évolution du taux de croissance du crédit de 1990 à 2010………….…….49
Graphique # 7- Évolution des taux d’intérêt moyens annuels du système bancaire……….50
Graphique # 8- Taux d’intérêt sur les bons BRH de 91 jours et taux d’intérêt débiteurs…56
Graphique # 9- Taux de croissance du crédit et des bons BRH……………………………..58
Graphique # 10- Taux de croissance du crédit et des taux d’intérêt débiteurs……………..59
Graphique # 11- Intérêts versés sur les bons BRH et part de ces intérêts dans le PIB…….61
Graphique # 12- Évolution du taux de croissance des bons BRH…………………………..70
Graphique # 13- Évolution du taux de croissance du crédit........………....……………….70
Graphique # 14- Évolution du taux de croissance des taux débiteurs….....……………….70
Graphique # 15- Évolution du taux de croissance des taux directeurs.......……….……….70
Tableau # 13- Résumé des résultats des tests de Dickey-Fuller Augmentés………………...75
Tableau # 18- Valeurs calculées pour le critère d’Akaike…………………………………....77
Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010).
1
INTRODUCTION GÉNÉRALE
Justification du thème de recherche
Depuis l’apparition des bons BRH1
en novembre 1996 par les autorités de la Banque de
la République d’Haïti, ceux-ci sont devenus le principal instrument de la politique monétaire en
Haïti. Ils sont venus à pallier, en autres, l’inadéquation des coefficients des réserves obligatoires,
des interventions sur le marché des changes, et du plafonnement du taux d’intérêt. De plus, ils
sont émis pour permettre à la BRH2
de mieux contrôler la masse monétaire. Avec l’émission des
bons BRH, la Banque centrale va diminuer la masse monétaire, ce qui aidera à réduire
principalement l’inflation et aussi de garder une certaine stabilité de la gourde par rapport aux
autres devises principalement le dollar ÉU. Cependant, la BRH a un peu oublié son objectif de
promouvoir la croissance économique car l’émission des bons BRH est l’un des obstacles à
l’expansion du crédit au sein de l’économie haïtienne. Or le crédit via l’investissement est un
déterminant important de la croissance économique, par contre en Haïti le crédit est insuffisant
pour financer les activités d’investissement. Voilà l’état de fait qui nous a poussés
personnellement à choisir ce thème de recherche.
Notre dévolu s’est jeté sur la période octobre 1996 à septembre 2010, du fait que les
bons BRH ont apparu au début de l’année fiscale 1996-1997 ainsi qu’à cause des divers plans
d’investissement, liés profondément au crédit, ayant été déjà élaboré suite au passage du séisme
en janvier 2010. Toutefois, ce crédit favorisé par les taux d’intérêt constitue un déterminant
incontournable de la croissance via l’investissement. Donc, ces années à venir pourront marquer
une nouvelle ère de l’expansion du crédit en Haïti.
Alors que, par ailleurs, nous estimons que seule une étude empirique nous permettra de
voir concrètement les impacts des bons BRH sur le niveau de crédit dans l’économie haïtienne.
En outre, compte tenu de la carence de travaux réalisés sous ce thème, ce document, avant tout
1
L’idée première des bons était d’arrêter le financement monétaire des déficits publics en les substituant des bons du
Trésor émis au grand public. Vu les précédents défauts de paiement des autorités, il a fallu donc tester l’intérêt de ce
dernier avec les bons BRH, en attendant la restructuration et un certain regain de crédibilité du MEF. La
détérioration de la situation politico-économique n’a pas milité en faveur de la concrétisation du projet. Les bons
BRH sont donc restés.
2
Banque centrale de la République d’Haïti.
Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010).
2
de portée académique, pourra servir comme un supplément à la liste des éléments d’informations
utilisés par les autorités monétaires pour l’analyse monétaire. De ce fait, nous jugeons qu’il est
nécessaire de réaliser une telle étude.
Problématique
D’une manière générale tout pays a une banque centrale qui est responsable de la gestion
des affaires monétaires. Les banques centrales ont pour objectif principal d’aider l’économie à
atteindre un niveau de croissance économique important jusqu’à parvenir au plein emploi et la
stabilité des prix, afin d’éviter l’inflation. Pour atteindre son objectif, elles font varier l’offre de
monnaie par le biais des instruments de politique monétaire dont elles disposent. Ces instruments
de politique monétaire diffèrent d’un pays à un autre.
Par exemple aux Etats-Unis, la Fed3
manie trois instruments essentiels de la politique
monétaire qui sont les opérations d’open-market, la politique du taux d’escompte et la politique
des réserves obligatoires. Le Système Européen des Banques Centrales (SEBC
4
), de son côté,
dispose d’une série d’instruments de politique monétaire, dont les opérations d’open-market, les
facilités permanentes et les réserves obligatoires. La Banque Centrale des États de l’Afrique de
l’Ouest (BCEAO)5
, quant à elle, utilise deux types d’instrument : les instruments basés sur
l'ajustement de la liquidité globale de l'économie (la politique des taux d'intérêt, le système des
réserves obligatoires), les instruments basés sur le contrôle de la qualité du crédit distribué.
Enfin, la Banque de la République d’Haïti contrôle plusieurs instruments de politique monétaire,
les coefficients de réserves obligatoires, les interventions sur le marché des changes et les bons
BRH.
Les bons BRH sont, comme nous l'avions dit plus haut, l'instrument monétaire principal
dans la conduite de la politique monétaire de la Banque de la République d'Haïti. Ils sont émis
3
Banque centrale des États-Unis d’Amérique.
4
Le SEBC se compose de la Banque centrale européenne (BCE) et des banques centrales nationales (BCN) des
États membres de l’Union Européenne (UE).
5
La Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest ou BCEAO est un établissement public international
regroupant huit pays de l'Afrique de l'Ouest qui sont membres de l'Union économique et monétaire ouest-africaine
(UEMOA) : Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo.
Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010).
3
pour permettre à la BRH de contrôler la liquidité oisive du système financier et, par ricochet, la
masse monétaire. Au fait, ils sont surtout émis pour capter cette liquidité oisive sur le marché
public pour éviter qu'elle aille gonfler le marché des changes, ce qui aurait, pour conséquence,
une aggravation de la dépréciation de la gourde par rapport au dollar américain et, par-là, une
augmentation des prix des produits importés. Jusqu’ici l’objectif principal des bons BRH est de
réduire l’inflation.
En effet, que les bons BRH permettent d'atteindre l’objectif susmentionné, c'est une
chose! Mais le prix auquel ils permettent de l’atteindre, c'en est une autre! Les intérêts versés par
la BRH aux Institutions Financières sont très importants, de novembre 1996 à septembre 2010, la
BRH a payé près de 89.616 milliards6
de gourdes de charges d'intérêt sur l'encours total des bons
BRH. Ce montant pourrait ne rien représenter comme charge pour la BRH. Mais, quand on le
rapporte aux PIB ou aux budgets moyens de la République d'Haïti pour cette même période, on a
une idée plus nette du manque à gagner qu'a occasionné la politique monétaire conduite à travers
les bons BRH. De façon encore plus grave, quand nous analysons l'évolution des taux d'intérêt
sur les bons BRH par rapport aux taux d’intérêt sur le crédit du système bancaire, plus les taux
sur les bons sont élevés, plus encore étaient les taux sur le crédit dans l’économie (et l'inverse
n'est pas tout à fait vrai). Toutes choses étant égales par ailleurs (cœteris paribus), cela traduit en
conséquence pour les agents économiques haïtiens que le crédit devient de plus en plus
inaccessible - les Institutions Financières de la place « ne font que placer » leur avoir dans les
bons BRH. Ainsi nous sommes amenés à nous questionner sur la qualité du phénomène. Le
problème général de notre recherche peut se formuler comme suit : L’émission des bons BRH
auprès des Institutions Financières haïtiennes, en tenant compte des taux d’intérêt débiteurs
constitue-t-elle un obstacle significatif à l’expansion du crédit en Haïti? Les problèmes
secondaires de notre recherche peuvent alors se formuler :
1- Une expansion des bons BRH a-t-elle un impact négatif significatif sur le crédit en
Haïti ?
2- Une augmentation des taux débiteurs a-t-elle un effet négatif important sur le crédit
en Haïti ?
6
Calculés à partir des statistiques de la BRH
Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010).
4
3- Un accroissement des taux directeurs influe-t-il positivement et de manière
considérable les taux débiteurs?
Hypothèses de l’étude
Hypothèse principale
HP : L’émission des bons BRH auprès des Institutions financières haïtiennes, en tenant compte
des taux d’intérêt débiteurs constitue un obstacle peu significatif à l’expansion du crédit en
Haïti.
Hypothèses secondaires
HS1 : Une expansion des bons BRH a un impact négatif peu significatif sur le crédit en Haïti.
HS2 : Une augmentation des taux débiteurs a un effet négatif peu important sur le crédit en Haïti.
HS3 : Un accroissement des taux directeurs influe positivement et de manière peu considérable
les taux débiteurs.
Objectifs de l’étude
Objectif général
Montrer l’impact des bons BRH et des taux d’intérêts débiteurs, sur le volume de crédit
octroyé en Haïti.
Objectifs spécifiques
1- Analyser l’évolution des bons BRH, des taux directeurs, des taux débiteurs et du crédit au
sein de l’économie haïtienne.
2- Vérifier la véracité des hypothèses formulées dans le cadre de notre travail de recherche.
Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010).
5
Méthodologie de l’étude
La méthodologie qui sera utilisée pour réaliser cette étude, consistera en une quadruple
approche : théorique, documentaire, descriptive et analytique et économétrique.
- L’approche théorique présentera les différentes théories qui expliquent le phénomène
sous étude (bons BRH et crédit).
- L’approche documentaire utilisera des documents déjà rédigés portant sur notre recherche
c'est-à-dire des sujets relatifs aux politiques monétaires, aux bons BRH, aux taux
d’intérêt débiteurs, aux taux directeurs, et aux crédits.
- L’approche descriptive et analytique consistera à décrire et à analyser l’évolution du
crédit et des taux d’intérêt débiteurs suite à l’introduction des bons BRH (taux directeurs)
comme instrument de politique monétaire de la BRH.
- L’approche économétrique traitera les relations de causalité entre les variables.
Notre travail de recherche comportera quatre (4) chapitres :
1- Le premier chapitre traitera les différents concepts et théories relatifs à notre travail de
recherche.
2- Le deuxième chapitre présentera les instruments utilisés par certaines banques centrales
dans la conduite de leurs politiques monétaires.
3- Le troisième chapitre parlera de la situation du crédit en Haïti.
4- Le quatrième chapitre comportera la présentation du modèle économétrique (VAR) et la
vérifiera du même coup nos hypothèses de travail.
Chaque chapitre de notre travail sera précédé d’une introduction et sera succédé d’une
conclusion.
Il est à noter que les données statistiques utilisées dans ce présent travail ont été
collectées de deux grandes institutions du pays, la Banque de la République d’Haïti (BRH) et
l’Institut Haïtien de Statistique et d’informatique (IHSI). Ce sont là les principales sources
statistiques utilisées dans la réalisation de ce travail.
Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010).
6
CHAPITRE I – CADRE CONCEPTUEL ET THÉORIQUE
Avant d’entrer d’emblée dans le vif du sujet, il s’avère indispensable de définir certains
concepts clés qui sont le crédit, le taux d’intérêt débiteur, le taux d’intérêt directeur et les bons
BRH, ils nous aideront à avoir une meilleure compréhension de notre travail de recherche. Nous
aurons aussi à parler des différentes théories qui ont été élaborées en rapport avec le thème que
nous traitons. En premier lieu, nous parlerons des théories de la politique monétaire ayant rapport
avec le crédit. En second lieu, nous développerons les théories du crédit. En troisième lieu, nous
dresserons un référentiel théorique précis. En dernier lieu, nous présenterons les théories de la
modélisation VAR.
Section 1. Cadre conceptuel
1.1. Crédit
Le mot crédit7
vient du latin credere et creditum qui signifie cru. Le crédit c’est un acte
de confiance se traduisant par un prêt en nature ou en espèces consenti en contrepartie d’une
promesse de remboursement dans un délai généralement convenu d’avance. Le crédit implique
donc une réputation de solvabilité ce qui permet de retrouver le sens de l’adage : « on prête
qu’aux riches » qui veut dire qu’à ceux qui pourront rembourser. En d’autre terme, le crédit
constitue comme étant des ressources prêtées d’un établissement financier à un agent
économique qui s’engage à payer des intérêts et à rembourser le capital du prêt. De son côté,
l'accord de crédit est une activité qui repose sur la confiance que le prêteur accorde à
l'emprunteur de qui il attend le remboursement du prêt. De manière générale, plus le prêteur aura
confiance dans l'emprunteur, plus il lui prêtera une somme importante avec un faible taux
d'intérêt. Inversement, moins l'emprunteur aura de crédit aux yeux du prêteur, plus celui-ci sera
frileux, exigera des garanties importantes et prêtera l'argent à un taux d'intérêt élevé.
7
SILEM Ahmed, et al. Lexique d’économie, Dalloz, Paris, juin 2004, p. 209.
Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010).
7
1.2. Taux d’intérêt débiteur
Le taux d'intérêt8
d'un prêt ou d'un emprunt est le pourcentage, calculé selon des
conventions prédéfinies, qui mesure de façon synthétique, sur une période donnée, la rentabilité
pour le prêteur ou le coût pour l'emprunteur de l'échéancier de flux financiers du prêt ou de
l'emprunt. Il désigne, dans ce cas, le loyer ou le coût de l’argent.
De même que le taux d’intérêt peut être définit de façon différente par des écoles de
pensée, il existe également différents types de taux d’intérêt, taux de base bancaire, taux à long
terme, taux d’intérêt créditeur, etc. Mais dans le cadre de notre travail de recherche le taux
d’intérêt qui nous intéresse c’est le taux d’intérêt débiteur qui est le taux d’intérêt demandé par
la banque à la clientèle qui emprunte.
1.3. Taux d’intérêt directeur
Le taux d’intérêt directeur9
est le taux d’intérêt fixé par une Banque Centrale, taux auquel
cette banque centrale accorde des crédits à court terme aux banques commerciales.
Les taux directeurs sont pour les Banques centrales des instruments de régulation
économique au service de leurs politiques monétaires, dont les objectifs sont toujours d'une part
de limiter l'inflation, et d'autre part de favoriser la croissance économique.
1.4. Bons BRH
Les bons10
sont des titres émis par l’Etat en représentation d’une dette à court terme
contractée par lui.
Partant de cette définition les bons BRH sont des titres émis par la BRH en vue de
contrôler les encaisses oisives des Institutions Financières Haïtiennes avec un certain coût qui
8
www.wikipédia.fr
9
www.trader-finance.fr
10
BERNARD Yves et COLLI Jean Claude. Dictionnaire économique et financier, Du seuil, Paris, Mars 1989, p.
231.
Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010).
8
sont les intérêts versés auprès celles-ci. Il faut dire qu'on distingue quatre types de bons BRH,
définis en fonction de leur échéance et ce sont les bons à échéance de 7, 28, 91 et 182 jours.
Section 2. Cadre théorique
2.1. Les fondements théoriques de la politique monétaire
L’action des autorités publiques tendant à contrôler la quantité de monnaie en circulation
ou de crédit distribué constitue ce que l’on appelle la politique monétaire.
Les fondements théoriques de la politique monétaire constituent le sujet d’âpres débats.
Le plus important est celui qui oppose « monétaristes » et « keynésiens ».
Les monétaristes, disciples de l’économiste américain M. Friedman, sont des adeptes de
la théorie quantitative de la monnaie bâtie sur la relation dont le prototype est l’équation des
échanges de I. Fisher. Les keynésiens s’appuient sur les deux principaux ouvrages de Keynes : le
Traité de la monnaie et la Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie,
explicitement dirigés contre la théorie quantitative. Ces ouvrages, cependant, sont antérieurs à
1936, Keynes est mort en 1946, tandis que M. Friedman a publié ses travaux à partir de 1956. Le
débat Friedman-Keynes est donc très indirect. Mais les arguments opposés en son temps par
Keynes à Fisher valent encore pour Friedman.
Il s’agit d’une opposition fondamentale entre deux analyses des phénomènes monétaires.
L’une, celle des monétaristes, peut être qualifiée d’analyse par les encaisses. L’autre, celle des
keynésiens, est une autre analyse par le revenu. Nous présentons brièvement l’une et l’autre en
relevant chaque fois les implications pour la politique monétaire.
2.1.1. Approche des monétaristes
L’analyse par les encaisses repose sur une relation exprimant la quantité de monnaie en
circulation à un moment donné comme le montant des encaisses que les agents souhaitent détenir
à ce moment. L’équation des échanges de Fisher est de ce type, de même que celle proposée par
Pigou quelques années plus tard à Cambridge, acceptée par Keynes dans son Essai sur la
Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010).
9
réforme monétaire en 1923, mais réfutée par lui dans son Traité de la monnaie en 1930.
L’équation utilisée par Friedman en 1956, bien que plus élaborée et dotée de fondements
microéconomiques plus explicites, n’est en réalité guère différente.
Referons-nous ici à l’équation la plus classique, à savoir l’équation des échanges de
Fisher que nous prendrons sous la forme suivante :
୼௉
௉
=
୼୑
ெ
+
୼௏
௏
−
୼்
்
où ∆P/P est le taux d’inflation au cours d’une période de temps donnée, et ∆M/M, ∆V/V, ∆T/T,
sont les taux de variation, dans la période, respectivement de la masse monétaire, de la vitesse de
circulation de la monnaie et du volume des transactions.
Les quantitativistes admettent que P peut seulement varier sous l’influence M, V et T, ils
excluent la possibilité que P peut varier sous l’influence d’autres facteurs.
De ce postulat, les quantitativistes déduisent qu’un accroissement de l’offre de monnaie
entraine une hausse inflationniste des prix. Cette hausse est égale à l’augmentation de la quantité
de monnaie en circulation, à moins que ne surviennent des variations compensatrices de la
vitesse de la circulation de la monnaie ou du volume des transactions.
Cela étant les autorités publiques peuvent-elles faire confiance à de telles variations ou
envisager de s’appuyer sur elles pour combattre l’inflation ? Les théoriciens monétaristes ne le
pensent pas. Pour eux, si on veut lutter contre l’inflation, il faut donc comprimer les coûts de
façon à inciter les entreprises à élever le niveau de production. Dans ce but, il convient
d’empêcher les banques autant qu’elles le voudraient à la demande d’encaisse ou crédit du
public, et cela ne peut être obtenu en provoquant une hausse des taux d’intérêt et en limitant les
possibilités de refinancement des banques auprès de la banque centrale.
2.1.2. Approche des keynésiens
L’analyse par le revenu, proposée par J.M. Keynes, conduit à des conclusions
radicalement opposées.
Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010).
10
Selon Keynes ce n’est point la demande d’encaisse des ménages qui détermine la
demande globale de la monnaie, mais la demande de crédit des entreprises. Or cette demande de
crédit s’explique essentiellement par les besoins de financement de l’économie.
Cependant, les besoins de financement de l’économie sont déterminés, en fonction des
prix des facteurs de production et des produits, par le niveau du revenu global que la
communauté envisagée souhaite atteindre, en restant dans la limite des possibilités offertes par la
quantité de main d’œuvre existante. Ce revenu global désiré est lui-même, selon Keynes, le
revenu global visé par les anticipations des entreprises. Ces anticipations sont enfin « hautes » ou
« basses » selon que le revenu propre des entreprises, qui est une fraction (souvent appelée
profit) du revenu global réalisé précédemment, est élevé ou non.
Tout ce qui est de nature à améliorer les anticipations des entreprises contribue donc à
l’élévation de la production. À cet égard, une hausse des salaires n’est pas forcément néfaste.
Certes, elle entraine dans l’immédiat une hausse des coûts, mais elle détermine également à
brève échéance une demande supplémentaire de produits et de facteurs. Une hausse du taux de
l’intérêt représenterait, elle aussi, un coût pour les entreprises, mais un coût non générateur de
revenus. Une telle hausse serait de nature à décourager les entreprises dans leur effort
d’investissement. Elle atténuerait peut-être l’inflation, mais au prix d’une récession. Mieux vaut,
par conséquent, une baisse du taux d’intérêt qui, en incitant les entreprises à des anticipations
optimistes, poussera au plein emploi de la main-d’œuvre, conduira à une prospérité accrue et
probablement, en fin de compte, à un ralentissement spontané de l’inflation.
2.2. Les théories du crédit
Il n’y a pas vraiment une théorie traitant les bons BRH et le crédit, plus haut nous avons
pris le soin de présenter deux approches fondamentales de la politique monétaire ayant rapport
avec le crédit. Dans cette sous-section nous aurons à présenter des théories élaborées sur le
concept crédit.
Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010).
11
2.2.1. La répression financière
McKinnon et Shaw (1973) développèrent un cadre d’analyse dont la répression
financière constitue la toile de fond. Selon ces deux auteurs, l’intervention des pouvoirs publics
dans le fonctionnement du marché financier conduit à un découragement de l’épargne, un
rationnement du crédit et l’affectation non optimale des ressources. Si l'État fixe arbitrairement
les taux d'intérêt réels (à travers la fixation des taux d'intérêt nominaux) au-dessous de leurs
valeurs d'équilibre de marché, il réduit la croissance économique dans la mesure où :
- Cela réduit la quantité de fonds disponibles (crédit) pour l'investissement via la baisse
des dépôts bancaires ;
- Cela affecte la qualité de l'investissement par la modification de comportement des
intermédiaires financiers.
L'analyse de McKinnon et Shaw vise donc à montrer que, dans le cadre d'une économie
réprimée financièrement, la fixation des taux au-dessous de leur valeur d'équilibre :
réduit l'épargne (baisse des dépôts bancaires) au profit de la consommation courante;
fixe l'investissement au-dessous de son niveau optimal;
détériore la qualité de l'investissement réalisé dans la mesure où les banques sont forcées
par le gouvernement de financer des projets à faibles rendements (secteurs prioritaires...).
Dans ce contexte, libérer le secteur financier, principalement, réviser le niveau des taux
d'intérêt réels servis sur les dépôts (par une augmentation des taux nominaux ou par une baisse
de l'inflation) stimulera l'accumulation de l'épargne, une augmentation des fonds prêtables
(crédit) et donc permettre la croissance de l'investissement.
L'approche de McKinnon et Shaw conclut donc, invariablement, à souligner le caractère
néfaste de la répression financière sur l’investissement via le crédit. Au contraire, la
libéralisation financière, parce qu'elle permettrait le développement financier, serait à même
d'accélérer le développement économique.
2.2.2. Les imperfections des marchés financiers
L’approche de McKinnon et Shaw sur libéralisation financière portant sur le fait que le
marché du crédit est purement concurrentiel et donc qu'il ne peut exister de rationnement lorsque
Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010).
12
les taux d'intérêt sont fixés à leur niveau d'équilibre. Stiglitz et Weiss (1981) furent l'un des
premiers auteurs à montrer que la remise en cause de cette hypothèse compte tenu du
déséquilibre structurel des marchés financiers serait la cause de l'échec des politiques de
libéralisation financière. Les marchés financiers ne sont pas aussi parfaits que l'estimerait
l'approche développée par Mac Kinnon et Shaw. Ils sont des marchés particuliers et non
comparables avec le marché des biens et services par exemple pour répondre à l'ironique
question de Diaz Alejandro (1985, p. 2) : Are banks special, and really all that different from
butcher shop ? Sur les marchés financiers, les crédits sont échangés contre des promesses futures
de remboursement. Le non-respect de cette promesse accroît le risque lié à l'emprunt.
Stiglitz et Weiss (1981) montrent que l'espérance de rendement de la banque croît moins
vite que le taux d'intérêt. De ce fait, il n'y a pas de mécanismes compétitifs qui puissent établir
l'égalité entre l'offre et la demande de fonds prêtables et le crédit sera en permanence rationné
puisque l'offre de fonds prêtables est fonction de l'espérance de rendement tandis que la demande
dépend du taux d'intérêt. Le taux d'intérêt qui maximise le profit de la banque est inférieur au
taux d'intérêt d'équilibre et par conséquent, certains emprunteurs seront rationnés. En effet, les
banques sont préoccupées par les intérêts du prêt, mais aussi le niveau de risque encouru. Ainsi,
le taux d'intérêt fixé par la banque peut affecter le risque global qu'elle encoure soit par l'effet de
sélection adverse qui se traduit par l'exclusion des emprunteurs potentiels ou soit par l'effet
d'incitation. Ces deux effets liés aux problèmes d'asymétrie d'information sur les marchés
financiers sont résolus par les banques selon Stiglitz et Weiss (1981) en rationnant à chaque date
certains agents même si ces derniers sont prêts à payer des taux d'intérêt plus élevés. Les banques
ne feront donc pas de crédit puisque la probabilité de défaut associée aux nouveaux prêts est
élevée.
Bien que le rationnement de crédit à la Stiglitz-Weiss (1981) soit une illustration pratique
des problèmes d'asymétrie d'information sur le marché financier, son existence (du rationnement)
semble être un phénomène intrinsèque au fonctionnement du secteur financier selon les auteurs.
En effet, Bester (1985) propose une solution aux problèmes de rationnement de crédit en
permettant aux banques d'utiliser de façon compétitive le taux d'intérêt et les garanties pour
sélectionner les emprunteurs ; ce qui n'est pas le cas chez Stiglitz et Weiss où le rationnement se
fait en fonction du taux d'intérêt qui maximise le profit de la banque. De façon spécifique, les
Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010).
13
emprunteurs moins risqués acceptent des garanties élevées contre des taux d'intérêt faibles. Aussi
les banques peuvent utiliser les collatéraux pour permettre aux entrepreneurs non risqués de se
révéler. L'équilibre de rationnement est souvent mélangeant (le cas de Stiglitz et Weiss, 1981),
alors que le mécanisme d'auto-sélection proposé par Bester (1985) à travers les garanties11
et le
taux d'intérêt permet à la banque de sélectionner le bon risque du mauvais, et d'obtenir un
équilibre séparateur sans rationnement de crédit12
.
Par contre, Hellwig (1987) montre qu'une légère modification dans la séquence des jeux
peut avoir des implications majeures en ce qui concerne l'équilibre de Bester. Hellwig considère
un jeu à deux étapes de Rothschild et Stiglitz (1976) et Wilson (1977) dans un modèle
comparable à celui de Bester, où dans un premier temps la partie non informée (les banques)
offrent des contrats de dettes aux emprunteurs, qui choisissent parmi les offres disponibles dans
un second temps. Les résultats obtenus montrent que le seul candidat pour l'équilibre séquentiel
dans des stratégies pures de cette mise en œuvre est l'équilibre séparateur de Bester (1985).
Cependant, si la proportion des bons risques dans la population est élevée, l'équilibre séparateur
n'est pas Pareto optimal par rapport à l'équilibre mélangeant. Hellwig (1987) étend le processus à
un jeu à trois étapes, et montre que si dans un premier temps les banques annoncent leur
préférence en ce qui concerne les taux d'intérêt, l'équilibre mélangeant domine l'équilibre
séparateur13
. Ainsi, l'équilibre de rationnement de Stiglitz et Weiss peut persister malgré
l'existence d'un mécanisme séquentiel de sélection du risque.
L'asymétrie d'information sur le marché peut avoir d'autres conséquences que le
rationnement de crédit comme l'évoquent les auteurs précédents. Une contribution intéressante a
été réalisée par De Meza et Webb (1987), qui va dans ce sens. Les deux auteurs construisent un
11
Il serait intéressant de faire remarquer qu'il y a une hypothèse sous-jacente au modèle de Bester (1985), qui est
que les bons risques disposent de fortes garanties. Cette hypothèse, propre à tous les modèles avec collatéraux est
discutable.
12
Toutefois, étant donné que le niveau de taux d'intérêt débiteur ne peut être infini tout comme la richesse des
individus (collatéraux), il subsiste des situations pour lesquelles les contrats incitatifs séparateurs cessent d'être
optimaux (Deshons et Freixas, 1987).
13
Par contre lorsque la séquence de révélation des préférences est inversée entre les entrepreneurs et la banque dans
le modèle de Hellwig (1987), c'est-à-dire que les entrepreneurs annoncent le montant de garantie qu'elles sont prêtes
à offrir dans un premier temps ; dans un deuxième temps, compte tenu des garanties offertes par les entrepreneurs,
les banques annoncent le niveau de taux d'intérêt. Enfin dans l'étape 3, les entrepreneurs choisissent parmi les
contrats compétitifs. Dans ce jeu, l'équilibre séquentiel est l'équilibre séparateur.
Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010).
14
modèle, où l'asymétrie d'information entre prêteurs et emprunteurs n'entraîne pas le rationnement
de crédit, mais conduit à un excès d'investissement par rapport à son niveau socialement
admissible. La différence fondamentale entre le modèle de De Meza et Webb et celui de Stiglitz
et Weiss (1981), est que la rentabilité moyenne des projets varie dans le premier, alors qu'elle est
constante dans le second. Aussi, contrairement à Stiglitz et Weiss (1981), dans le modèle de De
Meza et Webb, les taux d'intérêt élevés n'attirent pas les mauvais risques. Par conséquent, ce
n'est pas l'asymétrie d'information qui conduit au rationnement du crédit dans le modèle de
Stiglitz et Weiss (1981) selon De Meza et Webb, mais plutôt la nature du contrat de dette comme
le suggère également Williamson (1986, 1987).
Cho (1986) réalise une contribution alternative qui justifie en partie l'échec des politiques
de libéralisation financière en prenant en compte les imperfections des marchés financiers sans
faire référence au rationnement du crédit à la Stiglitz et Weiss (1981). En effet, il estime que
l'échec des politiques de libéralisation financière est surtout lié à l'inefficience des marchés
boursiers. Cho (1986) avance que le déficit économique à lui seul ne saurait expliquer les
politiques de répression financière, mais plutôt le faible niveau de développement, les problèmes
structurels, les imperfections du marché boursier et la prépondérance des prêts bancaires dans le
financement des entreprises. Il identifie 2 types de contraintes sur le marché du crédit où
différents taux d'intérêt peuvent s'établir suivant les caractéristiques des emprunteurs : les
contraintes exogènes qui sont d'ordre légal ou institutionnel, comme le plafonnement des taux
d'intérêt ; les contraintes endogènes liées aux coûts de l'information qui permettent d'appréhender
le risque de chaque client. Pour Cho (1986), même si la libéralisation bancaire supprime le
plafonnement des taux d'intérêt et assure la compétitivité bancaire, l'amélioration de l'efficience
de l'allocation du capital n'est pas garantie si les contraintes informationnelles ne sont pas levées.
Ces imperfections au niveau du système d'information peuvent faire que l'espérance de
rendement du prêt octroyé par la banque à une entreprise i peut être supérieure à celle d'une
entreprise j, malgré que l'entreprise j soit plus productive que l'entreprise i. Cho (1986) conclut
qu'en absence de marché boursier, si le gouvernement n'est pas corrompu et a le même niveau
d'information que les agents économiques, il pourrait accroître l'efficience de l'allocation du
crédit en obligeant les banques à emprunter aux groupes d'entrepreneurs rationnés. Mankiw
(1986), montre aussi que l'inefficience dans les mécanismes d'allocation du crédit sur le marché
financier due au fait que les emprunteurs ont plus d'information sur leur risque que les prêteurs,
Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010).
15
peut être améliorée par l'intervention de l'Etat. Il fustige les augmentations de taux d'intérêt liées
à la libéralisation financière en avançant que de faibles variations du taux sans risque peuvent
entraîner de grandes modifications dans la prise du risque, dans l'allocation du crédit et dans
l'efficience de l'équilibre du marché. Enfin, Mankiw (1986) suggère que les marchés financiers
ne peuvent pas fonctionner de façon libre comme le préconisent certains auteurs et que
l'intervention de l'Etat est très importante, surtout pour assumer la fonction de prêteur en dernier
ressort.
2.2.3. Le rationnement du crédit
Nous présentons ici deux approches de la théorie du rationnement du crédit, l’analyse de
Modigliani et Jaffee (conditions hors prix) et le modèle Stiglitz et Weiss (information
imparfaite).
A- Rationnement du crédit et conditions « hors Prix » : l’analyse de Modigliani et
Jaffee
D.M. Jaffee et F. Modigliani ont les premiers présenté une analyse du comportement du
rationnement du crédit par les banques. Ils le définissent comme « la situation dans laquelle la
demande de crédit commercial excède l’offre de ces crédits au taux d’intérêt commercial
pratiqué par les banques ». Le prix, le taux d’intérêt n’équilibre donc pas l’offre et la
demande sans que cela puisse être attribué à une pratique d’administration du marché par les
pouvoirs publics.
Cette situation trouve son origine dans le comportement des banques. Jaffee et
Modigliani en proposent l’interprétation suivante. Les banques établissent des clivages au sein
de leur clientèle en fonction du risque qu’elle représente. Elles aboutissent ainsi à
l’établissement de classes qui regroupent les clients à l’égard desquels elles ont un comportement
homogène et en particulier à l’égard desquels elles pratiquent les mêmes taux d’intérêt.
Mais les clients situés à l’intérieur d’une même classe de taux d’intérêt représentent pour
les banques des risques différenciés. Il est donc rationnel du point de vue de ces dernières de
limiter leur crédit aux clients à l’égard desquels elles pratiqueraient un taux d’intérêt plus élevé,
si les taux étaient fixés en fonction de chaque cas particulier, et, inversement de ne pas rationner
Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010).
16
les clients pour lesquels une attribution individuelle de crédit se ferait à un taux plus faible que
celui de la classe dont ils relèvent. Les banques ont une fonction d’offre spécifique pour chaque
demandeur. La spécification de la fonction d’offre s’opère au travers des conditions « hors
prix ». Celles-ci concernent les conditions d’obtention du crédit : échéances de remboursement,
garanties hypothèque, ou garantie sur le patrimoine personnel, apport personnel à l’opération…
Au travers des conditions hors prix les banques sélectionnent leurs clients en posant des
conditions d’accès inégales en fonction du risque qu’elles estiment encourir.
Si les taux d’intérêt augmentent, le degré de rationnement augmente. En effet, le risque
de défaut présenté par certains clients sera accru par l’élévation de la charge d’intérêt. Le
rationnement portera donc plus fortement sur le demandeur de crédit déjà rationné. L’incidence
de l’aggravation du rationnement sera donc très différente selon les catégories de clients. Elle
sera totalement évitée à certains et beaucoup plus rigoureuses que ne l’indique l’observation
globale pour d’autres. Prise en compte de la part de marché, et conditions hors prix se conjuguent
pour défavoriser dans l’octroi du crédit les petites entreprises par rapport aux firmes importantes.
Ces pratiques microéconomiques de rationnement peuvent être renforcées par la mise en
œuvre d’une politique globale de limitation du crédit par la Banque centrale.
B- Rationnement du crédit en information imparfaite : le modèle de Joseph Stiglitz
et Andrew Weiss (1981)14
Le modèle présenté par Stiglitz et Weiss poursuit l’introduction de la notation
d’asymétrie d’information et de son application au marché du crédit. Le fait stylisé à expliquer
est le suivant : lorsque le niveau de risque du débiteur augmente, les banques n’augmentent pas
les taux d’intérêt qu’elles exigent, mais préfèrent rationner le crédit, c’est-à-dire refuser le prêt.
Si le marché fonctionne correctement, les agents qui demandent le bien et ceux qui l’offrent
gagneraient pourtant à une hausse du prix : les offreurs d’une manière évidente, et les
demandeurs car ils ne seraient plus rationnés.
Pourquoi donc le taux d’intérêt n’agit-il pas comme un prix habituel qui équilibre le
marché, ici celui du crédit ? Cela s’explique par l’existence d’une asymétrie d’information : le
14
J. STIGLITZ ET A. WEISS « Credit rationing in markets with imperfect information » The American Economic
Review, vol. 71, n°3, 1981, pp. 93-410.
Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010).
17
débiteur connaît le risque du projet qu’il entreprend (risque de sélection adverse) ou peut
modifier sa prise de risque (risque de hasard moral), alors que la banque ne peut que l’estimer.
L’augmentation du taux d’intérêt implique une hausse du degré de risque couru par la banque car
elle rend trop coûteux pour l’entrepreneur les projets non risqués (qui rapportent moins). La
banque préfèrera alors ne pas accorder de crédit plutôt que d’augmenter le coût du crédit.
Le modèle développé par Stiglitz et Weiss incorpore donc à la fois l’argument de la
sélection adverse et celui du hasard moral. Les entrepreneurs prennent des décisions plus risqués
lorsque le taux d’intérêt augmente et les projets moins risqués deviennent moins profitables au
fur et à mesure que le taux d’intérêt augmente.
La banque a de nombreux moyens pour affiner son information et se couvrir, par exemple
en exigeant des collatéraux, mais cela n’élimine pas le rationnement du crédit.
1- Le crédit comme situation d’information imparfaite
Pourquoi le crédit est-il rationné ? L'égalité entre l’offre et la demande sur un marché
demeure la principale représentation de l’équilibre économique. Cette égalité se réalise grâce à la
flexibilité des prix, destinée à ajuster au mieux l’offre et la demande. Si les prix faisaient leur
travail, il ne pourrait y avoir de situation de rationnement, puisque l’excès de demande d’un bien
serait immédiatement résorbé par une hausse du prix du bien considéré. Le prix est en matière de
crédit le taux d’intérêt rémunérant les prêteurs c’est-à-dire les banques. Le comportement des
emprunteurs : les entreprises, lie, selon ces auteurs, acceptation du taux d’intérêt sur le crédit et
évaluation de leur propre risque. Si l’emprunteur anticipe un risque faible de défaut de
remboursement de son emprunt, il n’accepte pas un taux d’intérêt élevé. Stiglitz et Weiss vont
plus loin : un taux d’intérêt élevé accroît l’attractivité des projets les plus risqués pour les
entreprises. Du point de vue de la banque, le taux de remboursement anticipé est plus bas. Un
niveau élevé des taux d’intérêt conduit donc les emprunteurs à des choix contraires aux intérêts
des prêteurs.
Le taux de rendement du prêt anticipé par la banque peut donc croître moins vite que le
taux d’intérêt et peut même décroître alors que ce dernier s’accroît. Il existe un taux d’intérêt qui
maximise le rendement de la banque soit ‫̂ݎ‬∗
ce taux.
Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010).
18
Taux de rendement
attendu par la banque
‫̂ݎ‬∗
Taux d’intérêt
Le Taux d’intérêt optimum pour la banque
Il est concevable qu’au taux ‫̂ݎ‬∗
la demande de crédit excède l’offre de crédit. Le
mécanisme d’ajustement attendu de l’offre et de la demande implique alors que les prix : le taux
d’intérêt s’élève sous la poussée de la demande ̶̶̶ offre et demande s’équilibrent alors à des
quantités moindres pour un prix plus élevé. Ce taux d’intérêt qui ajusterait offre et demande n’est
pas le taux d’intérêt optimum pour la banque. Compte tenu de son appréciation sur les emprunts
risqués qui lie le niveau du taux d’intérêt et niveau de risque du projet, la banque ne prêtera pas à
un demandeur qui accepte de payer plus que le taux ‫̂ݎ‬∗
. À ce taux pourraient s’ajouter les
conditions hors prix notamment des garanties sur les ressources à l’entreprise. Mais en
accroissant les conditions hors prix de ses prêts la banque diminuera l’aversion pour le risque de
ces emprunteurs et donc son propre taux de rendement.
Les emprunteurs n’obtiennent donc pas des prêts même s’ils acceptent de payer un taux
d’intérêt plus élevé : il y a rationnement du crédit.
2- L’équilibre de rationnement
Par rapport à l’analyse traditionnelle de détermination de l’équilibre sur le marché du
crédit le modèle de Stiglitz et Weiss ajoute une composante à la détermination de l’équilibre : le
taux de rendement anticipé des crédits ‫ݎ‬ො.
Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010).
19
• La demande de crédit est une fonction décroissante du taux d’intérêt payé par les
emprunteurs. Soit ‫ܮ‬஽ cette fonction.
• L’offre de crédit ‫ܮ‬ௌ est fonction de ‫̂ݎ‬, taux de rendement anticipé des crédits. Le
modèle pose l’hypothèse que ce taux est une fonction décroissante du risque du
crédit. L’offre de crédit ne dépend donc pas de la même variable que la demande.
• Ces conditions expliquent que le taux d’intérêt rm auquel offre et demande
s’égalisent :
- ne soit pas optimal pour l’un des agents : les banques
- ne soit pas une position d’équilibre stable.
À ce taux les banques ne maximisent pas leur profit. Les clients qui acceptent de payer
ce taux sont des clients à gros risque. À cet effet direct sur le risque des banques s’ajoute un effet
indirect : des clients sont évincés du marché parce que le risque qu’ils anticipent quant à leur
opération ne justifie pas de payer ce taux :
• Si chaque emprunteur, ou si chaque catégorie d’emprunteur, a une distribution de
rendement anticipé de son projet θ, Stiglitz et Weiss proposent de considérer que les
emprunteurs peuvent être répartis en deux (2) groupes :
- un groupe adverse au risque qui emprunte jusqu’à un taux d’intérêt ‫ݎ‬ଵ.
- un groupe risqué qui emprunte jusqu’à un taux d’intérêt ‫ݎ‬ଶ.
‫ݎ‬ଵ < ‫ݎ‬ଶ
• Soit ߩ̅ (‫̂ݎ‬) la fonction qui exprime la relation entre la charge d’intérêt des
emprunteurs et le taux de rendement anticipé de la banque par dollar emprunté. La
fonction ߩ̅ (‫̂ݎ‬) n’est pas une fonction monotone parce que certains emprunteurs
sortiront du marché à un niveau de taux d’intérêt > ‫ݎ‬ଵ.
• Au taux d’intérêt optimum ‫̂ݎ‬∗
la demande de crédit excède l’offre d’un montant z
mais toute banque qui accroîtrait son taux d’intérêt au-delà ‫̂ݎ‬∗
verrait diminuer son
rendement par dollar prêté. Tant que l’excès de demande représenté par z, n’est pas
satisfait le taux d’intérêt pratiqué est ‫̂ݎ‬∗
.
Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010).
20
Au niveau ‫̂ݎ‬∗
l’équilibre réalisé est donc un équilibre de rationnement établi en
fonction des anticipations des banques sur les risques encourus par leurs clients et de la relation
opérée par les emprunteurs entre le risque de leur projet et le taux d’intérêt qu’ils acceptent de
payer.
L’analyse de Stiglitz et Weiss est importante à plusieurs titres :
1- Elle éclaire par une démonstration théorique formalisée (dont il a été proposé ici une
version aussi simplifiée que possible) le comportement de rationnement des banques
sur le marché du crédit en soulignant l’importance de deux (2) variables essentielles :
l’appréciation du risque et l’anticipation de la rentabilité du projet.
2- Elle établit l’existence d’un équilibre de rationnement en déterminant au niveau
micro-économique les raisons pour lesquelles les mécanismes d’ajustement de l’offre
et de la demande par le prix, ici le taux d’intérêt ne jouent pas leur rôle.
3- Cette analyse a eu un impact important sur la théorie économique en raison de ses
implications sur une hypothèse fondamentale de l’analyse économique : les prix
équilibrent les marchés. La conclusion ultime de Stiglitz et Weiss est en effet que la
loi de l’offre et de la demande n’est en fait pas une loi, et qu’elle ne devrait pas
être comprise comme une hypothèse rendue nécessaire par l’analyse de la
concurrence. Pour ces auteurs c’est plutôt un résultat généré par les hypothèses
implicites selon lesquelles les prix n’ont ni effet de tri ni effet d’incitation.
Le résultat habituel de la théorie économique : les prix équilibrent les marchés est celui
d’un modèle particulier et n’est pas une propriété générale des marchés. Le chômage et le
rationnement du crédit écrivent Stiglitz et Weiss « ne sont pas des fantasmes », ils caractérisent
l’économie réelle.
2.3. Le crédit et la politique monétaire
La spécificité et la technicité de notre thème nous poussent à élaborer une référence
théorique précise autour des concepts qui se trouvent dans le champ de notre travail de
recherche.
Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010).
21
Les entreprises ont un besoin de financement et vont emprunter. Le taux d'intérêt est un
coût de production, les entreprises devront rembourser le capital et les intérêts. C'est une charge
pour l'entreprise. Si le taux d'intérêt est élevé, le coût du crédit sera élevé, il y aura une baisse de
la demande de capitaux et l'investissement baissera. Les ménages ont une capacité de
financement car ils épargnent. Le taux d'intérêt est un revenu : c'est le prix de l'épargne. Si le
taux d'intérêt est élevé, l'épargne augmente, la consommation chute, la production baisse et le
chômage augmente et tout ceci se fait sur le long terme. L'effet inverse se produit pour les
entreprises et les ménages. Si le taux d'intérêt est bas, le coût du crédit baisse et il en résulte une
augmentation de la demande de capitaux, ce qui a pour effet d'augmenter l'investissement. Pour
les ménages les effets sont quasiment similaires. Si le taux d'intérêt est bas, l'épargne diminue car
la consommation augmente. Il en résulte une augmentation de la production et une baisse du
chômage.
Les banques commerciales peuvent avoir besoin de liquidités : elles portent alors cet effet
de commerce à la Banque Centrale. Cette opération s'appelle le réescompte et le taux d'intérêt
s'appelle le taux de réescompte. La Banque Centrale dispose d’un instrument important dans la
conduite de sa politique monétaire qui est l’opération d’open-market.
La Banque Centrale peut intervenir sur ce marché interbancaire en achetant ou en
vendant des liquidités pour faire varier le taux d'intérêt. Si la Banque Centrale souhaite que les
banques obtiennent facilement des liquidités (exemple : lorsqu'il y a ralentissement de l'activité
économique), la Banque Centrale se porte offreur (ou vendeur) de liquidités. L'offre étant
supérieure à la demande, le taux d'intérêt baisse. Conséquence : les banques pourront se
refinancer facilement sur ce marché interbancaire et obtenir des liquidités à coût faible donc une
hausse des possibilités de crédits vis-à-vis de leurs clients. Si la Banque Centrale souhaite que les
banques obtiennent difficilement des liquidités (exemple : lorsqu'il y a inflation, croissance forte
de l'activité économique), la Banque Centrale se porte acheteur (ou demandeur) de liquidités.
L'offre étant inférieure à la demande, le taux d'intérêt monte. Conséquence : les banques pourront
se refinancer difficilement sur ce marché interbancaire et obtenir des liquidités à coût élevé donc
une baisse des possibilités de crédits vis-à-vis de leurs clients. En Haïti nous confrontons ce
même problème avec l’émission des bons BRH, qui pousse à la hausse les taux d’intérêt
Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010).
22
débiteurs via les taux directeurs qui à son tour entrainent une baisse du volume de crédits
octroyés dans l’économie.
Le docteur Dominique PLIHON15
nous montre dans son ouvrage intitulé « la monnaie
et ses mécanisme» que la politique monétaire doive remplir les objectifs du « Carré Magique »
de Kaldor à savoir, la croissance économique, la stabilité des prix, le plein emploi et l’équilibre
de la balance des paiements. Il ne faut pas qu'il y ait un excès de création monétaire. En effet, si
le taux d'intérêt est faible, les crédits distribués aux ménages et aux entreprises augmentent. Le
risque est le gonflement de la masse monétaire (inflation) car le pouvoir d'achat des agents
économiques est supérieur à la quantité de biens disponibles. La demande est supérieure à l'offre,
ce qui entraîne une hausse des prix. D'autre part, si le taux d'intérêt est bas, il existe un risque de
fuite des capitaux flottants vers l'étranger car la rémunération y est plus importante. Il ne faut pas
qu'il y ait une insuffisance de création monétaire. En effet, si le taux d'intérêt est élevé, les crédits
distribués aux ménages et aux entreprises baissent. Le risque est la diminution de la masse
monétaire (récession) car le pouvoir d'achat des agents économiques est inférieur à la quantité de
biens disponibles. La demande est inférieure à l'offre, entraînant une baisse des prix. La politique
monétaire doit donc trouver un équilibre entre l'insuffisance et l'excès de création de monnaie
(régulation de la masse monétaire).
2.4. Les théories sur la modélisation VAR
Pourquoi les modèles VAR ? D’où viennent-ils ?
Le corps principal de la plupart des ouvrages en économétrie est consacré aux modèles de
régressions à équation unique et les méthodes de régression à équations simultanées. Pour
illustrer le premier type de modèle, on peut imaginer la fonction de demande d’automobiles. Si
l’on se base sur la théorie économique, on admet que la demande d’automobiles est une fonction
de leur prix, des dépenses publicitaires, du revenu du consommateur, du taux d’intérêt et d’autres
variables pertinentes (par exemple la taille de la famille, la distance du lieu de travail, etc.). À
partir de séries chronologiques, on estime un modèle approprié de la demande d’automobiles, qui
peut servir à la prévision de la demande d’automobiles pour le futur. Les seconds modèles, à leur
15
Professeur d'économie à l'Université Paris-Nord.
Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010).
23
apogée pendant les années 60 et 70, des modèles élaborés de l’économie américaine basés sur les
équations simultanées dominèrent la prévision économétrique. Depuis lors, la séduction de tels
modèles s’est tassée en raison de leurs faibles performances, particulièrement depuis les chocs
pétroliers de 1973 et 1979, dus aux embargos de l’OPEP et aussi en raison des critiques de
Granger-Sims et de Lucas.
Les modèles à séries temporelles multivariées et plus particulièrement les modèles VAR
(modèle autorégressif vectoriel : Vector Autoregressive)16
sont maintenant reconnus pour fournir
une alternative aux modèles économiques structurels17
. Il est aussi vrai que la théorie
économique n’est pas toujours suffisante pour déterminer la spécification correcte entre les
variables et dans ce cas, il faut en quelques sortes laisser les données, et non pas le théoricien,
déterminer la structure dynamique du modèle, voir le nombre optimal des variables retardées.
C’est exactement l’idée soutenue par les modèles VAR qui sont des modèles très utiles et ont été
introduits par Sims (1980) comme formulation alternative aux modèles traditionnels structurels à
plusieurs équations. Par contre, on entend par modèle structurel, une formalisation théorique du
fonctionnement de l’économie où chaque équation du modèle permet de donner des
interprétations causales et où le modèle, dans son ensemble, représente une version testable de la
théorie économique (par exemple, les deux modèles évoqués plus haut). Cependant, comme nous
l’avons déjà mentionné, les perturbations économiques des années 70 (crises pétrolières,
récession mondiale, …) ont invalidé les prévisions délivrées par les modèles
macroéconométriques). Ceux-ci ont nécessité de perpétuelles ré-spécifications et ré-estimations.
Ce phénomène s’est accompagné d’un nombre croissant de travaux qui montraient le faible
pouvoir prédictif des modèles structurels par rapport à celui des modèles univariés.
Les trois plus célèbres articles qui ont rejeté l’approche conventionnelle des modèles
structurels sont ceux de Granger (1969), Sims (1980) et Lucas (1976).
16
Les VAR sont souvent considérés comme des modélisations athéoriques dans lesquelles le modélisateur peut se
passer de toute théorie économique pour modéliser le comportement dynamique de variables économiques.
17
Peu après leur apparition, certains (Sims, 1980) et Litterman (1979, 1986) pensaient que les VAR seraient plus
performants pour faire de la prévision que les modèles à équations structurelles (Greene, 2005 ; p. 568)
Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010).
24
Ces auteurs18
réfutaient l’idée que les relations économiques sont réellement gouvernées
par la simultanéité. Ils refusaient d’introduire le concept de variables exogènes dans leurs
travaux. Cette stratégie les amenait à n’utiliser essentiellement que des équations linéaires aux
différences, à ne pas insister sur des tests d’hypothèses économiques et à s’intéresser plutôt aux
problèmes de prévision.
2.4.1. La critique de Lucas (1976)
Les équations d’inspiration keynésienne décrivaient un modèle structurel de décisions
(consommation, investissement…) qui ne reposaient pas sur des hypothèses réalistes de
comportement individuel. L’inflation et le chômage très élevé des années 70 s’inséraient très mal
dans un cadre théorique keynésien. Du point de vue du paradigme sous-jacent, la critique la plus
gênante faite aux modèles structurels est celle de Lucas (1976), qui avance l’idée que les
paramètres des « règles de décision » contenus dans les systèmes d’équations structurelles sont
modifiées par un changement de politique économique, même-si les règles elles-mêmes sont
parfaitement appropriées.
Selon la critique de Lucas (1976), les principales équations de comportement des
modèles macroéconométriques ne sont en fait que des formes réduites, dont les paramètres ne
sont pas invariants à la forme de la politique économique. Tant que ces modèles sont utilisés
pour effectuer des exercices de prévision, leur utilisation n’est pas forcément remise en cause. En
revanche, ils ne peuvent en aucun cas être utilisés pour analyser des multiplicateurs liés à la
politique économique. Ainsi, pour Lucas et Sargent (1979), une telle analyse ne peut s’effectuer
qu’en abandonnant ce cadre au profit d’une modélisation structurelle cohérente et de la
détermination explicite des formes réduites compatibles avec un ensemble de restrictions
associées aux conditions d’équilibre et aux schémas d’anticipation.
18
Mais Granger, Sims et Lucas ne sont que des successeurs d’économètres qui, dans les années 60-70, ont voulu
développer « l’ingénierie sociale ». Déjà Kendall (1960) avait produit une sorte de manifeste prônant l’étude des
systèmes de rétro-contrôle comme l’analyse la plus fructueuse des problèmes de politique économique. La
justification de cette approche était l’analogie du fonctionnement de l’économie à un servo-mécanisme. Box et
Jenkins (1976) ont largement représenté le point culminant de ce type de travaux sur les séries univariées. Le
développement du contrôle optimal dans les années 60 a également orienté une génération d’économètres vers le
concept de l’ingénierie pour qui l’estimation structurelle était une désillusion.
Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010).
25
En clair, Lucas a mentionné que les relations existantes entre les variables économiques
peuvent changer lorsque la politique économique varie, auquel cas les paramètres estimés d’un
modèle de régression seront de peu d’utilité pour la prévision : les paramètres estimés d’un
modèle économétrique dépendent de la politique appliquée au moment de l’estimation du modèle
et se modifieront si la politique change. En bref, les paramètres ne sont pas stables lorsque la
politique économique varie. Par exemple, en octobre 1979, le FED modifie spectaculairement sa
politique monétaire. Au lieu d’avoir pour objectif principal la fixation du taux d’intérêt, il
annonça que désormais il contrôlerait la croissance de la masse monétaire. Face à un
changement si prononcé, un modèle économétrique estimé à partir de données passées n’aurait
que peu de valeur face à la nouvelle politique.
2.4.2. La critique de Sims (1980)
Dans les modèles à équations simultanées, ou modèles structurels quelques variables sont
traitées comme endogènes, d’autres étant prédéterminées (exogènes et endogènes retardées).
Avant d’estimer de tels modèles, il faut s’assurer que les équations du système sont justifiées
(exactement). Cette identification est souvent assurée en supposant que quelques variables
prédéterminées ne sont présentes que dans quelques équations. Cette décision est souvent
subjective et fut sévèrement critiquée par Christopher Sims.
En effet, Selon Sims (1980), la représentation du comportement économique en termes de
modèles structurels entraînait trop de contraintes d’identification, parfois arbitraires par rapport à
l’interprétation que l’on peut en donner. Le rejet de ces contraintes impliquait pour lui, la non-
existence des variables exogènes. Plus précisément, sans information a priori sur la longueur des
retards dans les équations, seul un ensemble d’équations à forme réduite à retards identiques
pour toutes les équations pourrait être estimées.
Pour Sims, s’il existe une véritable simultanéité entre une série de variables, elles
devraient toutes être traitées sur un pied d’égalité : il ne devrait y avoir aucune distinction a
priori entre variables endogènes et exogènes. C’est dans cet esprit que Sims présenta le modèle
VAR appelé modèles vectoriels autorégressifs19
; le terme d’autorégressif tient à l’apparence de
19
Il est à noter que les graines de ce modèle étaient déjà semées dans le test de causalité de Granger en 1969.
Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010).
26
valeur décalée de la variable dépendante dans le membre droit et le terme vectoriel est dû au fait
qu’on a affaire à plusieurs variables vectorielles.
Nous prenons l’habitude de dire tout au début de ce travail que le principal objectif de la
BRH est la lutte contre l’inflation. Elle utilise le plus souvent les bons BRH pour atteindre cet
objectif. Comme Dominique PLIHON l’a dit la politique monétaire doit trouver un équilibre
dans la régulation de la masse monétaire. De ce fait, le second chapitre de notre recherche
consistera en une présentation de la politique monétaire et les instruments utilisés pour mener
cette politique.
Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010).
27
CHAPITRE II – LES INSTRUMENTS DE LA POLITIQUE
MONÉTAIRE : THÉORIES ET RÉALITÉS
Ce chapitre est subdivisé en deux sections. La première consistera en une présentation de
la politique monétaire et des instruments utilisés dans des États comme les États Unis
d’Amérique, l’Union Européenne et les États de l’Afrique de l’Ouest. Dans la seconde, nous
présenterons les instruments utilisés par la Banque de la République d’Haïti (réserves
obligatoires, interventions sur le marché des changes et bons BRH) dans la conduite de la
politique monétaire.
Section 1. Présentation des instruments de la politique monétaire
d’un point de vue global
Avant de pencher sur les instruments de politique monétaire, il est nécessaire de se
familiariser avec le concept politique monétaire qui utilise les instruments mises à sa disposition
afin d’atteindre les objectifs fixés par la banque centrale.
1.1. Politique Monétaire
Avec la politique budgétaire, la politique monétaire est l’un des principaux instruments
dont disposent les responsables d’un pays. Définir une politique monétaire est une obligation
pour tout pays, car la production de moyens de paiement, c'est-à-dire la création monétaire, ne
peut être laissée à la seule initiative des agents privés.
1.1.1. Définition de la politique monétaire
La politique monétaire20
est un ensemble de mesures, délibérées des autorités monétaires,
visant à contrôler l’offre de monnaie et les taux d’intérêt pour rétablir un équilibre de plein
emploi, et/ou assurer une croissance non inflationniste et un taux de change stable. Elle
comprend ainsi les politiques de crédit et la politique de change. Elle est expansionniste quand
20
DOURA Fred. Economie d’Haïti : Dépendance, crises et développement 2, Dami, Montréal, Mars 2000, p. 242.
Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010).
28
elle rend le crédit meilleur marché et plus accessible de manière à augmenter le volume des
dépenses et l’emploi, elle est restrictive quand son objectif consiste à restreindre l’offre de
monnaie et le crédit de manière à réduire les dépenses et contrôler les pressions inflationnistes.
1.1.2. Objectifs de la politique monétaire
Les objectifs de la politique monétaire rejoignent ainsi les objectifs de la politique
économique. Ainsi, on attribue généralement deux objectifs principaux à la politique monétaire :
la croissance économique, et la stabilité de la monnaie nationale, que ce soit la stabilité interne,
mesurée par le niveau général des prix, que la stabilité externe, mesurée par le taux de change de
la monnaie nationale en devises étrangères. Mais la politique monétaire ne peut pas agir
directement sur ces objectifs. En revanche, elle peut agir directement sur certaines variables de
l’économie qui elles-mêmes influencent les objectifs de croissance et de stabilité de la monnaie
nationale. Ces variables, comme la masse monétaire par exemple, sont appelées des « objectifs
intermédiaires ». Les autorités monétaires se fixent donc des objectifs intermédiaires sur
lesquels elles exercent une influence directe. Quels sont ces objectifs intermédiaires? Ce sont les
objectifs quantitatifs qui portent sur l’évolution des agrégats monétaires, les objectifs de taux
d’intérêt qui amènent les autorités monétaires à fixer un niveau souhaitable pour les taux
d’intérêt, les objectifs de change qui poussent les autorités monétaires à utiliser les instruments
monétaires pour atteindre un certain niveau du taux de change de la monnaie nationale sur le
marché des changes.
1.2. Les instruments de la politique monétaire : considérations générales
Les moyens d’actions mise en œuvre par les autorités monétaires- la Banque Centrale en
par particulier- pour atteindre les objectifs de la politique monétaire ci-dessus décrits constituent
ce que nous appelons les instruments de la politique monétaire21
. Ces instruments varient d’un
pays à l’autre, tout dépend des pouvoirs dont disposent les banques centrales. Ils s’appliquent
essentiellement à la distribution du crédit par les banques dont ils tendent à influencer l’intensité
globale.
21
BENJAMIN Dumas. La Monnaie et les Banques dans l’Économie, Les Presses de l’Université Jean Price Mars et
Éducation, Coconut Creek (Florida), 2005, p. 177.
Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010).
29
1.2.1. Généralité des instruments de politique monétaire
D’une manière générale, les principaux instruments utilisés dans la conduite de la
politique monétaire d’une banque centrale sont les suivants :
1- Pourcentage de Réserves Obligatoires
Le pourcentage de réserves obligatoire consiste à imposer aux banques commerciales de
faire un dépôt à la Banque Centrale qui n’est pas porteur d’intérêt. Dans ce cas la Banque
Centrale fixe un pourcentage que les banques doivent respecter. Il s’ensuit que plus le
pourcentage exigé n’est élevé, moins le système bancaire sera capable de générer des prêts,
inversement.
L’institution de réserves obligatoires oblige les établissements bancaires à conserver à la
Banque Centrale un certain montant de liquidités proportionnel aux montants reçus. Elle sert
ainsi à limiter l’expansion des prêts bancaires en constituant un point d’appui exceptionnel au
contrôle monétaire, et intervient aussi comme une garantie supplémentaire en faveur des
déposants eu égard à des retraits éventuels sollicités. C’est ce qui explique d’ailleurs la
différenciation généralement observée au niveau des taux de réserves légales ou de taux de
couverture par catégorie de dépôts.
2- Taux d’intérêt
La rencontre des courbes d’offre et de demande du crédit détermine le taux d’intérêt réel
d’équilibre.
Mais en période d’inflation incontrôlée, l’ajustement devra être plutôt fait à travers une
politique de taux d’intérêt adéquatement flexible.
Dans beaucoup de pays, la politique de taux d’intérêt s’accompagne de sélectivité de
crédit, qui est utilisée pour stimuler ou ralentir l’importance de certaines catégories de prêts, afin
de canaliser les ressources financières vers l’utilisation que l’on souhaite en faire.
Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010).
30
3- Taux de Réescompte
Le réescompte est l’opération par laquelle la Banque Centrale consent à avancer aux
banques désireuses d’échanger des effets de leur portefeuille avant leur date d’échéance le
montant de ceux-ci, diminué d’une retenue à un taux donné.
Cette même opération, quand elle met en présence institution financière et clients,
s’appelle escompte commercial.
Les institutions financières réescomptent à la Banque Centrale des effets qu’elles ont déjà
escomptés de leurs clients.
La technique de réescompte est conçue comme une source de réserves à un taux de
pénalité pour les besoins de trésorerie des institutions financières. La Banque Centrale utilise les
variations du taux de réescompte comme une arme servant à faciliter ou à restreindre l’expansion
de la masse monétaire, en encourageant ou en dissuadant les institutions financières en quête de
liquidité.
Ce taux de réescompte est une indication de l’évolution que la Banque Centrale souhaite
apporter aux conditions du marché.
Il convient de remarquer que l’efficacité du réescompte comme moyen de contrôle de
l’expansion ou de la contraction du crédit est fonction du degré de développement du marché
financier d’un pays.
4- Opérations d’Open-Market
Les opérations d’open-market constituent une technique de contrôle monétaire
relativement souple, qui peut être appliquée graduellement. La Banque Centrale prend l’initiative
d’intervenir sur le marché financier comme acheteur et vendeur d’avoirs financiers. Ces avoirs
sont généralement des obligations gouvernementales, des titres garantis par l’État, ou d’autres
titres également acceptés par la Banque Centrale.
Lorsque la Banque Centrale achète des obligations pour son portefeuille, elle fournit des
réserves excédentaires aux institutions financières, et lorsqu’elle en vend, elle absorbe ces
Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010).
31
réserves. L’objectif des opérations d’open-market, comme celui des opérations de réescompte est
d’agir sur le niveau de la masse monétaire et du crédit. Les marchés monétaires et des capitaux
doivent être suffisamment étoffés pour éviter des fluctuations excessives des cours et provoquer
l’effet souhaité sur la liquidité du système financier.
Pour mieux comprendre le fonctionnement des instruments de la politique monétaire dans
la réalité, nous allons passer en revue des instruments utilisés par des banques centrales dans la
conduite de leur politique monétaire dans certains États.
1.2.2. Les instruments de la politique monétaire dans la pratique
A- Le cas des États-Unis
Aux Etats-Unis d’Amérique la Fed manie trois instruments essentiels de la politique
monétaire :
1- Les opérations d’open-market
Les opérations d’open-market qui sont l’achat et la vente des titres de l’Etat constituent
l’outil le plus utile pour la Fed. En vendant ou en achetant des titres publics sur l’open-market, la
Fed peut diminuer ou augmenter les réserves des banques. Ces opérations qualifiées d’open-
market constituent l’instrument de stabilisation le plus important à la disposition de la banque
centrale.
Le FOMC (Comité Fédéral de l’Open-Market) se réunit tous les mois pour voir s’il faut
fournir davantage de réserves du système bancaire en achetant des bons du Trésor (c'est-à-dire
des obligations à court terme) et des obligations d’État à plus long terme, ou s’il convient d’opter
pour une politique monétaire restrictive en vendant des titres publics.
2- La politique du taux d’escompte
La politique du taux d’escompte fixe le taux d’intérêt, appelé le taux d’escompte, auquel
les banques commerciales inscrites peuvent emprunter des réserves à la Fed quand elles
manquent de liquidités. Nous appelons ces prêts réserves empruntées. Quand les réserves
Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010).
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empruntées augmentent, les banques empruntent auprès de la Fed accroissant donc les réserves
bancaires totales (les réserves empruntées plus celles qui ne le sont pas). Réciproquement, une
baisse des réserves empruntées provoque une contraction des réserves bancaires totales.
Par exemple, la Fed peut estimer que l’offre de monnaie s’accroît trop lentement et a
besoin d’être stimulée, elle n’envoie pas des agents commerciaux pour recruter des emprunteurs.
En revanche, elle peut abaisser le taux d’escompte, qui représente le taux d’intérêt que doivent
verser les banques qui empruntent aux 12 banques régionales de Réserve Fédérale22
. Mais la
relation entre le taux d’escompte et les emprunts des banques n’est pas très précise. Les réserves
empruntées, n’ont pas eu beaucoup d’influence sur la politique monétaire américaine.
3- La politique des réserves obligatoires
La politique des réserves obligatoires est la modification du ratio légal de réserves sur les
dépôts des banques commerciales et des autres institutions financières. Les banques et les autres
institutions financières sont tenues de détenir un montant minimum en tant que réserves non
rémunérées.
Les banquiers se plaignent souvent d’être tenus de détenir des actifs de réserves non
rémunérés, improductifs, au-delà de ce qui est nécessaire pour faire face au flux et au reflux des
dépenses et des recettes. Bien que du point de vue des banquiers cette idée soit défendable, elle
oublie l’aspect macroéconomique : les coefficients de réserve obligatoire sont fixés à un niveau
élevé pour permettre à la banque centrale de contrôler l’offre de monnaie. C'est-à-dire qu’en
fixant les coefficients de réserves obligatoires bien au-dessus du niveau que les banques elles-
mêmes désirent, la banque centrale peut déterminer le niveau exact des réserves et peut donc
contrôler plus précisément l’offre de monnaie.
En d’autres termes, en fixant les coefficients de réserves obligatoires à un niveau élevé, la
banque centrale peut être certaine que les banques ne veuillent généralement pas détenir plus que
le minimum légal. L’offre de monnaie scripturale est ensuite déterminée par l’offre de réserves
bancaires (déterminée par la Fed par le biais de l’open-market) et par le multiplicateur d’offre de
22
Le Conseil de la Réserve Fédérale à Washington, avec l’ensemble des 12 banques de Réserve Fédérale constituent
la Banque Centrale américaine.
Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010).
33
monnaie (déterminé par le coefficient de réserves obligatoires). Comme la Fed contrôle à la fois
les réserves bancaires requis, il a la mainmise (à une marge d’erreur près) sur l’offre de monnaie.
En plus trois principaux instruments abordés précédemment, la Fed utilise d’autres
moyens dans la gestion de la politique monétaire américaine, la réglementation des taux
d’intérêt, les mouvements internationaux de réserves, et les autres activités (la gestion des
marchés des changes, la coordination des finances internationales, et la réglementation des
banques et l’assurance des dépôts).
B- Le cas du Système Européen des Banques Centrales (SEBC)
Pour atteindre ses objectifs, le système européen des banques centrales dispose d’une
série d’instruments de politique monétaire qui sont :
1- Les opérations d’open-market
Les opérations d’open-market jouent un rôle important dans la politique monétaire de
l’Eurosystème. Elles sont utilisées à des fins de pilotage des taux d’intérêt, de gestion de la
liquidité bancaire et d’indication de l’orientation de la politique monétaire.
L’Eurosystème dispose de cinq catégories d’instruments pour effectuer les opérations
d’open-market. L’instrument le plus important est constitué par les opérations de cession
temporaire (sous forme de pensions ou de prêts garantis). L’Eurosystème peut également
recourir aux opérations fermes, à l’émission de certificats de dette, aux opérations d’échange de
devises (ou swaps de change) et aux reprises de liquidité en blanc. Les opérations d’open market
sont effectuées à l’initiative de la BCE, qui décide également du choix des instruments et des
modalités de leur mise en œuvre. Ces opérations peuvent s’effectuer par voie d’appels d’offres
normaux, d’appels d’offres rapides ou de procédures bilatérales.
2- Les facilités permanentes
Les facilités permanentes sont destinées à fournir ou à retirer des liquidités au jour le
jour, à indiquer l’orientation générale de la politique monétaire et à encadrer les taux du marché
au jour le jour. Deux facilités permanentes sont à la disposition des contreparties éligibles, qui
Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010).
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peuvent y recourir à leur propre initiative, sous réserve du respect de certaines conditions d’accès
d’ordre opérationnel
• Les contreparties peuvent utiliser la facilité de prêt marginal pour obtenir des banques
centrales nationales des liquidités au jour le jour contre des actifs éligibles.
• Les contreparties peuvent utiliser la facilité de dépôt pour effectuer des dépôts au jour le
jour auprès des banques centrales nationales.
Les facilités permanentes sont gérées de façon décentralisée par les banques centrales
nationales.
3- Les réserves obligatoires
Le régime des réserves obligatoires de l’Eurosystème s’applique aux établissements de
crédit de la zone euro et a essentiellement pour objet de stabiliser les taux d’intérêt du marché
monétaire et de créer (ou d’accentuer) un besoin structurel de refinancement. Le montant des
réserves obligatoires à constituer par chaque établissement est déterminé en fonction d’éléments
de son bilan. Pour répondre à l’objectif de stabilisation des taux d’intérêt, le système des réserves
obligatoires de l’Eurosystème permet aux établissements concernés de constituer leurs réserves
en moyenne. Le respect des obligations de réserves est vérifié sur la base de la moyenne des
avoirs quotidiens de réserves des établissements au cours de la période de constitution. Les
réserves obligatoires constituées par les établissements de crédit sont rémunérées au taux des
opérations principales de refinancement de l’Eurosystème.
C- Le cas de la BCEAO
La Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) quant à elle utilise deux
types d’instrument :
1- Instruments basés sur l'ajustement de la liquidité globale de l'économie
Les principaux instruments de politique monétaire de la BCEAO basés sur l'ajustement
de la liquidité globale de l'économie sont les suivants :
Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010).
35
La politique des taux d'intérêt
Outre son apport dans la mobilisation de l'épargne en vue d'un financement sain des
économies, la politique des taux d'intérêt contribue à l'utilisation optimale des ressources
financières à l'intérieur des Etats de l'Union. Ainsi, la politique des taux d'intérêt s'appuie sur
l'open-market, la promotion du marché interbancaire et la libéralisation des conditions de
banque. Elle s'articule autour des taux directeurs de la Banque Centrale applicables aux
principaux guichets de refinancement à savoir, le taux d'escompte pour le guichet de réescompte
qui est une procédure d'achat définitif d'effets à douze mois au plus, le taux de pension qui est
une procédure d'achat temporaire d'effets pour 30 jours au plus et le taux du marché monétaire
par appel d'offres.
Le système des réserves obligatoires
Prévu par les statuts de la Banque Centrale et les Directives de Politique Générale de la
Monnaie et du Crédit issues de la réforme de 1975, comme instrument destiné à compléter le
dispositif de contrôle de la liquidité bancaire, le système des réserves obligatoires est entré en
application le 1er octobre 1993, en substitution de l'encadrement du crédit. Conformément aux
dispositions arrêtées, l'assiette et les coefficients de réserves varient en fonction des impératifs de
la politique monétaire.
Au démarrage, il a été retenu, pour les banques, un système d'assiette mixte, assis sur les
dépôts à vue et les crédits à court terme (hors crédits de campagne). Depuis le 16 avril 2000, les
crédits de campagne et les créances brutes des banques sur l'extérieur ont été introduits dans
l'assiette. Le choix de l'assiette mixte tient compte de la diversité des situations de liquidité dans
les pays de l'Union et procède de la préoccupation de consolider la collecte des dépôts à terme de
manière à favoriser la mise en place de crédits à moyen et long termes.
S'agissant des autres établissements assujettis, en l'occurrence les établissements
financiers distributeurs de crédit, l'assiette est constituée de l'encours des crédits octroyés,
diminué des concours obtenus auprès du système bancaire.
Les coefficients de réserves sont fixés de manière différenciée selon les pays en fonction
de l'évolution de la conjoncture.
PIERRE LOUIS (2011), IMPACT DES BONS BRH SUR LE CRÉDIT EN HAÏTI : UNE MODÉLISATION VAR (OCTOBRE 1996 À SEPTEMBRE 2010)
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PIERRE LOUIS (2011), IMPACT DES BONS BRH SUR LE CRÉDIT EN HAÏTI : UNE MODÉLISATION VAR (OCTOBRE 1996 À SEPTEMBRE 2010)

  • 1. IMPACT DES BONS BRH SUR LE CRÉDIT EN HAÏTI : UNE MODÉLISATION VAR (OCTOBRE 1996 À SEPTEMBRE 2010) Mémoire de sortie préparé et présenté par : Albert PIERRE LOUIS Pour l’obtention du grade de licencié ès Sciences Économiques Sous la direction du professeur : Thébeau MICHEL Promotion 2006 - 2010 Port-au-Prince, Août 2011
  • 2. i REMERCIEMENTS Après avoir passé quatre ans à la FDSE en acquérant toutes sortes de connaissances qui me seront utiles pour le reste de ma vie, je suis parvenu à ce stade d’élaboration de mon mémoire de sortie, considéré comme l’ultime étape du cursus de formation de l’étudiant pour l’obtention du grade de licencié ès Sciences Économiques. La réalisation de ce travail, j’en suis conscient, a été rendue possible avec le concours de plusieurs personnes auxquelles je désire adresser mes plus sincères remerciements. Je remercie d’abord le grand JE SUIS (YHWH), dans son omniscience, m’a pourvu de la sagesse et de l’intelligence nécessaire pour réaliser ce travail de recherche. Un grand merci à la Fondation Gérard Pierre Charles pour son appui financier à la réalisation de ce mémoire. J’adresse particulièrement des remerciements à mon directeur de mémoire, Thébeau Michel pour avoir mis à ma disposition son précieux temps et pour ses nombreuses remarques et suggestions très utiles dans le cadre de ce travail. Des remerciements spéciaux vont également à Ogisma Lonège et Jean Marie Cayemitte pour leurs conseils et commentaires sur ce présent travail. Je remercie nos collègues étudiants de la promotion 2006-2010 pour l’esprit de solidarité et camaraderie qu’ils ont su montrer tout au long de ces quatre années d’études. Enfin, que tous ceux et toutes celles qui d'une manière ou d'une autre m'ont aidé, encouragé à réaliser ce travail, par leurs soutiens (Carl Nally Regi Simon et Emmanuelle Jean Baptiste), conseils, critiques, et suggestions, trouvent l’expression de notre profonde reconnaissance. À vous chers lecteurs, que vous puissiez en tirer profit et qu'en revanche vous puissiez y apporter certaines critiques constructives car un travail humain n'est jamais parfait, à tous nous réitérons notre reconnaissance.
  • 3. ii DÉDICACE Je dédie ce mémoire à mes mères, à mes frères et sœurs pour leur participation combien importante dans ma formation, et aussi pour le goût de la recherche qu’ils ont stimulé en moi. Merci pour l’éducation équilibrée qui m’a été enseignée à savoir spirituelle, intellectuelle, mentale, physique et sociale afin de faire face à la vie. Merci du fond du cœur ! L’argent ensorcèle l’homme. On se fait du souci à son sujet, on s’en use pour lui. L’homme invente les moyens les plus ingénieux pour le procurer et les plus ingénieux aussi pour le dépenser. C’est le seul bien qui ne sert à rien si l’on ne s’en sépare. Il ne nourrit personne, il n’habille personne, il n’amuse personne, à moins qu’on ne s’en départe. Il y a des gens qui feraient n’importe quoi pour en obtenir, et l’argent peut aussi faire à peu près n’importe quoi pour ceux qui en ont. La monnaie est une énigme captivante, mouvante, elle porte mille masques. Traduction de Federal Reserve Bank of Philadelphia, « Creeping Inflation », Business Review, August 1957, p.3. Le Crédit a fait beaucoup plus, un millier de fois plus, pour enrichir les nations que toutes les mines du monde. Il a excité le travail, stimulé les entreprises, étendu le commerce sur tous les horizons, et amena chaque nation, chaque royaume et chaque petite tribu des races humaines à être connus du Reste du Monde. WEBSTER Daniel
  • 4. iii RÉSUMÉ IMPACT DES BONS BRH SUR LE CRÉDIT EN HAÏTI : UNE MODÉLISATION VAR (OCTOBRE 1996 À SEPTEMBRE 2010) Albert PIERRE LOUIS Sous la direction de Thébeau MICHEL Août 2011, 85 pages Ces dernières années nous constatons qu’il y a rationnement du crédit en Haïti, c’est-à- dire les banques commerciales refusent d’octroyer du crédit aux agents économiques. Par contre, cœteris paribus, elles préférèrent investir dans les bons BRH qui sont de loin plus sûrs. Notre travail consiste à montrer l’impact négatif des bons BRH sur le crédit. Pour confirmer cette affirmation nous avons utilisé la modélisation du Vecteur Autorégressif (VAR). Les résultats montrent qu’un choc de 1% des bons BRH a un impact cumulé négatif très faible à court et à long terme sur le crédit, après un mois (-0.19%), après trois mois (-0.28%) et devient constant après cinq mois (-0.27%). Outre, nous avons trouvé que le crédit est dû à 94.90% de ses propres innovations et à 0.77% des innovations des bons BRH. Donc, les bons BRH ont un impact négatif faible sur le crédit en Haïti. Mots clés : Crédit, bons BRH, Vecteur Autorégressif (VAR), réponses aux chocs, décomposition de la variance, Haïti.
  • 5. iv TABLES DES MATIÈRES REMERCIEMENTS……………………………………………………………………i DÉDICACE………………………………………………………………………………...ii RÉSUMÉ…………………………………………………………………………………....iii TABLES DES MATIÈRES……………………………………………………........iv LISTE DES SIGLES ET ABRÉVIATIONS………………………………..viii LISTE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES………………………………x INTRODUCTION GÉNÉRALE……………………………………………..….....1 CHAPITRE I – CADRE CONCEPTUEL ET THÉORIQUE…………6 Section 1. Cadre conceptuel…………………………………………………………..6 1.1. Crédit……………………………………………………………………….………..6 1.2. Taux d’intérêt débiteur…………………………………………………………...7 1.3. Taux directeur……………………………………………………………………...7 1.4. Bons BRH…………………………………………………………………………..7 Section 2. Cadre théorique …………………………………………………………...8 2.1. Les fondements théoriques de la politique monétaire …………………..8 2.1.1. Approche des monétaristes …………..…………………………………………..8 2.1.2. Approche des keynésiens …………..………………………………………….....9 2.2. Les théories du crédit………………….……...…………………………...10 2.2.1. La repression financière ……….…………………………...…………………...11 2.2.2 Les imperfections des marchés financiers…..……………………………………11 2.2.2. Le rationnement du crédit……………..…………………………………………15 2.3. Le crédit et la politique monétaire………………....………………………….20 2.4. Les théories sur la modélisation VAR..............................................................22 2.4.1. La critique de Lucas (1976)……………. ……….……………………………...24
  • 6. v 2.4.2. la critique de Sims (1980) ……. ..………………………………………………25 CHAPITRE II – LES INSTRUMENTS DE LA POLITIQUE MONÉTAIRE THÉORIES ET RÉALITÉS…….…………………………..27 Section 1. Présentation des instruments de la politique monétaire d’un point de vue global………………………………………………………………27 1.1. Politique Monétaire……………………………………………………………...27 1.1.1. Définition de la politique monétaire…………………………………………….27 1.1.2. Objectifs de la politique monétaire ……………………………………………..28 1.2. Les instruments de la politique monétaire : considérations générales......28 1.2.1. Généralité des instruments de politique monétaire……………………………...29 1.2.2. Les instruments de la politique monétaire dans la pratique………….………….31 Section 2. Présentation des instruments de la politique monétaire en Haïti……………………………………………………………………………………………36 2.1. Situation de la politique monétaire en Haïti………………………..............36 2.2. Les instruments utilisés par la Banque de la République d'Haïti (BRH) pour mener sa politique monétaire…………………………….……………………38 2.2.1. Le taux d’escompte…………………………...………………………………....38 2.2.2. Les réserves obligatoires ………………………………………….…………….39 2.2.3. Les interventions sur le marché des changes………….………………………...40 2.2.4. Les bons BRH………………………..………………………………………….42 CHAPITRE III – LA SITUATION DU CRÉDIT EN HAÏTI………...47 Section 1. Analyse du crédit au sein de l'économie haïtienne………....47 1.1 Évolution du crédit …………………………………………………….................47 1.2. Évolution des taux d'intérêts débiteurs……………………………………….50 1.3. Répartition du crédit au sein de l'économie haïtienne……………………...51 1.3.1. Répartition du nombre de prêts par emprunteur………………………………...51
  • 7. vi 1.3.2. Répartition de l'encours des prêts par tranche (prêts de 75 000 gourdes ou plus)……………………………………………………………………………………51 1.3.3. Répartition de l'encours des prêts par secteur d'activité………………………...52 1.3.4. Répartition de l'encours des prêts par échéance (prêts de 75 000 gourdes ou plus)…………………………………………………………………………………….52 1.4. Quelques obstacles à l'expansion du crédit en Haïti ……………………...53 Section 2. Analyse des effets des bons BRH, des taux d’intérêt débiteurs sur le crédit en Haïti……………………….……………………………...55 2.1. Effets des taux des directeurs sur les taux d’intérêt débiteurs....................55 2.2. Effets des bons BRH sur le crédit……………………………………………..57 2.3. Effets des taux d’intérêt débiteurs sur le crédit..............................................59 2.4. Poids dans le PIB des intérêts versés par la BRH aux Institutions financières sur les bons BRH………………………………………………………...60 CHAPITRE IV - BONS BRH ET CRÉDIT : UNE ANALYSE ÉCONOMÉTRIQUE DES DONNÉES À PARTIR DE LA MODELISATION VAR………………………………………………………………63 Section 1. Présentation de la modélisation VAR……………………………63 1.1. Écriture du modèle VAR ...…………………………………….…………….…63 1.1.1. Exemple introductif……………………………………………….……………..63 1.1.2. Formulation générale ……………………………………………….………..….65 1.2 Estimation des paramètres d'un VAR (p)…………………………....……….67 Section 2. Présentation de notre modèle..................……………………………68 2.1. Présentation des variables du modèle……….....................................................68 2.2. Test de stationnarité ou de racine unitaire…………………………………….69 2.2.1. Test de Dickey-Fuller (1979, 1981)…………………………………………….71 2.3. Spécification et Estimation du modèle………………………………………...76 2.3.1. Spécification du modèle…………………………………………………………76 2.3.2. Estimation du modèle……………………………………………………………76 2.4. Test de causalité……………………………………………………………………78 2.4.1. Test de causalité de Granger…………………………………………………….78
  • 8. vii 2.5. Dynamique du modèle VAR(1) et analyse des résultats…………....………79 2.5.1. Réponses aux chocs………………………………………………………….…..79 2.5.2. Décomposition de la variance…………………………………………………...80 CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS……………….……………...82 BIBLIOGRAPHIE.................................................................................................…......86 ANNEXE…………………………………………………………………………….………89
  • 9. viii LISTE DES SIGLES ET ABRÉVIATIONS ADF : Dickey-Fuller Augmenté AIC : Akaike Information Criterion BCE : Banque Centrale Européenne BCEAO : Banque Centrale des États de l'Afrique de l'Ouest BCN : Banques Centrales Nationales BRH : Banque de la République d’Haïti COPAL : Commission Économique pour l’Amérique Latine et les Caraïbes DAT : Dépôts à Terme DF : Dickey-Fuller simple DW : Durbin-Watson ÉU : États-Unis Eviews : Econometric views FDSE : Faculté de Droit et des Sciences Économiques Fed : Système fédéral de réserve FMI : Fonds Monétaire International FOMC : Comité Fédéral de l’Open-Market HP : Hypothèse Principale HS1 : Hypothèse Secondaire un (1) HS2 : Hypothèse Secondaire deux (2) HS3 : Hypothèse Secondaire trois (3)
  • 10. ix IHSI : Institut Haïtien de Statistique et d’Informatique MCO : Moindres Carrés Ordinaires MEF : Ministère de l’Économie et des Finances OPEP : Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole PIB : Produit Intérieur Brut SC : Schwarz Information Criterion SEBC : Système Européen des Banques Centrales TMA : Taux Moyens Annuels TXBBRH : Taux de croissance mensuelle des Bons BRH TXCRED : Taux de croissance mensuelle du Crédit TXTDB : Taux de croissance mensuelle des Taux Débiteurs TXTDR : Taux de croissance mensuelle des Taux Directeurs UE : Union Européenne UEH : Université d’État d’Haïti UEMOA : Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine VAR : Vector AutoRegressive
  • 11. x LISTE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES Graphique # 1- Évolution de l’encours et du taux de croissance des bons BRH…………...44 Graphique # 2- Composition de l’encours des bons BRH……………………………………45 Graphique # 3- Évolution des Taux Moyens Annuels (TMA) sur les bons BRH..............…46 Graphique # 4- Évolution des dépôts et du crédit avant 1997………………………….……47 Graphique # 5- Évolution des dépôts et du crédit après 1996………………………………48 Graphique # 6- Évolution du taux de croissance du crédit de 1990 à 2010………….…….49 Graphique # 7- Évolution des taux d’intérêt moyens annuels du système bancaire……….50 Graphique # 8- Taux d’intérêt sur les bons BRH de 91 jours et taux d’intérêt débiteurs…56 Graphique # 9- Taux de croissance du crédit et des bons BRH……………………………..58 Graphique # 10- Taux de croissance du crédit et des taux d’intérêt débiteurs……………..59 Graphique # 11- Intérêts versés sur les bons BRH et part de ces intérêts dans le PIB…….61 Graphique # 12- Évolution du taux de croissance des bons BRH…………………………..70 Graphique # 13- Évolution du taux de croissance du crédit........………....……………….70 Graphique # 14- Évolution du taux de croissance des taux débiteurs….....……………….70 Graphique # 15- Évolution du taux de croissance des taux directeurs.......……….……….70 Tableau # 13- Résumé des résultats des tests de Dickey-Fuller Augmentés………………...75 Tableau # 18- Valeurs calculées pour le critère d’Akaike…………………………………....77
  • 12. Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010). 1 INTRODUCTION GÉNÉRALE Justification du thème de recherche Depuis l’apparition des bons BRH1 en novembre 1996 par les autorités de la Banque de la République d’Haïti, ceux-ci sont devenus le principal instrument de la politique monétaire en Haïti. Ils sont venus à pallier, en autres, l’inadéquation des coefficients des réserves obligatoires, des interventions sur le marché des changes, et du plafonnement du taux d’intérêt. De plus, ils sont émis pour permettre à la BRH2 de mieux contrôler la masse monétaire. Avec l’émission des bons BRH, la Banque centrale va diminuer la masse monétaire, ce qui aidera à réduire principalement l’inflation et aussi de garder une certaine stabilité de la gourde par rapport aux autres devises principalement le dollar ÉU. Cependant, la BRH a un peu oublié son objectif de promouvoir la croissance économique car l’émission des bons BRH est l’un des obstacles à l’expansion du crédit au sein de l’économie haïtienne. Or le crédit via l’investissement est un déterminant important de la croissance économique, par contre en Haïti le crédit est insuffisant pour financer les activités d’investissement. Voilà l’état de fait qui nous a poussés personnellement à choisir ce thème de recherche. Notre dévolu s’est jeté sur la période octobre 1996 à septembre 2010, du fait que les bons BRH ont apparu au début de l’année fiscale 1996-1997 ainsi qu’à cause des divers plans d’investissement, liés profondément au crédit, ayant été déjà élaboré suite au passage du séisme en janvier 2010. Toutefois, ce crédit favorisé par les taux d’intérêt constitue un déterminant incontournable de la croissance via l’investissement. Donc, ces années à venir pourront marquer une nouvelle ère de l’expansion du crédit en Haïti. Alors que, par ailleurs, nous estimons que seule une étude empirique nous permettra de voir concrètement les impacts des bons BRH sur le niveau de crédit dans l’économie haïtienne. En outre, compte tenu de la carence de travaux réalisés sous ce thème, ce document, avant tout 1 L’idée première des bons était d’arrêter le financement monétaire des déficits publics en les substituant des bons du Trésor émis au grand public. Vu les précédents défauts de paiement des autorités, il a fallu donc tester l’intérêt de ce dernier avec les bons BRH, en attendant la restructuration et un certain regain de crédibilité du MEF. La détérioration de la situation politico-économique n’a pas milité en faveur de la concrétisation du projet. Les bons BRH sont donc restés. 2 Banque centrale de la République d’Haïti.
  • 13. Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010). 2 de portée académique, pourra servir comme un supplément à la liste des éléments d’informations utilisés par les autorités monétaires pour l’analyse monétaire. De ce fait, nous jugeons qu’il est nécessaire de réaliser une telle étude. Problématique D’une manière générale tout pays a une banque centrale qui est responsable de la gestion des affaires monétaires. Les banques centrales ont pour objectif principal d’aider l’économie à atteindre un niveau de croissance économique important jusqu’à parvenir au plein emploi et la stabilité des prix, afin d’éviter l’inflation. Pour atteindre son objectif, elles font varier l’offre de monnaie par le biais des instruments de politique monétaire dont elles disposent. Ces instruments de politique monétaire diffèrent d’un pays à un autre. Par exemple aux Etats-Unis, la Fed3 manie trois instruments essentiels de la politique monétaire qui sont les opérations d’open-market, la politique du taux d’escompte et la politique des réserves obligatoires. Le Système Européen des Banques Centrales (SEBC 4 ), de son côté, dispose d’une série d’instruments de politique monétaire, dont les opérations d’open-market, les facilités permanentes et les réserves obligatoires. La Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO)5 , quant à elle, utilise deux types d’instrument : les instruments basés sur l'ajustement de la liquidité globale de l'économie (la politique des taux d'intérêt, le système des réserves obligatoires), les instruments basés sur le contrôle de la qualité du crédit distribué. Enfin, la Banque de la République d’Haïti contrôle plusieurs instruments de politique monétaire, les coefficients de réserves obligatoires, les interventions sur le marché des changes et les bons BRH. Les bons BRH sont, comme nous l'avions dit plus haut, l'instrument monétaire principal dans la conduite de la politique monétaire de la Banque de la République d'Haïti. Ils sont émis 3 Banque centrale des États-Unis d’Amérique. 4 Le SEBC se compose de la Banque centrale européenne (BCE) et des banques centrales nationales (BCN) des États membres de l’Union Européenne (UE). 5 La Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest ou BCEAO est un établissement public international regroupant huit pays de l'Afrique de l'Ouest qui sont membres de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) : Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo.
  • 14. Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010). 3 pour permettre à la BRH de contrôler la liquidité oisive du système financier et, par ricochet, la masse monétaire. Au fait, ils sont surtout émis pour capter cette liquidité oisive sur le marché public pour éviter qu'elle aille gonfler le marché des changes, ce qui aurait, pour conséquence, une aggravation de la dépréciation de la gourde par rapport au dollar américain et, par-là, une augmentation des prix des produits importés. Jusqu’ici l’objectif principal des bons BRH est de réduire l’inflation. En effet, que les bons BRH permettent d'atteindre l’objectif susmentionné, c'est une chose! Mais le prix auquel ils permettent de l’atteindre, c'en est une autre! Les intérêts versés par la BRH aux Institutions Financières sont très importants, de novembre 1996 à septembre 2010, la BRH a payé près de 89.616 milliards6 de gourdes de charges d'intérêt sur l'encours total des bons BRH. Ce montant pourrait ne rien représenter comme charge pour la BRH. Mais, quand on le rapporte aux PIB ou aux budgets moyens de la République d'Haïti pour cette même période, on a une idée plus nette du manque à gagner qu'a occasionné la politique monétaire conduite à travers les bons BRH. De façon encore plus grave, quand nous analysons l'évolution des taux d'intérêt sur les bons BRH par rapport aux taux d’intérêt sur le crédit du système bancaire, plus les taux sur les bons sont élevés, plus encore étaient les taux sur le crédit dans l’économie (et l'inverse n'est pas tout à fait vrai). Toutes choses étant égales par ailleurs (cœteris paribus), cela traduit en conséquence pour les agents économiques haïtiens que le crédit devient de plus en plus inaccessible - les Institutions Financières de la place « ne font que placer » leur avoir dans les bons BRH. Ainsi nous sommes amenés à nous questionner sur la qualité du phénomène. Le problème général de notre recherche peut se formuler comme suit : L’émission des bons BRH auprès des Institutions Financières haïtiennes, en tenant compte des taux d’intérêt débiteurs constitue-t-elle un obstacle significatif à l’expansion du crédit en Haïti? Les problèmes secondaires de notre recherche peuvent alors se formuler : 1- Une expansion des bons BRH a-t-elle un impact négatif significatif sur le crédit en Haïti ? 2- Une augmentation des taux débiteurs a-t-elle un effet négatif important sur le crédit en Haïti ? 6 Calculés à partir des statistiques de la BRH
  • 15. Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010). 4 3- Un accroissement des taux directeurs influe-t-il positivement et de manière considérable les taux débiteurs? Hypothèses de l’étude Hypothèse principale HP : L’émission des bons BRH auprès des Institutions financières haïtiennes, en tenant compte des taux d’intérêt débiteurs constitue un obstacle peu significatif à l’expansion du crédit en Haïti. Hypothèses secondaires HS1 : Une expansion des bons BRH a un impact négatif peu significatif sur le crédit en Haïti. HS2 : Une augmentation des taux débiteurs a un effet négatif peu important sur le crédit en Haïti. HS3 : Un accroissement des taux directeurs influe positivement et de manière peu considérable les taux débiteurs. Objectifs de l’étude Objectif général Montrer l’impact des bons BRH et des taux d’intérêts débiteurs, sur le volume de crédit octroyé en Haïti. Objectifs spécifiques 1- Analyser l’évolution des bons BRH, des taux directeurs, des taux débiteurs et du crédit au sein de l’économie haïtienne. 2- Vérifier la véracité des hypothèses formulées dans le cadre de notre travail de recherche.
  • 16. Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010). 5 Méthodologie de l’étude La méthodologie qui sera utilisée pour réaliser cette étude, consistera en une quadruple approche : théorique, documentaire, descriptive et analytique et économétrique. - L’approche théorique présentera les différentes théories qui expliquent le phénomène sous étude (bons BRH et crédit). - L’approche documentaire utilisera des documents déjà rédigés portant sur notre recherche c'est-à-dire des sujets relatifs aux politiques monétaires, aux bons BRH, aux taux d’intérêt débiteurs, aux taux directeurs, et aux crédits. - L’approche descriptive et analytique consistera à décrire et à analyser l’évolution du crédit et des taux d’intérêt débiteurs suite à l’introduction des bons BRH (taux directeurs) comme instrument de politique monétaire de la BRH. - L’approche économétrique traitera les relations de causalité entre les variables. Notre travail de recherche comportera quatre (4) chapitres : 1- Le premier chapitre traitera les différents concepts et théories relatifs à notre travail de recherche. 2- Le deuxième chapitre présentera les instruments utilisés par certaines banques centrales dans la conduite de leurs politiques monétaires. 3- Le troisième chapitre parlera de la situation du crédit en Haïti. 4- Le quatrième chapitre comportera la présentation du modèle économétrique (VAR) et la vérifiera du même coup nos hypothèses de travail. Chaque chapitre de notre travail sera précédé d’une introduction et sera succédé d’une conclusion. Il est à noter que les données statistiques utilisées dans ce présent travail ont été collectées de deux grandes institutions du pays, la Banque de la République d’Haïti (BRH) et l’Institut Haïtien de Statistique et d’informatique (IHSI). Ce sont là les principales sources statistiques utilisées dans la réalisation de ce travail.
  • 17. Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010). 6 CHAPITRE I – CADRE CONCEPTUEL ET THÉORIQUE Avant d’entrer d’emblée dans le vif du sujet, il s’avère indispensable de définir certains concepts clés qui sont le crédit, le taux d’intérêt débiteur, le taux d’intérêt directeur et les bons BRH, ils nous aideront à avoir une meilleure compréhension de notre travail de recherche. Nous aurons aussi à parler des différentes théories qui ont été élaborées en rapport avec le thème que nous traitons. En premier lieu, nous parlerons des théories de la politique monétaire ayant rapport avec le crédit. En second lieu, nous développerons les théories du crédit. En troisième lieu, nous dresserons un référentiel théorique précis. En dernier lieu, nous présenterons les théories de la modélisation VAR. Section 1. Cadre conceptuel 1.1. Crédit Le mot crédit7 vient du latin credere et creditum qui signifie cru. Le crédit c’est un acte de confiance se traduisant par un prêt en nature ou en espèces consenti en contrepartie d’une promesse de remboursement dans un délai généralement convenu d’avance. Le crédit implique donc une réputation de solvabilité ce qui permet de retrouver le sens de l’adage : « on prête qu’aux riches » qui veut dire qu’à ceux qui pourront rembourser. En d’autre terme, le crédit constitue comme étant des ressources prêtées d’un établissement financier à un agent économique qui s’engage à payer des intérêts et à rembourser le capital du prêt. De son côté, l'accord de crédit est une activité qui repose sur la confiance que le prêteur accorde à l'emprunteur de qui il attend le remboursement du prêt. De manière générale, plus le prêteur aura confiance dans l'emprunteur, plus il lui prêtera une somme importante avec un faible taux d'intérêt. Inversement, moins l'emprunteur aura de crédit aux yeux du prêteur, plus celui-ci sera frileux, exigera des garanties importantes et prêtera l'argent à un taux d'intérêt élevé. 7 SILEM Ahmed, et al. Lexique d’économie, Dalloz, Paris, juin 2004, p. 209.
  • 18. Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010). 7 1.2. Taux d’intérêt débiteur Le taux d'intérêt8 d'un prêt ou d'un emprunt est le pourcentage, calculé selon des conventions prédéfinies, qui mesure de façon synthétique, sur une période donnée, la rentabilité pour le prêteur ou le coût pour l'emprunteur de l'échéancier de flux financiers du prêt ou de l'emprunt. Il désigne, dans ce cas, le loyer ou le coût de l’argent. De même que le taux d’intérêt peut être définit de façon différente par des écoles de pensée, il existe également différents types de taux d’intérêt, taux de base bancaire, taux à long terme, taux d’intérêt créditeur, etc. Mais dans le cadre de notre travail de recherche le taux d’intérêt qui nous intéresse c’est le taux d’intérêt débiteur qui est le taux d’intérêt demandé par la banque à la clientèle qui emprunte. 1.3. Taux d’intérêt directeur Le taux d’intérêt directeur9 est le taux d’intérêt fixé par une Banque Centrale, taux auquel cette banque centrale accorde des crédits à court terme aux banques commerciales. Les taux directeurs sont pour les Banques centrales des instruments de régulation économique au service de leurs politiques monétaires, dont les objectifs sont toujours d'une part de limiter l'inflation, et d'autre part de favoriser la croissance économique. 1.4. Bons BRH Les bons10 sont des titres émis par l’Etat en représentation d’une dette à court terme contractée par lui. Partant de cette définition les bons BRH sont des titres émis par la BRH en vue de contrôler les encaisses oisives des Institutions Financières Haïtiennes avec un certain coût qui 8 www.wikipédia.fr 9 www.trader-finance.fr 10 BERNARD Yves et COLLI Jean Claude. Dictionnaire économique et financier, Du seuil, Paris, Mars 1989, p. 231.
  • 19. Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010). 8 sont les intérêts versés auprès celles-ci. Il faut dire qu'on distingue quatre types de bons BRH, définis en fonction de leur échéance et ce sont les bons à échéance de 7, 28, 91 et 182 jours. Section 2. Cadre théorique 2.1. Les fondements théoriques de la politique monétaire L’action des autorités publiques tendant à contrôler la quantité de monnaie en circulation ou de crédit distribué constitue ce que l’on appelle la politique monétaire. Les fondements théoriques de la politique monétaire constituent le sujet d’âpres débats. Le plus important est celui qui oppose « monétaristes » et « keynésiens ». Les monétaristes, disciples de l’économiste américain M. Friedman, sont des adeptes de la théorie quantitative de la monnaie bâtie sur la relation dont le prototype est l’équation des échanges de I. Fisher. Les keynésiens s’appuient sur les deux principaux ouvrages de Keynes : le Traité de la monnaie et la Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, explicitement dirigés contre la théorie quantitative. Ces ouvrages, cependant, sont antérieurs à 1936, Keynes est mort en 1946, tandis que M. Friedman a publié ses travaux à partir de 1956. Le débat Friedman-Keynes est donc très indirect. Mais les arguments opposés en son temps par Keynes à Fisher valent encore pour Friedman. Il s’agit d’une opposition fondamentale entre deux analyses des phénomènes monétaires. L’une, celle des monétaristes, peut être qualifiée d’analyse par les encaisses. L’autre, celle des keynésiens, est une autre analyse par le revenu. Nous présentons brièvement l’une et l’autre en relevant chaque fois les implications pour la politique monétaire. 2.1.1. Approche des monétaristes L’analyse par les encaisses repose sur une relation exprimant la quantité de monnaie en circulation à un moment donné comme le montant des encaisses que les agents souhaitent détenir à ce moment. L’équation des échanges de Fisher est de ce type, de même que celle proposée par Pigou quelques années plus tard à Cambridge, acceptée par Keynes dans son Essai sur la
  • 20. Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010). 9 réforme monétaire en 1923, mais réfutée par lui dans son Traité de la monnaie en 1930. L’équation utilisée par Friedman en 1956, bien que plus élaborée et dotée de fondements microéconomiques plus explicites, n’est en réalité guère différente. Referons-nous ici à l’équation la plus classique, à savoir l’équation des échanges de Fisher que nous prendrons sous la forme suivante : ୼௉ ௉ = ୼୑ ெ + ୼௏ ௏ − ୼் ் où ∆P/P est le taux d’inflation au cours d’une période de temps donnée, et ∆M/M, ∆V/V, ∆T/T, sont les taux de variation, dans la période, respectivement de la masse monétaire, de la vitesse de circulation de la monnaie et du volume des transactions. Les quantitativistes admettent que P peut seulement varier sous l’influence M, V et T, ils excluent la possibilité que P peut varier sous l’influence d’autres facteurs. De ce postulat, les quantitativistes déduisent qu’un accroissement de l’offre de monnaie entraine une hausse inflationniste des prix. Cette hausse est égale à l’augmentation de la quantité de monnaie en circulation, à moins que ne surviennent des variations compensatrices de la vitesse de la circulation de la monnaie ou du volume des transactions. Cela étant les autorités publiques peuvent-elles faire confiance à de telles variations ou envisager de s’appuyer sur elles pour combattre l’inflation ? Les théoriciens monétaristes ne le pensent pas. Pour eux, si on veut lutter contre l’inflation, il faut donc comprimer les coûts de façon à inciter les entreprises à élever le niveau de production. Dans ce but, il convient d’empêcher les banques autant qu’elles le voudraient à la demande d’encaisse ou crédit du public, et cela ne peut être obtenu en provoquant une hausse des taux d’intérêt et en limitant les possibilités de refinancement des banques auprès de la banque centrale. 2.1.2. Approche des keynésiens L’analyse par le revenu, proposée par J.M. Keynes, conduit à des conclusions radicalement opposées.
  • 21. Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010). 10 Selon Keynes ce n’est point la demande d’encaisse des ménages qui détermine la demande globale de la monnaie, mais la demande de crédit des entreprises. Or cette demande de crédit s’explique essentiellement par les besoins de financement de l’économie. Cependant, les besoins de financement de l’économie sont déterminés, en fonction des prix des facteurs de production et des produits, par le niveau du revenu global que la communauté envisagée souhaite atteindre, en restant dans la limite des possibilités offertes par la quantité de main d’œuvre existante. Ce revenu global désiré est lui-même, selon Keynes, le revenu global visé par les anticipations des entreprises. Ces anticipations sont enfin « hautes » ou « basses » selon que le revenu propre des entreprises, qui est une fraction (souvent appelée profit) du revenu global réalisé précédemment, est élevé ou non. Tout ce qui est de nature à améliorer les anticipations des entreprises contribue donc à l’élévation de la production. À cet égard, une hausse des salaires n’est pas forcément néfaste. Certes, elle entraine dans l’immédiat une hausse des coûts, mais elle détermine également à brève échéance une demande supplémentaire de produits et de facteurs. Une hausse du taux de l’intérêt représenterait, elle aussi, un coût pour les entreprises, mais un coût non générateur de revenus. Une telle hausse serait de nature à décourager les entreprises dans leur effort d’investissement. Elle atténuerait peut-être l’inflation, mais au prix d’une récession. Mieux vaut, par conséquent, une baisse du taux d’intérêt qui, en incitant les entreprises à des anticipations optimistes, poussera au plein emploi de la main-d’œuvre, conduira à une prospérité accrue et probablement, en fin de compte, à un ralentissement spontané de l’inflation. 2.2. Les théories du crédit Il n’y a pas vraiment une théorie traitant les bons BRH et le crédit, plus haut nous avons pris le soin de présenter deux approches fondamentales de la politique monétaire ayant rapport avec le crédit. Dans cette sous-section nous aurons à présenter des théories élaborées sur le concept crédit.
  • 22. Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010). 11 2.2.1. La répression financière McKinnon et Shaw (1973) développèrent un cadre d’analyse dont la répression financière constitue la toile de fond. Selon ces deux auteurs, l’intervention des pouvoirs publics dans le fonctionnement du marché financier conduit à un découragement de l’épargne, un rationnement du crédit et l’affectation non optimale des ressources. Si l'État fixe arbitrairement les taux d'intérêt réels (à travers la fixation des taux d'intérêt nominaux) au-dessous de leurs valeurs d'équilibre de marché, il réduit la croissance économique dans la mesure où : - Cela réduit la quantité de fonds disponibles (crédit) pour l'investissement via la baisse des dépôts bancaires ; - Cela affecte la qualité de l'investissement par la modification de comportement des intermédiaires financiers. L'analyse de McKinnon et Shaw vise donc à montrer que, dans le cadre d'une économie réprimée financièrement, la fixation des taux au-dessous de leur valeur d'équilibre : réduit l'épargne (baisse des dépôts bancaires) au profit de la consommation courante; fixe l'investissement au-dessous de son niveau optimal; détériore la qualité de l'investissement réalisé dans la mesure où les banques sont forcées par le gouvernement de financer des projets à faibles rendements (secteurs prioritaires...). Dans ce contexte, libérer le secteur financier, principalement, réviser le niveau des taux d'intérêt réels servis sur les dépôts (par une augmentation des taux nominaux ou par une baisse de l'inflation) stimulera l'accumulation de l'épargne, une augmentation des fonds prêtables (crédit) et donc permettre la croissance de l'investissement. L'approche de McKinnon et Shaw conclut donc, invariablement, à souligner le caractère néfaste de la répression financière sur l’investissement via le crédit. Au contraire, la libéralisation financière, parce qu'elle permettrait le développement financier, serait à même d'accélérer le développement économique. 2.2.2. Les imperfections des marchés financiers L’approche de McKinnon et Shaw sur libéralisation financière portant sur le fait que le marché du crédit est purement concurrentiel et donc qu'il ne peut exister de rationnement lorsque
  • 23. Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010). 12 les taux d'intérêt sont fixés à leur niveau d'équilibre. Stiglitz et Weiss (1981) furent l'un des premiers auteurs à montrer que la remise en cause de cette hypothèse compte tenu du déséquilibre structurel des marchés financiers serait la cause de l'échec des politiques de libéralisation financière. Les marchés financiers ne sont pas aussi parfaits que l'estimerait l'approche développée par Mac Kinnon et Shaw. Ils sont des marchés particuliers et non comparables avec le marché des biens et services par exemple pour répondre à l'ironique question de Diaz Alejandro (1985, p. 2) : Are banks special, and really all that different from butcher shop ? Sur les marchés financiers, les crédits sont échangés contre des promesses futures de remboursement. Le non-respect de cette promesse accroît le risque lié à l'emprunt. Stiglitz et Weiss (1981) montrent que l'espérance de rendement de la banque croît moins vite que le taux d'intérêt. De ce fait, il n'y a pas de mécanismes compétitifs qui puissent établir l'égalité entre l'offre et la demande de fonds prêtables et le crédit sera en permanence rationné puisque l'offre de fonds prêtables est fonction de l'espérance de rendement tandis que la demande dépend du taux d'intérêt. Le taux d'intérêt qui maximise le profit de la banque est inférieur au taux d'intérêt d'équilibre et par conséquent, certains emprunteurs seront rationnés. En effet, les banques sont préoccupées par les intérêts du prêt, mais aussi le niveau de risque encouru. Ainsi, le taux d'intérêt fixé par la banque peut affecter le risque global qu'elle encoure soit par l'effet de sélection adverse qui se traduit par l'exclusion des emprunteurs potentiels ou soit par l'effet d'incitation. Ces deux effets liés aux problèmes d'asymétrie d'information sur les marchés financiers sont résolus par les banques selon Stiglitz et Weiss (1981) en rationnant à chaque date certains agents même si ces derniers sont prêts à payer des taux d'intérêt plus élevés. Les banques ne feront donc pas de crédit puisque la probabilité de défaut associée aux nouveaux prêts est élevée. Bien que le rationnement de crédit à la Stiglitz-Weiss (1981) soit une illustration pratique des problèmes d'asymétrie d'information sur le marché financier, son existence (du rationnement) semble être un phénomène intrinsèque au fonctionnement du secteur financier selon les auteurs. En effet, Bester (1985) propose une solution aux problèmes de rationnement de crédit en permettant aux banques d'utiliser de façon compétitive le taux d'intérêt et les garanties pour sélectionner les emprunteurs ; ce qui n'est pas le cas chez Stiglitz et Weiss où le rationnement se fait en fonction du taux d'intérêt qui maximise le profit de la banque. De façon spécifique, les
  • 24. Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010). 13 emprunteurs moins risqués acceptent des garanties élevées contre des taux d'intérêt faibles. Aussi les banques peuvent utiliser les collatéraux pour permettre aux entrepreneurs non risqués de se révéler. L'équilibre de rationnement est souvent mélangeant (le cas de Stiglitz et Weiss, 1981), alors que le mécanisme d'auto-sélection proposé par Bester (1985) à travers les garanties11 et le taux d'intérêt permet à la banque de sélectionner le bon risque du mauvais, et d'obtenir un équilibre séparateur sans rationnement de crédit12 . Par contre, Hellwig (1987) montre qu'une légère modification dans la séquence des jeux peut avoir des implications majeures en ce qui concerne l'équilibre de Bester. Hellwig considère un jeu à deux étapes de Rothschild et Stiglitz (1976) et Wilson (1977) dans un modèle comparable à celui de Bester, où dans un premier temps la partie non informée (les banques) offrent des contrats de dettes aux emprunteurs, qui choisissent parmi les offres disponibles dans un second temps. Les résultats obtenus montrent que le seul candidat pour l'équilibre séquentiel dans des stratégies pures de cette mise en œuvre est l'équilibre séparateur de Bester (1985). Cependant, si la proportion des bons risques dans la population est élevée, l'équilibre séparateur n'est pas Pareto optimal par rapport à l'équilibre mélangeant. Hellwig (1987) étend le processus à un jeu à trois étapes, et montre que si dans un premier temps les banques annoncent leur préférence en ce qui concerne les taux d'intérêt, l'équilibre mélangeant domine l'équilibre séparateur13 . Ainsi, l'équilibre de rationnement de Stiglitz et Weiss peut persister malgré l'existence d'un mécanisme séquentiel de sélection du risque. L'asymétrie d'information sur le marché peut avoir d'autres conséquences que le rationnement de crédit comme l'évoquent les auteurs précédents. Une contribution intéressante a été réalisée par De Meza et Webb (1987), qui va dans ce sens. Les deux auteurs construisent un 11 Il serait intéressant de faire remarquer qu'il y a une hypothèse sous-jacente au modèle de Bester (1985), qui est que les bons risques disposent de fortes garanties. Cette hypothèse, propre à tous les modèles avec collatéraux est discutable. 12 Toutefois, étant donné que le niveau de taux d'intérêt débiteur ne peut être infini tout comme la richesse des individus (collatéraux), il subsiste des situations pour lesquelles les contrats incitatifs séparateurs cessent d'être optimaux (Deshons et Freixas, 1987). 13 Par contre lorsque la séquence de révélation des préférences est inversée entre les entrepreneurs et la banque dans le modèle de Hellwig (1987), c'est-à-dire que les entrepreneurs annoncent le montant de garantie qu'elles sont prêtes à offrir dans un premier temps ; dans un deuxième temps, compte tenu des garanties offertes par les entrepreneurs, les banques annoncent le niveau de taux d'intérêt. Enfin dans l'étape 3, les entrepreneurs choisissent parmi les contrats compétitifs. Dans ce jeu, l'équilibre séquentiel est l'équilibre séparateur.
  • 25. Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010). 14 modèle, où l'asymétrie d'information entre prêteurs et emprunteurs n'entraîne pas le rationnement de crédit, mais conduit à un excès d'investissement par rapport à son niveau socialement admissible. La différence fondamentale entre le modèle de De Meza et Webb et celui de Stiglitz et Weiss (1981), est que la rentabilité moyenne des projets varie dans le premier, alors qu'elle est constante dans le second. Aussi, contrairement à Stiglitz et Weiss (1981), dans le modèle de De Meza et Webb, les taux d'intérêt élevés n'attirent pas les mauvais risques. Par conséquent, ce n'est pas l'asymétrie d'information qui conduit au rationnement du crédit dans le modèle de Stiglitz et Weiss (1981) selon De Meza et Webb, mais plutôt la nature du contrat de dette comme le suggère également Williamson (1986, 1987). Cho (1986) réalise une contribution alternative qui justifie en partie l'échec des politiques de libéralisation financière en prenant en compte les imperfections des marchés financiers sans faire référence au rationnement du crédit à la Stiglitz et Weiss (1981). En effet, il estime que l'échec des politiques de libéralisation financière est surtout lié à l'inefficience des marchés boursiers. Cho (1986) avance que le déficit économique à lui seul ne saurait expliquer les politiques de répression financière, mais plutôt le faible niveau de développement, les problèmes structurels, les imperfections du marché boursier et la prépondérance des prêts bancaires dans le financement des entreprises. Il identifie 2 types de contraintes sur le marché du crédit où différents taux d'intérêt peuvent s'établir suivant les caractéristiques des emprunteurs : les contraintes exogènes qui sont d'ordre légal ou institutionnel, comme le plafonnement des taux d'intérêt ; les contraintes endogènes liées aux coûts de l'information qui permettent d'appréhender le risque de chaque client. Pour Cho (1986), même si la libéralisation bancaire supprime le plafonnement des taux d'intérêt et assure la compétitivité bancaire, l'amélioration de l'efficience de l'allocation du capital n'est pas garantie si les contraintes informationnelles ne sont pas levées. Ces imperfections au niveau du système d'information peuvent faire que l'espérance de rendement du prêt octroyé par la banque à une entreprise i peut être supérieure à celle d'une entreprise j, malgré que l'entreprise j soit plus productive que l'entreprise i. Cho (1986) conclut qu'en absence de marché boursier, si le gouvernement n'est pas corrompu et a le même niveau d'information que les agents économiques, il pourrait accroître l'efficience de l'allocation du crédit en obligeant les banques à emprunter aux groupes d'entrepreneurs rationnés. Mankiw (1986), montre aussi que l'inefficience dans les mécanismes d'allocation du crédit sur le marché financier due au fait que les emprunteurs ont plus d'information sur leur risque que les prêteurs,
  • 26. Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010). 15 peut être améliorée par l'intervention de l'Etat. Il fustige les augmentations de taux d'intérêt liées à la libéralisation financière en avançant que de faibles variations du taux sans risque peuvent entraîner de grandes modifications dans la prise du risque, dans l'allocation du crédit et dans l'efficience de l'équilibre du marché. Enfin, Mankiw (1986) suggère que les marchés financiers ne peuvent pas fonctionner de façon libre comme le préconisent certains auteurs et que l'intervention de l'Etat est très importante, surtout pour assumer la fonction de prêteur en dernier ressort. 2.2.3. Le rationnement du crédit Nous présentons ici deux approches de la théorie du rationnement du crédit, l’analyse de Modigliani et Jaffee (conditions hors prix) et le modèle Stiglitz et Weiss (information imparfaite). A- Rationnement du crédit et conditions « hors Prix » : l’analyse de Modigliani et Jaffee D.M. Jaffee et F. Modigliani ont les premiers présenté une analyse du comportement du rationnement du crédit par les banques. Ils le définissent comme « la situation dans laquelle la demande de crédit commercial excède l’offre de ces crédits au taux d’intérêt commercial pratiqué par les banques ». Le prix, le taux d’intérêt n’équilibre donc pas l’offre et la demande sans que cela puisse être attribué à une pratique d’administration du marché par les pouvoirs publics. Cette situation trouve son origine dans le comportement des banques. Jaffee et Modigliani en proposent l’interprétation suivante. Les banques établissent des clivages au sein de leur clientèle en fonction du risque qu’elle représente. Elles aboutissent ainsi à l’établissement de classes qui regroupent les clients à l’égard desquels elles ont un comportement homogène et en particulier à l’égard desquels elles pratiquent les mêmes taux d’intérêt. Mais les clients situés à l’intérieur d’une même classe de taux d’intérêt représentent pour les banques des risques différenciés. Il est donc rationnel du point de vue de ces dernières de limiter leur crédit aux clients à l’égard desquels elles pratiqueraient un taux d’intérêt plus élevé, si les taux étaient fixés en fonction de chaque cas particulier, et, inversement de ne pas rationner
  • 27. Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010). 16 les clients pour lesquels une attribution individuelle de crédit se ferait à un taux plus faible que celui de la classe dont ils relèvent. Les banques ont une fonction d’offre spécifique pour chaque demandeur. La spécification de la fonction d’offre s’opère au travers des conditions « hors prix ». Celles-ci concernent les conditions d’obtention du crédit : échéances de remboursement, garanties hypothèque, ou garantie sur le patrimoine personnel, apport personnel à l’opération… Au travers des conditions hors prix les banques sélectionnent leurs clients en posant des conditions d’accès inégales en fonction du risque qu’elles estiment encourir. Si les taux d’intérêt augmentent, le degré de rationnement augmente. En effet, le risque de défaut présenté par certains clients sera accru par l’élévation de la charge d’intérêt. Le rationnement portera donc plus fortement sur le demandeur de crédit déjà rationné. L’incidence de l’aggravation du rationnement sera donc très différente selon les catégories de clients. Elle sera totalement évitée à certains et beaucoup plus rigoureuses que ne l’indique l’observation globale pour d’autres. Prise en compte de la part de marché, et conditions hors prix se conjuguent pour défavoriser dans l’octroi du crédit les petites entreprises par rapport aux firmes importantes. Ces pratiques microéconomiques de rationnement peuvent être renforcées par la mise en œuvre d’une politique globale de limitation du crédit par la Banque centrale. B- Rationnement du crédit en information imparfaite : le modèle de Joseph Stiglitz et Andrew Weiss (1981)14 Le modèle présenté par Stiglitz et Weiss poursuit l’introduction de la notation d’asymétrie d’information et de son application au marché du crédit. Le fait stylisé à expliquer est le suivant : lorsque le niveau de risque du débiteur augmente, les banques n’augmentent pas les taux d’intérêt qu’elles exigent, mais préfèrent rationner le crédit, c’est-à-dire refuser le prêt. Si le marché fonctionne correctement, les agents qui demandent le bien et ceux qui l’offrent gagneraient pourtant à une hausse du prix : les offreurs d’une manière évidente, et les demandeurs car ils ne seraient plus rationnés. Pourquoi donc le taux d’intérêt n’agit-il pas comme un prix habituel qui équilibre le marché, ici celui du crédit ? Cela s’explique par l’existence d’une asymétrie d’information : le 14 J. STIGLITZ ET A. WEISS « Credit rationing in markets with imperfect information » The American Economic Review, vol. 71, n°3, 1981, pp. 93-410.
  • 28. Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010). 17 débiteur connaît le risque du projet qu’il entreprend (risque de sélection adverse) ou peut modifier sa prise de risque (risque de hasard moral), alors que la banque ne peut que l’estimer. L’augmentation du taux d’intérêt implique une hausse du degré de risque couru par la banque car elle rend trop coûteux pour l’entrepreneur les projets non risqués (qui rapportent moins). La banque préfèrera alors ne pas accorder de crédit plutôt que d’augmenter le coût du crédit. Le modèle développé par Stiglitz et Weiss incorpore donc à la fois l’argument de la sélection adverse et celui du hasard moral. Les entrepreneurs prennent des décisions plus risqués lorsque le taux d’intérêt augmente et les projets moins risqués deviennent moins profitables au fur et à mesure que le taux d’intérêt augmente. La banque a de nombreux moyens pour affiner son information et se couvrir, par exemple en exigeant des collatéraux, mais cela n’élimine pas le rationnement du crédit. 1- Le crédit comme situation d’information imparfaite Pourquoi le crédit est-il rationné ? L'égalité entre l’offre et la demande sur un marché demeure la principale représentation de l’équilibre économique. Cette égalité se réalise grâce à la flexibilité des prix, destinée à ajuster au mieux l’offre et la demande. Si les prix faisaient leur travail, il ne pourrait y avoir de situation de rationnement, puisque l’excès de demande d’un bien serait immédiatement résorbé par une hausse du prix du bien considéré. Le prix est en matière de crédit le taux d’intérêt rémunérant les prêteurs c’est-à-dire les banques. Le comportement des emprunteurs : les entreprises, lie, selon ces auteurs, acceptation du taux d’intérêt sur le crédit et évaluation de leur propre risque. Si l’emprunteur anticipe un risque faible de défaut de remboursement de son emprunt, il n’accepte pas un taux d’intérêt élevé. Stiglitz et Weiss vont plus loin : un taux d’intérêt élevé accroît l’attractivité des projets les plus risqués pour les entreprises. Du point de vue de la banque, le taux de remboursement anticipé est plus bas. Un niveau élevé des taux d’intérêt conduit donc les emprunteurs à des choix contraires aux intérêts des prêteurs. Le taux de rendement du prêt anticipé par la banque peut donc croître moins vite que le taux d’intérêt et peut même décroître alors que ce dernier s’accroît. Il existe un taux d’intérêt qui maximise le rendement de la banque soit ‫̂ݎ‬∗ ce taux.
  • 29. Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010). 18 Taux de rendement attendu par la banque ‫̂ݎ‬∗ Taux d’intérêt Le Taux d’intérêt optimum pour la banque Il est concevable qu’au taux ‫̂ݎ‬∗ la demande de crédit excède l’offre de crédit. Le mécanisme d’ajustement attendu de l’offre et de la demande implique alors que les prix : le taux d’intérêt s’élève sous la poussée de la demande ̶̶̶ offre et demande s’équilibrent alors à des quantités moindres pour un prix plus élevé. Ce taux d’intérêt qui ajusterait offre et demande n’est pas le taux d’intérêt optimum pour la banque. Compte tenu de son appréciation sur les emprunts risqués qui lie le niveau du taux d’intérêt et niveau de risque du projet, la banque ne prêtera pas à un demandeur qui accepte de payer plus que le taux ‫̂ݎ‬∗ . À ce taux pourraient s’ajouter les conditions hors prix notamment des garanties sur les ressources à l’entreprise. Mais en accroissant les conditions hors prix de ses prêts la banque diminuera l’aversion pour le risque de ces emprunteurs et donc son propre taux de rendement. Les emprunteurs n’obtiennent donc pas des prêts même s’ils acceptent de payer un taux d’intérêt plus élevé : il y a rationnement du crédit. 2- L’équilibre de rationnement Par rapport à l’analyse traditionnelle de détermination de l’équilibre sur le marché du crédit le modèle de Stiglitz et Weiss ajoute une composante à la détermination de l’équilibre : le taux de rendement anticipé des crédits ‫ݎ‬ො.
  • 30. Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010). 19 • La demande de crédit est une fonction décroissante du taux d’intérêt payé par les emprunteurs. Soit ‫ܮ‬஽ cette fonction. • L’offre de crédit ‫ܮ‬ௌ est fonction de ‫̂ݎ‬, taux de rendement anticipé des crédits. Le modèle pose l’hypothèse que ce taux est une fonction décroissante du risque du crédit. L’offre de crédit ne dépend donc pas de la même variable que la demande. • Ces conditions expliquent que le taux d’intérêt rm auquel offre et demande s’égalisent : - ne soit pas optimal pour l’un des agents : les banques - ne soit pas une position d’équilibre stable. À ce taux les banques ne maximisent pas leur profit. Les clients qui acceptent de payer ce taux sont des clients à gros risque. À cet effet direct sur le risque des banques s’ajoute un effet indirect : des clients sont évincés du marché parce que le risque qu’ils anticipent quant à leur opération ne justifie pas de payer ce taux : • Si chaque emprunteur, ou si chaque catégorie d’emprunteur, a une distribution de rendement anticipé de son projet θ, Stiglitz et Weiss proposent de considérer que les emprunteurs peuvent être répartis en deux (2) groupes : - un groupe adverse au risque qui emprunte jusqu’à un taux d’intérêt ‫ݎ‬ଵ. - un groupe risqué qui emprunte jusqu’à un taux d’intérêt ‫ݎ‬ଶ. ‫ݎ‬ଵ < ‫ݎ‬ଶ • Soit ߩ̅ (‫̂ݎ‬) la fonction qui exprime la relation entre la charge d’intérêt des emprunteurs et le taux de rendement anticipé de la banque par dollar emprunté. La fonction ߩ̅ (‫̂ݎ‬) n’est pas une fonction monotone parce que certains emprunteurs sortiront du marché à un niveau de taux d’intérêt > ‫ݎ‬ଵ. • Au taux d’intérêt optimum ‫̂ݎ‬∗ la demande de crédit excède l’offre d’un montant z mais toute banque qui accroîtrait son taux d’intérêt au-delà ‫̂ݎ‬∗ verrait diminuer son rendement par dollar prêté. Tant que l’excès de demande représenté par z, n’est pas satisfait le taux d’intérêt pratiqué est ‫̂ݎ‬∗ .
  • 31. Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010). 20 Au niveau ‫̂ݎ‬∗ l’équilibre réalisé est donc un équilibre de rationnement établi en fonction des anticipations des banques sur les risques encourus par leurs clients et de la relation opérée par les emprunteurs entre le risque de leur projet et le taux d’intérêt qu’ils acceptent de payer. L’analyse de Stiglitz et Weiss est importante à plusieurs titres : 1- Elle éclaire par une démonstration théorique formalisée (dont il a été proposé ici une version aussi simplifiée que possible) le comportement de rationnement des banques sur le marché du crédit en soulignant l’importance de deux (2) variables essentielles : l’appréciation du risque et l’anticipation de la rentabilité du projet. 2- Elle établit l’existence d’un équilibre de rationnement en déterminant au niveau micro-économique les raisons pour lesquelles les mécanismes d’ajustement de l’offre et de la demande par le prix, ici le taux d’intérêt ne jouent pas leur rôle. 3- Cette analyse a eu un impact important sur la théorie économique en raison de ses implications sur une hypothèse fondamentale de l’analyse économique : les prix équilibrent les marchés. La conclusion ultime de Stiglitz et Weiss est en effet que la loi de l’offre et de la demande n’est en fait pas une loi, et qu’elle ne devrait pas être comprise comme une hypothèse rendue nécessaire par l’analyse de la concurrence. Pour ces auteurs c’est plutôt un résultat généré par les hypothèses implicites selon lesquelles les prix n’ont ni effet de tri ni effet d’incitation. Le résultat habituel de la théorie économique : les prix équilibrent les marchés est celui d’un modèle particulier et n’est pas une propriété générale des marchés. Le chômage et le rationnement du crédit écrivent Stiglitz et Weiss « ne sont pas des fantasmes », ils caractérisent l’économie réelle. 2.3. Le crédit et la politique monétaire La spécificité et la technicité de notre thème nous poussent à élaborer une référence théorique précise autour des concepts qui se trouvent dans le champ de notre travail de recherche.
  • 32. Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010). 21 Les entreprises ont un besoin de financement et vont emprunter. Le taux d'intérêt est un coût de production, les entreprises devront rembourser le capital et les intérêts. C'est une charge pour l'entreprise. Si le taux d'intérêt est élevé, le coût du crédit sera élevé, il y aura une baisse de la demande de capitaux et l'investissement baissera. Les ménages ont une capacité de financement car ils épargnent. Le taux d'intérêt est un revenu : c'est le prix de l'épargne. Si le taux d'intérêt est élevé, l'épargne augmente, la consommation chute, la production baisse et le chômage augmente et tout ceci se fait sur le long terme. L'effet inverse se produit pour les entreprises et les ménages. Si le taux d'intérêt est bas, le coût du crédit baisse et il en résulte une augmentation de la demande de capitaux, ce qui a pour effet d'augmenter l'investissement. Pour les ménages les effets sont quasiment similaires. Si le taux d'intérêt est bas, l'épargne diminue car la consommation augmente. Il en résulte une augmentation de la production et une baisse du chômage. Les banques commerciales peuvent avoir besoin de liquidités : elles portent alors cet effet de commerce à la Banque Centrale. Cette opération s'appelle le réescompte et le taux d'intérêt s'appelle le taux de réescompte. La Banque Centrale dispose d’un instrument important dans la conduite de sa politique monétaire qui est l’opération d’open-market. La Banque Centrale peut intervenir sur ce marché interbancaire en achetant ou en vendant des liquidités pour faire varier le taux d'intérêt. Si la Banque Centrale souhaite que les banques obtiennent facilement des liquidités (exemple : lorsqu'il y a ralentissement de l'activité économique), la Banque Centrale se porte offreur (ou vendeur) de liquidités. L'offre étant supérieure à la demande, le taux d'intérêt baisse. Conséquence : les banques pourront se refinancer facilement sur ce marché interbancaire et obtenir des liquidités à coût faible donc une hausse des possibilités de crédits vis-à-vis de leurs clients. Si la Banque Centrale souhaite que les banques obtiennent difficilement des liquidités (exemple : lorsqu'il y a inflation, croissance forte de l'activité économique), la Banque Centrale se porte acheteur (ou demandeur) de liquidités. L'offre étant inférieure à la demande, le taux d'intérêt monte. Conséquence : les banques pourront se refinancer difficilement sur ce marché interbancaire et obtenir des liquidités à coût élevé donc une baisse des possibilités de crédits vis-à-vis de leurs clients. En Haïti nous confrontons ce même problème avec l’émission des bons BRH, qui pousse à la hausse les taux d’intérêt
  • 33. Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010). 22 débiteurs via les taux directeurs qui à son tour entrainent une baisse du volume de crédits octroyés dans l’économie. Le docteur Dominique PLIHON15 nous montre dans son ouvrage intitulé « la monnaie et ses mécanisme» que la politique monétaire doive remplir les objectifs du « Carré Magique » de Kaldor à savoir, la croissance économique, la stabilité des prix, le plein emploi et l’équilibre de la balance des paiements. Il ne faut pas qu'il y ait un excès de création monétaire. En effet, si le taux d'intérêt est faible, les crédits distribués aux ménages et aux entreprises augmentent. Le risque est le gonflement de la masse monétaire (inflation) car le pouvoir d'achat des agents économiques est supérieur à la quantité de biens disponibles. La demande est supérieure à l'offre, ce qui entraîne une hausse des prix. D'autre part, si le taux d'intérêt est bas, il existe un risque de fuite des capitaux flottants vers l'étranger car la rémunération y est plus importante. Il ne faut pas qu'il y ait une insuffisance de création monétaire. En effet, si le taux d'intérêt est élevé, les crédits distribués aux ménages et aux entreprises baissent. Le risque est la diminution de la masse monétaire (récession) car le pouvoir d'achat des agents économiques est inférieur à la quantité de biens disponibles. La demande est inférieure à l'offre, entraînant une baisse des prix. La politique monétaire doit donc trouver un équilibre entre l'insuffisance et l'excès de création de monnaie (régulation de la masse monétaire). 2.4. Les théories sur la modélisation VAR Pourquoi les modèles VAR ? D’où viennent-ils ? Le corps principal de la plupart des ouvrages en économétrie est consacré aux modèles de régressions à équation unique et les méthodes de régression à équations simultanées. Pour illustrer le premier type de modèle, on peut imaginer la fonction de demande d’automobiles. Si l’on se base sur la théorie économique, on admet que la demande d’automobiles est une fonction de leur prix, des dépenses publicitaires, du revenu du consommateur, du taux d’intérêt et d’autres variables pertinentes (par exemple la taille de la famille, la distance du lieu de travail, etc.). À partir de séries chronologiques, on estime un modèle approprié de la demande d’automobiles, qui peut servir à la prévision de la demande d’automobiles pour le futur. Les seconds modèles, à leur 15 Professeur d'économie à l'Université Paris-Nord.
  • 34. Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010). 23 apogée pendant les années 60 et 70, des modèles élaborés de l’économie américaine basés sur les équations simultanées dominèrent la prévision économétrique. Depuis lors, la séduction de tels modèles s’est tassée en raison de leurs faibles performances, particulièrement depuis les chocs pétroliers de 1973 et 1979, dus aux embargos de l’OPEP et aussi en raison des critiques de Granger-Sims et de Lucas. Les modèles à séries temporelles multivariées et plus particulièrement les modèles VAR (modèle autorégressif vectoriel : Vector Autoregressive)16 sont maintenant reconnus pour fournir une alternative aux modèles économiques structurels17 . Il est aussi vrai que la théorie économique n’est pas toujours suffisante pour déterminer la spécification correcte entre les variables et dans ce cas, il faut en quelques sortes laisser les données, et non pas le théoricien, déterminer la structure dynamique du modèle, voir le nombre optimal des variables retardées. C’est exactement l’idée soutenue par les modèles VAR qui sont des modèles très utiles et ont été introduits par Sims (1980) comme formulation alternative aux modèles traditionnels structurels à plusieurs équations. Par contre, on entend par modèle structurel, une formalisation théorique du fonctionnement de l’économie où chaque équation du modèle permet de donner des interprétations causales et où le modèle, dans son ensemble, représente une version testable de la théorie économique (par exemple, les deux modèles évoqués plus haut). Cependant, comme nous l’avons déjà mentionné, les perturbations économiques des années 70 (crises pétrolières, récession mondiale, …) ont invalidé les prévisions délivrées par les modèles macroéconométriques). Ceux-ci ont nécessité de perpétuelles ré-spécifications et ré-estimations. Ce phénomène s’est accompagné d’un nombre croissant de travaux qui montraient le faible pouvoir prédictif des modèles structurels par rapport à celui des modèles univariés. Les trois plus célèbres articles qui ont rejeté l’approche conventionnelle des modèles structurels sont ceux de Granger (1969), Sims (1980) et Lucas (1976). 16 Les VAR sont souvent considérés comme des modélisations athéoriques dans lesquelles le modélisateur peut se passer de toute théorie économique pour modéliser le comportement dynamique de variables économiques. 17 Peu après leur apparition, certains (Sims, 1980) et Litterman (1979, 1986) pensaient que les VAR seraient plus performants pour faire de la prévision que les modèles à équations structurelles (Greene, 2005 ; p. 568)
  • 35. Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010). 24 Ces auteurs18 réfutaient l’idée que les relations économiques sont réellement gouvernées par la simultanéité. Ils refusaient d’introduire le concept de variables exogènes dans leurs travaux. Cette stratégie les amenait à n’utiliser essentiellement que des équations linéaires aux différences, à ne pas insister sur des tests d’hypothèses économiques et à s’intéresser plutôt aux problèmes de prévision. 2.4.1. La critique de Lucas (1976) Les équations d’inspiration keynésienne décrivaient un modèle structurel de décisions (consommation, investissement…) qui ne reposaient pas sur des hypothèses réalistes de comportement individuel. L’inflation et le chômage très élevé des années 70 s’inséraient très mal dans un cadre théorique keynésien. Du point de vue du paradigme sous-jacent, la critique la plus gênante faite aux modèles structurels est celle de Lucas (1976), qui avance l’idée que les paramètres des « règles de décision » contenus dans les systèmes d’équations structurelles sont modifiées par un changement de politique économique, même-si les règles elles-mêmes sont parfaitement appropriées. Selon la critique de Lucas (1976), les principales équations de comportement des modèles macroéconométriques ne sont en fait que des formes réduites, dont les paramètres ne sont pas invariants à la forme de la politique économique. Tant que ces modèles sont utilisés pour effectuer des exercices de prévision, leur utilisation n’est pas forcément remise en cause. En revanche, ils ne peuvent en aucun cas être utilisés pour analyser des multiplicateurs liés à la politique économique. Ainsi, pour Lucas et Sargent (1979), une telle analyse ne peut s’effectuer qu’en abandonnant ce cadre au profit d’une modélisation structurelle cohérente et de la détermination explicite des formes réduites compatibles avec un ensemble de restrictions associées aux conditions d’équilibre et aux schémas d’anticipation. 18 Mais Granger, Sims et Lucas ne sont que des successeurs d’économètres qui, dans les années 60-70, ont voulu développer « l’ingénierie sociale ». Déjà Kendall (1960) avait produit une sorte de manifeste prônant l’étude des systèmes de rétro-contrôle comme l’analyse la plus fructueuse des problèmes de politique économique. La justification de cette approche était l’analogie du fonctionnement de l’économie à un servo-mécanisme. Box et Jenkins (1976) ont largement représenté le point culminant de ce type de travaux sur les séries univariées. Le développement du contrôle optimal dans les années 60 a également orienté une génération d’économètres vers le concept de l’ingénierie pour qui l’estimation structurelle était une désillusion.
  • 36. Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010). 25 En clair, Lucas a mentionné que les relations existantes entre les variables économiques peuvent changer lorsque la politique économique varie, auquel cas les paramètres estimés d’un modèle de régression seront de peu d’utilité pour la prévision : les paramètres estimés d’un modèle économétrique dépendent de la politique appliquée au moment de l’estimation du modèle et se modifieront si la politique change. En bref, les paramètres ne sont pas stables lorsque la politique économique varie. Par exemple, en octobre 1979, le FED modifie spectaculairement sa politique monétaire. Au lieu d’avoir pour objectif principal la fixation du taux d’intérêt, il annonça que désormais il contrôlerait la croissance de la masse monétaire. Face à un changement si prononcé, un modèle économétrique estimé à partir de données passées n’aurait que peu de valeur face à la nouvelle politique. 2.4.2. La critique de Sims (1980) Dans les modèles à équations simultanées, ou modèles structurels quelques variables sont traitées comme endogènes, d’autres étant prédéterminées (exogènes et endogènes retardées). Avant d’estimer de tels modèles, il faut s’assurer que les équations du système sont justifiées (exactement). Cette identification est souvent assurée en supposant que quelques variables prédéterminées ne sont présentes que dans quelques équations. Cette décision est souvent subjective et fut sévèrement critiquée par Christopher Sims. En effet, Selon Sims (1980), la représentation du comportement économique en termes de modèles structurels entraînait trop de contraintes d’identification, parfois arbitraires par rapport à l’interprétation que l’on peut en donner. Le rejet de ces contraintes impliquait pour lui, la non- existence des variables exogènes. Plus précisément, sans information a priori sur la longueur des retards dans les équations, seul un ensemble d’équations à forme réduite à retards identiques pour toutes les équations pourrait être estimées. Pour Sims, s’il existe une véritable simultanéité entre une série de variables, elles devraient toutes être traitées sur un pied d’égalité : il ne devrait y avoir aucune distinction a priori entre variables endogènes et exogènes. C’est dans cet esprit que Sims présenta le modèle VAR appelé modèles vectoriels autorégressifs19 ; le terme d’autorégressif tient à l’apparence de 19 Il est à noter que les graines de ce modèle étaient déjà semées dans le test de causalité de Granger en 1969.
  • 37. Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010). 26 valeur décalée de la variable dépendante dans le membre droit et le terme vectoriel est dû au fait qu’on a affaire à plusieurs variables vectorielles. Nous prenons l’habitude de dire tout au début de ce travail que le principal objectif de la BRH est la lutte contre l’inflation. Elle utilise le plus souvent les bons BRH pour atteindre cet objectif. Comme Dominique PLIHON l’a dit la politique monétaire doit trouver un équilibre dans la régulation de la masse monétaire. De ce fait, le second chapitre de notre recherche consistera en une présentation de la politique monétaire et les instruments utilisés pour mener cette politique.
  • 38. Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010). 27 CHAPITRE II – LES INSTRUMENTS DE LA POLITIQUE MONÉTAIRE : THÉORIES ET RÉALITÉS Ce chapitre est subdivisé en deux sections. La première consistera en une présentation de la politique monétaire et des instruments utilisés dans des États comme les États Unis d’Amérique, l’Union Européenne et les États de l’Afrique de l’Ouest. Dans la seconde, nous présenterons les instruments utilisés par la Banque de la République d’Haïti (réserves obligatoires, interventions sur le marché des changes et bons BRH) dans la conduite de la politique monétaire. Section 1. Présentation des instruments de la politique monétaire d’un point de vue global Avant de pencher sur les instruments de politique monétaire, il est nécessaire de se familiariser avec le concept politique monétaire qui utilise les instruments mises à sa disposition afin d’atteindre les objectifs fixés par la banque centrale. 1.1. Politique Monétaire Avec la politique budgétaire, la politique monétaire est l’un des principaux instruments dont disposent les responsables d’un pays. Définir une politique monétaire est une obligation pour tout pays, car la production de moyens de paiement, c'est-à-dire la création monétaire, ne peut être laissée à la seule initiative des agents privés. 1.1.1. Définition de la politique monétaire La politique monétaire20 est un ensemble de mesures, délibérées des autorités monétaires, visant à contrôler l’offre de monnaie et les taux d’intérêt pour rétablir un équilibre de plein emploi, et/ou assurer une croissance non inflationniste et un taux de change stable. Elle comprend ainsi les politiques de crédit et la politique de change. Elle est expansionniste quand 20 DOURA Fred. Economie d’Haïti : Dépendance, crises et développement 2, Dami, Montréal, Mars 2000, p. 242.
  • 39. Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010). 28 elle rend le crédit meilleur marché et plus accessible de manière à augmenter le volume des dépenses et l’emploi, elle est restrictive quand son objectif consiste à restreindre l’offre de monnaie et le crédit de manière à réduire les dépenses et contrôler les pressions inflationnistes. 1.1.2. Objectifs de la politique monétaire Les objectifs de la politique monétaire rejoignent ainsi les objectifs de la politique économique. Ainsi, on attribue généralement deux objectifs principaux à la politique monétaire : la croissance économique, et la stabilité de la monnaie nationale, que ce soit la stabilité interne, mesurée par le niveau général des prix, que la stabilité externe, mesurée par le taux de change de la monnaie nationale en devises étrangères. Mais la politique monétaire ne peut pas agir directement sur ces objectifs. En revanche, elle peut agir directement sur certaines variables de l’économie qui elles-mêmes influencent les objectifs de croissance et de stabilité de la monnaie nationale. Ces variables, comme la masse monétaire par exemple, sont appelées des « objectifs intermédiaires ». Les autorités monétaires se fixent donc des objectifs intermédiaires sur lesquels elles exercent une influence directe. Quels sont ces objectifs intermédiaires? Ce sont les objectifs quantitatifs qui portent sur l’évolution des agrégats monétaires, les objectifs de taux d’intérêt qui amènent les autorités monétaires à fixer un niveau souhaitable pour les taux d’intérêt, les objectifs de change qui poussent les autorités monétaires à utiliser les instruments monétaires pour atteindre un certain niveau du taux de change de la monnaie nationale sur le marché des changes. 1.2. Les instruments de la politique monétaire : considérations générales Les moyens d’actions mise en œuvre par les autorités monétaires- la Banque Centrale en par particulier- pour atteindre les objectifs de la politique monétaire ci-dessus décrits constituent ce que nous appelons les instruments de la politique monétaire21 . Ces instruments varient d’un pays à l’autre, tout dépend des pouvoirs dont disposent les banques centrales. Ils s’appliquent essentiellement à la distribution du crédit par les banques dont ils tendent à influencer l’intensité globale. 21 BENJAMIN Dumas. La Monnaie et les Banques dans l’Économie, Les Presses de l’Université Jean Price Mars et Éducation, Coconut Creek (Florida), 2005, p. 177.
  • 40. Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010). 29 1.2.1. Généralité des instruments de politique monétaire D’une manière générale, les principaux instruments utilisés dans la conduite de la politique monétaire d’une banque centrale sont les suivants : 1- Pourcentage de Réserves Obligatoires Le pourcentage de réserves obligatoire consiste à imposer aux banques commerciales de faire un dépôt à la Banque Centrale qui n’est pas porteur d’intérêt. Dans ce cas la Banque Centrale fixe un pourcentage que les banques doivent respecter. Il s’ensuit que plus le pourcentage exigé n’est élevé, moins le système bancaire sera capable de générer des prêts, inversement. L’institution de réserves obligatoires oblige les établissements bancaires à conserver à la Banque Centrale un certain montant de liquidités proportionnel aux montants reçus. Elle sert ainsi à limiter l’expansion des prêts bancaires en constituant un point d’appui exceptionnel au contrôle monétaire, et intervient aussi comme une garantie supplémentaire en faveur des déposants eu égard à des retraits éventuels sollicités. C’est ce qui explique d’ailleurs la différenciation généralement observée au niveau des taux de réserves légales ou de taux de couverture par catégorie de dépôts. 2- Taux d’intérêt La rencontre des courbes d’offre et de demande du crédit détermine le taux d’intérêt réel d’équilibre. Mais en période d’inflation incontrôlée, l’ajustement devra être plutôt fait à travers une politique de taux d’intérêt adéquatement flexible. Dans beaucoup de pays, la politique de taux d’intérêt s’accompagne de sélectivité de crédit, qui est utilisée pour stimuler ou ralentir l’importance de certaines catégories de prêts, afin de canaliser les ressources financières vers l’utilisation que l’on souhaite en faire.
  • 41. Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010). 30 3- Taux de Réescompte Le réescompte est l’opération par laquelle la Banque Centrale consent à avancer aux banques désireuses d’échanger des effets de leur portefeuille avant leur date d’échéance le montant de ceux-ci, diminué d’une retenue à un taux donné. Cette même opération, quand elle met en présence institution financière et clients, s’appelle escompte commercial. Les institutions financières réescomptent à la Banque Centrale des effets qu’elles ont déjà escomptés de leurs clients. La technique de réescompte est conçue comme une source de réserves à un taux de pénalité pour les besoins de trésorerie des institutions financières. La Banque Centrale utilise les variations du taux de réescompte comme une arme servant à faciliter ou à restreindre l’expansion de la masse monétaire, en encourageant ou en dissuadant les institutions financières en quête de liquidité. Ce taux de réescompte est une indication de l’évolution que la Banque Centrale souhaite apporter aux conditions du marché. Il convient de remarquer que l’efficacité du réescompte comme moyen de contrôle de l’expansion ou de la contraction du crédit est fonction du degré de développement du marché financier d’un pays. 4- Opérations d’Open-Market Les opérations d’open-market constituent une technique de contrôle monétaire relativement souple, qui peut être appliquée graduellement. La Banque Centrale prend l’initiative d’intervenir sur le marché financier comme acheteur et vendeur d’avoirs financiers. Ces avoirs sont généralement des obligations gouvernementales, des titres garantis par l’État, ou d’autres titres également acceptés par la Banque Centrale. Lorsque la Banque Centrale achète des obligations pour son portefeuille, elle fournit des réserves excédentaires aux institutions financières, et lorsqu’elle en vend, elle absorbe ces
  • 42. Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010). 31 réserves. L’objectif des opérations d’open-market, comme celui des opérations de réescompte est d’agir sur le niveau de la masse monétaire et du crédit. Les marchés monétaires et des capitaux doivent être suffisamment étoffés pour éviter des fluctuations excessives des cours et provoquer l’effet souhaité sur la liquidité du système financier. Pour mieux comprendre le fonctionnement des instruments de la politique monétaire dans la réalité, nous allons passer en revue des instruments utilisés par des banques centrales dans la conduite de leur politique monétaire dans certains États. 1.2.2. Les instruments de la politique monétaire dans la pratique A- Le cas des États-Unis Aux Etats-Unis d’Amérique la Fed manie trois instruments essentiels de la politique monétaire : 1- Les opérations d’open-market Les opérations d’open-market qui sont l’achat et la vente des titres de l’Etat constituent l’outil le plus utile pour la Fed. En vendant ou en achetant des titres publics sur l’open-market, la Fed peut diminuer ou augmenter les réserves des banques. Ces opérations qualifiées d’open- market constituent l’instrument de stabilisation le plus important à la disposition de la banque centrale. Le FOMC (Comité Fédéral de l’Open-Market) se réunit tous les mois pour voir s’il faut fournir davantage de réserves du système bancaire en achetant des bons du Trésor (c'est-à-dire des obligations à court terme) et des obligations d’État à plus long terme, ou s’il convient d’opter pour une politique monétaire restrictive en vendant des titres publics. 2- La politique du taux d’escompte La politique du taux d’escompte fixe le taux d’intérêt, appelé le taux d’escompte, auquel les banques commerciales inscrites peuvent emprunter des réserves à la Fed quand elles manquent de liquidités. Nous appelons ces prêts réserves empruntées. Quand les réserves
  • 43. Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010). 32 empruntées augmentent, les banques empruntent auprès de la Fed accroissant donc les réserves bancaires totales (les réserves empruntées plus celles qui ne le sont pas). Réciproquement, une baisse des réserves empruntées provoque une contraction des réserves bancaires totales. Par exemple, la Fed peut estimer que l’offre de monnaie s’accroît trop lentement et a besoin d’être stimulée, elle n’envoie pas des agents commerciaux pour recruter des emprunteurs. En revanche, elle peut abaisser le taux d’escompte, qui représente le taux d’intérêt que doivent verser les banques qui empruntent aux 12 banques régionales de Réserve Fédérale22 . Mais la relation entre le taux d’escompte et les emprunts des banques n’est pas très précise. Les réserves empruntées, n’ont pas eu beaucoup d’influence sur la politique monétaire américaine. 3- La politique des réserves obligatoires La politique des réserves obligatoires est la modification du ratio légal de réserves sur les dépôts des banques commerciales et des autres institutions financières. Les banques et les autres institutions financières sont tenues de détenir un montant minimum en tant que réserves non rémunérées. Les banquiers se plaignent souvent d’être tenus de détenir des actifs de réserves non rémunérés, improductifs, au-delà de ce qui est nécessaire pour faire face au flux et au reflux des dépenses et des recettes. Bien que du point de vue des banquiers cette idée soit défendable, elle oublie l’aspect macroéconomique : les coefficients de réserve obligatoire sont fixés à un niveau élevé pour permettre à la banque centrale de contrôler l’offre de monnaie. C'est-à-dire qu’en fixant les coefficients de réserves obligatoires bien au-dessus du niveau que les banques elles- mêmes désirent, la banque centrale peut déterminer le niveau exact des réserves et peut donc contrôler plus précisément l’offre de monnaie. En d’autres termes, en fixant les coefficients de réserves obligatoires à un niveau élevé, la banque centrale peut être certaine que les banques ne veuillent généralement pas détenir plus que le minimum légal. L’offre de monnaie scripturale est ensuite déterminée par l’offre de réserves bancaires (déterminée par la Fed par le biais de l’open-market) et par le multiplicateur d’offre de 22 Le Conseil de la Réserve Fédérale à Washington, avec l’ensemble des 12 banques de Réserve Fédérale constituent la Banque Centrale américaine.
  • 44. Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010). 33 monnaie (déterminé par le coefficient de réserves obligatoires). Comme la Fed contrôle à la fois les réserves bancaires requis, il a la mainmise (à une marge d’erreur près) sur l’offre de monnaie. En plus trois principaux instruments abordés précédemment, la Fed utilise d’autres moyens dans la gestion de la politique monétaire américaine, la réglementation des taux d’intérêt, les mouvements internationaux de réserves, et les autres activités (la gestion des marchés des changes, la coordination des finances internationales, et la réglementation des banques et l’assurance des dépôts). B- Le cas du Système Européen des Banques Centrales (SEBC) Pour atteindre ses objectifs, le système européen des banques centrales dispose d’une série d’instruments de politique monétaire qui sont : 1- Les opérations d’open-market Les opérations d’open-market jouent un rôle important dans la politique monétaire de l’Eurosystème. Elles sont utilisées à des fins de pilotage des taux d’intérêt, de gestion de la liquidité bancaire et d’indication de l’orientation de la politique monétaire. L’Eurosystème dispose de cinq catégories d’instruments pour effectuer les opérations d’open-market. L’instrument le plus important est constitué par les opérations de cession temporaire (sous forme de pensions ou de prêts garantis). L’Eurosystème peut également recourir aux opérations fermes, à l’émission de certificats de dette, aux opérations d’échange de devises (ou swaps de change) et aux reprises de liquidité en blanc. Les opérations d’open market sont effectuées à l’initiative de la BCE, qui décide également du choix des instruments et des modalités de leur mise en œuvre. Ces opérations peuvent s’effectuer par voie d’appels d’offres normaux, d’appels d’offres rapides ou de procédures bilatérales. 2- Les facilités permanentes Les facilités permanentes sont destinées à fournir ou à retirer des liquidités au jour le jour, à indiquer l’orientation générale de la politique monétaire et à encadrer les taux du marché au jour le jour. Deux facilités permanentes sont à la disposition des contreparties éligibles, qui
  • 45. Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010). 34 peuvent y recourir à leur propre initiative, sous réserve du respect de certaines conditions d’accès d’ordre opérationnel • Les contreparties peuvent utiliser la facilité de prêt marginal pour obtenir des banques centrales nationales des liquidités au jour le jour contre des actifs éligibles. • Les contreparties peuvent utiliser la facilité de dépôt pour effectuer des dépôts au jour le jour auprès des banques centrales nationales. Les facilités permanentes sont gérées de façon décentralisée par les banques centrales nationales. 3- Les réserves obligatoires Le régime des réserves obligatoires de l’Eurosystème s’applique aux établissements de crédit de la zone euro et a essentiellement pour objet de stabiliser les taux d’intérêt du marché monétaire et de créer (ou d’accentuer) un besoin structurel de refinancement. Le montant des réserves obligatoires à constituer par chaque établissement est déterminé en fonction d’éléments de son bilan. Pour répondre à l’objectif de stabilisation des taux d’intérêt, le système des réserves obligatoires de l’Eurosystème permet aux établissements concernés de constituer leurs réserves en moyenne. Le respect des obligations de réserves est vérifié sur la base de la moyenne des avoirs quotidiens de réserves des établissements au cours de la période de constitution. Les réserves obligatoires constituées par les établissements de crédit sont rémunérées au taux des opérations principales de refinancement de l’Eurosystème. C- Le cas de la BCEAO La Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) quant à elle utilise deux types d’instrument : 1- Instruments basés sur l'ajustement de la liquidité globale de l'économie Les principaux instruments de politique monétaire de la BCEAO basés sur l'ajustement de la liquidité globale de l'économie sont les suivants :
  • 46. Impact des bons BRH sur le crédit en Haïti : une modélisation VAR (octobre1996 à septembre 2010). 35 La politique des taux d'intérêt Outre son apport dans la mobilisation de l'épargne en vue d'un financement sain des économies, la politique des taux d'intérêt contribue à l'utilisation optimale des ressources financières à l'intérieur des Etats de l'Union. Ainsi, la politique des taux d'intérêt s'appuie sur l'open-market, la promotion du marché interbancaire et la libéralisation des conditions de banque. Elle s'articule autour des taux directeurs de la Banque Centrale applicables aux principaux guichets de refinancement à savoir, le taux d'escompte pour le guichet de réescompte qui est une procédure d'achat définitif d'effets à douze mois au plus, le taux de pension qui est une procédure d'achat temporaire d'effets pour 30 jours au plus et le taux du marché monétaire par appel d'offres. Le système des réserves obligatoires Prévu par les statuts de la Banque Centrale et les Directives de Politique Générale de la Monnaie et du Crédit issues de la réforme de 1975, comme instrument destiné à compléter le dispositif de contrôle de la liquidité bancaire, le système des réserves obligatoires est entré en application le 1er octobre 1993, en substitution de l'encadrement du crédit. Conformément aux dispositions arrêtées, l'assiette et les coefficients de réserves varient en fonction des impératifs de la politique monétaire. Au démarrage, il a été retenu, pour les banques, un système d'assiette mixte, assis sur les dépôts à vue et les crédits à court terme (hors crédits de campagne). Depuis le 16 avril 2000, les crédits de campagne et les créances brutes des banques sur l'extérieur ont été introduits dans l'assiette. Le choix de l'assiette mixte tient compte de la diversité des situations de liquidité dans les pays de l'Union et procède de la préoccupation de consolider la collecte des dépôts à terme de manière à favoriser la mise en place de crédits à moyen et long termes. S'agissant des autres établissements assujettis, en l'occurrence les établissements financiers distributeurs de crédit, l'assiette est constituée de l'encours des crédits octroyés, diminué des concours obtenus auprès du système bancaire. Les coefficients de réserves sont fixés de manière différenciée selon les pays en fonction de l'évolution de la conjoncture.