MODELE INTERNE EN ASSURANCE VIE : APPLICATION DES LEAST SQUARES MONTE CARLO D...
Article Macro stress bancaires Alexandre Kateb Revue Banque février 2011
1. Macro stress tests bancairEs
Du sang et des larmes
Les macro stress tests Un chantiEr poUr caractère opérationnel de ces modè-
la rEchErchE économiqUE les en cas de crise est limité, en rai-
européens prévus pour les Et financièrE son de leur mode de construction
prochains mois devront Sur le plan théorique, la réalisa- déterministe. En outre, ces modèles
imposer des épreuves tion de macro stress tests crédibles ne tiennent pas compte du caractère
beaucoup plus dures pour nécessiterait d’une part de disposer endogène du risque en période de
de modèles macrofinanciers com- stress, ni de l’incohérence temporelle
les banques, en tenant plets intégrant à la fois des variables associée aux réactions des autorités
alexandre
Kateb compte du risque de économiques (croissance, inflation, publiques [5].
Directeur liquidité et des interactions chômage, taux d’intérêt), financières Une autre approche consiste à délais-
entre l’économie réelle et le (prix des actifs financiers et immo- ser l’inférence statistique, fondée
compétence
finance biliers, liquidité sur les marchés), et sur des probabilités objectives, au
secteur financier. Ils devront comportementales (aversion pour profit de méthodes reposant sur des
s’accompagner d’une le risque), et d’autre part de faire le probabilités subjectives. Il s’agit de
véritable recapitalisation lien entre le court terme et le long recalibrer a posteriori, sur la base d’un
des banques les plus terme. Or, de telles représentations « jugement d’expert », des relations
holistiques de la réalité économique structurelles identifiées a priori entre
fragiles.
n’existent pas encore [2]. Les effets différentes variables [6]. Cela permet
de feedback – ou « effets retour » – du de sortir du « carcan » d’un modèle
À
la différence des stress tests système bancaire sur l’économie pré-déterminé pour tenir compte
pratiqués dans le cadre (c’est-à-dire la capacité de réaction des relations non linéaires entre les
du Pilier II de Bâle II sur des banques aux évolutions écono- variables et de la présence éventuelle
une base ad hoc et bottom miques qui influe en retour sur ces de « changements de régime » (voir
up, la crise a mis en évidence la dernières) ne sont pas bien pris en encadré 1).
nécessité d’une évaluation systé- compte par les modèles actuels,
matique, top down, des vulnéra- même si des travaux pionniers [3] Un jEU rEstrEint
bilités sous-jacentes au système vont dans ce sens. C’est là un grand D’hypothèsEs
bancaire [1]. Un tel exercice ne chantier pour la recherche économi- Dans la pratique, les scénarios de
peut faire abstraction des inter- que et financière. macro stress tests retenus par les régu-
dépendances complexes entre les Une alternative consiste à développer lateurs se réduisent à un jeu restreint
différents acteurs, à travers l’ex- des scénarios sur la base de modè- d’hypothèses (PIB, chômage, taux
position au marché monétaire et les économétriques – de forme réduite d’intérêt, taux de change) dont les
les effets associés à la faillite d’un – qui modélisent les relations entre interactions sont modélisées à travers
établissement à caractère systémi- variables économiques et financiè- des modèles standard (NIGEM [7],
que. La faillite de Lehman Brothers res à partir de données historiques par exemple), auxquelles s’ajoutent
en septembre 2008 a montré qu’un (modèles VAR et VECM [4]). Mais le des hypothèses séparées sur les prix
tel « scénario catastrophe » n’avait
rien d’utopique. [2] ainsi, le modèle d’équilibre général d’arrow- [5] ces dernières n’ont pas intérêt à s’engager ex
Debreu, fondé sur l’hypothèse de complétude des ante sur un sauvetage des institutions en difficulté,
marchés, exclut la possibilité de défauts exogènes afin de limiter l’aléa moral au sein du système
des agents sur leurs obligations financières. financier, même si elles procèdent au sauvetage
[1] En considérant un scénario macroéconomique, [3] Voir bardsen G., lindquist K-G. et tsomocos p. ex post.
les macro stress tests différent des tests de sensibilité (2006). [6] Voir rebonatto r. (2010).
usuels qui « stressent » un seul facteur de risque [4] Vector autoregression ; Vector Error correction [7] national institute Global Econometric model :
(un choc sur les taux d’intérêt par exemple). model. modèle macro-économique multinational.
février 2011 n° 733 Revue Banque 53
2. risques & réglementation
référEncEs
n Bagehot W.
(1873), Lombard des actifs. L’impact d’un choc macro-
Street. Des crises
financier sur les variables microéco- QUELQUES LIMITES DES STRESS TESTS ACTUELS
financières et du moyen
d’y remédier, Payot, nomiques (probabilités de défaut, Risque endogène et effets feedback
2009 (traduction). pertes en cas de défaut) est modé-
Data generating Exposures and Liquidity
n Bardsen G., lisé par des régressions logistiques Process of Systematic Risk Measure Risk
Lindquist K-G., (loi de Poisson [8]) calibrées sur une Risk Factors
Tsomocos P. (2006), base historique [9]. Stress test
• Endogenous • Endogenous
« Evaluation of Scenario
macroeconomic
Les régulateurs testent l’impact d’un Behaviour (CB) Behaviour (PB)
choc sur l’actif de la banque (ris- • Non-linearities
models for financial
stability analysis », ques de crédit et de marché) [10],
Data Macro Feedbacks
Working Paper, plus rarement sur le passif (risque
Ano 2006/1, Norges
Bank.
de liquidité) ou sur les deux (risque Note : Words in italics indicate challenges for stress testing models.
Source : Drehmann (2008).
de taux d’intérêt). L’inclusion dans
n CEBS (2010),
un même scénario des risques de
« Aggregate
outcome of the 2010 crédit et de marché pose problème
EU wide stress test en raison des horizons distincts de bénéfices de la transparence, avec zone euro a été exclue, alors qu’un
exercise coordinated chaque risque (un an pour le cré- la publication de la méthodologie tel scénario demeure plausible [18].
by CEBS in coopera-
dit, dix jours pour le risque de mar- des tests trois semaines avant l’exer- En outre, le risque de liquidité n’a
tion with the ECB »,
23 juillet 2010. ché), et des différences de traitement cice. A contrario, lors des stress tests pas été pris en compte en dépit de sa
comptable (coût historique versus réalisés en 2010 par le CEBS [15] et centralité [19]. Cela suppose que la
n Diamond D.W.,
Dybvig P.H. (1983), juste valeur). Le risque de liquidité la BCE, les hypothèses détaillées BCE interviendra toujours pour sou-
« Bank runs, deposit est quant à lui difficile à modéliser, n’ont été dévoilées qu’au moment tenir les banques de la zone, même
insurance, and en raison des externalités négatives de la publication des résultats. Le en cas d’insolvabilité de ces derniè-
liquidity », J. Pol. Econ
associées aux comportements indi- fait que sept banques seulement res [20]. Dans le cas des banques
91 (3).
viduels [11], aboutissant à des équi- sur les 92 testées aient présenté un espagnoles par exemple, le manque
n Drehmann M.
libres multiples et à des « prophéties besoin de recapitalisation – pour un d’informations sur les expositions
(2008), « Stress
tests: Objectives, autoréalisatrices » [12]. montant cumulé de 3,5 milliards à l’immobilier commercial et sur la
challenges and d’euros, soit dix fois moins que les valorisation de ces actifs suscitent
modelling choices », la créDibilité besoins réels de recapitalisation des des interrogations tant sur leur sol-
Economic Review of the D’Un Macro stress test banques irlandaises – a contribué à vabilité que sur leur liquidité.
Riksbank, 2-2008.
Indépendamment des considéra- discréditer ces stress tests [16]. Les prochains macro stress tests devront
n Haldane A.G.
tions méthodologiques, la crédibi- remédier à ces lacunes en impo-
(2009), « Why banks
failed the stress lité d’un macro stress test repose sur la rEméDiEr aUx lacUnEs sant des épreuves beaucoup plus
tests », speech given capacité des régulateurs à convain- Six mois après cet exercice, la BCE dures pour les banques, en tenant
at the Marcus- cre de la sévérité du choc imposé. fait preuve d’un étonnant « déni compte du risque de liquidité et
Evans Conference Autrement dit, un tel exercice pour de réalité » quant à son manque de des interactions entre l’économie
on Stress-Testing,
février 2009. être crédible, doit délivrer « du sang crédibilité [17]. À sa décharge, les réelle et le secteur financier. Ils
et des larmes » [13]. À cet égard, les stress tests se limitaient aux risques devront s’accompagner d’une véri-
n Rebonatto R.
(2010), Coherent stress stress tests réalisés aux États-Unis en de crédit et de marché, avec notam- table recapitalisation des banques
testing. A Bayesian 2009 – le SCAP [14] – montrent les ment l’imposition de décotes sur les les plus fragiles car la solidité du
approach to the expositions aux obligations corpo- secteur bancaire est fondamentale
analysis of financial rate et souveraines. Toutefois, une pour renouer avec une croissance
[8] loi des phénomènes rares de petite probabilité.
risk, Wiley.
[9] Voir Wilson t.c. (1997) qui est à l’origine de la restructuration de la dette souve- durable en Europe. n
n Wilson T. C. plupart des méthodologies utilisées actuellement.
[10] Voir Drehmann m. (2008). raine d’un ou plusieurs pays de la
(1997), « Credit
[11] les épisodes de paralysie sur le marché
Portfolio Risk (I) »,
interbancaire montrent l’importance des [18] par exemple Kenneth rogoff, joseph stiglitz ou
Risk Magazine, externalités négatives, le comportement de [15] committee of European banking supervisors. encore Georges soros.
octobre 1997. « défiance » de quelques banques pouvant [16] De plus, les ratios tier 1 testés intègrent des [19] Voir les numéros de décembre 2010 de la revue
provoquer une crise de confiance généralisée. aides publiques à hauteur de 120 points de base en de stabilité financière de la bank of England et de la
[12] Voir Diamond (1983). moyenne. riksbank.
[13] Voir haldane a.G. (2009). [17] Voir le numéro de décembre 2010 de la revue de [20] contrairement aux préconisations de bagehot
[14] supervisory capital assessment program. stabilité financière de la bcE. W. (1873) qui distingue illiquidité et insolvabilité.
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