1. Synthèse d’article
Liquidité de marché et stabilité financière
ANDREWCROCKETT, Président JPMorgan Chase International
1| QU’EST-CE QUE LA LIQUIDITÉ?
C’est la facilité avec laquelle il est possible d’extraire de la valeur à partir d’actifs. Cette extraction de valeur
peut être réalisée, soit :
• en utilisant sa solvabilité pour obtenir des financements externes «liquidité de financement» ;
• en vendant son papier sur le marché « liquidité de marché».
Il devient de moins en moins pertinent d’établir une distinction entre la liquidité de financement et la liquidité
de marché. Les institutions financières appliquent aujourd’hui une approche globale de la gestion de leur passif
et de leur actif.
2| LES DÉTERMINANTS DE LA LIQUIDITÉ DU MARCHÉ
Selon l’auteur, l’idée que la liquidité d’un marché pouvait être analysée en fonction de facteurs exogènes
objectifs est révolue. Car on pensait que ce marché était considéré comme liquide si :
• Les infrastructures de marché étaient efficaces, donnant lieu à des coûts de transaction peu élevés et,
par conséquent, à des fourchettes de cotation étroites ;
• Le marché comptait un grand nombre d’acheteurs et de vendeurs, ce qui signifiait que les
déséquilibres consécutifs aux ordres en cours d’exécution pouvaient être rapidement corrigés par
de légers mouvements des prix ;
• Les actifs faisant l’objet de transactions possédaient des caractéristiques de transparence grâce
auxquelles les changements de perception de la valeur sous-jacente pouvaient rapidement se traduire
par des ajustements de prix.
Ces facteurs suscités ne font que contribuer à définir la liquidité relative de différents marchés en temps
normal. En cas de tensions que peuvent subir les marchés, le comportement des différents acteurs du marché
devient déterminant. Car l’acquisition d’actifs et de passifs devient un moyen de négociation, soit pour
revendre les actifs ou les utiliser comme garanties pour l’obtention de financements. Un actif considéré
comme liquide fera l’objet d’une demande en raison de ses caractéristiques de liquidité. En revanche, un
actif que l’on juge insuffisamment liquide perdra de son attraction.
3| LA DYNAMIQUE DE LA LIQUIDITÉ ET LES CRISES BOURSIÈRES
La liquidité est un concept qui peut faire référence au phénomène psychologique bien connu qui suscite chez
les intervenants de marché des interactions fondées sur :
• l’appât du gain ;
• l’aversion au risque.
Mais également à certaines caractéristiques objectives liées :
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Synthèse d’article,
Paru dans Revue de la stabilité financière – Numéro spécial liquidité • N° 11 • Février 2008
Fait par : ALGHEM Abdeldjalil Décembre 2015
2. • aux pratiques en matière de gestion du risque qui entraînent une alternance de périodes
d’abondance ;
• aux périodes de variations dans le secteur financier.
Durant cette phase, Les coûts du crédit semblent peu élevés, la liquidité est disponible à un faible coût, la
volatilité est modérée et les banques ont tendance à se livrer une concurrence acharnée, contribuant à
alimenter la baisse du coût du crédit. Une telle situation ne peut toutefois durer indéfiniment, elle reste
tributaire de facteurs exogènes tels que
• Des préoccupations d’ordre géopolitique ;
• une augmentation subite du prix des matières premières. ;
• des décisions de politique monétaire.
Toutefois, quelle qu’en soit la cause, ce sont les réactions dynamiques qui entraînent les plus grands
dommages. La baisse des prix a également pour effet d’accroître la volatilité et la value-at-risk (VaR) anticipées.
La réaction à l’échelle d’une institution consistera à nouveau à réduire ses engagements afin de limiter le
risque. Les conséquences macro-financières pour l’ensemble des intervenants, liées à la dégradation du risque
et à la réduction des valeurs de marché, n’entreront pas en ligne de compte dans les décisions que prendra
l’institution financière concernée.
4| OPTIONS QUI S’OFFRENT AUX RÉGULATEURS
S'agissant des banques centrales et des organismes de réglementation bancaire en charge de stabilité
systémique, qui jouent un rôle pivot au sein du système financier, ils doivent évaluer dans quelle mesure leurs
missions traditionnelles de garantes de la stabilité du système bancaire doivent être adaptées pour favoriser la
stabilité sur les marchés de capitaux concernés. Pour cela, des méthodes pour de prévention des problèmes en
amont, ont été développées pour gérer ou résoudre les difficultés qui se matérialisent, les principaux outils
utilisés sont :
• la fixation de ratios minimums de fonds propres et de liquidité qui permettent de maintenir la
confiance du public envers les établissements bancaires
• À plus long terme, on fait recours à des outils de surveillance pour s’assurer qu’en temps normal, les
banques conservent des fonds propres et de la liquidité en quantité suffisante pour qu’une érosion
des ratios survenant en période de tensions ne les oblige pas à prendre des mesures d’urgence.
Pour être plus efficace, les institutions financières font des efforts pour réduire les opérations de prêt non
seulement pour être conformes aux normes de fonds propres dictées par des exigences réglementaires mais
aussi pour répondre aux attentes du marché. Pour les situations de crise affectant les institutions financières,
les banques centrales accordent des prêts, à un taux dissuasif et contre remise de solides garantis, aux
établissements bancaires confrontés à des problèmes de liquidité de financement (et non de solvabilité).
Toutefois, dans les systèmes financiers modernes, un certain nombre de problèmes complexes subsistent,
comme :
o La difficulté de faire le distinguo entre les tensions liées à la liquidité et celles liées à la
solvabilité ;
o La transparence des modalités de fourniture de liquidité aux institutions financières, peut
dans certains cas nuire aux objectifs visés ;.
o La réaction aux problèmes d’illiquidité en intervenant sur les marchés plutôt qu’auprès des
institutions financières. La réponse traditionnelle a toujours consisté à penser que les
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3. marchés pouvaient s’autoréguler. Ce scénario ne tient toutefois pas compte de certains
éléments cruciaux.
En premier lieu, les marchés peuvent ne pas être en mesure de remplir leur rôle
consistant à rapprocher les acheteurs et les vendeurs ;
les actifs et passifs détenus par les banques sont comptabilisés en valeur de marché.
Lorsque les marchés sont illiquides, la valorisation des actifs peut changer
rapidement, entraînant ainsi une volatilité des principaux ratios utilisés pour juger
de la solidité des banques
L’auteur conclue par fixer certains scénarios futurs auxquels seront confrontées les banques centrales dans
leurs efforts pour tirer la leçon des récentes turbulences. En se posant un nombre de questions :
Faut-il élargir la gamme des garanties ?
La durée de l’intervention doit-elle être prolongée ?
Selon son avis, il faut répondre à ces questions par l’affirmative, même si force est de reconnaître que le sujet
prête à controverse et que nous nous trouvons dans une situation inédite. La taille des marchés s’est accrue
comparativement à celle des institutions financières impliquées dans le processus d’intermédiation, et leur rôle
dans la gestion efficace du risque a pris de l’ampleur. Selon moi, les banques centrales devront reconnaître qu’il
leur est de plus en plus difficile d’adopter une approche passive en matière de liquidité de marché en raison de
leur responsabilité globale à l’égard de la stabilité systémique.
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