Présentation résumée du Mémoire CNAM de David Guetta portant sur un sujet bancaire des gestion actif-passif de l'activité de dépôt-crédit de la banque de détail.
Mémoire David Guetta : Le système des taux de cessions internes du groupe Banque Populaire
1. Afterwork ActuariaCnam
Présentation du mémoire
CNAM – Institut des Actuaires
de David GUETTA
Le système de Taux de Cessions Internes
du Groupe Banque Populaire
24 avril 2015
2. Présentation mémoire d’actuariat –David Guetta - 24/04/20152 -
Le parcours jusqu’à la soutenance du mémoire CNAM-IA
Pour atteindre le titre d’actuaire CNAM-IA, il faut réussir à :
Trouver un sujet et un « tuteur » (professeur, professionnel, actuaire),
Le faire valider par un membre du jury,
Articuler les travaux du mémoire avec les vies professionnelles et personnelles.
Cela représente l’aboutissement de plusieurs années de travail :
Sept 2002 – Sept 2004 : DESS de Finance de Marché & Gestion de Capitaux du CNAM – ESSEC
Sept 2004 – Juin 2005 : Validation des certificats du Master d’Actuariat
Avril 2006 : Mobilité professionnelle du GAP Trésorerie de la CASDEN vers le GAP Groupe de la
BFBP
S2 2006 : Mise en place des lois d’écoulements des produits non échéancés
Eté 2007 : Début des travaux sur les TCI
S1 2008 : Mission de la CB
S2 2008 – S1 2009 : Amélioration et complétude du système de TCI
Juillet 2009 :
• Groupe de place sur les TCI à l’initiative de la CB
• Achèvement de la rédaction du référentiel TCI du GBP et validation par le GBP
• Remise d’une v1 de mon mémoire à MF concentrée sur mes travaux
Novembre 2009 : Demande de compléments de MF sur le cadre
Avril 2010 : Remise de la version complétée de mon mémoire
Juin 2010 : Remise de la version finale de mon mémoire
Juillet 2010 : Soutenance du mémoire devant le jury de l’IA
3. Présentation mémoire d’actuariat –David Guetta - 24/04/20153 -
Un business modèle des banques de détail françaises
Le business modèle des banques de détail françaises est
marqué par deux caractéristiques :
• La péréquation : Elles sous tarifient certains produits
considérés comme fidélisant le client (le crédit immobilier
essentiellement) en espérant l’équiper en produits plus
rémunérateurs (dépôts à vue non rémunérés, crédits
consommation mieux margés, divers services…).
• La transformation : Elles refinancent leurs emplois longs par
des ressources clientèles ou financières de maturités plus
courtes ou indexées sur des taux courts. En général, la courbe
des taux est croissante, et la transformation génère de la
marge d’intérêt.
4. Présentation mémoire d’actuariat –David Guetta - 24/04/20154 -
Qui nécessite une gestion rigoureuse des risques
• La péréquation : Dans un contexte très concurrentiel, ce
système requière une mesure précise du coût de revient des
produits et d’identifier et valider rigoureusement les
hypothèses commerciales. Sans cela, la pratique de la
péréquation serait empirique et potentiellement dangereuse.
• La transformation : En transformant les caractéristiques des
emplois et des ressources en terme de durée, taux ou devise,
les banques réalisent une grande partie de leurs gains, mais
s’exposent également aux risques de fluctuation des taux
d’intérêt et de coûts de liquidité.
5. Présentation mémoire d’actuariat –David Guetta - 24/04/20155 -
Qui implique un indicateur équitable et précis : le TCI
La pratique de la transformation amène les questions suivantes :
• A qui imputer les gains réalisés : au commercial qui a distribué
le crédit ou au financier qui a levé les ressources ?
• A qui affecter les risques pris, autrement dit qui doit supporter
les pertes éventuelles : le commercial ou le financier ?
Pour répondre à ces questions, il faut être capable de distinguer
les risques commerciaux des risques financiers, d’isoler chaque
risque dans sa sphère respective.
Cela implique la mise en place d’un système d’indicateurs
équitable et précis au centre de la relation entre les unités
commerciales et financières.
Ce système constitue un élément fondamental de la mesure du
coût de revient.
Cet indicateur est le Taux de cession interne (TCI).
6. Présentation mémoire d’actuariat –David Guetta - 24/04/20156 -
Une définition du TCI
Le TCI permet de répartir la marge d’intérêt de la banque entre :
• la marge d’intermédiation pure affectée aux commerciaux, fixe
(ou quasi fixe) depuis l’octroi du produit jusqu’à son échéance et
immunisée contre les fluctuations des taux d’intérêts et des coûts
de liquidité,
• et la marge de transformation (ou ALM) affectée aux financiers
qui correspond aux gains ou pertes résultant de la gestion du
risque de taux d’intérêt et de liquidité par l’unité financière (le
GAP).
Le TCI pour les emplois représente un coût de refinancement,
alors que le TCI pour les ressources représente un produit de
placement.
Le TCI est un retraitement analytique qui permet de mesurer une
rentabilité produit et/ou client et ne modifie en rien les résultats
comptables. C’est un outil important de pilotage de la banque.
7. Présentation mémoire d’actuariat –David Guetta - 24/04/20157 -
Mon sujet
Au sein du GAP de la BFBP, l’organe central du Groupe Banque
Populaire, mon sujet a consisté dans la mise en place du système
complet de Taux de cessions internes du Groupe :
• l’élaboration de toute la méthodologie,
• la proposition et l’argumentation des choix,
• la mise au point des outils de calcul et leur sophistication
croissante,
• la production récurrente des TCI à des fins opérationnelles.
Ceci d’une manière industrielle et sur la totalité des encours
clientèle du Groupe, soit 130 G€ à l’actif et 100 G€ au passif.
8. Présentation mémoire d’actuariat –David Guetta - 24/04/20158 -
La problématique des écoulements
Tant pour la gestion des risques que pour le calcul stricto sensu
des TCI, l’une des problématiques de base consiste à
appréhender l’évolution (ou « l’écoulement ») des encours de
tous les produits du bilan et du hors bilan.
Nous distinguons principalement
• les produits échéancés pour lesquels il existe une date de fin
contractuelle du produit (CDN, DAT, crédits)
• et les produits non échéancés pour lesquels aucune date de fin
contractuelle du produit n’est spécifiée et qui sont principalement
des produits d’épargne clientèle au passif de la banque (les
dépôts à vue, les livrets, les CEL, les PEL...).
L’écoulement peut également être modifié par la présence
d’options (de RA sur les crédits, de versements sur les PEL…).
Mon mémoire est structuré par type d’écoulement des produits.
9. Présentation mémoire d’actuariat –David Guetta - 24/04/20159 -
Les produits étudiés
1. Les produits échéancés :
crédits échéancés à taux fixe, à taux variable non capés, à
taux variable capés
2. Les produits à écoulement statistique :
PEL et PEL MM
3. Les produits écoulés selon une loi flux conventionnelle :
Fonds Propres, DAV TF (créditeurs), DAV TV (débiteurs),
Livrets, CEL
4. Les produits écoulés simplement :
Créances CT, Epargne MCT, CDN, crédits relais, crédits
revolving, PEP
10. Présentation mémoire d’actuariat –David Guetta - 24/04/201510 -
Un système mis en production de manière industrielle
Pour le calcul des TCI et le paramétrage du CEG,
• les produits clientèle ont été segmentés en 423 classes (selon le
produit, l’index, la maturité),
• et certains paramètres de calculs (RA, stratification des stocks
de collecte non échéancée, mixte de refinancement) sont
individualisés pour chacun des 28 établissements du Groupe.
11. Présentation mémoire d’actuariat –David Guetta - 24/04/201511 -
Les difficultés rencontrées
Ce sujet m’a confronté à des difficultés de diverses natures :
• Bien comprendre les produits clientèles, leurs caractéristiques
et modélisations pour parvenir à répliquer la structure de leurs
flux (PEL) et index (Livrets A). De ce point de vue, le cas du
Livret A est celui qui m’a demandé le plus d’innovation, et le cas
du CEL celui qui combine le plus de complexité (la composante
TLA et celle taux fixe 0%).
• Argumenter des choix et parvenir à un consensus (cf.
convention de liquidité), consensus à divers niveaux : entre le
« spécialiste » du GAP BFBP et les directions financières des
Banques, entre les directions financières de toutes les BP, entre
les financiers et les commerciaux.
12. Présentation mémoire d’actuariat –David Guetta - 24/04/201512 -
Les difficultés rencontrées
• Expliquer une problématique relativement complexe de manière
adaptée à des interlocuteurs hétérogènes. En effet, la
compréhension et l’adhésion des différents acteurs sont cruciales
pour que le système soit effectivement utilisé par les
commerciaux et de manière pertinente.
• Développer et implémenter une solution industrielle, et assurer
la production récurrente du calcul des TCI, soit 20 fichiers de 423
lignes une fois par mois pour le CEG, et 28 fichiers contenants
3180 TCI pour l’animation commerciale une fois par semaine.
• Etre conscient des impacts de toute erreur ou changement de
méthode en terme d’analyse et de pilotage car le périmètre porte
sur la totalité des encours clientèle du Groupe, soit 130 G€ à
l’actif et 100 G€ au passif.
13. Présentation mémoire d’actuariat –David Guetta - 24/04/201513 -
Des axes d’amélioration
Certains produits (les crédits à taux variables capés et les CDN)
sont susceptibles de connaître une précision de leurs TCI à
condition que certaines caractéristiques (strike, date d’émission,
maturité) deviennent disponibles dans le CEG.
Pour d’autres produits (les DAV, les Livrets, les CEL, les prêts
relais, les Revolving, et les PEP), une voie d’amélioration
résulterait de la substitution des conventions d’écoulements par
des lois statistiques à l’instar de ce qui a été réalisé pour les PEL.
Cela nécessite des travaux préalables de modélisation
statistiques. Ceux-ci sont à l’ordre du jour de mon équipe. Au
final, cela se traduira par de nouvelles valeurs de TCI pour les
produits concernés, et posera la question de la reprise totale ou
partielle de l’historique de TCI pour permettre la comparaison des
résultats sur le stock et la production nouvelle.
14. Présentation mémoire d’actuariat –David Guetta - 24/04/201514 -
Ce qu’un système de TCI permet
Après avoir mis en place le système de TCI, nous avons
commencé à étudier la péréquation au 2nd semestre 2009. Nos
premiers travaux ont porté sur une péréquation par produits. Vu
les risques liés à une péréquation mal maîtrisée, nous avons
privilégié la péréquation latérale qui est suffisamment complexe à
mettre en œuvre et à bien s’approprier.
Nous avons mis au point un prototype et simulé (backtesté) un
exercice de péréquation sur le passé. Les résultats montrent que
ce système de compensation analytique entre bonifications et
sur-tarifications peut fonctionner, et confirment que le suivi de la
péréquation doit être rigoureux pour éviter toute dérive. Cela
permet d’envisager de déployer un tel système, sachant qu’une
solution industrielle signifierait un chantier important.
15. Présentation mémoire d’actuariat –David Guetta - 24/04/201515 -
Ce qu’un système de TCI permet
Nous avons pu montrer qu’un système de TCI rigoureux permet
de mettre en évidence les coûts de revient, d’identifier les
sources de perte et de profit. Son utilisation aurait à priori un
effet autorégulateur.
Nous avons vu à ce propos que la Commission bancaire est
attentive à une gestion rigoureuse des risques et une correcte
tarification des produits bancaires.
Rappelons nous également que le crédit bancaire est un canal de
transmission important de la politique monétaire de la Banque
Centrale aux agents économiques (ménages ou entreprises) qui
n’ont pas directement accès aux marchés financiers.
16. Présentation mémoire d’actuariat –David Guetta - 24/04/201516 -
Il faut néanmoins demeurer prudent dans l’utilisation des TCI
• Si une banque est seule à tarifer strictement au-dessus des TCI, ses
clients iront très probablement chez les concurrents moins chers.
• Si l’ensemble des groupes bancaires tarifie les crédits au-dessus des
TCI, cela augmenterait la charge des ménages (et/ou des entreprises) et
freinerait la croissance via une réduction de l’investissement et de la
consommation.
• Une autre conséquence possible d’une tarification correcte des crédits
serait une réduction des commissions, ce qui bénéficierait aux clients.
• La concurrence entre banques pourrait se déplacer des crédits
immobiliers vers la rémunération de l’épargne donnant lieu à une
« guerre des passifs » i.e. une surenchère sur les taux de rémunération
servis aux clients. Dans les années 1990, en Belgique et en Espagne,
aucun réseau n'était sorti gagnant de cette compétition. Ni les banques
françaises ni la CB ne souhaitent une telle compétition exacerbée
destructrice pour les marges.
17. Présentation mémoire d’actuariat –David Guetta - 24/04/201517 -
• Un autre comportement potentiellement dangereux serait d’inciter les
ménages à emprunter à taux variable. A court terme, cela bénéficierait
aux banques parce que ces produits sont mieux margés que les crédits à
taux fixe. Mais à long terme, cela représente un risque significatif
puisque cela revient à faire porter le risque de taux d’intérêt par le
client, au lieu que ce soit le GAP de la banque qui le gère. En cas de
hausse des taux, les mensualités et/ou la durée du crédit
augmenteraient.
En France, la réglementation protège les ménages et les échéances et
maturité des crédits sont contractuellement plafonnées. Le risque est
donc limité pour les clients, mais peut néanmoins les gêner
considérablement.
Aux USA, ce n’était pas le cas, ce qui s’est traduit par le défaut de
certains emprunteurs les plus fragiles (subprime), occasionnant des
pertes pour les créanciers, diffusées dans l’ensemble du système
financier via un développement abusif des dérivés de crédit, et se
développant en crise majeure de 2007-2009.
Il faut néanmoins demeurer prudent dans l’utilisation des TCI