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Les Logiciels Libres et les droits de l’Humain
Un triptyque républicain
J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230
Le numErique c est fantastique 
, ’ !
Sinon :
●
Je ne serai pas là
●
Je n’aurai pas de salaire
●
Vous ne seriez pas là non plus...
Mais alors, de quoi allons nous parler ?
●
Un peu d’Histoire de l’Informatique (bien avant le numérique)
●
Liberté des Logiciels, mais pas que !
●
L’arrivée de l’Internet et l’avènement des réseaux asociaux
●
La désinhibition devant la machine : que vaut notre intimité ?
●
Souveraineté individuelle et collective
●
Le danger pour la démocratie
●
Les communs d’abord… (C’est le moment de virer de bord :-))
●
Les solutions
J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230
Diapo 4/65
Une (très) brève histoire du logiciel...
●
Al-Khwârizmî an 800 ap JC, il
donne son nom aux
« algorithmes ». Propose une
classification des algorithmes
●
Ada LOVELACE 1843 ci-
contre, effectue le premier
codage d’un algorithme pour
une machine (la machine de
BABBAGE)
J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230
Diapo 5/65
Une (très) brève histoire du logiciel...
●
Georges BOOLE 1850 (théorie
binaire en mathématique, 0 et 1)
●
Claude SHANNON 1930 (binaire
« mécanique » avec des
interrupteurs (ouvert/fermé), et
des bits 0/1. La mémoire
artificielle est née
●
On prendra l’habitude de les
grouper par 8 : octet
0
1
J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230
Diapo 6/65
Une (très) brève histoire du logiciel...
●
De nos jours, on sait produire
des milliards d’interrupteurs sur
des surfaces de l’ordre du mm² !
●
Et on sait les actionner des
milliards de fois par seconde !
●
Il faut plus de 31 ans à un
Humain pour compter jusque 1
Milliard, 1/4 de seconde à un
bête micro ordinateur de
bureau...
J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230
Diapo 7/65
Mes données, où sont mes données ?
(mais qu’y a-t-il dans un octet ?)
●
C’est très simple, il suffit d’avoir la « recette » pour décoder les
octets et la machine fait le reste. La « recette » nous permet de
définir le format de fichier, elle permet de décoder l’octet pour le
rendre utilisable par un Humain
●
On peut y trouver des nombres, des images (avec une table des
couleurs par point), des textes (avec une table de correspondance
des lettres), des sons (avec une transformée de Fourier inverse), etc.
●
Mais attention ! Sans la recette, impossible de savoir ce qui est
dedans (même si on a une indication avec l’extension), et c’est là
que se situe le problème de l’ouverture, avec les formats
propriétaires, qui nous privent de la Liberté de connaître la recette...
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Diapo 8/65
Informatique = Algorithmes et Données
●
L’algorithme définit donc une suite d’instructions que la machine va exécuter.
C’est une « recette »
●
Par exemple, pour décoder le contenu binaire d’un octet, il faut connaître
l’algorithme de « décodage » qui permet de récupérer la donnée
●
Toute la science informatique est basée sur des algorithmes et des données,
même l’I.A. et la BlockChain, qui ne sont que les modes du moment, après les
systèmes experts et avant le métaverse
●
Mais attention, ce sont toujours des Humains qui commandent, écrivent et
démarrent les algorithmes qui manipulent les données !
●
Et des Humains qui décident avec quelles données alimenter les algorithmes...
J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230
Diapo 9/65
Le marché des ordinateurs
●
Au départ, l’ordinateur est la partie centrale du système (Gros systèmes IBM par exemple)
●
On démarre dans l’immédiate après-guerre (1945), après qu’Alan Turing ait sauvé le monde
en décodant les codes nazis de la machine ENIGMA (sauvant au passage 14 millions de
personnes, voir le film Imitation Game), cela ne l’empêchera pas d’être condamné et
assassiné pour homosexualité, il ne fait pas bon sauver le monde, et ce n’est
malheureusement pas mieux à notre époque
●
L’ordinateur est « vendu » avec ses logiciels et même ses techniciens, car une poignée de
personnes seulement sait le faire fonctionner, notamment ceux qui l’ont construit
●
Petit à petit, l’importance du matériel (Hardware) va diminuer, et l’importance du logiciel
(Software) va croître
●
Mais les humains sont encore très liés au système, et nous verrons que certains ont même
un intérêt à cela (plus en tant que concepteur mais en tant qu’utilisateurs)
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Diapo 10/65
Notion de bien rival / non rival
●
Si on me vole (ou si je donne) mon vélo, je ne l’ai plus, si on
me « vole » un fichier, je l’ai encore ! (* le vol de données difficile à détecter)
●
Pour un logiciel, ou plus généralement un objet numérique, la
jouissance de l’objet peut être partagée sans que le
propriétaire originel ne la perde
●
Cela va diviser les développements informatiques en deux
branches, celle qui va profiter de cela pour faire un maximum
de profits, celle qui va décider de faire progresser l’humanité
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Diapo 11/65
La branche Humaniste du logiciel
●
Afin de répondre à l’invention de la licence propriétaire dans les
années 80, un homme, rms (Richard Matthew Stallman), rédige la
licence GNU/GPL et crée la FSF (Free Software Foundation)
●
GNU (1983) est un système d’exploitation libre, ce sont des fonctions
système qui permettent d’accéder à un « noyau » informatique, tel
que LINUX
●
C’est un acronyme récursif « GNU is Not Unix »
●
La licence GPL General Public Licence décrit les modalités de
partage du code source du logiciel tout en protégeant l’auteur
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Diapo 12/65
Code rms
●
rms : Richard Matthew Stallman
●
1970 : garder l’éthique des pionniers, ne pas travailler pour le logiciel
propriétaire (i.e. avec une licence interdisant le partage, l’analyse, la
modification, etc.)
●
1980 : Y a-t-il un pilote ? (d’imprimante) // LL vs Brevets logiciels
●
1989 La GNU/GPL est le nouveau contrat social des développeurs //
biens communs numériques ouverts (Lawrence Lessig) vs droit
d’exclure
●
Les 4 libertés : exécuter, étudier, modifier, redistribuer
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Diapo 13/65
Pourquoi le Logiciel Libre ?
●
Maintenir intactes les traditions « hacker » de partage dans un
monde de plus en plus marqué par l’empreinte du droit d'auteur
●
Stallman veut « ramener l’esprit de coopération qui prévalait
dans la communauté hacker dans les jours anciens », il n’était
pas question alors de « propriété intellectuelle », et tous les
codes sources, distincts, s’échangeaient librement.
●
Le Logiciel Libre est une philosophie, qui va bien au delà des
logiciels
J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230
Diapo 14/65
Une certaine reconnaissance
●
En janvier 2004, l’UNESCO élève le logiciel libre au rang de
patrimoine mondial de l’humanité et confère à GNU la valeur
symbolique de « Trésor du monde »
●
Mais l’intérêt se révèle aussi économique, en 1998 apparaît
« l’open-source », qui met en lumière le problème de la
polysémie anglo-saxonne du mot « free » qui peut inquiéter les
entreprises, au prix de l’abandon de la philosophie originelle
●
Car free, en anglais, c’est « Libre » mais aussi « Gratuit », or le
logiciel libre n’est pas nécessairement gratuit
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Diapo 15/65
Les 4 Libertés
●
On définit un logiciel Libre au travers de 4 libertés appliquées au code
source d’un programme
●
Le « code source » est le texte qui décrit l’algorithme dans un langage
qui est compréhensible par l’Humain et adapté aussi à la machine
●
Les 4 Libertés sont :
– Utiliser
– Étudier
– Modifier/Adapter
– Redistribuer
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Diapo 16/65
Les 4 Libertés : Utiliser
●
Utiliser librement
●
Oui, on peut utiliser un logiciel libre sans rien demander à
personne, ni rien devoir à personne
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Diapo 17/65
Les 4 Libertés : étudier
●
Étudier librement
●
Lorsque l’on obtient un Logiciel Libre, il doit être donné avec
son code source, on peut alors regarder comment il fonctionne,
ou demander à quelqu’un de le faire pour nous si l’on est pas
spécialiste
●
C’est exactement comme les lois, on a parfois besoin d’un
spécialiste, comme un avocat, c’est pareil pour le code source
(d’ailleurs, on dit aussi code civil :-))
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Diapo 18/65
Les 4 Libertés : Modifier/Adapter
●
Modifier/adapter librement
●
A partir du moment où on dispose du code source, et que l’on
dispose de la compétence (publique d’ailleurs) pour le modifier,
rien ne nous en empêche
●
On peut donc l’adapter à nos besoins (gain de temps et de
performances)
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Diapo 19/65
Les 4 Libertés : Redistribuer
●
Redistribuer librement
●
On peut donc aussi (et surtout) en faire profiter les autres
●
On touche ici à la notion de réciprocité, que l’on pourra
développer plus tard si besoin
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Diapo 20/65
Et quand on a pas ces 4 Libertés ?
●
On est en présence d’un code source « propriétaire »
●
Comme il nous prive de ces libertés, on parle de code source « privateur »
de liberté
●
Cela apparaît dans les conditions d’utilisations des logiciels que beaucoup
acceptent sans les lire
●
C’est en particulier le cas des produits Microsoft(tm), comme MS-
Windows(tm) et MS-Office(tm)
●
Dans ce dernier cas, on est quasiment obligé de payer pour se relire ! (car le
format des fichiers est aussi propriétaire, on a pas la recette, ni le droit de la
chercher)
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Diapo 21/65
Point d’étape
●
Nous avons vu ce qu’est un logiciel, qui est construit sous forme de code
source, et qui va manipuler des données
●
Ce logiciel dispose d’une propriété très particulière : c’est un bien non rival,
on peut choisir de le donner/partager sans en perdre la jouissance pleine et
entière.
●
C’est un peu comme une formule mathématique : le théorème de Pythagore
existe et est un bien commun de l’Humanité
●
Sauf que… certains veulent breveter les algorithmes et même le vivant ! Ils
promeuvent des licences propriétaires qui leur assurent une rente financière
au dépend de l’Humanité, prise en otage par les formats propriétaires
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Diapo 22/65
Liberté, Égalité, Fraternité
●
rms démarre toujours ses conférences par ces trois mots
●
Voyons pourquoi...
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Diapo 23/65
Liberté, Égalité, Fraternité
Liberté ! Liberté chérie. Combats avec tes défenseurs ! ;-)
●
Le code source Libre nous donne 4 libertés, nous l’avons vu
●
Mais il nous donne aussi par la même occasion la Liberté de choisir
entre plusieurs solutions, de choisir un format ouvert (on ne dit pas
Libre pour un format), de choisir quel logiciel Libre on souhaite utiliser
●
Mais parfois, si l’on est conditionné par une certaine interface, il
faudra faire un effort pour retrouver sa Liberté (Nous verrons
comment certaines interfaces sont construites pour nous conditionner,
cf Cahier No 6 « La forme des choix » de la CNIL)
J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230
Diapo 24/65
Liberté, Égalité, Fraternité
●
Et paraphrasant Benjamin Franklin, je dirais que :
 « Ceux qui sont prêts à sacrifier un peu de Liberté numérique
pour un peu de facilité ne méritent ni l’une ni l’autre et risquent
de perdre les deux »
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Diapo 25/65
Liberté, Égalité, Fraternité
Égalité
●
Sans aucune nécessité de posséder de l’argent ou quoi que ce
soit d’autre pour les utiliser, les Logiciels Libres assurent une
égalité parfaite entre les Humains
●
De plus, ils fonctionnent sur des systèmes anciens, et donc
sont à la portée de tous
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Diapo 26/65
Liberté, Égalité, Fraternité
Fraternité
●
Quoi de plus fraternel que de pouvoir redistribuer sans
contrepartie ?
●
Un Humain vous a permis de connaître un Logiciel Libre, vous
pouvez fraternellement en faire profiter un autre Humain, qui lui
même pourra en faire autant et ainsi de suite…
●
Et même mieux, si quelqu’un le souhaite, il peut améliorer le
logiciel et en faire bénéficier l’Humanité, pour une fraternité active !
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Diapo 27/65
Peut on « libérer » d’autres choses ?
●
Oui, bien sur, car la numérisation des objets comme des texte, des
images et des sons les rends « non rivaux » et permet de choisir un
partage sans perte de jouissance pour l’ensemble des usagers
●
Un gros travail a été fourni avec la création des licences « Creative
Commons », connue sous le terme CC
●
Ces licences (car ce n’est pas une mais un ensemble fini de licences
combinées) permettent à l’auteur de choisir comment il veut que son
œuvre soit utilisée, voir ici en bas à gauche par exemple
●
Il en existe d’autres moins connues comme Art Libre par exemple
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Diapo 28/65
Creative Commons
●
Il existe un certain nombre d’options, qui sont comme des
« restrictions » que l’auteur met en place (ou non)
●
Par exemple :
– BY : obligation de citer l’auteur
– NC : non commercial
– SA : redistribution sous les mêmes conditions
– ND : pas de modifications
●
Bien entendu l’auteur reste libre d’attribuer les autorisations
manquantes sur demande, moyennant finance ou non
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Diapo 29/65
(Mais c’est quoi une œuvre ?)
●
Nous produisons tous des œuvres, un message dans un
forum, une photo, un mémoire d’étude, sont des œuvres et
sont protégées au même titre que les grand romans de
l’Histoire
●
Une œuvre se définit comme perceptible par un des 5 sens
(vue, ouïe, odorat, toucher, goût)
●
Sans licence explicite, en France, c’est le droit d’auteur qui
s’applique, et donc le partage est implicitement interdit
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Diapo 30/65
Une spécificité française
●
Le droit d’auteur en France est constitué du droit moral et du
droit patrimonial
●
Le droit patrimonial peut être cédé, par exemple contre de
l’argent
●
Le droit moral est incessible et inaliénable, ce qui fait qu’en
France la licence CC minimale est : CC-BY (on ne peut
« changer » d’auteur ou l’ignorer
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Diapo 31/65
Libertés et droits
●
Les licences libres accordent automatiquement :
– Certaines Libertés aux usagers
– La Liberté pour l’auteur de choisir les droits qu’il accorde automatiquement pour
l’usage de son œuvre
●
Il faut donc bien comprendre que la philosophie propriétaire à l’origine de
la captation phénoménale de richesse par Microsoft(tm) (voir l’émission
Cash Investigation : « La dérive des marché publics » à la 42ème
minute) n’est que la conséquence d’une privation de Liberté dont les
consommateurs ne se rendent pas compte, ne sachant pas qu’il existe
d’autres solutions, ou n’ayant pas la capacité ou la volonté de s’adapter
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Diapo 32/65
Et Internet descendit sur Terre
●
La copie d’une ressource numérique (non rivale) devient facile
et accessible sur toute la planète
●
L’information va devenir le carburant de ce nouvel écosystème,
mettant à mal le modèle des biens rivaux, tels le disque, le
DVD, le livre, le journal...
●
Avant que nous devenions nous même la marchandise...
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Diapo 33/65
Mais à l’origine ?
●
Tim Berners Lee avait voulu, en 1986, permettre un accès
rapide à des documents de recherche au travers du réseau
ARPANET que l’armée américaine venait d’offrir aux universités
●
Il était basé sur des protocoles ouverts, ce qui a fait son succès
planétaire (la fameuse adresse « IP »)
●
L’idée était de proposer le partage de la connaissance pour le
bien de l’Humanité, suivant en cela le modèle des Logiciels
Libres, mais pour toute la connaissance
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Diapo 34/65
Le Babel de la connaissance
●
L’Homme s’empara de cet outil avec les vices inhérents à sa
triste condition, il en fit parfois un outil formidable, comme
WikiPédia par exemple, mais aussi un outil de prédation et de
captation de la richesse sans redistribution, et Tim Berners Lee
en fut horrifié
●
Il créa alors l’initiative SOLID, pour rendre au citoyen la
propriété de ses données, mais à l’heure actuelle il n’y a pas
d’implémentation généralisé de SOLID, mais un projet est en
cours avec le gouvernement Flamand en Belgique
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Diapo 35/65
Comment en est-on arrivés là ?
●
Le WEB originel proposait des documents, accessibles à tous, de
manière gratuite ou payante, mais avec un modèle « classique »
●
L’arrivée du WEB dit « 2.0 » a permis les interactions avec les
utilisateurs
●
Avec les progrès de la psychologie comportementale, certains ont
vite compris les avantages à tirer profit de cela, en mettant en
œuvre des mécanismes de captation des données et des traces
des utilisateurs, puis en les traitant grâce aux progrès de l’IA et de
la fouille massive de données
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Diapo 36/65
●
Reproduction de l’article 3 §3 des CGU
de Facebook, tel qu’il a pu être consulté
en sept. 2020 ;
https://www.facebook.com/legal/terms
●
On en arrive au scandale Cambridge
Analytica : manipulation potentielle du
vote de 87 millions de personnes, grâce
aux informations recueillies sur elles sur
cette plateforme
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Diapo 37/65
Mais n’oublions pas que :
●
Mark Zuckerberg, le créateur de Facebook(tm), a deux master :
– Un master d’informatique
– Un master de psychologie
●
Son produit a bien entendu été créé pour cela : recueillir des données
personnelles et des traces pour influencer les choix des usagers, pour de
la publicité ciblée par exemple, mais cela fonctionne pour toute
modification comportementale
●
Et demandons nous pourquoi son entreprise a changé de nom après
Cambridge Analytica et les révélations de Frances Haugen devant le
congrès américain
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Diapo 38/65
Après le F de GAFAM, le G
●
GAFAM = Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft (et leurs filiales)
●
Extrait des conditions d’usage de Google(tm)
« Nous conservons les données que nous recueillons pour des périodes plus ou moins longues
en fonction de leur nature, de l'utilisation que nous en faisons »
« Nous conservons certaines données jusqu'à ce que vous les supprimiez de votre compte
Google »
« Nous conservons également certaines données plus longtemps si nécessaire, à des fins
commerciales légitimes »
« Nous utilisons vos informations personnelles pour vous proposer les produits les plus utiles
possible. C'est ainsi que vous bénéficiez de la saisie automatique lors de vos recherches,
rejoignez votre domicile plus rapidement avec Google Maps ou profitez d'annonces
personnalisées en fonction de vos centres d'intérêt. »
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Diapo 39/65
Le respect de soi même et des autres
●
A la lecture de ces conditions d’usages, il apparaît clairement
qu’utiliser ces outils nuit à sa propre intimité mais aussi à l’intimité
des correspondants que l’on embarque sans leur consentement
dans un dispositif d’analyse de leurs données et de leurs traces
●
C’est l’un des biais les plus impressionnants, que celui de refuser
de comprendre cela et de continuer à utiliser les services de
Google(tm) pour correspondre avec les autres quand ils n’y sont
pas consentants, mais le biais d’optimisme fait effet dans ce cas
de biais de minimisation des risques
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Diapo 40/65
Pourquoi ne lit-on pas ces
informations ?
●
Voici l’oeuvre d’un jeune artiste israélien,
Dima Yarovinsky
●
Il a reproduit les conditions d’usages de
quelques GAFAM et de leurs filiales
●
C’est totalement illisible, de par le contenu
mais aussi par la longueur !
●
Et grâce à certains biais cognitifs,
l’Humain abandonne sa Liberté pour de la
facilité...
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Diapo 41/65
Néocolonialisme numérique
●
Le sociologue Antonio Casilli définit le néocolonialisme
numérique comme le fait que ces sociétés américaines que
sont les GAFAM et leurs filiales viennent nous prendre nos
richesses (nos données et nos traces, l’or gris…) et nous
donnent des « pacotilles » en échange, comme les européen
l’avaient fait aux peuples amérindiens, du nord comme du sud
●
Ils ont fini exterminés ou dans des réserves...
J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230
Diapo 42/65
A ne pas confondre avec...
●
Le colonialisme numérique de Roberto Casati qui lui invoque le
fait que tout devienne numérique et que l’on ne laisse plus le
choix
●
C’est un véritable problème quand à l’inclusion de certaines
catégories de population
●
En effet, le groupe de travail européen DigComp dont je fais
partie recense une certaine forme d’illectronisme pour 48 % de
la population européenne, tous ages et toutes CSP confondues
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Diapo 43/65
Shoshana Zuboff et le
« L’âge du capitalisme de surveillance »
●
Cette chercheuse a étudié pendant 10 ans les modes de
fonctionnement des GafaM, de leurs filiales et des sociétés ayant le
même modèle
●
Son livre fait 600 pages, il est impossible à résumer ici, mais le titre
est évocateur : loin de vouloir quelque amélioration que ce soit pour
l’Humanité, les actionnaires de ces sociétés utilisent tous les moyens
modernes pour extraire les données personnelles et les traces pour
en faire de l’argent, qui se concentre dans de moins en moins de
mains à la faveur des rachats de société et des monopoles qu’elles
développent
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Diapo 44/65
Quelques exemples de biais cognitifs
●
Extrait du Cahier Innovation et prospective N° 6 de la CNIL : « La forme
des choix »
●
Effet d’ancrage : l’utilisateur a déjà vu des dizaines de fois ce type de
messages (accepter les conditions, □ J’accepte => I Agree),
particulièrement utilisé pour les licences mais aussi les cookies
●
Biais d’optimisme : dans la même lignée, l’utilisateur aurait tendance à
sous-estimer la probabilité que le fait d’accepter puisse avoir des
conséquences négatives pour lui
●
Effet de cadrage : la façon dont nous sont présentées les choses influe
sur nos décisions
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Diapo 45/65
D’autres biais qui nous rendent accros
●
Extrait du Cahier Innovation et prospective N° 6 de la CNIL :
« La forme des choix »
●
La répétition des cycles permet de se passer d’un
déclencheur externe pour aboutir à un déclencheur interne
●
La variabilité de la récompense s’appuie très clairement sur
notre cerveau « joueur »
●
Les habitudes des utilisateurs deviennent un atout pour
l’entreprise
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Diapo 46/65
L’exemple des « Nudges »
●
Le nudge est une sorte de serpent K dans Mowgli qui nous
donne confiance et modifie notre comportement
●
Un exemple typique est celui des passages piétons peints en
relief (oui, le nudge peut être positif, mais aussi négatif)
●
« La question de l’autonomie de l’individu et de sa capacité à
accepter ou non certaines injonctions qui lui sont faites doit se
poser dès lors que l’objectif est de subtilement l’inciter à
certaines actions qu’il n’aurait pas souhaité entreprendre »
Cahier IP 6, CNIL, « La forme des choix »
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Diapo 47/65
Finalement...
Quelle est notre Liberté si nous acceptons les conditions d’usages
du moteur de recherche Google, d’une suite office propriétaire
nous imposant un format ou des réseaux asociaux, conçus pour
recueillir et analyser nos données personnelles et nos traces, afin
de nous manipuler psychologiquement ?
J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230
Diapo 48/65
Le biais d’inhibition
●
Plusieurs chercheurs, dont Sophie SAKKA, ont démontré que
l’Humain en situation de communiquer avec une machine perd
la plupart de ses inhibitions
●
Face à un robot humanoïde télécommandé, des personnes ont
fait des aveux qu’ils n’auraient pas fait à leur propre famille !
●
Ce biais est présent dans l’usage des réseaux asociaux et finit
par devenir un risque
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Diapo 49/65
Un risque pour la démocratie ?
●
Tout simplement parce que ce biais va entraîner la diffusion d’éléments
de plus en plus intimes, parfois extrêmes, et que les algorithmes des
réseaux asociaux sont justement construits pour exploiter et mettre en
avant ce type d’éléments afin de faire de l’audience et donc
d’augmenter les revenus de la plateforme
●
Ils vont provoquer artificiellement des regroupements importants autour
de concepts extrémistes par exemple
●
C’est la raison de la démission de Frances Haugen de Facebook(tm) et
de ses révélations sur les intérêts financiers de la plateforme qui
passent avant l’intérêt des usagers
J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230
Diapo 50/65
Nous et les autres...
●
Il s’agit donc bien ici de questions de souveraineté
●
La souveraineté individuelle disparaît, car les logiciels et les
formats propriétaires nous emprisonnent, et les réseaux asociaux
captent notre attention et par la même nos données et nos traces,
dont on peut déduire notre profil psychologique individuel et influer
sur nos décisions et nos choix
●
La souveraineté collective est attaquée, car les capacités d’actions
de ces plateformes sont incommensurables, chaque mois,
presque un tiers de la planète se connecte à Facebook(tm) !
J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230
Diapo 51/65
Une autre voie est possible
●
Utiliser des Logiciels Libres plutôt que des logiciels
propriétaires privateurs
●
Utiliser des formats de fichier ouverts et interopérables
●
Utiliser des services en lignes loyaux, alternatifs aux grandes
plateformes
J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230
Diapo 52/65
Les services en ligne loyaux
●
L’AFUL définit la première la notion de loyauté d’un service en ligne dans ses statuts :
●
Article 1.b.3 Services en ligne loyaux
– Sont considérés comme loyaux les services en ligne qui permettent :
●
à leurs utilisateurs de disposer, dans un format ouvert, de l’intégralité de leurs données ainsi que des données et
informations liées nécessaires pour l’exploitation de ces données par un autre fournisseur de service en ligne ;
●
à leurs utilisateurs de disposer sous licence libre de tous les logiciels nécessaires pour mettre en œuvre le service en
ligne afin de pouvoir bénéficier du même service sur une infrastructure autonome ou exploitée par une tierce partie ;
●
à un concurrent potentiel de proposer un service comparable, excluant tout verrouillage juridique empêchant la
possibilité d’offrir le même service ;
●
un usage du service par tous, partout, et sans discrimination aucune vis-à-vis d’un groupe ou d’une personne ;
●
à leurs utilisateurs la garantie du secret absolu et la protection de leurs données, y compris sous forme anonymisée.
La fourniture à un tiers de données relatives à l’usage du service ne peut se faire sans un accord préalable explicite
de l’utilisateur, au cas par cas.
●
Cela sera (très) timidement repris dans la « Loi pour une République numérique » de 2016
J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230
Diapo 53/65
(Différence Logiciel et Service)
●
Le Logiciel peut être exécuté sur votre machine, mais aussi sur un
serveur
●
Dans ce cas, il délivre un service
●
Attention, un service peut être déloyal même si le logiciel est libre
●
Il faut chercher une « instance » du logiciel qui respecte le principe de
loyauté, mais il peut y en avoir plusieurs
●
Certains décident d’héberger eux même leurs services (c’est même
inclus dans les NAS que tout un chacun achète dans la grande
distribution spécialisée)
J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230
Diapo 54/65
Les associations du Libre
●
Diverses associations nationales ou locales agissent pour la diffusion
des Logiciels Libres
●
Au niveau national l’AFUL et l’APRIL
●
Au niveau local, il y a ici LINUX Azur, dont un représentant est dans la
salle, mais on en trouve d’autres sur le site de l’AFUL suivant son lieu
d’habitation
●
Certaines sont plus opérationnelles, comme Framasoft, qui propose
énormément de ressources et mène de gros projets
●
On trouve aussi des associations professionnelles comme le CNLL
J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230
Diapo 55/65
Vers un monde Libre, Ouvert et Loyal
●
Utiliser une adresse de courriel loyale
●
Utiliser des réseaux loyaux, comme Mastodon
●
Utiliser des moteurs de recherche loyaux comme Duckduckgo,
Startpage, Ecosia, Searx
●
Utiliser des Logiciels Libres : LibreOffice, Mozilla Firefox,
Mozilla Thunderbird, Gimp, VLC, etc.
●
Utiliser des services en ligne basés sur des logiciels libres et
hébergés en Europe : NextCloud, Sympa, SPIP, etc.
J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230
Diapo 56/65
Logiciels Libres et Communs
Comment en est-on arrivés à lier les Logiciels Libres aux communs ?
●
Historiquement, on parle de communs avant les logiciels libres
●
Sauf que la première réalisation d’un commun au sens moderne
(numérique de surcroît) est peut-être un logiciel libre ? (cf rms)
●
Puis plus récemment, les évènements géopolitiques, climatiques et
sociétaux font que l’on s’intéresse de nouveau aux communs (sur le plan
général)
●
Parallèlement, la bataille pour l’auto-gouvernance de l’internet va aussi se
porter sur les biens communs numériques ouverts auto-gérés (WiKiPédia)
J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230
Diapo 57/65
Mais Libre, c’est aussi...
●
Libre, dans le monde numérique, signifie que tout le monde a
accès à la ressource mais aussi à sa méthode de fabrication
●
Libre, ce n’est pas que cela (open-source), c’est aussi imaginer
un monde ou les biens numériques, qui sont non-rivaux, peuvent
bénéficier à tous, sans appauvrir leurs propriétaires (ce qui est le
cas dans un bien rival, que l’on ne possède plus si on le
donne/vend)
●
La non-rivalité des ressources numériques est donc une clé
naturelle vers les biens communs numériques
J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230
Diapo 58/65
Comment agir pour les communs numériques ?
=> Former au numérique citoyen !
(Attention, le numérique n’est pas la science informatique, il
s’appuie sur elle mais en est un sur-ensemble)
J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230
Diapo 59/65
Des référentiels de formation
●
Pour former au numérique, des référentiels de compétences ont été
conçus : B2i, C2i, PCIE, DigComp…
●
Leur usage efficace impose de traiter l’exhaustivité des compétences,
car dans une optique citoyenne, l’intérêt est de maîtriser l’ensemble
des compétences, pas d’être spécialiste de quelques unes
●
On peut s’interroger aussi sur la notion de niveau / compétences
(peut on avoir une « gradation » dans l’acquisition d’une compétence,
ou est ce que ce sont plusieurs compétences ?)
●
Cela pose de véritables problèmes d’évaluation
J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230
Diapo 60/65
Les compétences, mais pas que !
●
Les connaissances, socle d’une Culture numérique
●
Il manque à tous ces référentiels le développement d’un esprit critique
numérique, pour pouvoir :
– parler de manière éclairée des licences de logiciels, et pas uniquement utiliser
les logiciels qu’on nous impose,
– choisir ses formats de fichiers, sans se les laisser imposer,
– identifier les services en ligne loyaux, pour choisir ceux qui vont protéger nos
Libertés et notre intimité numériques
– Être capable d’utiliser un autre logiciel ou un autre service que celui dont on a
l’habitude
J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230
Diapo 61/65
Les compétences, mais pas que !
●
Il faut aussi adopter une attitude réflexive, mais en
connaissance des concepts fondamentaux (progrès de
l’Informatique et de la Psychologie par exemple,
miniaturisation, accélération des traitements, manipulations
comportementales, biais cognitifs, nudges, etc.)
●
Voir le très pertinent « Cahier innovation et prospective n°6 »
de la CNIL, intitulé « La forme des choix »
J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230
Diapo 62/65
Et finalement les communs dans tout ça ?
●
Une clé : le numérique et la rivalité des biens :
– Un bien physique est « rival », il n’existe qu’en une seule instance, si une autre personne en prend
possession, son propriétaire initial en perd la jouissance
– Un bien numérique est « non rival », si quelqu’un le copie, son propriétaire le conserve à l’identique,
et cela une infinité de fois.
●
Penser au problème de la réciprocité qui freine le développement des communs
numériques : beaucoup veulent bien profiter mais peu veulent participer (qui donne à VLC,
Wikipédia, Framasoft, LibreOffice, Debian, l’AFUL, etc.?)
●
Il faut aussi penser à la communauté qui va les gérer ! Et avec une bonne culture
numérique, nous pouvons tous pratiquer la réciprocité, financière mais aussi participative
(traduction, documentation, promotion, formation, etc.)
●
Souvenons nous de « La tragédie des communs » Essai de Garrett Hardin publié en 1968
J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230
Diapo 63/65
Vers une culture numérique
Libre, Ouverte et Loyale
●
Saint-Exupéry disait : « Nous n’héritons pas de la terre de nos
ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants »
●
Nous devrions dire : « Nous n’héritons pas du numérique de
nos ancêtres, nous préparons celui de nos enfants »
J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230
Diapo 64/65
Vos questions…
Et merci pour votre écoute !
jean-yves.jeannas@aful.org
J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230
Diapo 65/65
Complément sur les formats ouverts
●
La bataille des formats ouverts : la recette doit être publique !
●
Dans le cas d’une ressource, la première condition d’un commun, c’est d’avoir un format
ouvert et interopérable (effectif et pas seulement déclaré)
●
Création de la norme ISO ODF (2006) en réponse aux DOC/XLS/PPT (qui ont tué toute
concurrence, rendant dépendants tous les usagers)
●
Lobbying forcené de Microsoft(tm) en 2008 pour « faire passer » sa norme OOXML
auprès de l’ISO (La France stoppe même sa commission de normalisation, la CN/FDR)
●
Les fichiers propriétaires ont pour le moment gagné, car malheureusement peu de gens
sont conscients que l’on paye une taxe indue pour se relire et que leur usage rend
esclave, soi même et ses correspondants, et les générations futures (pérennité?)

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  • 1. Les Logiciels Libres et les droits de l’Humain Un triptyque républicain J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230
  • 2. Le numErique c est fantastique  , ’ ! Sinon : ● Je ne serai pas là ● Je n’aurai pas de salaire ● Vous ne seriez pas là non plus...
  • 3. Mais alors, de quoi allons nous parler ? ● Un peu d’Histoire de l’Informatique (bien avant le numérique) ● Liberté des Logiciels, mais pas que ! ● L’arrivée de l’Internet et l’avènement des réseaux asociaux ● La désinhibition devant la machine : que vaut notre intimité ? ● Souveraineté individuelle et collective ● Le danger pour la démocratie ● Les communs d’abord… (C’est le moment de virer de bord :-)) ● Les solutions
  • 4. J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230 Diapo 4/65 Une (très) brève histoire du logiciel... ● Al-Khwârizmî an 800 ap JC, il donne son nom aux « algorithmes ». Propose une classification des algorithmes ● Ada LOVELACE 1843 ci- contre, effectue le premier codage d’un algorithme pour une machine (la machine de BABBAGE)
  • 5. J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230 Diapo 5/65 Une (très) brève histoire du logiciel... ● Georges BOOLE 1850 (théorie binaire en mathématique, 0 et 1) ● Claude SHANNON 1930 (binaire « mécanique » avec des interrupteurs (ouvert/fermé), et des bits 0/1. La mémoire artificielle est née ● On prendra l’habitude de les grouper par 8 : octet 0 1
  • 6. J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230 Diapo 6/65 Une (très) brève histoire du logiciel... ● De nos jours, on sait produire des milliards d’interrupteurs sur des surfaces de l’ordre du mm² ! ● Et on sait les actionner des milliards de fois par seconde ! ● Il faut plus de 31 ans à un Humain pour compter jusque 1 Milliard, 1/4 de seconde à un bête micro ordinateur de bureau...
  • 7. J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230 Diapo 7/65 Mes données, où sont mes données ? (mais qu’y a-t-il dans un octet ?) ● C’est très simple, il suffit d’avoir la « recette » pour décoder les octets et la machine fait le reste. La « recette » nous permet de définir le format de fichier, elle permet de décoder l’octet pour le rendre utilisable par un Humain ● On peut y trouver des nombres, des images (avec une table des couleurs par point), des textes (avec une table de correspondance des lettres), des sons (avec une transformée de Fourier inverse), etc. ● Mais attention ! Sans la recette, impossible de savoir ce qui est dedans (même si on a une indication avec l’extension), et c’est là que se situe le problème de l’ouverture, avec les formats propriétaires, qui nous privent de la Liberté de connaître la recette...
  • 8. J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230 Diapo 8/65 Informatique = Algorithmes et Données ● L’algorithme définit donc une suite d’instructions que la machine va exécuter. C’est une « recette » ● Par exemple, pour décoder le contenu binaire d’un octet, il faut connaître l’algorithme de « décodage » qui permet de récupérer la donnée ● Toute la science informatique est basée sur des algorithmes et des données, même l’I.A. et la BlockChain, qui ne sont que les modes du moment, après les systèmes experts et avant le métaverse ● Mais attention, ce sont toujours des Humains qui commandent, écrivent et démarrent les algorithmes qui manipulent les données ! ● Et des Humains qui décident avec quelles données alimenter les algorithmes...
  • 9. J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230 Diapo 9/65 Le marché des ordinateurs ● Au départ, l’ordinateur est la partie centrale du système (Gros systèmes IBM par exemple) ● On démarre dans l’immédiate après-guerre (1945), après qu’Alan Turing ait sauvé le monde en décodant les codes nazis de la machine ENIGMA (sauvant au passage 14 millions de personnes, voir le film Imitation Game), cela ne l’empêchera pas d’être condamné et assassiné pour homosexualité, il ne fait pas bon sauver le monde, et ce n’est malheureusement pas mieux à notre époque ● L’ordinateur est « vendu » avec ses logiciels et même ses techniciens, car une poignée de personnes seulement sait le faire fonctionner, notamment ceux qui l’ont construit ● Petit à petit, l’importance du matériel (Hardware) va diminuer, et l’importance du logiciel (Software) va croître ● Mais les humains sont encore très liés au système, et nous verrons que certains ont même un intérêt à cela (plus en tant que concepteur mais en tant qu’utilisateurs)
  • 10. J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230 Diapo 10/65 Notion de bien rival / non rival ● Si on me vole (ou si je donne) mon vélo, je ne l’ai plus, si on me « vole » un fichier, je l’ai encore ! (* le vol de données difficile à détecter) ● Pour un logiciel, ou plus généralement un objet numérique, la jouissance de l’objet peut être partagée sans que le propriétaire originel ne la perde ● Cela va diviser les développements informatiques en deux branches, celle qui va profiter de cela pour faire un maximum de profits, celle qui va décider de faire progresser l’humanité
  • 11. J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230 Diapo 11/65 La branche Humaniste du logiciel ● Afin de répondre à l’invention de la licence propriétaire dans les années 80, un homme, rms (Richard Matthew Stallman), rédige la licence GNU/GPL et crée la FSF (Free Software Foundation) ● GNU (1983) est un système d’exploitation libre, ce sont des fonctions système qui permettent d’accéder à un « noyau » informatique, tel que LINUX ● C’est un acronyme récursif « GNU is Not Unix » ● La licence GPL General Public Licence décrit les modalités de partage du code source du logiciel tout en protégeant l’auteur
  • 12. J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230 Diapo 12/65 Code rms ● rms : Richard Matthew Stallman ● 1970 : garder l’éthique des pionniers, ne pas travailler pour le logiciel propriétaire (i.e. avec une licence interdisant le partage, l’analyse, la modification, etc.) ● 1980 : Y a-t-il un pilote ? (d’imprimante) // LL vs Brevets logiciels ● 1989 La GNU/GPL est le nouveau contrat social des développeurs // biens communs numériques ouverts (Lawrence Lessig) vs droit d’exclure ● Les 4 libertés : exécuter, étudier, modifier, redistribuer
  • 13. J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230 Diapo 13/65 Pourquoi le Logiciel Libre ? ● Maintenir intactes les traditions « hacker » de partage dans un monde de plus en plus marqué par l’empreinte du droit d'auteur ● Stallman veut « ramener l’esprit de coopération qui prévalait dans la communauté hacker dans les jours anciens », il n’était pas question alors de « propriété intellectuelle », et tous les codes sources, distincts, s’échangeaient librement. ● Le Logiciel Libre est une philosophie, qui va bien au delà des logiciels
  • 14. J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230 Diapo 14/65 Une certaine reconnaissance ● En janvier 2004, l’UNESCO élève le logiciel libre au rang de patrimoine mondial de l’humanité et confère à GNU la valeur symbolique de « Trésor du monde » ● Mais l’intérêt se révèle aussi économique, en 1998 apparaît « l’open-source », qui met en lumière le problème de la polysémie anglo-saxonne du mot « free » qui peut inquiéter les entreprises, au prix de l’abandon de la philosophie originelle ● Car free, en anglais, c’est « Libre » mais aussi « Gratuit », or le logiciel libre n’est pas nécessairement gratuit
  • 15. J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230 Diapo 15/65 Les 4 Libertés ● On définit un logiciel Libre au travers de 4 libertés appliquées au code source d’un programme ● Le « code source » est le texte qui décrit l’algorithme dans un langage qui est compréhensible par l’Humain et adapté aussi à la machine ● Les 4 Libertés sont : – Utiliser – Étudier – Modifier/Adapter – Redistribuer
  • 16. J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230 Diapo 16/65 Les 4 Libertés : Utiliser ● Utiliser librement ● Oui, on peut utiliser un logiciel libre sans rien demander à personne, ni rien devoir à personne
  • 17. J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230 Diapo 17/65 Les 4 Libertés : étudier ● Étudier librement ● Lorsque l’on obtient un Logiciel Libre, il doit être donné avec son code source, on peut alors regarder comment il fonctionne, ou demander à quelqu’un de le faire pour nous si l’on est pas spécialiste ● C’est exactement comme les lois, on a parfois besoin d’un spécialiste, comme un avocat, c’est pareil pour le code source (d’ailleurs, on dit aussi code civil :-))
  • 18. J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230 Diapo 18/65 Les 4 Libertés : Modifier/Adapter ● Modifier/adapter librement ● A partir du moment où on dispose du code source, et que l’on dispose de la compétence (publique d’ailleurs) pour le modifier, rien ne nous en empêche ● On peut donc l’adapter à nos besoins (gain de temps et de performances)
  • 19. J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230 Diapo 19/65 Les 4 Libertés : Redistribuer ● Redistribuer librement ● On peut donc aussi (et surtout) en faire profiter les autres ● On touche ici à la notion de réciprocité, que l’on pourra développer plus tard si besoin
  • 20. J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230 Diapo 20/65 Et quand on a pas ces 4 Libertés ? ● On est en présence d’un code source « propriétaire » ● Comme il nous prive de ces libertés, on parle de code source « privateur » de liberté ● Cela apparaît dans les conditions d’utilisations des logiciels que beaucoup acceptent sans les lire ● C’est en particulier le cas des produits Microsoft(tm), comme MS- Windows(tm) et MS-Office(tm) ● Dans ce dernier cas, on est quasiment obligé de payer pour se relire ! (car le format des fichiers est aussi propriétaire, on a pas la recette, ni le droit de la chercher)
  • 21. J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230 Diapo 21/65 Point d’étape ● Nous avons vu ce qu’est un logiciel, qui est construit sous forme de code source, et qui va manipuler des données ● Ce logiciel dispose d’une propriété très particulière : c’est un bien non rival, on peut choisir de le donner/partager sans en perdre la jouissance pleine et entière. ● C’est un peu comme une formule mathématique : le théorème de Pythagore existe et est un bien commun de l’Humanité ● Sauf que… certains veulent breveter les algorithmes et même le vivant ! Ils promeuvent des licences propriétaires qui leur assurent une rente financière au dépend de l’Humanité, prise en otage par les formats propriétaires
  • 22. J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230 Diapo 22/65 Liberté, Égalité, Fraternité ● rms démarre toujours ses conférences par ces trois mots ● Voyons pourquoi...
  • 23. J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230 Diapo 23/65 Liberté, Égalité, Fraternité Liberté ! Liberté chérie. Combats avec tes défenseurs ! ;-) ● Le code source Libre nous donne 4 libertés, nous l’avons vu ● Mais il nous donne aussi par la même occasion la Liberté de choisir entre plusieurs solutions, de choisir un format ouvert (on ne dit pas Libre pour un format), de choisir quel logiciel Libre on souhaite utiliser ● Mais parfois, si l’on est conditionné par une certaine interface, il faudra faire un effort pour retrouver sa Liberté (Nous verrons comment certaines interfaces sont construites pour nous conditionner, cf Cahier No 6 « La forme des choix » de la CNIL)
  • 24. J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230 Diapo 24/65 Liberté, Égalité, Fraternité ● Et paraphrasant Benjamin Franklin, je dirais que :  « Ceux qui sont prêts à sacrifier un peu de Liberté numérique pour un peu de facilité ne méritent ni l’une ni l’autre et risquent de perdre les deux »
  • 25. J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230 Diapo 25/65 Liberté, Égalité, Fraternité Égalité ● Sans aucune nécessité de posséder de l’argent ou quoi que ce soit d’autre pour les utiliser, les Logiciels Libres assurent une égalité parfaite entre les Humains ● De plus, ils fonctionnent sur des systèmes anciens, et donc sont à la portée de tous
  • 26. J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230 Diapo 26/65 Liberté, Égalité, Fraternité Fraternité ● Quoi de plus fraternel que de pouvoir redistribuer sans contrepartie ? ● Un Humain vous a permis de connaître un Logiciel Libre, vous pouvez fraternellement en faire profiter un autre Humain, qui lui même pourra en faire autant et ainsi de suite… ● Et même mieux, si quelqu’un le souhaite, il peut améliorer le logiciel et en faire bénéficier l’Humanité, pour une fraternité active !
  • 27. J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230 Diapo 27/65 Peut on « libérer » d’autres choses ? ● Oui, bien sur, car la numérisation des objets comme des texte, des images et des sons les rends « non rivaux » et permet de choisir un partage sans perte de jouissance pour l’ensemble des usagers ● Un gros travail a été fourni avec la création des licences « Creative Commons », connue sous le terme CC ● Ces licences (car ce n’est pas une mais un ensemble fini de licences combinées) permettent à l’auteur de choisir comment il veut que son œuvre soit utilisée, voir ici en bas à gauche par exemple ● Il en existe d’autres moins connues comme Art Libre par exemple
  • 28. J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230 Diapo 28/65 Creative Commons ● Il existe un certain nombre d’options, qui sont comme des « restrictions » que l’auteur met en place (ou non) ● Par exemple : – BY : obligation de citer l’auteur – NC : non commercial – SA : redistribution sous les mêmes conditions – ND : pas de modifications ● Bien entendu l’auteur reste libre d’attribuer les autorisations manquantes sur demande, moyennant finance ou non
  • 29. J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230 Diapo 29/65 (Mais c’est quoi une œuvre ?) ● Nous produisons tous des œuvres, un message dans un forum, une photo, un mémoire d’étude, sont des œuvres et sont protégées au même titre que les grand romans de l’Histoire ● Une œuvre se définit comme perceptible par un des 5 sens (vue, ouïe, odorat, toucher, goût) ● Sans licence explicite, en France, c’est le droit d’auteur qui s’applique, et donc le partage est implicitement interdit
  • 30. J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230 Diapo 30/65 Une spécificité française ● Le droit d’auteur en France est constitué du droit moral et du droit patrimonial ● Le droit patrimonial peut être cédé, par exemple contre de l’argent ● Le droit moral est incessible et inaliénable, ce qui fait qu’en France la licence CC minimale est : CC-BY (on ne peut « changer » d’auteur ou l’ignorer
  • 31. J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230 Diapo 31/65 Libertés et droits ● Les licences libres accordent automatiquement : – Certaines Libertés aux usagers – La Liberté pour l’auteur de choisir les droits qu’il accorde automatiquement pour l’usage de son œuvre ● Il faut donc bien comprendre que la philosophie propriétaire à l’origine de la captation phénoménale de richesse par Microsoft(tm) (voir l’émission Cash Investigation : « La dérive des marché publics » à la 42ème minute) n’est que la conséquence d’une privation de Liberté dont les consommateurs ne se rendent pas compte, ne sachant pas qu’il existe d’autres solutions, ou n’ayant pas la capacité ou la volonté de s’adapter
  • 32. J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230 Diapo 32/65 Et Internet descendit sur Terre ● La copie d’une ressource numérique (non rivale) devient facile et accessible sur toute la planète ● L’information va devenir le carburant de ce nouvel écosystème, mettant à mal le modèle des biens rivaux, tels le disque, le DVD, le livre, le journal... ● Avant que nous devenions nous même la marchandise...
  • 33. J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230 Diapo 33/65 Mais à l’origine ? ● Tim Berners Lee avait voulu, en 1986, permettre un accès rapide à des documents de recherche au travers du réseau ARPANET que l’armée américaine venait d’offrir aux universités ● Il était basé sur des protocoles ouverts, ce qui a fait son succès planétaire (la fameuse adresse « IP ») ● L’idée était de proposer le partage de la connaissance pour le bien de l’Humanité, suivant en cela le modèle des Logiciels Libres, mais pour toute la connaissance
  • 34. J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230 Diapo 34/65 Le Babel de la connaissance ● L’Homme s’empara de cet outil avec les vices inhérents à sa triste condition, il en fit parfois un outil formidable, comme WikiPédia par exemple, mais aussi un outil de prédation et de captation de la richesse sans redistribution, et Tim Berners Lee en fut horrifié ● Il créa alors l’initiative SOLID, pour rendre au citoyen la propriété de ses données, mais à l’heure actuelle il n’y a pas d’implémentation généralisé de SOLID, mais un projet est en cours avec le gouvernement Flamand en Belgique
  • 35. J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230 Diapo 35/65 Comment en est-on arrivés là ? ● Le WEB originel proposait des documents, accessibles à tous, de manière gratuite ou payante, mais avec un modèle « classique » ● L’arrivée du WEB dit « 2.0 » a permis les interactions avec les utilisateurs ● Avec les progrès de la psychologie comportementale, certains ont vite compris les avantages à tirer profit de cela, en mettant en œuvre des mécanismes de captation des données et des traces des utilisateurs, puis en les traitant grâce aux progrès de l’IA et de la fouille massive de données
  • 36. J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230 Diapo 36/65 ● Reproduction de l’article 3 §3 des CGU de Facebook, tel qu’il a pu être consulté en sept. 2020 ; https://www.facebook.com/legal/terms ● On en arrive au scandale Cambridge Analytica : manipulation potentielle du vote de 87 millions de personnes, grâce aux informations recueillies sur elles sur cette plateforme
  • 37. J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230 Diapo 37/65 Mais n’oublions pas que : ● Mark Zuckerberg, le créateur de Facebook(tm), a deux master : – Un master d’informatique – Un master de psychologie ● Son produit a bien entendu été créé pour cela : recueillir des données personnelles et des traces pour influencer les choix des usagers, pour de la publicité ciblée par exemple, mais cela fonctionne pour toute modification comportementale ● Et demandons nous pourquoi son entreprise a changé de nom après Cambridge Analytica et les révélations de Frances Haugen devant le congrès américain
  • 38. J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230 Diapo 38/65 Après le F de GAFAM, le G ● GAFAM = Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft (et leurs filiales) ● Extrait des conditions d’usage de Google(tm) « Nous conservons les données que nous recueillons pour des périodes plus ou moins longues en fonction de leur nature, de l'utilisation que nous en faisons » « Nous conservons certaines données jusqu'à ce que vous les supprimiez de votre compte Google » « Nous conservons également certaines données plus longtemps si nécessaire, à des fins commerciales légitimes » « Nous utilisons vos informations personnelles pour vous proposer les produits les plus utiles possible. C'est ainsi que vous bénéficiez de la saisie automatique lors de vos recherches, rejoignez votre domicile plus rapidement avec Google Maps ou profitez d'annonces personnalisées en fonction de vos centres d'intérêt. »
  • 39. J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230 Diapo 39/65 Le respect de soi même et des autres ● A la lecture de ces conditions d’usages, il apparaît clairement qu’utiliser ces outils nuit à sa propre intimité mais aussi à l’intimité des correspondants que l’on embarque sans leur consentement dans un dispositif d’analyse de leurs données et de leurs traces ● C’est l’un des biais les plus impressionnants, que celui de refuser de comprendre cela et de continuer à utiliser les services de Google(tm) pour correspondre avec les autres quand ils n’y sont pas consentants, mais le biais d’optimisme fait effet dans ce cas de biais de minimisation des risques
  • 40. J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230 Diapo 40/65 Pourquoi ne lit-on pas ces informations ? ● Voici l’oeuvre d’un jeune artiste israélien, Dima Yarovinsky ● Il a reproduit les conditions d’usages de quelques GAFAM et de leurs filiales ● C’est totalement illisible, de par le contenu mais aussi par la longueur ! ● Et grâce à certains biais cognitifs, l’Humain abandonne sa Liberté pour de la facilité...
  • 41. J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230 Diapo 41/65 Néocolonialisme numérique ● Le sociologue Antonio Casilli définit le néocolonialisme numérique comme le fait que ces sociétés américaines que sont les GAFAM et leurs filiales viennent nous prendre nos richesses (nos données et nos traces, l’or gris…) et nous donnent des « pacotilles » en échange, comme les européen l’avaient fait aux peuples amérindiens, du nord comme du sud ● Ils ont fini exterminés ou dans des réserves...
  • 42. J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230 Diapo 42/65 A ne pas confondre avec... ● Le colonialisme numérique de Roberto Casati qui lui invoque le fait que tout devienne numérique et que l’on ne laisse plus le choix ● C’est un véritable problème quand à l’inclusion de certaines catégories de population ● En effet, le groupe de travail européen DigComp dont je fais partie recense une certaine forme d’illectronisme pour 48 % de la population européenne, tous ages et toutes CSP confondues
  • 43. J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230 Diapo 43/65 Shoshana Zuboff et le « L’âge du capitalisme de surveillance » ● Cette chercheuse a étudié pendant 10 ans les modes de fonctionnement des GafaM, de leurs filiales et des sociétés ayant le même modèle ● Son livre fait 600 pages, il est impossible à résumer ici, mais le titre est évocateur : loin de vouloir quelque amélioration que ce soit pour l’Humanité, les actionnaires de ces sociétés utilisent tous les moyens modernes pour extraire les données personnelles et les traces pour en faire de l’argent, qui se concentre dans de moins en moins de mains à la faveur des rachats de société et des monopoles qu’elles développent
  • 44. J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230 Diapo 44/65 Quelques exemples de biais cognitifs ● Extrait du Cahier Innovation et prospective N° 6 de la CNIL : « La forme des choix » ● Effet d’ancrage : l’utilisateur a déjà vu des dizaines de fois ce type de messages (accepter les conditions, □ J’accepte => I Agree), particulièrement utilisé pour les licences mais aussi les cookies ● Biais d’optimisme : dans la même lignée, l’utilisateur aurait tendance à sous-estimer la probabilité que le fait d’accepter puisse avoir des conséquences négatives pour lui ● Effet de cadrage : la façon dont nous sont présentées les choses influe sur nos décisions
  • 45. J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230 Diapo 45/65 D’autres biais qui nous rendent accros ● Extrait du Cahier Innovation et prospective N° 6 de la CNIL : « La forme des choix » ● La répétition des cycles permet de se passer d’un déclencheur externe pour aboutir à un déclencheur interne ● La variabilité de la récompense s’appuie très clairement sur notre cerveau « joueur » ● Les habitudes des utilisateurs deviennent un atout pour l’entreprise
  • 46. J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230 Diapo 46/65 L’exemple des « Nudges » ● Le nudge est une sorte de serpent K dans Mowgli qui nous donne confiance et modifie notre comportement ● Un exemple typique est celui des passages piétons peints en relief (oui, le nudge peut être positif, mais aussi négatif) ● « La question de l’autonomie de l’individu et de sa capacité à accepter ou non certaines injonctions qui lui sont faites doit se poser dès lors que l’objectif est de subtilement l’inciter à certaines actions qu’il n’aurait pas souhaité entreprendre » Cahier IP 6, CNIL, « La forme des choix »
  • 47. J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230 Diapo 47/65 Finalement... Quelle est notre Liberté si nous acceptons les conditions d’usages du moteur de recherche Google, d’une suite office propriétaire nous imposant un format ou des réseaux asociaux, conçus pour recueillir et analyser nos données personnelles et nos traces, afin de nous manipuler psychologiquement ?
  • 48. J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230 Diapo 48/65 Le biais d’inhibition ● Plusieurs chercheurs, dont Sophie SAKKA, ont démontré que l’Humain en situation de communiquer avec une machine perd la plupart de ses inhibitions ● Face à un robot humanoïde télécommandé, des personnes ont fait des aveux qu’ils n’auraient pas fait à leur propre famille ! ● Ce biais est présent dans l’usage des réseaux asociaux et finit par devenir un risque
  • 49. J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230 Diapo 49/65 Un risque pour la démocratie ? ● Tout simplement parce que ce biais va entraîner la diffusion d’éléments de plus en plus intimes, parfois extrêmes, et que les algorithmes des réseaux asociaux sont justement construits pour exploiter et mettre en avant ce type d’éléments afin de faire de l’audience et donc d’augmenter les revenus de la plateforme ● Ils vont provoquer artificiellement des regroupements importants autour de concepts extrémistes par exemple ● C’est la raison de la démission de Frances Haugen de Facebook(tm) et de ses révélations sur les intérêts financiers de la plateforme qui passent avant l’intérêt des usagers
  • 50. J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230 Diapo 50/65 Nous et les autres... ● Il s’agit donc bien ici de questions de souveraineté ● La souveraineté individuelle disparaît, car les logiciels et les formats propriétaires nous emprisonnent, et les réseaux asociaux captent notre attention et par la même nos données et nos traces, dont on peut déduire notre profil psychologique individuel et influer sur nos décisions et nos choix ● La souveraineté collective est attaquée, car les capacités d’actions de ces plateformes sont incommensurables, chaque mois, presque un tiers de la planète se connecte à Facebook(tm) !
  • 51. J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230 Diapo 51/65 Une autre voie est possible ● Utiliser des Logiciels Libres plutôt que des logiciels propriétaires privateurs ● Utiliser des formats de fichier ouverts et interopérables ● Utiliser des services en lignes loyaux, alternatifs aux grandes plateformes
  • 52. J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230 Diapo 52/65 Les services en ligne loyaux ● L’AFUL définit la première la notion de loyauté d’un service en ligne dans ses statuts : ● Article 1.b.3 Services en ligne loyaux – Sont considérés comme loyaux les services en ligne qui permettent : ● à leurs utilisateurs de disposer, dans un format ouvert, de l’intégralité de leurs données ainsi que des données et informations liées nécessaires pour l’exploitation de ces données par un autre fournisseur de service en ligne ; ● à leurs utilisateurs de disposer sous licence libre de tous les logiciels nécessaires pour mettre en œuvre le service en ligne afin de pouvoir bénéficier du même service sur une infrastructure autonome ou exploitée par une tierce partie ; ● à un concurrent potentiel de proposer un service comparable, excluant tout verrouillage juridique empêchant la possibilité d’offrir le même service ; ● un usage du service par tous, partout, et sans discrimination aucune vis-à-vis d’un groupe ou d’une personne ; ● à leurs utilisateurs la garantie du secret absolu et la protection de leurs données, y compris sous forme anonymisée. La fourniture à un tiers de données relatives à l’usage du service ne peut se faire sans un accord préalable explicite de l’utilisateur, au cas par cas. ● Cela sera (très) timidement repris dans la « Loi pour une République numérique » de 2016
  • 53. J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230 Diapo 53/65 (Différence Logiciel et Service) ● Le Logiciel peut être exécuté sur votre machine, mais aussi sur un serveur ● Dans ce cas, il délivre un service ● Attention, un service peut être déloyal même si le logiciel est libre ● Il faut chercher une « instance » du logiciel qui respecte le principe de loyauté, mais il peut y en avoir plusieurs ● Certains décident d’héberger eux même leurs services (c’est même inclus dans les NAS que tout un chacun achète dans la grande distribution spécialisée)
  • 54. J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230 Diapo 54/65 Les associations du Libre ● Diverses associations nationales ou locales agissent pour la diffusion des Logiciels Libres ● Au niveau national l’AFUL et l’APRIL ● Au niveau local, il y a ici LINUX Azur, dont un représentant est dans la salle, mais on en trouve d’autres sur le site de l’AFUL suivant son lieu d’habitation ● Certaines sont plus opérationnelles, comme Framasoft, qui propose énormément de ressources et mène de gros projets ● On trouve aussi des associations professionnelles comme le CNLL
  • 55. J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230 Diapo 55/65 Vers un monde Libre, Ouvert et Loyal ● Utiliser une adresse de courriel loyale ● Utiliser des réseaux loyaux, comme Mastodon ● Utiliser des moteurs de recherche loyaux comme Duckduckgo, Startpage, Ecosia, Searx ● Utiliser des Logiciels Libres : LibreOffice, Mozilla Firefox, Mozilla Thunderbird, Gimp, VLC, etc. ● Utiliser des services en ligne basés sur des logiciels libres et hébergés en Europe : NextCloud, Sympa, SPIP, etc.
  • 56. J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230 Diapo 56/65 Logiciels Libres et Communs Comment en est-on arrivés à lier les Logiciels Libres aux communs ? ● Historiquement, on parle de communs avant les logiciels libres ● Sauf que la première réalisation d’un commun au sens moderne (numérique de surcroît) est peut-être un logiciel libre ? (cf rms) ● Puis plus récemment, les évènements géopolitiques, climatiques et sociétaux font que l’on s’intéresse de nouveau aux communs (sur le plan général) ● Parallèlement, la bataille pour l’auto-gouvernance de l’internet va aussi se porter sur les biens communs numériques ouverts auto-gérés (WiKiPédia)
  • 57. J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230 Diapo 57/65 Mais Libre, c’est aussi... ● Libre, dans le monde numérique, signifie que tout le monde a accès à la ressource mais aussi à sa méthode de fabrication ● Libre, ce n’est pas que cela (open-source), c’est aussi imaginer un monde ou les biens numériques, qui sont non-rivaux, peuvent bénéficier à tous, sans appauvrir leurs propriétaires (ce qui est le cas dans un bien rival, que l’on ne possède plus si on le donne/vend) ● La non-rivalité des ressources numériques est donc une clé naturelle vers les biens communs numériques
  • 58. J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230 Diapo 58/65 Comment agir pour les communs numériques ? => Former au numérique citoyen ! (Attention, le numérique n’est pas la science informatique, il s’appuie sur elle mais en est un sur-ensemble)
  • 59. J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230 Diapo 59/65 Des référentiels de formation ● Pour former au numérique, des référentiels de compétences ont été conçus : B2i, C2i, PCIE, DigComp… ● Leur usage efficace impose de traiter l’exhaustivité des compétences, car dans une optique citoyenne, l’intérêt est de maîtriser l’ensemble des compétences, pas d’être spécialiste de quelques unes ● On peut s’interroger aussi sur la notion de niveau / compétences (peut on avoir une « gradation » dans l’acquisition d’une compétence, ou est ce que ce sont plusieurs compétences ?) ● Cela pose de véritables problèmes d’évaluation
  • 60. J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230 Diapo 60/65 Les compétences, mais pas que ! ● Les connaissances, socle d’une Culture numérique ● Il manque à tous ces référentiels le développement d’un esprit critique numérique, pour pouvoir : – parler de manière éclairée des licences de logiciels, et pas uniquement utiliser les logiciels qu’on nous impose, – choisir ses formats de fichiers, sans se les laisser imposer, – identifier les services en ligne loyaux, pour choisir ceux qui vont protéger nos Libertés et notre intimité numériques – Être capable d’utiliser un autre logiciel ou un autre service que celui dont on a l’habitude
  • 61. J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230 Diapo 61/65 Les compétences, mais pas que ! ● Il faut aussi adopter une attitude réflexive, mais en connaissance des concepts fondamentaux (progrès de l’Informatique et de la Psychologie par exemple, miniaturisation, accélération des traitements, manipulations comportementales, biais cognitifs, nudges, etc.) ● Voir le très pertinent « Cahier innovation et prospective n°6 » de la CNIL, intitulé « La forme des choix »
  • 62. J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230 Diapo 62/65 Et finalement les communs dans tout ça ? ● Une clé : le numérique et la rivalité des biens : – Un bien physique est « rival », il n’existe qu’en une seule instance, si une autre personne en prend possession, son propriétaire initial en perd la jouissance – Un bien numérique est « non rival », si quelqu’un le copie, son propriétaire le conserve à l’identique, et cela une infinité de fois. ● Penser au problème de la réciprocité qui freine le développement des communs numériques : beaucoup veulent bien profiter mais peu veulent participer (qui donne à VLC, Wikipédia, Framasoft, LibreOffice, Debian, l’AFUL, etc.?) ● Il faut aussi penser à la communauté qui va les gérer ! Et avec une bonne culture numérique, nous pouvons tous pratiquer la réciprocité, financière mais aussi participative (traduction, documentation, promotion, formation, etc.) ● Souvenons nous de « La tragédie des communs » Essai de Garrett Hardin publié en 1968
  • 63. J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230 Diapo 63/65 Vers une culture numérique Libre, Ouverte et Loyale ● Saint-Exupéry disait : « Nous n’héritons pas de la terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants » ● Nous devrions dire : « Nous n’héritons pas du numérique de nos ancêtres, nous préparons celui de nos enfants »
  • 64. J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230 Diapo 64/65 Vos questions… Et merci pour votre écoute ! jean-yves.jeannas@aful.org
  • 65. J-Y JEANNAS – Marseille – décadi 30 prairial, an 230 Diapo 65/65 Complément sur les formats ouverts ● La bataille des formats ouverts : la recette doit être publique ! ● Dans le cas d’une ressource, la première condition d’un commun, c’est d’avoir un format ouvert et interopérable (effectif et pas seulement déclaré) ● Création de la norme ISO ODF (2006) en réponse aux DOC/XLS/PPT (qui ont tué toute concurrence, rendant dépendants tous les usagers) ● Lobbying forcené de Microsoft(tm) en 2008 pour « faire passer » sa norme OOXML auprès de l’ISO (La France stoppe même sa commission de normalisation, la CN/FDR) ● Les fichiers propriétaires ont pour le moment gagné, car malheureusement peu de gens sont conscients que l’on paye une taxe indue pour se relire et que leur usage rend esclave, soi même et ses correspondants, et les générations futures (pérennité?)