Les nationaux-populismes :
une hostilité des électeurs contre
l’« Europe » ?
Le succès des forces politiques national-populistes fait
l’objet d’une lecture largement consensuelle : il serait la
manifestation d’une hostilité de la part de leurs électeurs
à l’égard de l’Union européenne. Dans le même temps,
il est notable que le soutien en faveur de l’appartenance
à l’UE s’est fortement accru ces trois dernières années si
l’on considère la moyenne européenne des plus récents
Eurobaromètres. En effet, les enquêtes d’opinion réalisées
à la suite du référendum britannique suggèrent que les
opinions publiques sont devenues plus favorables à la
participation à cette Union, et plus positives sur l’image
qu’elle inspire.
Il est remarquable que cette évolution peut être également
constatée dans les Etats membres actuellement gouvernés
par des forces politiques national-populistes et illibérales
comme en Hongrie et en Pologne. Par ailleurs, on ne trouve
dans aucun pays membre une majorité « europhobe » en
faveur de la sortie de l’Union européenne et il n’y a pas de
remise en cause de l’appartenance à l’UE, ni en Hongrie ni
en Pologne.
Emmanuel Rivière*
Kantar
Directeur Général, Public Division, France
emmanuel.riviere@kantarpublic.com
Thierry Chopin*
Professeur de science politique
Directeur adjoint du Centre de recherche
ESPOL-LAB
thierry.chopin@univ-catholille.fr
POPULISMES :
LA « FAUTE
À L’EUROPE » ?
UN DOCUMENT DE RÉFLEXION DU CENTRE KANTAR
SUR LE FUTUR DE L'EUROPE
(*) Thierry Chopin est professeur de science politique à l’Université catholique
de Lille (ESPOL) et conseiller spécial à l’Institut Jacques Delors
Emmanuel Rivière dirige la division Public de Kantar en France – et préside
le Centre Kantar sur le futur de l’Europe
Même en Italie, où le bénéfice tiré de l’appartenance est une
question qui divise, on trouve une majorité pour souhaiter
que davantage de décisions soient prises au niveau européen,
et certainement pas pour voter en faveur de la sortie de
l’Union si un tel référendum était proposé. Les formations
politiques qui expriment des critiques « eurosceptiques »
sur certains aspects de cette Union et alimentent la crise de
légitimité de l’Union européenne semblent partout rencontrer
un soutien croissant des électeurs, dans une Europe à laquelle
les mêmes électeurs.