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LES DROITES EUROPÉENNES
FACE AUX
POPULISMES
Ipsos
Introduction
Depuis plusieurs années, nous assistons à
une montée des populismes en Europe.
Les inquiétudes liées aux problématiques
d’immigration ont créé un terreau
fertile permettant aux partis populistes
de dynamiter le paysage politique
européen, faisant des partis historiques
de droite les premières victimes de cette
reconfiguration.
Avec l’appui d’experts Ipsos à travers
l’Europe, Chloé Morin s’est penchée sur
ce phénomène à travers le prisme des
préoccupations des citoyens européens.
La montée des préoccupations
migratoire : catalyseur des
reconfigurations à droite ?
3
La montée des populistes de droite
force de se concentrer sur les bouleversements récents de notre
paysage politique, on en oublierait presque que la flambée
populiste est un phénomène commun à toutes les démocraties
occidentales, et que partout la gauche mais aussi la droite dites « de
gouvernement » sont bousculées. La crise de la social-démocratie est
un cas amplement commenté et documenté, mais les reconfigurations
à l’œuvre dans l’espace droit des échiquiers politiques européens le
sont nettement moins.
Pourtant, l’observation des dynamiques à l’œuvre en Grande
Bretagne, en Espagne, en Italie, en Suède ou encore en Allemagne
permet d’identifier, au-delà de situations très différentes, les difficultés
aujourd’hui rencontrées par les droites dites traditionnelles.
Il apparaît que les difficultés des droites dites « de gouvernement »
sont souvent étroitement corrélées à l’évolution des préoccupations
populations de chaque pays vis-à-vis de l’immigration : l’Italie, la Suède
et l’Allemagne, où ces préoccupations ont explosé depuis 2015, se
distinguent de la Grande Bretagne et de l’Espagne, où ces niveaux
sont plus bas ou déclinants.
A ce titre, l’immigration, et plus largement la question de l’intégration
et de l’identité, semble jouer le rôle de catalyseur des reconfigura-
tions de la droite. A ce jour, aucun parti de droite « traditionnelle »
ou « de gouvernement » ne semble cependant avoir trouvé le moyen
d’endiguer la montée des populistes de droite, bien que des straté-
gies assez différentes aient été testées.
À
Préoccupation croissante vis-à-
vis de l’immigration
ans la plupart des
pays observés ici,
l’immigration fait
partie des tendances qui
structurent les dynamiques
politiques.
Cette préoccupation se
combine de manières dif-
férentes à d’autres percep-
tions – comme le sentiment
d’être abandonnés et in-
compris par les respon-
sables politiques, ou d’être
les perdants d’un modèle
économique de plus en plus
inégalitaire - selon les cir-
constances et les cultures
politiques nationales.
Il convient de noter qu’en
dépit de niveaux d’immi-
gration différents dans ces
pays, les perceptions de la
plupart des pays européens
convergent partout autour
de l’idée que l’immigration
est devenue ingérable.
En cela, les pays européens
se distinguent nettement de
ceux interrogés dans le reste
du monde, comme l’indique
l’étude IPSOS « What Wor-
ries the World » réalisée en
Juillet 2018.
Dans ce classement, dominé
par l’Allemagne, l’Italie et la
Suède,laFrancefigureparmi
les pays où l’immigration est
la plus préoccupante.
Non seulement l’Europe fait
partie des zones les plus
préoccupées par l’immi-
gration, mais les enquêtes
réalisées par IPSOS dans
chaque pays font état, pour
la plupart d’entre eux, d’une
préoccupation croissante
vis-à-vis de l’immigration
depuis quelques années,
et particulièrement depuis
2015.
Ainsi, en Italie, la préoccu-
pation pour l’immigration
a explosé depuis 2014,
passant à la troisième place
des préoccupations après
l’emploi, et la corruption et
le fonctionnement du sys-
tème politique.
Les tendances sont les plus
marquées en Suède, où
l’immigration et l’intégration
arrivent en seconde position
des principales préoccupa-
tions derrière la santé, et
en Allemagne, pays qui a
accueilli des centaines de
milliers de réfugiés depuis
4
D
2015, et où l’opinion est
de plus en plus préoccu-
pée par l’intégration d’une
population majoritairement
musulmane –
Une intégration qui a un
aspect économique, mais
surtout une dimension cultu-
relle et sécuritaire, avec des
exemples d’agressions qui
ont fortement résonné dans
l’opinion publique.
En Allemagne comme ail-
leurs, on note que l’immi-
gration n’est souvent pas La
principale priorité.
Elle arrive après la pauvreté
et les inégalités sociales, et
le crime et la violence.
Mais alors que le « rejet
du système » ou la montée
des inégalités ont pu nour-
rir la montée de tous les
populismes, la montée des
préoccupations migratoires
a particulièrement touché
les électeurs de droite et
d’extrême droite – qui la
placent souvent en tête de
leurs préoccupations, à
l’image des électeurs du FN
en France ou de la Lega en
Italie.
5
En Grande Bretagne, les
préoccupations vis-à-vis de
l’immigration avaient connu
le même accroissement
à partir de 2013, et reste
une préoccupation majeure
même si le vote sur le Brexit a
relégué cette préoccupation
au second plan par rapport
au processus de sortie de
l’Union et à la situation du
système de santé.
En revanche, en Espagne,
alors que l’immigration avait
dominé les préoccupations
à partir de 2014, on note un
effondrement depuis 2010-
2011 des préoccupations
sur l’immigration et le
terrorisme.
7
Reconfigurations dans le
paysage des droites
a concomitance entre
ces préoccupations
croissantes et la pous-
sée populiste d’extrême
droite au cours des mêmes
années laisse penser que
l’immigration a joué le rôle
de principal catalyseur des
reconfigurations à l’œuvre
dans le paysage des droites
européennes.
Les deux pays qui, dans
notre échantillon, ont connu
une baisse des préoccupa-
tions migratoires, sont aussi
ceux où la droite dite « tra-
ditionnelle » est pour le mo-
ment la moins menacée sur
sa droite. Ainsi, en Espagne,
pays en moyenne moins
préoccupé par l’immigration
que les autres, l’extrême
droite n’existe pour ainsi
dire pas sur le plan électo-
ral, et les vents populistes
ont principalement soufflé
dans les voiles des partis de
gauche.
On note cependant la mon-
tée très récente, dans un
contexte de division de la
droite – Ciudadanos et Parti
populaire -, de VOX, parti
situé à l’extrême droite,
prônant une recentralisa-
tion radicale de l’Espagne
et le renvoi des immigrés
dans leur pays, et qui pour-
rait prétendre à un ou deux
sièges lors des prochaines
élections européennes.
En Grande Bretagne, UKIP
s’est effondré après le vote
de 2016 sur le Brexit et la dé-
mission de son leader Nigel
Farage, après une progres-
sion quasi continue à partir
du début des années 2010,
qui lui avait d’ailleurs permis
de supplanter presque to-
talement le British National
Party (parti d’extrême droite
raciste et nationaliste, au
sens traditionnel du terme).
Environ la moitié des élec-
teurs UKIP se sont portés
sur un vote conservateur
en 2017, séduits par la
promesse de mettre en
œuvre le choix populaire
6
L
et de quitter l’union. UKIP
n’a donc obtenu que 2%
des suffrages en 2017, et
n’a guère progressé depuis,
même si l’insatisfaction vis-
à-vis de la manière dont
Theresa May gère la sortie
de l’Union va croissante.
En revanche, l’Allemagne
est l’un des pays européens
où l’extrême droite a le plus
nettement progressé au
cours des années récentes,
sur fond de montée des pré-
occupations portant sur l’im-
pact sécuritaire et culturel de
l’immigration. Avec 12,6%
aux dernières législatives,
l’AFD a fait son entrée au
Bundestag pour la première
fois de son histoire, et son
ascension vient d’ébranler la
CSU dans son fief Bavarois,
provoquant un séisme dont
les répercusions politiques
seront nombreuses.
Il n’y a évidemment pas
d’explication univoque aux
attitudes politiques des
électeurs de l’AFD, même
s’il existe des facteurs lar-
gement répandus comme
le sentiment de ne pas être
pris en compte et écoutés
par les dirigeants, ou de voir
L’immigration
a joué le rôle de
principal catalyseur des
reconfigurations des
droites européennes.
leurs opinions dénigrées par
le règne du « politiquement
correct ».
Dans ce contexte, l’immi-
gration apparaît comme
un catalyseur ayant fait res-
sortir de multiples malaises
existants de longue date,
en leur donnant un sens,
et en donnant à l’AFD et à
Die Linke des arguments de
poids contre la Chancelière
Merkel.
En Italie, depuis les lé-
gislatives de mars 2018
ayant porté au pouvoir une
coalition M5S et Lega – parti
dit « populiste » mais dont
il convient de souligner qu’il
est un parti « de gouverne-
ment » depuis les années
1990- , ses intentions de
vote ayant doublé en sept
mois, phénomène totale-
ment inédit dans l’histoire
politique récente.
La ligne dure adoptée
par le gouvernement sur
l’immigration en grande
partie cette popularité :
dans un sondage réalisé à
la mi-septembre, 61% des
italiens se disaient ainsi
d’accord avec la ligne dure
adoptée par Salvini.
En Suède, les Démocrates
de Suède – parti créé en
1988 et ayant ses racines
dans le mouvement ouver-
tement raciste Bevara Sve-
rige Svenskt (« Keep Suède
» en suédois) - ont réalisé
en septembre dernier une
percée historique, obtenant
17,53% des voix, talonnant
le parti de droite (Modérés)
à 19,84%.
Alors que les principaux
partis avaient semblé pris
au dépourvu par la crise
migratoire à partir de 2015,
et bien qu’ils aient complè-
tement révisé leur discours
sur le sujet en amont des
dernières élections, le parti
populiste a su capitaliser sur
le sentiment anti-immigra-
tion grâce à ses positions
nationalistes et anti-mi-
grants radicales et tenues
de très longue date.
Ce parti prétend renforcer le
sentiment d’appartenance
contre l’islamisation, l’immi-
gration non européenne, et
les mondialistes.
En l’occurrence, le discours
porté sur l’immigration vient
encapsuler et donner un
sens au sentiment anti-élites
- l’idée que les citoyens ne
seraient ni écoutés ni consi-
dérés-, ainsi qu’à la peur du
chômage et des inégalités
économiques, sentiments
qui sont également très ré-
pandus dans la population
suédoise.
Un effondrement des partis
dits « raisonnables »
u-delà des ques-
tions identitaires et
migratoires, un cer-
tain nombre de facteurs
se combinent – sentiment
d’abandon, d’être victime
d’un modèle qui favorise
les riches et les puissants…
- pour générer une montée
des radicalités de gauche et
de droite, et un déclin des
partis qui occupaient autre-
fois l’espace central. Bien
qu’à des niveaux différents,
cet effondrement de l’es-
pace des « raisonnables »
pose question pour l’avenir,
notamment en France.
En Espagne, l’observation
des intentions de vote de-
puis la fin des années 1990
montre que la part attribuée
aux deux principaux par-
tis de centre gauche et de
centre droit s’est effondrée,
au profit de la montée, de-
puis 2014, de Ciudadanos
et de Podemos.
Pour la première fois dans
l’histoirepolitiquerécente,la
droite espagnole est divisée
en deux – Ciudadanos et PP
– chacun des compétiteurs
8
se disputant un même es-
pace électoral et prétendant
« régénérer » la droite.
Un phénomène « d’effon-
drement du centre » de
l’échiquier politique simi-
laire est constaté en Suède
: de 61% en 2010, les deux
grands partis sont tombés
en 2018 à moins de 50%,
dont moins de 20% pour
les Modérés (parti de droite
libéral-conservateur).
Même chose en Italie, où
après l’effondrement du
Parti démocrate de centre
gauche, nous assistons de-
puis l’élection de mars
2018 à une dévitalisation
du centre droit par la coa-
lition populiste M5S-Lega.
Forza Italia, le parti de Silvio
Berlusconi, qui avait systé-
matiquement dépassé les
20% des suffrages à toutes
les élections depuis 1994,
jusqu’à même obtenir 37,4%
des voix en 2008, est désor-
mais passé sous la barre des
10%, et ne cesse de perdre
du terrain face à la Ligue de
Matteo Salvini notamment.
A
En Allemagne, les der-
nières élections législatives
ont elles aussi marqué un
affaissement de l’espace
politique central, les deux
principaux partis qui ont
dominé la vie politique
depuis la réunification
n’obtenant plus que 53,4%
des voix. L’union CDU-CSU
de la Chancelière Merkel y
a enregistré une chute de
8,6 points par rapport aux
élections de 2013, alors que
l’AFD faisait son entrée au
Parlement avec 12,6% des
voix, soit 7,9 points de plus
qu’en 2013.
En Bavière, fief historique de
la CSU, cette dernière vient
d’enregistrer une baisse de
plus de dix points.
Avec 37,3%, elle cède du
terrain à l’AFD (10,6%), qui
fait cependant un score
moins important qu’attendu.
Un certain nombre de facteurs se combinent pour générer une
montée des radicalités entraînant un déclin des partis historiques
Des stratégies variées pour
contrer l’extrême droite
n Grande Bretagne,
l’initiative du Brexit
a permis, du moins
à court terme, aux conser-
vateurs de couper l’herbe
sous le pied de UKIP, et d’in-
ternaliser au sein même du
parti les débats concernant
le rapport à l’Europe ou à
l’immigration. De ce fait,
les débats qui fracturent la
partie droite des échiquiers
politiques ailleurs, et affai-
blissent les partis de centre-
droit, se déroulent au sein
même des conservateurs
britanniques depuis 2016
– avec une issue incertaine
quant à la ligne du parti
pour l’avenir.
De plus, la gestion du Brexit
s’avère ardue pour Theresa
May (29% de l’opinion bri-
tannique satisfaite de son
action), dont le leadership
est contesté jusque dans
son propre camp – elle n’a
plus que 56% de satisfaits
parmis les électeurs conser-
vateurs, contre plus de 90%
en avril 2017.
En Espagne, le centre des
débats actuels à droite est
moins la stratégie de lutte
contre l’extrême droite –
bien que VOX, parti prônant
une recentralisation radicale
de l’Espagne et le renvoi
8
des immigrés dans leur
pays, soit en progression et
puisse prétendre à entrer au
Parlement européen en mai
prochain – que la rivalité
entre Ciudadanos et le Parti
populaire, partis de droite
à ce stade perçus comme
assez semblables et préten-
dant à occuper le même es-
pace politique. Les élections
à venir en Andalousie seront
à ce titre un premier test,
révélateur de la capacité de
progression de Ciudadanos.
de droite libéral-conserva-
teur).
En Suède, Moderaterna
– le principal parti libéral
conservateur qui a gouver-
né de 2006 à 2014 - hésite
sur la stratégie à suivre pour
contrer les Démocrates de
Suède. Dans le sur, où les
principales figures du parti
ont fait campagne en adop-
tant les thèmes des nationa-
listes et plaidé pour une al-
liance avec les Démocrates
de Suède, leur scores élec-
toraux se sont en effet avé-
rés meilleurs, alors que le
E
parti de droite ne cesse de
perdre du terrain face aux
nationalistes depuis plu-
sieurs années.
À Stockholm même, où
l’électorat est plus libéral et
favorable à l’immigration,
les principaux dirigeants du
parti de droite se montrent
en revanche opposés à
toute idée d’alliance ou
d’accord – selon le modèle
Danois, où la droite s’ap-
puie ponctuellement sur le
soutien de l’extrême droite
- avec les nationalistes, car
les électeurs de centre-droit
quitteraient alors le parti au
profit du parti libéral ou des
centristes.
Un récent sondage réalisé
auprès de 600 cadres du
principal parti de droite a
approfondi le dilemme et
les fractures internes, en ré-
vélant que la majorité des
cadres sont désormais fa-
vorables à l’abandon du
cordon sanitaire entourant
les Démocrates de Suède.
On retrouve, bien que dans
une moindre intensité, cette
hésitation stratégique au
sein de la droite allemande :
s’il est hors de question
d’envisager des alliances,
4/10
pensent qu’élire un parti
politique avec des idées
radicales est un risque
certains estiment que la
montée de l’AFD sera stop-
pée en se réappropriant
ses thèmes (notamment le
contrôle strict des flux migra-
toires), alors que d’autres,
derrière la Chancelière,
semblent penser qu’em-
prunter les thèmes de l’AFD
ne ferait que la renforcer,
selon le principe bien connu
en France et théorisé par
Jean-Marie Le Pen « on pré-
fère toujours l’original à la
copie ».
Un débat qui a toutes les
chances de se poursuivre
dans les mois à venir, l’élec-
tion Bavaroise n’ayant pas
permis de trancher défini-
tivement le sujet en confir-
mant les thèses de la CSU
ou de la Chancelière.
Derrière ces hésitations stra-
tégiques, plane le risque
italien : une droite de plus
en plus coupée du centre,
une quasi-disparition du
centre-droit de l’échiquier
politique, et une coalition
populiste qui loin de se
heurter au « mur des réali-
tés » semble renforcé par
l’exercice du pouvoir. L’élec-
tion de 2018 fut la première
où une droite radicale ravit
le leadership de la droite
à Forza Italia. Depuis son
entrée au gouvernement,
le parti de Matteo Salvini
n’a cessé de siphonner les
ex-électeurs de Berlusconi,
notamment en mettant le
sujet migratoire au cœur de
son discours – sujet qui pré-
occupe au plus haut point
les électeurs de la Ligue
comme ceux de Forza Italia,
et sur lequel les leaders de
ce dernier parti ont un dis-
cours modéré ou ambigu.
À ce titre, la crise migratoire
joue véritablement en Italie
comme ailleurs un rôle de
catalyseur des reconfigura-
tions du paysage politique,
notamment à droite. Le rejet
de l’Europe contribue éga-
lement à cimenter la coali-
tion électorale au pouvoir,
puisque la défiance envers
l’UE atteint 72% parmi les
électeurs M5S, 77% dans la
Ligue. Cependant, les élec-
teurs de Forza Italia – dont
les plus anti-européens ont
déjà rejoint les populistes
– sont moins radicaux que
les autres sur le sujet. Afin
de consolider leur assise et
prenant acte qu’une majo-
rité d’italien ne souhaite ni
sortir de l’Europe (54%) ni
de l’euro (61%), le gouver-
nement a infléchit son dis-
cours sur le sujet pour se
rapprocher des positions te-
nues en France par Marine
Le Pen. La bataille des euro-
péennes est désormais pré-
sentée comme une bataille
non pas contre les institu-
tions, mais contre ceux qui
dirigent l’Europe.
Pour l’avenir, et notamment
en vue des élections euro-
péennes, les principaux pays
européens sont, parmi une
trentaine de pays interrogés
par IPSOS, les plus enclins
à tenter le pari d’idées ra-
dicales ou de partis n’ayant
jamais exercé le pouvoir. Un
contexte idéal, sur fond de
préoccupations migratoires
et économiques et de rejet
des élites, pour une nouvelle
poussée populiste.
Chloé
MORIN
Directrice de projets internationaux
+33 1 41 98 97 56
chloe.morin@ipsos.com
15
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Les droites européennes face aux populismes

  • 1. LES DROITES EUROPÉENNES FACE AUX POPULISMES Ipsos
  • 2. Introduction Depuis plusieurs années, nous assistons à une montée des populismes en Europe. Les inquiétudes liées aux problématiques d’immigration ont créé un terreau fertile permettant aux partis populistes de dynamiter le paysage politique européen, faisant des partis historiques de droite les premières victimes de cette reconfiguration. Avec l’appui d’experts Ipsos à travers l’Europe, Chloé Morin s’est penchée sur ce phénomène à travers le prisme des préoccupations des citoyens européens. La montée des préoccupations migratoire : catalyseur des reconfigurations à droite ?
  • 3. 3 La montée des populistes de droite force de se concentrer sur les bouleversements récents de notre paysage politique, on en oublierait presque que la flambée populiste est un phénomène commun à toutes les démocraties occidentales, et que partout la gauche mais aussi la droite dites « de gouvernement » sont bousculées. La crise de la social-démocratie est un cas amplement commenté et documenté, mais les reconfigurations à l’œuvre dans l’espace droit des échiquiers politiques européens le sont nettement moins. Pourtant, l’observation des dynamiques à l’œuvre en Grande Bretagne, en Espagne, en Italie, en Suède ou encore en Allemagne permet d’identifier, au-delà de situations très différentes, les difficultés aujourd’hui rencontrées par les droites dites traditionnelles. Il apparaît que les difficultés des droites dites « de gouvernement » sont souvent étroitement corrélées à l’évolution des préoccupations populations de chaque pays vis-à-vis de l’immigration : l’Italie, la Suède et l’Allemagne, où ces préoccupations ont explosé depuis 2015, se distinguent de la Grande Bretagne et de l’Espagne, où ces niveaux sont plus bas ou déclinants. A ce titre, l’immigration, et plus largement la question de l’intégration et de l’identité, semble jouer le rôle de catalyseur des reconfigura- tions de la droite. A ce jour, aucun parti de droite « traditionnelle » ou « de gouvernement » ne semble cependant avoir trouvé le moyen d’endiguer la montée des populistes de droite, bien que des straté- gies assez différentes aient été testées. À
  • 4. Préoccupation croissante vis-à- vis de l’immigration ans la plupart des pays observés ici, l’immigration fait partie des tendances qui structurent les dynamiques politiques. Cette préoccupation se combine de manières dif- férentes à d’autres percep- tions – comme le sentiment d’être abandonnés et in- compris par les respon- sables politiques, ou d’être les perdants d’un modèle économique de plus en plus inégalitaire - selon les cir- constances et les cultures politiques nationales. Il convient de noter qu’en dépit de niveaux d’immi- gration différents dans ces pays, les perceptions de la plupart des pays européens convergent partout autour de l’idée que l’immigration est devenue ingérable. En cela, les pays européens se distinguent nettement de ceux interrogés dans le reste du monde, comme l’indique l’étude IPSOS « What Wor- ries the World » réalisée en Juillet 2018. Dans ce classement, dominé par l’Allemagne, l’Italie et la Suède,laFrancefigureparmi les pays où l’immigration est la plus préoccupante. Non seulement l’Europe fait partie des zones les plus préoccupées par l’immi- gration, mais les enquêtes réalisées par IPSOS dans chaque pays font état, pour la plupart d’entre eux, d’une préoccupation croissante vis-à-vis de l’immigration depuis quelques années, et particulièrement depuis 2015. Ainsi, en Italie, la préoccu- pation pour l’immigration a explosé depuis 2014, passant à la troisième place des préoccupations après l’emploi, et la corruption et le fonctionnement du sys- tème politique. Les tendances sont les plus marquées en Suède, où l’immigration et l’intégration arrivent en seconde position des principales préoccupa- tions derrière la santé, et en Allemagne, pays qui a accueilli des centaines de milliers de réfugiés depuis 4 D 2015, et où l’opinion est de plus en plus préoccu- pée par l’intégration d’une population majoritairement musulmane – Une intégration qui a un aspect économique, mais surtout une dimension cultu- relle et sécuritaire, avec des exemples d’agressions qui ont fortement résonné dans l’opinion publique. En Allemagne comme ail- leurs, on note que l’immi- gration n’est souvent pas La principale priorité. Elle arrive après la pauvreté et les inégalités sociales, et le crime et la violence. Mais alors que le « rejet du système » ou la montée des inégalités ont pu nour- rir la montée de tous les populismes, la montée des préoccupations migratoires a particulièrement touché les électeurs de droite et d’extrême droite – qui la placent souvent en tête de leurs préoccupations, à l’image des électeurs du FN en France ou de la Lega en Italie.
  • 5. 5 En Grande Bretagne, les préoccupations vis-à-vis de l’immigration avaient connu le même accroissement à partir de 2013, et reste une préoccupation majeure même si le vote sur le Brexit a relégué cette préoccupation au second plan par rapport au processus de sortie de l’Union et à la situation du système de santé. En revanche, en Espagne, alors que l’immigration avait dominé les préoccupations à partir de 2014, on note un effondrement depuis 2010- 2011 des préoccupations sur l’immigration et le terrorisme.
  • 6. 7
  • 7. Reconfigurations dans le paysage des droites a concomitance entre ces préoccupations croissantes et la pous- sée populiste d’extrême droite au cours des mêmes années laisse penser que l’immigration a joué le rôle de principal catalyseur des reconfigurations à l’œuvre dans le paysage des droites européennes. Les deux pays qui, dans notre échantillon, ont connu une baisse des préoccupa- tions migratoires, sont aussi ceux où la droite dite « tra- ditionnelle » est pour le mo- ment la moins menacée sur sa droite. Ainsi, en Espagne, pays en moyenne moins préoccupé par l’immigration que les autres, l’extrême droite n’existe pour ainsi dire pas sur le plan électo- ral, et les vents populistes ont principalement soufflé dans les voiles des partis de gauche. On note cependant la mon- tée très récente, dans un contexte de division de la droite – Ciudadanos et Parti populaire -, de VOX, parti situé à l’extrême droite, prônant une recentralisa- tion radicale de l’Espagne et le renvoi des immigrés dans leur pays, et qui pour- rait prétendre à un ou deux sièges lors des prochaines élections européennes. En Grande Bretagne, UKIP s’est effondré après le vote de 2016 sur le Brexit et la dé- mission de son leader Nigel Farage, après une progres- sion quasi continue à partir du début des années 2010, qui lui avait d’ailleurs permis de supplanter presque to- talement le British National Party (parti d’extrême droite raciste et nationaliste, au sens traditionnel du terme). Environ la moitié des élec- teurs UKIP se sont portés sur un vote conservateur en 2017, séduits par la promesse de mettre en œuvre le choix populaire 6 L et de quitter l’union. UKIP n’a donc obtenu que 2% des suffrages en 2017, et n’a guère progressé depuis, même si l’insatisfaction vis- à-vis de la manière dont Theresa May gère la sortie de l’Union va croissante. En revanche, l’Allemagne est l’un des pays européens où l’extrême droite a le plus nettement progressé au cours des années récentes, sur fond de montée des pré- occupations portant sur l’im- pact sécuritaire et culturel de l’immigration. Avec 12,6% aux dernières législatives, l’AFD a fait son entrée au Bundestag pour la première fois de son histoire, et son ascension vient d’ébranler la CSU dans son fief Bavarois, provoquant un séisme dont les répercusions politiques seront nombreuses. Il n’y a évidemment pas d’explication univoque aux attitudes politiques des électeurs de l’AFD, même s’il existe des facteurs lar- gement répandus comme le sentiment de ne pas être pris en compte et écoutés par les dirigeants, ou de voir L’immigration a joué le rôle de principal catalyseur des reconfigurations des droites européennes.
  • 8. leurs opinions dénigrées par le règne du « politiquement correct ». Dans ce contexte, l’immi- gration apparaît comme un catalyseur ayant fait res- sortir de multiples malaises existants de longue date, en leur donnant un sens, et en donnant à l’AFD et à Die Linke des arguments de poids contre la Chancelière Merkel. En Italie, depuis les lé- gislatives de mars 2018 ayant porté au pouvoir une coalition M5S et Lega – parti dit « populiste » mais dont il convient de souligner qu’il est un parti « de gouverne- ment » depuis les années 1990- , ses intentions de vote ayant doublé en sept mois, phénomène totale- ment inédit dans l’histoire politique récente. La ligne dure adoptée par le gouvernement sur l’immigration en grande partie cette popularité : dans un sondage réalisé à la mi-septembre, 61% des italiens se disaient ainsi d’accord avec la ligne dure adoptée par Salvini. En Suède, les Démocrates de Suède – parti créé en 1988 et ayant ses racines dans le mouvement ouver- tement raciste Bevara Sve- rige Svenskt (« Keep Suède » en suédois) - ont réalisé en septembre dernier une percée historique, obtenant 17,53% des voix, talonnant le parti de droite (Modérés) à 19,84%. Alors que les principaux partis avaient semblé pris au dépourvu par la crise migratoire à partir de 2015, et bien qu’ils aient complè- tement révisé leur discours sur le sujet en amont des dernières élections, le parti populiste a su capitaliser sur le sentiment anti-immigra- tion grâce à ses positions nationalistes et anti-mi- grants radicales et tenues de très longue date. Ce parti prétend renforcer le sentiment d’appartenance contre l’islamisation, l’immi- gration non européenne, et les mondialistes. En l’occurrence, le discours porté sur l’immigration vient encapsuler et donner un sens au sentiment anti-élites - l’idée que les citoyens ne seraient ni écoutés ni consi- dérés-, ainsi qu’à la peur du chômage et des inégalités économiques, sentiments qui sont également très ré- pandus dans la population suédoise.
  • 9. Un effondrement des partis dits « raisonnables » u-delà des ques- tions identitaires et migratoires, un cer- tain nombre de facteurs se combinent – sentiment d’abandon, d’être victime d’un modèle qui favorise les riches et les puissants… - pour générer une montée des radicalités de gauche et de droite, et un déclin des partis qui occupaient autre- fois l’espace central. Bien qu’à des niveaux différents, cet effondrement de l’es- pace des « raisonnables » pose question pour l’avenir, notamment en France. En Espagne, l’observation des intentions de vote de- puis la fin des années 1990 montre que la part attribuée aux deux principaux par- tis de centre gauche et de centre droit s’est effondrée, au profit de la montée, de- puis 2014, de Ciudadanos et de Podemos. Pour la première fois dans l’histoirepolitiquerécente,la droite espagnole est divisée en deux – Ciudadanos et PP – chacun des compétiteurs 8 se disputant un même es- pace électoral et prétendant « régénérer » la droite. Un phénomène « d’effon- drement du centre » de l’échiquier politique simi- laire est constaté en Suède : de 61% en 2010, les deux grands partis sont tombés en 2018 à moins de 50%, dont moins de 20% pour les Modérés (parti de droite libéral-conservateur). Même chose en Italie, où après l’effondrement du Parti démocrate de centre gauche, nous assistons de- puis l’élection de mars 2018 à une dévitalisation du centre droit par la coa- lition populiste M5S-Lega. Forza Italia, le parti de Silvio Berlusconi, qui avait systé- matiquement dépassé les 20% des suffrages à toutes les élections depuis 1994, jusqu’à même obtenir 37,4% des voix en 2008, est désor- mais passé sous la barre des 10%, et ne cesse de perdre du terrain face à la Ligue de Matteo Salvini notamment. A En Allemagne, les der- nières élections législatives ont elles aussi marqué un affaissement de l’espace politique central, les deux principaux partis qui ont dominé la vie politique depuis la réunification n’obtenant plus que 53,4% des voix. L’union CDU-CSU de la Chancelière Merkel y a enregistré une chute de 8,6 points par rapport aux élections de 2013, alors que l’AFD faisait son entrée au Parlement avec 12,6% des voix, soit 7,9 points de plus qu’en 2013. En Bavière, fief historique de la CSU, cette dernière vient d’enregistrer une baisse de plus de dix points. Avec 37,3%, elle cède du terrain à l’AFD (10,6%), qui fait cependant un score moins important qu’attendu. Un certain nombre de facteurs se combinent pour générer une montée des radicalités entraînant un déclin des partis historiques
  • 10.
  • 11. Des stratégies variées pour contrer l’extrême droite n Grande Bretagne, l’initiative du Brexit a permis, du moins à court terme, aux conser- vateurs de couper l’herbe sous le pied de UKIP, et d’in- ternaliser au sein même du parti les débats concernant le rapport à l’Europe ou à l’immigration. De ce fait, les débats qui fracturent la partie droite des échiquiers politiques ailleurs, et affai- blissent les partis de centre- droit, se déroulent au sein même des conservateurs britanniques depuis 2016 – avec une issue incertaine quant à la ligne du parti pour l’avenir. De plus, la gestion du Brexit s’avère ardue pour Theresa May (29% de l’opinion bri- tannique satisfaite de son action), dont le leadership est contesté jusque dans son propre camp – elle n’a plus que 56% de satisfaits parmis les électeurs conser- vateurs, contre plus de 90% en avril 2017. En Espagne, le centre des débats actuels à droite est moins la stratégie de lutte contre l’extrême droite – bien que VOX, parti prônant une recentralisation radicale de l’Espagne et le renvoi 8 des immigrés dans leur pays, soit en progression et puisse prétendre à entrer au Parlement européen en mai prochain – que la rivalité entre Ciudadanos et le Parti populaire, partis de droite à ce stade perçus comme assez semblables et préten- dant à occuper le même es- pace politique. Les élections à venir en Andalousie seront à ce titre un premier test, révélateur de la capacité de progression de Ciudadanos. de droite libéral-conserva- teur). En Suède, Moderaterna – le principal parti libéral conservateur qui a gouver- né de 2006 à 2014 - hésite sur la stratégie à suivre pour contrer les Démocrates de Suède. Dans le sur, où les principales figures du parti ont fait campagne en adop- tant les thèmes des nationa- listes et plaidé pour une al- liance avec les Démocrates de Suède, leur scores élec- toraux se sont en effet avé- rés meilleurs, alors que le E parti de droite ne cesse de perdre du terrain face aux nationalistes depuis plu- sieurs années. À Stockholm même, où l’électorat est plus libéral et favorable à l’immigration, les principaux dirigeants du parti de droite se montrent en revanche opposés à toute idée d’alliance ou d’accord – selon le modèle Danois, où la droite s’ap- puie ponctuellement sur le soutien de l’extrême droite - avec les nationalistes, car les électeurs de centre-droit quitteraient alors le parti au profit du parti libéral ou des centristes. Un récent sondage réalisé auprès de 600 cadres du principal parti de droite a approfondi le dilemme et les fractures internes, en ré- vélant que la majorité des cadres sont désormais fa- vorables à l’abandon du cordon sanitaire entourant les Démocrates de Suède. On retrouve, bien que dans une moindre intensité, cette hésitation stratégique au sein de la droite allemande : s’il est hors de question d’envisager des alliances, 4/10 pensent qu’élire un parti politique avec des idées radicales est un risque
  • 12. certains estiment que la montée de l’AFD sera stop- pée en se réappropriant ses thèmes (notamment le contrôle strict des flux migra- toires), alors que d’autres, derrière la Chancelière, semblent penser qu’em- prunter les thèmes de l’AFD ne ferait que la renforcer, selon le principe bien connu en France et théorisé par Jean-Marie Le Pen « on pré- fère toujours l’original à la copie ». Un débat qui a toutes les chances de se poursuivre dans les mois à venir, l’élec- tion Bavaroise n’ayant pas permis de trancher défini- tivement le sujet en confir- mant les thèses de la CSU ou de la Chancelière. Derrière ces hésitations stra- tégiques, plane le risque italien : une droite de plus en plus coupée du centre, une quasi-disparition du centre-droit de l’échiquier politique, et une coalition populiste qui loin de se heurter au « mur des réali- tés » semble renforcé par l’exercice du pouvoir. L’élec- tion de 2018 fut la première où une droite radicale ravit le leadership de la droite à Forza Italia. Depuis son entrée au gouvernement, le parti de Matteo Salvini n’a cessé de siphonner les ex-électeurs de Berlusconi, notamment en mettant le sujet migratoire au cœur de son discours – sujet qui pré- occupe au plus haut point les électeurs de la Ligue comme ceux de Forza Italia, et sur lequel les leaders de ce dernier parti ont un dis- cours modéré ou ambigu. À ce titre, la crise migratoire joue véritablement en Italie comme ailleurs un rôle de catalyseur des reconfigura- tions du paysage politique, notamment à droite. Le rejet de l’Europe contribue éga- lement à cimenter la coali- tion électorale au pouvoir, puisque la défiance envers l’UE atteint 72% parmi les électeurs M5S, 77% dans la Ligue. Cependant, les élec- teurs de Forza Italia – dont les plus anti-européens ont déjà rejoint les populistes – sont moins radicaux que les autres sur le sujet. Afin de consolider leur assise et prenant acte qu’une majo- rité d’italien ne souhaite ni sortir de l’Europe (54%) ni de l’euro (61%), le gouver- nement a infléchit son dis- cours sur le sujet pour se rapprocher des positions te- nues en France par Marine Le Pen. La bataille des euro- péennes est désormais pré- sentée comme une bataille non pas contre les institu- tions, mais contre ceux qui dirigent l’Europe. Pour l’avenir, et notamment en vue des élections euro- péennes, les principaux pays européens sont, parmi une trentaine de pays interrogés par IPSOS, les plus enclins à tenter le pari d’idées ra- dicales ou de partis n’ayant jamais exercé le pouvoir. Un contexte idéal, sur fond de préoccupations migratoires et économiques et de rejet des élites, pour une nouvelle poussée populiste.
  • 13. Chloé MORIN Directrice de projets internationaux +33 1 41 98 97 56 chloe.morin@ipsos.com 15 CONTACT