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PATRICE MUELLER, H. STURZENEGGER & SONS PAGE 1
11 MAI 2021
H. Sturzenegger & Sons
Patrice MUELLER, Partner
pmuller@stgger.com
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PATRICE MUELLER, H. STURZENEGGER & SONS PAGE 2
ESG : Le dilemme de l’économie
circulaire de l’or
1) L’origine, les propriétés et les fonctions de l’or
L’or est pur. Son symbole chimique est AU. Son nom originel est « Aurum » en Latin, soit
« Aube Luisante ». Il est le numéro 79 du tableau de Mendeleïev. Il possède 79 protons. Selon
nos connaissances actuelles, il semble provenir de la fusion de deux étoiles à neutrons. Son
apparition sur terre serait dû à des chocs de météorites avec l’écorce terrestre. L’or est un
atome très dense et surtout très stable (pas de décomposition nucléaire, pas de radiations).
L’or possède les fonctions principales suivantes :
a. Une monnaie : L’or est indestructible, inaltérable, rare et cher. Très tôt, dans la
mythologie grecque, le roi Midas fut le premier à créer une pièce d’or. Puis, dans
l’histoire ancienne, le roi Crésus fut le premier à développer un mécanisme
monétaire basé sur les pièces en or afin de percevoir l’impôt. Il fut utilisé comme un
relais de transaction, plus facile d’utilisation que l’échange de marchandises. Sa
création et son utilisation deviendront rapidement le monopole des rois. L’or
possède deux fonctions monétaires. Il est
i. Une monnaie de transactions : L’or a toujours été un objet permettant les
échanges et les transactions. Son poids permettait la mesure aisée des biens,
et sa pureté (24ct) facilitait la valorisation des transactions. Il est une monnaie
fongible à souhait, et ne peut être copié (avec un point de fusion à 1'073°C,
pour son retour à l’état pur).
ii. Une monnaie de réserve de valeur : Son indestructibilité (son volume ne
diminue pas avec le temps), sa rareté et sa stabilité (son état ne change pas)
en tant que matière, en a fait une réserve de monnaie parfaite. Il traverse le
temps et les civilisations sans disparaître. Il offre une confiance « totale » à
ses détenteurs.
A ce jour, l’extraction annuelle de l’or représente 3'400 tonnes en 2020, soit une valeur de
marché estimée à CHF 170 milliards. Déjà 180'000 tonnes d’or ont été extraites et cumulées
depuis la nuit des temps. Il ne reste que 50'000 tonnes à extraire (réserves connues).
L’or apporte aussi une fonction intangible à son utilisateur (et pas son détenteur), la
démarcation sociale. Il lui permet d’exprimer son pouvoir, sa puissance auprès des individus
d’une communauté. Il est :
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PATRICE MUELLER, H. STURZENEGGER & SONS PAGE 3
b. Un symbole social : Bien même avant d’être un objet monétaire, l’or a toujours
fasciné. Sa rareté, sa beauté (son éclat jaune métallique), son unicité (seul métal
jaune) et son intemporalité l’on propulsé comme un symbole social, voire divin. Ses
premières utilisations remontent à plus de 4'000 ans. Les Egyptiens furent les
premiers à extraire de l’or (Nubie ancienne). L’or - souvent associé au soleil qui brille
- était l’apanage des divinités et de leurs représentants sur terre : Les Pharaons. Les
Incas aussi le réservait aux dieux et aux élites. Il habillait les individus sacrifiés et
ornait les objets destinés aux offrandes divines.
L’or est encore une simple matière première, utilisée dans les produits industriels comme un
composant. Il est :
c. Une matière première et un composant industriel : Sa malléabilité (une feuille d’or
peut atteindre 10 microns d’épaisseur), sa ductilité (30 grammes d’or s’étirent sur
80 km de fils) et sa conductivité font de l’or – malgré son prix – une excellente
matière première à transformer et un composant très efficace notamment pour les
très petites pièces des produits technologiques (micro, voire nano composants). Ces
produits technologiques sont les microprocesseurs intégrés dans les ordinateurs, les
téléphones mobiles, télévisions et autres écrans. L’or sert de surface de contact pour
faciliter la transmission électrique entre les composants.
.
« L’or est une monnaie stable, une matière première
industrielle et un symbole de reconnaissance sociale. Il est
unique, pur et son éclat fascine l’Homme. Il devient
rapidement le monopole des rois »
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PATRICE MUELLER, H. STURZENEGGER & SONS PAGE 4
2) L’or, ses concurrents et ses alternatives
L’or comme monnaie : Il est considéré comme une monnaie stable, universelle, indépendante,
incopiable (à l’état pur) et facile d’usage. Toutefois, l’or pur est lourd (masse volumique 19,3
g/cm3) et difficilement transportable. Dans certaines régions du monde, il est utilisé dans les
échanges bien avant les monnaies locales et internationales. L’or ne porte pas d’intérêts, donc
pas de dette. Il ne peut servir au fractionnement bancaire. Son mécanisme monétaire est
déflationniste. Son prix, ou plutôt son pouvoir d’achat augmente. L’or est concurrencé par les
monnaies traditionnelles, en particulier par les monnaies FIAT (USD, EUR, JPY, GBP, CNY, y
compris sous leur support électronique), les autres actifs patrimoniaux de la gestion de
fortune (l’immobilier, les actions, obligations, options, etc…) et les nouvelles monnaies : Les
cryptomonnaies. Elles sont :
a) Le bitcoin (BTC) est une cryptomonnaie qui possède la représentation digitale la
plus proche de l’or. Ses propriétés, son utilisation et son mécanisme monétaires
sont très ressemblant. Le Bitcoin (BTC) est utilisable beaucoup plus facilement,
sans coûts et temps de transport. Le BTC pourra s’utiliser pour les paiements dans
l’espace (CQFD : E. Musk-SpaceX - Dogecoin), moyennant quelques minutes
d’intervalle pour valider une transaction ! Mais le BTC est énergivore, volatile et
surtout technologiquement risqué. En effet, son cryptage standard - le
« Hash256 » - pourrait être « hacké » (corrompu) par un ordinateur quantique, à
terme (même s’il existe de nouvelles technologies cryptographiques
prometteuses basées sur les photons). Si l’éther (ETH) devait modifier son
protocole de création monétaire avec une limitation de la quantité
(création/élimination), alors il pourrait aussi représenter une alternative à l’or
comme monnaie de réserve. Toutefois, la forte appréciation actuelle des
cryptomonnaies semble être plutôt due aux politiques expansives des Banques
Centrales.
b) Les autres cryptomonnaies privées ou gouvernementales via les CBDCs d’une
institution internationale comme l’ONU, l’OCDE, voire le FMI (une cryptomonnaie
sur les SDR, les « Special Drawing Rights » ?), pourraient représenter des
alternatives universelles crédibles, basées sur la validation «Proof-of-Stake » ou
« Proof-of-Concept », via des D’Apps (Smart Contracts).
c) Les monnaies intelligentes, qui utilisent la technologique de la DagChain seront
des alternatives sérieuses à l’or. Elles sont des monnaies plus durables que le BTC
(monnaie de réserve) ou le BCH (monnaie de transaction).
L’or comme symbole social : Il est manufacturé en bijoux. Il met en valeur les personnes qui
le porte. Il transmet l’image d’une certaine position sociale, un statut, voire plus… un certain
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PATRICE MUELLER, H. STURZENEGGER & SONS PAGE 5
pouvoir. Son usage décoratif est purement symbolique. Mais, inconsciemment, l’or est très
efficace. Il a fait et défait des empires et des rois. L’or n’a pas de concurrent comme symbole
social. Le rhodium (Rh), le palladium (Pd) et le platine (Pt) - aussi très rares - peuvent se
confondre par leur couleur avec l’éclat de l’or gris, de l’argent et de l’acier inoxydable auprès
des amateurs. Les diamants sont nettement plus petits, leur ratio valeur/volume est
supérieur, mais ils sont nettement moins visibles. Leur forte diversité en termes de qualité et
de couleurs rendent leur valorisation trop complexe. Et l’argent (Ag) - oxydable - devient
encore plus rare que l’or. Déjà, ses réserves sont presque épuisées…
L’or comme matière première et composant industriel : Il est utilisé dans la composition des
microprocesseurs, recouvrant le cuivre pour conduire l’électricité. La part de métaux précieux
utilisés dans les produits technologiques tend à diminuer drastiquement (-34% en 10 ans).
Pour des raisons de coûts principalement. Toutefois, l’usage de l’or - comme d’autres métaux
précieux ou terres rares - n’a pas encore été totalement remplacé. Les alternatives manquent
encore.
3) Réduire l’extraction minière de l’or
Une mine industrielle devient – en règle générale – profitable lorsque la concentration d’or
dépasse 10 grammes par tonnes de minerais extrait. On extrait en moyenne 140 tonnes d’or
pour obtenir 1 kilo d’or pur. Il existe les mines sous-terraines (2'041 tonnes ou 60% des
volumes extraits chaque année sur la planète) et celles à ciel ouvert (40%). Les mines à ciel
ouvert sont industrielles (850 tonnes) et artisanales (seulement 510 tonnes). Les mines
artisanales sont très souvent sauvages, donc illégales. L’extraction d’or emploie
approximativement 15 millions de personnes dans le monde. 90% des personnes travaillent
dans les mines artisanales. Aujourd’hui 13,5 millions de personnes extraient illégalement 15%
de l’or mondial. Les orpailleurs artisanaux travaillent dans des conditions misérables, entre
dangers, pollution, violence, criminalité et corruption. Mais, les travailleurs artisanaux n’ont
« L’or est irremplaçable, mais il s’épuise. Des alternatives
durables sont indispensables. Sa fonction monétaire pourrait
être remplacée par l’usage des crypto-monnaies. Le Bitcoin en
est le moteur, mais il reste imparfait. Quid des futurs CBDCs
émis par l’ONU ou le FMI ? »
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PATRICE MUELLER, H. STURZENEGGER & SONS PAGE 6
pas d’autres sources de revenus. Souvent ils ne possèdent même pas de papiers d’identités.
Ils sont des individus sans existence légale. Dans certains pays, le volume d’or extrait
illégalement atteint 85% du volume total produit. Les pays les plus exposés sont situés en
Afrique, en Amérique latine & centrale et en Asie. Nous constatons les évolutions inquiétantes
dans l’extraction d’or depuis plusieurs années :
- L’or devient toujours plus rare.
- Ses réserves s’amenuisent. Dans 15 à 20 ans, en extrapolations linéaires, il n’y « aurait »
plus d’or à extraire sans changement radical de la Demande.
- Son coût d’extraction augmente exponentiellement. La mine la plus profonde en
activité plonge à 4 km sous terre (Sabuka, Afrique du Sud).
- L’extraction d’or pollue. Les acteurs utilisent le cyanure pour l’affinage industriel (80%
du volume d’or global) et le mercure (19%) ou d’autres techniques (1% le Borax) pour
l’affinage artisanal. L’affinage de l’or se réalise sur site, en pleine nature. Il est
dévastateur.
- Les produits polluants ne se dégradent pas rapidement dans la nature. Ils restent dans
la chaine alimentaire (algues, poissons, insectes, petits mammifères). Puis, ils se
transmettent à l’Homme par la nourriture.
- Après utilisation et épuisement, les sites miniers aurifères sont abandonnés en l’état.
Ils ne sont ni dépollués, ni réaffectés, ni viabilisés. C’est une bombe écologique à
retardement. Cette situation n’est pas récente. L’industrie de l’or et ses acteurs ne
l’ignorent pas. Certains agissent déjà.
La réduction de l’activité d’extraction de l’or peut se réaliser. Pour cela, il s’agit de trouver des
alternatives à l’extraction d’or illégale qui puisse apporter des revenus décents aux orpailleurs
artisanaux. L’amélioration de leurs conditions de vie devient une nécessité. L’éducation et la
réinsertion seront des vecteurs essentiels de ce changement. De plus, il faudrait aussi agir le
plus rapidement possible pour développer une industrie du recyclage de l’or !
« Il y a 13,5 millions d’orpailleurs qui extraient 15% de l’or
mondial. Ils vivent dans une extrême pauvreté. Pour réduire la
pollution liée à l’extraction d’or, tous les acteurs de l’industrie
doivent trouver des alternatives viables et durables à ces
travailleurs fragiles »
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PATRICE MUELLER, H. STURZENEGGER & SONS PAGE 7
4) Augmenter le recyclage de l’or
L’un des moyens le plus simple et efficace d’améliorer la performance de l’économie circulaire
de l’or est le développement du recyclage de l’or et l’optimisation du processus de raffinage :
La Transformation de l’or pur. Toutefois, il est aussi possible d’agir sur la Demande en
augmentant les options de réutilisation des produits terminés, en offrant la possibilité de
modifier son produit par une réutilisation des composants. La proposition commerciale
d’offrir au propriétaire du produit final la possibilité de varier les modèles en changeant
certains composants lui permettrais de « posséder ou d’utiliser » l’équivalent de plusieurs
modèles différents en achetant « un seul produit ».
Cette réutilisation des composants permet l’optimisation de l’économie circulaire de l’or en
réduisant le recours à l’extraction minière et l’affinage du métal sur site. Et cette activité
d’extraction et d’affinage de l’or est celle qui est la plus polluante et problématique. Le
recyclage n’agit que sur le processus et les coûts de retransformation de l’or manufacturé, et
ne nécessiterait plus d’effectuer l’ensemble du processus de transformation. Cela a pour effet
de réduire l’empreinte écologique de l’or réutilisé.
Toutefois, à ce jour, même si l’industrie du recyclage de l’or est efficace pour certains produits
comme les bijoux (90% de taux de recyclage) et les montres (95%), elle est (très) faible pour
les produits technologiques (20%). Les produits technologiques possèdent une quantité d’or
faible en comparaison à la densité d’or d’un bijou (en général > 50% du poids). Un téléphone
mobile recèle que 0,025 grammes d’or (estimé à CHF 1,25) sur un poids total de 100 grammes.
Son cycle de vie peut être allongé en changeant la batterie fragile. Cependant la batterie de
téléphones mobile doit rester indépendante de la structure. Aujourd’hui ce c’est plus le cas.
Le développement de la collecte des produits technologiques hors d’usage devrait être plus
avancé, en demandant à chaque marque, chaque boutique et revendeur la reprise de l’ancien
produit technologique avant le rachat d’un nouveau modèle. A ce jour, nous constatons peu
d’avancées dans le recyclage des produits technologiques. Ce recyclage est cher, peu
profitable et ne semble pas être une priorité. Est-ce un manque de volonté ?
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PATRICE MUELLER, H. STURZENEGGER & SONS PAGE 8
5) Changer les modes de consommation
Après l’optimisation de l’industrie du recyclage de l’or et de la réutilisation des composants
en or, l’effet le plus important dans l’établissement d’une économie circulaire reste le
changement des habitudes de consommation. Agir sur l’Offre n’est pas suffisant, si la
Demande ne se modifie pas en conséquence. Cette pression sur la Demande d’or permet
d’intégrer les consommateurs finaux dans le processus ESG et d’en faire des acteurs
importants de cette transition écologique. La GenZ et les Millenials sont prêts.
Malgré la diminution de l’extraction et la réduction de l’empreinte écologique du Recyclage
et la Transformation de l’or, les stratégies doivent tendre vers une autonomie de l’industrie
de l’or, par le développement de son industrie circulaire. Il s’agit de promouvoir les concepts
nouveaux de l’utilisation optimale des produits manufacturés avec de l’or et d’agir sur le
Demande, par un changement des modes de consommation comme le développement de la
revente (allongement du cycle de vie) et de la location (maximisation de l’usage).
Il s’agit de lancer l’économie circulaire de l’or en développant le Concept des 4R. Ce concept
est totalement circulaire. Il prend en compte et tend vers l’optimisation:
1. du recyclage ou « Recycling »: Il est une « Re-Transformation » de l’or comme matière
première. Il s’opère dans les raffineries d’or, principalement pour les produits à forte
concentration d’or. Il est absent dans les fonderies de produits technologiques.
2. de la réutilisation ou « Reuse »: Il est une « Re-Transformation » de l’or comme
composants d’un produit terminé. Il est produit dans les manufactures de bijoux et
d’horlogerie. Il est absent dans les usines de produits technologiques.
3. de la revente ou « Re-sell »: Il est une activité « Sans Transformation » avec une
utilisation du produit terminé et un changement de propriétaire. Il est une activité
commerciale récurrente.
« L’efficacité du recyclage de l’or est un élément important de
l’économie circulaire. Pour les produits technologiques, elle ne s’est
pas encore développée à un niveau satisfaisant. Par manque de
volonté ? Pendant ce temps, la pollution par l’homme continue… »
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PATRICE MUELLER, H. STURZENEGGER & SONS PAGE 9
4. de la location ou « Rent »: Il est une activité « Sans Transformation » avec une utilisation
du produit terminé et sans changement de propriétaire. Il est une activité commerciale
récurrente.
Ce changement des modes de consommation va exercer une pression sur la Demande de
nouveaux produits (produits neufs) et se réalisera par le développement d’une nouvelle
proposition commerciale récurrente pour:
La revente: Le marché de seconde-mains est actuellement en pleine expansion. Il allonge la
durée de vie des produits, sans nouvelle transformation. L’or se prête parfaitement à la
composition de tels produits, vendus puis revendus. Il maintient son état original. Il est
indestructible. Il garde sa valeur.
La location: Ce marché est encore inexploité. Les produits de « symbole social » sont
particulièrement disposés à ce nouvel usage. Lorsqu’ils sont portés, très souvent de manière
occasionnelle, personne ne connait ni ne se doute de la réelle appartenance du produit avec
la personne qui en fait usage. Toutefois, ce nouveau marché nécessite certains
aménagements, notamment la sécurité (ID, vols, pertes, fraudes), les garanties (prix du
service, taux d’intérêt, coûts assurances) et la géolocalisation (connexion, suivi, contrôle) des
produits. Les joailliers parrainant des grands événements mondains le savent pertinemment.
Mais, à ce jour, les propositions commerciales accessibles sont très rares, voire inexistantes.
Il s’agit donc de tendre vers une Nouvelle Demande, sans transformation de composants, ni
retransformation de la matière. Les nouvelles générations sont plus disposées à l’utilisation
de produits en or, sans vouloir (pouvoir) nécessairement en faire l’acquisition (prêt).
6) La finance et les gouvernements doivent réduire leur demande d’or
Les principaux consommateurs d’or extrait des mines sont les banques commerciales, les
investisseurs, les Banques Centrales et les institutions internationales (FMI). Ils sont membres
de l’industrie de la finance et de gouvernements. Sur les 10 dernières années, la demande d’or
« L’économie circulaire de l’or passera inévitablement par un
changement des modes de consommation. Les nouvelles
générations doivent plébisciter de nouvelles propositions de
consommation plus durables. La location est encore sous-
exploitée »
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PATRICE MUELLER, H. STURZENEGGER & SONS PAGE 10
a diminué de 10%, principalement dans la bijouterie. La demande d’or de la finance et des
Gouvernements a bondi de 22%. De manière plus générale et étonnamment, le prix de l’or a
diminué (de son pic). Il y a un excédant de l’Offre de quelques 873 tonnes en 2020 (en stock).
La baisse de la consommation de bijoux n’a pas été compensée par la hausse de celle de la
finance et des Gouvernements. Mais les problèmes de l’activité de l’extraction d’or subsistent
depuis longtemps. Ils sont principalement :
a) Humains, les conditions de vie des travailleurs : 13,5 millions de travailleurs extraient
510 tonnes d’or en 2020, soit 15% de l’extraction mondiale. Au prix de CHF 50'000 le
kilo d’or pur, ce marché représente CHF 25,5 milliard par an. Il s’agit de trouver un
travail et revenu alternatif à 13,5 millions de personnes, et remplacer ces quelques 510
tonnes par une réduction de la demande des Banques Centrales et des Investisseurs.
b) Environnementaux, la pollution des sites d’extraction : Elle se présente sous 3 formes,
1) Les sites miniers abandonnés (souvent des mines industrielles, avec de fortes
concentration de produits polluants et de vaste terrains défrichés et retournés, donc
non fertiles, 2) Les sites artisanaux en activité (utilisant le mercure, et actifs dans des
réserves naturelles sans aucune bienveillance ni contrôle) et 3) les sites miniers
industriels en activités avec leurs impacts environnementaux, sociétaux (sur les
communautés autochtones) et politiques.
Les résultats d’une analyse basique sur les actions les plus efficaces et les acteurs du
changement démontrent que :
1) La Finance et les Gouvernements polluent par l’achat d’or extrait des mines. Ils
représentent la plus forte traction de l’Offre.
2) Les Entreprises de Hautes Technologies qui utilisent de l’or dans leurs produits
technologiques polluent par la vente de ces produits dont le recyclage n’est pas
suffisant. Elles n’offrent pas de solutions de recyclage systématiques. Leur traction sur
l’Offre n’est pas optimisée.
Les actions les plus efficaces pour l’industrie serait l’élaboration d’un plan de fermeture des
mines et des zones aurifères artisanales, en:
- Demandant des garanties aux groupes miniers en activité
- Demandant des indemnités aux responsables des sites miniers à l’abandon pour
remettre en l’état les terrains dévastés (les coûts de dépollution sont très élevés)
- Diminuant la Demande d’or illégal, même si le traçage de l’or est compliqué. Il s’agit de
ne pas chercher en priorité à l’améliorer la situation actuelle. C’est une demi-mesure
ancienne, peu efficace.
En théorie, la finance et les Gouvernements devraient réduire leurs achats d’or et substituer
leurs réserves monétaires par l’achats de cryptomonnaies universelles. Même si les
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PATRICE MUELLER, H. STURZENEGGER & SONS PAGE 11
cryptomonnaies privées ou CBDCs ne sont pas parfaites, cette transformation de la structure
des réserves monétaires des banques commerciales, des investisseurs, des Banques Centrales
et des institutions monétaires internationales permettrait une réduction de la traction sur
l’exploitation des ressources minières aurifères mondiales. En effet, les CBDCs émises par des
institutions internationales rendant leurs cryptomonnaies universelles, s’approche le plus aux
propriétés de l’or monétaire et semblent le mieux correspondre à une alternative sérieuse à
l’or physique. En théorie, naturellement !
7) Développer le Prix pour la Planète pour éclairer les consommateurs
Aujourd’hui l’offre de produits de grande consommation et de luxe est pléthorique. Elle ne
distingue pas les produits en fonction de leurs bienfaits sur l’environnement, par manque
d’informations. Certains produits peuvent déjà indiquer leur constitution en matières
premières, leurs origines et donner un bilan environnemental, depuis leur production jusqu’à
leur commercialisation. Mais encore aucun ne peut indiquer ces informations pour l’ensemble
de l’économie circulaire. C’est-à-dire jusqu’à leur recyclage et le retour de leurs matières
premières à la nature originelle. Ce n’est pas facile à réaliser, même si les outils informatiques
existent.
Optimiser l’offre de produits neufs (et sains) : Il existe plusieurs méthodes pour calculer le prix
de revient d’un produit. Le prix de vente n’est pas toujours établi de manière mathématique.
Il est aussi fixé selon la demande et la concurrence. Dans une économie libérale, la demande
du marché fixe le prix commercial d’un produit. Le prix de produits de marques est constitué
avec en sus un prix premium, soit une valeur-ajoutée intangible qui revalorise le prix produit.
La marque permet d’identifier le produit, le relier à une marque, une entreprise, un groupe. Il
assure donc une certaine fiabilité, authenticité, qualité et même parfois plus : Il offre aussi un
statut social. Le premium varie selon les marques.
Toutefois, à ce jour, aucun produit et aucune marque n’indique clairement et précisément les
coûts relatifs au recyclage du produit. En effet, ces informations n’existent pas encore au sein
« La finance et les Gouvernements doivent modifier la structure
de leurs réserves monétaires. Les CBDCs universelles (émises
par l’ONU ou le FMI) devraient pouvoir se substituer à l’or
physique. En théorie, naturellement … »
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PATRICE MUELLER, H. STURZENEGGER & SONS PAGE 12
même des entreprises et marques qui produisent ces biens. L’industrie du recyclage étant
qu’à son commencement, les entreprises comme les marques ne maîtrisent pas leur
économie circulaire jusqu’au recyclage de leurs propres produits. Mais alors que pourrait
représenter un prix commercial d’un produit auquel on y ajoute un coût de recyclage (coût de
récupération, du transport et de mise en condition du produit et coûts de recyclage de la
matière) ?
C’est la définition du « Prix pour la Planète » (ie. « Price for the Planète ») ou « P4P » qui prend
en considération – aussi précisément que possible – l’ensemble des coûts et valeurs-ajoutées
qu’un produit génère depuis l’extraction, la transformation, la vente jusqu’au recyclage du
produit, afin de rendre à la planète ses matières premières d’origines. Effectivement,
aujourd’hui, ce prix, sa détermination ou son calcul semblent une utopie. Demain sera
probablement différent !
Aujourd’hui nous arrivons à mesurer et valoriser la consommation d’énergie et les émissions
de CO2 dans l’atmosphère pour les différents moyens de transport, et parfois pour les activités
de transformation. Nous avons créé un mécanisme de balance carbone, avec crédit et débits,
et la fixation d’un prix de l’émission de la « tonne carbone ». La base existe. Il s’agira d’inclure
dans le prix de recyclage, le transport permettant le retour des matières premières à leur lieu
d’origine. Aussi, dans le Prix pour la Planète, nous comptabiliserons le prix commercial d’un
produit, son prix de recyclage et sa balance carbone qui intervient surtout lorsque le produit
se commercialise loin de son lieu d’origine. Ce prix pour la planète sera naturellement
différent pour chaque modèle (aux matières et composants différents), mais aussi selon le lieu
où il sera vendu et recyclé. De plus, selon la nature et la variété des matières premières
utilisées ainsi que la complexité des processus de transformation, il pourrait résulter que le
prix de recyclage soit très élevé. Selon les cas, les coûts de recyclage pourraient s’avérer
supérieurs au prix commercial du produit. Ainsi, le produit pourrait être considéré comme
étant « toxique » pour la planète et ses habitants. Son prix commercial artificiellement bas ne
serait pas adapté aux « Sustainability Development Goals » de l’OCDE ou critères « ESG » de
l’ONU.
Finalement le concept de Prix pour la Planète permet la détermination d’un statut « sain ou
toxique » pour la commercialisation d’un produit. Ce Prix pour la Planète doit être indiqué, de
même que la balance carbone pour le transport retour à son lieu d’origine. De manière
pratique, la balance carbone pourra se calculer grâce aux nouvelles technologies (DagChain –
utilisée pour la création des monnaies intelligentes) qui calculera aussitôt les différents
déplacements (transports) des produits. Il permettra une « taxe » sur les transactions « Rent »
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et « Resell » pour mettre à jours le certificat d’authenticité et de propriété. De plus, ce
système permettrait une épuration de l’offre de produits commercialisés ayant des
composants en or, sur la base de leur niveau de toxicité. Au-delà de la théorie, la mise en
pratique sera beaucoup plus complexe et laborieuse. Mais elle en vaut la peine.
8) Financer le changement avec le Goodwill / Badwill dans la valorisation
Le changement est énergivore, coûteux socialement et humainement, et politiquement
contraignant voire risqué. Le changement est un événement difficile à réaliser car il s’oppose
souvent à la logique humaine. Le changement coûte, donc pour être réalisable et avec succès,
il doit apporter des bénéfices. Le premier bénéfice de la transformation de l’économie de l’or
en une économie circulaire doit être financier. Il doit apporter une plus-value aux acteurs qui
réaliseront cette transformation, par rapport à ceux qui l’observeront. L’un des moyens
souvent discuté est la manière de valoriser les transformations environnementales pour les
entreprises proactives: Comment intégrer cette transformation dans leur méthode
d’évaluation financière ?
Le financement de la transformation: Les importants acteurs de l’industrie de l’or sont souvent
côtés en bourse, afin de profiter du financement le plus avantageux et développer leurs
activités. Pour fixer le prix des actions, les analystes financiers utilisent des méthodes de
valorisations et des ratios comparatifs. La méthode la plus utilisées est le « Discounted Free
Cash-Flow » ou DCF. Il repose sur l’actualisation de cash-flow futurs projetés et générés par
les entreprises. Cette méthode du DCF se base sur l’identification et/ou la détermination d’un
risque (Discounted) qui prend en considération un taux d’intérêt sans risques et d’autres taux
qui chacun représente un risque spécifique. Agir aujourd’hui activement pour protéger la
planète devrait permettre à l’entreprise de réduire un risque environnemental et social qui
« L’indication d’un Prix pour la Planète (P4P) offrira aux
nouveaux consommateurs une information plus précise de
l’efficience de l’économie circulaire de l’or. Elle permettra
l’optimisation de l’offre commerciale et favorisera la vente, la
revente et la location des produits à la circularité la plus
complète et saine »
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n’est actuellement pas identifié, ni comptabilisé. Il s’agit de déterminer le coûts futurs des
engagements environnementaux pour chaque entreprise et le traduire en risques.
Les entreprises qui ne possèdent pas ou trop peu d’engagements envers la préservation de
notre planète pourraient se faire adosser d’un taux de risque écologique dans la valorisation
DCF de leur entreprise. Cette valorisation déterminerait une composante négative des
entreprises qui vendraient des produits toxiques. Cette composante agirait comme un « coût
négatif future » calculé sur les « free cash-flow futurs ». Ce badwill pourrait se présenter sous
la forme d’un risque « ESG », avec un pourcentage additionnel inclus dans le risque global
d’une valorisation DCF. C’est un pourcentage de risque supplémentaire utilisé dans la
méthode de valorisation pour prendre en considération les engagements futurs (envers la
nature, la société et l’Homme) non comptabilisés. Un badwill (de coûts de recyclage en retard)
qui pourrait se retrouver dans les benchmarks financiers. Un système différent du mécanisme
actuel de décarbonisation.
9) Le dilemme de l’économie circulaire de l’or
A ce jour, de très nombreuses initiatives sont lancées pour réaliser cette transformation de
l’industrie. Le marché ne se chargera pas tout seul de cette transformation. Elle bénéficiera
du soutien des deniers publics. Toutefois, elle se doit d’apporter des économies substantielles
aux acteurs, à défaut de voire ces initiatives rester uniquement du « Greenwashing ». C’est
une situation que naturellement personne ne veut.
L’EXTRACTION (le dilemme) : C’est le dilemme de l’économie circulaire de l’or. La diminution
de l’extraction est l’action la plus significative sur l’efficience de l’économie circulaire de l’or.
Le remplacement des réserves d’or physiques par des cryptomonnaies diminuerait
l’extraction d’or, et par conséquences la pollution et le travail illégal. Toutefois, l’or physique
en qualité de réserves bancaires est (le) un des piliers de l’économie mondiale. L’or physique
stocké dans les coffres des banques est une assurance pour la stabilité monétaire de chaque
pays. A chaque crise, les banques et gouvernements achètent de l’or physique (qui est parfois
« L’adaptation de la méthode de valorisation DCF aux risques
environnementaux favorisera les entreprises respectueuses et
sanctionnera celles qui polluent et qui attendent. Il offrirait une
méthode de revalorisation des acteurs responsables »
-
PATRICE MUELLER, H. STURZENEGGER & SONS PAGE 15
confisqué). Une disparition des réserves d’or physique d’une banque centrale aurait
indubitablement des conséquences désastreuses sur la crédibilité et la confiance des acteurs
économique sur la valeur de leur monnaie nationale. Réduire l’extraction d’or avec par
conséquence les réserves monétaires d’or des banques centrales est une actions risquée et
pourrait déstabiliser le système monétaire mondial. Mais comme les réserves s’amenuisent…
LE RECYCLAGE : Le P4P va permettre de rétablir le réel prix de vente d’un produit en y incluant
les coûts de recyclage et transports qui y sont liés. Une telle augmentation du prix de vente,
par cet ajustement du Prix pour la Planète, devrait permettre aux marques d’investir
lourdement dans un réseau de récupération et de recyclage de leurs propres produits. En
effet, à ce jour, la structure de recyclage des produits technologiques est totalement sous-
développée et pollue fortement notre environnement. Il s’agit de remédier à cette lacune
dans la circularité de l’économie de l’or.
LA CONSOMMATION : De nombreuses marques de luxe, certaines associations tout comme
certains gouvernements éclairés avaient depuis bien longtemps financés et mis en place des
projets de sauvegarde des SDG, afin d’assurer un approvisionnement continu et une qualité
de matières première stables. Les projets s’engageaient fortement envers les communautés
autochtones pour une amélioration sensible de leur niveau de vie. Aujourd’hui, il s’agit de
favoriser de nouveaux modes de consommations, plus durable, plus sains.
Après analyse des différentes associations, groupes de soutien et acteurs de l’industrie, force
est de constater que la littérature ne manque pas… seules les actions concrètes font encore
défaut. Entre définitions, objectifs, guide d’analyses, méthodologies, Tool-Kits, Due diligence
list, certifications et labels en tout genre, l’immense variété de cette littérature prête à
confusion chez les consommateurs. C’est un problème. Les nouveaux consommateurs du
Luxe, les Millenials et la GenZ très anxieuses du changement climatique, nous jugerons sur les
résultats. En bénéficiant d’innombrables sources d’informations et d’un accès continu et
direct aux sources, ils seront intraitables (pas manipulables). Agissons chacun à notre niveau…
-
PATRICE MUELLER, H. STURZENEGGER & SONS PAGE 16
Patrice Müller. Partner,
H. Sturzenegger & Sons
H. Sturzenegger & Sons est une société indépendante de conseils stratégiques et financiers, dédiée à l’industrie
du luxe et des nouvelles technologies. Aujourd’hui, elle concentre ses services de conseil sur les projets
d’investigation, de diagnostic, de planification et d’implantation dans les domaines environnementaux.
Sources : WGC data room, Better Gold Initiative (meeting, Lima 2014), H. Sturzenegger & Sons analysis (www.stgger.com)...
« La transformation de l’industrie aurifère en économie
circulaire de l’or dépasse les simples considérations de ses
acteurs directs. Il n’existe pas de réel substitut à l’or physique et
sa transformation nous mène à un dilemme: La réduction de
l’extraction de l’or rendrait son industrie circulaire très
efficiente. Mais cette réduction pourrait aussi mettre en danger
la stabilité de l’économie mondiale… le temps décidera ? »

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2021 05-12 ESG Dilemme - Eco Circulaire de l'or

  • 1. - PATRICE MUELLER, H. STURZENEGGER & SONS PAGE 1 11 MAI 2021 H. Sturzenegger & Sons Patrice MUELLER, Partner pmuller@stgger.com
  • 2. - PATRICE MUELLER, H. STURZENEGGER & SONS PAGE 2 ESG : Le dilemme de l’économie circulaire de l’or 1) L’origine, les propriétés et les fonctions de l’or L’or est pur. Son symbole chimique est AU. Son nom originel est « Aurum » en Latin, soit « Aube Luisante ». Il est le numéro 79 du tableau de Mendeleïev. Il possède 79 protons. Selon nos connaissances actuelles, il semble provenir de la fusion de deux étoiles à neutrons. Son apparition sur terre serait dû à des chocs de météorites avec l’écorce terrestre. L’or est un atome très dense et surtout très stable (pas de décomposition nucléaire, pas de radiations). L’or possède les fonctions principales suivantes : a. Une monnaie : L’or est indestructible, inaltérable, rare et cher. Très tôt, dans la mythologie grecque, le roi Midas fut le premier à créer une pièce d’or. Puis, dans l’histoire ancienne, le roi Crésus fut le premier à développer un mécanisme monétaire basé sur les pièces en or afin de percevoir l’impôt. Il fut utilisé comme un relais de transaction, plus facile d’utilisation que l’échange de marchandises. Sa création et son utilisation deviendront rapidement le monopole des rois. L’or possède deux fonctions monétaires. Il est i. Une monnaie de transactions : L’or a toujours été un objet permettant les échanges et les transactions. Son poids permettait la mesure aisée des biens, et sa pureté (24ct) facilitait la valorisation des transactions. Il est une monnaie fongible à souhait, et ne peut être copié (avec un point de fusion à 1'073°C, pour son retour à l’état pur). ii. Une monnaie de réserve de valeur : Son indestructibilité (son volume ne diminue pas avec le temps), sa rareté et sa stabilité (son état ne change pas) en tant que matière, en a fait une réserve de monnaie parfaite. Il traverse le temps et les civilisations sans disparaître. Il offre une confiance « totale » à ses détenteurs. A ce jour, l’extraction annuelle de l’or représente 3'400 tonnes en 2020, soit une valeur de marché estimée à CHF 170 milliards. Déjà 180'000 tonnes d’or ont été extraites et cumulées depuis la nuit des temps. Il ne reste que 50'000 tonnes à extraire (réserves connues). L’or apporte aussi une fonction intangible à son utilisateur (et pas son détenteur), la démarcation sociale. Il lui permet d’exprimer son pouvoir, sa puissance auprès des individus d’une communauté. Il est :
  • 3. - PATRICE MUELLER, H. STURZENEGGER & SONS PAGE 3 b. Un symbole social : Bien même avant d’être un objet monétaire, l’or a toujours fasciné. Sa rareté, sa beauté (son éclat jaune métallique), son unicité (seul métal jaune) et son intemporalité l’on propulsé comme un symbole social, voire divin. Ses premières utilisations remontent à plus de 4'000 ans. Les Egyptiens furent les premiers à extraire de l’or (Nubie ancienne). L’or - souvent associé au soleil qui brille - était l’apanage des divinités et de leurs représentants sur terre : Les Pharaons. Les Incas aussi le réservait aux dieux et aux élites. Il habillait les individus sacrifiés et ornait les objets destinés aux offrandes divines. L’or est encore une simple matière première, utilisée dans les produits industriels comme un composant. Il est : c. Une matière première et un composant industriel : Sa malléabilité (une feuille d’or peut atteindre 10 microns d’épaisseur), sa ductilité (30 grammes d’or s’étirent sur 80 km de fils) et sa conductivité font de l’or – malgré son prix – une excellente matière première à transformer et un composant très efficace notamment pour les très petites pièces des produits technologiques (micro, voire nano composants). Ces produits technologiques sont les microprocesseurs intégrés dans les ordinateurs, les téléphones mobiles, télévisions et autres écrans. L’or sert de surface de contact pour faciliter la transmission électrique entre les composants. . « L’or est une monnaie stable, une matière première industrielle et un symbole de reconnaissance sociale. Il est unique, pur et son éclat fascine l’Homme. Il devient rapidement le monopole des rois »
  • 4. - PATRICE MUELLER, H. STURZENEGGER & SONS PAGE 4 2) L’or, ses concurrents et ses alternatives L’or comme monnaie : Il est considéré comme une monnaie stable, universelle, indépendante, incopiable (à l’état pur) et facile d’usage. Toutefois, l’or pur est lourd (masse volumique 19,3 g/cm3) et difficilement transportable. Dans certaines régions du monde, il est utilisé dans les échanges bien avant les monnaies locales et internationales. L’or ne porte pas d’intérêts, donc pas de dette. Il ne peut servir au fractionnement bancaire. Son mécanisme monétaire est déflationniste. Son prix, ou plutôt son pouvoir d’achat augmente. L’or est concurrencé par les monnaies traditionnelles, en particulier par les monnaies FIAT (USD, EUR, JPY, GBP, CNY, y compris sous leur support électronique), les autres actifs patrimoniaux de la gestion de fortune (l’immobilier, les actions, obligations, options, etc…) et les nouvelles monnaies : Les cryptomonnaies. Elles sont : a) Le bitcoin (BTC) est une cryptomonnaie qui possède la représentation digitale la plus proche de l’or. Ses propriétés, son utilisation et son mécanisme monétaires sont très ressemblant. Le Bitcoin (BTC) est utilisable beaucoup plus facilement, sans coûts et temps de transport. Le BTC pourra s’utiliser pour les paiements dans l’espace (CQFD : E. Musk-SpaceX - Dogecoin), moyennant quelques minutes d’intervalle pour valider une transaction ! Mais le BTC est énergivore, volatile et surtout technologiquement risqué. En effet, son cryptage standard - le « Hash256 » - pourrait être « hacké » (corrompu) par un ordinateur quantique, à terme (même s’il existe de nouvelles technologies cryptographiques prometteuses basées sur les photons). Si l’éther (ETH) devait modifier son protocole de création monétaire avec une limitation de la quantité (création/élimination), alors il pourrait aussi représenter une alternative à l’or comme monnaie de réserve. Toutefois, la forte appréciation actuelle des cryptomonnaies semble être plutôt due aux politiques expansives des Banques Centrales. b) Les autres cryptomonnaies privées ou gouvernementales via les CBDCs d’une institution internationale comme l’ONU, l’OCDE, voire le FMI (une cryptomonnaie sur les SDR, les « Special Drawing Rights » ?), pourraient représenter des alternatives universelles crédibles, basées sur la validation «Proof-of-Stake » ou « Proof-of-Concept », via des D’Apps (Smart Contracts). c) Les monnaies intelligentes, qui utilisent la technologique de la DagChain seront des alternatives sérieuses à l’or. Elles sont des monnaies plus durables que le BTC (monnaie de réserve) ou le BCH (monnaie de transaction). L’or comme symbole social : Il est manufacturé en bijoux. Il met en valeur les personnes qui le porte. Il transmet l’image d’une certaine position sociale, un statut, voire plus… un certain
  • 5. - PATRICE MUELLER, H. STURZENEGGER & SONS PAGE 5 pouvoir. Son usage décoratif est purement symbolique. Mais, inconsciemment, l’or est très efficace. Il a fait et défait des empires et des rois. L’or n’a pas de concurrent comme symbole social. Le rhodium (Rh), le palladium (Pd) et le platine (Pt) - aussi très rares - peuvent se confondre par leur couleur avec l’éclat de l’or gris, de l’argent et de l’acier inoxydable auprès des amateurs. Les diamants sont nettement plus petits, leur ratio valeur/volume est supérieur, mais ils sont nettement moins visibles. Leur forte diversité en termes de qualité et de couleurs rendent leur valorisation trop complexe. Et l’argent (Ag) - oxydable - devient encore plus rare que l’or. Déjà, ses réserves sont presque épuisées… L’or comme matière première et composant industriel : Il est utilisé dans la composition des microprocesseurs, recouvrant le cuivre pour conduire l’électricité. La part de métaux précieux utilisés dans les produits technologiques tend à diminuer drastiquement (-34% en 10 ans). Pour des raisons de coûts principalement. Toutefois, l’usage de l’or - comme d’autres métaux précieux ou terres rares - n’a pas encore été totalement remplacé. Les alternatives manquent encore. 3) Réduire l’extraction minière de l’or Une mine industrielle devient – en règle générale – profitable lorsque la concentration d’or dépasse 10 grammes par tonnes de minerais extrait. On extrait en moyenne 140 tonnes d’or pour obtenir 1 kilo d’or pur. Il existe les mines sous-terraines (2'041 tonnes ou 60% des volumes extraits chaque année sur la planète) et celles à ciel ouvert (40%). Les mines à ciel ouvert sont industrielles (850 tonnes) et artisanales (seulement 510 tonnes). Les mines artisanales sont très souvent sauvages, donc illégales. L’extraction d’or emploie approximativement 15 millions de personnes dans le monde. 90% des personnes travaillent dans les mines artisanales. Aujourd’hui 13,5 millions de personnes extraient illégalement 15% de l’or mondial. Les orpailleurs artisanaux travaillent dans des conditions misérables, entre dangers, pollution, violence, criminalité et corruption. Mais, les travailleurs artisanaux n’ont « L’or est irremplaçable, mais il s’épuise. Des alternatives durables sont indispensables. Sa fonction monétaire pourrait être remplacée par l’usage des crypto-monnaies. Le Bitcoin en est le moteur, mais il reste imparfait. Quid des futurs CBDCs émis par l’ONU ou le FMI ? »
  • 6. - PATRICE MUELLER, H. STURZENEGGER & SONS PAGE 6 pas d’autres sources de revenus. Souvent ils ne possèdent même pas de papiers d’identités. Ils sont des individus sans existence légale. Dans certains pays, le volume d’or extrait illégalement atteint 85% du volume total produit. Les pays les plus exposés sont situés en Afrique, en Amérique latine & centrale et en Asie. Nous constatons les évolutions inquiétantes dans l’extraction d’or depuis plusieurs années : - L’or devient toujours plus rare. - Ses réserves s’amenuisent. Dans 15 à 20 ans, en extrapolations linéaires, il n’y « aurait » plus d’or à extraire sans changement radical de la Demande. - Son coût d’extraction augmente exponentiellement. La mine la plus profonde en activité plonge à 4 km sous terre (Sabuka, Afrique du Sud). - L’extraction d’or pollue. Les acteurs utilisent le cyanure pour l’affinage industriel (80% du volume d’or global) et le mercure (19%) ou d’autres techniques (1% le Borax) pour l’affinage artisanal. L’affinage de l’or se réalise sur site, en pleine nature. Il est dévastateur. - Les produits polluants ne se dégradent pas rapidement dans la nature. Ils restent dans la chaine alimentaire (algues, poissons, insectes, petits mammifères). Puis, ils se transmettent à l’Homme par la nourriture. - Après utilisation et épuisement, les sites miniers aurifères sont abandonnés en l’état. Ils ne sont ni dépollués, ni réaffectés, ni viabilisés. C’est une bombe écologique à retardement. Cette situation n’est pas récente. L’industrie de l’or et ses acteurs ne l’ignorent pas. Certains agissent déjà. La réduction de l’activité d’extraction de l’or peut se réaliser. Pour cela, il s’agit de trouver des alternatives à l’extraction d’or illégale qui puisse apporter des revenus décents aux orpailleurs artisanaux. L’amélioration de leurs conditions de vie devient une nécessité. L’éducation et la réinsertion seront des vecteurs essentiels de ce changement. De plus, il faudrait aussi agir le plus rapidement possible pour développer une industrie du recyclage de l’or ! « Il y a 13,5 millions d’orpailleurs qui extraient 15% de l’or mondial. Ils vivent dans une extrême pauvreté. Pour réduire la pollution liée à l’extraction d’or, tous les acteurs de l’industrie doivent trouver des alternatives viables et durables à ces travailleurs fragiles »
  • 7. - PATRICE MUELLER, H. STURZENEGGER & SONS PAGE 7 4) Augmenter le recyclage de l’or L’un des moyens le plus simple et efficace d’améliorer la performance de l’économie circulaire de l’or est le développement du recyclage de l’or et l’optimisation du processus de raffinage : La Transformation de l’or pur. Toutefois, il est aussi possible d’agir sur la Demande en augmentant les options de réutilisation des produits terminés, en offrant la possibilité de modifier son produit par une réutilisation des composants. La proposition commerciale d’offrir au propriétaire du produit final la possibilité de varier les modèles en changeant certains composants lui permettrais de « posséder ou d’utiliser » l’équivalent de plusieurs modèles différents en achetant « un seul produit ». Cette réutilisation des composants permet l’optimisation de l’économie circulaire de l’or en réduisant le recours à l’extraction minière et l’affinage du métal sur site. Et cette activité d’extraction et d’affinage de l’or est celle qui est la plus polluante et problématique. Le recyclage n’agit que sur le processus et les coûts de retransformation de l’or manufacturé, et ne nécessiterait plus d’effectuer l’ensemble du processus de transformation. Cela a pour effet de réduire l’empreinte écologique de l’or réutilisé. Toutefois, à ce jour, même si l’industrie du recyclage de l’or est efficace pour certains produits comme les bijoux (90% de taux de recyclage) et les montres (95%), elle est (très) faible pour les produits technologiques (20%). Les produits technologiques possèdent une quantité d’or faible en comparaison à la densité d’or d’un bijou (en général > 50% du poids). Un téléphone mobile recèle que 0,025 grammes d’or (estimé à CHF 1,25) sur un poids total de 100 grammes. Son cycle de vie peut être allongé en changeant la batterie fragile. Cependant la batterie de téléphones mobile doit rester indépendante de la structure. Aujourd’hui ce c’est plus le cas. Le développement de la collecte des produits technologiques hors d’usage devrait être plus avancé, en demandant à chaque marque, chaque boutique et revendeur la reprise de l’ancien produit technologique avant le rachat d’un nouveau modèle. A ce jour, nous constatons peu d’avancées dans le recyclage des produits technologiques. Ce recyclage est cher, peu profitable et ne semble pas être une priorité. Est-ce un manque de volonté ?
  • 8. - PATRICE MUELLER, H. STURZENEGGER & SONS PAGE 8 5) Changer les modes de consommation Après l’optimisation de l’industrie du recyclage de l’or et de la réutilisation des composants en or, l’effet le plus important dans l’établissement d’une économie circulaire reste le changement des habitudes de consommation. Agir sur l’Offre n’est pas suffisant, si la Demande ne se modifie pas en conséquence. Cette pression sur la Demande d’or permet d’intégrer les consommateurs finaux dans le processus ESG et d’en faire des acteurs importants de cette transition écologique. La GenZ et les Millenials sont prêts. Malgré la diminution de l’extraction et la réduction de l’empreinte écologique du Recyclage et la Transformation de l’or, les stratégies doivent tendre vers une autonomie de l’industrie de l’or, par le développement de son industrie circulaire. Il s’agit de promouvoir les concepts nouveaux de l’utilisation optimale des produits manufacturés avec de l’or et d’agir sur le Demande, par un changement des modes de consommation comme le développement de la revente (allongement du cycle de vie) et de la location (maximisation de l’usage). Il s’agit de lancer l’économie circulaire de l’or en développant le Concept des 4R. Ce concept est totalement circulaire. Il prend en compte et tend vers l’optimisation: 1. du recyclage ou « Recycling »: Il est une « Re-Transformation » de l’or comme matière première. Il s’opère dans les raffineries d’or, principalement pour les produits à forte concentration d’or. Il est absent dans les fonderies de produits technologiques. 2. de la réutilisation ou « Reuse »: Il est une « Re-Transformation » de l’or comme composants d’un produit terminé. Il est produit dans les manufactures de bijoux et d’horlogerie. Il est absent dans les usines de produits technologiques. 3. de la revente ou « Re-sell »: Il est une activité « Sans Transformation » avec une utilisation du produit terminé et un changement de propriétaire. Il est une activité commerciale récurrente. « L’efficacité du recyclage de l’or est un élément important de l’économie circulaire. Pour les produits technologiques, elle ne s’est pas encore développée à un niveau satisfaisant. Par manque de volonté ? Pendant ce temps, la pollution par l’homme continue… »
  • 9. - PATRICE MUELLER, H. STURZENEGGER & SONS PAGE 9 4. de la location ou « Rent »: Il est une activité « Sans Transformation » avec une utilisation du produit terminé et sans changement de propriétaire. Il est une activité commerciale récurrente. Ce changement des modes de consommation va exercer une pression sur la Demande de nouveaux produits (produits neufs) et se réalisera par le développement d’une nouvelle proposition commerciale récurrente pour: La revente: Le marché de seconde-mains est actuellement en pleine expansion. Il allonge la durée de vie des produits, sans nouvelle transformation. L’or se prête parfaitement à la composition de tels produits, vendus puis revendus. Il maintient son état original. Il est indestructible. Il garde sa valeur. La location: Ce marché est encore inexploité. Les produits de « symbole social » sont particulièrement disposés à ce nouvel usage. Lorsqu’ils sont portés, très souvent de manière occasionnelle, personne ne connait ni ne se doute de la réelle appartenance du produit avec la personne qui en fait usage. Toutefois, ce nouveau marché nécessite certains aménagements, notamment la sécurité (ID, vols, pertes, fraudes), les garanties (prix du service, taux d’intérêt, coûts assurances) et la géolocalisation (connexion, suivi, contrôle) des produits. Les joailliers parrainant des grands événements mondains le savent pertinemment. Mais, à ce jour, les propositions commerciales accessibles sont très rares, voire inexistantes. Il s’agit donc de tendre vers une Nouvelle Demande, sans transformation de composants, ni retransformation de la matière. Les nouvelles générations sont plus disposées à l’utilisation de produits en or, sans vouloir (pouvoir) nécessairement en faire l’acquisition (prêt). 6) La finance et les gouvernements doivent réduire leur demande d’or Les principaux consommateurs d’or extrait des mines sont les banques commerciales, les investisseurs, les Banques Centrales et les institutions internationales (FMI). Ils sont membres de l’industrie de la finance et de gouvernements. Sur les 10 dernières années, la demande d’or « L’économie circulaire de l’or passera inévitablement par un changement des modes de consommation. Les nouvelles générations doivent plébisciter de nouvelles propositions de consommation plus durables. La location est encore sous- exploitée »
  • 10. - PATRICE MUELLER, H. STURZENEGGER & SONS PAGE 10 a diminué de 10%, principalement dans la bijouterie. La demande d’or de la finance et des Gouvernements a bondi de 22%. De manière plus générale et étonnamment, le prix de l’or a diminué (de son pic). Il y a un excédant de l’Offre de quelques 873 tonnes en 2020 (en stock). La baisse de la consommation de bijoux n’a pas été compensée par la hausse de celle de la finance et des Gouvernements. Mais les problèmes de l’activité de l’extraction d’or subsistent depuis longtemps. Ils sont principalement : a) Humains, les conditions de vie des travailleurs : 13,5 millions de travailleurs extraient 510 tonnes d’or en 2020, soit 15% de l’extraction mondiale. Au prix de CHF 50'000 le kilo d’or pur, ce marché représente CHF 25,5 milliard par an. Il s’agit de trouver un travail et revenu alternatif à 13,5 millions de personnes, et remplacer ces quelques 510 tonnes par une réduction de la demande des Banques Centrales et des Investisseurs. b) Environnementaux, la pollution des sites d’extraction : Elle se présente sous 3 formes, 1) Les sites miniers abandonnés (souvent des mines industrielles, avec de fortes concentration de produits polluants et de vaste terrains défrichés et retournés, donc non fertiles, 2) Les sites artisanaux en activité (utilisant le mercure, et actifs dans des réserves naturelles sans aucune bienveillance ni contrôle) et 3) les sites miniers industriels en activités avec leurs impacts environnementaux, sociétaux (sur les communautés autochtones) et politiques. Les résultats d’une analyse basique sur les actions les plus efficaces et les acteurs du changement démontrent que : 1) La Finance et les Gouvernements polluent par l’achat d’or extrait des mines. Ils représentent la plus forte traction de l’Offre. 2) Les Entreprises de Hautes Technologies qui utilisent de l’or dans leurs produits technologiques polluent par la vente de ces produits dont le recyclage n’est pas suffisant. Elles n’offrent pas de solutions de recyclage systématiques. Leur traction sur l’Offre n’est pas optimisée. Les actions les plus efficaces pour l’industrie serait l’élaboration d’un plan de fermeture des mines et des zones aurifères artisanales, en: - Demandant des garanties aux groupes miniers en activité - Demandant des indemnités aux responsables des sites miniers à l’abandon pour remettre en l’état les terrains dévastés (les coûts de dépollution sont très élevés) - Diminuant la Demande d’or illégal, même si le traçage de l’or est compliqué. Il s’agit de ne pas chercher en priorité à l’améliorer la situation actuelle. C’est une demi-mesure ancienne, peu efficace. En théorie, la finance et les Gouvernements devraient réduire leurs achats d’or et substituer leurs réserves monétaires par l’achats de cryptomonnaies universelles. Même si les
  • 11. - PATRICE MUELLER, H. STURZENEGGER & SONS PAGE 11 cryptomonnaies privées ou CBDCs ne sont pas parfaites, cette transformation de la structure des réserves monétaires des banques commerciales, des investisseurs, des Banques Centrales et des institutions monétaires internationales permettrait une réduction de la traction sur l’exploitation des ressources minières aurifères mondiales. En effet, les CBDCs émises par des institutions internationales rendant leurs cryptomonnaies universelles, s’approche le plus aux propriétés de l’or monétaire et semblent le mieux correspondre à une alternative sérieuse à l’or physique. En théorie, naturellement ! 7) Développer le Prix pour la Planète pour éclairer les consommateurs Aujourd’hui l’offre de produits de grande consommation et de luxe est pléthorique. Elle ne distingue pas les produits en fonction de leurs bienfaits sur l’environnement, par manque d’informations. Certains produits peuvent déjà indiquer leur constitution en matières premières, leurs origines et donner un bilan environnemental, depuis leur production jusqu’à leur commercialisation. Mais encore aucun ne peut indiquer ces informations pour l’ensemble de l’économie circulaire. C’est-à-dire jusqu’à leur recyclage et le retour de leurs matières premières à la nature originelle. Ce n’est pas facile à réaliser, même si les outils informatiques existent. Optimiser l’offre de produits neufs (et sains) : Il existe plusieurs méthodes pour calculer le prix de revient d’un produit. Le prix de vente n’est pas toujours établi de manière mathématique. Il est aussi fixé selon la demande et la concurrence. Dans une économie libérale, la demande du marché fixe le prix commercial d’un produit. Le prix de produits de marques est constitué avec en sus un prix premium, soit une valeur-ajoutée intangible qui revalorise le prix produit. La marque permet d’identifier le produit, le relier à une marque, une entreprise, un groupe. Il assure donc une certaine fiabilité, authenticité, qualité et même parfois plus : Il offre aussi un statut social. Le premium varie selon les marques. Toutefois, à ce jour, aucun produit et aucune marque n’indique clairement et précisément les coûts relatifs au recyclage du produit. En effet, ces informations n’existent pas encore au sein « La finance et les Gouvernements doivent modifier la structure de leurs réserves monétaires. Les CBDCs universelles (émises par l’ONU ou le FMI) devraient pouvoir se substituer à l’or physique. En théorie, naturellement … »
  • 12. - PATRICE MUELLER, H. STURZENEGGER & SONS PAGE 12 même des entreprises et marques qui produisent ces biens. L’industrie du recyclage étant qu’à son commencement, les entreprises comme les marques ne maîtrisent pas leur économie circulaire jusqu’au recyclage de leurs propres produits. Mais alors que pourrait représenter un prix commercial d’un produit auquel on y ajoute un coût de recyclage (coût de récupération, du transport et de mise en condition du produit et coûts de recyclage de la matière) ? C’est la définition du « Prix pour la Planète » (ie. « Price for the Planète ») ou « P4P » qui prend en considération – aussi précisément que possible – l’ensemble des coûts et valeurs-ajoutées qu’un produit génère depuis l’extraction, la transformation, la vente jusqu’au recyclage du produit, afin de rendre à la planète ses matières premières d’origines. Effectivement, aujourd’hui, ce prix, sa détermination ou son calcul semblent une utopie. Demain sera probablement différent ! Aujourd’hui nous arrivons à mesurer et valoriser la consommation d’énergie et les émissions de CO2 dans l’atmosphère pour les différents moyens de transport, et parfois pour les activités de transformation. Nous avons créé un mécanisme de balance carbone, avec crédit et débits, et la fixation d’un prix de l’émission de la « tonne carbone ». La base existe. Il s’agira d’inclure dans le prix de recyclage, le transport permettant le retour des matières premières à leur lieu d’origine. Aussi, dans le Prix pour la Planète, nous comptabiliserons le prix commercial d’un produit, son prix de recyclage et sa balance carbone qui intervient surtout lorsque le produit se commercialise loin de son lieu d’origine. Ce prix pour la planète sera naturellement différent pour chaque modèle (aux matières et composants différents), mais aussi selon le lieu où il sera vendu et recyclé. De plus, selon la nature et la variété des matières premières utilisées ainsi que la complexité des processus de transformation, il pourrait résulter que le prix de recyclage soit très élevé. Selon les cas, les coûts de recyclage pourraient s’avérer supérieurs au prix commercial du produit. Ainsi, le produit pourrait être considéré comme étant « toxique » pour la planète et ses habitants. Son prix commercial artificiellement bas ne serait pas adapté aux « Sustainability Development Goals » de l’OCDE ou critères « ESG » de l’ONU. Finalement le concept de Prix pour la Planète permet la détermination d’un statut « sain ou toxique » pour la commercialisation d’un produit. Ce Prix pour la Planète doit être indiqué, de même que la balance carbone pour le transport retour à son lieu d’origine. De manière pratique, la balance carbone pourra se calculer grâce aux nouvelles technologies (DagChain – utilisée pour la création des monnaies intelligentes) qui calculera aussitôt les différents déplacements (transports) des produits. Il permettra une « taxe » sur les transactions « Rent »
  • 13. - PATRICE MUELLER, H. STURZENEGGER & SONS PAGE 13 et « Resell » pour mettre à jours le certificat d’authenticité et de propriété. De plus, ce système permettrait une épuration de l’offre de produits commercialisés ayant des composants en or, sur la base de leur niveau de toxicité. Au-delà de la théorie, la mise en pratique sera beaucoup plus complexe et laborieuse. Mais elle en vaut la peine. 8) Financer le changement avec le Goodwill / Badwill dans la valorisation Le changement est énergivore, coûteux socialement et humainement, et politiquement contraignant voire risqué. Le changement est un événement difficile à réaliser car il s’oppose souvent à la logique humaine. Le changement coûte, donc pour être réalisable et avec succès, il doit apporter des bénéfices. Le premier bénéfice de la transformation de l’économie de l’or en une économie circulaire doit être financier. Il doit apporter une plus-value aux acteurs qui réaliseront cette transformation, par rapport à ceux qui l’observeront. L’un des moyens souvent discuté est la manière de valoriser les transformations environnementales pour les entreprises proactives: Comment intégrer cette transformation dans leur méthode d’évaluation financière ? Le financement de la transformation: Les importants acteurs de l’industrie de l’or sont souvent côtés en bourse, afin de profiter du financement le plus avantageux et développer leurs activités. Pour fixer le prix des actions, les analystes financiers utilisent des méthodes de valorisations et des ratios comparatifs. La méthode la plus utilisées est le « Discounted Free Cash-Flow » ou DCF. Il repose sur l’actualisation de cash-flow futurs projetés et générés par les entreprises. Cette méthode du DCF se base sur l’identification et/ou la détermination d’un risque (Discounted) qui prend en considération un taux d’intérêt sans risques et d’autres taux qui chacun représente un risque spécifique. Agir aujourd’hui activement pour protéger la planète devrait permettre à l’entreprise de réduire un risque environnemental et social qui « L’indication d’un Prix pour la Planète (P4P) offrira aux nouveaux consommateurs une information plus précise de l’efficience de l’économie circulaire de l’or. Elle permettra l’optimisation de l’offre commerciale et favorisera la vente, la revente et la location des produits à la circularité la plus complète et saine »
  • 14. - PATRICE MUELLER, H. STURZENEGGER & SONS PAGE 14 n’est actuellement pas identifié, ni comptabilisé. Il s’agit de déterminer le coûts futurs des engagements environnementaux pour chaque entreprise et le traduire en risques. Les entreprises qui ne possèdent pas ou trop peu d’engagements envers la préservation de notre planète pourraient se faire adosser d’un taux de risque écologique dans la valorisation DCF de leur entreprise. Cette valorisation déterminerait une composante négative des entreprises qui vendraient des produits toxiques. Cette composante agirait comme un « coût négatif future » calculé sur les « free cash-flow futurs ». Ce badwill pourrait se présenter sous la forme d’un risque « ESG », avec un pourcentage additionnel inclus dans le risque global d’une valorisation DCF. C’est un pourcentage de risque supplémentaire utilisé dans la méthode de valorisation pour prendre en considération les engagements futurs (envers la nature, la société et l’Homme) non comptabilisés. Un badwill (de coûts de recyclage en retard) qui pourrait se retrouver dans les benchmarks financiers. Un système différent du mécanisme actuel de décarbonisation. 9) Le dilemme de l’économie circulaire de l’or A ce jour, de très nombreuses initiatives sont lancées pour réaliser cette transformation de l’industrie. Le marché ne se chargera pas tout seul de cette transformation. Elle bénéficiera du soutien des deniers publics. Toutefois, elle se doit d’apporter des économies substantielles aux acteurs, à défaut de voire ces initiatives rester uniquement du « Greenwashing ». C’est une situation que naturellement personne ne veut. L’EXTRACTION (le dilemme) : C’est le dilemme de l’économie circulaire de l’or. La diminution de l’extraction est l’action la plus significative sur l’efficience de l’économie circulaire de l’or. Le remplacement des réserves d’or physiques par des cryptomonnaies diminuerait l’extraction d’or, et par conséquences la pollution et le travail illégal. Toutefois, l’or physique en qualité de réserves bancaires est (le) un des piliers de l’économie mondiale. L’or physique stocké dans les coffres des banques est une assurance pour la stabilité monétaire de chaque pays. A chaque crise, les banques et gouvernements achètent de l’or physique (qui est parfois « L’adaptation de la méthode de valorisation DCF aux risques environnementaux favorisera les entreprises respectueuses et sanctionnera celles qui polluent et qui attendent. Il offrirait une méthode de revalorisation des acteurs responsables »
  • 15. - PATRICE MUELLER, H. STURZENEGGER & SONS PAGE 15 confisqué). Une disparition des réserves d’or physique d’une banque centrale aurait indubitablement des conséquences désastreuses sur la crédibilité et la confiance des acteurs économique sur la valeur de leur monnaie nationale. Réduire l’extraction d’or avec par conséquence les réserves monétaires d’or des banques centrales est une actions risquée et pourrait déstabiliser le système monétaire mondial. Mais comme les réserves s’amenuisent… LE RECYCLAGE : Le P4P va permettre de rétablir le réel prix de vente d’un produit en y incluant les coûts de recyclage et transports qui y sont liés. Une telle augmentation du prix de vente, par cet ajustement du Prix pour la Planète, devrait permettre aux marques d’investir lourdement dans un réseau de récupération et de recyclage de leurs propres produits. En effet, à ce jour, la structure de recyclage des produits technologiques est totalement sous- développée et pollue fortement notre environnement. Il s’agit de remédier à cette lacune dans la circularité de l’économie de l’or. LA CONSOMMATION : De nombreuses marques de luxe, certaines associations tout comme certains gouvernements éclairés avaient depuis bien longtemps financés et mis en place des projets de sauvegarde des SDG, afin d’assurer un approvisionnement continu et une qualité de matières première stables. Les projets s’engageaient fortement envers les communautés autochtones pour une amélioration sensible de leur niveau de vie. Aujourd’hui, il s’agit de favoriser de nouveaux modes de consommations, plus durable, plus sains. Après analyse des différentes associations, groupes de soutien et acteurs de l’industrie, force est de constater que la littérature ne manque pas… seules les actions concrètes font encore défaut. Entre définitions, objectifs, guide d’analyses, méthodologies, Tool-Kits, Due diligence list, certifications et labels en tout genre, l’immense variété de cette littérature prête à confusion chez les consommateurs. C’est un problème. Les nouveaux consommateurs du Luxe, les Millenials et la GenZ très anxieuses du changement climatique, nous jugerons sur les résultats. En bénéficiant d’innombrables sources d’informations et d’un accès continu et direct aux sources, ils seront intraitables (pas manipulables). Agissons chacun à notre niveau…
  • 16. - PATRICE MUELLER, H. STURZENEGGER & SONS PAGE 16 Patrice Müller. Partner, H. Sturzenegger & Sons H. Sturzenegger & Sons est une société indépendante de conseils stratégiques et financiers, dédiée à l’industrie du luxe et des nouvelles technologies. Aujourd’hui, elle concentre ses services de conseil sur les projets d’investigation, de diagnostic, de planification et d’implantation dans les domaines environnementaux. Sources : WGC data room, Better Gold Initiative (meeting, Lima 2014), H. Sturzenegger & Sons analysis (www.stgger.com)... « La transformation de l’industrie aurifère en économie circulaire de l’or dépasse les simples considérations de ses acteurs directs. Il n’existe pas de réel substitut à l’or physique et sa transformation nous mène à un dilemme: La réduction de l’extraction de l’or rendrait son industrie circulaire très efficiente. Mais cette réduction pourrait aussi mettre en danger la stabilité de l’économie mondiale… le temps décidera ? »