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Fait du Jour2 MERCREDI 1er
FÉVRIER 2017
La robotisation tueuse d’emplois? Dans l’industrie, elle permet aussi de relocaliser la fabrication de baskets en
K PIERRE-ANDRÉ SIEBER
Innovation L A la cérémonie
d’ouverture des Jeux paralym-
piques de Rio, un robot indus-
triel sert de partenaire de cho-
régraphie à l’athlète Amy
Purdy. Au rythme de la mu-
sique de Sergio Méndes, son
unique bras mécanique s’étend
comme un tentacule de fer. Il
soulève la sportive comme un
fétu de paille, joue avec elle
et la repose sur le sol. Le geste
est fluide, presque humain.
Son épaulé-jeté de 300 kg et
son temps de réaction d’une
demi-seconde sont époustou-
flants. Dans le stade de Mara-
cana ébahi, c’est presque lui
la star.
Ce partenaire de métal est
sorti des usines de la société
allemande Kuka basée à Augs-
burg employant 12 300 per-
sonnes dans le monde. Ce lea-
der mondial avait déjà fait le
buzz sur YouTube avec une
vidéo montrant une de ses
machines défiant le champion
d’Allemagne au ping-pong. Un
match que l’athlète remporte
avec peine, tant les algo-
rithmes qui le pilotent sont
sophistiqués.
Algorithme? Cette merveil-
leuse capacité donnée à la ma-
chine de procéder à une suite
d’opérations, comme un être
humain lorsqu’il recherche un
mot dans le dictionnaire: par
comparaison, il trouve la pre-
mière lettre du mot dans l’index,
puis la seconde et ainsi de suite
jusqu’à ce que le mot entier soit
identifié.
«Le robot porte, emballe ou
étiquette», explique Ulrike
Kroehling,chargéedesrelations
publiques chez Kuka. «Grâce
aux technologies de l’informa-
tion et aux algorithmes, il inte-
ragit avec l’homme. Il est le bras
reliantleclientàunproduitqu’il
souhaite acquérir: article de
sport personnalisé ou textile
spécial. Il peut préparer votre
Birchermüesli.» C’est l’instru-
ment de la production de masse
personnalisée.
Les ventes ont quadruplé
Les fabricants de matériel robo-
tique surfent sur le succès. En
2015, les ventes mondiales ont
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quatre fois plus qu’en 2009. Un
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nombre 7000 avec une crois-
sance de 500 par an. Selon la
Fédération robotique interna-
tionale (IFR), 1,6 mio d’unités
au total travaillent dans les
usines du monde entier. Les
prévisions en annoncent
1,4 mio de plus dans deux ans.
Aux Etats-Unis, Amazon a doté
ses entrepôts de 15 000 robots
et racheté la firme qui les
conçoit,KivaSystems,cofondée
par Raffaello D’Andrea, au-
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Zurich. Le géant de l’e-com-
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mandes lors du black friday!
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sil, à Ansbach, en Bavière, Kuka
participe à la robotisation de la
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sportif Adidas. Fabriquer des
baskets en Bavière? Antidote à
la désindustrialisation, le robot
contribue à la relocalisation
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«A côté d’une usine pilote d’où
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qui sera opérationnelle
dans quelques mois, confirme
Gerd Manz, chef de projet chez
Adidas. Elle va permettre de pas-
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tissements, car l’opération est
secrète. L’équipementier en-
gage le robot quand il en a be-
soin et conserve l’intervention
humaine dans la chaîne auto-
matisée. La speedfactory mé-
rite son  nom. Objectif visé:
500 000 paires par an. Le pre-
mier lot est parti en 15 jours au
prix de 249 euros (265 fr.) la
paire. Cette usine du futur per-
met de réduire le temps de déve-
loppement de 18 mois à 5 se-
maines, de sa conception par le
designer à l’utilisation par le
sportif. L’article produit «en Al-
lemagne pour l’Allemagne»
(made for Germany) cible mieux
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local que s’il est produit en Asie.
«Remade» in America
Une autre speedfactory est en
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et sera opérationnelle cette année
encore. Le robot relocalisera une
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sportifs américains ont depuis
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nam. Tant sur le site allemand
qu’américain, 160 postes de tra-
vail, dont des automaticiens, sont
prévus. Selon l’IFR, de 2010 à
2015, pas moins de 135 000 ro-
bots ont été installés dans les
usines nord-américaines alors
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été créées dans l’automobile, l’ai-
dant ainsi à remonter la pente.
Si on connaît bien le robot
dans l’industrie lourde, la fi-
nesse des développements tech-
nologiques ouvre son emploi au
vêtement, pour fabriquer jeans,
robes et jupes. En Géorgie, à
Atlanta, Softwear Automation
a développé Sewbots©
, «une
couturière» robotisée calibrée
pour façonner les tissus. Des
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USA», face au «made in China».
«C’est un vrai challenge, car
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Peter Santora, chef des ventes.
«Elle ne supporte pas les coûts
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est de taille. Autre problème: le
succès des matières respirables,
élastiques et très légères, mais
très difficiles à manipuler pour
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utilisons sensors et caméras
pour notamment cartographier
le tissu», ajoute Peter Santora.
«Notre machine procède
comme une voiture autonome:
elle s’adapte à la route.»
S’adaptera-t-elle aux exi-
gences du marché? Le mana-
ger n’en doute pas. Sa start-up
passera de 20 à 40 collabora-
teurs ces six prochains mois.
Pourquoi pas faire de ce robot
l’attraction d’une prochaine
cérémonie des JO? Il ne se
contenterait pas de porter une
athlète en direct mais serait
capable de lui confectionner sa
robe de scène. L
ÉQUIPEMENT EN ROBOTS
INDUSTRIELS, PAR ANNÉE
2014
2015
2016
2017
2018
2019
0 50000 100000 150000 200000
Asie/Australie Europe Amérique
UNITÉS
HISTOIRE DU ROBOT
INDUSTRIEL EN 8 ÉTAPES
1959
1. Unimate, premier
robot industriel de la
société américaine
Unimation. Utilisé dans
l’industrie automobile
pour le soudage et
l’assemblage. Il pesait
2 t et était contrôlé par
un programme enre-
gistré sur un tambour
magnétique.
1969
2. General Motors
(GM) introduit la pre-
mière soudure robo-
tisée sur ses chaînes.
Diminue la dangerosité
de cette tâche.
Infographie: V. Regidor
Sources: World Robotics 2016,
International Federation of Robotics
Photo principale: KEYSTONE
«Notre robot
agit comme
une voiture
autonome:
il s’adapte
à la route» Peter Santora
LE ROBOT
FAIT SA STAR
DESTINATIONS
VACANCES IBÉRIQUES
L’Espagne et le Portugal fi-
gurent parmi les destinations
les plus prisées des adeptes
des vacances balnéaires en
2017, selon les tendances
présentées par les voyagistes
helvétiques. Au vu de l’explo-
sion de la demande, les réser-
vations s’effectueront très à
l’avance, selon Walter Kunz,
directeur de la Fédération
suisse du voyage. ATS
SWISS LIFE
UNITÉ FERMÉE À LUGANO
Swiss Life Asset Managers,
l’unité de gestion de fortune
de l’assureur zurichois, va
fermer ses bureaux à Lugano
d’ici à la fin de l’année. Dans
le cadre d’une réorganisation
de ses services en Suisse, elle
va transférer à Zurich les acti-
vités de sa succursale tessi-
noise. Au total, 30 collabora-
teurs au maximum sont
concernés. ATS
Primes doublées d’ici à 2030
Assurance-maladie L La so-
ciété de conseil EY (Ernst &
Young) estime que les primes
d’assurance-maladie vont plus
que doubler d’ici à 2030. Elles
ne seront plus supportables
pour une grande partie de la
population.
En une douzaine d’années,
les coûts de santé devraient
augmenter de 60% en Suisse, à
116 milliards de francs, selon
une étude d’EY publiée hier.
Alors qu’en 2014, 6% en
moyenne du revenu des mé-
nages étaient consacrés aux
primes-maladie, cette part re-
présenterait 11% en 2030, éva-
luent les analystes du cabinet de
conseil et d’audit.
Cette augmentation massive
des coûts réduira le pouvoir
d’achat des ménages de ma-
nière significative, poursuit EY.
Aujourd’huidéjà,lespersonnes
privées contribuent à hauteur
de deux tiers au financement
du système suisse de santé. Et
cette participation va encore
augmenter.
Mais EY part aussi du prin-
cipe que les assureurs-maladie
peuvent freiner la hausse des
coûts de la santé. Le Conseil fé-
déral a ainsi chiffré le potentiel
d’efficacité à 20%.
Des coûts peuvent être évités
grâce à une prévention intelli-
gente basée sur les données et
une supervision habile. Avec la
numérisation, les assureurs-
maladie disposent de gros vo-
lumes de données, sur la base
desquelles la prévention, la dé-
tection précoce et le traitement
des maladies peuvent être amé-
liorés de façon radicale, écrivent
les auteurs de l’étude.
Aujourd’hui déjà, comme le
montre un sondage d’EY auprès
de 400 Alémaniques, près de la
moitié des assurés enregistrent
volontairement des informa-
tions sur leur santé. L ATS
Victoire pour deux banquiers
Données L La justice zuri-
choise a interdit la transmission
des données personnelles de
deux employés de banque aux
Etats-Unis. Les principaux inté-
ressés ne sont pas des «gros
poissons» en matière de délit
fiscal. Le programme américain
de dénonciation de banquiers
incriminés, qui a mis fin au
conflit fiscal avec la Suisse, s’est
en outre achevé à la fin 2016.
La Cour suprême zurichoise
a confirmé, dans un jugement
publié hier, le verdict du Tribu-
nal des prud’hommes de Zurich.
Ce dernier avait déjà donné
suite au recours des deux em-
ployés de banque contre leurs
employeurs respectifs.
Chargés de la gestion de for-
tune de clients étrangers, tous
deux travaillaient à Zurich au-
près de deux banques. Leurs
employeurs étaient classés par
les autorités américaines dans
la catégorie 2 des établisse-
ments financiers, dans le cadre
du programme de poursuite de
l’évasion fiscale.
Ces deux banques avaient
donc commis des délits fiscaux
aux Etats-Unis. Elles étaient
contraintes de transmettre l’en-
semble des données concernées
aux Etats-Unis. Dans les deux
cas présents, les deux banques
étaient prêtes à livrer les don-
nées personnelles de leur em-
ployé impliqué. Les deux ban-
quiers s’y sont toutefois opposés
avec succès en déposant un re-
cours en justice.
Les deux employés n’ont eu
affaire à des clients américains
que de manière restreinte, esti-
ment les juges cantonaux. Le
fait que les Etats-Unis doivent se
passer de leurs données n’en-
traînera donc sans doute au-
cune escalade supplémentaire
du conflit fiscal.
Les faits reprochés aux deux
hommes ne menacent en outre
pas la place financière suisse ni
la réputation de la Suisse en
tant que partenaire de négocia-
tion fiable. Les juges cantonaux
estiment donc que la protection
de la personnalité des deux em-
ployés de banque est prépondé-
rante dans ce cas par rapport
aux intérêts des Etats-Unis.
La justice zurichoise a été
confrontée à de nombreux re-
cours de ce type au cours des
dernières années. Nombre
d’entre eux ont été écartés.
Entre-temps, le conflit fiscal
entre les Etats-Unis et la Suisse
s’est apaisé. Lancé en 2013, le
programme américain d’auto-
dénociation de l’évasion fiscale,
qui devait clore le conflit avec la
Suisse, s’est achevé en 2016. En
quatre ans, les Etats-Unis ont pu
contraindre des dizaines de
banques suisses à des accords
de conciliation. L ATS

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  • 1. Fait du Jour2 MERCREDI 1er FÉVRIER 2017 La robotisation tueuse d’emplois? Dans l’industrie, elle permet aussi de relocaliser la fabrication de baskets en K PIERRE-ANDRÉ SIEBER Innovation L A la cérémonie d’ouverture des Jeux paralym- piques de Rio, un robot indus- triel sert de partenaire de cho- régraphie à l’athlète Amy Purdy. Au rythme de la mu- sique de Sergio Méndes, son unique bras mécanique s’étend comme un tentacule de fer. Il soulève la sportive comme un fétu de paille, joue avec elle et la repose sur le sol. Le geste est fluide, presque humain. Son épaulé-jeté de 300 kg et son temps de réaction d’une demi-seconde sont époustou- flants. Dans le stade de Mara- cana ébahi, c’est presque lui la star. Ce partenaire de métal est sorti des usines de la société allemande Kuka basée à Augs- burg employant 12 300 per- sonnes dans le monde. Ce lea- der mondial avait déjà fait le buzz sur YouTube avec une vidéo montrant une de ses machines défiant le champion d’Allemagne au ping-pong. Un match que l’athlète remporte avec peine, tant les algo- rithmes qui le pilotent sont sophistiqués. Algorithme? Cette merveil- leuse capacité donnée à la ma- chine de procéder à une suite d’opérations, comme un être humain lorsqu’il recherche un mot dans le dictionnaire: par comparaison, il trouve la pre- mière lettre du mot dans l’index, puis la seconde et ainsi de suite jusqu’à ce que le mot entier soit identifié. «Le robot porte, emballe ou étiquette», explique Ulrike Kroehling,chargéedesrelations publiques chez Kuka. «Grâce aux technologies de l’informa- tion et aux algorithmes, il inte- ragit avec l’homme. Il est le bras reliantleclientàunproduitqu’il souhaite acquérir: article de sport personnalisé ou textile spécial. Il peut préparer votre Birchermüesli.» C’est l’instru- ment de la production de masse personnalisée. Les ventes ont quadruplé Les fabricants de matériel robo- tique surfent sur le succès. En 2015, les ventes mondiales ont atteint 248 000 unités, soit quatre fois plus qu’en 2009. Un record. En Suisse, on en dé- nombre 7000 avec une crois- sance de 500 par an. Selon la Fédération robotique interna- tionale (IFR), 1,6 mio d’unités au total travaillent dans les usines du monde entier. Les prévisions en annoncent 1,4 mio de plus dans deux ans. Aux Etats-Unis, Amazon a doté ses entrepôts de 15 000 robots et racheté la firme qui les conçoit,KivaSystems,cofondée par Raffaello D’Andrea, au- jourd’hui professeur de l’ETH Zurich. Le géant de l’e-com- merce n’y coupe pas s’il veut satisfaire 368  mio de com- mandes lors du black friday! Loin des paillettes et du Bré- sil, à Ansbach, en Bavière, Kuka participe à la robotisation de la production d’une chaussure high-tech de l’équipementier sportif Adidas. Fabriquer des baskets en Bavière? Antidote à la désindustrialisation, le robot contribue à la relocalisation d’une production que l’on croyait partie à jamais en Asie. «A côté d’une usine pilote d’où sont sorties 500 paires de ­chaussures à titre d’essai, nous sommes en train de construire une nouvelle fabrique de 4600 m2 qui sera opérationnelle dans quelques mois, confirme Gerd Manz, chef de projet chez Adidas. Elle va permettre de pas- ser à la production en série.» Pas de chiffres sur les inves- tissements, car l’opération est secrète. L’équipementier en- gage le robot quand il en a be- soin et conserve l’intervention humaine dans la chaîne auto- matisée. La speedfactory mé- rite son  nom. Objectif visé: 500 000 paires par an. Le pre- mier lot est parti en 15 jours au prix de 249 euros (265 fr.) la paire. Cette usine du futur per- met de réduire le temps de déve- loppement de 18 mois à 5 se- maines, de sa conception par le designer à l’utilisation par le sportif. L’article produit «en Al- lemagne pour l’Allemagne» (made for Germany) cible mieux et plus vite les goûts du client local que s’il est produit en Asie. «Remade» in America Une autre speedfactory est en train de sortir de terre à Atlanta et sera opérationnelle cette année encore. Le robot relocalisera une activité que des équipementiers sportifs américains ont depuis belle lurette déplacée au Viet- nam. Tant sur le site allemand qu’américain, 160 postes de tra- vail, dont des automaticiens, sont prévus. Selon l’IFR, de 2010 à 2015, pas moins de 135 000 ro- bots ont été installés dans les usines nord-américaines alors que 230 000 places de travail ont été créées dans l’automobile, l’ai- dant ainsi à remonter la pente. Si on connaît bien le robot dans l’industrie lourde, la fi- nesse des développements tech- nologiques ouvre son emploi au vêtement, pour fabriquer jeans, robes et jupes. En Géorgie, à Atlanta, Softwear Automation a développé Sewbots© , «une couturière» robotisée calibrée pour façonner les tissus. Des géants du prêt-à-porter comme H & M l’utilisent. Elle est une arme pour le retour du «made in USA», face au «made in China». «C’est un vrai challenge, car l’industrie textile travaille sur de petites marges», explique Peter Santora, chef des ventes. «Elle ne supporte pas les coûts de robots onéreux.» Quand on sait qu’un tee- shirt se vend 19 dollars contre 40 000 pour une voiture, le défi est de taille. Autre problème: le succès des matières respirables, élastiques et très légères, mais très difficiles à manipuler pour un robot. «Chez Softwear, nous utilisons sensors et caméras pour notamment cartographier le tissu», ajoute Peter Santora. «Notre machine procède comme une voiture autonome: elle s’adapte à la route.» S’adaptera-t-elle aux exi- gences du marché? Le mana- ger n’en doute pas. Sa start-up passera de 20 à 40 collabora- teurs ces six prochains mois. Pourquoi pas faire de ce robot l’attraction d’une prochaine cérémonie des JO? Il ne se contenterait pas de porter une athlète en direct mais serait capable de lui confectionner sa robe de scène. L ÉQUIPEMENT EN ROBOTS INDUSTRIELS, PAR ANNÉE 2014 2015 2016 2017 2018 2019 0 50000 100000 150000 200000 Asie/Australie Europe Amérique UNITÉS HISTOIRE DU ROBOT INDUSTRIEL EN 8 ÉTAPES 1959 1. Unimate, premier robot industriel de la société américaine Unimation. Utilisé dans l’industrie automobile pour le soudage et l’assemblage. Il pesait 2 t et était contrôlé par un programme enre- gistré sur un tambour magnétique. 1969 2. General Motors (GM) introduit la pre- mière soudure robo- tisée sur ses chaînes. Diminue la dangerosité de cette tâche. Infographie: V. Regidor Sources: World Robotics 2016, International Federation of Robotics Photo principale: KEYSTONE «Notre robot agit comme une voiture autonome: il s’adapte à la route» Peter Santora LE ROBOT FAIT SA STAR DESTINATIONS VACANCES IBÉRIQUES L’Espagne et le Portugal fi- gurent parmi les destinations les plus prisées des adeptes des vacances balnéaires en 2017, selon les tendances présentées par les voyagistes helvétiques. Au vu de l’explo- sion de la demande, les réser- vations s’effectueront très à l’avance, selon Walter Kunz, directeur de la Fédération suisse du voyage. ATS SWISS LIFE UNITÉ FERMÉE À LUGANO Swiss Life Asset Managers, l’unité de gestion de fortune de l’assureur zurichois, va fermer ses bureaux à Lugano d’ici à la fin de l’année. Dans le cadre d’une réorganisation de ses services en Suisse, elle va transférer à Zurich les acti- vités de sa succursale tessi- noise. Au total, 30 collabora- teurs au maximum sont concernés. ATS Primes doublées d’ici à 2030 Assurance-maladie L La so- ciété de conseil EY (Ernst & Young) estime que les primes d’assurance-maladie vont plus que doubler d’ici à 2030. Elles ne seront plus supportables pour une grande partie de la population. En une douzaine d’années, les coûts de santé devraient augmenter de 60% en Suisse, à 116 milliards de francs, selon une étude d’EY publiée hier. Alors qu’en 2014, 6% en moyenne du revenu des mé- nages étaient consacrés aux primes-maladie, cette part re- présenterait 11% en 2030, éva- luent les analystes du cabinet de conseil et d’audit. Cette augmentation massive des coûts réduira le pouvoir d’achat des ménages de ma- nière significative, poursuit EY. Aujourd’huidéjà,lespersonnes privées contribuent à hauteur de deux tiers au financement du système suisse de santé. Et cette participation va encore augmenter. Mais EY part aussi du prin- cipe que les assureurs-maladie peuvent freiner la hausse des coûts de la santé. Le Conseil fé- déral a ainsi chiffré le potentiel d’efficacité à 20%. Des coûts peuvent être évités grâce à une prévention intelli- gente basée sur les données et une supervision habile. Avec la numérisation, les assureurs- maladie disposent de gros vo- lumes de données, sur la base desquelles la prévention, la dé- tection précoce et le traitement des maladies peuvent être amé- liorés de façon radicale, écrivent les auteurs de l’étude. Aujourd’hui déjà, comme le montre un sondage d’EY auprès de 400 Alémaniques, près de la moitié des assurés enregistrent volontairement des informa- tions sur leur santé. L ATS Victoire pour deux banquiers Données L La justice zuri- choise a interdit la transmission des données personnelles de deux employés de banque aux Etats-Unis. Les principaux inté- ressés ne sont pas des «gros poissons» en matière de délit fiscal. Le programme américain de dénonciation de banquiers incriminés, qui a mis fin au conflit fiscal avec la Suisse, s’est en outre achevé à la fin 2016. La Cour suprême zurichoise a confirmé, dans un jugement publié hier, le verdict du Tribu- nal des prud’hommes de Zurich. Ce dernier avait déjà donné suite au recours des deux em- ployés de banque contre leurs employeurs respectifs. Chargés de la gestion de for- tune de clients étrangers, tous deux travaillaient à Zurich au- près de deux banques. Leurs employeurs étaient classés par les autorités américaines dans la catégorie 2 des établisse- ments financiers, dans le cadre du programme de poursuite de l’évasion fiscale. Ces deux banques avaient donc commis des délits fiscaux aux Etats-Unis. Elles étaient contraintes de transmettre l’en- semble des données concernées aux Etats-Unis. Dans les deux cas présents, les deux banques étaient prêtes à livrer les don- nées personnelles de leur em- ployé impliqué. Les deux ban- quiers s’y sont toutefois opposés avec succès en déposant un re- cours en justice. Les deux employés n’ont eu affaire à des clients américains que de manière restreinte, esti- ment les juges cantonaux. Le fait que les Etats-Unis doivent se passer de leurs données n’en- traînera donc sans doute au- cune escalade supplémentaire du conflit fiscal. Les faits reprochés aux deux hommes ne menacent en outre pas la place financière suisse ni la réputation de la Suisse en tant que partenaire de négocia- tion fiable. Les juges cantonaux estiment donc que la protection de la personnalité des deux em- ployés de banque est prépondé- rante dans ce cas par rapport aux intérêts des Etats-Unis. La justice zurichoise a été confrontée à de nombreux re- cours de ce type au cours des dernières années. Nombre d’entre eux ont été écartés. Entre-temps, le conflit fiscal entre les Etats-Unis et la Suisse s’est apaisé. Lancé en 2013, le programme américain d’auto- dénociation de l’évasion fiscale, qui devait clore le conflit avec la Suisse, s’est achevé en 2016. En quatre ans, les Etats-Unis ont pu contraindre des dizaines de banques suisses à des accords de conciliation. L ATS