1. 1
Denys d’Halicarnasse
Denys d’Halicarnasse (en grec ancien ∆ιονύσιος / Dionýsios), né vers
60 av. J.-C. à Halicarnasse, mort après l'an 8 av. J.-C., sans doute à
Rome, est un rhéteur et historien grec.
2. 2
1.1 Table des Matières
1.1
1.2
1.3
1.4
1.5
Table des Matières .............................................................................................. 2
Biographie........................................................................................................... 3
Les Antiquités romaines ..................................................................................... 4
Les ouvrages de rhétorique ................................................................................. 6
Œuvres ................................................................................................................ 8
3. 3
1.2 Biographie
Né avant l'an 53 av. J.-C., année de l'expédition de Crassus contre
les Parthes1, il vient à Rome en 30/29 av. J.-C2., sans doute encore
jeune car il déclare qu'il doit à Rome son éducation (παιδεία)3. Il s'y
mêle à une société cultivée, formée de Grecs établis dans la capitale
de l'Empire (Caecilius de Calé Acté, Démétrius de Magnésie, Zénon
le Grammairien, Ammæus...), puis de Romains de moyenne
condition (Cn. Pompeius, sans doute un affranchi lettré issu de la
maison du grand Pompée), enfin de plusieurs membres de
l'aristocratie (Rufus Melitius, dont le fils fut son élève, l'historien
Lucius Aelius Tubero, et d'autres encore). Il enseigne la littérature
grecque, en tout cas comme précepteur privé, mais rien ne prouve
qu'il ait tenu école à proprement parler. Il publie plusieurs ouvrages.
Le seul repère chronologique qu'on ait après son arrivée à Rome est
la rédaction de la préface des Antiquités romaines : vingt-deux ans
après4, donc en 8 av. J.-C. On ignore la date de sa mort (sans doute
peu de temps après)
1
Antiquités romaines, II, 6 : « quand, de mon temps, Licinius Crassus, le premier général de son époque,
conduisit son armée en Parthie ».
2
Ibid., I, 7 : « Je suis arrivé en Italie quand César Auguste a mis fin aux guerres civiles, au milieu de la
187e olympiade ».
3
Ibid., I, 6.
4
Ibid., I, 7
4. 4
1.3 Les Antiquités romaines
Il est surtout célèbre pour son grand ouvrage historiographique,
intitulé Histoire ancienne de Rome (ou Antiquités romaines, en grec
Ῥωµαϊκὴ Ἀρχαιολογία / Rhōmaïkḕ Arkhaiología). Il était à l'origine
constitué de vingt livres et faisait le récit chronologique des débuts de
la puissance romaine depuis les origines légendaires (l'Italie préromaine, objet du livre I après la préface, § 9-90) jusqu'au
déclenchement de la première guerre punique (264 av. J.-C.), qui
marque le commencement de l'Histoire de Polybe, Denys s'étant fixé
pour sujet de raconter les événements antérieurs à celle-ci. De ces
vingt livres il nous reste les onze premiers (le livre XI étant
incomplet), c'est-à-dire le récit jusqu'en 443 av. J.-C. (ce qui est aussi
la matière des trois premiers livres et du début du quatrième de TiteLive). Pour les neuf livres suivants (443 - 264 av. J.-C.), il n'en reste
que des fragments contenus dans deux anthologies thématiques (Sur
les ambassades et Sur les vertus et les vices) de l'empereur byzantin
Constantin Porphyrogénète.
Dans la préface (I, § 1-8), l'auteur célèbre la grandeur sans
précédent de Rome et exprime sa gratitude envers elle (§ 6 : «
remercier le mieux que je le puisse cette cité pour l'éducation et les
autres avantages dont j'y ai joui depuis que j'y réside »). Il y cite ses
sources, qui sont des historiographes romains anciens ou
contemporains : les Origines de Caton l'Ancien, les Annales de
Fabius Pictor, celles de Gnaeus Gellius, celles de Calpurnius Piso
Frugi, celles de Valerius Antias, celles de Caius Licinius Macer,
l'Histoire de Lucius Aelius Tubero, « et beaucoup d'autres ».
Dans cet ouvrage, Denys a comme objectifs de rattacher les origines
de Rome à la Grèce antique et d'exposer comment la cité romaine,
une polis idéale, devint le centre du monde. Ce faisant, il contribue à
une réécriture du passé romain idéalisé dans la perspective impériale
augustéenne. Il devient, par la suite, une source importante pour les
écrivains grecs postérieurs qui ont traité de l'histoire romaine :
Plutarque, Appien et Dion Cassius l'ont utilisé.
En I, 74, Denys fait un point sur les questions de datation, et sur les
rapports entre les dates de l'histoire romaine et celles de l'histoire
grecque (le nombre d'années entre la guerre de Troie et la fondation
de Rome), et il signale qu'il avait écrit un traité à part sur ces
questions, où il défendait le système adopté par Ératosthène dans sa
5. 5
Chronographie. Ce traité est cité par Clément d'Alexandrie dans ses
Stromata, et il est mentionné par la Souda.
6. 6
1.4 Les ouvrages de rhétorique
À côté de ces ouvrages historiques, Denys d'Halicarnasse est avant
tout un rhéteur, c'est-à-dire notamment un historien de la littérature
grecque, rôle auquel ses thèses sur l'origine grecque de Rome l'ont
longtemps cantonné chez les historiens modernes. Ses autres
ouvrages de ce domaine parvenus jusqu'à nous sont les suivants :
les Études sur les anciens orateurs (Περὶ τῶν ἀρχαίων ῥητόρων
ὑποµνηµατισµοί), consacrées à l'origine à six orateurs attiques,
répartis en deux générations (d'abord Lysias, Isocrate et Isée ;
ensuite Démosthène, Hypéride et Eschine) ; il ne nous reste que la
première partie ; chaque étude comprend la biographie de l'orateur,
la définition de son style, sa manière de composer les discours, enfin
un choix d'extraits ; la préface est un manifeste passionné contre la
rhétorique « asiatique », contre laquelle il défend l'atticisme ;
une Étude sur Dinarque, publiée après les précédentes ;
un Traité de l'arrangement des mots (Περὶ συνθέσεως ὀνοµάτων),
dédié à son jeune élève Rufus Melitius, qui se présente comme la
première partie d'une théorie du style (la seconde partie devait être
consacrée au choix des mots, Περὶ ἐκλογῆς ὀνοµάτων) ; c'est une
étude très précise sur le style des écrivains grecs, avec un grand
nombre de citations précieuses (entre autres un hymne de Sappho à
Aphrodite et une partie d'un dithyrambe de Pindare) ;
un traité Sur la force du style de Démosthène (Περὶ τῆς λεκτικῆς
∆ηµοσθένους δεινότητος), qui devait être complété par un autre Sur
la force des idées et de la composition chez Démosthène (Περὶ τῆς
πραγµατικῆς ∆ηµοσθένους δεινότητος), tentative de démonstration
de l'idée de l'auteur que Démosthène est le plus grand prosateur
grec, supérieur à Thucydide et à Platon qui avaient aussi leurs
partisans ;
un traité Sur l'imitation (Περὶ µιµήσεως), sur la nécessité de l'imitation
méthodique des grands écrivains ; il n'en reste que trois morceaux, à
savoir la préface, une série de jugements sur le style des grands
historiens
(Hérodote,
Thucydide,
Xénophon,
Philistos
et
Théopompe), et une autre série de jugements qui nous est parvenue
sous une forme abrégée sous le titre Jugements sur les anciens
(Ἀρχαίων κρίσις) ;
une étude Sur le caractère de Thucydide (Περὶ τοῦ Θουκυδίδου
χαρακτῆρος).
7. 7
En outre, Denys avait écrit un traité Sur la philosophie politique
(auquel il fait allusion, Caract. de Thuc., § 2), et un autre Sur les
figures (dont parle Quintilien, IX, 89). Le traité Sur le choix des mots
paraît avoir bel et bien été écrit, car il est cité par le scholiaste
d'Hermogène de Tarse. La Rhétorique que nous possédons sous le
nom de Denys d'Halicarnasse n'est qu'une compilation d'extraits de
différents auteurs, dont peut-être aucun n'est vraiment de Denys.
On conserve d'autre part trois lettres de Denys portant sur des sujets
d'histoire littéraire : deux adressées à Ammæus (l'une pour prouver
que la Rhétorique d'Aristote est postérieure aux discours de
Démosthène, l'autre sur les particularités du style de Thucydide), et
une à Cn. Pompeius (contenant des jugements littéraires sur Platon
et plusieurs historiens).
8. 8
1.5 Œuvres
Antiquités romaines ;
Traité de l'arrangement des mots (Περὶ συνθέσεως ὀνοµάτων ; De
compositione verborum), traité rédigé à l'intention d'un étudiant en
rhétorique ;
Sur l'imitation (Περὶ µιµήσεως ; De imitatione), traité en trois livres,
dont nous n'avons conservé que des fragments des deux premiers,
un épitome du livre II et une longue citation du livre II insérée par
Denys lui-même dans la deuxième partie de sa "Lettre à Pompée
Géminos" ;
Orateurs antiques (Περὶ τῶν ἀρχαίων ῥητόρων ὑποµνηµατισµοί ; De
antiquis oratoribus), œuvre critique en deux livres :
Le premier, Orateurs anciens, qui nous est parvenu entièrement, est
composé de trois études distinctes consacrées respectivement à
Lysias, Isocrate et Isée, précédées d'un prologue ;
II. les orateurs modernes : Démosthène, Eschine, Hypéride ;
Sur l'orateur Dinarque (Περὶ ∆εινάρχου ; De Dinarcho), traité
consacré à l'orateur Dinarque, qui serait un appendice aux "Orateurs
antiques" ;
Chronologies grecques et romaines ;
Examen de Thucydide ;
Première lettre à Ammée (Πρὸς Ἀµµαῖον ἐπιστολὴ ἀ' ; Ad Ammaeum
: I), lettre polémique sur Démosthène et Aristote ;
Seconde lettre à Ammée, sur Thucydide ;
Lettre à Pompée Géminos (Πρὸς Ποµπήιον Γέµινον ἐπιστολή ;
Epistula ad Pompeium Geminum), lettre sur le style de Platon, dont la
deuxième partie contient une longue citation du L. II du traité "De
l'imitation" du même auteur