Purificateurs et humidificateurs font souvent plus de mal
que de bien
Les appareils qui prétendent
améliorer la qualité de l’air fleurissent sur le marché. Mais ils apportent souvent davantage
patients s’ils ont un humidificateur chez eux. Si oui, ça nous met en alerte et nous leur conseillons de les éviter.»
Des problèmes hygiéniques
Véritables réservoirs d’eau stagnante, les humidificateurs ont tendance à causer des problèmes d’hygiène importants. «Si l’on n’est pas très carré en termes de net- toyage, des bactéries ou des spores peu-
vent s’y développer et sont ensuite en- voyées dans l’air, entraînant des inflam- mations des muqueuses, voire des cri-
ses d’asthme», explique le toxicologue.
«On sait que les appareils
bon marché
ont un mauvais rendement, quant aux autres, on se trouve dans une zone grise»
Dr Camillo Ribi, médecin adjoint au service d’immunologie
et allergie du CHUV
Selon l’OFSP, cet inconvénient con- cerne surtout les appareils qui fonc-
tionnent par pulvérisation, qu’ils soient ou non équipés d’un mécanisme à ultra- sons, censé pourtant détruire les germes.
«Seuls les appareils fonctionnant par ga- zéification ou par évaporation ne polluent pas en principe l’air avec des contamina- tions microbiennes», précise l’institution.
Purificateurs
À cause des polluants émis par les maté- riaux de construction, les produits de net- toyage ou les cosmétiques, l’air intérieur est plus nocif que l’air extérieur. Surfant sur la médiatisation de ce problème, les purificateurs font, eux, de l’élimination de ces particules leur principal argument. Ce- pendant, ni harmonisés ni réglementés, leur valeur n’a toujours pas été démon- trée. «On sait que les appareils bon mar- ché ont un mauvais rendement, quant aux autres, on se trouve dans une zone grise», précise l’allergologue.
Chers et pas si efficaces
L’entretien de ces appareils déjà coûteux (de 80 à 700 francs, certains pouvant dé- passer les 1000 francs) peut vite devenir cauchemardesque, car le filtre doit être changé chaque mois pour parvenir à un résultat. «Mieux vaut se contenter de pas- ser l’aspirateur, car malgré ce que préten- dent les fabricants, les purificateurs ne sont pas efficaces pour capter dans l’air les grosses particules, comme les poils de chat ou le pollen, qui sédimentent vite quand elles ne sont pas exposées au vent», assure Vincent Perret.
Des risques pour la santé
Sil’ondésiretoutdemêmeacheterunpu- rificateur d’air, il est important de choisir un dispositif de filtrage à particules certi- fié HEPA qui absorbe les polluants à l’aide de charbons actifs. «Pour les autres modè- les, qu’il s’agisse de systèmes à oxydation, photocatalyse ou ionisation, la plupart émettent non seulement de l’ozone, mais aussi des aldéhydes, des polluants irri- tants et néfastes pour la santé», dénonce le toxicologue.
de problèmes qu’ils n’en résolvent.
1. Le Matin Dimanche
4 novembre 201852 Bien vivre
Purificateursethumidificateurs
fontsouventplusdemal
quedebien
Les appareilsquiprétendent
améliorerlaqualitédel’air
fleurissentsurlemarché.
Maisilsapportent
souventdavantage
de problèmesqu’ils
n’enrésolvent.
patients s’ils ont un humidificateur chez
eux. Si oui, ça nous met en alerte et nous
leur conseillons de les éviter.»
Des problèmes hygiéniques
Véritables réservoirs d’eau stagnante, les
humidificateurs ont tendance à causer des
problèmes d’hygiène importants. «Si l’on
n’est pas très carré en termes de net-
toyage, des bactéries ou des spores peu-
vent s’y développer et sont ensuite en-
voyées dans l’air, entraînant des inflam-
mations des muqueuses, voire des cri-
ses d’asthme», explique le
toxicologue.
Selon l’OFSP, cet inconvénient con-
cerne surtout les appareils qui fonc-
tionnent par pulvérisation, qu’ils soient
ou non équipés d’un mécanisme à ultra-
sons, censé pourtant détruire les germes.
«Seuls les appareils fonctionnant par ga-
zéification ou par évaporation ne polluent
pas en principe l’air avec des contamina-
tions microbiennes», précise l’institution.
Purificateurs
À cause des polluants émis par les maté-
riaux de construction, les produits de net-
toyage ou les cosmétiques, l’air intérieur
est plus nocif que l’air extérieur. Surfant
sur la médiatisation de ce problème, les
purificateurs font, eux, de l’élimination de
ces particules leur principal argument. Ce-
pendant, ni harmonisés ni réglementés,
leur valeur n’a toujours pas été démon-
trée. «On sait que les appareils bon mar-
ché ont un mauvais rendement, quant aux
autres, on se trouve dans une zone grise»,
précise l’allergologue.
Chers et pas si efficaces
L’entretien de ces appareils déjà coûteux
(de 80 à 700 francs, certains pouvant dé-
passer les 1000 francs) peut vite devenir
cauchemardesque, car le filtre doit être
changé chaque mois pour parvenir à un
résultat. «Mieux vaut se contenter de pas-
ser l’aspirateur, car malgré ce que préten-
dent les fabricants, les purificateurs ne
sont pas efficaces pour capter dans l’air les
grosses particules, comme les poils de
chat ou le pollen, qui sédimentent vite
quand elles ne sont pas exposées au vent»,
assure Vincent Perret.
Des risques pour la santé
Si l’on désire tout de même acheter un pu-
rificateur d’air, il est important de choisir
un dispositif de filtrage à particules certi-
fié HEPA qui absorbe les polluants à l’aide
de charbons actifs. «Pour les autres modè-
les, qu’il s’agisse de systèmes à oxydation,
photocatalyse ou ionisation, la plupart
émettent non seulement de l’ozone, mais
aussi des aldéhydes, des polluants irri-
tants et néfastes pour la santé», dénonce
le toxicologue.
«On sait
que les
appareils
bon marché
ont un mauvais
rendement,
quant aux autres,
on se trouve dans
une zone grise»
Dr Camillo Ribi, médecin
adjoint au service
d’immunologie
et allergie du CHUV
G
orge qui gratte, peau
qui tire, yeux qui pi-
quent… l’air sec est
de retour! Avec la
chute des tempéra-
tures, on se calfeutre bien au
chaud, radiateurs enclenchés
et fenêtres fermées. Mais
dans cette atmosphère sta-
gnante et sèche, les muqueu-
ses sont fragilisées. Alors,
pour éviter de tomber ma-
lade, est-ce le moment de se
procurer un humidificateur,
voire un purificateur d’air?
Depuis quelques années, ces
appareils fleurissent sur le mar-
ché. Ils visent le même but:
améliorer la qualité de l’air, mais
ont des fonctions différentes.
L’humidificateur ajoute de l’eau
dans l’air lorsque celui-ci est trop
sec, le purificateur élimine les impure-
tés, telles que les poussières ou les pol-
luants, qui irritent les voies respiratoires.
Présentés comme la condition sine qua
non d’une atmosphère intérieure saine et
d’un sommeil paisible, ils ne sont pour-
tant pas recommandés, voire parfois dé-
conseillés par les spécialistes.
Humidificateurs
S’il est vrai qu’avec le froid l’air devient
plus sec, cette impression cache souvent
un autre problème. «L’être humain n’est
pas bien doté pour identifier la sécheresse
de l’air», explique Vincent Perret, toxico-
logue auprès d’une entreprise genevoise
indépendante spécialisée en qualité de
l’air intérieur. «L’inconfort est plus fré-
quemment lié aux poussières ou aux pol-
luants présents dans les habitations,
comme les aldéhydes, des particules très
irritantes», explique-t-il.
Avant d’installer un tel appareil chez
soi, il est donc important de mesurer la
quantité d’eau dans l’air. Les valeurs nor-
males se situent entre 30% et 50% d’hu-
midité. «Seul un taux inférieur à 30% peut
justifier le recours à un humidificateur, si-
non les conséquences pourraient être bien
pires», prévient le toxicologue.
Une aubaine pour les moisissures
et les acariens
Sous nos latitudes, un excès d’humidité
est en fait une réalité très courante bien
qu’ignorée, surtout dans les bâtiments an-
ciens ou mal isolés. C’est pourquoi l’Office
fédéral de la santé publique (OFSP) met en
garde contre l’utilisation d’humidifica-
teurs «qui peuvent donner lieu à un ris-
que sanitaire important», comme des pro-
blèmes respiratoires engendrés par l’appa-
rition de moisissures.
Selon le Dr Camillo Ribi, médecin ad-
joint au service d’immunologie et allergie
du Centre hospitalier universitaire vau-
dois, un excès d’humidité peut aussi favo-
riser la prolifération d’acariens, qui provo-
quent des allergies respiratoires. «Au
CHUV, nous demandons toujours à nos
LYSIANE CHRISTEN
À l’intérieur, les
valeurs normales
d’hygrométrie se
situent entre 30%
et 50% d’humidité.
«Seul un taux
inférieur à 30%
peut justifier
le recours à un
humidificateur»,
prévient le
toxicologue
Vincent Perret.
iStockphoto
Les gestes simples qui réduisent
la sensation d’air sec
Selon les spécialistes, les
humidificateurs et purifica-
teurs d’air ont un effet per-
vers: ils détournent les indi-
vidus des gestes essentiels.
Car pour atténuer la sensa-
tion de sécheresse dans son
habitat, il suffit de suivre
quelques règles simples.
● Ouvrir les fenêtres
Aérer deux à trois fois par
jour pendant 5 à 10 minu-
tes pour évacuer les pol-
luants dégagés par les ma-
tériaux et les objets, tout
en chassant l’humidité.
Ceci permettra aussi de di-
minuer la présence de ra-
don, un gaz radioactif res-
ponsable de 20% des can-
cers pulmonaires.
● Faire le ménage
Les poussières peuvent
provoquer une irritation ou
un dessèchement des voies
respiratoires. C’est pour-
quoi il est important de
passer l’aspirateur. Un mo-
dèle muni d’un filtre HEPA
permet d’absorber les par-
ticules les plus fines.
● Changer
souvent les draps
Pour les personnes allergi-
ques, il est important de la-
ver régulièrement la literie,
car c’est surtout là que l’on
est en contact avec les aca-
riens. Il existe aussi des
housses imperméables
antiacariennes à mettre
sur le matelas.
● Bannir les parfums
d’ambiance et la fumée
Oubliez les bougies, les bâ-
tonnets d’encens, les hui-
les essentielles… et le ta-
bac. Ces produits émettent
des particules irritantes
et sensibilisantes.
● Mesurer le taux
d’humidité
Si les symptômes persis-
tent, il peut s’avérer judi-
cieux de se procurer un
hygromètre, qui mesure
la quantité d’eau dans l’air,
pour voir si le taux d’humi-
dité est inférieur à 30%.
On en trouve dans
le commerce à des prix
abordables.
● Baissez le chauffage
L’air est plus sec dans des
locaux surchauffés. Dans
les bâtiments bien isolés,
il est conseillé de diminuer
la température ambiante
jusqu’à 20 ou 21 degrés.
● Humidifier l’air
avec des astuces
de grand-mère
Poser un tissu humide –
propre – sur un radiateur,
faire sécher son linge dans
le salon, répartir la vapeur
dans l’appartement après
une douche, arroser ses
plantes… Les méthodes
sont infinies. Veiller cepen-
dant à ce que murs et fenê-
tres ne restent pas humi-
des sur une longue durée.