2. Artefacts retrouvés durant la campagne archéologique du Savoir de
2152 à 2287
Lettre N°7
Monsieurle chef du village de Kisaju,
Recevez notre gratitude et notre respect. Souverain et
bienfaiteurde cesterres.
J’aimerais attirer votre attention sur un grave problème aux
abords de notre village.En effet, année après année, nous avons
remarqué que la faune sauvage se réduisait.Nouspensons que
les étrangersblancs et leurscoutumes y sont pourquelque
chose. Nous n’avons pas vu de troupeaux de swahilis à moinsde
trois heures de marche. Certains pensent que la venue des
blancs est un signe du ciel. Mais je constate qu’ils se comportent
très mal au sein de notre communauté.
Monsieur le chef du village, vousdevez nous aider.Nousne
pouvons pas intervenir. Ils possèdent desarmes bien plus
puissantes que nous. Pouvez-vous nousaider à protéger la terre
de nos ancêtres ? Nous nous sentons coupablesde ne pasagir.
Monsieurle chef du village,avez-vous vu les atrocitéspratiquées
3. sur les swahilis ? Ils les chassent et ne prennent que les défenses,
laissant la bête pourrir au Soleil et dévorée par les charognards.
La tristesse dans nos yeux.
Monsieur le chef du village, entendez-vous l’appel des vôtres ?
Entendez-vous le cri des swahilis agonisants ? Ils ont acheté des
villageois pourles aider à les traquer dans les plaines de la
brousse.Nous soupçonnonsde la corruption au sein de notre
groupe.Tout était si bien avant leur arrivée.Aidez-nous s’il vous
plaît. Aidez les swahilis.
Nous vousdemandons un conseil de village le plus rapidement
possible. Nous pourrons en discuter tous ensemble afin de
trouver une solution équitable. Nous avons toute confiance en
vous et attendons votre réponse avec grande attention à
l’intérieur de la communauté.
(lettre des archives de Kisaju, traduite du Kiswahili, origine Kenyaen 1874)
4. Lettre N°23
Ayami ma fille.
Je ne sais pas si tu es encore de ce monde. Saches que si tu lis
ces mots, c’est que je ne suispluslà.
Je m’accroche à mes dernières forcespour t’écrire. Reçois mes
quelques mots.
Dans toute l’horreur de ce jour qui nous marquera à jamais.
J’ai gardée espoir en ton retour.
Ne sois pas triste pourmoi. Les brûluressur mon dos me
rappellent tousles jourscet instant.
L’hôpital militaire américain s’est très bien occupé de moi. Ils
étaient là jusqu’à la fin.
Ne leur en veut pas.Nous avons combattu dignement. Nous
avons payé le prix du sang.
Tant d’étincelles de vie éteintes. Tant de souffrance.
J’espère que tu as bonne santé et que tu es entrain d’aider à la
reconstruction de notre beau pays.
Souhaitant un monde meilleur pour les générations futuresavec
plus de dialogue envers l’étranger.
5. Ayami ma fille.
Tu me manques beaucoup. Tu vasénormément me manquer.
J’aurai tellement aimé te revoir.
Maintenant, mes souffrancesvont arriver à leurs fins et je serai
toujours auprès de toi.
En t’observant du monde des ombresavec ton père.
Tu resteras pour l’éternité notre fierté.
Soit libre ma fille. Soit libre comme la pétale de sakura au vent
printanier.
Ayami. Je t’aime ma fille.
Ta maman Yutsuki
(lettre retrouvée à Kyoto, traduitedu japonais, origine Hiroshima en 1946)
6. Lettre N°47
Bonjourmon petit Luiz,
Un petit mot de ton grand père qui pense tous les jours à toi.
J’espère que ta nouvelle vie à Sao Paulo se passe bien et que tu
t’es fait de nouveaux amis. Tu nousmanquesbeaucoup. Il n’y a
pas un jour où les voisins ne me parlent pas de toi.Je sais que tu
dois être très occupé par ton travail alors je leur disça pour
occuperle temps. Et tu sais les anciens du village,parfois il faut
répéter plusieurs fois.Enfin, tu connais nos anciens.
Je t’écris aussi pour t’annoncer la vente d’une petite partie de
notre forêt. Les derniers mois ont été durs financièrement.Ne
t’inquiète pas, ça va mieux maintenant. J’ai remboursé mes prêts
et le frigo est plein. Je peux même t’aidersi un jour tu as un
problème. Tu aurasjuste à me demander. En tout cas, les
acheteurs n’ont pas perdu de temps. Une semaine après, leurs
machines avaient coupé la parcelle.Le paysage reste beau
malgré ce rectangle dans la forêt. Ils m’ont annoncé qu’ils vont
faire des tests pour le futur de l’agronomie du pays. Tu peux être
fier de ton grand père je pense. J’ai mis ma pierre à l’édifice, toi
qui affectionne tant les projets futuristes.
J’espère avoir bientôt de tes nouvelles. Ta tante et sa petite
famille te passent le bonjour. Nous espéronstous te voir aux
vacances de janvier si tu le désires.Nous serions très heureux de
ta présence. Cela nous ferait très plaisir.
A bientôt mon petit..
Ton grand père Joao.
(lettre retrouvée à Vitoria, traduite du portugais, origine Cuiaba en 1986)
7. Lettre N°59
Monsieurle Ministre de la Transition écologique et solidaire,
En tant que mère de famille, je me permets de vous adresser
cette lettre qui, je l’espère,ne vouslaissera pas indifférent.
Comme beaucoup,j’écoute l’actualité, je lis des articlesde
presse ou regarde des documentairesà la télévision. Le
réchauffement climatique et seseffets sont régulièrement
évoqués.
L’avenir de notre planète est sombre.Du moins,c’est ce que je
perçois. On nous annonce même l’extinction de notre espèce.
Comment peut-on vivre cette projection ? Je suis tellement
inquiète pour ma famille et tous les êtresqui me sont chers. Des
campagnes de sensibilisation sont menées, certes, auprès de la
population,dans les écoles, mais n’est-ce pas trop tard ?
Dans les foyers, l’eau est économisée, moinsde produits
chimiques sont utilisés, la consommation électrique est réduite,
le tri sélectif fait partie du quotidien et certainespersonnes font
du covoiturage pour se rendre au travail, non seulement par
respect de la nature mais aussi parmesure d’économie. Certains
citoyens font des efforts et d’autres répandent cette pollution
visuelle appelée « dépôts d’ordures sauvages ». Qui n’a pas
découvert, au détour d’un chemin, au bord d’un cours d’eau,
8. dans un bosquet, un tas d’ordures,des vieux pneus, une épave de
véhicule ?
Les déchets que produit notre société deviennent de plus en plus
encombrants.Ces déchets ont deseffets directs sur notre
environnement et notre cadre de vie.
Les marques sont en partie concernées par cet abus, en limitant
la durée de nos biens. La commission européenne ne devrait-elle
pas intervenir auprès des industrielspour les sensibiliser ?
J’espère,parces idées,avoir contribué à sauver notre planète.
Je vous prie de croire, Monsieur le Ministre, en l’assurance de
ma considération très distinguée.
Kristen
(lettre retrouvée à Bruxelles, traduite de l’allemand, origine Zurich en 2031)
9. Lettre N°93
Qu’avons-nous fait ?
J’écris ses mots comme mes derniers, voulant laisserune humble
trace de mon existence sur cette planète. Cette planète qui fût
autrefois si paisible et habitable, est maintenant un monde de
désolation. Il y a bien longtemps que nous n’avons pas vu de
pluie par ici. Il n’y a que poussière et tristesse en héritage.
Qu’avons-nous fait ?
Nous avons laissé brûler notre maison sans rien faire. Notre
seule maison. C’est allé tellement vite. Subissons la punition de
la nature envers ses habitants peu respectueux.
Qu’avons-nous fait ?
(lettre datée de 2086, retrouvée dans les plaines désertiques de l’Alabama,
traduite de l’anglais, origine inconnue)