SlideShare une entreprise Scribd logo
1  sur  17
Télécharger pour lire hors ligne
Collectif de professionnels de la VR - www.vrstory.fr
30, rue du colonel Delorme - 93100 Montreuil - Tel : 01 43 63 70 00
VR StoryNuméro01-MAI2017
M A G A Z I N E
par Vincent Ravalec - Président de VR Story
POURQUOI
NOTRE REVUE ?
Chers lecteurs,
A tous, le temps manque.
Pourtant, être au courant des dernières nouveautés
techniques, s’informer sur les évolutions des matériels, sur
les tendances du marché... est, dans un monde qui bouge vite,
toujours plus nécessaire.
C’est donc pour cela que nous avons créé VR Story Magazine.
Cette revue digitale a pour objectif de vous donner des
informations claires et précises sur les tendances qui agitent
le petit monde de la réalité virtuelle.
La revue s’adresse aux professionnels de la communication
et de la création, pas forcément très à la pointe sur le sujet,
mais curieux d’en apprendre plus sur la réalité virtuelle.
Le contenu de VR Story magazine est le fruit des rencontres
occasionnées par notre collectif VR Story qui regroupe des
professionnels du cinéma, de la publicité, du documentaire,
de l’animation, des jeux vidéos... Tout ce petit monde partage
une même ambition : faire avancer la narration en VR sur un
marché encore naissant.
Alors, si vous aussi, vous êtes sensibles à notre démarche
et si vous appréciez notre revue, n’hésitez pas à rejoindre le
collectif en remplissant le formulaire qui se trouve à la fin de
notre revue. Vous recevrez ainsi le journal tous les trimestres
et vous pourrez échanger directement avec nous, par le biais
de notre plateforme Slack.
JOURNALISME VR
360 ET JOURNALISME
DEUX SAVEURS
CONTRAIRES QUI
DONNENT DU GOÛT
SUCRÉ. SALÉ. IL Y A COMME UN SOUFFLE QUI PASSE. UNE
AMBIANCE À SAISIR. OU PEUT-ÊTRE UNE OPPORTUNITÉ.
UNE MANIÈRE SI ÉTRANGE DE REGARDER LE TOUT COMME
S’IL N’ÉTAIT QU’UN. POUR UN JOURNALISTE, LA VR EST
DÉRANGEANTE. PEUT-ON AVOIR ENCORE UN REGARD QUAND
TOUT EST MONTRÉ ? PLUS DE FILTRE. LE SPECTATEUR REGARDE
LA RÉALITÉ DANS SON ÉVIDENCE, SANS QUELQU’UN POUR
LUI DIRE QU’EN PENSER. SUCRÉ. SALÉ. DEUX MONDES QUI
S’OPPOSENT, DEUX GOÛTS QUI S’AFFRONTENT. TÉMOIGNER
N’EST-CE PAS D’ABORD CHOISIR ? SUCRÉ. SALÉ. COMME EN
CUISINE, DE DEUX CONTRAIRES SE DÉGAGE FINALEMENT UNE
HARMONIE.
DANS LE MONDE LES RÉFUGIÉS
N’ONT JAMAIS ÉTÉ AUSSI
NOMBREUX DEPUIS LA SECONDE
GUERRE MONDIALE. LE NEW
YORK TIMES LEUR DONNE LA
PAROLE EN 360
Automne 2015. Le New York Times annonce qu’il va
tenter de raconter autrement des histoires. Comment?
En utilisant la réalité virtuelle. Pour le journal, icône de
la presse américaine, pilier de l’histoire des médias,
c‘est une prise de risque, un pas vers l’inconnu car, en
ce début d’hiver, il a tout à inventer. Comment raconter
une histoire en VR ? Comment filmer en enchaînant
des images qui n’ont pas de hors champ ? Comment
raconter sans regarder car la caméra en filmant le tout,
laisse le choix au spectateur ? Plus rien à cacher, plus
rien à sélectionner. Soudain, le reporter se trouve privé
de sa qualité première : faire le tri dans le désordre du
réel.
Pour sa première, le journal mise sur deux histoires,
l’une parlant d’un photographe à New York, et l’autre
ayant pour titre « The displaced ». Dans ce film, trois
enfants incarnent la vie des 60 millions de personnes
poussées de chez elles par la violence de la guerre.
Oleg, 11 ans, a quitté l'Est de l’Ukraine. Hana, 12 ans,
s’est installée au Liban fuyant la Syrie, et Chuol, 9 ans,
vit dans des marécages chassé de son village par les
affrontements qui déchirent le Soudan du Sud.
Une musique. Une classe en ruine. Et un enfant qui écrit
sur un tableau. Tout de suite, le spectateur est placé au
cœur du quotidien de la guerre. Les combats se sont
arrêtés. Tout est normal sauf cette classe est lambeaux,
sans professeur, avec un enfant qui tente malgré tout
d’y continuer sa vie d’écolier. Pour le spectateur, surtout
en 2015, c’est une « expérience ». D’un coup, il se
retrouve au milieu des décombres d’une guerre dont il
ne partage que les réfugiés.
Chuol vit au Soudan. Il a fui dans les marécages avec sa
grand-mère. Nous les traversons avec lui sur sa pirogue.
Nous sommes au milieu des herbes, lui devant, et nous
passager. Sa famille a été détruite, son village aussi. Il
lui reste un visage sans sourire qui nous regarde comme
si nous étions à côté. Plus loin, sur la plaine, des sacs de
riz tombent en averses en faisant un bruit étrange. Nous
regardons les gens courir vers eux. Nous sommes avec
eux, si proche de ces sacs qui parsèment cet immense
champ sans culture.
Et puis, au Liban, il y a Hana. « Avant on avait tout,
maintenant, il ne nous reste que les amis » dit-elle
souriante. Nous sommes dans un camp de réfugiés.
La vie est ici précaire mais pour Hana, il y a encore de
l’espoir. D’abord parce que la guerre est plus lointaine.
Ensuite, parce qu’il y a tous ces autres enfants dont elle
partage un quotidien fait de misère et de solidarité.
« 60 millions de réfugiés » nous dit le texte de départ.
« Dont la moitié sont des enfants. Du jamais vu depuis
la seconde guerre mondiale ». Cette réalité nous la
croisons de temps à autre. Dans les journaux, sur les
affiches et puis parfois, plus directement dans la rue ou
dans le métro quand les familles syriennes s’efforcent
d’y trouver de quoi survivre.
Mais, dans le casque, nous la partageons comme si nous
étions téléportés. Nous sommes au milieu d’eux, avec
eux, disposant de la liberté du regard propre à la VR et
inédite pour le spectateur. Avec ce film, des centaines
de milliers de personnes découvrent alors que la VR est
plus qu’une expérience visuelle, c’est un moyen, presque
physique de partager le réel, un moyen de vivre en
empathie avec son sujet.
Et puis, il y a aussi ce sentiment que finalement, même
si l’action n’est pas découpée comme dans un reportage
classique, le regard du journaliste reporter n’en est
pas pour autant absent. C’est lui qui créé les tableaux
qu’il propose au spectateur. C’est lui qui structure la
narration des atmosphères, des personnages. La liberté
n’est pas totale. Le regard d’auteur n’a pas disparu. Il est
tout simplement autre, différent, pas encore apprivoisé.
Patrick Milling Smith est le fondateur de Vrse.
works, devenue «Here the dragons» la société qui, en
collaboration avec le New York Times, a produit le film.
Juste après la diffusion de «The displaced», il déclare : «
Avec ce film, des millions de jeunes et moins jeunes n’ont
pas seulement vécu leur première expérience VR, mais
à travers cette convergence étroite entre journalisme et
technologie, ils ont entraperçu une nouvelle manière de
raconter qui va devenir centrale dans le siècle à venir ».
Peut-être en fait-il trop ? Peut-être la VR n’est qu’une
mode qui ne marquera jamais son époque ? Mais,
suite à ce film, des centaines de milliers d’hashtag «
#NYTVR » ont été partagés. « The displaced » a fait des
millions de vues. Les trois premiers jours de sa diffusion,
l’application VR du journal a été téléchargée plus
qu’aucune autre appli dans toute l’histoire du titre. Et, de
ce fait, la VR est devenue une priorité pour le groupe qui
est aujourd’hui, deux ans plus tard, un acteur important
du secteur produisant plusieurs documentaires par
an. Journalisme et VR, deux saveurs contraires qui
s’assemblent bien.
Ludovic Fossard
FILMER EN VR,
LA PLACE DU
RÉALISATEUR
POINT DE VUE
ÊTRE EMBARQUÉS LÀ OÙ PERSONNE DE NE VA. PARTAGER
UNE SOUFFRANCE HORS MESURE. ETRE AU CŒUR D’UN
UNIVERS HOSTILE. LA VR EST UN MOYEN FORMIDABLE DE SE
TÉLÉPORTER… À CONDITION QUE L’HISTOIRE FONCTIONNE. POUR
NADER SAMIR AYACHE, C’EST LE CAS DU FILM SUR LE TRAVAIL
DES CASQUES BLANCS EN SYRIE FILMÉ EN 360. BEAU FILM QUI,
D’APRÈS LUI, POSE LA QUESTION DE LA PLACE DU RÉALISATEUR
DANS UNE PRODUCTION VR.
En l’espace de quatre ans, la ville d’Alep est devenue l’un
des symboles de la violence du conflit syrien.
Sur place, les volontaires de la défense civile, baptisés
les « casques blancs », portent secours aux victimes
des bombardements. Dotés de moyens dérisoires,
ils apportent les premiers soins, déblaient les zones
bombardées et luttent contre les incendies.
Chamsy Sarkis leur a consacré un reportage en 360.
Tout de suite, il nous plonge dans l’atmosphère de
la guerre, les bombardements des avions et la ville
en ruine. La spécificité et la nouveauté de la réalité
virtuelle, c’est sa capacité à placer le spectateur au sein
d’un décor inaccessible en lui donnant une chance de
l’atteindre, de le provoquer, puisqu’il devient le centre
autour duquel se produisent les choses.
Cependant, l’exercice a des limites. L’une d’entre elles
est assez inattendue. Comme le disait déjà Chris Marker
en 1996 : «il lui manque ce qui manque à tous les
livres, à tous les films : l’odeur du champ de bataille.
Tant qu’il n’y aura pas de cinéma olfactif, comme il y
a un cinéma parlant, il n’y aura pas de films de guerre,
ce qui est prudent, parce qu’alors, il n’y aurait plus de
spectateurs» .
L’autre limite est dans le point de vue. D’où regarde-
t-on un film ? Il faut «prendre en compte le hasard et
intégrer l’imprévu» dit le réalisateur Lars Von Trier. En
effet, le hasard et l’imprévu font partie des composantes
du documentaire et sont très importants dans cette
histoire.
Tout d’abord, l’ombre du caméraman, projeté sur le sol
(il suffit de baisser la tête pour la voir), marque une
présence. On le voit debout, tenant entre ses mains
une longue perche sur laquelle est posée une caméra
360°. Cette ombre, ce corps figé, interpelle sur le rôle
du réalisateur aujourd’hui. Si l’axe de la caméra, le choix
de la prise de vue, le choix de ce qui est montré et de ce
qui se laisse deviner, la distance, les mouvements… ne
font plus partie de ses préoccupations et que son rôle
est de tenir une tige et de laisser la caméra enregistrer
ce qui se passe autour, le métier de metteur en scène
(même dans le documentaire) devient quelque chose
de très banal. À ce moment-là, il est plus intéressant
d’être spectateur car, au moins, nous pouvons choisir
où regarder.
UN FILM DIFFUSÉ PAR LE
MONDE ET PRODUIT PAR
L’AGENCE SMART NEWS.
Mais, à un moment, un imprévu suscite l’un des premiers
mouvements de caméra 360°. Il fait basculer le film et
repositionne le spectateur, en position de spectateur qui
subit, et non en spectateur qui choisit où regarder. Il
s’agit ici de l’explosion provoquée par le missile qui s’est
abattu sur l’immeuble pendant le tournage. Cet incident
a créé un mouvement de caméra très intéressant, car
instinctivement, le teneur de tige s’est retourné vers la
source du bruit, son mouvement orientant le regard du
spectateur, sans lui laisser d’autre issue. De la même
manière, quelques secondes plus tard et encore une fois
instinctivement, l’homme à la tige se met à courir pour
se mettre à l’abri, entrainant de force le spectateur dans
sa fuite.
Ce mouvement du corps, cette mobilité constante du
spectateur, est né d’un imprévu de tournage, ou créé à
partir d’une source sonore, ouvrant plusieurs chemins
et pistes de réflexion ; s’il existe un ou des moyens de
suggérer au spectateur vers où regarder, comment
peut-on arriver à un juste équilibre entre cette liberté
qui lui est donnée et les choix qui peuvent lui être
imposés?
Nader Samir Ayache
DEPUIS LE DÉBUT DE LA GUERRE,
PLUS DE 150 CASQUES BLANCS
ONT ÉTÉ TUÉS. LE TOURNAGE EN
360 RENFORCE L’EMPATHIE À
LEUR ÉGARD
QUELLE
CAMÉRA,
POUR QUEL
USAGE ?
MATÉRIEL
VOUS VOUS INTÉRESSEZ À LA VR MAIS VOUS
NE SAVEZ PAS QUELLE CAMÉRA CHOISIR POUR
RÉALISER VOS PROJETS. IL FAUT AVOUER QUE
L’OFFRE EST LARGE. DE QUELQUES CENTAINES,
À PLUSIEURS DIZAINES DE MILLIERS D’EUROS,
LES FABRICANTS OFFRENT UN LARGE CHOIX
DE MATÉRIELS DIFFÉRENTS. ALORS, COMMENT
FAIRE LE TRI ? VOICI QUELQUES PISTES POUR
VOUS AIDER.
La caméra Samsung 360
Gear est sans doute le meilleur
qualité-prix du marché. Petite,
simple d’utilisation, et vraiment pas
chère, elle est parfaite pour développer
ses propres projets VR.
Quand on s’aventure sur le terrain de la VR, la première
question est souvent : « quelle caméra choisir? »
En fait, tout dépend du projet. Il existe sur le marché un
large éventail de solutions qui ne facilite pas la prise de
décision. D’autant que l’échelle des prix est vaste : la
caméra la moins chère coûte dans les 300 euros, la plus
onéreuse dans les 40 000… Quand ce n’est pas un autre
modèle encore plus cher.
Le premier critère à prendre en compte est la définition
de l’image. Celle-ci étant circulaire, le regard du
spectateur ne se pose que sur une partie d’elle-même.
C’est un peu comme si notre regard effectuait un zoom
sur l’image. Pour atteindre une qualité convenable, il
est donc nécessaire que la caméra filme en 4 K pour
que l’image vue par le spectateur soit de qualité juste
moyenne.
De plus, la 4K est aujourd’hui le compromis le plus
acceptable en terme de diffusion. En effet, regarder
une image VR nécessite, le plus souvent, l’utilisation
d’un téléphone portable, incorporé dans des casques de
visionnage. Pour que cela soit possible, il est souhaitable
que la définition ne dépasse pas les 4K, sous peine d’être
trop lourde pour être lue sur le téléphone. En général, les
vidéos 360 sont donc en 4K compressées en H264.
Partant de là, quel sont les modèles sur le marché qui
obéissent à ces exigences ?
Le meilleur rapport qualité-prix est sans doute la
Samsung Gear 360. Facile d’utilisation, sa prise en
main est rapide. Son design est soigné et agréable
pour un petit prix. Elle est vendue autour de 300 euros.
Cependant, ne vous attendez pas à des merveilles en
terme de qualité d’image. La Samsung Gear filme en
4K compressé. Cependant, cette caméra est très bien
si vous voulez, à pas cher, filmer votre quotidien et le
partager sur Youtube ou Facebook. Elle est aussi souvent
utilisée pour des repérages dans le cadre de projets plus
ambitieux, destinés au cinéma ou à la télévision.
La caméra développée par la start-up Jaunt
offre une qualité d’image exceptionnelle.
Cependant, elle n’est pas à vendre. Pour
l’utiliser, il vous faudra développer un projet
avec Jaunt qui vous la prêtera ou louera pour
le réaliser et qui assurera la post-prod. Reste
donc à monter un projet qui les intéresse.
Le modèle concurrent est la caméra SP360 de chez Kodak. Cette dernière filme en 4K
et permet une définition d’image correcte lors d’un visionnage par casque équipé d’un
téléphone. Là aussi, sa prise en main est facile car avec l’achat de la caméra, Kodak
fournit un petit soft qui permet d’assembler rapidement les images (stitcher comme
on dit en VR). Cependant, attention, pour filmer en 360, il est nécessaire d’acheter non
pas une, mais deux caméras. Elles sont raccordées l’une à l’autre par une suspension
proposée par Kodak. Le système fonctionne très bien mais le coût d’acquisition est là
plu important : il se situe autour de 1000 euros.
Dans la même gamme de prix, (mais moins chère tout de même ) vous pouvez aussi
opter pour la caméra Keymission 360 de Nikon. La fiche technique de la Keymission
360 est plutôt sympa : vidéo 4K (3840 x 2160 px) sphérique, deux capteurs de
20,1 Mpx chacun pour des photos panoramiques, résistance aux chutes de 2 m, aux
températures négatives jusqu’à -10°C, étanchéité à la poussière (IPX8), possibilité de
filmer une heure sous l’eau jusqu’à 30 m sans caisson, Wi-Fi, Bluetooth 4.1, NFC, prise
en charge de Snapbridge (iOS et Android), le tout dans un cube d’environ 6 cm de côté
ne pesant que 198 grammes. Bref, trop bien à priori. Sauf que, son utilisation se relève
plutôt compliquée, ses softs peu pratiques et les retours d’expérience des utilisateurs
peu favorables.
Autour de 3000 euros, vous pouvez vous intéressez à la Sphericam 2. Elle filme en 4K
à 60 i/s. Son look est soigné et elle semble appréciée par ses utilisateurs. Cependant,
elle est en vente directement sur le site de cette entreprise américaine. Il n’est donc
pas possible de l’essayer, sauf quand elle est présentée dans les salons. Pour ce prix, il
n’est pas facile de franchir le pas.
La caméra Oso est l’une des plus
performantes du marché. Mais, son
prix est élevé. Comptez au moins
40 000 euros.
Avec 6000 euros, vous pouvez vous laisser tenter par
l’Omni de Gopro. C’est un modèle qui assure des images
debonnequalité.Leprincipeestsimple:Goproafabriqué
un « rig » en assemblant ses célèbres caméras Hero4.
Celle-ci sont synchronisées pour l’enregistrement et
elles sont proposées avec un logiciel d’assemblage
appelé Kolor, plutôt facile de prise en main. L’Omni est
capable de filmer en 8K, ce qui permet d’obtenir une
bonne qualité d’image. Attention cependant, au final,
vos vidéos auront toutes les chances de n’être diffusées
qu’en 4K.
La meilleure caméra du marché, la plus professionnelle
est la Ozo de Nokia (voir photo page précédente). Son
design est très soigné, son utilisation très facile car son
système de « stitchage » est optimisé. De plus, sur une
partie de l’image, la Ozo filme en 3D ce apporte un plus
considérable au sentiment d’immersion généré par la
360. Évidemment, toutes ces qualités ont un prix : la
Ozo coûte dans les 40 000 euros. Elle s’adresse donc à
des professionnels disposant d’un budget de production.
En général, la Ozo est louée pour un prix qui tourne
autour de 1700 euros/jour chez PhotoCineRent, le
distributeur de la marque en France.
Les productions les plus exigeantes utilisent des «rigs»
composés de caméras classiques. Souvent, ils utilisent
des appareils photos comme les Alpha7 de Sony ou
les GH4 de Panasonic. Ce système permet d’obtenir
une image de très bonne qualité mais le «stitchage»
est alors très compliqué et nécessite des moyens
professionnels.
Enfin, il ne faut pas oublier que tout cela change très
vite. Déjà, au salon de Las Vegas, une société chinoise a
présenté une caméra, l’insta 360 Pro, qui filme en 8K.
Elle est en vente depuis fin avril pour un prix de 3000
dollars hors taxe. Il y a une grosse différence depuis
avec la Ozo pour une qualité qui pourrait être plus que
bien. À voir donc.
Sans oublier l’annonce toute récente de deux nouvelles
caméras Facebook qui semblent vouloir se positionner
sur le haut de gamme. Pour l’instant, les prix n’ont pas
été communiqués. Elles pourraient être en vente d’ici la
fin de l’année 2017.
Bien entendu, il existe encore d’autres modèles sur
le marché, souvent plus confidentiels. Mais, pour
résumer, la qualité de la caméra sert votre histoire, et
d’une manière plus générale votre propos. Pour filmer
pour vous ou pour des institutionnels à petit budget, la
Samsung ou la Kodak sont de bons compromis. Pour
des films financés, des projets plus lourds, beaucoup se
tournent vers la Ozo en location, surtout en raison de son
« stitchage » facile. Cependant, comme toujours, c’est
vous qui faites la qualité du film, pas la caméra !
Ludovic Fossard
«UN BON FILM
DOIT RACONTER
DES HISTOIRES»
ENTRETIEN AVEC PAUL BOUCHARD
SI ON ÉTAIT SUR UN BATEAU, IL SERAIT À LA
VIGIE. PAUL BOUCHARD EST RESPONSABLE
DE LA DISTRIBUTION DES FILMS VR CHEZ
WIDE. SON MÉTIER CONSISTE À PARCOURIR
LES FESTIVALS VR, RENCONTRER LES
PRODUCTEURS, TISSER DES LIENS AVEC
LES AUTEURS POUR SE POSITIONNER EN
AVANCE SUR CE MARCHÉ. IL DOIT DONC VOIR
PLUS LOIN QUE LES AUTRES POUR QUE SES
INTUITIONS D’AUJOURD’HUI DEVIENNENT LES
RÉALITÉS DU FUTUR.
Qu’est-ce que le marché attend comme film VR
aujourd’hui ?
Alors qu’est-ce que le marché à l’international attend de
la VR ? Chez Wide, nous sommes spécialisés dans la VR
narrative. Dans ce domaine, nous avons l’impression que
nous s’en sommes qu’au début. C’est un tout nouveau
marché qui a été lancé, propulsé par du contenu qui
est très « roller coaster », « maison hanté ». De ce fait,
les gens qui ont une première expérience de la VR, s’ils
en ont une, c’est souvent à travers, j’ai l’impression,
du contenu très sensationnel, avec des impressions de
vertiges, de jump scare ou autre … et donc nous, on est
arrivé à Berlin avec trois films : « Sergeant James » « Oh
Deer » et « Lifeline », qui sont déjà plus des propositions
de narrations plus posées, plus réfléchies… qui sont
moins dans l’effet un peu de surprise ou d’émotions
directes, qui cherchent un peu plus le côté poétique ou
narratif de la réalité virtuelle. J’ai l’impression que c’est
la tendance qui se développe et c’est ce que les gens
recherchent aujourd’hui : des choses qui commencent à
développer des histoires, à jouer sur des choses un peu
plus subtiles…
A mon avis, il faut vraiment prendre le pas et raconter
des histoires, prendre le temps de développer un
langage, raconter des choses qui touchent directement
les gens et non pas quelque chose qui va leur en envoyer
plein la vue.
Après il faut rester modeste. Je ne sais pas encore ce
que les gens attendent vraiment de la VR parce qu’il y a
encore beaucoup de personnes qui n’ont jamais encore
expérimenté la VR aujourd’hui, mais si demain ils sont
amenés à le faire, il faut vraiment qu’il y ait un contenu
je pense, qui puisse leur raconter des vraies histoires
qui les touchent et non pas juste qui leur procure une
expérience qui soit de l’ordre du parc d’attraction au
risque de les perdre très vite, et qu’ils passent à autre
chose. Voilà c’est ça qui est important aujourd’hui dans
la tête des programmateurs, c’est d’avoir des vraies
histoires et du vrai contenu.
Quand tu présentes tes films sont-ils bien accueillis?
Pour ces trois films là, je dirais que j’ai eu à peu près
trois types de réactions : les premières réactions, ce
sont les personnes qui n’ont jamais essayé la VR. En
général, ils sont assez séduits parce que c’est quand
même une bonne approche de la VR techniquement
parlant, en même temps ça raconte une histoire mais
donc les gens sont assez subjugués… Donc tout ça
marche plutôt sur ce genre de personnes.
Après il y a les personnes qui ont déjà essayé la
réalité virtuelle mais qui voient ça sous l’angle vidéo
entertainement et qui là sont un peu surpris des fois…
même si dans les programmes courts par exemple dans
« Oh Deer » ou « Sergeant James » il y a un certaine
douceur du récit qui laisse des temps de pose, un petit
peu de flottement… et donc, ils sont un peu surpris par
ces choses-là parce qu’ils s’attendent à quelque chose
de très entertaining et donc ils se retrouvent sur quelque
chose qui est un peu plus posé, un peu plus tranquille.
Parfois, cela leur plait, parfois non.
Et après il y a les personnes qui sont vraiment très
contentes, qui y trouvent quelque chose, un nouveau
contenu, une nouvelle forme de narration, c’est ce qu’ils
attendent et donc ils aiment beaucoup. Mais je dirais sur
le marché concrètement quand on était à Berlin, c’est
plutôt la troisième typologie qu’on a eue, les gens qui
venaient nous voir pour la réalité virtuelle, ils ont vu ces
films là ils ont dit : ah voilà des films narratifs réfléchis
qui explorent des possibilités narratives en RV et c’est
ça qu’on veut voir, et si demain on ouvre une salle de
cinéma ou on ouvre notre section VR dans notre festival,
c’est ce genre de contenus qu’on aimerait avoir.
La narration VR pour toi, s’il fallait la résumer, qu’est-ce que c’est ? C’est quoi les
points sur lesquels il faut insister ? Qu’est-ce que ça permet par rapport à une
narration 2D plus traditionnelle ?
Je parle beaucoup avec Michel Reilhac* aujourd’hui qui est un grand théoricien, enfin
pour moi, c’est un des premiers théoriciens de la VR et lui, parlerait mieux que moi sur
ce sujet-là… Moi j’ai l’impression qu’il faut savoir concilier dans la VR… c’est l’empathie
pour un personnage ou pour un sujet, en tout cas pour une histoire… Il faut vraiment
qu’il y ait un fil narratif, qu’on suive une histoire, une trame ou un personnage pour
pouvoir vraiment connecter avec ça, tout en créant une expérience immersive, ce qui
est des fois un peu le problème. Aujourd’hui on va faire des documentaires qui sont
magnifiques mais qui procurent juste une expérience immersive parce que ça suffit
de voir un film sur des massaï par exemple et d’être juste au milieu d’eux, d’être au
milieu de leurs coutumes, de leur rythme de vie. Mais je pense que demain, il faudra
qu’on puisse rentrer dans une démarche plus scénarisée et vraiment nous mettre en
empathie avec un personnage en particulier ou avec un sujet, qu’il y ait un fil narratif
qui se structure…
Toute la réflexion aujourd’hui c’est de savoir comment la mise en scène et la direction
de la réalisation peut tisser des histoires dans des univers 360 immersifs.
* Michel Reilhac : Ancien directeur du cinéma sur Arte - Cinéaste spécialiste de la VR.
DE NOS ENTREPRISES PARTENAIRES
DÉCOUPAGES ET LA FÉE
ÉLECTRICITÉ
CIRCLE TIME ENSEIGNE LA VR
NOUVELLE FORMATION VR
L’agence spécialisée dans la fabrication de contenus
narratifs VR vient de signer un développement avec le
musée d’Art moderne de la ville de Paris pour raconter
en 360 l’histoire de l’électricité en s’appuyant sur le
tableau de Raoul Dufy. Ce projet sera réalisé par Vincent
Ravalec.
Premiers pas VR de l’école de journalisme de Lille.
Lors d’une journée de formation à la VR, nous avons
accompagné les étudiants de deuxième année dans la
fabrication d’un film court. Dans la journée, ils ont écrit
et tourné une histoire imaginaire dont le but était de
mettre l’univers de l’école en valeur. Voilà ce que cela
donne :
https://www.youtube.com/watch?v=khrUwGfw0hU
Mille Sabords propose, du 29 mai au 21 juin prochains,
une deuxième édition de la formation «S’immerger,
écrire et tourner en Réalité Virtuelle ». En quatre
modules de 3 jours dirigés par Vincent Ravalec, il s’agit
de comprendre les enjeux et de les mettre en pratique
avec l’écriture, la réalisation et la post-production d’un
véritable film en VR. Formation conventionnée par
l’AFDAS. Renseignements et inscriptions ici :
http://www.mille-sabords.net
VR STORY MAGAZINE
PRÉSIDENT
Vincent Ravalec
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION
Ludovic Fossard
RÉDACTRICE EN CHEF
Marisa Cattini
RÉDACTION
Thomas Raguet
Gérard Bernasconi
Nader Samir Ayache
GRAPHISME
Juliette Domenge-Chenal
30, rue du colonel Delorme - 93100 Montreuil
Tél : 01.43.63.70.00 - Email : contact@vrstory.fr
Site : www.vrstory.fr
LES NEWS
VR...
REJOIGNEZ LE COLLECTIF
VR STORY POUR PARTAGER
VOTRE PASSION DE LA VR
POUR NE PAS RATER LES
PARUTIONS, ABONNEZ-VOUS
GRATUITEMENT
Merci à l’équipe de Découpages et en
particulier à Pierre Laurent, Diane Micouleau,
Youcef Koliaï, Lucas Wybo et Maylis Roussel.

Contenu connexe

Similaire à VR story magazine pour découvrir la réalité virtuelle

Les médias, la presse
Les médias, la presseLes médias, la presse
Les médias, la presseHubert Tassel
 
Les Tendances de l'Entertainment dossier de presse 2014 2015 par rouge@lepubl...
Les Tendances de l'Entertainment dossier de presse 2014 2015 par rouge@lepubl...Les Tendances de l'Entertainment dossier de presse 2014 2015 par rouge@lepubl...
Les Tendances de l'Entertainment dossier de presse 2014 2015 par rouge@lepubl...Jacques-Olivier Broner
 
Dossier spectacle-assc
Dossier spectacle-asscDossier spectacle-assc
Dossier spectacle-asscurbaindigenes
 
The Big Mag !
The Big Mag !The Big Mag !
The Big Mag !NewsGate
 
Lire en vendée 27 decembre2013
Lire en vendée 27 decembre2013Lire en vendée 27 decembre2013
Lire en vendée 27 decembre2013ecrivains-vendee
 
Festival de cannes 2019
Festival de cannes 2019Festival de cannes 2019
Festival de cannes 2019Txaruka
 
Créer les conditions favorables à la lecture - Conférence inaugurale RPT14
Créer les conditions favorables à la lecture - Conférence inaugurale RPT14Créer les conditions favorables à la lecture - Conférence inaugurale RPT14
Créer les conditions favorables à la lecture - Conférence inaugurale RPT14Cap'Com
 
Photojournalisme en 2015 - Etude SCAM
Photojournalisme en 2015 - Etude SCAMPhotojournalisme en 2015 - Etude SCAM
Photojournalisme en 2015 - Etude SCAMGenaro Bardy
 
Nouvelle vague entretien avec michel marie
Nouvelle vague entretien avec michel marieNouvelle vague entretien avec michel marie
Nouvelle vague entretien avec michel mariejeanphilippeguy
 
Nouvelle vague entretien avec michel marie
Nouvelle vague entretien avec michel marieNouvelle vague entretien avec michel marie
Nouvelle vague entretien avec michel mariejeanphilippeguy
 
Interview capitale secrète
Interview capitale secrèteInterview capitale secrète
Interview capitale secrèteperditaens
 
Veille Né Kid 081015
Veille Né Kid 081015Veille Né Kid 081015
Veille Né Kid 081015Nicolas Bard
 
Dossier de Presse: JetLag, Une fiction en réalité virtuelle
Dossier de Presse: JetLag, Une fiction en réalité virtuelleDossier de Presse: JetLag, Une fiction en réalité virtuelle
Dossier de Presse: JetLag, Une fiction en réalité virtuelleJeremy Sahel
 
Gazette 1 Festival international du film. 2016
Gazette 1 Festival international du film. 2016Gazette 1 Festival international du film. 2016
Gazette 1 Festival international du film. 2016olivier
 
Campus Mag 182 - Octobre 2013
Campus Mag 182  - Octobre 2013Campus Mag 182  - Octobre 2013
Campus Mag 182 - Octobre 2013Laetitia Naon
 

Similaire à VR story magazine pour découvrir la réalité virtuelle (20)

Les médias, la presse
Les médias, la presseLes médias, la presse
Les médias, la presse
 
New Box Magazine #137
New Box Magazine #137New Box Magazine #137
New Box Magazine #137
 
PRESS
PRESSPRESS
PRESS
 
Les Tendances de l'Entertainment dossier de presse 2014 2015 par rouge@lepubl...
Les Tendances de l'Entertainment dossier de presse 2014 2015 par rouge@lepubl...Les Tendances de l'Entertainment dossier de presse 2014 2015 par rouge@lepubl...
Les Tendances de l'Entertainment dossier de presse 2014 2015 par rouge@lepubl...
 
Dossier spectacle-assc
Dossier spectacle-asscDossier spectacle-assc
Dossier spectacle-assc
 
The Big Mag !
The Big Mag !The Big Mag !
The Big Mag !
 
Lire en vendée 27 decembre2013
Lire en vendée 27 decembre2013Lire en vendée 27 decembre2013
Lire en vendée 27 decembre2013
 
Festival de cannes 2019
Festival de cannes 2019Festival de cannes 2019
Festival de cannes 2019
 
Créer les conditions favorables à la lecture - Conférence inaugurale RPT14
Créer les conditions favorables à la lecture - Conférence inaugurale RPT14Créer les conditions favorables à la lecture - Conférence inaugurale RPT14
Créer les conditions favorables à la lecture - Conférence inaugurale RPT14
 
Photojournalisme en 2015 - Etude SCAM
Photojournalisme en 2015 - Etude SCAMPhotojournalisme en 2015 - Etude SCAM
Photojournalisme en 2015 - Etude SCAM
 
Nouvelle vague entretien avec michel marie
Nouvelle vague entretien avec michel marieNouvelle vague entretien avec michel marie
Nouvelle vague entretien avec michel marie
 
Nouvelle vague entretien avec michel marie
Nouvelle vague entretien avec michel marieNouvelle vague entretien avec michel marie
Nouvelle vague entretien avec michel marie
 
Interview capitale secrète
Interview capitale secrèteInterview capitale secrète
Interview capitale secrète
 
C22 duvignaud
C22 duvignaudC22 duvignaud
C22 duvignaud
 
Veille Né Kid 081015
Veille Né Kid 081015Veille Né Kid 081015
Veille Né Kid 081015
 
Dossier de Presse: JetLag, Une fiction en réalité virtuelle
Dossier de Presse: JetLag, Une fiction en réalité virtuelleDossier de Presse: JetLag, Une fiction en réalité virtuelle
Dossier de Presse: JetLag, Une fiction en réalité virtuelle
 
New Box Magazine #127
New Box Magazine #127New Box Magazine #127
New Box Magazine #127
 
Gazette 1 Festival international du film. 2016
Gazette 1 Festival international du film. 2016Gazette 1 Festival international du film. 2016
Gazette 1 Festival international du film. 2016
 
Campus Mag 182 - Octobre 2013
Campus Mag 182  - Octobre 2013Campus Mag 182  - Octobre 2013
Campus Mag 182 - Octobre 2013
 
Le dandy dodeline et le macron
Le dandy dodeline et le macronLe dandy dodeline et le macron
Le dandy dodeline et le macron
 

VR story magazine pour découvrir la réalité virtuelle

  • 1. Collectif de professionnels de la VR - www.vrstory.fr 30, rue du colonel Delorme - 93100 Montreuil - Tel : 01 43 63 70 00 VR StoryNuméro01-MAI2017 M A G A Z I N E
  • 2. par Vincent Ravalec - Président de VR Story POURQUOI NOTRE REVUE ? Chers lecteurs, A tous, le temps manque. Pourtant, être au courant des dernières nouveautés techniques, s’informer sur les évolutions des matériels, sur les tendances du marché... est, dans un monde qui bouge vite, toujours plus nécessaire. C’est donc pour cela que nous avons créé VR Story Magazine. Cette revue digitale a pour objectif de vous donner des informations claires et précises sur les tendances qui agitent le petit monde de la réalité virtuelle. La revue s’adresse aux professionnels de la communication et de la création, pas forcément très à la pointe sur le sujet, mais curieux d’en apprendre plus sur la réalité virtuelle. Le contenu de VR Story magazine est le fruit des rencontres occasionnées par notre collectif VR Story qui regroupe des professionnels du cinéma, de la publicité, du documentaire, de l’animation, des jeux vidéos... Tout ce petit monde partage une même ambition : faire avancer la narration en VR sur un marché encore naissant. Alors, si vous aussi, vous êtes sensibles à notre démarche et si vous appréciez notre revue, n’hésitez pas à rejoindre le collectif en remplissant le formulaire qui se trouve à la fin de notre revue. Vous recevrez ainsi le journal tous les trimestres et vous pourrez échanger directement avec nous, par le biais de notre plateforme Slack.
  • 3. JOURNALISME VR 360 ET JOURNALISME DEUX SAVEURS CONTRAIRES QUI DONNENT DU GOÛT SUCRÉ. SALÉ. IL Y A COMME UN SOUFFLE QUI PASSE. UNE AMBIANCE À SAISIR. OU PEUT-ÊTRE UNE OPPORTUNITÉ. UNE MANIÈRE SI ÉTRANGE DE REGARDER LE TOUT COMME S’IL N’ÉTAIT QU’UN. POUR UN JOURNALISTE, LA VR EST DÉRANGEANTE. PEUT-ON AVOIR ENCORE UN REGARD QUAND TOUT EST MONTRÉ ? PLUS DE FILTRE. LE SPECTATEUR REGARDE LA RÉALITÉ DANS SON ÉVIDENCE, SANS QUELQU’UN POUR LUI DIRE QU’EN PENSER. SUCRÉ. SALÉ. DEUX MONDES QUI S’OPPOSENT, DEUX GOÛTS QUI S’AFFRONTENT. TÉMOIGNER N’EST-CE PAS D’ABORD CHOISIR ? SUCRÉ. SALÉ. COMME EN CUISINE, DE DEUX CONTRAIRES SE DÉGAGE FINALEMENT UNE HARMONIE.
  • 4. DANS LE MONDE LES RÉFUGIÉS N’ONT JAMAIS ÉTÉ AUSSI NOMBREUX DEPUIS LA SECONDE GUERRE MONDIALE. LE NEW YORK TIMES LEUR DONNE LA PAROLE EN 360 Automne 2015. Le New York Times annonce qu’il va tenter de raconter autrement des histoires. Comment? En utilisant la réalité virtuelle. Pour le journal, icône de la presse américaine, pilier de l’histoire des médias, c‘est une prise de risque, un pas vers l’inconnu car, en ce début d’hiver, il a tout à inventer. Comment raconter une histoire en VR ? Comment filmer en enchaînant des images qui n’ont pas de hors champ ? Comment raconter sans regarder car la caméra en filmant le tout, laisse le choix au spectateur ? Plus rien à cacher, plus rien à sélectionner. Soudain, le reporter se trouve privé de sa qualité première : faire le tri dans le désordre du réel. Pour sa première, le journal mise sur deux histoires, l’une parlant d’un photographe à New York, et l’autre ayant pour titre « The displaced ». Dans ce film, trois enfants incarnent la vie des 60 millions de personnes poussées de chez elles par la violence de la guerre. Oleg, 11 ans, a quitté l'Est de l’Ukraine. Hana, 12 ans, s’est installée au Liban fuyant la Syrie, et Chuol, 9 ans, vit dans des marécages chassé de son village par les affrontements qui déchirent le Soudan du Sud. Une musique. Une classe en ruine. Et un enfant qui écrit sur un tableau. Tout de suite, le spectateur est placé au cœur du quotidien de la guerre. Les combats se sont arrêtés. Tout est normal sauf cette classe est lambeaux,
  • 5. sans professeur, avec un enfant qui tente malgré tout d’y continuer sa vie d’écolier. Pour le spectateur, surtout en 2015, c’est une « expérience ». D’un coup, il se retrouve au milieu des décombres d’une guerre dont il ne partage que les réfugiés. Chuol vit au Soudan. Il a fui dans les marécages avec sa grand-mère. Nous les traversons avec lui sur sa pirogue. Nous sommes au milieu des herbes, lui devant, et nous passager. Sa famille a été détruite, son village aussi. Il lui reste un visage sans sourire qui nous regarde comme si nous étions à côté. Plus loin, sur la plaine, des sacs de riz tombent en averses en faisant un bruit étrange. Nous regardons les gens courir vers eux. Nous sommes avec eux, si proche de ces sacs qui parsèment cet immense champ sans culture. Et puis, au Liban, il y a Hana. « Avant on avait tout, maintenant, il ne nous reste que les amis » dit-elle souriante. Nous sommes dans un camp de réfugiés. La vie est ici précaire mais pour Hana, il y a encore de l’espoir. D’abord parce que la guerre est plus lointaine. Ensuite, parce qu’il y a tous ces autres enfants dont elle partage un quotidien fait de misère et de solidarité. « 60 millions de réfugiés » nous dit le texte de départ. « Dont la moitié sont des enfants. Du jamais vu depuis la seconde guerre mondiale ». Cette réalité nous la croisons de temps à autre. Dans les journaux, sur les affiches et puis parfois, plus directement dans la rue ou dans le métro quand les familles syriennes s’efforcent d’y trouver de quoi survivre. Mais, dans le casque, nous la partageons comme si nous étions téléportés. Nous sommes au milieu d’eux, avec eux, disposant de la liberté du regard propre à la VR et inédite pour le spectateur. Avec ce film, des centaines de milliers de personnes découvrent alors que la VR est plus qu’une expérience visuelle, c’est un moyen, presque physique de partager le réel, un moyen de vivre en empathie avec son sujet. Et puis, il y a aussi ce sentiment que finalement, même si l’action n’est pas découpée comme dans un reportage classique, le regard du journaliste reporter n’en est pas pour autant absent. C’est lui qui créé les tableaux qu’il propose au spectateur. C’est lui qui structure la narration des atmosphères, des personnages. La liberté n’est pas totale. Le regard d’auteur n’a pas disparu. Il est tout simplement autre, différent, pas encore apprivoisé. Patrick Milling Smith est le fondateur de Vrse. works, devenue «Here the dragons» la société qui, en collaboration avec le New York Times, a produit le film. Juste après la diffusion de «The displaced», il déclare : « Avec ce film, des millions de jeunes et moins jeunes n’ont pas seulement vécu leur première expérience VR, mais à travers cette convergence étroite entre journalisme et technologie, ils ont entraperçu une nouvelle manière de raconter qui va devenir centrale dans le siècle à venir ». Peut-être en fait-il trop ? Peut-être la VR n’est qu’une mode qui ne marquera jamais son époque ? Mais, suite à ce film, des centaines de milliers d’hashtag « #NYTVR » ont été partagés. « The displaced » a fait des millions de vues. Les trois premiers jours de sa diffusion, l’application VR du journal a été téléchargée plus qu’aucune autre appli dans toute l’histoire du titre. Et, de ce fait, la VR est devenue une priorité pour le groupe qui est aujourd’hui, deux ans plus tard, un acteur important du secteur produisant plusieurs documentaires par an. Journalisme et VR, deux saveurs contraires qui s’assemblent bien. Ludovic Fossard
  • 6. FILMER EN VR, LA PLACE DU RÉALISATEUR POINT DE VUE ÊTRE EMBARQUÉS LÀ OÙ PERSONNE DE NE VA. PARTAGER UNE SOUFFRANCE HORS MESURE. ETRE AU CŒUR D’UN UNIVERS HOSTILE. LA VR EST UN MOYEN FORMIDABLE DE SE TÉLÉPORTER… À CONDITION QUE L’HISTOIRE FONCTIONNE. POUR NADER SAMIR AYACHE, C’EST LE CAS DU FILM SUR LE TRAVAIL DES CASQUES BLANCS EN SYRIE FILMÉ EN 360. BEAU FILM QUI, D’APRÈS LUI, POSE LA QUESTION DE LA PLACE DU RÉALISATEUR DANS UNE PRODUCTION VR.
  • 7. En l’espace de quatre ans, la ville d’Alep est devenue l’un des symboles de la violence du conflit syrien. Sur place, les volontaires de la défense civile, baptisés les « casques blancs », portent secours aux victimes des bombardements. Dotés de moyens dérisoires, ils apportent les premiers soins, déblaient les zones bombardées et luttent contre les incendies. Chamsy Sarkis leur a consacré un reportage en 360. Tout de suite, il nous plonge dans l’atmosphère de la guerre, les bombardements des avions et la ville en ruine. La spécificité et la nouveauté de la réalité virtuelle, c’est sa capacité à placer le spectateur au sein d’un décor inaccessible en lui donnant une chance de l’atteindre, de le provoquer, puisqu’il devient le centre autour duquel se produisent les choses. Cependant, l’exercice a des limites. L’une d’entre elles est assez inattendue. Comme le disait déjà Chris Marker en 1996 : «il lui manque ce qui manque à tous les livres, à tous les films : l’odeur du champ de bataille. Tant qu’il n’y aura pas de cinéma olfactif, comme il y a un cinéma parlant, il n’y aura pas de films de guerre, ce qui est prudent, parce qu’alors, il n’y aurait plus de spectateurs» . L’autre limite est dans le point de vue. D’où regarde- t-on un film ? Il faut «prendre en compte le hasard et intégrer l’imprévu» dit le réalisateur Lars Von Trier. En effet, le hasard et l’imprévu font partie des composantes du documentaire et sont très importants dans cette histoire. Tout d’abord, l’ombre du caméraman, projeté sur le sol (il suffit de baisser la tête pour la voir), marque une présence. On le voit debout, tenant entre ses mains une longue perche sur laquelle est posée une caméra 360°. Cette ombre, ce corps figé, interpelle sur le rôle du réalisateur aujourd’hui. Si l’axe de la caméra, le choix de la prise de vue, le choix de ce qui est montré et de ce qui se laisse deviner, la distance, les mouvements… ne font plus partie de ses préoccupations et que son rôle est de tenir une tige et de laisser la caméra enregistrer ce qui se passe autour, le métier de metteur en scène (même dans le documentaire) devient quelque chose de très banal. À ce moment-là, il est plus intéressant d’être spectateur car, au moins, nous pouvons choisir où regarder. UN FILM DIFFUSÉ PAR LE MONDE ET PRODUIT PAR L’AGENCE SMART NEWS.
  • 8. Mais, à un moment, un imprévu suscite l’un des premiers mouvements de caméra 360°. Il fait basculer le film et repositionne le spectateur, en position de spectateur qui subit, et non en spectateur qui choisit où regarder. Il s’agit ici de l’explosion provoquée par le missile qui s’est abattu sur l’immeuble pendant le tournage. Cet incident a créé un mouvement de caméra très intéressant, car instinctivement, le teneur de tige s’est retourné vers la source du bruit, son mouvement orientant le regard du spectateur, sans lui laisser d’autre issue. De la même manière, quelques secondes plus tard et encore une fois instinctivement, l’homme à la tige se met à courir pour se mettre à l’abri, entrainant de force le spectateur dans sa fuite. Ce mouvement du corps, cette mobilité constante du spectateur, est né d’un imprévu de tournage, ou créé à partir d’une source sonore, ouvrant plusieurs chemins et pistes de réflexion ; s’il existe un ou des moyens de suggérer au spectateur vers où regarder, comment peut-on arriver à un juste équilibre entre cette liberté qui lui est donnée et les choix qui peuvent lui être imposés? Nader Samir Ayache DEPUIS LE DÉBUT DE LA GUERRE, PLUS DE 150 CASQUES BLANCS ONT ÉTÉ TUÉS. LE TOURNAGE EN 360 RENFORCE L’EMPATHIE À LEUR ÉGARD
  • 9. QUELLE CAMÉRA, POUR QUEL USAGE ? MATÉRIEL VOUS VOUS INTÉRESSEZ À LA VR MAIS VOUS NE SAVEZ PAS QUELLE CAMÉRA CHOISIR POUR RÉALISER VOS PROJETS. IL FAUT AVOUER QUE L’OFFRE EST LARGE. DE QUELQUES CENTAINES, À PLUSIEURS DIZAINES DE MILLIERS D’EUROS, LES FABRICANTS OFFRENT UN LARGE CHOIX DE MATÉRIELS DIFFÉRENTS. ALORS, COMMENT FAIRE LE TRI ? VOICI QUELQUES PISTES POUR VOUS AIDER. La caméra Samsung 360 Gear est sans doute le meilleur qualité-prix du marché. Petite, simple d’utilisation, et vraiment pas chère, elle est parfaite pour développer ses propres projets VR.
  • 10. Quand on s’aventure sur le terrain de la VR, la première question est souvent : « quelle caméra choisir? » En fait, tout dépend du projet. Il existe sur le marché un large éventail de solutions qui ne facilite pas la prise de décision. D’autant que l’échelle des prix est vaste : la caméra la moins chère coûte dans les 300 euros, la plus onéreuse dans les 40 000… Quand ce n’est pas un autre modèle encore plus cher. Le premier critère à prendre en compte est la définition de l’image. Celle-ci étant circulaire, le regard du spectateur ne se pose que sur une partie d’elle-même. C’est un peu comme si notre regard effectuait un zoom sur l’image. Pour atteindre une qualité convenable, il est donc nécessaire que la caméra filme en 4 K pour que l’image vue par le spectateur soit de qualité juste moyenne. De plus, la 4K est aujourd’hui le compromis le plus acceptable en terme de diffusion. En effet, regarder une image VR nécessite, le plus souvent, l’utilisation d’un téléphone portable, incorporé dans des casques de visionnage. Pour que cela soit possible, il est souhaitable que la définition ne dépasse pas les 4K, sous peine d’être trop lourde pour être lue sur le téléphone. En général, les vidéos 360 sont donc en 4K compressées en H264. Partant de là, quel sont les modèles sur le marché qui obéissent à ces exigences ? Le meilleur rapport qualité-prix est sans doute la Samsung Gear 360. Facile d’utilisation, sa prise en main est rapide. Son design est soigné et agréable pour un petit prix. Elle est vendue autour de 300 euros. Cependant, ne vous attendez pas à des merveilles en terme de qualité d’image. La Samsung Gear filme en 4K compressé. Cependant, cette caméra est très bien si vous voulez, à pas cher, filmer votre quotidien et le partager sur Youtube ou Facebook. Elle est aussi souvent utilisée pour des repérages dans le cadre de projets plus ambitieux, destinés au cinéma ou à la télévision. La caméra développée par la start-up Jaunt offre une qualité d’image exceptionnelle. Cependant, elle n’est pas à vendre. Pour l’utiliser, il vous faudra développer un projet avec Jaunt qui vous la prêtera ou louera pour le réaliser et qui assurera la post-prod. Reste donc à monter un projet qui les intéresse.
  • 11. Le modèle concurrent est la caméra SP360 de chez Kodak. Cette dernière filme en 4K et permet une définition d’image correcte lors d’un visionnage par casque équipé d’un téléphone. Là aussi, sa prise en main est facile car avec l’achat de la caméra, Kodak fournit un petit soft qui permet d’assembler rapidement les images (stitcher comme on dit en VR). Cependant, attention, pour filmer en 360, il est nécessaire d’acheter non pas une, mais deux caméras. Elles sont raccordées l’une à l’autre par une suspension proposée par Kodak. Le système fonctionne très bien mais le coût d’acquisition est là plu important : il se situe autour de 1000 euros. Dans la même gamme de prix, (mais moins chère tout de même ) vous pouvez aussi opter pour la caméra Keymission 360 de Nikon. La fiche technique de la Keymission 360 est plutôt sympa : vidéo 4K (3840 x 2160 px) sphérique, deux capteurs de 20,1 Mpx chacun pour des photos panoramiques, résistance aux chutes de 2 m, aux températures négatives jusqu’à -10°C, étanchéité à la poussière (IPX8), possibilité de filmer une heure sous l’eau jusqu’à 30 m sans caisson, Wi-Fi, Bluetooth 4.1, NFC, prise en charge de Snapbridge (iOS et Android), le tout dans un cube d’environ 6 cm de côté ne pesant que 198 grammes. Bref, trop bien à priori. Sauf que, son utilisation se relève plutôt compliquée, ses softs peu pratiques et les retours d’expérience des utilisateurs peu favorables. Autour de 3000 euros, vous pouvez vous intéressez à la Sphericam 2. Elle filme en 4K à 60 i/s. Son look est soigné et elle semble appréciée par ses utilisateurs. Cependant, elle est en vente directement sur le site de cette entreprise américaine. Il n’est donc pas possible de l’essayer, sauf quand elle est présentée dans les salons. Pour ce prix, il n’est pas facile de franchir le pas. La caméra Oso est l’une des plus performantes du marché. Mais, son prix est élevé. Comptez au moins 40 000 euros.
  • 12. Avec 6000 euros, vous pouvez vous laisser tenter par l’Omni de Gopro. C’est un modèle qui assure des images debonnequalité.Leprincipeestsimple:Goproafabriqué un « rig » en assemblant ses célèbres caméras Hero4. Celle-ci sont synchronisées pour l’enregistrement et elles sont proposées avec un logiciel d’assemblage appelé Kolor, plutôt facile de prise en main. L’Omni est capable de filmer en 8K, ce qui permet d’obtenir une bonne qualité d’image. Attention cependant, au final, vos vidéos auront toutes les chances de n’être diffusées qu’en 4K. La meilleure caméra du marché, la plus professionnelle est la Ozo de Nokia (voir photo page précédente). Son design est très soigné, son utilisation très facile car son système de « stitchage » est optimisé. De plus, sur une partie de l’image, la Ozo filme en 3D ce apporte un plus considérable au sentiment d’immersion généré par la 360. Évidemment, toutes ces qualités ont un prix : la Ozo coûte dans les 40 000 euros. Elle s’adresse donc à des professionnels disposant d’un budget de production. En général, la Ozo est louée pour un prix qui tourne autour de 1700 euros/jour chez PhotoCineRent, le distributeur de la marque en France. Les productions les plus exigeantes utilisent des «rigs» composés de caméras classiques. Souvent, ils utilisent des appareils photos comme les Alpha7 de Sony ou les GH4 de Panasonic. Ce système permet d’obtenir une image de très bonne qualité mais le «stitchage» est alors très compliqué et nécessite des moyens professionnels. Enfin, il ne faut pas oublier que tout cela change très vite. Déjà, au salon de Las Vegas, une société chinoise a présenté une caméra, l’insta 360 Pro, qui filme en 8K. Elle est en vente depuis fin avril pour un prix de 3000 dollars hors taxe. Il y a une grosse différence depuis avec la Ozo pour une qualité qui pourrait être plus que bien. À voir donc. Sans oublier l’annonce toute récente de deux nouvelles caméras Facebook qui semblent vouloir se positionner sur le haut de gamme. Pour l’instant, les prix n’ont pas été communiqués. Elles pourraient être en vente d’ici la fin de l’année 2017. Bien entendu, il existe encore d’autres modèles sur le marché, souvent plus confidentiels. Mais, pour résumer, la qualité de la caméra sert votre histoire, et d’une manière plus générale votre propos. Pour filmer pour vous ou pour des institutionnels à petit budget, la Samsung ou la Kodak sont de bons compromis. Pour des films financés, des projets plus lourds, beaucoup se tournent vers la Ozo en location, surtout en raison de son « stitchage » facile. Cependant, comme toujours, c’est vous qui faites la qualité du film, pas la caméra ! Ludovic Fossard
  • 13. «UN BON FILM DOIT RACONTER DES HISTOIRES» ENTRETIEN AVEC PAUL BOUCHARD SI ON ÉTAIT SUR UN BATEAU, IL SERAIT À LA VIGIE. PAUL BOUCHARD EST RESPONSABLE DE LA DISTRIBUTION DES FILMS VR CHEZ WIDE. SON MÉTIER CONSISTE À PARCOURIR LES FESTIVALS VR, RENCONTRER LES PRODUCTEURS, TISSER DES LIENS AVEC LES AUTEURS POUR SE POSITIONNER EN AVANCE SUR CE MARCHÉ. IL DOIT DONC VOIR PLUS LOIN QUE LES AUTRES POUR QUE SES INTUITIONS D’AUJOURD’HUI DEVIENNENT LES RÉALITÉS DU FUTUR.
  • 14. Qu’est-ce que le marché attend comme film VR aujourd’hui ? Alors qu’est-ce que le marché à l’international attend de la VR ? Chez Wide, nous sommes spécialisés dans la VR narrative. Dans ce domaine, nous avons l’impression que nous s’en sommes qu’au début. C’est un tout nouveau marché qui a été lancé, propulsé par du contenu qui est très « roller coaster », « maison hanté ». De ce fait, les gens qui ont une première expérience de la VR, s’ils en ont une, c’est souvent à travers, j’ai l’impression, du contenu très sensationnel, avec des impressions de vertiges, de jump scare ou autre … et donc nous, on est arrivé à Berlin avec trois films : « Sergeant James » « Oh Deer » et « Lifeline », qui sont déjà plus des propositions de narrations plus posées, plus réfléchies… qui sont moins dans l’effet un peu de surprise ou d’émotions directes, qui cherchent un peu plus le côté poétique ou narratif de la réalité virtuelle. J’ai l’impression que c’est la tendance qui se développe et c’est ce que les gens recherchent aujourd’hui : des choses qui commencent à développer des histoires, à jouer sur des choses un peu plus subtiles… A mon avis, il faut vraiment prendre le pas et raconter des histoires, prendre le temps de développer un langage, raconter des choses qui touchent directement les gens et non pas quelque chose qui va leur en envoyer plein la vue. Après il faut rester modeste. Je ne sais pas encore ce que les gens attendent vraiment de la VR parce qu’il y a encore beaucoup de personnes qui n’ont jamais encore expérimenté la VR aujourd’hui, mais si demain ils sont amenés à le faire, il faut vraiment qu’il y ait un contenu je pense, qui puisse leur raconter des vraies histoires qui les touchent et non pas juste qui leur procure une expérience qui soit de l’ordre du parc d’attraction au risque de les perdre très vite, et qu’ils passent à autre chose. Voilà c’est ça qui est important aujourd’hui dans la tête des programmateurs, c’est d’avoir des vraies histoires et du vrai contenu.
  • 15. Quand tu présentes tes films sont-ils bien accueillis? Pour ces trois films là, je dirais que j’ai eu à peu près trois types de réactions : les premières réactions, ce sont les personnes qui n’ont jamais essayé la VR. En général, ils sont assez séduits parce que c’est quand même une bonne approche de la VR techniquement parlant, en même temps ça raconte une histoire mais donc les gens sont assez subjugués… Donc tout ça marche plutôt sur ce genre de personnes. Après il y a les personnes qui ont déjà essayé la réalité virtuelle mais qui voient ça sous l’angle vidéo entertainement et qui là sont un peu surpris des fois… même si dans les programmes courts par exemple dans « Oh Deer » ou « Sergeant James » il y a un certaine douceur du récit qui laisse des temps de pose, un petit peu de flottement… et donc, ils sont un peu surpris par ces choses-là parce qu’ils s’attendent à quelque chose de très entertaining et donc ils se retrouvent sur quelque chose qui est un peu plus posé, un peu plus tranquille. Parfois, cela leur plait, parfois non. Et après il y a les personnes qui sont vraiment très contentes, qui y trouvent quelque chose, un nouveau contenu, une nouvelle forme de narration, c’est ce qu’ils attendent et donc ils aiment beaucoup. Mais je dirais sur le marché concrètement quand on était à Berlin, c’est plutôt la troisième typologie qu’on a eue, les gens qui venaient nous voir pour la réalité virtuelle, ils ont vu ces films là ils ont dit : ah voilà des films narratifs réfléchis qui explorent des possibilités narratives en RV et c’est ça qu’on veut voir, et si demain on ouvre une salle de cinéma ou on ouvre notre section VR dans notre festival, c’est ce genre de contenus qu’on aimerait avoir.
  • 16. La narration VR pour toi, s’il fallait la résumer, qu’est-ce que c’est ? C’est quoi les points sur lesquels il faut insister ? Qu’est-ce que ça permet par rapport à une narration 2D plus traditionnelle ? Je parle beaucoup avec Michel Reilhac* aujourd’hui qui est un grand théoricien, enfin pour moi, c’est un des premiers théoriciens de la VR et lui, parlerait mieux que moi sur ce sujet-là… Moi j’ai l’impression qu’il faut savoir concilier dans la VR… c’est l’empathie pour un personnage ou pour un sujet, en tout cas pour une histoire… Il faut vraiment qu’il y ait un fil narratif, qu’on suive une histoire, une trame ou un personnage pour pouvoir vraiment connecter avec ça, tout en créant une expérience immersive, ce qui est des fois un peu le problème. Aujourd’hui on va faire des documentaires qui sont magnifiques mais qui procurent juste une expérience immersive parce que ça suffit de voir un film sur des massaï par exemple et d’être juste au milieu d’eux, d’être au milieu de leurs coutumes, de leur rythme de vie. Mais je pense que demain, il faudra qu’on puisse rentrer dans une démarche plus scénarisée et vraiment nous mettre en empathie avec un personnage en particulier ou avec un sujet, qu’il y ait un fil narratif qui se structure… Toute la réflexion aujourd’hui c’est de savoir comment la mise en scène et la direction de la réalisation peut tisser des histoires dans des univers 360 immersifs. * Michel Reilhac : Ancien directeur du cinéma sur Arte - Cinéaste spécialiste de la VR.
  • 17. DE NOS ENTREPRISES PARTENAIRES DÉCOUPAGES ET LA FÉE ÉLECTRICITÉ CIRCLE TIME ENSEIGNE LA VR NOUVELLE FORMATION VR L’agence spécialisée dans la fabrication de contenus narratifs VR vient de signer un développement avec le musée d’Art moderne de la ville de Paris pour raconter en 360 l’histoire de l’électricité en s’appuyant sur le tableau de Raoul Dufy. Ce projet sera réalisé par Vincent Ravalec. Premiers pas VR de l’école de journalisme de Lille. Lors d’une journée de formation à la VR, nous avons accompagné les étudiants de deuxième année dans la fabrication d’un film court. Dans la journée, ils ont écrit et tourné une histoire imaginaire dont le but était de mettre l’univers de l’école en valeur. Voilà ce que cela donne : https://www.youtube.com/watch?v=khrUwGfw0hU Mille Sabords propose, du 29 mai au 21 juin prochains, une deuxième édition de la formation «S’immerger, écrire et tourner en Réalité Virtuelle ». En quatre modules de 3 jours dirigés par Vincent Ravalec, il s’agit de comprendre les enjeux et de les mettre en pratique avec l’écriture, la réalisation et la post-production d’un véritable film en VR. Formation conventionnée par l’AFDAS. Renseignements et inscriptions ici : http://www.mille-sabords.net VR STORY MAGAZINE PRÉSIDENT Vincent Ravalec DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Ludovic Fossard RÉDACTRICE EN CHEF Marisa Cattini RÉDACTION Thomas Raguet Gérard Bernasconi Nader Samir Ayache GRAPHISME Juliette Domenge-Chenal 30, rue du colonel Delorme - 93100 Montreuil Tél : 01.43.63.70.00 - Email : contact@vrstory.fr Site : www.vrstory.fr LES NEWS VR... REJOIGNEZ LE COLLECTIF VR STORY POUR PARTAGER VOTRE PASSION DE LA VR POUR NE PAS RATER LES PARUTIONS, ABONNEZ-VOUS GRATUITEMENT Merci à l’équipe de Découpages et en particulier à Pierre Laurent, Diane Micouleau, Youcef Koliaï, Lucas Wybo et Maylis Roussel.