1. L’évolution de
l’Homme dans la
science fiction
La science-fiction est un genre narratif principalement littéraire et cinématographique structuré par
des hypothèses sur ce que pourrait être le futur (planètes éloignées, mondes parallèles, etc.), en
partant des connaissances actuelles (scientifiques, technologiques, ethnologiques, etc.) ou par
d'autres hypothèses plus ou moins plausibles. Elle se distingue du fantastique qui inclut une
dimension inexplicable et de la fantaisie qui fait souvent intervenir la magie.
Au cours du temps, les différents auteurs, réalisateurs ou producteurs se sont relayés afin de laisser
libre court à leur imagination et de créer divers personnages qui ont évolués dans des aventures
folles. Ces personnages ont alors évolué au cours du temps, c’est pourquoi nous allons étudier
quelques personnages issus des grands films de science fiction pour voir quelles formes et quelles
différences ils ont.
De la terre à la lune : 1865
Après la fin de la Guerre de Sécession, le Gun Club de Baltimore et son Président, Barbicane,
essaie de projeter un boulet de canon sur la Lune. Après plusieurs réunions, le Gun Club s'organise
et lance une collecte de fonds en direction de toute la planète. Après avoir récolté l’argent
nécessaire, le projet prend forme sous la forme d'un immense canon, la Columbiad.
La volonté du club est de mener l’expérience sur le territoire des États-Unis et les contraintes
physiques imposeront le choix de la Floride comme lieu de lancement. On installe le canon.
Le Gun Club reçoit un télégramme du Français Michel Ardan, qui propose de fabriquer un
projectile creux dans lequel il pourrait se loger pour aller sur la lune. Après avoir vérifié l’existence
de ce Français, le Gun Club suspend la fabrication du projectile. Arrivé aux États-Unis, Ardan
convainc l'opinion publique de la possibilité de son idée. Seul Nicholl, adversaire et rival de
Barbicane, s’y oppose. Ardan résout le conflit en persuadant les deux hommes d'entreprendre avec
lui ce voyage vers la lune.
Le tir est un succès. À terre, après l’enthousiasme arrive l’inquiétude, car il est impossible de suivre
le projectile à cause des nuages. Au bout de quelques jours, celui-ci est finalement découvert en
orbite autour de la Lune.
Le monde que décrit Verne est ici entièrement masculin. Il se compose d'anciens combattants,
d'ingénieurs et de savants. Les premiers ont tous perdu quelque chose dans la guerre, qui un bras,
qui une jambe, et paradoxalement ce sont les ingénieurs, Nicholl et Barbicane, ou l'aventurier
polymathe Michel Ardan qui se révèlent être des hommes complets 1, à la fois hommes d'étude et
d'action.
Le roman est symbolique d'un nouveau paradigme héroïque : le héros guerrier, cassé comme un
vieux jouet, est mis à la retraite et c'est l'explorateur savant qui le remplace, avide non plus de
conquêtes mais de connaissances, prêt à sacrifier sa vie non pour son roi, sa religion ou sa nation,
mais pour "savoir". La curiosité est le moteur essentiel du héros vernien. Mu par la même curiosité
et la même soif de savoir, les héros s'inscrivent délibérément dans la tradition des grands
explorateurs.
2. 2001 l’odyssée de l’espace : 1968
Toute la première séquence tend à poser un événement unique et extraordinaire à la source de
l’humanité : l’apparition du monolithe noir. C’est en effet à la faveur de cette apparition que
l’humanité se démarque de la condition animale. Avant cette apparition, les singes se donnent
comme des animaux semblables aux autres (risque des prédateurs, nourriture animale …).
Immédiatement après cette apparition a lieu une découverte fondamentale : celle de l’outil. La
découverte de l’outil arrache l’homme à l’animalité en le posant comme maître et possesseur de la
nature : il découvre le moyen d’assurer ses conditions de vie (l’outil permet la chasse), et la
supériorité de son désir (la lutte pour le point d’eau). C’est donc l’apparition du monolithe qui fait
naître l’humanité, et celle-ci semble se lire dans la capacité à fabriquer des outils : on retrouve une
définition classique de l’homme comme « animal fabricateur d’outil »
Kubrick utilise ensuite les ressources de la simple grammaire cinématographique pour évoquer la
naissance de la conscience comme capacité de se projeter dans le temps.
L’homme-singe qui frappe un squelette avec son outil semble en effet capable de se projeter dans le
temps et d’imaginer l’effet de sa découverte
La conscience de l’angoisse de mort qui semble au fondement de l’humanité et de l’intelligence
technique permet de nuancer quelque peu l’affirmation selon laquelle le monolithe a radicalement
transformé un animal comme les autres en créature intelligente : lorsque, dans la nuit qui précède
l’apparition du monolithe, les singes sont regroupés dans leur abri, on entend le feulement des
fauves au loin, et il semble que quelque chose comme une angoisse de mort puisse se lire dans le
regard de ces hommes-singes. Il y a là une ébauche de conscience, une sorte de compréhension
confuse de la possibilité de la mort, et donc déjà une certaine capacité de se projeter dans l’avenir.
En ce sens, l’apparition du monolithe ne ferait que développer, de manière certes saisissante, une
possibilité déjà inscrite chez ces singes.
3. Blade runner : 1982
L'histoire se déroule en 2019 à Los Angeles sur une Terre où a été anéantie la quasi-totalité de la
faune et de la flore de la planète.
Les gouvernements terriens encouragent très fortement l'exil vers les « mondes extérieurs » qui sont
en cours de colonisation. Pour favoriser les départs, ceux-ci offrent gracieusement un « androïde à
tout faire » à toutes les personnes qui s'exilent. Ces androïdes sont appelés « réplicants » et sont
plus ou moins considérés comme des esclaves modernes. Ils sont aussi utilisés dans les travaux
pénibles ou dangereux, comme objets de plaisirs ou dans les forces armées.
Les réplicants sont créés par la seule Tyrell Corporation, firme à la fois riche, puissante et
influente. Après une révolte sanglante des réplicants dans une colonie martienne, ces derniers sont
alors interdits sur Terre. Toutefois, certains réussissent à s'enfuir et à regagner la Terre pour
retrouver leurs créateurs et les obliger à rectifier leur caractère génétique qui les limite à une durée
de vie de quatre à cinq ans au plus.
Les unités policières Blade Runner sont là pour faire respecter la loi aux contrevenants androïdes.
Ils ont donc l'autorisation de tuer n'importe quel réplicant en situation irrégulière. On n'appelle pas
cela une exécution mais un « retrait ». Chaque retrait donne droit à une prime substantielle pour le
Blade Runner qui l'a effectué.
Toutefois, ces androïdes modernes sont tellement évolués qu'il est difficile aux Blade Runners de
les identifier et ils doivent alors enquêter longuement afin d'avoir la certitude qu'il s'agit bien d'un
androïde avant de le retirer.
Pour repérer les réplicants, le Blade Runner se concentre sur les différences qui existent entre eux
et les humains. Voici les trois principales :
- Les réplicants ne sont pas sensibles à la vie animale (à laquelle les humains sont très
attachés, d'autant plus que les vrais animaux sont très, très rares) et ne ressentent rien lorsqu'un
animal est mis à mort.
- Les réplicants n'ont a priori aucune forme d'empathie entre eux et envers les autres...
Ainsi, ils ne feront rien pour aider l'un des leurs et deviennent souvent résignés quand un Blade
Runner les attrape.
- Les réplicants ont une moelle osseuse différente de celle des humains, du fait que leur
génome a été créé artificiellement, ce qui permet une vérification post-mortem.
4. Avatar : 2009
Dans le futur, en l’an 2154, Jake Sully, ancien marine, paraplégique, accepte de participer au
programme Avatar, pour remplacer son défunt frère jumeau. Il est envoyé sur Pandora, l’une des
lunes de Polyphème, située dans le système stellaire d’Alpha Centauri, à 4,4 années-lumière du
système solaire. Pandora, recouverte d’une jungle luxuriante, est peuplée d’une faune et d’une flore
aussi magnifiques que dangereuses pour les humains par qui la planète a été surexploitée. L’air est
irrespirable pour les terriens et la planète est habitée par les Na’vis, une espèce indigène
humanoïde, considérée comme primitive et hostile par les Terriens. Ils peuvent atteindre trois
mètres de haut, ont une peau bleue-verte et une longue queue ressemblant à celle d’un lion, et
vivent en harmonie avec leur environnement. Ils possèdent également une natte grâce à laquelle ils
peuvent se connecter et communiquer avec les animaux et les plantes par la pensée et les
sensations. Ils appellent cela tsaheylu, ce qui signifie « faire le lien ».
Lorsque les humains arrivent sur la planète, ils découvrent un minerai jusqu’alors inconnu dans le
système solaire, l’unobtanium, qui est la clé pour résoudre la crise énergétique sur Terre. Tous les
intervenants sont employés par la RDA9, un consortium militarisé visant à l’exploitation des
ressources minières dans l’espace. Comme le plus gros gisement se situe sous les racines d’un arbre
gigantesque qui abrite un clan Na’vi, les Omaticayas, les Terriens décident de créer le programme
Avatar, un programme diplomatique, pour gagner la confiance des Na’vis et déplacer leur peuple,
afin d’extraire le minerai.
Jake Sully est recruté pour faire partie du programme Avatar car il possède le même génome que
son frère jumeau, un scientifique participant au programme mais assassiné lors d’un vol. En effet
chaque « avatar » est créé génétiquement à partir d’ADN de Na’vi et de l’ADN de son « pilote ».
Cela donne un être possédant un corps Na’vi et un cerveau humain, qui est contrôlable à distance
par un humain grâce à des ordinateurs. Un avatar qui n’est pas relié à un pilote est dans le coma et
quand un pilote est connecté à un avatar dans un caisson spécial, son corps est comme endormi.
Plusieurs humains participent au programme et ont donc un avatar, dont le docteur Grace Augustine
qui est responsable scientifique et Norman Spellman spécialiste de la langue Na’vi, débarqué en
même temps que Sully.