1. En 2100, le nombre de jours de grosses chaleurs pourrait être multiplié par 6 sur le pourtour
méditerranéen. Leur intensité sera plus forte. Une canicule comme celle ayant frappé l’Europe en 2003
pourrait survenir un été sur deux vers la fin du siècle avec des conséquences désastreuses pour les
personnes âgées ou vulnérables. Si nos latitudes seront déjà durement touchées par ce réchauffement
moyen de trois degrés. Une autre partie du monde verra le mercure augmenter plus dramatiquement ; le
pôle Nord.
Le réchauffement d’une surface dépend en effet de sa couleur. L’océan est sombre, et il absorbe une
grande part du rayonnement solaire et se réchauffe rapidement. Un volume blanc comme la banquise au
contraire réfléchit les rayons et conserve davantage de fraicheur. Quand la banquise commence à fondre à
cause d’une légère hausse de température, l’océan se retrouve à l’air libre. Résultat : le mercure monte et
la banquise se fond encore plus. Un véritable cercle vicieux. Plus la banquise fond, plus la température
augmente.
Avec une hausse locale de 9 degrés, elle pourrait totalement disparaitre en été dès le milieu du siècle. Les
conséquences seraient alors dramatiques pour de nombreuses espèces polaires comme les ours blancs
dont la survie dépend étroitement de ces grandes étendues d’eau de mer gelée. Mais au-delà de la
banquise qui ceinture les terres,le Groenland est aussi recouvert d’une épaisse couche de glace. Et
l’avenir de cette dernière préoccupe encore plus.
Si l’ensemble des glaciers continentaux du Groenland venait à fondre, ils libèreraient des quantités
phénoménales d’eau douce qui se déverseraient dans les océans. Et ils feraient monter le niveau de la mer
de 7 mètres. Le destin des glaces est donc essentiel pour l’avenir de l’Homme. Comment la calotte
arctique résistera-t-elle avec 6 degrés de plus ?
À l’horizon 2100, les projections sont plus mesurées. Pour un réchauffement de 3 degrés, l’ensemble des
glaciers du monde entier devrait faire monter les eaux jusqu’à 40cm. Une hausse déjà conséquente qui
devrait encore s’accentuer,car l’océan lui-même se réchauffe. Dans ce même scénario de réchauffement,
l’extension thermique de l’océan à lui seul ferait monter les mers de 20cm. Avec les 40cm liés à la fonte
des glaces, la facture globale atteindrait alors 60cm. Ceci n’est qu’une moyenne, car la montée des eaux
serait loin d’être uniforme sur le globe.
Toutes ces projections dépendent de l’ampleur du changement climatique à venir, et donc de la capacité
des hommes à réduire leurs émissions de CO2. Entre les tropiques, la zone la plus vulnérable, les eaux
pourront localement montées entre 40cm et 1,20m selon les scénarios envisagés. Une marge d’incertitude
considérable qui pourrait tout changer pour les côtes et les îles du Pacifique et de l’océan indien. Kiribati,
Tuvalu, les Maldives, ces terres culminent à seulement quelques mètres au-dessus des mers. Comment ces
îles vont-elles résister ? Seront-elles irrémédiablement englouties sous les eaux en 2100 ?
Contre toute attente,la montée des eaux ne provoque pas systématiquement une érosion des côtes.
D’autres facteurs compensent ou aggravent le phénomène. L’urbanisation intensive par exemple fait
enfoncer les sols et accentue l’érosion des côtes. À l’inverse, les cyclones peuvent apporter de grandes
quantités de sable sur les plages et les ilots s’agrandissent.
Pour la fin du 21ème
siècle, tout dépendra de l’ampleur du changement climatique à venir. En première
ligne des submersions à venir, les îles du Pacifique, mais aussi le sud de l’Asie, et en particulier le
Bengladesh où de fréquentes inondations pourraient entrainer des glissements de terrain et drames
2. sanitaires. Seule lueur d’espoir, les eaux monteront progressivement, laissant aux populations les chances
de s’adapter et de mieux protéger leurs côtes.
Les dégâts causés par les évènements extrêmes seront déjà aggravés par le niveau des mers. Mais
l’évolution propre des cyclones laisse craindre le pire. Ouragans,typhons, cyclones, autant de mots qui
désignent un même phénomène tropical. Depuis Katrina, ils sont soupçonnés de devenir de plus en plus
violents. Ces évènements climatiques comptent en effet parmi les plus mystérieux. Certains mécanismes
liés à leur formation restent encore inconnus des scientifiques.
Quand les océans se réchauffent,l’eau s’évapore davantage. Il y a alors plus d’humidité disponible pour
alimenter les cyclones déjà formés. Parallèlement, une atmosphère plus chaude est capable de contenir
davantage de vapeur d’eau. Ce surplus d’humidité se condense à l’intérieur de l’ouragan. Elle retombe
sous forme de pluies diluviennes sur le passage du phénomène. Plus le réchauffement est important, plus
ces précipitations vont être fortes. Pour un scénario de 3 degrés, leur niveau devrait grimper de plus de
20%. Les ouragans qui frappent aujourd’hui les Caraïbes et les côtes américaines pourraient évoluer vers
les côtes européennes.
En 2100, les cyclones ne seront pas les seuls phénomènes météorologiques à devenir plus dévastateurs.
Le réchauffement de l’atmosphère exacerbe l’ensemble du cycle de l’eau. Les orages seront plus violents
avec des pluies plus abondantes. À l’inverse, sous l’effet des canicules, les grandes sécheressesestivales
se feront plus intenses.
Tout au long du 21ème
siècle, les contrastes se feront plus forts entre les régions déjà humides qui
recevront toujours plus d’eau et des zones arides de plus en plus sèches. Le pourtour méditerranéen, le
Sud de l’Afrique et l’Amérique Centrale pourraient devenir presque désertiques. Comment la nature
pourra-t-elle résister dans un monde de plus en plus sec ?
Le destin de l’Amazonie est essentiel pour l’humanité. Les forêts anciennes constituent notre meilleur
rempart contre le réchauffement. Par le biais de la photosynthèse, elles absorbent un tiers de nos
émissions de CO2. Si l’activité de photosynthèse chute de trop, il y aura plus de CO2 dans l’atmosphère,
amplifiant davantage le réchauffement.
Le changement climatique aura des effets irréversibles sur la biodiversité elle-même. Année après année,
mètre après mètre, les poissons, les oiseaux mais aussi les plantes migrent déjà vers les latitudes plus
élevées, en quête de fraîcheur. Mais les animaux du Grand Nord comme les phoques, ours et renards
polaires ne trouveront bientôt plus de terres à gagner. Très sensibles à la chaleur, les coraux et les milliers
d’espèces de poissons tropicaux qu’ils abritent sont aussi particulièrement menacés.
Sous un réchauffement massif, 1/5 de la faune et de la flore serait voué à disparaître d’ici la fin du siècle.
Des glaces aux océans,de la météo aux écosystèmes,aucune facette de notre planète ne sera épargnée par
le dérèglement climatique. Sous le coup de ces différents impacts conjugués, nos sociétés n’en sortiront
pas indemnes. Nous ne serons pas tous égaux face à ces profondes mutations. Les pays en développement
seront les plus touchés. Ils ont des économies plus basées sur l’exploitation des ressources naturelles, et
notamment la production alimentaire que les pays développés. Tout ce qui est lié à l’agriculture ou
l’élevage sera fortement impacté par le changement climatique.
Le réchauffement global accroitra des inégalités déjà criantes entre pays industrialisés et pays en
développement. En Afrique, les rendements agricoles baisseront jusqu’à 25% à un moment où la
population sera en pleine explosion démographique. L’accès à la nourriture pourrait devenir plus critique.
Face à ces crises majeures,de nombreuses tensions pourraient éclater.
3. Tout au long du 21ème
siècle, l’humanité devra s’adapter pour se préparer aux vastes mutations qui
l’attendent. Mais peut-être existe-t-il une autre solution. Ce monde si catastrophique n’est pas une fatalité.
L’humanité a aujourd’hui, la possibilité de limiter l’ampleur du réchauffement à venir, de rester sur la
barre fatidique des 2 degrés en 2100. Il y a donc urgence, non seulement pour le climat de 2100, mais
celui des siècles à venir.
Du coté des scientifiques, les recherches se multiplient pour inventer les technologies qui nous aideraient
à respecter cet objectif de 2 degrés. Certains s’inspirent des volcans dont les cendres masquent
ponctuellement le rayonnement solaire. L’idée serait de projeter des particules de soufre dans la haute
atmosphère. En recevant moins d’énergie, la Terre pourrait se refroidir. Mais cette solution laisserait une
bombe à retardement aux générations futures.
La seule solution durable n’est donc pas entre les mains des scientifiques, mais celles des décideurs.
Depuis 1992, les responsables politiques du monde entier se réunissent chaque année lors de grandes
conférences sur le climat. Mais ils peinent à trouver un accord pour limiter les émissions de gaz à effet de
serre. Ildevient impératif de signer un traité ambitieux le plus tôt possible. Plus nous agirons vite, plus le
monde de demain sera meilleur.
Nous avions fait subir à la Terre des changements irréversibles. Par leurs nombreuses investigations, les
scientifiques nous prouvent que notre planète est dans un équilibre fragile qu’il est très facile de
déstabiliser. Avec un seul élément déclencheur, l’augmentation de l’effet de serre,toute la mécanique
climatique peut se dérégler, menant à un monde plus extrême et plus injuste. Malmené, la Terre nous
rappelle désormais à l’ordre. Elle nous offre l’opportunité de réfléchir à un mode de développement
durable plus respectueux de notre environnement et de nos semblables.
Le visage du monde de 2100 dépend avant tout de nos choix d’aujourd’hui.