1. THEME 2 : AMENAGER ET DEVELOPPER LE TERRITOIRE FRANÇAIS
Question 1 : Valoriser et ménager les milieux
Introduction :
Du fait de sa position de carrefour et de la diversité de ses influences climatiques, la France possède une grande
variété de milieux (en métropole et dans les territoires ultramarins).
La notion de « milieu » peut se comprendre de différentes manières :
- D’un point de vue environnemental, un milieu est un espace ayant une relative cohérence naturelle et
climatique.
- Du point de vue des sociétés, un milieu est un territoire servant de cadre de vie, aménagés et transformé
par l’homme.
Aujourd’hui, il n’existe pas de milieu uniquement naturels car les hommes aménagent, transforment et dégradent
en permanence les milieux pour satisfaire leurs besoins. La France est le résultat de choix effectués par ses
habitants et leurs dirigeants au cours des siècles.
Néanmoins ces aménagements génèrent de nouveaux risques, ce qui impose une gestion plus raisonnée des
milieux.
- Quelles sont les principales potentialités et contraintes physiques du territoire français ?
- Quel rôle jouent-elles dans les aménagements et l'organisation du territoire français ?
I. Les potentialités du territoire français
1) Une grande variété de milieux
En France on retrouve 4 grands types de milieux :
- Les milieux fortement urbanisés et artificialisés, le long des grands fleuves et sur les littoraux
- Les littoraux
- Les milieux agricoles dans les plaines et les vallées
- Les milieux forestiers et semi-naturels occupent les reliefs.
L’existence et l’évolution des milieux est d’abord d’ordre naturel. La France métropolitaine est située aux latitudes
moyennes, ce qui n’est pas le cas des territoires ultramarins. La France métropolitaine présente une palette de
climats tempérés (carte p.84-85) alors que les territoires ultramarins se caractérisent par des climats plus marqués.
En France métropolitaine, le climat est océanique à l’Ouest et évolue vers un climat plus continental à l’Est. Les
massifs montagneux ont un climat spécifique, plus ou moins marqué selon l’altitude.
Au Sud, le climat est méditerranéen.
2) Des milieux anthropisés et des caractéristiques valorisées
L’autre facteur de l’existence et de l’évolution des milieux c’est l’homme et son action. Aucune portion du
territoire n’échappe à l’empreinte humaine. Aucun milieu n’est exclusivement naturel, y compris les régions de
haute montagne ou de forêt équatoriale. Les milieux sont donc façonnés par les sociétés humaines qui les
artificialisent depuis des siècles.
Les milieux sont inégalement artificialisés : les zones urbaines, les forêts et les paysages agraires sont anthropisés et
aménagés depuis des siècles alors que les milieux littoraux et montagnards l’ont été plus récemment avec l’essor du
tourisme.
2. Néanmoins, la diversité des milieux offre de multiples potentialités :
- La position de carrefour du territoire métropolitain permet à la France d’être un point de passage obligé
entre l’Europe du Nord et du Sud, de l’Ouest et de l’Est. Elle dispose également d’un territoire ouvert sur les
espaces maritimes, à proximité des grandes routes du commerce mondial.
- Ses cours d’eau navigables (Seine, Rhône…) et leurs grandes vallées constituent des couloirs naturels de
communication, aménagés pour supporter des trafics intenses.
- La variété de ses climats lui permet de disposer d’une agriculture très diversifiée : céréales et élevage au
Nord, élevage dans le centre et l’est, viticulture et fruits et légumes dans le sud…
- Un territoire fait principalement de plaines et de plateaux peu élevés, ce qui favorise l’installation des
hommes, le développement de l’agriculture et facilite la circulation.
- La diversité des paysages, associé à la valorisation du patrimoine et aux aménagements est source de
richesse économique grâce au tourisme, notamment en Ile-de-France, en Bretagne, dans les massifs
montagneux, et les régions à fort ensoleillement.
- Si les ressources fossiles sont aujourd’hui quasiment épuisées, la variété des milieux offre de nombreuses
perspectives de développement pour les ressources renouvelables (éolien, solaire, biocarburants…)
3) Les potentialités des territoires ultramarins
Le territoire français inclut des territoires ultramarins, hérités de l’empire colonial, aux statuts variés. Ce sont les
DROM (Départements et régions d’outre-mer : Guadeloupe, Martinique, La Réunion, Guyane, Mayotte) et les COM
(Collectivités d’outre-mer : Saint-Barthélémy, Saint-Martin, Saint-Pierre et Miquelon, Polynésie française, Nouvelle-
Calédonie, Wallis et Futuna) et les TAAF (Terres australes et antarctiques françaises : Crozet, Kerguelen, îles Eparses,
îles Saint-Paul et Nouvelle-Amsterdam, Terre-Adélie).
Ce sont des territoires très diversifiés, plus sauvages car moins transformés, mais aussi plus fragiles en raison des
contraintes importantes et des aléas naturels qui pèsent sur ces espaces. La forêt amazonienne de Guyane est
particulièrement vulnérable, notamment à la pollution engendrée par l’orpaillage illégal.
Les territoires ultramarins sont des espaces attractifs pour le tourisme.
Ils permettent aussi à la France de disposer de la deuxième plus grande Zone économique exclusive (ZEE) du
monde (11 035 000 km2
, dont 9 165 528 hors UE) juste derrière celle des Etats-Unis, ce qui lui permet d’explorer,
exploiter, protéger toutes les ressources qui s’y trouvent, aussi bien dans les eaux, les fonds marins et sous-marins :
poissons, végétaux, et bien sûr pétrole et gaz.
II. Maîtriser les contraintes des milieux
1) Des milieux aménagés et transformés…
Certains milieux présentent davantage de contraintes que d’autres :
- Espace montagnards : la pente est un obstacle aux communications et à la circulation, le froid et la neige
limitent les cultures.
- Sud méditerranéen : la sécheresse estivale pose le problème de la gestion de l’eau.
- L’insularité (Corse, territoires ultramarins) est également un obstacle à l’accessibilité de ces territoires, et ce
d’autant plus qu’ils sont éloignés de la métropole.
- Zones humides (estuaires, marécages…) peu favorables aux aménagements.
Néanmoins, les hommes se sont adaptés à ces contraintes qui sont aujourd’hui surmontées. Des aménagements
ont été réalisés pour valoriser économiquement les milieux contraignants :
- Les littoraux ont été aménagés en Zones industrialo-portuaires (Le Havre, Saint-Nazaire, Fos-sur-Mer…), en
stations balnéaires (Languedoc-Roussillon), en site touristique culturel (Mont-Saint-Michel…) …
- Des stations de sports d’hiver sont créées en haute-montagne.
3. - Des barrages hydroélectriques sont construits dans les vallées. Des canaux de drainage permettent de
cultiver les terres basses de Flandres…
- Des infrastructures de communication permettent de s’affranchir des contraintes liées au relief ou aux
cours d’eau (Pont de Normandie, Viaduc de Millau, autoroutes, TGV, tunnel du Fréjus…)
2) … exposés aux risques naturels…
L’ensemble du territoire est soumis aux aléas naturels : inondations, incendies de forêt, mouvements de terrains,
avalanches, tempêtes… Les territoires ultramarins sont exposés à des aléas spécifiques : cyclones, volcanisme,
séismes…
La vulnérabilité d’un territoire à un risque est liée à plusieurs facteurs :
- Sa position géographique qui le rend plus ou moins exposé aux aléas naturels.
- L’importance de sa population. Du fait de l’accroissement démographique et de la pression de
l’urbanisation, les espaces auparavant considérés à risque (fonds de vallées, cordons littoraux…) sont
aujourd’hui occupés après la réalisation d’aménagements de protection (digues, paravalanches…). Cela
contribue paradoxalement à augmenter le risque car celui-ci est moins perçu (submersion marine à La
Faute-sur-Mer en 2010…).
- Certains aménagements et certaines actions de l’homme accroissent la vulnérabilité face aux risques : le
déboisement accentue le ruissellement des eaux, l’urbanisation imperméabilise les sols et déstabilise les
pentes, les constructions exposées aux incendies de forêts, aux inondations ou aux avalanches…
3) …et industriels.
En tant que pays industrialisé, la France est très exposée aux risques technologiques, notamment en zone urbaine
(région lyonnaise, étang de Berre, Dunkerque…).
Les sites industriels à risque sont classés « Seveso » et font l’objet de mesures de prévention. La prévention des
risques repose sur le PPR (Plan de prévention des risques) visant à informer les populations et organiser les secours
en cas d’accident, comme en septembre 2001 lors de l’explosion de l’usine AZF à Toulouse.
Le territoire français est aussi exposé aux risques de pollution d’origine nucléaire (problème de la gestion des
déchets), industrielle (pollution des sols, des cours d’eau et de l’atmosphère), pétrolière (marées noires) ou même
agricole (l’utilisation massive d’intrants provoque des marées vertes, la pollution des sols, des cours d’eau…)
III. Ménager les milieux
1) Des milieux sous pression…
Les milieux les plus aménagés sont aussi les plus dégradés car la pression de l’homme sur l’environnement est
forte.
En métropole comme dans les territoires ultramarins, certains milieux sont particulièrement dégradés :
- Les milieux urbains sont des espaces totalement artificialisés, très affectés par la pollution en raison des
fortes densités de population et d’activités économiques.
- Les milieux touristiques du fait de l’afflux saisonnier de fortes populations. La gestion des ressources,
notamment de l’eau, en est affectée.
Le tourisme de masse modifie, voire dégrade également les paysages (ex : piétinement de la dune du Pilat,
bétonisation du front de mer dans les stations balnéaires ou du front de neige dans les Alpes…)
- Les milieux agricoles du fait de l’utilisation intensive d’intrants (engrais, pesticides…).
- Certains milieux ont même disparus, comme certaines zones humides qui ont été asséchées pour répondre
aux besoins des hommes (alimentation, eau potable, extraction de matériaux pour la construction, etc.), ce
qui a des répercussions sur la faune et la flore (migrations d’oiseaux, disparition d’espèces de plantes…)
4. 2) …à ménager et à protéger…
Plusieurs acteurs interviennent dans la protection des milieux (doc 2 p 91, doc 9 p 88, doc 10 p 89) :
- L’Etat : le ministère de l’écologie et du développement durable joue un rôle central. L’Etat encadre la gestion
des Parcs nationaux (créés en 1960) et des Parcs marins.
Il fait appliquer la loi Montagne (1985) et la loi Littoral (1986) qui limitent l’urbanisation dans ces milieux
fragiles. Il gère des établissements publics comme l’Office national des forêts (ONF), le Conservatoire du
littoral ou les Agences de l’eau.
- L’Union européenne classe des milieux « Natura 2000 » (plus de 1700 en France) pour la préservation de la
faune et de la flore.
- Les collectivités locales : régions (Parcs naturels régionaux…), communes (à travers les SCOT, PLU, Agenda
21…).
- Certaines entreprises dont le secteur d’activité est associé à la protection de l’environnement ou qui
valorisent leur image par des mesures de développement durable.
- Les citoyens, à travers des associations ou des initiatives individuelles (ex : « Zadistes » contre la
construction de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes ou contre le barrage de Sivens).
3) …en conciliant le développement économique et le développement durable
Les acteurs publics recherchent un équilibre entre la protection et le développement des territoires. Or il est
difficile de concilier les intérêts de tous les acteurs (Etat, acteurs économiques, associations de protection de
l’environnement, citoyens…), ce qui engendre des conflits d’usage. Le plus souvent la solution trouvée aux conflits
entre des intérêts économiques et des revendications écologiques est un compromis, car le principe de
développement durable ne se limite pas à la protection de l’environnement mais intègre une dimension sociale
et économique.
Il est donc difficile de mettre en œuvre des mesures de développement durable et de concilier ses 3 objectifs. Ainsi,
concernant par exemple le projet controversé du barrage de Sivens (Tarn), comment répondre aux besoins en eau
de la population (objectif social) et des agriculteurs pour l’irrigation (objectif économique) sans détruire une vaste
zone humide caractérisée par sa biodiversité ? (objectif écologique)
Conclusion :
Il existe en France métropolitaine et ultramarine une grande variété de milieux. Leurs potentialités sont exploitées
et leurs contraintes surmontées.
Cependant, celles-ci ont un caractère relatif, toujours associées à une société et une époque données. Ils ont
suscité des aménagements à diverses échelles de la part de différents acteurs (Etat, collectivités territoriales,
entreprises...) afin de satisfaire les attentes des populations et en prenant de plus en plus en compte les enjeux du
développement durable.