Aftershow report for july, the 5th last year

1. LA VOIX DU NORD
DIMANCHE 6 JUILLET 2014
2 RÉGION......................................................................................................................................................................................................
1070.A
Justine, 4 ans, se trémousse sur
les épaules de sa maman. Panta-
lon à étoiles. Sourire intimidé en
coin. Elle vient pour Stromae, évi-
demment. Avec son grand frère,
Maël, 7 ans. Sa mère, son père.
Son papi, sa mamie. Tous en-
semble autour de « Papaoutai »,
sa chanson préférée. Justement,
c’est un cadeau de papa, les
places au festival. « Stromae, c’est
intergénérationnel ! C’est pour ça
qu’on est venu. Dans la famille, tout
le monde aime ». Stromae-mania.
Le troisième jour du Main Square
festival qui affichait complet à
quelques semaines du jour J, était
focalisé sur la star belge : « Stro-
mae, j’ai trop hâte », trépigne Ly-
sa, 12 ans, maquillage, paillettes
et rouge à lèvres juste pour lui.
Elle est venue avec ses frères et
sœurs, âgés de 9 à 13 ans. « C'est
les vacances, prétexte Virginie, la
maman, originaire de Puisieux.
L'ambiance est bon enfant, c'est
vraiment sympa. »
Beaucoup ont vu dans le phéno-
mène Stromae l'occasion d'assis-
ter à leur premier festival.
Comme Léo, 4 ans, pour qui la
place est, aussi, un cadeau – sur-
prise – de papa. Comme Léa, 10
ans, fan de La fête. Comme Ju-
liane, cette grand-mère, heu-
reuse de profiter du spectacle
Sous la pluie
Stromae aura même fait craquer
les cœurs des plus mordus des
festivaliers. Ceux qui arborent,
fièrement, leur pass quatre jours.
« Oui, on aime bien Stromae aussi.
On est content de le voir sur scène. »
Les Belges aussi, patriotes, hap-
pés par le match contre l’Argen-
tine pendant le concert de
MGMT. Rugissant au rythme des
actions autant que sur les chan-
sons. « Un jour de match. Stromae
en concert… c’est un grand jour
pour la Belgique. Et, même si on est
pas forcément de grandes fans, on
est bien obligées de reconnaître, au-
jourd’hui, que Stromae aussi repré-
sente la Belgique ! Il montre qu’on
existe », soulignent Ingrid et Sa-
fia, grimées aux couleurs de la
Belgique. Beau lot de consola-
tion.
Cachés sous les parapluies, ou les
ponchos de pluie transparents,
les bottes dans la gadoue, les fa-
milles étaient nombreuses à at-
tendre l’idole « formidable ». Mal-
gré la pluie torrentielle, qui gâ-
cha une partie de la soirée, aux
alentours de 20 h .
Alors forcément, quand il est ar-
rivé sur scène, le Stromae tant at-
tendu, le cœur de la place
d’Armes a fait un bond. À l’unis-
son. Et les festivaliers sont entrés
dans la fête. 40 000 têtes, des
blondinets tatoués Stromae aux
poivres et sels tendus dans un
même show.
En attendant ce soir, où M et Da-
vid Guetta refermeront la page de
la dixième édition du Main
Square festival. ■ SARAH BARDIS
PHOTOS PASCAL BONNIÈRE
៑ Aujourd’hui
Scène principale : David Guetta, M, Dé-
troit, The Parov Stelar Band, Rodrigo y
Gabriela et Keziah Jones.
Green Room : Bakermat, London Gram-
mar, Girls In Hawaii, James Arthur et
Nina Nesbitt.
LA VOIX DU NORD
DIMANCHE 6 JUILLET 2014
3RÉGION......................................................................................................................................................................................................
Woodkid 7,25/10
La plus belle ambiance de ces deux premiers
jours de festival. Le Français Yoann Lemoine
aurait largement pu tenir la grande scène
avec son rock péplum mi-frisson (voire lacry-
mal), mi-grandiloquent. Un peu pompier,
des passages de
musique de du-
casse dispen-
sables, mais vi-
suellement
époustouflant.
Le démiurge à
la base réalisa-
teur de clip (Ri-
hanna, Lana
Del Rey...) a
aussi une pure
voix qu’on au-
rait d’ailleurs
préférée,
comme à Rou-
baix en 2012, plus en avant, y compris dans
le seconde partie du set plus enlevée. Que
l’on aime ou pas, la conquête du monde en
mode mi-Ben-Hur mi-galactique qu’il est en
passe de gagner est méritée.
៑ A : 2 ; O : 2 ; G : 1,5 ; P : 1,75
The Black Keys6,75/10
Décevant. L’un des meilleurs groupes de
rock du monde n’est pas taillé pour une
jauge de 35 000 personnes. Manque de
souffle, de dynamisme, morceaux plus lents
que sur disque. Seuls les tout premiers rangs
pouvaient réellement apprécier le roots ori-
ginel de ce duo phare de ces dernières an-
nées. On aurait voulu être empli des Nova
Baby, Tighten Up ou Lonely Boy. Or, on a eu
l’impression d’être restés en surface, excepté
sur le sublime premier rappel Little Black
Submarines. À revoir en salle. Grandiose au
Zénith il y a deux ans. Trop subtil pour les
configurations gargantuesques.
៑ A : 1,25 ; O : 1,75; G : 1,25; P: 2,5
Gesaffelstein7/10
Gesa, comme l’appellent les branchés, pour-
tant en haut de l’affiche dans de nombreux
festivals plus petits, semblait comme jouer
dans une cour plus modeste. C’est dire la di-
mension du Main Square. Cela étant, son
épure visuelle et sonore après les excès de
Skrillex fut salutaire. Presque humain bien
que le petit prince en noir de la techno fran-
çaise fasse dans le martial, l’acid house (sur
la fin du set) et l’ambiance usine désaffectée.
Pour le grand bonheur des derniers club-
bers, passé 2 h.
៑ A : 1,5 ; O : 1,5 ; G : 1,25 ; P : 2,75
Skrillex3,5/10
On savait Skrillex très controversé. Pour
notre part, on ne s'était pas prononcé. Désor-
mais, on sait. Le DJ américain a fait fuir une
bonne partie du public avec un volume so-
nore démesuré, des (infra)basses à faire
s'écrouler la Citadelle. Mais surtout un dubs-
tep d'une vulgarité crasse. Ce genre nous a
fait vibrer, mais il y a au moins trois ans. De-
puis, il y a eu la trap, le jersey club. Mais si ce
n'était que daté. Sonny Moore n'a surtout
gardé que l'aspect le plus gras du style. Un
massacre qu'on ne tolérerait même pas dans
les autotamponneuses. Sans parler du vi-
suel, efficace, mais d'un goût... ■ L. D.
៑ A : 1 ; O : 0,5 ; G : 1,5 ; P : 0,5
Vendredi soir, Woodkid conquérant, The Black Keys décevant
Un arbre pour décor, une
larme maquillée et un cha-
peau bien porté. Depuis 2011,
Maxime Nucci a changé peu
de choses, si ce n’est sa mu-
sique, plus rock et blues élec-
trique que folk, à l’image de
son dernier album. Bien sûr il
gratifie la foule de son premier
single, Sunday With A Flu.
Mais aux États-Unis où il est
souvent, l’artiste a musclé son
jeu. Perdu un peu en fraîcheur,
mais son final en fanfare ma-
riachi sans cuivre mais avec le
public en chœurs a réussi sa
communion. Toujours aussi
généreux. ■ L. D.
៑ A : 1,5 ; 0 : 1,25 ; G : 1,5 ; P : 2,25
Yodelice 6,5/10
Ben Harper blanc, Bjorn
Berge australien, le chan-
teur guitariste comme tout
droit sorti de Bondi Beach
à Sydney réussit la gageure
de naviguer avec intelli-
gence entre blues roots
groovy et efficacité pop.
John Butler enchaîne ses
quelques tubes, mais re-
trouve aussi ses origines de
chanteur de rue quand il
se pose seul, assis, à la six-
cordes dépouillée, impres-
sionnant de virtuosité. Contrairement à certains titres sur
disques, toujours très (slide) gui-tare, et jamais gui-mauve. ■ L. D.
៑ A : 1,5 ; O : 1,25 ; G : 1,5 ; P : 2
On n’a rien contre le surfeur
australien superstar en son pays
et pourvoyeur de quelques tubes
dans notre Vieux-Continent.
Son folk essentiellement acous-
tique n’est ni bouleversant, ni
très novateur, ni très accro-
cheur pour ne pas dire un peu
lisse. Mais il possède le mérite de
ne pas être désagréable du tout.
Dans d’autres conditions. Sur la
route des vacances, en petit comité sur la plage autour d’un feu de camp
(sa musique impose le cliché) voire en festival, mais allongé dans l’herbe.
En tout cas pas avec 30 000 personnes sous un ciel gris, les pieds dans les
flaques d’eau, avec des voisins n’en ayant que pour Stromae. ■ L. D.
៑ A : 1 ; O : 1,25 ; G : 1,5 ; P : 1,75
Jack Johnson 5,5/10
Il aura fallu attendre le planétaire tube Kids pour qu’il se passe
enfin quelque chose. MGMT, groupe capital des années 2000
sur disques, n’a pas
failli à sa catastro-
phique réputation live.
Son compassé de ma-
chine à laver, peu d’en-
gagement des New Yor-
kais. Leur discographie
était déjà un doigt
d’honneur au succès :
un premier album im-
mensément populaire,
puis deux suivants
tournant le dos à un
triomphe annoncé. Sur
scène, idem. Psychédé-
lisme lent, trop tôt dans la journée. Et contrairement au Festi-
val Coachella, même pas Di Caprio pour danser. ■ L. D.
៑ A : 0,75 ; O : 1,75 ; G : 0,75 ; P : 2,25
MGMT 5,5/10
John Butler Trio 6,25/10
Le barème des notes sur 10 points
de Laurent Decotte, notre spécialiste musique :
A : Ambiance (sur 2)
O : Originalité/Identité (sur 2)
G : Générosité/Mise en place/ Spectacle (sur 2)
P : Plaisir critique (sur 4)
1070.A
Stromae : formidable communion populaire
La troisième journée du
Main Square Festival
a eu du mal à démarrer,
les pieds collés
dans la gadoue
de la citadelle à Arras.
Jusqu’à Stromae.
Formidable, forcément.
Tous âges, tous milieux, toutes religions certainement.
Quelque 40 000 personnes, concert complet. Stromae,
artiste génial, fut l'idole d'une immense communion po-
pulaire dans le plus noble sens du terme. Acteur, chan-
teur, danseur, comique, le Belge fait tout à la perfection. Il
a servi hier soir la plus belle des célébrations. Il fallait voir
ma voisine de 57 ans battre le beat électro pour la pre-
mière fois de sa vie. Ou ce gamin sur les épaules de son
père, rigolard pendant Papaoutai.
La scénographie est bluffante, chaque chanson est un ta-
bleau. On passe du frisson sur Formidable ou Quand C'est ?,
chanson sur le cancer où un crabe en noir et blanc
avance en fond d'écran. À du délire intégral sur Alors on
danse. Tout est intelligent. Même la musique de fête fo-
raine devient chez lui majuscule. Il a joué la quasi inté-
gralité de Racine Carrée, trois morceaux de son précédent
album. A plaisanté sur les défaites de nos pays en Coupe
du monde. Tout était juste, même un titre sur les moules-
frites ne fut pas indigeste. Sa force ? Cette façon à lui d’em-
brasser notre société dans son entier et de lui redonner de
bonnes ondes. On se prenait à rêver de telles communions
au quotidien. Pour l’anecdote, depuis quatre ans que
nous « notons » les concerts, jamais nous n’avions mis un
10. Hier soir, à Arras, on a vu davantage qu’un spectacle.
Mais un des plus beaux moments de l’année dans la ré-
gion. Bravo maestro. ■ L. D.
៑ A : 2 ; O : 2 ; G : 2 ; P : 4.
Stromae 10/10
MAIN SQUARE FESTIVAL