Article sur le festival Chorus publié dans La Croix le 6 avril 2013
1. samedi 6, dimanche 7 avril 2013
20
S
amedi à 18 h 30
est donné le
coup d’envoi de
la 25e
édition du
festival Chorus
des Hauts-de-
Seine. Organisé
à la Défense et
dans les villes du département
à l’initiative du conseil général,
l’événement, qui a attiré 57 000
personnes en 2012, donne des
airs de fête au quartier d’affaires
pendant quinze jours. 135 ar-
tistes ont répondu présent. Des
têtes d’affiches, comme Lou
Doillon (le 6 avril), Axel Bauer
et BabX (le 15), Pink Martini (le
16, précédé de l’Espagnole
Buika), Emir Kusturica (le 19).
Des groupes venus d’ailleurs
(les Touaregs de Terakaft, le 11).
Et des chanteurs « patrimo-
niaux », programmés dans les
villes, de Benjamin Biolay (à
Boulogne-Billancourt, le 9) à
Michel Jonasz (à Bois-Co-
lombes, le 12) en passant par
Alan Stivell et le Bagad de Lann-
Bihoué (le 19 à Rueil-Malmai-
son). Un peu de jazz aussi :
Chilly Gonzales (le 13 à Antony),
Ernesto Tito Puentes (le 16 à
Courbevoie)…
La programmation du festival est
éclectique. « Les partenariats avec
les communes nous donnent accès
à des lieux aux profils très différents.
Un théâtre national ou une salle de
musique actuelle ne sont pas adap-
tés aux mêmes représentations »,
justifie David Ambibard, le program-
mateur. Avec ses lieux à taille hu-
maine, de fait, Chorus s’adresse
aussi à tous les publics : les di-
manches 7 et 14 avril, le « Village »
s’ouvre même aux enfants, dès 4 ans,
« avec, en plus des spectacles, des
ateliers et des animations en exté-
rieur toute la journée », précise Da-
vid Ambibard.
Recentré autour d’un « Magic
Mirror », une structure en bois amo-
vible et en forme de chapiteau,
« cocon de diffusion » parfait pour
l’acoustique selon les mots du pro-
grammateur,lefestivalabienchangé
depuis sa première édition, en 1988.
Durant les dix premières années, il
n’avait aucun lieu attitré, apportait
la musique dans des salles habituel-
lement dévolues au théâtre ou à la
danse. Le Magic Mirror est apparu
pour la 19e
édition. « Il fallait un
second souffle, et que le festival re-
trouve sa pertinence, avec des
premières parties découvertes »,
admet David Ambibard.
L’« ADN » de Chorus pro-
vient en particulier du Trem-
plin de la chanson, un
concours dont le festival a pris
le relais en instaurant le prix
Chorus, qui permet de pro-
pulser de jeunes talents sur le
devant de la scène. Le 20 avril,
en première partie du concert
de clôture (du groupe britan-
nique Asian Dub Foundation),
la sélection se produira sur
scène et un jury de profession-
nels annoncera le lauréat.
Dans le cadre du festival, le
conseil général des Hauts-de-
Seine organise également des
actions envers les scolaires et
les personnes handicapées
qui ont des difficultés à se
rendre le reste du temps dans
les lieux des concerts. Il orga-
nise enfin un « Coup de cœur des
collégiens » pour recueillir l’avis des
élèves du département sur leur lau-
réat du prix Chorus.
CLAIRE BARROIS
Festival Chorus, du 6 au 20 avril. Rens. :
01.47.74.64.64 ou chorus.hauts-de-seine.net
festivalJusqu’au 20 avril, les Hauts-de-Seine sont en fête avec 90 concerts, dont 25 gratuits, permettant
de découvrir une multitude d’artistes aux côtés de têtes d’affiche, comme Lou Doillon ou Michel Jonasz
« Chorus »,vingt-cinq ans
auservicedelachanson
Le soir, des concerts en plein air se tiennent sur le parvis de la Défense (ci-dessus, l’an dernier) pour se terminer
sur la scène centrale du « Magic Mirror », chapiteau de bois de plus de 1 000 places.
CG92/OLIVIERRAVOIRE
L’« ADN »
de Chorus provient
en particulier
du Tremplin
de la chanson.
Culture
écouter
classique
PP Berlioz qui gronde et qui murmure
En dépit d’une prise de son parfois difficile et très réverbérée, le
concert ayant été capté en « live » dans la cathédrale Saint-Paul
de Londres, aucun doute n’est possible : voici une splendide
version de la Grande Messe des morts de Berlioz. Le chef anglais
Colin Davis, fidèle et ardent défenseur du compositeur fran-
çais, revient à cette partition dantesque avec ferveur, maîtrise
et lyrisme. À la tête du London Symphony Orchestra et de
son chœur, il s’attache notamment à mettre en lumière les
formidables contrastes qui donnent à la messe son caractère
romantique, expressif, bouleversant. Berlioz fait tonner les
voix et les instruments (dans des alliages de timbres inouïs),
annonçant le jugement dernier, « jour de colère ». Pourtant,
c’est dans les passages murmurés, où le son semble raréfié
comme si la mort, déjà, le consumait, que le génie du créateur
se révèle irremplaçable, irréductible, si profondément original.
EMMANUELLE GIULIANI
2 CD LSO Live LSO0729. À noter aussi la diffusion sur la chaîne
Mezzo, jusqu’à fin avril, de la Grande Messe des morts sous la direction
de J. E. Gardiner, enregistrée l’an dernier au Festival de Saint-Denis.
POP, SOUL, JAZZ…
PP Gualazzi,
l’éclectisme joyeux
Raphaël Gualazzi se déclare
« amoureuxdetouteslesmusiques ».
Etcelas’entend.Lepianisteetchan-
teurtransalpinmaniechaquestyle
avec une facilité étourdissante. Cet album débute avec une prome-
nade pop remplie de légèreté (Baby what’s wrong), se poursuit avec
des envolées soul (Don’t call my name), funk (Seventy Days of Love),
latino (Mambo Soul) ou gospel (I’m tired). La chanson italienne
mélodieuse et fraîche (Un mare in luce) ou plus sensible et sur un
fil (Sai) croise le fer avec le rock transalpin (Senza Ritegno). Même
la musique de film (une improvisation sur le thème d’Amarcord) et
les grands duos à l’ancienne, dignes des riches heures des cabarets
(L’Amie d’un Italien, avec l’impeccable Camille, ou Welcome to my
Hell,aveclesPuppiniSistersenchoristesdeluxe),nesontpasoubliés.
Filconducteurdece Happy Mistake quiattrapel’oreille,unefantaisie
jazzy qui tire spontanément vers la bonne humeur. Du très bel art.
JEAN-YVES DANA
Happy Mistake, 1 CD Sugar/Blue Note/EMI
EMI
CHANSON FRANÇAISE
PP Monsieur Roux et ses petites histoires
Je reviens à la vie, La vie est dure mais ta peau est douce… les
chansons de Monsieur Roux sont autant de collages colorés
d’histoires intimes, inspirées du quotidien et de ses rêves, sou-
vent emplies de fantaisie, interprétées d’une voix où pointe la
mélancolie, l’ironie en coin, les nuits sans sommeil. Les arran-
gementspourquatuoràcordes(J’habite une rue),guitaresèche
(La Dernière Pluie) ou électrique (La Chanson du chameau) ou
basse accompagnent ici un scandé rap (Peste et choléra), là un
rythme brésilien (Ton postiche te lâche)… Emmené par Erwan
Roux,auchant,cegroupeduGrandOuestsaitfortbienseservir
deson« immoralitéclassieuse »,commeilestditdansL’Illégalité
joyeuse, titre de cet album enregistré à Laval. Ce qui vaut ce
refrain chaloupé, planté au milieu des autres : « Les week-ends
en Mayenne, ça reste les week-ends en Mayenne, Laval peut bien
se donner des airs, ce ne sera jamais Buenos Aires. » C’est dit.
J.-Y. D.
L’Illégalité joyeuse, 1 CD Yapucca productions.
En concert parisien le 10 avril à L’Européen, 3, rue Biot, Paris‑17e
(tél. : 01.43.87.29.89). Et le 11 à Nantes, le 17 à Rennes.