Fête de la jeunesse au cameroun: Utopie ou Célébration
1. Fête de la jeunesseauCameroun: une Utopieou une célébration?
Par Clément TSANGA MBIA
Le 11 février 1966 (06 ansaprès que le Camerounaitobtenu son “Indépendance”),
le présidentAhmadouAhidjoinitia la premièreédition de la fêtenationale de la jeunesse.
Le souci du présidentcommeil le laissevoirdans son messageadressé à la jeunesseétait de
projeterl’avenir du pays sur la jeunessed’où “Les jeunessont le fer de lance de la
Nation”. Ce gros appel à la conscientisationjuvénile en vue de penser un
Camerounmeilleuravaittoutesaraisond’êtredans
la
mesure
oùilétaitdorénavantpossiblepour le “Nouveaupaysindépendant” de former des élites
quisoientauxservices de la Nation.
Cetteannée2014, l’Étatcamerounais a choisi pour thème “Jeunesse, Patriotismeet
promotion de l’intégrationnationale”. Tout porte à croireque les thèmeschoisis après 48
ansd’Indépendance, aident à mieuxconscientiser la jeunessecamerounaise. Ce qui à
notrehumble avis n’estpas le cas. Nousavonscommel’impression que le message de
1966: “Les jeunessont le fer de lance de la Nation” continue à sombrerdans une
dormanceabjecte. Toute une semained’activités de jeunesseestorganisée (préparation du
défiléavecpancartespolitiques; kermesse, play back, loisirsdivers, conférences sur le
thèmequiparfoisn’attirentpas le publicjeune, etc.). Et le toutestgénéralementcouronné
par des soiréesdansantesoù la boissoncoule à gogo. Tout cela est bien beau. Fêter,
célébrer la vie, se rejouir et savourerl’instantprésentestgénialmaislorsque le plaisir prime
sur le progrès, il y a lieu de s’interroger. C’estpourquoi nous nousposons la question:
Utopieoucelebration?
Parlantd’Utopie, nous voulons signifier deux choses:
2. -
La première: la conscience collectiveque nous suggère Thomas Moore dans son
oeuvre Utopie (1516) oùilpresente un pays fictifoù tout appartient à tous,
personne ne peutmanquer de rien, unefoisque les greniers publics sontremplis.
Car
la
fortune
de
l'Étatn'estjamaisinjustementdistribuée
en
ce
pays.
L'onn'yvoitnipauvrenimendiant et quoiquepersonnen'aitrien à soi, cependant tout
le monde est riche.
-
La deuxièmeseraitl’imaginairepositifque nous propose KäManadans son oeuvre
l’Afrique Notre Projet (2009) oùl’auteurprésentel’impératif crucial qui consiste
en l’émergence de “Nouveaux africains” qui incarnentl’indomptable et
l’irrésistiblerévolution de l’imaginaire, pour renouvelerl’esprit du monde et
donner un nouveau souffle à l’humanité, danstous les domaines.
Cela
voudraitdoncdirequ’il
utopiquepourpenser
et
y
a
“repenser”
une
nécessité
l’Afrique.
à
entrerdans
le
monde
Lorsquel’Étatcamerounais
va
jusqu’àmaintenircettetradition de il y a 48 ans, ilfaudraitavanttoutqu’ilse demande
quellsobjectifsvisonsnous et quelssont les moyensquinousaideront à réaliser ces
objectifs.Si 48 anssontpassés et que la vie et les conditions socio politiquesdes
camerounaisaulieud’avancervontdecrescendo,il y a urgence à penserensemble.
Je me rappelle de ces tendresannéespasséaucollègeoùpendant la fête de la jeunesse,
nousnousdépensions à organiser des conférences en vue de sensibiliser les jeunes.
Maisquiau
final
étaitmoinsprisées.
Nousnousretrouvionsavec
la
salle
à
moitiépleinepournepasdirevide. Le contraire se passaitlorsqu’après le défilédonc en
soirée, ilfallait se retrouverdans une des discothèques de la place pour la suite de la
soirée, alorslà, onassistaità des files d’attenteétaient interminables, les ruesétaientpleines
à craquer car ilfallaitboire, boire et toujoursboire. Cela nousdonnonsl’impression de
3. célébrer la victoired’uneguerreremportée.On auraitditque la conscience collective
étaittournée beaucoup plus à la célébrationqu’àl’utopie.
Parlantdonc
de
célébration,
ilfaudraitdire
que
les
journéesdiversesquis’organisentdans le monde entier(du Sida; de la pPaix, du Cancer,
des
Malades,
de
la
Femme,
conscientisationpourêtremotifs
des
de
Enseignants,
etc.)ontcesséd’êtremotifs
célébration.
Trèsprochainement
de
nous
auronsuneautrejournée qui estcelleinternationale de la femme (08 mars), journéeque je
qualifie d’“Indépendance au féminin”. Cettejournée qui en principedevraitoeuvrer pour
le bienêtre de la femme et surttoutl’aider à prendre conscience du rôlequ’ellejouedans la
société au mêmetitrequel’homme (car selonmoi, iln’existe pas d’inégalitéHommeFemme), estplutôtvuecomme jour où la femme obtient son indépendanceauprès de
l’homme. Les mentalitésféminines retrogrades, voudraientquece jour, l’hommesoit
femme et que la femme soithomme. N’estce pas encore les femmes qui
créentcetteinégalité? Du moment oùune bonne dame dira à son mari´:“aujourd’hui,
c’esttoi qui fait la cuisine, changes les couches du bébé, faisdescendre la poubelle,
dresses le lit, donnes à manger au chien, etc”celasignifieraitqu’ellemême se
considèrecommeménagère et que le mariage pour elleseraitunesorte“d’esclavitisation”
de sapersonne. Elles se complaisentdonc à dire, “je suisménagère et fière de l’être. Le
08 mars, je doisporter le mêmepantalon que l’homme, je doissortirboire et
mangerpendant que lui joueramonrôle”. Mes chèresdames, le momentactuelnedoit plus
nouspermettre de penser de la sorte. Pour ce fait, noussuggérons juste un formatage de
vos
mentalitésstériles.
Ce
n’estqu’enayant
une
nouvellementalité
que
vousaideriezl’homme à nepas se considérersupérieur à vous, sinoncommeégal en dignité
parce que nousl’avonstous en tantqu’êtrehumain.
4. Nousn’allonspasnousétendredans
ce
thème
de
célébration.
Ce
que
nousvoulonsvéhiculercommemessageestamenerchacun à rentrer à la sourceinitialede
chaquejournéenationaleouinternationale et pourcelle du Camerounqui se célèbre le 11
févrierprochain,
afin
dequestionner
sur
le
sensréelaccordé
à
l’initiationdesditesjournéesqui à monhumble avis onttouteleurraisond’être.
Je neseraidoncpasdétracteur de cette belle fêtequ’organise le Cameroun le
mardiprochain, bien aucontraire je souhaite juste que nousréflexionions sur les
deuxpointsdévelopper par Thomas Moore et Kä Mana dansleursoeuvresrespectives:
Utopie
et
Célébration.
l’AfriqueNotreProjetpour
que
cettefêtenationalesoitUtopieplutôt
que