1. 54 HORS-SÉRIE SCIAGES DE FRANCE
coupe-feu, de l’agencement, de l’escalier et du meuble.
« Par rapport à nos concurrents originaires d’Europe de l’Est,
nos produits ont plus de souplesse dans les sections, et nous
avons également une plus grande réactivité avec des délais
de livraison restreints », souligne Joël Lefebvre, le président
du groupe.
Développer le rabotage et les unités
de deuxième transformation
En plus des produits pour les structures et la menuiserie,
les scieries mettent de plus en plus de bardages, lames de
terrasse, lambris
et parquets sur le
marché. Dans cette
logique, les équi-
pements de deu-
xième transforma-
tion se renforcent.
Édouard Ducerf,
le directeur général
adjoint du groupe éponyme, indique : « Après avoir mis en
service une ligne de rabotage, de profilage et de dimension-
nement entièrement automatique ainsi qu’une ligne pour la
finition des panneaux, nous prévoyons de mobiliser environ
5 millions d’euros à l’horizon 2025 pour améliorer encore notre
unité Bois profilés. Les efforts porteront sur l’automatisation,
la mécanisation et l’ergonomie des postes de travail. Un dispo-
sitif de lecture optique de la qualité du bois est au programme.
Une nouvelle presse pour coller les carrelets et les panneaux,
ces derniers jusqu’à 1 250 mm de large, sera installée d’ici à fin
2020. » De son côté, la société Filaire investit en permanence
dans son unité de deuxième transformation, le projet majeur
étant de l’automatiser et de la rationaliser, avec création de
lignes spécialisées dans le rabotage d’une part, l’aboutage et
le collage de l’autre. L’automatisation de l’ensemble du pro-
cess de rabotage doit se concrétiser dans un avenir proche ;
également prévue, l’amélioration du stockage des produits
finis. Bien d’autres
scieries ont des pro-
jets qui vont dans
le même sens. La
scierie Lemaire a
ainsi mis en service
courant 2019 sur
son site de La Petite-
Raon une unité
complète de rabotage automatisée de grande capacité. La
scierie Chauvin dispose d’une nouvelle ligne avec deux
fonctions : rabotage rapide et refente des liteaux de manière
automatique. La scierie Mathieu Jean a elle aussi installé une
nouvelle raboteuse.
les bois techniques
Nous avons une plus grande
réactivité que nos concurrents
d’Europe de l’Est. »
Joël Lefebvre, groupe Lefebvre
Lemaire
La nouvelle unité de rabotage de la scierie Lemaire (88).
2. 55HORS-SÉRIE SCIAGES DE FRANCE
Gagner en profondeur de gammes
Les produits de type bardages ou lames de terrasse, qui
se développent bien mais sont soumis à forte concur-
rence, « doivent être qualitatifs, avec une profondeur de
gammes », explique Sébastien Rolly, directeur commercial
du groupe Moulinvest, dont la filiale France Bois impré-
gnés est spécialiste des bois d’aménagement extérieur.
D’une manière générale, les fabricants de bardages et de
lames de terrasse commercialisent des nouveautés prati-
quement chaque année. À titre d’illustration, Piveteaubois
élargit pour 2020 sa gamme de bardages 3D Melodik, avec
des profils de largeur 135 mm (contre 85 mm précédem-
ment) et d’épaisseur 22 ou 45 mm. Il est en outre possible
d’introduire un profil en aluminium soit en couleur, soit
ajouré. Pour sa part, Stéphane Filaire, à la tête de la société
éponyme, avance : « Nous voulons étendre notre gamme de
produits rabotés, essentiellement en douglas, avec davantage
de finitions de type brossage et en travaillant sur la forme
des produits, par exemple une lame de terrasse bom-
les bois techniques
Filaire
Filaire souhaite enrichir
ses gammes de produits rabotés.
3. 56 HORS-SÉRIE SCIAGES DE FRANCE
les bois techniques
bée. Envisager une ligne de saturateurs écologiques ou
opter pour les bois étuvés sont aussi des pistes de réflexion.
D’une manière générale, nous ne cherchons pas à produire
toujours plus quantitativement, mais à donner de la valeur
ajoutée à nos produits. » La scierie Rahuel Bois (spécialiste
du châtaignier en Bretagne) cherche, elle aussi, à valoriser
ses sciages au maximum en jouant la carte de la finition. À
ses bardages bruts au naturel, elle a successivement ajouté
la gamme Déjà gris, la gamme Révélée de bardages couleur
à base d’huile pigmentée, puis la gamme Bois brûlé. Joakim
Rahuel, cogérant de la société, explique : « Nous avons mis
plus de deux ans à maîtriser la finition, car on changeait
complètement de métier. Il faut jouer non seulement sur les
couleurs mais aussi sur les textures. Les pièces sont brossées
et re-sciées. On peut donner un aspect lisse, un aspect brut,
un aspect brossé, un aspect creusé-brossé ou une combinai-
son de plusieurs de ces textures. »
Aller jusqu’au produit fini
Certaines scieries n’hésitent pas à pousser plus loin le pro-
cess de deuxième transformation pour proposer des pro-
duits finis ou quasi finis, tels les groupes Monnet-Sève,
Piveteaubois, Ducerf… Plusieurs intervenants plus petits
prennent le même chemin. Ainsi, Raison Bois & Débits
(RBD),unspécialisteduchênedansl’Orne,recourtàsafiliale
Innov’Bois (qu’elle a en commun avec l’entreprise Bouland)
pour fabriquer des kits d’ensembles : petits garages, kiosques,
pergolas… À la tête du groupe RBD, Jean-Bernard Bahier
précise : « Nous disposons d’un bureau d’études avec deux
personnes, et grâce à un centre d’usinage K2i, nous taillons la
charpente. Les produits obtenus, de marque Innov’Chêne, se
vendent beaucoup en Angleterre. » Autre exemple, celui de la
scierie Labadie. Son dirigeant, Philippe Labadie, explique :
« En plus des produits techniques tels les bardages, lames de
terrasse, montants d’ossature, pièces de charpente… ven-
Nous axons nos efforts sur la construction. Il nous
faut donner toujours plus de valeur ajoutée à la matière.
Philippe Labadie, scierie Labadie
Rahuel
La scierie Rahuel (35) joue la carte des produits finis.
4. 57HORS-SÉRIE SCIAGES DE FRANCE
les bois techniques
dus aux professionnels (constructeurs, distributeurs) et aussi
directement aux particuliers ou aux collectivités, nous axons
aujourd’hui nos efforts sur le développement de la construc-
tion. Le prix de la grume de pin maritime ayant augmenté de
plus de 50 % ces dernières années, il nous faut donner toujours
plus de valeur ajoutée à la matière. » Les investissements les
plus récents ont ainsi concerné l’atelier de construction avec
l’acquisition d’une abouteuse, d’une moulurière tenonneuse
double, d’une station autoclave et d’une machine de taille K3
Hundegger. L’organisation du travail est en cours de révi-
sion afin de gagner en efficacité, et la gamme de produits
de construction va être redynamisée. La scierie Labadie
offre des gammes de garages, de bureaux, de petits chalets
habitables. Elle fabrique par exemple en 3D et entièrement
équipés des postes de secours déplaçables pour les maîtres-
nageurs sauveteurs (MNS), qu’elle vend en kits ou monte
elle-même. À coup sûr, l’offre des scieries françaises en pro-
duits de qualité industrielle ne cesse de s’enrichir.
Yves Topol
Labadie
Petit chalet conçu par la scierie Labadie (40).