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vocabulaire
technique
de la
psychomécanique
langage
du
© PressesUniversitairesde Rennes2
et Laboratoire du CERLICO
Dépôt Légal : 2' trimestre 1990 ISBN : 2-86847-039-4
Impression,reliure,façonnage :Service de Reprographie
Composition, mise enpage,maquene :PUR 2
catherine Douay da niel Roulland
vocabulaire
technique
de la
psychomécanique
langage
du
Didier Samain
AnalyselSynthèse - Causation - Cinétisrne
EspacetTemps - Fait - Phonème
Phonétique - Phonologie - Psychosémiologie
QualiftcatiflQuantitatif - Synthétique - Thématique
Georges Garnier
Aspect - Chronogénèse - Chronotype
Conjugaison - Enexie - Indicatif
Interjection - Prédicativité - Présent - Verbe.
Cet ouvrage
a été préparé
avec la collaboration
de
pour ;
et
Gustave Guillaume (1883-1960) enseigna la linguistique à
l'Ecole Pratique des Hautes Etudes de1938 à1960. Il publia
en 1919 sa thèse surLe problème de l'article (et sa solution
dans la langue Pançaise).Cet ouvrage, d'un exceptionnel
intérêt, est dédié à Antoine Meillet qui fut son directeur
d'études à partir de 1909. Il s*agit d'une thèse de doctorat,
élaborée en grande partie avant la parution en 1916 duCours
de Linguistique Généralede F. deSaussure, et qui développe
l'idée centrale de lathéorieque le langages'articule autour du
rapport dynamique entre le plan effectif des énoncés réalisés
et le plan potentiel, ou, mieux,«puissanciel x, des conditions
de leur réalisation. Contrairement à F. de Saussure qui pro-
posait, selon le texte duCours, unedichotomieentre la langue
et la parole fondée sur des nécessités de méthode, Gustave
Guillaume s'attachait àpenser etdémontrer l'opérativité réel-
le des relations entre les deux plans. Son apport —qu'il situait
volontiers dans le sillage duCours, tout en rappelant l'ori-
ginalité du dépassement qu'il en offrait- consiste ainsi en une
application des caractéristiques de la méthode à l'objet lui-
même, application réaliste et maintes fois justifiée par
l'auteur qui avait reconnu que la linguisfique n'était pas - ne
pouvait pas être - une science comme une autre. Science du
langage qui permet la science - science d'une avant-science
donc, aimait-il àdire —lalinguistique nepouvaitpas seconten-
ter de méthodes scientifiques ordinaires. Si elle voulait véri-
tablement percer les secrets du langage, il lui fallait théoriser
ou plutôt, bien plus exactement, partir à la découverte de la
théorie qu'est le langage lui-même. Gustave Guillaume ne
voulait pas éviter le problème de la circularité par quelque
astuce de méthode. H voulait l'attaquer de front. Il voulait
pour :
patiemment, et avec l'humilité qui fait le scientifique,
démonter les rouages par lesquels notre pensée, sanscesseet
avec unefacilitéquinepeutque surprendre,seforme etse
transforme dans le langage, par lui, et avec lui. Il voulait les
retrouver à partir de leurs effets audibles, visibles, appréhen-
dables, découvrir les opérations cachéesmais obligées qui en
étaient à l'origine.
Pour autant, et malgré les termes aujourd'hui encore ambigus
qui désignent la théorie (psychosystématique, psychoméca-
nique, ...etc), Gustave Guillaume ne faisait ni psychologie, ni
philosophie, ni logique. Bien qu'il connût parfaitement les
développements des sciences d'observation, bien qu'il fût
constammentintéressépar la réflexion philosophique, il éla-
borait une science du langage dans toute sa rigueur.
Les outils et méthodes qu'il fallait furent mis en place avec
Tempset Verbe,paru en 1929. Puis de 1933 à 1958, le travail
de Gustave Guillaume donna lieu à la publication des articles
réédités dansLangage er Science duLangage par Roch Valin
en 1964. A partir de 1971 a été entreprise la publication des
notes manuscrites des cours de l'Ecole Pratique des Hautes
Etudes à l'initiative également de Roch Valin, sous le fitre
Leçons de Linguistique de Gusiave Guillaume.Sont actuel-
lement parus 10 volumes. Des extraits essentiels ont été com-
pilés dans un recueil paru en 1973,Principes de Linguistique
Théoriquede Gustave GuiIlaume. Cerecueil a été traduit en
anglais par W. Hirtle et J. Hewson en 1984 sous le titreFoun-
darionsforaScienceofLanguage. L'ensemblereprésenteune
documentation importante et qui ne cesse de s'accroître avec
lesvolumes desLeçons.Parailleurs,lesrecherches s'inspi-
rant du travail de Gustave Guillaume ou se réclamant expli-
citement de la théorie sont nombreuses et diversifiées. Une
bibliographie détaillée est disponible au Fonds Gustave Gui-
llaume de l'Université Laval à Québec.
On ne peut s'empêcher de noter que, malgré cette activité et
ces textes, la théorie guillaumienne n'est pas toujours bien
connue, quoiqu'on en discerne l'influence en filigrane dans
une grandepartie de lalinguistique française. Les raisonssont
sans doute multiples et variées selon les linguistes, et les
objections théoriques existent. Mais uneraison nemanquepas
d'être soulignée qui est que le texte guillaumien est difficile
à lire. Cette difficulté vient de l'originalité d'une pensée qui
s'est développée en marge du structuralisme pour une part.
Pour une autre part, elle vient du texte lui-même souvent
tellement concis et abstrait qu'il n'est compréhensible qu'à
l'aide des acquis d'une longue pratique. Ainsi la publication
des textes guillaumiens et surtout desLeçons doit s'accom-
pagner d'une abondante information qui permette une dif-
fusion de la théorie aussi efficace que possible. Par ailleurs,
cette théorie n'a, comme toute théorie, aucun acquis définitif
et intangible. Elle doit vivre et se développer et être soumise
à discussion et évaluation.
C'est pour ces deux raisons que nous avons entrepris le pré-
sent travail sur les « mots » de Gustave Guillaume. Nous
espérons qu'il viendra s'ajouter efficacement aux textes exis-
tants et remplira, ne serait-ce que partiellement, ces deux
foncfions : faciliter l'accès à la psychomécanique et être un
instrument de référence commode pour la recherche. 11 se
présente comme un glossaire recensant sous 236 entrées les
notionsguiùaumiennes principales.Sans pouvoirenaucune
façon se substituer aux introductions existantes, il entend les
complétercomme un guideou un index développé du texte
guillaumien lui-même.
Par ailleurs, une réflexion sur la terminologie, en psychomé-
canique, ne sejustifie pas seulement —loin de là —parlacom-
modité et le souci pédagogique. Si, selon l'expression de
Condillac, la science est une langue bien faite, la théorie
scientifique est undiscours sur les choses.Elle asesconcepts,
son lexique, sa grammaire, et elle organise le monde par son
système de références. Les mots, dans la théorie scientifique,
sont essentiels. Hs y réclament un soin constant, demandent
vérifications et recoupements, n'acquièrent finalement droit
de cité qu'après un long et patient examen deleur pertinence.
Nous savons combien l'apprentissage d'une théorie et d'une
science vade pair avec la découverte des mots qu*on y
emploie. Peut-êue même ce qu'on peut appeler l'évolution
des sciences trouve-t-elle sa source dans le décalage entre les
mots de la théorie et les mots de la prarique, dans le légitime
étonnementdu chercheurfaceàl'acte même de conceptuali-
Comme toute science, la linguistique a son vocabulaire et ses
tournures d'expression. Mais comme elle est science du lan-
gage, la question s'y présente, ainsi que nous l'évoquions plus
haut, d'une manière singulière. Derrière les mots qu'elle étu-
die sedessinent non pasdes choses ou même desclasses de
choses mais à nouveau et toujours des mots. La linguistique
est un absolu d'intellection. Leproblème qui s'y pose dèslors
ne se trouve même plus être l'adéquation du mot par rapport
à la chose mais la pertinence même du mot et celle du pro-
cessus dont il a concrétisé la trace. Plus qu'ailleurs, en lin-
guistique, le mot est clé, clé de la mouvance de lapensée,clé
du rapport aux choses, clé de l'intellection. Plus qu'ailleurs,
le mot peut aussi masquer de son opacité le vide ou l'incohé-
rence. Le mot peut aussi être l'arme de l'ignorance.
On peut s'efforcer —cela aété fait - de réduire lapart du mot
sation.
pour limiter ces risques et accroître lapuissance de la théorie.
Libérée du mot, elle flotte dans un abstrait inteùectif sans
contrainte et parcourt d'un seul regard un univers sans espace
théorique devient simple auxiliaire, la phrase devient objec-
tale et trompeuse dans sa forme de surface. Le langage lui-
même devient une enveloppe qui, au lieu de servir l'âme
rationnelle, la cache et la trouble.
O n peutaussibien,et,croyons-nous,avecgrand profit,pren-
drejustement lemotcommeobjet. Réfléchit-on assezsouvent
sur ce fait étrange que la linguistique structurale n'a pas de
définition du mot ? Dit-on assez que le mot est autre chose
qu'un espace typographique plein entre deux blancs sur une
page écrite ? La systématique de Gustave Guillaume est une
de ces théories où ces questions sont posées. Elle a ses fai-
blesses, elle a sa force aussi. Elle est comme toute théorie
authentique un essai de réponse etne secachepas la difficulté
du travail. Elle plaide la cause scientifique.
Gustave Guillaume aimait les mots. Lalecture de sesarticles,
même des manuscritsdesesconférences à l'EcolePratique
des Hautes Etudes étonne par la qualité de l'expression, la
justesse du terme, la conviction du ton. On comprend qu'il ait
dû exercer une véritable fascination sur son auditoire. Ces
textesonten eux de lapoésie.Chaque paragraphe,chaque
phrasemême, chaque motrévèleunerecherchedeperfection
formelle propre à mieux traduire la finesse desconcepts et de
leurs implications. Sans qu'on puisse l*accuser de cultiver le
néologisme —carquelle science pourrait-elle ne pas créer de
mots àmesure qu'elle élabore sesconcepts ? -il s'interrogeait
sans cessesur l'exactitude des termes employés et proposait
volontiers un nouveau mot avec la même facilité et souvent
le même bonheur qu'il proposait une nouvelle hypothèse. Il
lui paraissait toujours urgent de jalonner sa marche, debaliser
l'espace que sa théorie devait couvrir. On trouve ainsi, avec
l'ensemble terminologique central, des mots qui ou bien ont
étéessayésune foisoubienneréapparaissentqu'àl'occasion,
en fonction de la question traitée.
La lecture de cette ceuvre est certes - il ne faut pas le nier-
difficile. Mais on aurait tortde crier à l'hermétisme. Une fois
un terme compris et accepté, il ne présente plus aucune dif-
ficulté en tant que tel. Le lecteur deLangage er Science du
Langageaurapu garderun souvenirquelquepeupensifdetel
article théorique sur la notion de système ou sur les rapports
entre observation et explication en linguistique. En fait, s'il
avait été averti de la terminologie, il aurait pu accéder plus
facilement à l'idée que l'auteur y développait et à sa pensée.
Déjà nombre d'obstacles tombent lorsqu'on considère l'éty-
et sans temps, sans limite et sans direction. Le vocabulaire
mologie très souvent éclairante de ce néologismes, étymo-
logieque nous avons rappelée icipour de nombreux termes.
Ensuite, ce lecteur aurait apprécié depouvoirresituer leterme
problématique dans l'ensemble de la théorie, et de pouvoir en
évaluer l'importance d'une manière commode et rapide qui
lui simplifie le travail de lecture. Enfin, il aurait aimé être
guidé dans les textes guillaumiens et pouvoir se reporter tout
de suite à d'autres contextes susceptibles de compléter, enri-
chir ou nuancer son information. Il vasans dire que lesystème
de référencesfourni pour chaque terme permet d'examiner
l'évolution du concept défini dans la pensée de l'auteur.
Nous espéronsque leprésentouvrage répondra àcesattentes
et qu'il encouragera la lecture et la méditation d'une ceuvre
riche et stimulante. Au delà de cette utilité pratique et directe,
nous espérons qu'il aidera à stabiliser l'acception des termes
utilisés en systématique et, sans préjuger de la nécessaire et
inévitable évolution de la théorie, garantira une certaine
fidélité au texte de son fondateur.
C. Douay D. Roulland Mars 1990
Leçons de linguistique de Gustave Guillaume,1949-50, série
A, Structure sémiologique et structure psychique de la langue
françaiseII,publiéesparR .Valin,Q uébec,Pressesdel'Uni-
versité Laval, et Paris, Klincksieck, 1974, 223p.
BIBLIOGRAPHIE
ET ABRÉVIATIONS
Le problème de l'article et sa solution dans la languefran-
çaise,Paris, Hachette, 1919, rééditépar R.Valin, Paris, Nizet,
et Presses de l'Université Laval, Québec, 1975, 318p.
Temps et verbe,Paris, Champion, 1929, réédité avecl'Archi-
tectonique du temps dans les langues classiques, Paris,
Champion, 1970, 134p.
L'archttectonique du temps dans les langues classiques,
Copenhague,hfunksgaard, 1945, réédité avec Temps et
verbe,Paris, Champion, 1970,66p.
Langage et science du langage,(recueil posthume d'articles
parus entre 1933 et 1958), Paris, Nizet, et Québec, Pressesde
l'Université Laval, 1964, 287p.
Principes de linguistique théorique de Gustave Guillaume,
recueil de textes inédits préparé en collaboration sous la
direction de R.Valin, Québec, Presses de l'Université Laval,
et Paris, Klincksieck, 1973, 279p.
Leçons de linguistique de Gustave Guillaume, 1948-49, série
A, Structure sémiologique et structure psychique de la lang ue
française I,publiées par R.Valin, Québec, Pressesde l'Uni-
versité Laval, et Paris, Klincksieck, 1971, 269p.
Leçons de linguistique de Gustave Guillaume, 1948-49, série
B, Psycho-systématique du langage - Principes, méthodes et
applications I, publiées par R.Valin, Québec, Presses de
l'Université Laval, et Paris, Klincksieck, 1971, 222p.
Leçons de linguistique de Gustave Guillaume, 194849, série
C, Grammaire particulière dufrançaisetgrammaire géné-
raleIV,publiées par R.Valin, Québec, Pressesdel'Université
Laval, et Paris, Klincksieck, 1973, 256p.
LL3
LL2
LL1
PLT
LSL
AT
TV
PA
Leçons de linguistique de Gustave Guillaume, 194344, A,
Esquissed'une grammaire descriptive de lalanguejançaise
Il, publiées sous la direction de R.Valin, W.Hirtle et A.Joly,
Québec, Presses de l'Université Laval, et Lille, Presses Uni-
versitaires de Lille, à paraître en 1990.
Leçons de linguistique de Gustave Guillaume, 1946-47, C,
Grammaire particuliè re dufrançaisetgrammaire générale
Il, publiées sous la direction de R.Valin, W.Hirtle et A.Joly,
Québec, Presses de l'Université Laval, et Lille, Presses Uni-
versitaires de Lille, 1989, 294p.
Leçons de linguistique de Gustave Guillaume, 1947-48, C,
Grammaire particulière dufrançaisetgrammaire générale
III, publiées sous la direction de R.Valin, W.Hirtle et A.Joly,
Québec, Presses de l'Université Laval, et Lille, PressesUni-
versitaires de Lille, 1987, 360p.
Leçons de linguistique de Gustave Guillaume, 194546, A,
Esquissed'une grammaire descriptivedelalanguePançaise
IV, publiées sous la direction de R.Valin, W.Hirtle et A.Joly,
Québec, Presses de l'Université Laval, et Lille, Presses Uni-
versitaires de Lille, 1987, 360p.
Leçons de linguistique de Gustave Guillaume, 1945-46, C,
Grammaire particulière dufrançaisetgrammaire générale
I, publiées sous la direction de R.Valin, W.Hirtle et A.Joly,
Québec, Presses de l'Université Laval, et Lille, Presses Uni-
versitaires de Lille, 1985, 332p.
Leçons de linguistique de Gustave Guillaume,1956-57, Sys-
tèmes li ng uistiques et successivité historique des systèmes 11,
publiées sous la direction de R.Valin, W.Hirtle et A.Joly,
Québec, Presses de l'Université Laval, et Lille, Presses Uni-
versitaires de Lille, 1982, 311p.
LL10
souvenir facilement.
Ce vocabulairea été conçu de façon à offrir au lecteur un
instrument de travail et de réflexion commode et rapide. Les
236 entrées sont définies parordre alphabétique etregroupées
à la fin du livre dans un index alphabétique et un index thé-
matique. Les notions complémentaires (par exemple« phy-
sisme » et « mentalisme ») ont été regroupées sous une seule
entrée ainsi que les notions secondaires, ce qui limite les
reports et les redites. L'entrée se limite alors d'ordinaire à un
rappel de sa définition. Nous avons utilisé également des
indications d'ordre étymologique qui éclairent souvent
d'emblée la signification du terme traité etpermettent de s'en
Le format réduit nous a semblé tout particulièrement adapté
àcetype d'ouvrage quiseveutunguide,un aide-mémoire,et
un recueilsystématique de références.
PRÉSENTATION mentaire visant à préciser la portée du concept dans l'ensem-
ble de la théorie ou par rapport à d'autres approches. Nous
avonsparfoiségalement amorcé dans cettepartieuneréflex-
ion critique s'il nous aparu qu'elle permettait de mieux com-
prendreleconcept traité. Mais enaucunefaçon cevocabulaire
ne se veutcritique et son souciprincipal estlafiidélité àl'esprit
et à la lettre de Gustave Guillaume.
A la fin de chaque définition est fourni un système de réfé-
rencesgrâceauquel on pourra non seulement retrouver rapi-
dement les pages les plus éclairantes sur laquestion dévelop-
pée, mais aussi suivre l'évolution de lapensée del'auteur. Le
but de ce vocabulaire étant de simplifier le travail du lecteur
en lui permettant d'accéderrapidement àl'essentiel, ces réfé-
rences ont été sélectionnées. Un recensement exhaustif des
occurrences de termes comme«langue »ou «effet de sens »
n'aurait aucune signification et égarerait le lecteur plutôt que
de lui fournir les éléments de réflexion qu'il recherche.
Les citations uùliséesdanslesdéfinitions ontun renvoi direct.
Ces citations apparaissent en italiques grasses afin d'être
immédiatement repérables.
Nous avons souligné en italiques des exemples ou des for-
mulations typiquement guillaumiennes.
Certaines définitions sont accompagnées d'un renvoi secon-
daire à d'autres entrées au cas où les explicitations se com-
plètent et permettent là encore de mieux cerner le concept
1. Les définitions
Le nom del'entréeestengrasetencapitales,accompagné de
sa traduction anglaise en italiques, que nous avons fournie
pour tous les termes, d'une part parce que Gustave Guillaume
est lu dans les pays anglophones et d'autre part parce que
l'anglais est couramment utilisé dans le monde scienùfique.
Nous avonségalement ainsivoulu répondre à la demande
d'étudiants d'anglais, préparant par exemple l'option lingui-
stique de l'agrégation. La traduction fournie utilise les pro-
positions de John Hewson et Walter Hirtle dansFoundations
for a Science of Language ou s'appuie sur l'usage courant.
pour certainstermes, nous avons été amenés à proposer
nous-mêmes une traduction originale. Nous avons eu quel-
ques difficultés avec desnéologismes tels que« puissanciel »
oumême«puissance »,préférables en français à«potentiel »
ou «potentialité » alors que les seuls mots anglais dispo-
nibles, d'ailleurs utilisés par J.Hewson et W.Hirtle, sont
« potential » et «potentiality ». Nous avons préféré traduire
au plus juste, quitte à perdre parfois la subtilité du terme
guillaumien. On trouveraàcôté les indications étymologiques
Le corps de la définition se subdivise selon les besoins en
deux, voire trois parties, parfois plus : d'abord une définition
concise du terme, puis une explicitation de cette première
définiùon et enfin, pour les notions plus importantes, un com-
traité.
2. Index
On trouvera d'abord un index alphabétique recensant les 236
termes avec leur traduction anglaise. Cet index est repris
ensuite dans l'ordre alphabétique de ces traductions. L'index
thématiqueregroupe lesconceptsdéfinispargrandssecteurs
théoriques. H fournit ainsi au'lecteur un premier classement
qui lui permetd'unepartde situerletermerecherché etd'autre
part de visualiserrapidement le contenu du vocabulaire sur de
grandesquestions.Nous avons hiérarchisélessecteursthéori-
ques le moins possible, mais il nous a paru naturel de placer
la systématique générale et la typologie en premier. Cet index
thématique est donc une première approche de la définition
des termes guillaumiens, mais il peut aussi constituerun guide
de travail permettant d'aborder la psychomécanique de
manière ordonnée. Il peut également suggérer au lecteur des
compléments delecture utiles ensignalantdes regroupements
qui sont spécifiques à cette théorie et ne se retrouvent pas
nécessairement dans la tradition linguistique.
éventuelles.
ACCOMPLI - 17
3.Note
Nous avons conservé dans les citations de G.Guillaume les
chevrons (c>) qui sont utilisés pour signaler une lecture
conjecturaledesmanuscritsdansleséditionsdesLeçons.Les
termes soulignés par l'auteur sont transcrits entre guillemets
français(« x ). Nous n'avons pas pu éviter de répartir le trai-
tement complet de certaines questionssur plusieurs entrées,
en raison même du format alphabétique adopté. Aussi les
regroupements thématiques suggérés dans l'index indiquent
quelles sont les entrées complémentaires dont la lecture est
souvent indispensable en fonction de la dimension du sujet
ACCOMPLI (accomplished)
Les termes accompli, inaccornpli, en accomplissement
s'appliquent à la distinction, au sein des événements signifiés
par les verbes, entre lapartie présentée commeétant àréaliser
et la partie présentée comme déjà réalisée. Par exemple, pour
lepassé français, leprétéritdéfinipermetde tenir l'événement
tout entier en accomplissement, du début jusqu'à la fin, alors
que l'imparfait retranche de cet accomplissement une partie
plus ou moins importante dedéjà accompli, ce qui provoque
un effet de suspension. Ces termes peuvent s'utiliser comme
équivalents simplifiésd'incident (en accomplissement) et de
décadent(accompli).
Il faut se garder d'interpréter ces notions d'accompli/inac-
compli/en accomplissement en termes de réalisation effec-
tive, totale ou partielle des événements. Il s'agit de formes de
représentation du procès relativement au sujet. Ainsi dans
l'imparfait français, laprésence d'une parcelle d'accompli ne
rend pas l'événementplus ou moins réel mais sert simplement
àdonnerl'image d'un sujetperçudansunévénement encours
d'accomplissement : Quand il l'appela, elle f inissait de se
préparer.C'estainsiquelapartd'accompli,oudedécadence,
peut être utilisée de manière purement formelle et provoquer
alors un effet de suspension qui est un effet d'irréalité dans .'
Heureusement que tuétais là, un pas de plus eije tombais !
( =je serais tombé} ou dans :Sans ton aide, j'étais perdu
(=j'aurais été perdu)
traité
LSL : 201
PLT : 168-171
ACTE DE LANGAGE (act of language)
L'acte de langage ne commence pas exactement avec
lémissionde paroles destinéesà exprimer lapensée mais
avec uneopération sousjacente, ou siPon veutsubsidente,
qui estl'appel que la pensée en instance d'expression
adresse àialangue, dont l'esprita lapossession perma-
Par conséquent, l'étudede l'acte delangage,sielleseréduisait
à l'étude de la combinatoire des morphèmes et des groupes
dans le discours oral ou scriptural, ou bien même àcelle des
gestes, n'en percevrait que les tout derniers instants. Elle ne
ferait que constater les résultats ou les conséquencessansen
expliquer le développement complet. L'opération qui
consiste àdireprésupposelamobilisation demoyens institués
nente. (pLT : 137}
18 - ACTIF ADIECTIF - 19
sont dans ce rapport d'actualisation, l'avant étant virtuelle-
ment sa propre conséquence, et l'après étant la version
actuelle (actualisée) de sa condition.
Le système de l'article, que G. Guillaume utilise sans cesse
comme référence,estunexemple trèsclairdecetypederap-
ports puisqu'il institue entreun etle la forme même du pro-
cessus d'actualisation du substanùf. En règle générale, le
problème d'expression et le système de représentation sont,
à ce niveau, isomorphes.
en langue, au terme d'opérations glossogénétiques. Ceci
revient à dire que les opérations productrices du discours sont
inséparables desopérations productrices de lalangue : langue
etdiscourssontlesdeux facesdu phénomène qu'estl'actede
langage lui-même. La langue est, dans l'acte de langage,
l'avant détenteur du savoir-dire puissanciel systématisé et le
discoursl'après, lieu du dit résultatif.
PLT : 137-146 et passim
LL2 :39,53
LIA : 192-193, 201-202
LL5 : 20-21
PLT :70
ACTIF (active)
Lavoix active est une voix analytique, comme lavoixpassive,
par opposition à la voix moyenne synthétique. Le sujet d'une
construction verbale active est en position logique de sujet et
porteur uniquement de la fonction dynamique d'agent. A la
voix passive, le sujet logique est porteur de la fonction dynà-
mique de patient. La voix moyenne pose le sujet Iogique à la
fois comme agent et patient.
cf.voix
ACTUEL / V I R T U E L (act ual/virtual)
En généralcesdeuxtermes sontemployés dansleuracception
commune, actuel désignant ce qui existe effectivement au
moment présent,virtuel ce qui existe puissanciellement et est
doncappelé à être(LLe :1921.Enchronologie idéelle, la dis-
tinction virtuel/actuel recouvre la successivité de l'avantet de
l'après.
Par exemple, dans l'opéraùon de construction de l'image-
temps qu'est la chronogénèse française, en langue, le mode
subjonctif est vu précéder le mode indicatif. Il s'ensuit qu'en
discours le subjonctif est apte à l'expression du virtuel tandis
que l'indicatif est en affinité avec l'expression de l'actuel.
Plus généralement, cette distinction est en fait celle qui à la
fois différencie et associe la langue et le discours dans le lan-
gage. L'acte de langage est une actualisation de la langue
virtuelle. Les systèmes sont des représentations instituées de
ce rapport fondamental. S'il fallait résumer d'un mot la
conception guillaumienne du langage, c'est certainement
celui d'actualisation qu'il faudrait retenir. On reconnaîtra
dans ceconcept lesdeux valeurs-clédelapsychomécanique :
le dynamisme opératif et la chronologie (soit temporelle, soit
idéelle) entre le précédent et le subséquent. Le rapport lin-
guistique existe àpartir du moment où lestermesqu'il associe
vante :
substantif :
AD JECTIF (adj ective)
L'adjectif est la partie du discours destinée, dans le plan
nominal, à l'incidence externe de premier degré. Autrement
dit, l'adjectif (de même que leverbe dans leplan verbal) peut
recevoir en discours n'importe quel support. Beaupeut en
effet se dire de toute espèce d'être : un beau livre, un beau
paysage, une bellejournée, une belle fille, un bel exposé...
Figurativement, dans un groupe nominal tel queun beau livre,
on peutreprésentercerapportd'incidence delam anièresui-
un livre(support) ( beau (apport)
C'est ce mécanisme d'incidence qui distingue l'adjecùf du
Lepropre du substantif estd'avoir une incidence interneà
l'apport de signification, et le propre de l'adjectif d'avoir
une incidence externeà l'apport de signification. (LL3 :so)
C'est là la seule différence entre les deux parties du discours
adjective et substantive, toutes deux appartenant au plan
nominal. Il suffit derendre l'adjectif incident à lui-mêmepour
qu'il devienne substantif et, de même, rendre le substantif
incident à un support externe revient à l'adjectiver.Beau et
vraisontsubstantivésdans :Le beauestlesecond visage du
vrai et le titre substantif Henri IV est adjectivé dans :unfau-
Les incidences de l'adjectif et du verbe sont toutes deux
externes du premier degré. Mais elles ne sont pasidentiques.
Le régime d'incidence du verbe avec l'incorporation d'une
incidence à la personne se détermine dès la langue alors que
c'est en discours seulement que l'adjectif obtient une inci-
teuil Henri IV.
20 - ADVERBE
AIRE GLOSSOGÉNIQUE - 21
dence exteme à personne nominaleILL2 :145).En français,
cette incidence tardive se manifeste sémiologiquement par un
accord ennombre, en genre etencas.D' autrepartl'adjectif
achèvesonentendement àl'univers-espace etnon comme le
verbe à l'univers-temps.
LL2 : 137,138,142,144,149,152,160,161
LL3 : 53,54,59,63,228
LL4 : 201
LSL :250
PLT : 203,204,206-208
du tempsd'univers,parréférence auprésentetdansl'au-delà
de celui-ci. Le futur afférent au présent (( ) est un
futur porté par un cinétisme temporel descendant, qui mène
au présent; il caractérise, selon G. Guillaume, le grec ancien.
Le futurefférentàparùrduprésent ( > ) est unfutur
porté par un cinétisme temporel ascendant, qui éloigne du
présent; il caractérise par exemple les langues romanes.
Lefutur efférent, c'est le temps dont l'extension part de la
personne humaine etsedéveioppe, s'ouvredevant elle,afin
qu'elle puisse y porter son activité. Lefutur afférent, c'est
Parrivéeà lapersonne humaine du temps destructeur qui
livretoute chose etlapersonne humaine elle-mêmeau passé
mort. (AT: 49)
ADVERBE (ad verb)
L'adverbe se définit comme la partie du discours porteuse
d'une incidence externe de deuxième degré.
Ainsi, dansun très beau livre, très n'est incident ni àlivre ni
àcher mais à l'incidence de l'adjectif au nom. C'est cette
incidenceàuneincidenceen coursquifaitdetrèsun adverbe :
Futurafférent
Futurefférent
oo iiv e(aopport) <~ ch r iep port de l' degré)
très (apport de 2' degré)
PRÉSENT
Si l'on prend en compte ce phénomène de la double visuali-
sation du temps, l'analyse de l'architecture verbo-temporelle
deslanguespermet descomparaisons :enanglais,parexem-
ple, le transpassé de l'indicatif (= présent-futur) est efférent
àpartir de l'instant deconscience actuelle ouprésentdeparole
(l), le passé étant afférent à celui-ci :
Cette situation estrécursive et l'adverbepeut aussi bien avoir
une incidence du troisième degré comme dans la phrase
anglaise:theypondered everyterm verycarefullyoù very est
incident à l'incidence de carefully à pondered,lui-même
incident à son support personnelthey.
L'adverbepeutêtreadverbede langue,avec parexemple en
français la terminaison-ment qui interdit au mot de sortir de
sa conditiond'adverbe, ou adverbe de discours,c'est-à-dire
adoptant une incidence adverbiale en discours seulement.
C'estlecasenfrançaisdefort, adjectif dansunhommefort et
adverbe dansun hommefort pauvre.
(i)
(anaclase)
asse a ferent ranspasse e erent
Ceci explique que les deux temps simples de l'indicatif
anglais maintiennent l'événement en stricte incidence,
c'est-à-dire dans le cinétisme ascendant du temps d'univers
porteur (I ranll run) et que les valeurs décadentes ne puissent
s'obtenir que par périphrases(I amtwas running), en faisant
appel aux formes descendantes du mode quasi-nominal.
LL2 : 153,154,163
LL3 : 226-229
LL4 :202
LSL : 251
AT )49
LSL : 198
LL : 239
AIRE GLOSSOGÉNIQUE
AFFÉRENT/EFFÉRENT (glossogenic area)
Dans le procès de construcùon des langues, les aires glos-
sogéniques correspondent à trois modes différents de défini-
ùon du vocable :
Les langues d'un premier groupe (aire prime) définissent
(afferentlefferent)
[Lat. afferre : apporter, efferre : emporter]
Ces termes, à l'origine, s'appliquent strictement au futur, dans
les langues qui possèdent ce temps. Ils qualifient le cinétisme
22 - AMORPHOGCNIQ ANALYSE/SY~SE - 23
nelles.
nellement en discours.
leurs vocables au niveau du discours alors que dans l'aire
tierce, le vocable se définit en langue, prévisionnellement.
Entre les deux aires prime et tierce, l'aire seconde apparait
moyenne et transitionnelle et le vocable s'y définit à la fois
dans les deux plans : notionnellement en langue et fonction-
Afin de fixerles idées, appartiennent à l'aireprime les langues
agglutinantes et isolantes, à l'aire seconde les langues à
racines de type sémitique et à l'aire tierce les langues flexion-
cf.glossogénii, typologie
AMORPHO G ENIQUE
(non morphogenic)
Les langues amorphogéniques comme le chinois mandarin
n'incorporent pas auvocabled'indications gramiraticales. Le
vocable se présente le plus souvent sous une forme mono-
syllabique et invariable (caractère) autorisant toutefois cer-
taines compositions. Le morphème grammatical a exacte-
ment la même forme que le morphème lexical (comme un
caractère invariant), ce qui est typique de l'aire prime.
Secteur B
singing
sung (anaciase)
En allemand, aucontraire, c'estleparticipepassé quiestisolé,
dans lesecteurB,aveccomme signedepositionlepréverbe
ge- (gesungen). L'infinifif et le participe présent (singen,
singend) sont associés dans le secteur A.
LL7 . 63-64,66,69,74
I<
De même, le mode quasi-nominal, mais dans le sensdescen-
dant cette fois, répartit ses trois formes (infinitif, participe
présentetparticipe passé) en deux secteursséparés par ce
point anaclastique. L'infinitif est situé dans un secteur A
exosystématique, ce que dénonce le signe de positionro :
Secteur A
to sing
transpassé) :
passé (I sang)
LL2 : 23,&,2739,37,97,144,210,211
LL4 : 103 sq
LSL :94-98,114,115,275
PLT : 54,219,228-230
[Gr. anaklastos : réfiéchi, réfracté]
ANACLASTIQUE (anaclasfic)
Terme qui désigne le point séparateur, le point de brisure ou
d'anaclaseentre le passé et le non-passé dans le mode indi-
catif et le mode quasi nominal des langues germaniques,par
exemple l'anglais. Cette langue en effet ne possède pasde
présent intégrant comme le français, avec deux parcelles
(chronotypes) passée et future superposées. Son présent est
totalement intégré et se présente comme une séparation, une
limite unique portée à l'intérieur de l'infinitude du temps.
C'est l'endroit où le passé démissionne au profit d'un non-
passé, d'un présent-futur efférent etprospectif (aussi appelé
transpassé (f sing)
ANALYSE/SYNTHESE
(analysis/synthesis)
[Gr.anaiusis :décomposition d'un tout ensesparties <anaiuein :
dissoudre, synthesis :composition, réunion c sun :avec+ thesis:
action de piacer]
Ce sont les deux mouvements qui selon G. Guillaume condi-
tionnent de manière générale l'exercice de la pensée.
L'analyse est dissociative, elle permet la saisie radicale. La
synthèse est associative et aboutit successivement à la saisie
lexicale et la saisie phrasfique.
Encore qu'il ait parfois un sens plus général, le couple ana-
lyse/synthèsereçoit en principe uneacception technique dans
la terminologie guillaumienne. Lié d'abord au concept de
saisie, il permet d'aborder cinétiquement la distinction du
puissanciel et de l'effectif : l'analyse est un mouvement des-
cendant et dissociatif, producteur d'unités de puissance,etla
synthèse est un mouvement ascendant, susceptible d'agglu-
tiner les unités de puissance en unités plus larges(saisie
lexicale) puis de les grouper en discours dans la phrase.
L'alternance des deux mouvements est une nécessité cinéti-
que de la pensée avant d'être le fruit d'une démarche intel-
lectuelle volontaire, par exemple scientifique. Version dyna-
mique de l'opposition large/étroit, elle foumit la baseintui-
tionnelle des autres paires apparentées et notamment
des mouvements de particularisation et de généralisation.
G. Guillaume, que son appel occasionnel à la méthodeana-
lyrique inscrit dans la lignée de Condillac, conserve la
conception classique qui, dans analyse et synthèse, oppose le
simple et le composé. Son originalité est d'avoir articulé ce(anaclase)
24 - ANASTATIQUE
AORISTE - 25
couple sur l'opposition langue/discours. L'analyse se révé-
lant glossogénique et la synthèse praxéogénique, c'est
l'occasion pour lui de se démarquer explicitement des lin-
guistiques dites dephrase enposantles smctures syntaxiques
comme indissociables desdéterminations glossogéniques du
vocable.
morphème(grammatical). Parexemple, leverbe auxiliaire est
anisotopepuisqu'il porte des indications morphologiques qui
sont au départ propres au verbe lexical. L'article français,
marqué engenre eten nombre, estun autre exemple de ce
déplacement de la morphologie vers un vecteur distinct.
cf.morphologieLL1 : 90,91
LL2 : 28,3i,35-36,70-7i,93
LSL : 55-58
[Gr. anastasis : résurrection]
ANASTATIQUE (amutali c)
Terme utilisé pour désigner la propriété qu'a l'auxiliaire de
recomposeravec un autreverbeun verbesecondairecapable
à nouveau d'être conjugué.
Cette action anastatique de l'auxiliaire estvisibleen allemand
parexempleavecwerdendontlerôle esld'imprimer auverbe
uneimpulsion qui le porte au-deiù du présenr, limite qu'il
ne saurait franchir de lui-même. (LSL :56).On obtient avec
l'auxiliaire un futur que le verbe seul estincapable de fournir :
Ich werde schreiben pourj'écrirai. G. Guillaume signale
égalementle futur imperfectif durusse formé avec l'auxiliaire
byt' et l'infinitif, à côté du futur perfectif formé à l'aide d'un
préverbe :Ia budu pisat' etia napishu.
Certaines positions du système peuvent être tenues pour des
cas limites au-delà desquels le verbe estmort systématique-
ment(LSL:57).L'auxiliaire alors, véritablement, leressuscite
en lui apportant sa forme.
Un autre cas très frappant qui, jusque là n'avait pas retenu
l'attention des grammairiens, est celui du parfait français. Le
participepassé,dans la chronogénèse française,représente
une deces formes mortes où leverbe a consommé tout le
devenir qu'il contenait sousiaforme infinitive. L'auxiliaire
avoir ou, dans certains casêtre, permet de le réutiliser en
localisant le sujet dans la subséquence du procès :écritif'ai
écrit. Le parfait français n'est donc pas un temps mais un
aspect, le verbe auxilié pouvant se reconjuguer exactement
aux mêmes tempsetmodes que leverbe simple.
AOM STE (aor ist)
[Gr.aoristos :nonlimité, nondéterminé <a(n) : négatif+ horos:
borne, limite)
L'aoristeest,universellement, du pointde vuepsychique, la
forme verbale qui écarte de la penséePopposilion de Pac-
compli dépasséà l'inaccompli perspectif. (AT :61)
Contrairement à l'imparfait français, qui distingue dans
l'événement l'accompli et l'inaccompli, l'aoriste maintient
l'événementen accomplissement dans satotalité. Cette valeur
permet et condiùonne la diversité des effets de sensobservés
dans le discours en français où l'aoriste est représenté par le
prétérit déftni ou passésimple. Ainsi dans l'exemple proposé
par G. Guillaume :Pierre seleva et travailla longtemps, le
prétérit défini n'a pas pour fonction de marquer la durée plus
ou moins brève des événements mais d'indiquer que,quelle
que soitla durée considérée, brève ou longue, ellesedéve-
loppe«in extenso » en accomplissement, sans que soit
engagé aucunement l'accomplà (LSL:213)
Le prétérit défini a certes, comme le constate souvent la
grammaire traditionnelle, un caractère ponctuel mais il
importe de souligner que ce caractère ponctuel est en corré-
lation étroite avec la valeur de l'aoriste en langue. Il tient au
fait que l'aoriste marque nécessairement le départ de l'ac-
complissement (origine de l'incidence, c'est-à-dire l'instant
d'échéance au temps), ce que ne peut pas faire l'imparfait :
La notion de départ de Paccomplhsementestindispensable
pour l'emploi du prétérit défini. Là où elle fait défaut,
l'incldenceest aussi en défaut elk verbe apparak'déjà
engagé en décadence. (LLI :122)
En ce qui concerne la sémiologie du prétérit défini, on peut
tout d'abordnoterl'insertion du thème-voyelle auxpremières
et deuxièmes personnes du pluriel (a,u oui selon la conju-
gaison du verbe). Comme au subjonctif, le rôle de la voyelle
thématique est de signaler la présence d'une contradiction
psychique au sein du prétérit défini. L'aoriste est en effet une
forme qu'on peut qualifier de paradoxale puisque dans l'ac-
ANISOTOPE (anisotopic)
[Gr. a(n) : négatif+ isos :égal+ topos :lieu]
Se dit d'une morphologie qui ne réunitpas dans le même lieu,
c'est-à-dire dans la même unité, le sémantème (lexical) et le
26 - APPORT/SUPPORT
ARTICLE - 27
passé. (Lu i24TI
compli (le passé) elle évoque un événement toutentier tenu
en accomplissement :
La contradiction du prétérlt déflni, c'est de porter le verbe
dans lepasséen luirefusant deconstituer dans cepassé,du
Cette contradiction inhérente permet aussi d'expliquer par
uneraisond'ordrepsychique l'abandonduprétéritdéfini dans
le français parlé usuel.
Aux autres personnes, on remarque l'absence du thème-
voyelle dont la fonction est alors assurée par un moyen sys-
tématiquement meilleur: l'exploitation de l'indice de
virtualisation -r qu'il suffit de retirer pour obtenir un passé
symétrique du futur (march-er-ailmarch-ai, march-er-as/
march-as, march-er-a/march-a). On noterapour la troisième
personne du pluriel une différence de vocalisation que
G. Guillaume considérait comme une très belle réussite
sémiologique(march-èrent/march-eront), produite à partir
des résultats bruts de l'évolution phonétique.
Précisonsque, sidans une première étape de la théorie,
G. Guillaume a présenté le prétérit défini français comme
l'équivalent exactde l'aoriste grec (AT:á2hil aensuite quel-
que peunuancé son pointdevue :lethèm ed'incidence abso-
lue ne peut être attribué qu'au grec, le support du prétérit
français étant lethèmeinversif infini. gsL : Táh
Le passé antérieur de la nomenclature traditionnelle (j'eus
écrit) n'est en réalité que le prétérit de l'aspect transcendant
et non pas un temps spécifique.
LL2 : 152
LL3 :54,61,70,113
ARTICLE (arti cle)
[Lat. articulus : petit élément de liaison,d'articulation < dimi •
nutif de artus : membre]
L'article est un des moyens de résoudre le problème de la
transition entre le nom-substantif enpuissance (en langue) et
le nom-substantif enej)et (en discours). Selon G. Guillaume,
les noms existent en langue sous la formed'idées puresuni-
versalisées. Pour rendre le nom applicable à uneréalité quel-
conque, l'article est utilisé dans les langues qui le possèdent
afin deréduire à loisir l'extensité nominale jusqu'à uneexten-
sité limite singulière. Le système de l'article se présente
comme unsystème àdeux tensions orientées àl'inverse l'une
de l'autre, chacune pouvant être interceptée à un moment
quelconque et livrant des extensités plus ou moins réduites.
Figurativement :
Celaconduit G. Guillaume àassimilerlesconceptsdesupport
et depersonne.Lesupport,comme la personne,c'esttoutce
dont on peut dire quelque chose.
cf.personne
I
I
I
I
I
AT : 49Ç2
LL1 : 95,111,140,156,157,163,169
LL2 :207
LL3 :63,203
LL4 :63,64,80,81,87-90,135,137
LSL :50,194,195+01~3,205
Tension l (UN)
>S
S = singulier
Ul = universel initial
U2 = universel final
PLT : 169
TV : 65-68,90-95
APPORT / S U P P ORT (import/support)
Larelation apport/support, couverte par le mécanisme d'inci-
dence, constitue la relation fondamentale du langage :
Dans le discours, il esttoujours parlé de quelquechose,qul
est ce dont on parle, c'est-à-dire le support obligé, auquel
l apport, qui estcequ'on endira, aura sonincidence.(LL3 :
L'article peut aussi bien généraliser que particulariser. La
raison d'être de deux articles indéfini et défini est que le rap-
port entrel'universel et le singulier estparcouru dans les deux
sens. L'article unest particularisant, et l'article le est géné-
ralisant. On notera que l'article le présupposel'article unet
a donc une valeur anaphorique (rappel de la singularisation
initiale).
Les effets de sens généralisants et particularisants varient
d'un article à l'autre selon la tension adoptée. Par exemple,
l'article un,anti-anaphorique, livre des généralisations hété-
rogènes visant toujours le casparticulier :un petu whisky,ga
fait dubien,dii-ilenreposant sonverre.Aucontraire, l'article
ál)
Asppcr - 29
le fournit des valeurs anaphoriques homogènes aussi bien
dans le particulier que dans le général :le whisky était bonou
le whisky reste cher.
Une analyseplus syntaxiquedel'articleamène G. Guillaume
à le poser en français comme le support de la sémantèse
nominale. C'est lui en effet qui porte les indications de genre
et denombre (formes vectrices de la partie du discours). Les
parties du discours non-substantives le deviennent grâce à
l'article : un liens vaut nueuxque deux tu l'auras, les pour et
les contre, les dessousde l'agaire, le qu'en-dira-t-on, le
pittoresque de la situation, le plustriste dans l'histoire....
Si donc l'article est le support (et le substantif l'apport), il
représentedans lesyntagme nominal la personne, cepourquoi
G. Guillaume le range dans la classe des pronoms, à cette
différence près que le pronom traditionnel estrévisionnel au
sens où il est rappel de la matière nominale alors que l'article
estprévisionnel au sens où il appellecette matière.On notera
à ce sujet le rapport de filiation diachronique entre Lat.ille et
l'article le ou le pronom il/le.
cf.partitif
LL2 :23,120,131,151,158309313
LL3 : 46,54,62,79,92,93,123,130,139,140,239
LL4 :25-27,121
LSL : 143-156,157-166,167-183337-239
PA :en entier
PLT :18-2L59-61308-217$61,265
AT : 9-10
régulateur d'extensité devient ipso facto un nom commun :
c'est un vrai petit Mozart. Le signifié de ce nouveau nom
commun est une qualité applicable à un nombre indéterminé
d'êtres et non pas une appellation individuelle.
Bien entendu,ilnefautpascomprendre asémantème ausens
du motvideou de la forme vide (meaningless unit) de certains
linguistes. Il ne saurait exister pour G. Guillaume aucune
forme vide dans le langage. Les inoindres outils grammati-
caux ont un sens,même si cesensintéresse le fonctionnement
de la langue seul (morphèmes etsystèmes) etnonpas laréfé-
rence à l'extra-linguistique.
ASPECT (as pcct)
[Lat. aspectus : regard, fait d'être vu < i-e 'spek- : contempler,
observer]
L'aspect est une forme qui, dans le système même du verbe,
dénoteune opposition transcendant touteslesautresoppo-
sitionsdu système etcapableainsi des'intégrerà chacun des
termesentretesquelssemarquent lcsditesoppositions.(TV :
TVi10
et systèmes.
ASÉMANTÈME (pr apcr noun)
[Gr. a(n) : négatif+ semainein : signifier< sema :signe/signal]
G. Guillaumedésigne par ce term e les noms propres,élé-
ments linguistiques dépourvus de contenu sémantique. Les
autres unités linguistiques sont les sémantèmes, morphèmes
La signiTiance étant la condition sine qua nondu langage,
aucun élément linguistique ne peut être qualifié d'asémanti-
que. G. Guillaume notaitseulementen 1945 le caractère des
noms propres qui est de ne pas avoir de contenu sémantique
universalisable, c'est-à-dire applicable à une série ouverte.
Un nom propre ne peut se dire que d'un être ou d'un groupe
limité d'êtres. Cecaractère distingue le nom propre du nom
commun qui, lui, peutvoir son extensité réguléedu général au
particulier. En irançais, le nom propre précédé d'un article
ltst)
La théorie de l'aspect, présente dèsTemps et verbe, fait
l'objet d'un article important de 1933(Lsb : 46-58).Elle est à
comprendre, selon G. Guillaume et comme le dit clairement
la définition rappelée ci-dessus, comme la catégorie supé-
rieure—transcendante- du verbe,supérieure notamment au
mode, autemps etàlapersonne. Cela signifie simplement que
l'aspectestcapable de s'instaureren chacun des modes, des
temps et despersonnes.Cela signifie également, sansaucune
ambiguïté possible, que l'aspect est distinct du temps gram-
matical. La différenceentre les deux catégories est fondéesur
la différence entre temps impliqué et temps expliqué,
c'est-à-dire entre le temps qui est intérieur à l'événement
qu'exprime le verbe(temps d'événement) et le temps qui lui
est extérieur (tempsd'univers). :
Lc verbeestun sémantème quiim plique etexplique lctemps.
Est de la nature de l'aspecttoutedifférenciation qui a pour
lieuletemps impliqué
Est de la nature du tempstoutedifférenciation qui a pour
lieu letemps expliqué. (Lst, :4s)
Le temps impliqué est celui qui se développe entre les bornes
(LSL :47)
30 - ASSIGNATION
AS&àéATlqllE - 31
decommencement etdefin (C et F) de l'événement. Le temps
expliqué est le temps infini porteur de cet événement :
<———temps explique ———>
en l'absenced'un désigné propre,estdéférée au nom par
simple assignation.
Cette notion d'assignation est importante en ce sens qu'elle
souligne que même là où elle n'est portée par aucun signe
propre, latransition langue-discours existe, bien évidemment,
et demeurefondamentale.
Signalons en outre que dans les cas de désignation explicite
de l'extensité du nom en discours, on emploiera par opposi-
tion au terme d'assignation le terme de déflexivité.
vre,comme c'estlecasenanglais.
transcendant) deavoir eu marché.
En termes d'évolution, l'aspect qui marquait la distinction
entre complétude et incomplétude - à rapprocher de l*oppo-
sition du perfectif et de l'imperfectif - en est venu à marquer
la distinction entre immanence et transcendance. C'est ainsi
qu'on peut comparer, par exemple, le russe —languequi ne
quittepas laduréeintérieure au verbe - aufrançais qui possède
trois aspects : l'aspect simple (tensif, immanent)de marcher,
l'aspect composé (extensif, transcendant) deavoir marché et
l'aspect surcomposé (bi-extensif, bi-iranscendant ou ultra-
Les catégories de l'aspect et du temps entretiennent des rap-
ports systématiques parfois complexes(voir larépartition des
compétences de trois formes verbales commej'écrivis,
j 'écrivaisj 'aiécrit). De surcroît, l'aspect est denature àjouer
un rôle important lorsque la morphologie temporelle est pau-
La théorie guillaumienne de l'aspect s'inscrit dans une très
longue tradition - le concept même avait été entrevu par les
grammairiens latins avant d'être redécouvert au dix-septième
siècle par des grammairiens tchèques - et elle souligne avec
fermeté l'existence de lacatégorie dansunelanguecommele
français. Elle a également pu être appliquée à d'autres lan-
gues, notamment à l'anglais, dont le système des formes
verbales avec l'auxiliairehave et le participe passédu verbe
estassezproche deceluidufrançais,m algréquelques emplois
PLT : 265
ASTÉMA T I QUE (non stematic)
ATHEM A T I Q UE (no nthematic)
[Gr. a(n) : négatif + thematikos < thema : œ qui est posé = qui
n'appartient pas au radicai]
Est diteathématiqueune forme dépourvue de thème-voyelle
et associant directement la flexion au radical du mot. Le sub-
jonctif présent, en français, est athématique ainsi que le futur
simple. Le subjonctif imparfait (ou passé) ainsi que leprétérit
défini (passé simple) sont thématiques. De manière générale,
le thème-voyelle signale une contradiction psychique inhé-
rente à la forme thématisée, la forme athématique étant en
regardparfaitement homogène.
cf.thématique
ATT R I B U T (comp lement noun or adjective)
Le terme d'attribut désigne l'une des trois fonctions
qu'indiscrimine en langue le cassynthétique du français, les
deux autres fonctions étant celle de sujet logique et d'objet
logique.
Le terme d'attribut doit s'entendre dans un sens proche du
sens traditionnel puisque, dans la définition de l'incidence
PLT : 25
notoirement différents.
LL1 : 170-173,176-180,185-187
LL3 : 142,172,201-203
LL4 :91.92
LSL : 46-58,71,122,189,190,251,252
TV : 11,15-27,108-111
[Lat. attribuerec ad : à, vers+ tribuere : aiiouer]
[Gr. a(n) : négatif+ stoma csta- : êtredebout]
Un morphème astématique est un morphème qui est inca-
pable, contrairement au morphème stématique, d'exister à
l'état de mot indépendant. Les flexions nominales et verbales
indo-européennes sont typiquement astématiques.
cf.Stématique
ASSIGNATION (assi gnati on)
On parled'assignation là où latransition du nom enpuissance
au nom eneffetreste implicite, c'est-à-direlàoù elle n'estpas
explicitement désignée par un signe comme l'article.
Dans les langues sans article on dira que l'extensité du nom,
32 - AUTOPTIQUE
AVANT/APRÈS - 33
comme rapport entre un apport et un support, l'attribut peut
- incident à la copule (Celivre est passionnant)
- incident aux verbesmenant àl'idée d'être(sefairemoine,
devenir un héros).
être :
La théorie de l'auxiliaire apporte ainsi une probante affirma-
tion de la validité du principe de signifiance.
cf.avoir/être, subduction
LL1 : 125,144-146,151,170,238/53
LL2 : 161,191
LL3 : 142
LL4 : 118,119,123
LSL :57,73-86,189
TV : 18,19,25
LL2 : 138
LL3 : 225
AUTOPTIQUE (autoptic)
[sur le modèle deautopsie, Gr. autopsia : action de voir de ses
propresyeux <autos :sol-m ême+ opsls:vue]
Dans la théorie guillaumienne de ladémarchescientifique, la
syndèse autoptiquedésigne le rapport initial de compréhen-
sion soumis auvoir (à l'observation) dont il ne sort pas. Le
terme traduit en fait la soumission de la compréhension aux
donnéesvisibles,c'est-à-direobservables.Lerapportfinalde
compréhension, cryptologique, subordonne la compréhen-
sionàunerecherche,audelàdel'observable,duconcevable.
On peut associer sommairement autoptique à empirique et
cryptologiqueàthéorique.
cf.syndèse
AUXILIAIRE (auxiliary)
AVANT/ A P R E S (before/after)
La distinction de l'avant et de l'après est une distinction
méthodologique capitale qui permetde reconstituer l'analyse
quelapenséeopèredesespropresdémarches.Ellecorrespond
àunechronologiede raisonetnon nécessairement àunechro-
nologie temporelle.
Ce que lapensée sépare en elle-même, c'estd'un côté le
résultatqu'aufuretàm esuredesondéveloppement ellepro-
duit et, de l'autre, l'opération génétique productrice de ce
résultat. La distinction de l'avant opératif et de l'après résul-
tatif est le fondement de tout système linguistique.
La langue est l'avant du discours, même si, diachronique-
ment, elle se crée à partir de lui et des essais plus ou moins
réussis qui y sont tentés. De même, le système de l'article se
recompose de deux tensions dont l'une (celle de l'article
indéfini) est l'avant de l'autre (celle de l'article défini). Dans
le système verbal, on peut distinguer autour de l'intériorité de
l'événement une extériorité d'avant, à partir de laquellel'évé-
nement est vuen perspective, et une extériorité d'après, où il
estconçu rétrospectivement comme révolu.
cf.actueVvirtuel
des rapportsformels.
[Lat. auxlllum : secours,alde]
Estqualifié d'auxiliaire un verbe qui, àla suite d'un processus
desubductionou dématérialisation, est devenu apte àsignifier
La subduction correspond à l'atteinte d'un niveau de signifi-
cationsuffisamment généralpour êtreétendu àlareprésen-
tation globale de toutes les situations et non pas seulement à
l'expression de situations particulières. La contrepartie
matérielle est foumie par le verbe lexical associé.
L'analyse du mécanisme génétique de l'état d'auxiliarité
permet de montrer que - contrairement à l'affirmation de
nombreux linguistes selon laquelle les auxiliaires seraientdes
verbes in-signiTiants - l'auxiliaire a bien un sens, dérivé de
celuidu verbeplein dontilémane(avoir etêtre, parexemple).
AVERSIF (t h è m e ) (no n versive theme)
[Gr. a(n) : négatif + Lat. vertere : tourner, retourner = qul
n'lnversepas]
La distinction des thèmes versif et aversif a trait à la double
représentationdutemps, enascendanceetendescendance.Si
la formereprésentelapensée accompagnant lesens descen-
dant du temps, on parle de thème versif (par exemple le pré-
sent cursif représentant un procès en cours de réalisation de
Pierredéjeune en ce moment). Si cetteformereprésenteune
34 - Avonvd
mlALE - 35
remontéedutemps, le thèmeestinversif ou aversif (seulement
aversif, c'est-à-dire partiel et contradictoire, au présent dit
précursifde Pierre déjeune avec moi demain). Le thème
inversifnesetrouve pasau présent.
cf.thème
suppose unediscontinuité au contraired'avoir. C'est laraison
pour laquelle on n'emploie pas avoir avec les verbes qui
impliquent une discontinuité : c'est le cas duverbesortir, par
exemple (mais aussi denaître, mourir, tomber, partir), qui au
participepassé,suppose une dépense complète du procès,et
une absence desubséquence immédiate. C'est cette situation
moyenne du sujet entre le devenir antériorisé et le devenir
subséquent, imposée par ce type de notions, que signifieêtre,
lesdeux devenirsétantdiscontinus.Lemême phénomène se
retrouve pour les verbes pronominaux où le sujet à la fois
conduit l'événementetenreprésente l'objet(seraser, sevêtir,
se méprendre...).Lesparfaitsdecesverbessontintégrantset
non dirimants. L*emploi deêtre marque ainsi uneinterférence
entre l'aspect et la voix, ce qui fait employer à Guillaume le
terme dedéponent emprunté à la grammaire latine et y dési-
gnant un phénomène similaire (verbe de forme passive et de
sens réputé actif, comme sequor, audior, irascor...). C'est
qu'en effet la voix passive signifie la disparité entre le statut
logique du sujet et son statut dynamique et là aussi la discon-
tinuité entre le devenir antérieur (le procès réalisé) et le deve-
nir subséquent (la situation du sujet).
riel.
AVOIR/ETRE (ha velbe)
Beaucoup de langues ne possèdent pas le couple avoir/être
mais, dans celles qui le possèdent, ces verbes apparaissent
signifier des relations suffisamment générales pour intéresser
directement la prédication.Avoir, orienté vers le passé de
l'acquisition, etêtre orienté vers le présent de l'existant et
éventuellement son devenir, représentent les deux aspects
fondamentaux del'être présent, parlant et agissant..
Ces verbes apparaissent idéellement préexistants à l'ensem-
ble des autres verbes : il faut avoir (avoir l'être) etêtre pour
pouvoir,vouloir,savoir...etau-delà,penser,parler,m archer,
courir... Quand ils ontsubi uneopération de dématérialisation
qui les ont rendus subductifs par rapportà eux-mêmeset non
plus seulement à la masse des autres verbes, ils sont devenus
auxiliaires : ainsiêtre évoque la distinction inhérente à l'idée
d'existence entre le devenir antécédent et le devenir consé-
quent; quantà avoir, il ne retient de son sens premier proche
de posséder,qu'un regard en direction de l'accompli qu'on
possède, qu'on tient.
En ce qui concerne avoir, précisons que cette notion peut
connaître en français trois états psychiques différents qui
correspondent à trois degrés de dématérialisation :
-un degré initial, où ladématérialisation estvoisinede zéro
et où,conséquemment, avoirestproche deposséder.
—undegré moyen où la dématérialisation, déjà engagée
produit un verbe auxilime, nécessitant un complément maté-
- un degré final où la dématérialisation, portée à l'extrême,
faitdeceverbeun morphème astématique,uneflexion,recon-
naissable par exemple dans le futur(Je marcherai = l'infinitif
marcherenposifion de radical et la flexion -ai de avoir).
Quant auverbeêtre, il est selon son degré de dématérialisation
soit verbe plein, soit copule, soit auxiliaire.
Les distributions différentes des deux auxiliaires qui,
jusqu'ici, n'avaient pu être décrites par la grammaire tradi-
tionnelle, se trouvent expliquées psychiquement par la psy-
chomécanique.La différence entre avoir etêtre n'estpas
essentiellement une différence de contenu. Seulement,être
[Gr.kharassein:graverl
LL1 : 144-147,237438252,253
LL2 : 161
LL4 : 174,175
LL5 .48,198,201
LSL : 73-79,85,131,137,144,244
TV : 25-27
CARACTÈRE (character)
État du vocable dans les langues isolantes de l'aire prime
caractérisé par l'absence de toute indication formelle géné-
AXIALE (consonne) (a xial consonant)
La consonne axiale est la consonne qui en français termine le
radical et le sépare de la flexion morphologique. Elle est uti-
lisée sémiologiquement dans le systèmeverbal pour opposer
le subjonctif et l'indicatif (que le dormej le dors)mais aussi
dans le système nominal pour certaines marques degenre(le
chatlla chaue, le bergerlla bergère ...).
cf.consonne axiale
rale.
36 - CAS
CATEGORIQUE -37
Contrairement aux mots des langues indo-européennes, le
caractère ne se conclut pas avec la partie du discours qu'il
ignore. Enconséquence, lerôle de lasyntaxeest extrêmement
important dans ce type de langues dites amorphogéniques.
Les langues à caractères témoignent d'une réplique nulle de
l'opération d'entendement à l'opération de discernement au
cours dela genèse du mot qui n'estainsisoumis à aucune
tension généralisatrice, d'où la singularité extrême du
caractère et son indépassable puissance d'évocation.
Cette interprétation du caractère jette une lumière nouvelle
intéressante sur la motivation du système tonal des langues
dites isolantes. Au contraire de l'intonation réservée à
l'expressivité, le ton est indispensable à la bonne compré-
hensiondu vocable etfonctionne comme un système d'effec-
tion du caractère lui-même qui, autrement, n'est qu'une syl-
labe dépourvue de toute signification.
LL2 : 23,24,27,29,37,97,114,210,211
LIA : 103
LSL :94-98,114,115,275
PLT :54,219,228-230
langue dont la base est la distinction de l'animé et de l'ina-
nimé).
Ceci nousamène àpréciserladifférence entrelescaspsy-
chiques et sémiologiques. Il s'avère en effet que la réduction
du nombredescassémiologiques (casreprésentésphysique-
m ent)dans une langue donnée n'estpas toujours due àleur
élimination pure et simple mais peut également être la consé-
quence d'unélargissement de l'assieue de compensation,
c'est-à-dire d'un phénomène de compensation de cas psy-
chiques(caspurement mentaux) sousunnombreréduitdecas
sémiologiques.
C'est ainsi que s'est créé en français moderne un caspsychi-
que nouveau qui indiscrimine en lui en lescompensantles
fonctions desujet, d'objet etd'attribut : le cassynthétique, cas
unique du&ançais.Ce cas synthétique ou cas zéro estévi-
demment casdelangue.
Du point de vue sémiologique, le cas synthétique français se
présente habituellement sous la forme de l'ancien cas régime
et exceptionnellement sous celle de l'ancien cas sujet. Il est
aussi parfois arrivé qu'il se présente sous la sémiologie des
deux cas par réemprunt, ce qui a entraîné une discrimination
sémantique entre le mot issu du casrégime etcelui issu du cas
sujet (par exemplepâtre etpasteur ttSL : IOS)).
d'entendement de s'achever.
CAS (case)
Le casdedéclinaison entredans lacatégoriedesmorphèmes
àdoubleeffet.Le casapparaîten effetassumer une double
fonction : d'une part, il constitue en langue une indication
prévisionnelle de la fonction qu'aura le mot en phrase et
d'autre part, il joue dans le mot le rôle de déterminant de la
partie du discours, les indications de genre et de nombre
introduites dans le mot dès la langue permettant à l'opération
Il importede préciserque ces rem arquesà propos du cas
concernent le cas de langue (cas intégré au mot dès la langue)
qu'ilne fautpas confondre avec le casde discours,obtenu
seulement en phrase (par l'intermédiaire de la préposition).
Une autre distinction importante est celle ducas d'extension
ou cas extensif - relatif àl'extension nominale, c'est-à-dire au
genre et aunombre dunom - et ducasdefonction aussi appelé
fonctionnel ou dynamique — relatif à la fonction du mot en
phrase.En effetcesdeux cas,bien que réunis sous un cas
sémiologique unique, n'en constituent pas moins deux cas
psychiquesdifférents.
A cettesymphyseou soudure du cas d'extension et du cas de
fonction s'ajoute celle du cas logique (cas de discours relatif
au rapportdes mots en phrase) etdu casdynamique (casde
(categorical future)
LL1 :72
LL2 : 21,22,130,173
LL3 : 25,47,101,102,104,109-111,118-130,179,180,225
LIA : 35,38,45,48,51-56
LSL : 101-103
PLT : 122,191
CATÉGOMQUE (futur)
L'architecture du présent français à l'indicatif superpose le
chronotype ot (parcelledefutur)etlechronotype t0 (par-
celle de passé), cequi détermine dans le futur et le passédeux
versions temporelles : l'uneincidente où l'événementest tenu
en accomplissement et l'autre décadente où l'événement est
tenu, si peu que ce soit, en accompli relatif à l'accomplisse-
ment. Le futur catégorique est la version incidente du futur,
l'autre version étant celle du futur hypothétique. Le futur
catégorique est le futur simple de la tradition et le futur hypo-
thétique est le conditionnel présent, considéré trop souvent à
tort comme un mode.
cf.futur
38 - CAUSATION
CAUSQCONSTRUIT—39
(la langue)
m oments successifs:
des faits réellement causateurs :
CAUSATION (causati on)
Dans la causation générale du langage, on distingue trois
1) un moment de causation obverse,causateur du causé
construit non encoreemployé que constitue la langue
2) un moment d'existence du causéconstruit non employé
3) un moment de causation déverse,porteur del'emploi du
causé construit (le discours)
Ainsi la formule saussurienne définissant le langage comme
analysable en langue et parole ne fait état que du causécons-
truit (la langue) et de la causation déverse productrice de la
parole.G. Guillaume ajoute cette troisième causation, l'ob-
verse, qui correspond au moment, premier en langage, où la
languen'existequ'enpensée,enpuissanced'elle-même etoù
elle n est pas encore construite en signes.
Cette miseenévidenced'un en-deçà delalangueressortissant
a la causation obverse donne à la recherche linguistique une
direction claire qui est celle de la remontée théorique vers la
cause : il ne s'agit pas d'observer des faits qui, situés en dis-
cours,sont des faits à expliquer maisd'observer par les
moyens théoriques appropriés les faitsexplicateurs qui non
seulement déterminent les faits de parole, mais aussi déf
inis-
sentles faits delangue. La formule saussurienne, alors qu'elle
pose unelangue théorique, situe l'observation au niveau des
seuls faits construits et ignore la dimension génétique du lan-
gage. G. Guillaume rappelle constamment à la linguistique
qu'elle peut et doit s'engager dans ce domainehypobasique
A cquérirce savoir<des faitsexplicateurs>, reconnaître en
quoiilconsisteetlechemin quiyconduit, vadèslorsê~e une
tâche du linguiste, tâche dont l'accomplissement suppose
une pénétrationde la causation obverse,lieu du vu hypo-
basiqueà visibiliser. (tst :2o)
G. Guillaume distingue deux causations : la causation déve-
rse dont rend compte la linguistique traditionnelle relie le
système préconstruit qu'est la langue à sa conséquence en
discours.La causationobverse (l'adjectifsuggèreunesymé-
trie avec la précédente bien qu'elle ne soit pas directement
observable) implique que la langue est elle-même le causé
d'unelucidité puissancielle sise en deçà de toutphysisme de
représentation, c'est-à-dire de toute sémiologie visible.
En postulant l'existence de cette causation obverse,
G. Guillaume rappellequ'il estparadoxal de prétendre rendre
compte d'un en-deçà (la langue) par sa conséquence (le dis-
cours). En définissant par ailleurs letout du langage comme
LSL :25-45,272-286
PLT : 113
CHRONOGÉNÈSE (chronogenesis)
CAUSÉ CONST R UIT (consiructed causaia)
Dans l'architecture générale du langage, le causé construit,
c'est la langue, répondant à unecausation obverse qui la pro-
duit et permettant elle-même, et conditionnant, en causation
déverse, le discours.
cf.causation
l'ensemble causation obverselcausé consiruitlcausation dé-
verseil affirme un déterminisme tant opératif queproprement
diachronique. Enfin, enpréférant le terme decausation àcelui
de cause, il invite à reconnaîtie dans le mécanisme de la cau-
salité, plutôt qu'une source ponctuelle, un processus.
Pour être tardif dans l'nuvre, le concept de causation n'en
circonscritpas moins desprincipes apparusbeaucoupplus tôt.
DèsLeproblème de l'anicle, Guillaume posaitquela pensée,
àdéfaut de le créer, apouvoirderetenir l'accidentphonétique
lorsqu'il convient à la visée systématique inteme. L'article,
disait-il, a donc pour cause un certain état de langue. C'était
à la fois suggérer une diachronie des systèmes etrejeter toute
explication d'une forme linguistique à partir de ses emplois.
Cela explique que le concept de causation obverse puisse
étayer non seulement une typologie des langues indépendante
de la sémiologie, une typologie systématique, mais aussi,
occasionnellement l'explication d'un faitparticulier. Ainsi la
définition du nom par son incidence plutôt que par sa signi-
fication sera qualifiée d'analyse en causation obverse. Façon
d'opposerde manière générale une approche systématique
intégrante à l'induction empirique, en causation déverse.
Dans ces conditions, l'appel à la causation obverse renvoie
donc, autant qu'au mentalisme spontané du sujet parlant, à
une méthodologie.
cf.scheme lmgutsttque
[Gr. Khronos : temps + genesis:force productrice, origine =
construction du tempsl
La chronogénèse est l'opération mentale de construction de
l'image du temps (l'image-temps) que véhicule le verbe par
spatialisation. G. Guillaume distinguela « chronogénèse »,
40 — CHRONOGÉNESE CHRONOLOGIE — 4l
qui est -je renvoie mesauditeurs ù mon livre « Temps et
verbe »-genèse delapuissance deconstruire letemps, etla
« chronothèse»,quiestl'exercicede cettepuissance k long
de sonacquisition, exercice correspondant chaque foisà
une coupecaractéristique decetteacquisition depuissance,
coupe qui en livre un profil, chaque profil ainsi obtenu par
coupe constituantun mode. (PLT: 225)
Mentionnée pour lapremière fois dansTempsetverbe gv :s),
lathéorie de lachronogénèseestliée àcelledu temps opératif,
successivitéd'instants de raisonoccupés parlapenséepen-
sante(Sur lescirconstances précises de la découverte du
temps opératif, voir l'Avant-proposà Temps et verbe et
l'Introductionà Langage et science du langage de Roch
Valin). Le temps ne se laissant pas représenter à partir de
lui-même, il fait appel à des moyens qui sont empruntés à
l'espace, d'où l'expression de spatialisaiion du temps. La
chronogénèse correspond à l'opération inconsciente à
laquelle se livre le sujet parlant en instance de discours,
préalablement à l'emploi de toute forme verbale : il parcourt
l'entier du système verbal en s'arrêtant à la position systé-
matique qui répond à sa visée, à son intention de discours.
L'opération est interceptée en trois points de son développe-
ment et chaque interception est appeléechronothèse. Le rap-
port qui unit chronogénèse et chronothèse est l'application
d'un principe fondamental selon lequel toute opération de
pensée,defaçonàcequel'espritpuisseprendreconnaissance
des résultats produits, doit être suspendue àtel ou tel moment
de son déroulement. Ce principe fonde ce que G. Guillaume
appelle lalinguistique de position (voir l'opposition entre la
productioniibre desidéesetlasaisie desidées produites(tsL:
entre elles.
AT : 17-25/6,57
LL1 : 79,82,88,213
LL2 :33
LL3 :201
LSL t121•186,253
PLT :22P25
TV :8sq
indicatif, avec la représentation du présent et ses consé-
quencesdans lepasséetdanslefutur.
Les notions et les termesmêmesdechronogénèseet chrono-
thèsesont spécifiques à la psychomécanique,aucune autre
théorie linguistique ne se préoccupant de la genèsede la
représentation mentale du temps. L'intérêt d'une telle ana-
lyse, comparée aux approches traditionnelles de la conjugai-
son du verbe, outre sagrandesimplicité, réside danslefaitque
la prise en compte du temps opératif met clairement en évi-
dence les relations systématiques interwhronothétiques et,
partant, inter-modales. Importante pour la description du
système verbal d'une langue donnée (voir par exemple la
théorie du subjonctif en français), la chronogénèse l'est
encoredavantage pourlacomparaison deslanguesnaturelles
(Chronothèseinitiale) (Chr onothèse médiale) ( Chtonothèse finale)
228-229)).
Dans les langues indo-européennes, aux trois interceptions
(début, étape intermédiaire et fin) correspondent trois modes
grammaticaux, successivement quasi-nominal (initial), sub-
jonctif (médian) et indicatif (final). En figure :
C H R O N O G É N È S E (temps opératif)
Quasi-nominal Subj o nctif Indicatif
I I >I
CHRONOLDG1E (c hronology)
Il existe deux chronologies d'ordre différent :
- une chronologie réelle, concrète, relative à la succession
entre événements (chronologie temporelle)
- une chronologie abstraite, intervenant entre idées (chro-
nologie idéelle ou notionnelle).
On dira par exemple que de la condition à la conséquence il
existe une chronologie idéelle, parinstants de raison, selon
laquelle la condition est - par définition - antécédente à la
conséquence.
Cette chronologie abstraite entre idées joue dans les langues
un rôle très important. C'est par exemple à desfaits de chro-
nologie de cet ordre que se rattache toute la théorie psy-
chosystématique de l'auxiliaire. Par ailleurs, la chronologie
idéelle étant de langue et la chronologie réelle de discours, il
s'ensuit que la chronologie idéelle devance toujours la chro-
nologie réelle. C'est ainsi que l'aspect, qui ressortit àla chro-
nologie idéelle, est toujours assigné au verbe avant le temps.
Toujours dans le plan du verbe, dans la chronogénèse &an-
çaise, le subjonctif occupe idéellement unechronothèseanté-
Chaquemode constitueparrapportauxprécédentsunprogrès
dans la définition de l'image du temps, cequi explique que le
contenu en soit de plus en plus complexe. Cette définition est
complète en chronothèse troisième, correspondant au mode
42 - CHRONOTHÈME
CHRONOTHÈSE - 43
rieure à celle de l'indicatif, ce qui explique sa capacité àsup-
poserlesévénements alors que l*indicatif, situé en raison
après le subjonctif, lespose.
LL2 : 152
LL3 : 195
LL4 : 108,124,128
LSL : 112,122,161,189,190
AT : 39,40
LL1 : 76,112,123,125,177,202,216,232,237238
CHRONOT H È M E (chr onotheme)
CombinaisoninMale dedeux chronotypes quiconfère au
temps saforme générale dans l'esprit. pV : el)
D ans lachronogénèse, leschronotypes sont desparcellesde
temps soustraites au passé et au futur. Elles sont combinées
pour formerpar exemple leprésent&ançais avec lechrono-
typefuturetle chronotype passé superposés. Le terme de
chronothè meestutilisé pour la description des combinaisons
latines plus complexes que celle du &ançais, avec trois pos-
sibilités : une combinaison tt + tu, et deux combinaisons
secondaires, ct 0 + tx t et t01 + t00. Comme d'ordinaire, le
mot thèmes'applique aux variations éventuelles d'un mode
commun. Du latin au français on observe le passage d'un
chronothème horizontal à un chronothème simplifié vertical,
soit de tu+ tr à — —.G.Guillaume invoquè pour expliquer
ce phénomène le principe de sténonomiedu présent,
c'est-à-dire sa tendance à réduire autant que possible son
assiette temporelle afin de mieux assurer sa fonction qui est
de séparer passé et futur. Le présent latin horizontal est large
alors que le présent &ançais a pu trouver, dans saverticalité,
le moyen d'affirmer sa fonction séparatrice. Il serait aven-
tureuxdepenser que leslangues en généralsontcondamnées
à définir un présent sténonome. C'est, selon G. Guillaume
lui-même, une voie que le &ançais a suivie parmi d'autres
possibles. La solution trouvée n'est évidemment que relative
au problème posé. Le groupe indo-européen est loin de faire
front commun sur la question de la représentation du présent
et chaquelangue,chaque sous-groupe, s'estaventurédanssa
direction propre. Le lecteur pourra trouver dans les présents
anglais, persan et russe desexemples caractéristiques de cette
temps :
tu
posé,construitl
CHRONOTHÈSE (chronothesis)
[Gr.khronos :temps+thesis< tithenai : action deposer=temps
On désignedu nom dechronothèse lesdifférentesétapes de
la formation de l'image-temps (la chronogénèse) chaque
étape (ou arrêt) étant représentée par un mode.
Afindeprendreconnaissance de cequisepasseenelle-même
surl'axe chronogénétique (l'axe opératif sur lequel sedéroule
l'opération de spatialisation du temps qu'est le système ver-
bal), la pensée est en effet obligée d'opérer par le travers de
sa propre activité des coupes chronothétiques qui sont les
modes. Chaque modereprésenteun airêten chronogénèse,
c'est-à-dire un certain état de construction de l'image du
Construiredu temps enpensée, c'estdelachronogé nèse;la
chronothèseestla vision du temps construit.trV:103)
En &ançais et plus généralement dans la plupart des langues
indo-européennes, la penséeopère trois coupesprivilégiées :
la première, initiale, est celle du mode quasi-nominal (avec
ses tempsquisontl'infinitif, leparticipeprésentetleparticipe
passé), la secondemédiale est celle du modesubjonctif (avec
deux temps, le présent et le passé) et la troisième finale celle
de l'indicatif. C'est avec l'indicatif seul qu'on obtient le pré-
sent d'époque et, de part et d'autre, les époques future et
passée.La naturespécialeduprésentenfrançaisprovoque un
dédoublement des temps passé et futur si bien que l'indicatif
comporte cinq temps (le présent et, dans le passé, l'imparfait
et le prétérit défini ou passé simple, dans le futur le futur
hypothétique ou conditionnel et le futur catégorique ou futur
simple).
AT : 23,41
LL1 :80-82,88-89
LSL : 121,122,253
TV :10
variété de solutions.
CHRONOT YPE (chronotype)
[Gr. khronos : temps+ tupos : marque d'uncoup,image]
Nom donné àchacune des deux parcelles de tem ps que le
présent, notamment en français, prélève pour sa propre
construction sur le futur (chronotype ct ) et sur le passé
(chronotype tu ).
Le présent français est défini comme un être sténonome,
c'est-à-dire enrecherchede laplus grande étroitessepossible,
de manièreàremplir au mieux son rôlede séparateurd'épo-
TV : 81
44 - CINÈSE/t)ENÈSE
C)NErts)v)E - 45
ques, entre le passé et le futur. On notera dans la penséede
G.Guillaume une évolution entre 1929, où les chronotypes
sont juxtaposés pv :53)et 1948 oùils sont superposés(LLt :
â283, tâatetstenfLSL: 19âsq).
D'un point de vue diachronique, dans ce dernier état de la
théorie, le présent français est passéd'une composition juxta-
posée (en latin) àune composition superposée(dans lalangue
m oderne)deschronotypes.On peutlereprésenterainsi:
AT :63
LL1 : 82,83
LSL : 198sq.211,2á8
TV : 52sq
passé
CINÈSE/GENÈSE (k inesislgenesis)
Cett
niveaux qu'elle entraîne (niveau Ot incident et niveau <
décadent) est capitale pour toute l'architecture du système
verbal français. C'est elle qui dédouble le passé en deux
temps, le prétérit défini, sur niveau , tout entier incident et
l'imparfait sur niveau ajoutant à cette incidence, si peu
que ce soit, de la décadence, c'est-à-dire de l'accompli.Ce
dédoublementseretrouve danslefuturavec lefuturcatégo-.
rique incident et le futur hypothétique décadent.
PRÉSENT
tu
e superposi estion des chronotypes, avec la distinction d
riquement aussi, mais différemment, entre lesditsapports.
La Eangue n'estpas consátuéc, et c'estEà un principe de
grammaire générale, avec lesapports de l'histoire, qui sont
fortuits, mais avec les rapports que de moment en moment
l'esprit institue entre ces apports. Ce sont cesrapports ins-
tituéspar l'espritentreles apports historiques quifont la
Eangue.Par eux-mêmes, eton ne saurait trop enfairela
remarque,lesapports de l'histoiresont inopérantsà cons-
truire la hsngue. Celle-ci ne seconstruitque pourautantque
lesapports de l'histoireentrentdans Eecadre-danslecadre
systématisé - de certains rapports. Et c'est pourquoi la lan-
gue est, selon les termes mêmes de Saussure, un système.
Elleestà lavérité,nous lesavons, un système complexe,un
système desystèmes. (LLt :259-26á)
Ceci a desconséquencesévidentes sur l'organisation interne
des systèmes par rapport à leur histoire. La cinèse, en effet,
porte l'ordination systématique des éléments et cet ordre ne
suitpas nécessairement l'ordre historique. Il sepeut très bien,
même, que lesdeux ordres soient inversés (phénomène
d'énantiodromie qu'onpeut observer dans le système de
l'article, établissant historiquement l'article indéfini après
l'article défini alors qu'il est avant lui dans le système).
Toutefois, tout en insistant sur la nécessité de ne pas
confondre l'axe génétique desapports et l'axe cinétique des
rapports, la psychosystématique serefuse àmaintenir le pos-
tulat saussurien d'indépendance absolue. Aucune synchronie
ne peut s'établir sans une diachronie antécédente d'une part,
et d'autre part, la diachronie est en fait une succession des
synchronies multiples que la langue a Iraversées. Cinèse et
genèsesontlesdeux faces d'un même phénomène qui estla
construction même de la ]angue.
dinalement.
[Gr.kinêsis:m ouvement,etgeuosis:forceproductrice,créa-
tion, origine]
Les termesde cinèseetde genèsecorrespondent aux term es
saussuriens desynchronieetdediachronie, lacinèseétant une
coupe parle travers de la genèsequisedéveloppe longitu-
A la suite de F. de Saussure, G. Guillaume insiste sur l'indé-
pendance delagenèseconstructrice (axediachronique des
apports) vis-à-vis de lacinè se organisatrice (axe synchroni-
quedesrapports institués entre lesapports). Ilpose clairement
une absolue priorité du système sur les apports historiques
qu'il intègre ou n'intègre pas :
Il n'estpas dénué d'intérêten doctrine de rapporter cette
antécédence dupsychisme et du sémiologique à la disánc-
tion que l'on a faite, à maintes reprises ici, de l'axe des
apports historiques et de Paxe des rapportsinstitués histo-
LL1 : 166,259
LL3 :89-91
LSL :158-162,165,166
CINÉTISME (k i netism)
[Gr. kinein : mouvoir]
Dynamisme orienté qui sous-tend tout phénomène linguisti-
que. Inséparable de la distinction entre cinèse et genèse, la
notion de cinétisme estégalementliée auconceptguillaumien
de langue. Psychomécaniquement, la sémiologie de langue
46 —COHÉRENCE COMPENSATION - 47
représenteeneffetnon des états,maisdesmouvements qui,
interceptés parlavisée momentanée dediscours, déterminent
alors des effets de sens particuliers. Bien que le terme lui-
même ne soit pas antérieur à Temps et verbe, la notion de
cinétisme permet notamment de rendre compte de manière
satisfaisante du mécanisme de l'article : interceptés à égale
distance du singulier, les mouvements antagonistes qui sous-
tendent les deux articlesunet le produisent des effets de sens
à peu près semblables par statisme (valeurs universalisantes
ou singularisantes) mais qui sont cinétiquement opposés.
Absente de la grammaire générativecomme du structuralisme
classique, la notion de cinétisme évoque plutôt le couple
humboldtienergon/energeia.Dans lamesure où uncourantde
pensée inspiré de Humboldt semble s'être maintenu tant à
l'époque comparatiste qu'après Saussure, il est raisonnable
d'admettre que G. Guillaume en est un représentant. Si une
théorie de l'énonciation, par ailleurs, consiste à référer
l'énoncéproduit à sesconditions deproduction, il estclair que
cette approche dynamique des faits de langage fournit
aujourd'hui les bases théoriques de la problématique
moderne.
AT : 25-32,43-45
LL1 : 98,106,112,168,169
LL2 : 34-35
LL3 : 126-136,237,238
LL5 : 139,201
LSL : 143-166
TV :79
COHÉRENCE (coherence)
La cohérence est une loi, ou un principe qui préside à la
construction d'un état systématique en le faisant dépendre
d'exigences internes d'équilibre. La loi de cohérence des
systèmes leur impose l'unité - les systèmes les plus achevés
étant ceux où les antinomies les plus absolues sont rapportées
à une construction unique (par exemple l'article en français,
dont le système réalise l'intégration en un rapport unique, de
l'universel et du singulier).
Partout où G. Guillaume le peut, il substitue à la notion de
logique celle de cohérence, allant même jusqu'à remplacer la
terminaison -logie (chronologie, glossologie, ontologie...)
par la terminaison -génie (morphogénie, glossogénie, onto-
génie...) à ses yeux plus apte à évoquer la dépendance du
[Lat. cohaerere : adhérer]
PLT : 32-35
langage de la loi de cohérence (génétique) plutôt que de la
logique. Alors que la logique présente un tableau toujours
achevé, même s'il est incomplètement exploité, des rapports
entre prémisses etconclusions, la nonon de cohérence est liée
àla conception guillaumienne du langagecomme unentier en
perpétuel devenir. Rien n'est fixe et réalisé une fois pour
toutes : la langage est fait d'adaptations permanentes, de
dépassement perpétuel des résultats sans cesseproduits. Ces
dépassements s'opèrent plus ou moins rapidement en se ser-
vant des divers accidents morphologiques et sémiologiques
qui surviennent à tout moment. La loi de cohérence contrôle
en permanenceceschangements, retenant uniquement ceux
qui ne remettent pas en cause l'équilibre global du système.
Grâce à cette loi, d'une part, aucune langue ne peut se dé-
sagréger,etd'autrepart, toutelangueestàmêmed'assurerson
propre développement.
Ce principedecohérence met lapsychomécanique àl'abride
critiques sur un éventuel caractère progressiste de l'histoire
des langues en ce sens que chaque langue n'évolue que par
rapport à elle-même. Avec desdegrés d'évolution différents,
avec une histoire propre, plus ou moins longue, plus ou moins
mouvementée,aucune langue n'estsupérieureàuneautrecar
elle est toujours parfaitement cohérente dans ses grandes
lignesrelativement aux problèmes fondamentaux de repré-
sentation et d'expression.
La notionde modèle idéal,de grammaire pure, demodèle
même, n'appartient pas pour G. Guillaume à la linguistique.
Un modèle supposeen effet l'existence d'un équilibre institué
où les parties ont une nature et une fonction déterminées.
Ainsi, un modèle fonctionne sur la prévisibilité. Or, écrit-il,
Combien nous voilà loin de l'étatdu langage (...J Pour que
le langage relevât de la logique, il faudrait que toutes ses
interactionsfussentréduüesen des actions simples demême
ordre, reruiant lejeu prévisible, et qu'au surplus, cej eu tout
entierfût préservé,comme dans l'idéal,detouteinfluence
extérieure. (pA :34)
cf.logique
COMP E N S A T ION (compensation)
Ce principe général (d'où le terme deloi) a trait au fait que
toute langue, quelle que soit sa systématique, quelle que soit
sa définition typologique, est une réponse parfaite et absolue
48 — COMPRÉHENSION/EXTENSION
CONCEPT - 49
aux problèmes humains d'expression. Donc tout ce qui serait
éventuellement perdu par un sous-système est ipso facto
repris par unautre.C'est ce qui explique que la diachronie est
à la fois un processus destructeur d'équilibres anciens et
constructeur d'équilibres nouveaux.
cf.loi
êee levée, par l'ordination systématique. L'acception gui-
llaumiennereste ainsiparfaitement traditionnelle mais meten
évidence le caractère obligé et foncièrement linguistique des
bi-partitions systématiques de ce type.
LL2: 215
LL3: 139
LIA : 120-121
LSL: 35
PLT : 91.92,258,259
aveclni]
par l'article :
(comprehensionlextension)
COMPRÉHENSION/EXTENSION
[Lat. cum : avec+ prehendere : prendre= ce que lemotemporte
Le va-et-vient de la penséeentre l'universel et le singulier sur
lequel s'appuie la formation du mot dans les langues indo-
européennes seretrouve dans sa signification même sous la
forme d'un équilibre de compréhension (ou intension) parti-
cularisante et d'extension généralisante :
Quand on parle,en grammaire, de la compréhension du
mot, on fait allusion implicitement à un éloignement de
l'universeletà un rapprochementdu singulier,etquand on
parledel'extensionà un rapprochement del'universeletun
éloignement du singulier. gSL :SSI
Ainsi dira-t-on quepommeest plus compréhensif que fruit
parce qu'il est plus proche du singulier que ce dernier.Fruit
est plus extensif par sa relative généralité. Ce rapportinver-
sement proportionnel de la compréhension à l'extension est
dans tout mot fixe etinvariant. En discours interviendra éven-
tuellement une variation d'extensité locale, réglée en ftançais
Pris dans la langue (...) un vocable, une unité de puissance
quelconque est un équilibre stabie, invariant, du mouve-
ment d'intension allantà l'étroit et du mouvement d'exten-
sion allant au large. (PLT : 2$9)
La matière du mot n'est pas concevable sans une forme lin-
guisfique.Compréhension et extension sonten fait les deux
aspects formels qui déterminent pour chaque mot son aspect
matériel. Il est à noter que ces deux formes sont inséparables
et systématiquement reliées. A la singularisation qui fait
l'intensionréplique àproportion, quoiqu'avec uneorientation
diamétralement opposée, l'universalisation extensive. C'est
selonG. Guillaume la propriété essentielle des êtres linguis-
tiquesque d'associerdeux mouvements adversatifscomplé-
mentaires, leur stabilité associative provenant justement de ce
dernier caractère. Les êtres linguistiques sont tous intérieure-
ment contradictoires, cette contradiction étant intégrée, sans
aux substantifs.
ÇONCEPT (co ncept)
[Lat. concipere (cnm : avec+ capere : prendre (conceptum =ce
qni a été appréhendé,saisipar l'esprit))
Le concept est la représentation en langue d'une notion par-
ticulière soumise intérieurement à une tension aussi généra-
lisante que possible sans quesoient remises en cause l'exis-
tence et l'autonomie de cette notion.
Leconcept est caractéristique des langues de l'aire tierce où
la matière et la forme du mot interagissent dès la langue.
L'idéogénèse fournit l'idée particulière, et la morphogénèse
l'idée générale, à savoir la partie du discours. C'est la com-
binaison des deux qui crée le concept, les tensions se limitant
réciproquement à un niveau moyen. Ainsi le motmaison a
pour signifié le conceptmai sonparce que son statut formel de
substantif l'oblige à s'appliquer à tout objet pouvant relever
de sa définition. L'apparition du concept au plan matériel
s'accompagne delacréation d'actualisateursspéciaux,par
exemple l'article des langues indo-européennes par rapport
Il faut veiller particulièrement à garder au terme de concept
sa valeur linguistique de mode de construction du signifié
matériel. Ce terme n'a rien à'voir avec sa définition philo-
sophique ou psychologique. En d'autres termes, toutes les
langues du monde permettent de conceptualiser mais pas
nécessairement avec un signifié matériel conceptuel. A titre
d'exemple, la racine des langues sémitiques est infiniment
plus générale et donc plus conceptuelle que le radical indo-
européen, tout enétant typologiquement antérieure. Quant au
vocable le moins conceptuel qui soit, le caractère deslangues
isolantes, il a permis l'élaboration de philosophies d'un très
haut degré d'abstraction.
PA : 78,91,240,303,312,313
LSL : 89,102,106
50 — CONDITIONNEL
coNJQNcïioN - 51
CONDIT I O N NEL (conditional)
utilisé en grammaire pour traduire le grec hupothetikos]
La définition traditionnelle du conditionnel comme un mode
est parfaitement erronée. Il s'agit d'un temps, un des deux
temps futurs de l'indicatif français, le futur hypothétique,
l'autre étant le futur catégorique (futur simple) comme le
prouve la sémiologie. Les deux temps(je chanterai/je chan-
terais) sont en effet tous deux construits à l'aide de l'infinitif
en position de radical et d'une version flexionnelle du verbe
avoir. Le futur simple, incident, est comparable au prétérit
défini etle condifionnel décadent à l'imparfait dontil possède
[Lat. condicionalis :soumisàcertainesconditions. Cetermeaété
nomie expressive, appelés disjonctifs. Les pronoms disjonc-
tifs français utilisent l'article défini (lequel, laquelle,
lesquel(le)s). Les pronoms conjonctifs sontqui,que, dont, où.
En anglais, les pronoms conjonctifs et disjonctifs ne sont pas
distincts bien quewho et which tendrent à être de préférence
disjonctifs face au pronom zéro conjonctif.
cf.pronom
d'ailleurs la flexion en-ais.
cf.hypothétique (futur)
CONGRUENCE (congruence)
Le principe général de congruence a trait à l'obligation faite
à la sémiologie de révéler (signifier) les articulations systé-
matiques (psychiques). Cette obligation n'est pas absolue
puisqu'elle est limitée par la nature et la qualité des apports
phonétiques de l'évolution.
Les innovations non congruentes ne seront donc pas retenues
mais le principe de congruence révèle une certaine flexibilité
(souvent révélatrice d'ailleurs de la nature des problèmes
posés). Il est simplement demandé à la sémiologie de suffire
(principe de suffisance expressive).
Ce principe est la version guillaumienne du principe d'ana-
logie cher à la grammaire comparée et renvoie directement à
la nature systématique de lalangue : celle-ci en effet n'intègre
que les innovations qui sont de nature à convenir aux besoins
d'expression (d'où le terme parfois utilisé deloi de conve-
nance).
cf.loi
tions :
suivies de l'indicatif.
CON JONCTION (conj unction)
La conjonction est définie comme un translatif, c'est-à-dire
un motd'uneespèceparticulièrepermettantlanominalisation
d'une phrase.
La conjonction n'est employée que dans les cas denominali-
sation externe de la phrase. S*il s'agit d'une nominalisation
inteme, impliquant un élément spécifique à l'intérieur de la
phrase,on aura recours non pas àuneconjonction mais àun
pronom conjonctif.
G. Guillaume distingue en français trois groupes deconjonc-
1) les conjonctions simples (quand, comme...) toujours
2) les conjonctions complexes ou locutions conjonctives
terminées par que : elles se divisent en conjonctions virtuali-
santes et actualisantes selon que le premier élément s'y pré-
sente anticipatif ou non anticipatif. Par exempleavant est
anticipatif et la conjonction complexeavantque est suivie du
subjonctif. Aprèsétant non anticipatif, la conjonction après
que gouvemera l'indicatif.
3) les locufions conjoncfives terminées par où (jusqu'au
moment où...)toujours suivies du mode indicatif, à cause de
où dontlafonction propre ne sauraits'exercerendehors du
temps réalisé.
On remarquera ici une possible hésitation sur le statut de
certaines conjonctions qui, comme quand, répondent aussi à
la définition des pronoms supplétifs. Par ailleurs, que est aussi
bien pronom que conjonction. G. Guillaume assimile en fait
explicitement les deux fonctions en faisant de tous cestermes
des éléments translatifs, agents denominalisation, soit inteme
soit externe. La différence réside dans la position de la per-
sonne-support, à l'intérieur ou à l'extérieur de la phrase
CON JONCTIF (pronom)
(conj unctive pronoun)
[Lat. conjuctus < conjugare : unir, relier]
Ce terme est utilisé comme équivalent depronom relatif, au
sens traditionnel, afin de distinguer les pronoms relatifs
dépendants de l'antécédent de ceux qui manifestentune auto-
nominalisée.
LL1 : 241
LL3 : 148-150
TV : 42-45
52 - CONJUGAISON
C ONSONNE ~ E - 5 3
[Lat. eonjugare : unir, reiier]
CON JUGAISON (eo nj ugation)
La conjugaisonestl'ensemble desformes verbales,variables
selon le mode, le temps et la personne qui sont l'expression
des divers moments successifs de l'acte de représentation du
temps. Etant donné que cette représentation est une spatiali-
sation du temps, la conjugaison est l'ensemble de ces casde
spatialisation : Le dévidement des cas de spatialisaáon du
temps et ia conjugaison ne font qu'un. ILLS :130)
Ces cas de spatialisaiion sont rendus matériellement, compte
tenu de la loi de suffisance expressive qui autorise certaines
irrégularités, par une sémiologie spécifique :
Le système de iaconjugaison du verbe se recompose de
conditions psychiques satisfaites rendues sous des signes
jugés propresà en assurer lasaisie,ieportetietransport.
Ces signesconstituent iecôtésémiologique du système. Les
conditionspsychiques que iessignesreeouvrenten consti-
tuent iecôtépsycho-systématique. (LSL :2SJ)
La conjugaison repose sur les trois catégories verbales rap-
pelées ci-dessus que sont le mode, le temps et la personne.
Outre l'incidence, le verbe est encore caractérisé par deux
autres catégories, l'aspect et la voix. On notera que les formes
verbales,modales ettem porellessontdesformes conjugantes
alorsque l'aspectetlavoix demeurentdes formes conjuguées
parlesprécédentes(parexemple,laforme d'aspecttranscen-
dant avoir chanté se reconjugue exactement aux mêmes
temps et modes que le verbe d'aspect immanent chanter, et
j'ai chanté, loin d'être un temps dechanter n'est en fait que
le présent deavoir chanté, un présent d'aspect parfait).
Dans la langue française il existe trois modes grammaticaux.
Dans le premier état de saréflexion, tel qu'il est formulé dans
Temps ei verbe,G. Guillaume faisait une double distinction
binaire : distinction du plan verbal et du plan nominal (ce
dernier devient par la suite le mode quasi-nominal, avec les
formes d'infinitif et de participes) ; puis dans le plan verbal,
distinction du mode temporel ou actuel (l'indicatif) et du
mode intemporel ou virtuel (le subjonctif). La conjugaison
propre du verbe kançais sedivise endeux groupes : la conju-
gaison dominante ou faible, caractérisée par un-r d'infinitif
fermantetlesconjugaisonsnon dominantes ou fortes,carac-
térisées par un-r d'infinitif ouvrant.
L'intérêt de cette analyse réside dans la mise en évidence de
la remarquable unité qu'a réalisée dans sa conjugaison du
verbe unelangue commele français(ladémonstration apupar
la suite être appliquée àd'autres langues comme l'anglais,
l'allemand ou l'espagnol), unité qu'il faut naturellement
LL1 70 74 88 163-165
LL3 : 65,66
LL4: 112
LLS :130,160,161
LSL : 120-123,250-269.
TV :129
rechercher du côté psycho-systématique et non pas, car la
langue tolère de ce côté une certaine irrégularité, du côté
sémiologique :
(...) sousiesirrégularités de ia conjugaison sémiologique,
partout ettoujours se découvre ie même psychisme un et
extrêmement systématisé, qui est celui des formes verbales
françaises.g,u : 74)
CONSONNE AX I A L E (axia! consonant)
Consonne qui, dans le mot, sépare le radical de la partie
morphologique postposée, autrement dit marque physique-
ment le seuil mental inscrit dans le mot qui sépare l'idéation
notionnelle de l'idéation formelle ou trans-notionnelle.
En français, cette consonne joue unrôle très important, amuie
&équemment à l'indicatif mais présente au subjonctif
(j'entendslque j'enten-d-e), ou marquant la distinction de
nombrej('entendsliisenten-d-ent jefinislils fini-ss-ent).Elle
est régulièrement présente à l'imparfait, et connait des for-
tunes diverses au passé simple(savoirlje saisj le sus, vivrej le
visjle vécus). Elle est directeinent intéressée par les vocali-
sations ou non vocalisations des désinences qui marquent le
paysagechronogénétique français.Son étude,quoique fort
compliquée du fait d'interférences phonétiques d'une part et
du caractère relativement lâclie de la fonction sémiologique
(loi de suffisance expressive) d'autre part, est cependant d'un
intérêt considérable et malheureusement trop souvent négli-
gée. En effet, les variations phonétiques sont encore trop
souvent tenues pour des héritages aléatoires et mineurs.
G. Guillaume voit en elles au contraire les traces visibles du
travail systématique autant que le résultat des mises enforme
physiques nécessaires à l'intercompréhension (analogie). Il
appelle ainsi à une véritable grammaire comparée, dont il
consiruit les bases avec la glossogénie, qui ne serait plus
aveuglément et exclusivement toumée vers le phonétisme
mais saurait retrouver sous le phonétisme les structures psy-
chiques impliquées.
Catherine Douay_Daniel Roulland - Le mots de Gustave Guillaume [1990]
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Catherine Douay_Daniel Roulland - Le mots de Gustave Guillaume [1990]

  • 1. 5 » » f » ', Lf~» L' S d I » d , a S 4 S » S 4 S l " • S 4 S , 0 , -'i ffi:.~ ii "S » " »S II S " 0 4 »' » ,e» S " 0 S S S " '« ' " ' • : 4. "' 0 0 - S • 4 0 4 8 »0 » i . • 0 4 C, .. . , .«» 00 II I " »4 4 S 0 ' S S S ; f,pS »'. S" fiül ' S S 4 • 0 , :0 t. , jifi~l 0 4 4 " 4 S 44 » S " '0 " ' " ' '00 , PA ' ,S i ' ' ' . «0 i»» »S 0 0 m 4 " g" k =.- » » 0 = 4 » 0 0 0 » 04-A-,. .'.:.S 0 = S S S» 0 H , S 4 S 0 S I 4 " S S 4 " .'jl .: , ® ' • &, , ï -, . / ii ff « I - Il » 0 l! '' S 4 S»
  • 2. vocabulaire technique de la psychomécanique langage du © PressesUniversitairesde Rennes2 et Laboratoire du CERLICO Dépôt Légal : 2' trimestre 1990 ISBN : 2-86847-039-4 Impression,reliure,façonnage :Service de Reprographie Composition, mise enpage,maquene :PUR 2 catherine Douay da niel Roulland
  • 3. vocabulaire technique de la psychomécanique langage du Didier Samain AnalyselSynthèse - Causation - Cinétisrne EspacetTemps - Fait - Phonème Phonétique - Phonologie - Psychosémiologie QualiftcatiflQuantitatif - Synthétique - Thématique Georges Garnier Aspect - Chronogénèse - Chronotype Conjugaison - Enexie - Indicatif Interjection - Prédicativité - Présent - Verbe. Cet ouvrage a été préparé avec la collaboration de pour ; et Gustave Guillaume (1883-1960) enseigna la linguistique à l'Ecole Pratique des Hautes Etudes de1938 à1960. Il publia en 1919 sa thèse surLe problème de l'article (et sa solution dans la langue Pançaise).Cet ouvrage, d'un exceptionnel intérêt, est dédié à Antoine Meillet qui fut son directeur d'études à partir de 1909. Il s*agit d'une thèse de doctorat, élaborée en grande partie avant la parution en 1916 duCours de Linguistique Généralede F. deSaussure, et qui développe l'idée centrale de lathéorieque le langages'articule autour du rapport dynamique entre le plan effectif des énoncés réalisés et le plan potentiel, ou, mieux,«puissanciel x, des conditions de leur réalisation. Contrairement à F. de Saussure qui pro- posait, selon le texte duCours, unedichotomieentre la langue et la parole fondée sur des nécessités de méthode, Gustave Guillaume s'attachait àpenser etdémontrer l'opérativité réel- le des relations entre les deux plans. Son apport —qu'il situait volontiers dans le sillage duCours, tout en rappelant l'ori- ginalité du dépassement qu'il en offrait- consiste ainsi en une application des caractéristiques de la méthode à l'objet lui- même, application réaliste et maintes fois justifiée par l'auteur qui avait reconnu que la linguisfique n'était pas - ne pouvait pas être - une science comme une autre. Science du langage qui permet la science - science d'une avant-science donc, aimait-il àdire —lalinguistique nepouvaitpas seconten- ter de méthodes scientifiques ordinaires. Si elle voulait véri- tablement percer les secrets du langage, il lui fallait théoriser ou plutôt, bien plus exactement, partir à la découverte de la théorie qu'est le langage lui-même. Gustave Guillaume ne voulait pas éviter le problème de la circularité par quelque astuce de méthode. H voulait l'attaquer de front. Il voulait pour :
  • 4. patiemment, et avec l'humilité qui fait le scientifique, démonter les rouages par lesquels notre pensée, sanscesseet avec unefacilitéquinepeutque surprendre,seforme etse transforme dans le langage, par lui, et avec lui. Il voulait les retrouver à partir de leurs effets audibles, visibles, appréhen- dables, découvrir les opérations cachéesmais obligées qui en étaient à l'origine. Pour autant, et malgré les termes aujourd'hui encore ambigus qui désignent la théorie (psychosystématique, psychoméca- nique, ...etc), Gustave Guillaume ne faisait ni psychologie, ni philosophie, ni logique. Bien qu'il connût parfaitement les développements des sciences d'observation, bien qu'il fût constammentintéressépar la réflexion philosophique, il éla- borait une science du langage dans toute sa rigueur. Les outils et méthodes qu'il fallait furent mis en place avec Tempset Verbe,paru en 1929. Puis de 1933 à 1958, le travail de Gustave Guillaume donna lieu à la publication des articles réédités dansLangage er Science duLangage par Roch Valin en 1964. A partir de 1971 a été entreprise la publication des notes manuscrites des cours de l'Ecole Pratique des Hautes Etudes à l'initiative également de Roch Valin, sous le fitre Leçons de Linguistique de Gusiave Guillaume.Sont actuel- lement parus 10 volumes. Des extraits essentiels ont été com- pilés dans un recueil paru en 1973,Principes de Linguistique Théoriquede Gustave GuiIlaume. Cerecueil a été traduit en anglais par W. Hirtle et J. Hewson en 1984 sous le titreFoun- darionsforaScienceofLanguage. L'ensemblereprésenteune documentation importante et qui ne cesse de s'accroître avec lesvolumes desLeçons.Parailleurs,lesrecherches s'inspi- rant du travail de Gustave Guillaume ou se réclamant expli- citement de la théorie sont nombreuses et diversifiées. Une bibliographie détaillée est disponible au Fonds Gustave Gui- llaume de l'Université Laval à Québec. On ne peut s'empêcher de noter que, malgré cette activité et ces textes, la théorie guillaumienne n'est pas toujours bien connue, quoiqu'on en discerne l'influence en filigrane dans une grandepartie de lalinguistique française. Les raisonssont sans doute multiples et variées selon les linguistes, et les objections théoriques existent. Mais uneraison nemanquepas d'être soulignée qui est que le texte guillaumien est difficile à lire. Cette difficulté vient de l'originalité d'une pensée qui s'est développée en marge du structuralisme pour une part. Pour une autre part, elle vient du texte lui-même souvent tellement concis et abstrait qu'il n'est compréhensible qu'à l'aide des acquis d'une longue pratique. Ainsi la publication des textes guillaumiens et surtout desLeçons doit s'accom- pagner d'une abondante information qui permette une dif- fusion de la théorie aussi efficace que possible. Par ailleurs, cette théorie n'a, comme toute théorie, aucun acquis définitif et intangible. Elle doit vivre et se développer et être soumise à discussion et évaluation. C'est pour ces deux raisons que nous avons entrepris le pré- sent travail sur les « mots » de Gustave Guillaume. Nous espérons qu'il viendra s'ajouter efficacement aux textes exis- tants et remplira, ne serait-ce que partiellement, ces deux foncfions : faciliter l'accès à la psychomécanique et être un instrument de référence commode pour la recherche. 11 se présente comme un glossaire recensant sous 236 entrées les notionsguiùaumiennes principales.Sans pouvoirenaucune façon se substituer aux introductions existantes, il entend les complétercomme un guideou un index développé du texte guillaumien lui-même. Par ailleurs, une réflexion sur la terminologie, en psychomé- canique, ne sejustifie pas seulement —loin de là —parlacom- modité et le souci pédagogique. Si, selon l'expression de Condillac, la science est une langue bien faite, la théorie scientifique est undiscours sur les choses.Elle asesconcepts, son lexique, sa grammaire, et elle organise le monde par son système de références. Les mots, dans la théorie scientifique, sont essentiels. Hs y réclament un soin constant, demandent vérifications et recoupements, n'acquièrent finalement droit de cité qu'après un long et patient examen deleur pertinence. Nous savons combien l'apprentissage d'une théorie et d'une science vade pair avec la découverte des mots qu*on y emploie. Peut-êue même ce qu'on peut appeler l'évolution des sciences trouve-t-elle sa source dans le décalage entre les mots de la théorie et les mots de la prarique, dans le légitime étonnementdu chercheurfaceàl'acte même de conceptuali- Comme toute science, la linguistique a son vocabulaire et ses tournures d'expression. Mais comme elle est science du lan- gage, la question s'y présente, ainsi que nous l'évoquions plus haut, d'une manière singulière. Derrière les mots qu'elle étu- die sedessinent non pasdes choses ou même desclasses de choses mais à nouveau et toujours des mots. La linguistique est un absolu d'intellection. Leproblème qui s'y pose dèslors ne se trouve même plus être l'adéquation du mot par rapport à la chose mais la pertinence même du mot et celle du pro- cessus dont il a concrétisé la trace. Plus qu'ailleurs, en lin- guistique, le mot est clé, clé de la mouvance de lapensée,clé du rapport aux choses, clé de l'intellection. Plus qu'ailleurs, le mot peut aussi masquer de son opacité le vide ou l'incohé- rence. Le mot peut aussi être l'arme de l'ignorance. On peut s'efforcer —cela aété fait - de réduire lapart du mot sation.
  • 5. pour limiter ces risques et accroître lapuissance de la théorie. Libérée du mot, elle flotte dans un abstrait inteùectif sans contrainte et parcourt d'un seul regard un univers sans espace théorique devient simple auxiliaire, la phrase devient objec- tale et trompeuse dans sa forme de surface. Le langage lui- même devient une enveloppe qui, au lieu de servir l'âme rationnelle, la cache et la trouble. O n peutaussibien,et,croyons-nous,avecgrand profit,pren- drejustement lemotcommeobjet. Réfléchit-on assezsouvent sur ce fait étrange que la linguistique structurale n'a pas de définition du mot ? Dit-on assez que le mot est autre chose qu'un espace typographique plein entre deux blancs sur une page écrite ? La systématique de Gustave Guillaume est une de ces théories où ces questions sont posées. Elle a ses fai- blesses, elle a sa force aussi. Elle est comme toute théorie authentique un essai de réponse etne secachepas la difficulté du travail. Elle plaide la cause scientifique. Gustave Guillaume aimait les mots. Lalecture de sesarticles, même des manuscritsdesesconférences à l'EcolePratique des Hautes Etudes étonne par la qualité de l'expression, la justesse du terme, la conviction du ton. On comprend qu'il ait dû exercer une véritable fascination sur son auditoire. Ces textesonten eux de lapoésie.Chaque paragraphe,chaque phrasemême, chaque motrévèleunerecherchedeperfection formelle propre à mieux traduire la finesse desconcepts et de leurs implications. Sans qu'on puisse l*accuser de cultiver le néologisme —carquelle science pourrait-elle ne pas créer de mots àmesure qu'elle élabore sesconcepts ? -il s'interrogeait sans cessesur l'exactitude des termes employés et proposait volontiers un nouveau mot avec la même facilité et souvent le même bonheur qu'il proposait une nouvelle hypothèse. Il lui paraissait toujours urgent de jalonner sa marche, debaliser l'espace que sa théorie devait couvrir. On trouve ainsi, avec l'ensemble terminologique central, des mots qui ou bien ont étéessayésune foisoubienneréapparaissentqu'àl'occasion, en fonction de la question traitée. La lecture de cette ceuvre est certes - il ne faut pas le nier- difficile. Mais on aurait tortde crier à l'hermétisme. Une fois un terme compris et accepté, il ne présente plus aucune dif- ficulté en tant que tel. Le lecteur deLangage er Science du Langageaurapu garderun souvenirquelquepeupensifdetel article théorique sur la notion de système ou sur les rapports entre observation et explication en linguistique. En fait, s'il avait été averti de la terminologie, il aurait pu accéder plus facilement à l'idée que l'auteur y développait et à sa pensée. Déjà nombre d'obstacles tombent lorsqu'on considère l'éty- et sans temps, sans limite et sans direction. Le vocabulaire mologie très souvent éclairante de ce néologismes, étymo- logieque nous avons rappelée icipour de nombreux termes. Ensuite, ce lecteur aurait apprécié depouvoirresituer leterme problématique dans l'ensemble de la théorie, et de pouvoir en évaluer l'importance d'une manière commode et rapide qui lui simplifie le travail de lecture. Enfin, il aurait aimé être guidé dans les textes guillaumiens et pouvoir se reporter tout de suite à d'autres contextes susceptibles de compléter, enri- chir ou nuancer son information. Il vasans dire que lesystème de référencesfourni pour chaque terme permet d'examiner l'évolution du concept défini dans la pensée de l'auteur. Nous espéronsque leprésentouvrage répondra àcesattentes et qu'il encouragera la lecture et la méditation d'une ceuvre riche et stimulante. Au delà de cette utilité pratique et directe, nous espérons qu'il aidera à stabiliser l'acception des termes utilisés en systématique et, sans préjuger de la nécessaire et inévitable évolution de la théorie, garantira une certaine fidélité au texte de son fondateur. C. Douay D. Roulland Mars 1990
  • 6. Leçons de linguistique de Gustave Guillaume,1949-50, série A, Structure sémiologique et structure psychique de la langue françaiseII,publiéesparR .Valin,Q uébec,Pressesdel'Uni- versité Laval, et Paris, Klincksieck, 1974, 223p. BIBLIOGRAPHIE ET ABRÉVIATIONS Le problème de l'article et sa solution dans la languefran- çaise,Paris, Hachette, 1919, rééditépar R.Valin, Paris, Nizet, et Presses de l'Université Laval, Québec, 1975, 318p. Temps et verbe,Paris, Champion, 1929, réédité avecl'Archi- tectonique du temps dans les langues classiques, Paris, Champion, 1970, 134p. L'archttectonique du temps dans les langues classiques, Copenhague,hfunksgaard, 1945, réédité avec Temps et verbe,Paris, Champion, 1970,66p. Langage et science du langage,(recueil posthume d'articles parus entre 1933 et 1958), Paris, Nizet, et Québec, Pressesde l'Université Laval, 1964, 287p. Principes de linguistique théorique de Gustave Guillaume, recueil de textes inédits préparé en collaboration sous la direction de R.Valin, Québec, Presses de l'Université Laval, et Paris, Klincksieck, 1973, 279p. Leçons de linguistique de Gustave Guillaume, 1948-49, série A, Structure sémiologique et structure psychique de la lang ue française I,publiées par R.Valin, Québec, Pressesde l'Uni- versité Laval, et Paris, Klincksieck, 1971, 269p. Leçons de linguistique de Gustave Guillaume, 1948-49, série B, Psycho-systématique du langage - Principes, méthodes et applications I, publiées par R.Valin, Québec, Presses de l'Université Laval, et Paris, Klincksieck, 1971, 222p. Leçons de linguistique de Gustave Guillaume, 194849, série C, Grammaire particulière dufrançaisetgrammaire géné- raleIV,publiées par R.Valin, Québec, Pressesdel'Université Laval, et Paris, Klincksieck, 1973, 256p. LL3 LL2 LL1 PLT LSL AT TV PA Leçons de linguistique de Gustave Guillaume, 194344, A, Esquissed'une grammaire descriptive de lalanguejançaise Il, publiées sous la direction de R.Valin, W.Hirtle et A.Joly, Québec, Presses de l'Université Laval, et Lille, Presses Uni- versitaires de Lille, à paraître en 1990. Leçons de linguistique de Gustave Guillaume, 1946-47, C, Grammaire particuliè re dufrançaisetgrammaire générale Il, publiées sous la direction de R.Valin, W.Hirtle et A.Joly, Québec, Presses de l'Université Laval, et Lille, Presses Uni- versitaires de Lille, 1989, 294p. Leçons de linguistique de Gustave Guillaume, 1947-48, C, Grammaire particulière dufrançaisetgrammaire générale III, publiées sous la direction de R.Valin, W.Hirtle et A.Joly, Québec, Presses de l'Université Laval, et Lille, PressesUni- versitaires de Lille, 1987, 360p. Leçons de linguistique de Gustave Guillaume, 194546, A, Esquissed'une grammaire descriptivedelalanguePançaise IV, publiées sous la direction de R.Valin, W.Hirtle et A.Joly, Québec, Presses de l'Université Laval, et Lille, Presses Uni- versitaires de Lille, 1987, 360p. Leçons de linguistique de Gustave Guillaume, 1945-46, C, Grammaire particulière dufrançaisetgrammaire générale I, publiées sous la direction de R.Valin, W.Hirtle et A.Joly, Québec, Presses de l'Université Laval, et Lille, Presses Uni- versitaires de Lille, 1985, 332p. Leçons de linguistique de Gustave Guillaume,1956-57, Sys- tèmes li ng uistiques et successivité historique des systèmes 11, publiées sous la direction de R.Valin, W.Hirtle et A.Joly, Québec, Presses de l'Université Laval, et Lille, Presses Uni- versitaires de Lille, 1982, 311p. LL10
  • 7. souvenir facilement. Ce vocabulairea été conçu de façon à offrir au lecteur un instrument de travail et de réflexion commode et rapide. Les 236 entrées sont définies parordre alphabétique etregroupées à la fin du livre dans un index alphabétique et un index thé- matique. Les notions complémentaires (par exemple« phy- sisme » et « mentalisme ») ont été regroupées sous une seule entrée ainsi que les notions secondaires, ce qui limite les reports et les redites. L'entrée se limite alors d'ordinaire à un rappel de sa définition. Nous avons utilisé également des indications d'ordre étymologique qui éclairent souvent d'emblée la signification du terme traité etpermettent de s'en Le format réduit nous a semblé tout particulièrement adapté àcetype d'ouvrage quiseveutunguide,un aide-mémoire,et un recueilsystématique de références. PRÉSENTATION mentaire visant à préciser la portée du concept dans l'ensem- ble de la théorie ou par rapport à d'autres approches. Nous avonsparfoiségalement amorcé dans cettepartieuneréflex- ion critique s'il nous aparu qu'elle permettait de mieux com- prendreleconcept traité. Mais enaucunefaçon cevocabulaire ne se veutcritique et son souciprincipal estlafiidélité àl'esprit et à la lettre de Gustave Guillaume. A la fin de chaque définition est fourni un système de réfé- rencesgrâceauquel on pourra non seulement retrouver rapi- dement les pages les plus éclairantes sur laquestion dévelop- pée, mais aussi suivre l'évolution de lapensée del'auteur. Le but de ce vocabulaire étant de simplifier le travail du lecteur en lui permettant d'accéderrapidement àl'essentiel, ces réfé- rences ont été sélectionnées. Un recensement exhaustif des occurrences de termes comme«langue »ou «effet de sens » n'aurait aucune signification et égarerait le lecteur plutôt que de lui fournir les éléments de réflexion qu'il recherche. Les citations uùliséesdanslesdéfinitions ontun renvoi direct. Ces citations apparaissent en italiques grasses afin d'être immédiatement repérables. Nous avons souligné en italiques des exemples ou des for- mulations typiquement guillaumiennes. Certaines définitions sont accompagnées d'un renvoi secon- daire à d'autres entrées au cas où les explicitations se com- plètent et permettent là encore de mieux cerner le concept 1. Les définitions Le nom del'entréeestengrasetencapitales,accompagné de sa traduction anglaise en italiques, que nous avons fournie pour tous les termes, d'une part parce que Gustave Guillaume est lu dans les pays anglophones et d'autre part parce que l'anglais est couramment utilisé dans le monde scienùfique. Nous avonségalement ainsivoulu répondre à la demande d'étudiants d'anglais, préparant par exemple l'option lingui- stique de l'agrégation. La traduction fournie utilise les pro- positions de John Hewson et Walter Hirtle dansFoundations for a Science of Language ou s'appuie sur l'usage courant. pour certainstermes, nous avons été amenés à proposer nous-mêmes une traduction originale. Nous avons eu quel- ques difficultés avec desnéologismes tels que« puissanciel » oumême«puissance »,préférables en français à«potentiel » ou «potentialité » alors que les seuls mots anglais dispo- nibles, d'ailleurs utilisés par J.Hewson et W.Hirtle, sont « potential » et «potentiality ». Nous avons préféré traduire au plus juste, quitte à perdre parfois la subtilité du terme guillaumien. On trouveraàcôté les indications étymologiques Le corps de la définition se subdivise selon les besoins en deux, voire trois parties, parfois plus : d'abord une définition concise du terme, puis une explicitation de cette première définiùon et enfin, pour les notions plus importantes, un com- traité. 2. Index On trouvera d'abord un index alphabétique recensant les 236 termes avec leur traduction anglaise. Cet index est repris ensuite dans l'ordre alphabétique de ces traductions. L'index thématiqueregroupe lesconceptsdéfinispargrandssecteurs théoriques. H fournit ainsi au'lecteur un premier classement qui lui permetd'unepartde situerletermerecherché etd'autre part de visualiserrapidement le contenu du vocabulaire sur de grandesquestions.Nous avons hiérarchisélessecteursthéori- ques le moins possible, mais il nous a paru naturel de placer la systématique générale et la typologie en premier. Cet index thématique est donc une première approche de la définition des termes guillaumiens, mais il peut aussi constituerun guide de travail permettant d'aborder la psychomécanique de manière ordonnée. Il peut également suggérer au lecteur des compléments delecture utiles ensignalantdes regroupements qui sont spécifiques à cette théorie et ne se retrouvent pas nécessairement dans la tradition linguistique. éventuelles.
  • 8. ACCOMPLI - 17 3.Note Nous avons conservé dans les citations de G.Guillaume les chevrons (c>) qui sont utilisés pour signaler une lecture conjecturaledesmanuscritsdansleséditionsdesLeçons.Les termes soulignés par l'auteur sont transcrits entre guillemets français(« x ). Nous n'avons pas pu éviter de répartir le trai- tement complet de certaines questionssur plusieurs entrées, en raison même du format alphabétique adopté. Aussi les regroupements thématiques suggérés dans l'index indiquent quelles sont les entrées complémentaires dont la lecture est souvent indispensable en fonction de la dimension du sujet ACCOMPLI (accomplished) Les termes accompli, inaccornpli, en accomplissement s'appliquent à la distinction, au sein des événements signifiés par les verbes, entre lapartie présentée commeétant àréaliser et la partie présentée comme déjà réalisée. Par exemple, pour lepassé français, leprétéritdéfinipermetde tenir l'événement tout entier en accomplissement, du début jusqu'à la fin, alors que l'imparfait retranche de cet accomplissement une partie plus ou moins importante dedéjà accompli, ce qui provoque un effet de suspension. Ces termes peuvent s'utiliser comme équivalents simplifiésd'incident (en accomplissement) et de décadent(accompli). Il faut se garder d'interpréter ces notions d'accompli/inac- compli/en accomplissement en termes de réalisation effec- tive, totale ou partielle des événements. Il s'agit de formes de représentation du procès relativement au sujet. Ainsi dans l'imparfait français, laprésence d'une parcelle d'accompli ne rend pas l'événementplus ou moins réel mais sert simplement àdonnerl'image d'un sujetperçudansunévénement encours d'accomplissement : Quand il l'appela, elle f inissait de se préparer.C'estainsiquelapartd'accompli,oudedécadence, peut être utilisée de manière purement formelle et provoquer alors un effet de suspension qui est un effet d'irréalité dans .' Heureusement que tuétais là, un pas de plus eije tombais ! ( =je serais tombé} ou dans :Sans ton aide, j'étais perdu (=j'aurais été perdu) traité LSL : 201 PLT : 168-171 ACTE DE LANGAGE (act of language) L'acte de langage ne commence pas exactement avec lémissionde paroles destinéesà exprimer lapensée mais avec uneopération sousjacente, ou siPon veutsubsidente, qui estl'appel que la pensée en instance d'expression adresse àialangue, dont l'esprita lapossession perma- Par conséquent, l'étudede l'acte delangage,sielleseréduisait à l'étude de la combinatoire des morphèmes et des groupes dans le discours oral ou scriptural, ou bien même àcelle des gestes, n'en percevrait que les tout derniers instants. Elle ne ferait que constater les résultats ou les conséquencessansen expliquer le développement complet. L'opération qui consiste àdireprésupposelamobilisation demoyens institués nente. (pLT : 137}
  • 9. 18 - ACTIF ADIECTIF - 19 sont dans ce rapport d'actualisation, l'avant étant virtuelle- ment sa propre conséquence, et l'après étant la version actuelle (actualisée) de sa condition. Le système de l'article, que G. Guillaume utilise sans cesse comme référence,estunexemple trèsclairdecetypederap- ports puisqu'il institue entreun etle la forme même du pro- cessus d'actualisation du substanùf. En règle générale, le problème d'expression et le système de représentation sont, à ce niveau, isomorphes. en langue, au terme d'opérations glossogénétiques. Ceci revient à dire que les opérations productrices du discours sont inséparables desopérations productrices de lalangue : langue etdiscourssontlesdeux facesdu phénomène qu'estl'actede langage lui-même. La langue est, dans l'acte de langage, l'avant détenteur du savoir-dire puissanciel systématisé et le discoursl'après, lieu du dit résultatif. PLT : 137-146 et passim LL2 :39,53 LIA : 192-193, 201-202 LL5 : 20-21 PLT :70 ACTIF (active) Lavoix active est une voix analytique, comme lavoixpassive, par opposition à la voix moyenne synthétique. Le sujet d'une construction verbale active est en position logique de sujet et porteur uniquement de la fonction dynamique d'agent. A la voix passive, le sujet logique est porteur de la fonction dynà- mique de patient. La voix moyenne pose le sujet Iogique à la fois comme agent et patient. cf.voix ACTUEL / V I R T U E L (act ual/virtual) En généralcesdeuxtermes sontemployés dansleuracception commune, actuel désignant ce qui existe effectivement au moment présent,virtuel ce qui existe puissanciellement et est doncappelé à être(LLe :1921.Enchronologie idéelle, la dis- tinction virtuel/actuel recouvre la successivité de l'avantet de l'après. Par exemple, dans l'opéraùon de construction de l'image- temps qu'est la chronogénèse française, en langue, le mode subjonctif est vu précéder le mode indicatif. Il s'ensuit qu'en discours le subjonctif est apte à l'expression du virtuel tandis que l'indicatif est en affinité avec l'expression de l'actuel. Plus généralement, cette distinction est en fait celle qui à la fois différencie et associe la langue et le discours dans le lan- gage. L'acte de langage est une actualisation de la langue virtuelle. Les systèmes sont des représentations instituées de ce rapport fondamental. S'il fallait résumer d'un mot la conception guillaumienne du langage, c'est certainement celui d'actualisation qu'il faudrait retenir. On reconnaîtra dans ceconcept lesdeux valeurs-clédelapsychomécanique : le dynamisme opératif et la chronologie (soit temporelle, soit idéelle) entre le précédent et le subséquent. Le rapport lin- guistique existe àpartir du moment où lestermesqu'il associe vante : substantif : AD JECTIF (adj ective) L'adjectif est la partie du discours destinée, dans le plan nominal, à l'incidence externe de premier degré. Autrement dit, l'adjectif (de même que leverbe dans leplan verbal) peut recevoir en discours n'importe quel support. Beaupeut en effet se dire de toute espèce d'être : un beau livre, un beau paysage, une bellejournée, une belle fille, un bel exposé... Figurativement, dans un groupe nominal tel queun beau livre, on peutreprésentercerapportd'incidence delam anièresui- un livre(support) ( beau (apport) C'est ce mécanisme d'incidence qui distingue l'adjecùf du Lepropre du substantif estd'avoir une incidence interneà l'apport de signification, et le propre de l'adjectif d'avoir une incidence externeà l'apport de signification. (LL3 :so) C'est là la seule différence entre les deux parties du discours adjective et substantive, toutes deux appartenant au plan nominal. Il suffit derendre l'adjectif incident à lui-mêmepour qu'il devienne substantif et, de même, rendre le substantif incident à un support externe revient à l'adjectiver.Beau et vraisontsubstantivésdans :Le beauestlesecond visage du vrai et le titre substantif Henri IV est adjectivé dans :unfau- Les incidences de l'adjectif et du verbe sont toutes deux externes du premier degré. Mais elles ne sont pasidentiques. Le régime d'incidence du verbe avec l'incorporation d'une incidence à la personne se détermine dès la langue alors que c'est en discours seulement que l'adjectif obtient une inci- teuil Henri IV.
  • 10. 20 - ADVERBE AIRE GLOSSOGÉNIQUE - 21 dence exteme à personne nominaleILL2 :145).En français, cette incidence tardive se manifeste sémiologiquement par un accord ennombre, en genre etencas.D' autrepartl'adjectif achèvesonentendement àl'univers-espace etnon comme le verbe à l'univers-temps. LL2 : 137,138,142,144,149,152,160,161 LL3 : 53,54,59,63,228 LL4 : 201 LSL :250 PLT : 203,204,206-208 du tempsd'univers,parréférence auprésentetdansl'au-delà de celui-ci. Le futur afférent au présent (( ) est un futur porté par un cinétisme temporel descendant, qui mène au présent; il caractérise, selon G. Guillaume, le grec ancien. Le futurefférentàparùrduprésent ( > ) est unfutur porté par un cinétisme temporel ascendant, qui éloigne du présent; il caractérise par exemple les langues romanes. Lefutur efférent, c'est le temps dont l'extension part de la personne humaine etsedéveioppe, s'ouvredevant elle,afin qu'elle puisse y porter son activité. Lefutur afférent, c'est Parrivéeà lapersonne humaine du temps destructeur qui livretoute chose etlapersonne humaine elle-mêmeau passé mort. (AT: 49) ADVERBE (ad verb) L'adverbe se définit comme la partie du discours porteuse d'une incidence externe de deuxième degré. Ainsi, dansun très beau livre, très n'est incident ni àlivre ni àcher mais à l'incidence de l'adjectif au nom. C'est cette incidenceàuneincidenceen coursquifaitdetrèsun adverbe : Futurafférent Futurefférent oo iiv e(aopport) <~ ch r iep port de l' degré) très (apport de 2' degré) PRÉSENT Si l'on prend en compte ce phénomène de la double visuali- sation du temps, l'analyse de l'architecture verbo-temporelle deslanguespermet descomparaisons :enanglais,parexem- ple, le transpassé de l'indicatif (= présent-futur) est efférent àpartir de l'instant deconscience actuelle ouprésentdeparole (l), le passé étant afférent à celui-ci : Cette situation estrécursive et l'adverbepeut aussi bien avoir une incidence du troisième degré comme dans la phrase anglaise:theypondered everyterm verycarefullyoù very est incident à l'incidence de carefully à pondered,lui-même incident à son support personnelthey. L'adverbepeutêtreadverbede langue,avec parexemple en français la terminaison-ment qui interdit au mot de sortir de sa conditiond'adverbe, ou adverbe de discours,c'est-à-dire adoptant une incidence adverbiale en discours seulement. C'estlecasenfrançaisdefort, adjectif dansunhommefort et adverbe dansun hommefort pauvre. (i) (anaclase) asse a ferent ranspasse e erent Ceci explique que les deux temps simples de l'indicatif anglais maintiennent l'événement en stricte incidence, c'est-à-dire dans le cinétisme ascendant du temps d'univers porteur (I ranll run) et que les valeurs décadentes ne puissent s'obtenir que par périphrases(I amtwas running), en faisant appel aux formes descendantes du mode quasi-nominal. LL2 : 153,154,163 LL3 : 226-229 LL4 :202 LSL : 251 AT )49 LSL : 198 LL : 239 AIRE GLOSSOGÉNIQUE AFFÉRENT/EFFÉRENT (glossogenic area) Dans le procès de construcùon des langues, les aires glos- sogéniques correspondent à trois modes différents de défini- ùon du vocable : Les langues d'un premier groupe (aire prime) définissent (afferentlefferent) [Lat. afferre : apporter, efferre : emporter] Ces termes, à l'origine, s'appliquent strictement au futur, dans les langues qui possèdent ce temps. Ils qualifient le cinétisme
  • 11. 22 - AMORPHOGCNIQ ANALYSE/SY~SE - 23 nelles. nellement en discours. leurs vocables au niveau du discours alors que dans l'aire tierce, le vocable se définit en langue, prévisionnellement. Entre les deux aires prime et tierce, l'aire seconde apparait moyenne et transitionnelle et le vocable s'y définit à la fois dans les deux plans : notionnellement en langue et fonction- Afin de fixerles idées, appartiennent à l'aireprime les langues agglutinantes et isolantes, à l'aire seconde les langues à racines de type sémitique et à l'aire tierce les langues flexion- cf.glossogénii, typologie AMORPHO G ENIQUE (non morphogenic) Les langues amorphogéniques comme le chinois mandarin n'incorporent pas auvocabled'indications gramiraticales. Le vocable se présente le plus souvent sous une forme mono- syllabique et invariable (caractère) autorisant toutefois cer- taines compositions. Le morphème grammatical a exacte- ment la même forme que le morphème lexical (comme un caractère invariant), ce qui est typique de l'aire prime. Secteur B singing sung (anaciase) En allemand, aucontraire, c'estleparticipepassé quiestisolé, dans lesecteurB,aveccomme signedepositionlepréverbe ge- (gesungen). L'infinifif et le participe présent (singen, singend) sont associés dans le secteur A. LL7 . 63-64,66,69,74 I< De même, le mode quasi-nominal, mais dans le sensdescen- dant cette fois, répartit ses trois formes (infinitif, participe présentetparticipe passé) en deux secteursséparés par ce point anaclastique. L'infinitif est situé dans un secteur A exosystématique, ce que dénonce le signe de positionro : Secteur A to sing transpassé) : passé (I sang) LL2 : 23,&,2739,37,97,144,210,211 LL4 : 103 sq LSL :94-98,114,115,275 PLT : 54,219,228-230 [Gr. anaklastos : réfiéchi, réfracté] ANACLASTIQUE (anaclasfic) Terme qui désigne le point séparateur, le point de brisure ou d'anaclaseentre le passé et le non-passé dans le mode indi- catif et le mode quasi nominal des langues germaniques,par exemple l'anglais. Cette langue en effet ne possède pasde présent intégrant comme le français, avec deux parcelles (chronotypes) passée et future superposées. Son présent est totalement intégré et se présente comme une séparation, une limite unique portée à l'intérieur de l'infinitude du temps. C'est l'endroit où le passé démissionne au profit d'un non- passé, d'un présent-futur efférent etprospectif (aussi appelé transpassé (f sing) ANALYSE/SYNTHESE (analysis/synthesis) [Gr.anaiusis :décomposition d'un tout ensesparties <anaiuein : dissoudre, synthesis :composition, réunion c sun :avec+ thesis: action de piacer] Ce sont les deux mouvements qui selon G. Guillaume condi- tionnent de manière générale l'exercice de la pensée. L'analyse est dissociative, elle permet la saisie radicale. La synthèse est associative et aboutit successivement à la saisie lexicale et la saisie phrasfique. Encore qu'il ait parfois un sens plus général, le couple ana- lyse/synthèsereçoit en principe uneacception technique dans la terminologie guillaumienne. Lié d'abord au concept de saisie, il permet d'aborder cinétiquement la distinction du puissanciel et de l'effectif : l'analyse est un mouvement des- cendant et dissociatif, producteur d'unités de puissance,etla synthèse est un mouvement ascendant, susceptible d'agglu- tiner les unités de puissance en unités plus larges(saisie lexicale) puis de les grouper en discours dans la phrase. L'alternance des deux mouvements est une nécessité cinéti- que de la pensée avant d'être le fruit d'une démarche intel- lectuelle volontaire, par exemple scientifique. Version dyna- mique de l'opposition large/étroit, elle foumit la baseintui- tionnelle des autres paires apparentées et notamment des mouvements de particularisation et de généralisation. G. Guillaume, que son appel occasionnel à la méthodeana- lyrique inscrit dans la lignée de Condillac, conserve la conception classique qui, dans analyse et synthèse, oppose le simple et le composé. Son originalité est d'avoir articulé ce(anaclase)
  • 12. 24 - ANASTATIQUE AORISTE - 25 couple sur l'opposition langue/discours. L'analyse se révé- lant glossogénique et la synthèse praxéogénique, c'est l'occasion pour lui de se démarquer explicitement des lin- guistiques dites dephrase enposantles smctures syntaxiques comme indissociables desdéterminations glossogéniques du vocable. morphème(grammatical). Parexemple, leverbe auxiliaire est anisotopepuisqu'il porte des indications morphologiques qui sont au départ propres au verbe lexical. L'article français, marqué engenre eten nombre, estun autre exemple de ce déplacement de la morphologie vers un vecteur distinct. cf.morphologieLL1 : 90,91 LL2 : 28,3i,35-36,70-7i,93 LSL : 55-58 [Gr. anastasis : résurrection] ANASTATIQUE (amutali c) Terme utilisé pour désigner la propriété qu'a l'auxiliaire de recomposeravec un autreverbeun verbesecondairecapable à nouveau d'être conjugué. Cette action anastatique de l'auxiliaire estvisibleen allemand parexempleavecwerdendontlerôle esld'imprimer auverbe uneimpulsion qui le porte au-deiù du présenr, limite qu'il ne saurait franchir de lui-même. (LSL :56).On obtient avec l'auxiliaire un futur que le verbe seul estincapable de fournir : Ich werde schreiben pourj'écrirai. G. Guillaume signale égalementle futur imperfectif durusse formé avec l'auxiliaire byt' et l'infinitif, à côté du futur perfectif formé à l'aide d'un préverbe :Ia budu pisat' etia napishu. Certaines positions du système peuvent être tenues pour des cas limites au-delà desquels le verbe estmort systématique- ment(LSL:57).L'auxiliaire alors, véritablement, leressuscite en lui apportant sa forme. Un autre cas très frappant qui, jusque là n'avait pas retenu l'attention des grammairiens, est celui du parfait français. Le participepassé,dans la chronogénèse française,représente une deces formes mortes où leverbe a consommé tout le devenir qu'il contenait sousiaforme infinitive. L'auxiliaire avoir ou, dans certains casêtre, permet de le réutiliser en localisant le sujet dans la subséquence du procès :écritif'ai écrit. Le parfait français n'est donc pas un temps mais un aspect, le verbe auxilié pouvant se reconjuguer exactement aux mêmes tempsetmodes que leverbe simple. AOM STE (aor ist) [Gr.aoristos :nonlimité, nondéterminé <a(n) : négatif+ horos: borne, limite) L'aoristeest,universellement, du pointde vuepsychique, la forme verbale qui écarte de la penséePopposilion de Pac- compli dépasséà l'inaccompli perspectif. (AT :61) Contrairement à l'imparfait français, qui distingue dans l'événement l'accompli et l'inaccompli, l'aoriste maintient l'événementen accomplissement dans satotalité. Cette valeur permet et condiùonne la diversité des effets de sensobservés dans le discours en français où l'aoriste est représenté par le prétérit déftni ou passésimple. Ainsi dans l'exemple proposé par G. Guillaume :Pierre seleva et travailla longtemps, le prétérit défini n'a pas pour fonction de marquer la durée plus ou moins brève des événements mais d'indiquer que,quelle que soitla durée considérée, brève ou longue, ellesedéve- loppe«in extenso » en accomplissement, sans que soit engagé aucunement l'accomplà (LSL:213) Le prétérit défini a certes, comme le constate souvent la grammaire traditionnelle, un caractère ponctuel mais il importe de souligner que ce caractère ponctuel est en corré- lation étroite avec la valeur de l'aoriste en langue. Il tient au fait que l'aoriste marque nécessairement le départ de l'ac- complissement (origine de l'incidence, c'est-à-dire l'instant d'échéance au temps), ce que ne peut pas faire l'imparfait : La notion de départ de Paccomplhsementestindispensable pour l'emploi du prétérit défini. Là où elle fait défaut, l'incldenceest aussi en défaut elk verbe apparak'déjà engagé en décadence. (LLI :122) En ce qui concerne la sémiologie du prétérit défini, on peut tout d'abordnoterl'insertion du thème-voyelle auxpremières et deuxièmes personnes du pluriel (a,u oui selon la conju- gaison du verbe). Comme au subjonctif, le rôle de la voyelle thématique est de signaler la présence d'une contradiction psychique au sein du prétérit défini. L'aoriste est en effet une forme qu'on peut qualifier de paradoxale puisque dans l'ac- ANISOTOPE (anisotopic) [Gr. a(n) : négatif+ isos :égal+ topos :lieu] Se dit d'une morphologie qui ne réunitpas dans le même lieu, c'est-à-dire dans la même unité, le sémantème (lexical) et le
  • 13. 26 - APPORT/SUPPORT ARTICLE - 27 passé. (Lu i24TI compli (le passé) elle évoque un événement toutentier tenu en accomplissement : La contradiction du prétérlt déflni, c'est de porter le verbe dans lepasséen luirefusant deconstituer dans cepassé,du Cette contradiction inhérente permet aussi d'expliquer par uneraisond'ordrepsychique l'abandonduprétéritdéfini dans le français parlé usuel. Aux autres personnes, on remarque l'absence du thème- voyelle dont la fonction est alors assurée par un moyen sys- tématiquement meilleur: l'exploitation de l'indice de virtualisation -r qu'il suffit de retirer pour obtenir un passé symétrique du futur (march-er-ailmarch-ai, march-er-as/ march-as, march-er-a/march-a). On noterapour la troisième personne du pluriel une différence de vocalisation que G. Guillaume considérait comme une très belle réussite sémiologique(march-èrent/march-eront), produite à partir des résultats bruts de l'évolution phonétique. Précisonsque, sidans une première étape de la théorie, G. Guillaume a présenté le prétérit défini français comme l'équivalent exactde l'aoriste grec (AT:á2hil aensuite quel- que peunuancé son pointdevue :lethèm ed'incidence abso- lue ne peut être attribué qu'au grec, le support du prétérit français étant lethèmeinversif infini. gsL : Táh Le passé antérieur de la nomenclature traditionnelle (j'eus écrit) n'est en réalité que le prétérit de l'aspect transcendant et non pas un temps spécifique. LL2 : 152 LL3 :54,61,70,113 ARTICLE (arti cle) [Lat. articulus : petit élément de liaison,d'articulation < dimi • nutif de artus : membre] L'article est un des moyens de résoudre le problème de la transition entre le nom-substantif enpuissance (en langue) et le nom-substantif enej)et (en discours). Selon G. Guillaume, les noms existent en langue sous la formed'idées puresuni- versalisées. Pour rendre le nom applicable à uneréalité quel- conque, l'article est utilisé dans les langues qui le possèdent afin deréduire à loisir l'extensité nominale jusqu'à uneexten- sité limite singulière. Le système de l'article se présente comme unsystème àdeux tensions orientées àl'inverse l'une de l'autre, chacune pouvant être interceptée à un moment quelconque et livrant des extensités plus ou moins réduites. Figurativement : Celaconduit G. Guillaume àassimilerlesconceptsdesupport et depersonne.Lesupport,comme la personne,c'esttoutce dont on peut dire quelque chose. cf.personne I I I I I AT : 49Ç2 LL1 : 95,111,140,156,157,163,169 LL2 :207 LL3 :63,203 LL4 :63,64,80,81,87-90,135,137 LSL :50,194,195+01~3,205 Tension l (UN) >S S = singulier Ul = universel initial U2 = universel final PLT : 169 TV : 65-68,90-95 APPORT / S U P P ORT (import/support) Larelation apport/support, couverte par le mécanisme d'inci- dence, constitue la relation fondamentale du langage : Dans le discours, il esttoujours parlé de quelquechose,qul est ce dont on parle, c'est-à-dire le support obligé, auquel l apport, qui estcequ'on endira, aura sonincidence.(LL3 : L'article peut aussi bien généraliser que particulariser. La raison d'être de deux articles indéfini et défini est que le rap- port entrel'universel et le singulier estparcouru dans les deux sens. L'article unest particularisant, et l'article le est géné- ralisant. On notera que l'article le présupposel'article unet a donc une valeur anaphorique (rappel de la singularisation initiale). Les effets de sens généralisants et particularisants varient d'un article à l'autre selon la tension adoptée. Par exemple, l'article un,anti-anaphorique, livre des généralisations hété- rogènes visant toujours le casparticulier :un petu whisky,ga fait dubien,dii-ilenreposant sonverre.Aucontraire, l'article ál)
  • 14. Asppcr - 29 le fournit des valeurs anaphoriques homogènes aussi bien dans le particulier que dans le général :le whisky était bonou le whisky reste cher. Une analyseplus syntaxiquedel'articleamène G. Guillaume à le poser en français comme le support de la sémantèse nominale. C'est lui en effet qui porte les indications de genre et denombre (formes vectrices de la partie du discours). Les parties du discours non-substantives le deviennent grâce à l'article : un liens vaut nueuxque deux tu l'auras, les pour et les contre, les dessousde l'agaire, le qu'en-dira-t-on, le pittoresque de la situation, le plustriste dans l'histoire.... Si donc l'article est le support (et le substantif l'apport), il représentedans lesyntagme nominal la personne, cepourquoi G. Guillaume le range dans la classe des pronoms, à cette différence près que le pronom traditionnel estrévisionnel au sens où il est rappel de la matière nominale alors que l'article estprévisionnel au sens où il appellecette matière.On notera à ce sujet le rapport de filiation diachronique entre Lat.ille et l'article le ou le pronom il/le. cf.partitif LL2 :23,120,131,151,158309313 LL3 : 46,54,62,79,92,93,123,130,139,140,239 LL4 :25-27,121 LSL : 143-156,157-166,167-183337-239 PA :en entier PLT :18-2L59-61308-217$61,265 AT : 9-10 régulateur d'extensité devient ipso facto un nom commun : c'est un vrai petit Mozart. Le signifié de ce nouveau nom commun est une qualité applicable à un nombre indéterminé d'êtres et non pas une appellation individuelle. Bien entendu,ilnefautpascomprendre asémantème ausens du motvideou de la forme vide (meaningless unit) de certains linguistes. Il ne saurait exister pour G. Guillaume aucune forme vide dans le langage. Les inoindres outils grammati- caux ont un sens,même si cesensintéresse le fonctionnement de la langue seul (morphèmes etsystèmes) etnonpas laréfé- rence à l'extra-linguistique. ASPECT (as pcct) [Lat. aspectus : regard, fait d'être vu < i-e 'spek- : contempler, observer] L'aspect est une forme qui, dans le système même du verbe, dénoteune opposition transcendant touteslesautresoppo- sitionsdu système etcapableainsi des'intégrerà chacun des termesentretesquelssemarquent lcsditesoppositions.(TV : TVi10 et systèmes. ASÉMANTÈME (pr apcr noun) [Gr. a(n) : négatif+ semainein : signifier< sema :signe/signal] G. Guillaumedésigne par ce term e les noms propres,élé- ments linguistiques dépourvus de contenu sémantique. Les autres unités linguistiques sont les sémantèmes, morphèmes La signiTiance étant la condition sine qua nondu langage, aucun élément linguistique ne peut être qualifié d'asémanti- que. G. Guillaume notaitseulementen 1945 le caractère des noms propres qui est de ne pas avoir de contenu sémantique universalisable, c'est-à-dire applicable à une série ouverte. Un nom propre ne peut se dire que d'un être ou d'un groupe limité d'êtres. Cecaractère distingue le nom propre du nom commun qui, lui, peutvoir son extensité réguléedu général au particulier. En irançais, le nom propre précédé d'un article ltst) La théorie de l'aspect, présente dèsTemps et verbe, fait l'objet d'un article important de 1933(Lsb : 46-58).Elle est à comprendre, selon G. Guillaume et comme le dit clairement la définition rappelée ci-dessus, comme la catégorie supé- rieure—transcendante- du verbe,supérieure notamment au mode, autemps etàlapersonne. Cela signifie simplement que l'aspectestcapable de s'instaureren chacun des modes, des temps et despersonnes.Cela signifie également, sansaucune ambiguïté possible, que l'aspect est distinct du temps gram- matical. La différenceentre les deux catégories est fondéesur la différence entre temps impliqué et temps expliqué, c'est-à-dire entre le temps qui est intérieur à l'événement qu'exprime le verbe(temps d'événement) et le temps qui lui est extérieur (tempsd'univers). : Lc verbeestun sémantème quiim plique etexplique lctemps. Est de la nature de l'aspecttoutedifférenciation qui a pour lieuletemps impliqué Est de la nature du tempstoutedifférenciation qui a pour lieu letemps expliqué. (Lst, :4s) Le temps impliqué est celui qui se développe entre les bornes (LSL :47)
  • 15. 30 - ASSIGNATION AS&àéATlqllE - 31 decommencement etdefin (C et F) de l'événement. Le temps expliqué est le temps infini porteur de cet événement : <———temps explique ———> en l'absenced'un désigné propre,estdéférée au nom par simple assignation. Cette notion d'assignation est importante en ce sens qu'elle souligne que même là où elle n'est portée par aucun signe propre, latransition langue-discours existe, bien évidemment, et demeurefondamentale. Signalons en outre que dans les cas de désignation explicite de l'extensité du nom en discours, on emploiera par opposi- tion au terme d'assignation le terme de déflexivité. vre,comme c'estlecasenanglais. transcendant) deavoir eu marché. En termes d'évolution, l'aspect qui marquait la distinction entre complétude et incomplétude - à rapprocher de l*oppo- sition du perfectif et de l'imperfectif - en est venu à marquer la distinction entre immanence et transcendance. C'est ainsi qu'on peut comparer, par exemple, le russe —languequi ne quittepas laduréeintérieure au verbe - aufrançais qui possède trois aspects : l'aspect simple (tensif, immanent)de marcher, l'aspect composé (extensif, transcendant) deavoir marché et l'aspect surcomposé (bi-extensif, bi-iranscendant ou ultra- Les catégories de l'aspect et du temps entretiennent des rap- ports systématiques parfois complexes(voir larépartition des compétences de trois formes verbales commej'écrivis, j 'écrivaisj 'aiécrit). De surcroît, l'aspect est denature àjouer un rôle important lorsque la morphologie temporelle est pau- La théorie guillaumienne de l'aspect s'inscrit dans une très longue tradition - le concept même avait été entrevu par les grammairiens latins avant d'être redécouvert au dix-septième siècle par des grammairiens tchèques - et elle souligne avec fermeté l'existence de lacatégorie dansunelanguecommele français. Elle a également pu être appliquée à d'autres lan- gues, notamment à l'anglais, dont le système des formes verbales avec l'auxiliairehave et le participe passédu verbe estassezproche deceluidufrançais,m algréquelques emplois PLT : 265 ASTÉMA T I QUE (non stematic) ATHEM A T I Q UE (no nthematic) [Gr. a(n) : négatif + thematikos < thema : œ qui est posé = qui n'appartient pas au radicai] Est diteathématiqueune forme dépourvue de thème-voyelle et associant directement la flexion au radical du mot. Le sub- jonctif présent, en français, est athématique ainsi que le futur simple. Le subjonctif imparfait (ou passé) ainsi que leprétérit défini (passé simple) sont thématiques. De manière générale, le thème-voyelle signale une contradiction psychique inhé- rente à la forme thématisée, la forme athématique étant en regardparfaitement homogène. cf.thématique ATT R I B U T (comp lement noun or adjective) Le terme d'attribut désigne l'une des trois fonctions qu'indiscrimine en langue le cassynthétique du français, les deux autres fonctions étant celle de sujet logique et d'objet logique. Le terme d'attribut doit s'entendre dans un sens proche du sens traditionnel puisque, dans la définition de l'incidence PLT : 25 notoirement différents. LL1 : 170-173,176-180,185-187 LL3 : 142,172,201-203 LL4 :91.92 LSL : 46-58,71,122,189,190,251,252 TV : 11,15-27,108-111 [Lat. attribuerec ad : à, vers+ tribuere : aiiouer] [Gr. a(n) : négatif+ stoma csta- : êtredebout] Un morphème astématique est un morphème qui est inca- pable, contrairement au morphème stématique, d'exister à l'état de mot indépendant. Les flexions nominales et verbales indo-européennes sont typiquement astématiques. cf.Stématique ASSIGNATION (assi gnati on) On parled'assignation là où latransition du nom enpuissance au nom eneffetreste implicite, c'est-à-direlàoù elle n'estpas explicitement désignée par un signe comme l'article. Dans les langues sans article on dira que l'extensité du nom,
  • 16. 32 - AUTOPTIQUE AVANT/APRÈS - 33 comme rapport entre un apport et un support, l'attribut peut - incident à la copule (Celivre est passionnant) - incident aux verbesmenant àl'idée d'être(sefairemoine, devenir un héros). être : La théorie de l'auxiliaire apporte ainsi une probante affirma- tion de la validité du principe de signifiance. cf.avoir/être, subduction LL1 : 125,144-146,151,170,238/53 LL2 : 161,191 LL3 : 142 LL4 : 118,119,123 LSL :57,73-86,189 TV : 18,19,25 LL2 : 138 LL3 : 225 AUTOPTIQUE (autoptic) [sur le modèle deautopsie, Gr. autopsia : action de voir de ses propresyeux <autos :sol-m ême+ opsls:vue] Dans la théorie guillaumienne de ladémarchescientifique, la syndèse autoptiquedésigne le rapport initial de compréhen- sion soumis auvoir (à l'observation) dont il ne sort pas. Le terme traduit en fait la soumission de la compréhension aux donnéesvisibles,c'est-à-direobservables.Lerapportfinalde compréhension, cryptologique, subordonne la compréhen- sionàunerecherche,audelàdel'observable,duconcevable. On peut associer sommairement autoptique à empirique et cryptologiqueàthéorique. cf.syndèse AUXILIAIRE (auxiliary) AVANT/ A P R E S (before/after) La distinction de l'avant et de l'après est une distinction méthodologique capitale qui permetde reconstituer l'analyse quelapenséeopèredesespropresdémarches.Ellecorrespond àunechronologiede raisonetnon nécessairement àunechro- nologie temporelle. Ce que lapensée sépare en elle-même, c'estd'un côté le résultatqu'aufuretàm esuredesondéveloppement ellepro- duit et, de l'autre, l'opération génétique productrice de ce résultat. La distinction de l'avant opératif et de l'après résul- tatif est le fondement de tout système linguistique. La langue est l'avant du discours, même si, diachronique- ment, elle se crée à partir de lui et des essais plus ou moins réussis qui y sont tentés. De même, le système de l'article se recompose de deux tensions dont l'une (celle de l'article indéfini) est l'avant de l'autre (celle de l'article défini). Dans le système verbal, on peut distinguer autour de l'intériorité de l'événement une extériorité d'avant, à partir de laquellel'évé- nement est vuen perspective, et une extériorité d'après, où il estconçu rétrospectivement comme révolu. cf.actueVvirtuel des rapportsformels. [Lat. auxlllum : secours,alde] Estqualifié d'auxiliaire un verbe qui, àla suite d'un processus desubductionou dématérialisation, est devenu apte àsignifier La subduction correspond à l'atteinte d'un niveau de signifi- cationsuffisamment généralpour êtreétendu àlareprésen- tation globale de toutes les situations et non pas seulement à l'expression de situations particulières. La contrepartie matérielle est foumie par le verbe lexical associé. L'analyse du mécanisme génétique de l'état d'auxiliarité permet de montrer que - contrairement à l'affirmation de nombreux linguistes selon laquelle les auxiliaires seraientdes verbes in-signiTiants - l'auxiliaire a bien un sens, dérivé de celuidu verbeplein dontilémane(avoir etêtre, parexemple). AVERSIF (t h è m e ) (no n versive theme) [Gr. a(n) : négatif + Lat. vertere : tourner, retourner = qul n'lnversepas] La distinction des thèmes versif et aversif a trait à la double représentationdutemps, enascendanceetendescendance.Si la formereprésentelapensée accompagnant lesens descen- dant du temps, on parle de thème versif (par exemple le pré- sent cursif représentant un procès en cours de réalisation de Pierredéjeune en ce moment). Si cetteformereprésenteune
  • 17. 34 - Avonvd mlALE - 35 remontéedutemps, le thèmeestinversif ou aversif (seulement aversif, c'est-à-dire partiel et contradictoire, au présent dit précursifde Pierre déjeune avec moi demain). Le thème inversifnesetrouve pasau présent. cf.thème suppose unediscontinuité au contraired'avoir. C'est laraison pour laquelle on n'emploie pas avoir avec les verbes qui impliquent une discontinuité : c'est le cas duverbesortir, par exemple (mais aussi denaître, mourir, tomber, partir), qui au participepassé,suppose une dépense complète du procès,et une absence desubséquence immédiate. C'est cette situation moyenne du sujet entre le devenir antériorisé et le devenir subséquent, imposée par ce type de notions, que signifieêtre, lesdeux devenirsétantdiscontinus.Lemême phénomène se retrouve pour les verbes pronominaux où le sujet à la fois conduit l'événementetenreprésente l'objet(seraser, sevêtir, se méprendre...).Lesparfaitsdecesverbessontintégrantset non dirimants. L*emploi deêtre marque ainsi uneinterférence entre l'aspect et la voix, ce qui fait employer à Guillaume le terme dedéponent emprunté à la grammaire latine et y dési- gnant un phénomène similaire (verbe de forme passive et de sens réputé actif, comme sequor, audior, irascor...). C'est qu'en effet la voix passive signifie la disparité entre le statut logique du sujet et son statut dynamique et là aussi la discon- tinuité entre le devenir antérieur (le procès réalisé) et le deve- nir subséquent (la situation du sujet). riel. AVOIR/ETRE (ha velbe) Beaucoup de langues ne possèdent pas le couple avoir/être mais, dans celles qui le possèdent, ces verbes apparaissent signifier des relations suffisamment générales pour intéresser directement la prédication.Avoir, orienté vers le passé de l'acquisition, etêtre orienté vers le présent de l'existant et éventuellement son devenir, représentent les deux aspects fondamentaux del'être présent, parlant et agissant.. Ces verbes apparaissent idéellement préexistants à l'ensem- ble des autres verbes : il faut avoir (avoir l'être) etêtre pour pouvoir,vouloir,savoir...etau-delà,penser,parler,m archer, courir... Quand ils ontsubi uneopération de dématérialisation qui les ont rendus subductifs par rapportà eux-mêmeset non plus seulement à la masse des autres verbes, ils sont devenus auxiliaires : ainsiêtre évoque la distinction inhérente à l'idée d'existence entre le devenir antécédent et le devenir consé- quent; quantà avoir, il ne retient de son sens premier proche de posséder,qu'un regard en direction de l'accompli qu'on possède, qu'on tient. En ce qui concerne avoir, précisons que cette notion peut connaître en français trois états psychiques différents qui correspondent à trois degrés de dématérialisation : -un degré initial, où ladématérialisation estvoisinede zéro et où,conséquemment, avoirestproche deposséder. —undegré moyen où la dématérialisation, déjà engagée produit un verbe auxilime, nécessitant un complément maté- - un degré final où la dématérialisation, portée à l'extrême, faitdeceverbeun morphème astématique,uneflexion,recon- naissable par exemple dans le futur(Je marcherai = l'infinitif marcherenposifion de radical et la flexion -ai de avoir). Quant auverbeêtre, il est selon son degré de dématérialisation soit verbe plein, soit copule, soit auxiliaire. Les distributions différentes des deux auxiliaires qui, jusqu'ici, n'avaient pu être décrites par la grammaire tradi- tionnelle, se trouvent expliquées psychiquement par la psy- chomécanique.La différence entre avoir etêtre n'estpas essentiellement une différence de contenu. Seulement,être [Gr.kharassein:graverl LL1 : 144-147,237438252,253 LL2 : 161 LL4 : 174,175 LL5 .48,198,201 LSL : 73-79,85,131,137,144,244 TV : 25-27 CARACTÈRE (character) État du vocable dans les langues isolantes de l'aire prime caractérisé par l'absence de toute indication formelle géné- AXIALE (consonne) (a xial consonant) La consonne axiale est la consonne qui en français termine le radical et le sépare de la flexion morphologique. Elle est uti- lisée sémiologiquement dans le systèmeverbal pour opposer le subjonctif et l'indicatif (que le dormej le dors)mais aussi dans le système nominal pour certaines marques degenre(le chatlla chaue, le bergerlla bergère ...). cf.consonne axiale rale.
  • 18. 36 - CAS CATEGORIQUE -37 Contrairement aux mots des langues indo-européennes, le caractère ne se conclut pas avec la partie du discours qu'il ignore. Enconséquence, lerôle de lasyntaxeest extrêmement important dans ce type de langues dites amorphogéniques. Les langues à caractères témoignent d'une réplique nulle de l'opération d'entendement à l'opération de discernement au cours dela genèse du mot qui n'estainsisoumis à aucune tension généralisatrice, d'où la singularité extrême du caractère et son indépassable puissance d'évocation. Cette interprétation du caractère jette une lumière nouvelle intéressante sur la motivation du système tonal des langues dites isolantes. Au contraire de l'intonation réservée à l'expressivité, le ton est indispensable à la bonne compré- hensiondu vocable etfonctionne comme un système d'effec- tion du caractère lui-même qui, autrement, n'est qu'une syl- labe dépourvue de toute signification. LL2 : 23,24,27,29,37,97,114,210,211 LIA : 103 LSL :94-98,114,115,275 PLT :54,219,228-230 langue dont la base est la distinction de l'animé et de l'ina- nimé). Ceci nousamène àpréciserladifférence entrelescaspsy- chiques et sémiologiques. Il s'avère en effet que la réduction du nombredescassémiologiques (casreprésentésphysique- m ent)dans une langue donnée n'estpas toujours due àleur élimination pure et simple mais peut également être la consé- quence d'unélargissement de l'assieue de compensation, c'est-à-dire d'un phénomène de compensation de cas psy- chiques(caspurement mentaux) sousunnombreréduitdecas sémiologiques. C'est ainsi que s'est créé en français moderne un caspsychi- que nouveau qui indiscrimine en lui en lescompensantles fonctions desujet, d'objet etd'attribut : le cassynthétique, cas unique du&ançais.Ce cas synthétique ou cas zéro estévi- demment casdelangue. Du point de vue sémiologique, le cas synthétique français se présente habituellement sous la forme de l'ancien cas régime et exceptionnellement sous celle de l'ancien cas sujet. Il est aussi parfois arrivé qu'il se présente sous la sémiologie des deux cas par réemprunt, ce qui a entraîné une discrimination sémantique entre le mot issu du casrégime etcelui issu du cas sujet (par exemplepâtre etpasteur ttSL : IOS)). d'entendement de s'achever. CAS (case) Le casdedéclinaison entredans lacatégoriedesmorphèmes àdoubleeffet.Le casapparaîten effetassumer une double fonction : d'une part, il constitue en langue une indication prévisionnelle de la fonction qu'aura le mot en phrase et d'autre part, il joue dans le mot le rôle de déterminant de la partie du discours, les indications de genre et de nombre introduites dans le mot dès la langue permettant à l'opération Il importede préciserque ces rem arquesà propos du cas concernent le cas de langue (cas intégré au mot dès la langue) qu'ilne fautpas confondre avec le casde discours,obtenu seulement en phrase (par l'intermédiaire de la préposition). Une autre distinction importante est celle ducas d'extension ou cas extensif - relatif àl'extension nominale, c'est-à-dire au genre et aunombre dunom - et ducasdefonction aussi appelé fonctionnel ou dynamique — relatif à la fonction du mot en phrase.En effetcesdeux cas,bien que réunis sous un cas sémiologique unique, n'en constituent pas moins deux cas psychiquesdifférents. A cettesymphyseou soudure du cas d'extension et du cas de fonction s'ajoute celle du cas logique (cas de discours relatif au rapportdes mots en phrase) etdu casdynamique (casde (categorical future) LL1 :72 LL2 : 21,22,130,173 LL3 : 25,47,101,102,104,109-111,118-130,179,180,225 LIA : 35,38,45,48,51-56 LSL : 101-103 PLT : 122,191 CATÉGOMQUE (futur) L'architecture du présent français à l'indicatif superpose le chronotype ot (parcelledefutur)etlechronotype t0 (par- celle de passé), cequi détermine dans le futur et le passédeux versions temporelles : l'uneincidente où l'événementest tenu en accomplissement et l'autre décadente où l'événement est tenu, si peu que ce soit, en accompli relatif à l'accomplisse- ment. Le futur catégorique est la version incidente du futur, l'autre version étant celle du futur hypothétique. Le futur catégorique est le futur simple de la tradition et le futur hypo- thétique est le conditionnel présent, considéré trop souvent à tort comme un mode. cf.futur
  • 19. 38 - CAUSATION CAUSQCONSTRUIT—39 (la langue) m oments successifs: des faits réellement causateurs : CAUSATION (causati on) Dans la causation générale du langage, on distingue trois 1) un moment de causation obverse,causateur du causé construit non encoreemployé que constitue la langue 2) un moment d'existence du causéconstruit non employé 3) un moment de causation déverse,porteur del'emploi du causé construit (le discours) Ainsi la formule saussurienne définissant le langage comme analysable en langue et parole ne fait état que du causécons- truit (la langue) et de la causation déverse productrice de la parole.G. Guillaume ajoute cette troisième causation, l'ob- verse, qui correspond au moment, premier en langage, où la languen'existequ'enpensée,enpuissanced'elle-même etoù elle n est pas encore construite en signes. Cette miseenévidenced'un en-deçà delalangueressortissant a la causation obverse donne à la recherche linguistique une direction claire qui est celle de la remontée théorique vers la cause : il ne s'agit pas d'observer des faits qui, situés en dis- cours,sont des faits à expliquer maisd'observer par les moyens théoriques appropriés les faitsexplicateurs qui non seulement déterminent les faits de parole, mais aussi déf inis- sentles faits delangue. La formule saussurienne, alors qu'elle pose unelangue théorique, situe l'observation au niveau des seuls faits construits et ignore la dimension génétique du lan- gage. G. Guillaume rappelle constamment à la linguistique qu'elle peut et doit s'engager dans ce domainehypobasique A cquérirce savoir<des faitsexplicateurs>, reconnaître en quoiilconsisteetlechemin quiyconduit, vadèslorsê~e une tâche du linguiste, tâche dont l'accomplissement suppose une pénétrationde la causation obverse,lieu du vu hypo- basiqueà visibiliser. (tst :2o) G. Guillaume distingue deux causations : la causation déve- rse dont rend compte la linguistique traditionnelle relie le système préconstruit qu'est la langue à sa conséquence en discours.La causationobverse (l'adjectifsuggèreunesymé- trie avec la précédente bien qu'elle ne soit pas directement observable) implique que la langue est elle-même le causé d'unelucidité puissancielle sise en deçà de toutphysisme de représentation, c'est-à-dire de toute sémiologie visible. En postulant l'existence de cette causation obverse, G. Guillaume rappellequ'il estparadoxal de prétendre rendre compte d'un en-deçà (la langue) par sa conséquence (le dis- cours). En définissant par ailleurs letout du langage comme LSL :25-45,272-286 PLT : 113 CHRONOGÉNÈSE (chronogenesis) CAUSÉ CONST R UIT (consiructed causaia) Dans l'architecture générale du langage, le causé construit, c'est la langue, répondant à unecausation obverse qui la pro- duit et permettant elle-même, et conditionnant, en causation déverse, le discours. cf.causation l'ensemble causation obverselcausé consiruitlcausation dé- verseil affirme un déterminisme tant opératif queproprement diachronique. Enfin, enpréférant le terme decausation àcelui de cause, il invite à reconnaîtie dans le mécanisme de la cau- salité, plutôt qu'une source ponctuelle, un processus. Pour être tardif dans l'nuvre, le concept de causation n'en circonscritpas moins desprincipes apparusbeaucoupplus tôt. DèsLeproblème de l'anicle, Guillaume posaitquela pensée, àdéfaut de le créer, apouvoirderetenir l'accidentphonétique lorsqu'il convient à la visée systématique inteme. L'article, disait-il, a donc pour cause un certain état de langue. C'était à la fois suggérer une diachronie des systèmes etrejeter toute explication d'une forme linguistique à partir de ses emplois. Cela explique que le concept de causation obverse puisse étayer non seulement une typologie des langues indépendante de la sémiologie, une typologie systématique, mais aussi, occasionnellement l'explication d'un faitparticulier. Ainsi la définition du nom par son incidence plutôt que par sa signi- fication sera qualifiée d'analyse en causation obverse. Façon d'opposerde manière générale une approche systématique intégrante à l'induction empirique, en causation déverse. Dans ces conditions, l'appel à la causation obverse renvoie donc, autant qu'au mentalisme spontané du sujet parlant, à une méthodologie. cf.scheme lmgutsttque [Gr. Khronos : temps + genesis:force productrice, origine = construction du tempsl La chronogénèse est l'opération mentale de construction de l'image du temps (l'image-temps) que véhicule le verbe par spatialisation. G. Guillaume distinguela « chronogénèse »,
  • 20. 40 — CHRONOGÉNESE CHRONOLOGIE — 4l qui est -je renvoie mesauditeurs ù mon livre « Temps et verbe »-genèse delapuissance deconstruire letemps, etla « chronothèse»,quiestl'exercicede cettepuissance k long de sonacquisition, exercice correspondant chaque foisà une coupecaractéristique decetteacquisition depuissance, coupe qui en livre un profil, chaque profil ainsi obtenu par coupe constituantun mode. (PLT: 225) Mentionnée pour lapremière fois dansTempsetverbe gv :s), lathéorie de lachronogénèseestliée àcelledu temps opératif, successivitéd'instants de raisonoccupés parlapenséepen- sante(Sur lescirconstances précises de la découverte du temps opératif, voir l'Avant-proposà Temps et verbe et l'Introductionà Langage et science du langage de Roch Valin). Le temps ne se laissant pas représenter à partir de lui-même, il fait appel à des moyens qui sont empruntés à l'espace, d'où l'expression de spatialisaiion du temps. La chronogénèse correspond à l'opération inconsciente à laquelle se livre le sujet parlant en instance de discours, préalablement à l'emploi de toute forme verbale : il parcourt l'entier du système verbal en s'arrêtant à la position systé- matique qui répond à sa visée, à son intention de discours. L'opération est interceptée en trois points de son développe- ment et chaque interception est appeléechronothèse. Le rap- port qui unit chronogénèse et chronothèse est l'application d'un principe fondamental selon lequel toute opération de pensée,defaçonàcequel'espritpuisseprendreconnaissance des résultats produits, doit être suspendue àtel ou tel moment de son déroulement. Ce principe fonde ce que G. Guillaume appelle lalinguistique de position (voir l'opposition entre la productioniibre desidéesetlasaisie desidées produites(tsL: entre elles. AT : 17-25/6,57 LL1 : 79,82,88,213 LL2 :33 LL3 :201 LSL t121•186,253 PLT :22P25 TV :8sq indicatif, avec la représentation du présent et ses consé- quencesdans lepasséetdanslefutur. Les notions et les termesmêmesdechronogénèseet chrono- thèsesont spécifiques à la psychomécanique,aucune autre théorie linguistique ne se préoccupant de la genèsede la représentation mentale du temps. L'intérêt d'une telle ana- lyse, comparée aux approches traditionnelles de la conjugai- son du verbe, outre sagrandesimplicité, réside danslefaitque la prise en compte du temps opératif met clairement en évi- dence les relations systématiques interwhronothétiques et, partant, inter-modales. Importante pour la description du système verbal d'une langue donnée (voir par exemple la théorie du subjonctif en français), la chronogénèse l'est encoredavantage pourlacomparaison deslanguesnaturelles (Chronothèseinitiale) (Chr onothèse médiale) ( Chtonothèse finale) 228-229)). Dans les langues indo-européennes, aux trois interceptions (début, étape intermédiaire et fin) correspondent trois modes grammaticaux, successivement quasi-nominal (initial), sub- jonctif (médian) et indicatif (final). En figure : C H R O N O G É N È S E (temps opératif) Quasi-nominal Subj o nctif Indicatif I I >I CHRONOLDG1E (c hronology) Il existe deux chronologies d'ordre différent : - une chronologie réelle, concrète, relative à la succession entre événements (chronologie temporelle) - une chronologie abstraite, intervenant entre idées (chro- nologie idéelle ou notionnelle). On dira par exemple que de la condition à la conséquence il existe une chronologie idéelle, parinstants de raison, selon laquelle la condition est - par définition - antécédente à la conséquence. Cette chronologie abstraite entre idées joue dans les langues un rôle très important. C'est par exemple à desfaits de chro- nologie de cet ordre que se rattache toute la théorie psy- chosystématique de l'auxiliaire. Par ailleurs, la chronologie idéelle étant de langue et la chronologie réelle de discours, il s'ensuit que la chronologie idéelle devance toujours la chro- nologie réelle. C'est ainsi que l'aspect, qui ressortit àla chro- nologie idéelle, est toujours assigné au verbe avant le temps. Toujours dans le plan du verbe, dans la chronogénèse &an- çaise, le subjonctif occupe idéellement unechronothèseanté- Chaquemode constitueparrapportauxprécédentsunprogrès dans la définition de l'image du temps, cequi explique que le contenu en soit de plus en plus complexe. Cette définition est complète en chronothèse troisième, correspondant au mode
  • 21. 42 - CHRONOTHÈME CHRONOTHÈSE - 43 rieure à celle de l'indicatif, ce qui explique sa capacité àsup- poserlesévénements alors que l*indicatif, situé en raison après le subjonctif, lespose. LL2 : 152 LL3 : 195 LL4 : 108,124,128 LSL : 112,122,161,189,190 AT : 39,40 LL1 : 76,112,123,125,177,202,216,232,237238 CHRONOT H È M E (chr onotheme) CombinaisoninMale dedeux chronotypes quiconfère au temps saforme générale dans l'esprit. pV : el) D ans lachronogénèse, leschronotypes sont desparcellesde temps soustraites au passé et au futur. Elles sont combinées pour formerpar exemple leprésent&ançais avec lechrono- typefuturetle chronotype passé superposés. Le terme de chronothè meestutilisé pour la description des combinaisons latines plus complexes que celle du &ançais, avec trois pos- sibilités : une combinaison tt + tu, et deux combinaisons secondaires, ct 0 + tx t et t01 + t00. Comme d'ordinaire, le mot thèmes'applique aux variations éventuelles d'un mode commun. Du latin au français on observe le passage d'un chronothème horizontal à un chronothème simplifié vertical, soit de tu+ tr à — —.G.Guillaume invoquè pour expliquer ce phénomène le principe de sténonomiedu présent, c'est-à-dire sa tendance à réduire autant que possible son assiette temporelle afin de mieux assurer sa fonction qui est de séparer passé et futur. Le présent latin horizontal est large alors que le présent &ançais a pu trouver, dans saverticalité, le moyen d'affirmer sa fonction séparatrice. Il serait aven- tureuxdepenser que leslangues en généralsontcondamnées à définir un présent sténonome. C'est, selon G. Guillaume lui-même, une voie que le &ançais a suivie parmi d'autres possibles. La solution trouvée n'est évidemment que relative au problème posé. Le groupe indo-européen est loin de faire front commun sur la question de la représentation du présent et chaquelangue,chaque sous-groupe, s'estaventurédanssa direction propre. Le lecteur pourra trouver dans les présents anglais, persan et russe desexemples caractéristiques de cette temps : tu posé,construitl CHRONOTHÈSE (chronothesis) [Gr.khronos :temps+thesis< tithenai : action deposer=temps On désignedu nom dechronothèse lesdifférentesétapes de la formation de l'image-temps (la chronogénèse) chaque étape (ou arrêt) étant représentée par un mode. Afindeprendreconnaissance de cequisepasseenelle-même surl'axe chronogénétique (l'axe opératif sur lequel sedéroule l'opération de spatialisation du temps qu'est le système ver- bal), la pensée est en effet obligée d'opérer par le travers de sa propre activité des coupes chronothétiques qui sont les modes. Chaque modereprésenteun airêten chronogénèse, c'est-à-dire un certain état de construction de l'image du Construiredu temps enpensée, c'estdelachronogé nèse;la chronothèseestla vision du temps construit.trV:103) En &ançais et plus généralement dans la plupart des langues indo-européennes, la penséeopère trois coupesprivilégiées : la première, initiale, est celle du mode quasi-nominal (avec ses tempsquisontl'infinitif, leparticipeprésentetleparticipe passé), la secondemédiale est celle du modesubjonctif (avec deux temps, le présent et le passé) et la troisième finale celle de l'indicatif. C'est avec l'indicatif seul qu'on obtient le pré- sent d'époque et, de part et d'autre, les époques future et passée.La naturespécialeduprésentenfrançaisprovoque un dédoublement des temps passé et futur si bien que l'indicatif comporte cinq temps (le présent et, dans le passé, l'imparfait et le prétérit défini ou passé simple, dans le futur le futur hypothétique ou conditionnel et le futur catégorique ou futur simple). AT : 23,41 LL1 :80-82,88-89 LSL : 121,122,253 TV :10 variété de solutions. CHRONOT YPE (chronotype) [Gr. khronos : temps+ tupos : marque d'uncoup,image] Nom donné àchacune des deux parcelles de tem ps que le présent, notamment en français, prélève pour sa propre construction sur le futur (chronotype ct ) et sur le passé (chronotype tu ). Le présent français est défini comme un être sténonome, c'est-à-dire enrecherchede laplus grande étroitessepossible, de manièreàremplir au mieux son rôlede séparateurd'épo- TV : 81
  • 22. 44 - CINÈSE/t)ENÈSE C)NErts)v)E - 45 ques, entre le passé et le futur. On notera dans la penséede G.Guillaume une évolution entre 1929, où les chronotypes sont juxtaposés pv :53)et 1948 oùils sont superposés(LLt : â283, tâatetstenfLSL: 19âsq). D'un point de vue diachronique, dans ce dernier état de la théorie, le présent français est passéd'une composition juxta- posée (en latin) àune composition superposée(dans lalangue m oderne)deschronotypes.On peutlereprésenterainsi: AT :63 LL1 : 82,83 LSL : 198sq.211,2á8 TV : 52sq passé CINÈSE/GENÈSE (k inesislgenesis) Cett niveaux qu'elle entraîne (niveau Ot incident et niveau < décadent) est capitale pour toute l'architecture du système verbal français. C'est elle qui dédouble le passé en deux temps, le prétérit défini, sur niveau , tout entier incident et l'imparfait sur niveau ajoutant à cette incidence, si peu que ce soit, de la décadence, c'est-à-dire de l'accompli.Ce dédoublementseretrouve danslefuturavec lefuturcatégo-. rique incident et le futur hypothétique décadent. PRÉSENT tu e superposi estion des chronotypes, avec la distinction d riquement aussi, mais différemment, entre lesditsapports. La Eangue n'estpas consátuéc, et c'estEà un principe de grammaire générale, avec lesapports de l'histoire, qui sont fortuits, mais avec les rapports que de moment en moment l'esprit institue entre ces apports. Ce sont cesrapports ins- tituéspar l'espritentreles apports historiques quifont la Eangue.Par eux-mêmes, eton ne saurait trop enfairela remarque,lesapports de l'histoiresont inopérantsà cons- truire la hsngue. Celle-ci ne seconstruitque pourautantque lesapports de l'histoireentrentdans Eecadre-danslecadre systématisé - de certains rapports. Et c'est pourquoi la lan- gue est, selon les termes mêmes de Saussure, un système. Elleestà lavérité,nous lesavons, un système complexe,un système desystèmes. (LLt :259-26á) Ceci a desconséquencesévidentes sur l'organisation interne des systèmes par rapport à leur histoire. La cinèse, en effet, porte l'ordination systématique des éléments et cet ordre ne suitpas nécessairement l'ordre historique. Il sepeut très bien, même, que lesdeux ordres soient inversés (phénomène d'énantiodromie qu'onpeut observer dans le système de l'article, établissant historiquement l'article indéfini après l'article défini alors qu'il est avant lui dans le système). Toutefois, tout en insistant sur la nécessité de ne pas confondre l'axe génétique desapports et l'axe cinétique des rapports, la psychosystématique serefuse àmaintenir le pos- tulat saussurien d'indépendance absolue. Aucune synchronie ne peut s'établir sans une diachronie antécédente d'une part, et d'autre part, la diachronie est en fait une succession des synchronies multiples que la langue a Iraversées. Cinèse et genèsesontlesdeux faces d'un même phénomène qui estla construction même de la ]angue. dinalement. [Gr.kinêsis:m ouvement,etgeuosis:forceproductrice,créa- tion, origine] Les termesde cinèseetde genèsecorrespondent aux term es saussuriens desynchronieetdediachronie, lacinèseétant une coupe parle travers de la genèsequisedéveloppe longitu- A la suite de F. de Saussure, G. Guillaume insiste sur l'indé- pendance delagenèseconstructrice (axediachronique des apports) vis-à-vis de lacinè se organisatrice (axe synchroni- quedesrapports institués entre lesapports). Ilpose clairement une absolue priorité du système sur les apports historiques qu'il intègre ou n'intègre pas : Il n'estpas dénué d'intérêten doctrine de rapporter cette antécédence dupsychisme et du sémiologique à la disánc- tion que l'on a faite, à maintes reprises ici, de l'axe des apports historiques et de Paxe des rapportsinstitués histo- LL1 : 166,259 LL3 :89-91 LSL :158-162,165,166 CINÉTISME (k i netism) [Gr. kinein : mouvoir] Dynamisme orienté qui sous-tend tout phénomène linguisti- que. Inséparable de la distinction entre cinèse et genèse, la notion de cinétisme estégalementliée auconceptguillaumien de langue. Psychomécaniquement, la sémiologie de langue
  • 23. 46 —COHÉRENCE COMPENSATION - 47 représenteeneffetnon des états,maisdesmouvements qui, interceptés parlavisée momentanée dediscours, déterminent alors des effets de sens particuliers. Bien que le terme lui- même ne soit pas antérieur à Temps et verbe, la notion de cinétisme permet notamment de rendre compte de manière satisfaisante du mécanisme de l'article : interceptés à égale distance du singulier, les mouvements antagonistes qui sous- tendent les deux articlesunet le produisent des effets de sens à peu près semblables par statisme (valeurs universalisantes ou singularisantes) mais qui sont cinétiquement opposés. Absente de la grammaire générativecomme du structuralisme classique, la notion de cinétisme évoque plutôt le couple humboldtienergon/energeia.Dans lamesure où uncourantde pensée inspiré de Humboldt semble s'être maintenu tant à l'époque comparatiste qu'après Saussure, il est raisonnable d'admettre que G. Guillaume en est un représentant. Si une théorie de l'énonciation, par ailleurs, consiste à référer l'énoncéproduit à sesconditions deproduction, il estclair que cette approche dynamique des faits de langage fournit aujourd'hui les bases théoriques de la problématique moderne. AT : 25-32,43-45 LL1 : 98,106,112,168,169 LL2 : 34-35 LL3 : 126-136,237,238 LL5 : 139,201 LSL : 143-166 TV :79 COHÉRENCE (coherence) La cohérence est une loi, ou un principe qui préside à la construction d'un état systématique en le faisant dépendre d'exigences internes d'équilibre. La loi de cohérence des systèmes leur impose l'unité - les systèmes les plus achevés étant ceux où les antinomies les plus absolues sont rapportées à une construction unique (par exemple l'article en français, dont le système réalise l'intégration en un rapport unique, de l'universel et du singulier). Partout où G. Guillaume le peut, il substitue à la notion de logique celle de cohérence, allant même jusqu'à remplacer la terminaison -logie (chronologie, glossologie, ontologie...) par la terminaison -génie (morphogénie, glossogénie, onto- génie...) à ses yeux plus apte à évoquer la dépendance du [Lat. cohaerere : adhérer] PLT : 32-35 langage de la loi de cohérence (génétique) plutôt que de la logique. Alors que la logique présente un tableau toujours achevé, même s'il est incomplètement exploité, des rapports entre prémisses etconclusions, la nonon de cohérence est liée àla conception guillaumienne du langagecomme unentier en perpétuel devenir. Rien n'est fixe et réalisé une fois pour toutes : la langage est fait d'adaptations permanentes, de dépassement perpétuel des résultats sans cesseproduits. Ces dépassements s'opèrent plus ou moins rapidement en se ser- vant des divers accidents morphologiques et sémiologiques qui surviennent à tout moment. La loi de cohérence contrôle en permanenceceschangements, retenant uniquement ceux qui ne remettent pas en cause l'équilibre global du système. Grâce à cette loi, d'une part, aucune langue ne peut se dé- sagréger,etd'autrepart, toutelangueestàmêmed'assurerson propre développement. Ce principedecohérence met lapsychomécanique àl'abride critiques sur un éventuel caractère progressiste de l'histoire des langues en ce sens que chaque langue n'évolue que par rapport à elle-même. Avec desdegrés d'évolution différents, avec une histoire propre, plus ou moins longue, plus ou moins mouvementée,aucune langue n'estsupérieureàuneautrecar elle est toujours parfaitement cohérente dans ses grandes lignesrelativement aux problèmes fondamentaux de repré- sentation et d'expression. La notionde modèle idéal,de grammaire pure, demodèle même, n'appartient pas pour G. Guillaume à la linguistique. Un modèle supposeen effet l'existence d'un équilibre institué où les parties ont une nature et une fonction déterminées. Ainsi, un modèle fonctionne sur la prévisibilité. Or, écrit-il, Combien nous voilà loin de l'étatdu langage (...J Pour que le langage relevât de la logique, il faudrait que toutes ses interactionsfussentréduüesen des actions simples demême ordre, reruiant lejeu prévisible, et qu'au surplus, cej eu tout entierfût préservé,comme dans l'idéal,detouteinfluence extérieure. (pA :34) cf.logique COMP E N S A T ION (compensation) Ce principe général (d'où le terme deloi) a trait au fait que toute langue, quelle que soit sa systématique, quelle que soit sa définition typologique, est une réponse parfaite et absolue
  • 24. 48 — COMPRÉHENSION/EXTENSION CONCEPT - 49 aux problèmes humains d'expression. Donc tout ce qui serait éventuellement perdu par un sous-système est ipso facto repris par unautre.C'est ce qui explique que la diachronie est à la fois un processus destructeur d'équilibres anciens et constructeur d'équilibres nouveaux. cf.loi êee levée, par l'ordination systématique. L'acception gui- llaumiennereste ainsiparfaitement traditionnelle mais meten évidence le caractère obligé et foncièrement linguistique des bi-partitions systématiques de ce type. LL2: 215 LL3: 139 LIA : 120-121 LSL: 35 PLT : 91.92,258,259 aveclni] par l'article : (comprehensionlextension) COMPRÉHENSION/EXTENSION [Lat. cum : avec+ prehendere : prendre= ce que lemotemporte Le va-et-vient de la penséeentre l'universel et le singulier sur lequel s'appuie la formation du mot dans les langues indo- européennes seretrouve dans sa signification même sous la forme d'un équilibre de compréhension (ou intension) parti- cularisante et d'extension généralisante : Quand on parle,en grammaire, de la compréhension du mot, on fait allusion implicitement à un éloignement de l'universeletà un rapprochementdu singulier,etquand on parledel'extensionà un rapprochement del'universeletun éloignement du singulier. gSL :SSI Ainsi dira-t-on quepommeest plus compréhensif que fruit parce qu'il est plus proche du singulier que ce dernier.Fruit est plus extensif par sa relative généralité. Ce rapportinver- sement proportionnel de la compréhension à l'extension est dans tout mot fixe etinvariant. En discours interviendra éven- tuellement une variation d'extensité locale, réglée en ftançais Pris dans la langue (...) un vocable, une unité de puissance quelconque est un équilibre stabie, invariant, du mouve- ment d'intension allantà l'étroit et du mouvement d'exten- sion allant au large. (PLT : 2$9) La matière du mot n'est pas concevable sans une forme lin- guisfique.Compréhension et extension sonten fait les deux aspects formels qui déterminent pour chaque mot son aspect matériel. Il est à noter que ces deux formes sont inséparables et systématiquement reliées. A la singularisation qui fait l'intensionréplique àproportion, quoiqu'avec uneorientation diamétralement opposée, l'universalisation extensive. C'est selonG. Guillaume la propriété essentielle des êtres linguis- tiquesque d'associerdeux mouvements adversatifscomplé- mentaires, leur stabilité associative provenant justement de ce dernier caractère. Les êtres linguistiques sont tous intérieure- ment contradictoires, cette contradiction étant intégrée, sans aux substantifs. ÇONCEPT (co ncept) [Lat. concipere (cnm : avec+ capere : prendre (conceptum =ce qni a été appréhendé,saisipar l'esprit)) Le concept est la représentation en langue d'une notion par- ticulière soumise intérieurement à une tension aussi généra- lisante que possible sans quesoient remises en cause l'exis- tence et l'autonomie de cette notion. Leconcept est caractéristique des langues de l'aire tierce où la matière et la forme du mot interagissent dès la langue. L'idéogénèse fournit l'idée particulière, et la morphogénèse l'idée générale, à savoir la partie du discours. C'est la com- binaison des deux qui crée le concept, les tensions se limitant réciproquement à un niveau moyen. Ainsi le motmaison a pour signifié le conceptmai sonparce que son statut formel de substantif l'oblige à s'appliquer à tout objet pouvant relever de sa définition. L'apparition du concept au plan matériel s'accompagne delacréation d'actualisateursspéciaux,par exemple l'article des langues indo-européennes par rapport Il faut veiller particulièrement à garder au terme de concept sa valeur linguistique de mode de construction du signifié matériel. Ce terme n'a rien à'voir avec sa définition philo- sophique ou psychologique. En d'autres termes, toutes les langues du monde permettent de conceptualiser mais pas nécessairement avec un signifié matériel conceptuel. A titre d'exemple, la racine des langues sémitiques est infiniment plus générale et donc plus conceptuelle que le radical indo- européen, tout enétant typologiquement antérieure. Quant au vocable le moins conceptuel qui soit, le caractère deslangues isolantes, il a permis l'élaboration de philosophies d'un très haut degré d'abstraction. PA : 78,91,240,303,312,313 LSL : 89,102,106
  • 25. 50 — CONDITIONNEL coNJQNcïioN - 51 CONDIT I O N NEL (conditional) utilisé en grammaire pour traduire le grec hupothetikos] La définition traditionnelle du conditionnel comme un mode est parfaitement erronée. Il s'agit d'un temps, un des deux temps futurs de l'indicatif français, le futur hypothétique, l'autre étant le futur catégorique (futur simple) comme le prouve la sémiologie. Les deux temps(je chanterai/je chan- terais) sont en effet tous deux construits à l'aide de l'infinitif en position de radical et d'une version flexionnelle du verbe avoir. Le futur simple, incident, est comparable au prétérit défini etle condifionnel décadent à l'imparfait dontil possède [Lat. condicionalis :soumisàcertainesconditions. Cetermeaété nomie expressive, appelés disjonctifs. Les pronoms disjonc- tifs français utilisent l'article défini (lequel, laquelle, lesquel(le)s). Les pronoms conjonctifs sontqui,que, dont, où. En anglais, les pronoms conjonctifs et disjonctifs ne sont pas distincts bien quewho et which tendrent à être de préférence disjonctifs face au pronom zéro conjonctif. cf.pronom d'ailleurs la flexion en-ais. cf.hypothétique (futur) CONGRUENCE (congruence) Le principe général de congruence a trait à l'obligation faite à la sémiologie de révéler (signifier) les articulations systé- matiques (psychiques). Cette obligation n'est pas absolue puisqu'elle est limitée par la nature et la qualité des apports phonétiques de l'évolution. Les innovations non congruentes ne seront donc pas retenues mais le principe de congruence révèle une certaine flexibilité (souvent révélatrice d'ailleurs de la nature des problèmes posés). Il est simplement demandé à la sémiologie de suffire (principe de suffisance expressive). Ce principe est la version guillaumienne du principe d'ana- logie cher à la grammaire comparée et renvoie directement à la nature systématique de lalangue : celle-ci en effet n'intègre que les innovations qui sont de nature à convenir aux besoins d'expression (d'où le terme parfois utilisé deloi de conve- nance). cf.loi tions : suivies de l'indicatif. CON JONCTION (conj unction) La conjonction est définie comme un translatif, c'est-à-dire un motd'uneespèceparticulièrepermettantlanominalisation d'une phrase. La conjonction n'est employée que dans les cas denominali- sation externe de la phrase. S*il s'agit d'une nominalisation inteme, impliquant un élément spécifique à l'intérieur de la phrase,on aura recours non pas àuneconjonction mais àun pronom conjonctif. G. Guillaume distingue en français trois groupes deconjonc- 1) les conjonctions simples (quand, comme...) toujours 2) les conjonctions complexes ou locutions conjonctives terminées par que : elles se divisent en conjonctions virtuali- santes et actualisantes selon que le premier élément s'y pré- sente anticipatif ou non anticipatif. Par exempleavant est anticipatif et la conjonction complexeavantque est suivie du subjonctif. Aprèsétant non anticipatif, la conjonction après que gouvemera l'indicatif. 3) les locufions conjoncfives terminées par où (jusqu'au moment où...)toujours suivies du mode indicatif, à cause de où dontlafonction propre ne sauraits'exercerendehors du temps réalisé. On remarquera ici une possible hésitation sur le statut de certaines conjonctions qui, comme quand, répondent aussi à la définition des pronoms supplétifs. Par ailleurs, que est aussi bien pronom que conjonction. G. Guillaume assimile en fait explicitement les deux fonctions en faisant de tous cestermes des éléments translatifs, agents denominalisation, soit inteme soit externe. La différence réside dans la position de la per- sonne-support, à l'intérieur ou à l'extérieur de la phrase CON JONCTIF (pronom) (conj unctive pronoun) [Lat. conjuctus < conjugare : unir, relier] Ce terme est utilisé comme équivalent depronom relatif, au sens traditionnel, afin de distinguer les pronoms relatifs dépendants de l'antécédent de ceux qui manifestentune auto- nominalisée. LL1 : 241 LL3 : 148-150 TV : 42-45
  • 26. 52 - CONJUGAISON C ONSONNE ~ E - 5 3 [Lat. eonjugare : unir, reiier] CON JUGAISON (eo nj ugation) La conjugaisonestl'ensemble desformes verbales,variables selon le mode, le temps et la personne qui sont l'expression des divers moments successifs de l'acte de représentation du temps. Etant donné que cette représentation est une spatiali- sation du temps, la conjugaison est l'ensemble de ces casde spatialisation : Le dévidement des cas de spatialisaáon du temps et ia conjugaison ne font qu'un. ILLS :130) Ces cas de spatialisaiion sont rendus matériellement, compte tenu de la loi de suffisance expressive qui autorise certaines irrégularités, par une sémiologie spécifique : Le système de iaconjugaison du verbe se recompose de conditions psychiques satisfaites rendues sous des signes jugés propresà en assurer lasaisie,ieportetietransport. Ces signesconstituent iecôtésémiologique du système. Les conditionspsychiques que iessignesreeouvrenten consti- tuent iecôtépsycho-systématique. (LSL :2SJ) La conjugaison repose sur les trois catégories verbales rap- pelées ci-dessus que sont le mode, le temps et la personne. Outre l'incidence, le verbe est encore caractérisé par deux autres catégories, l'aspect et la voix. On notera que les formes verbales,modales ettem porellessontdesformes conjugantes alorsque l'aspectetlavoix demeurentdes formes conjuguées parlesprécédentes(parexemple,laforme d'aspecttranscen- dant avoir chanté se reconjugue exactement aux mêmes temps et modes que le verbe d'aspect immanent chanter, et j'ai chanté, loin d'être un temps dechanter n'est en fait que le présent deavoir chanté, un présent d'aspect parfait). Dans la langue française il existe trois modes grammaticaux. Dans le premier état de saréflexion, tel qu'il est formulé dans Temps ei verbe,G. Guillaume faisait une double distinction binaire : distinction du plan verbal et du plan nominal (ce dernier devient par la suite le mode quasi-nominal, avec les formes d'infinitif et de participes) ; puis dans le plan verbal, distinction du mode temporel ou actuel (l'indicatif) et du mode intemporel ou virtuel (le subjonctif). La conjugaison propre du verbe kançais sedivise endeux groupes : la conju- gaison dominante ou faible, caractérisée par un-r d'infinitif fermantetlesconjugaisonsnon dominantes ou fortes,carac- térisées par un-r d'infinitif ouvrant. L'intérêt de cette analyse réside dans la mise en évidence de la remarquable unité qu'a réalisée dans sa conjugaison du verbe unelangue commele français(ladémonstration apupar la suite être appliquée àd'autres langues comme l'anglais, l'allemand ou l'espagnol), unité qu'il faut naturellement LL1 70 74 88 163-165 LL3 : 65,66 LL4: 112 LLS :130,160,161 LSL : 120-123,250-269. TV :129 rechercher du côté psycho-systématique et non pas, car la langue tolère de ce côté une certaine irrégularité, du côté sémiologique : (...) sousiesirrégularités de ia conjugaison sémiologique, partout ettoujours se découvre ie même psychisme un et extrêmement systématisé, qui est celui des formes verbales françaises.g,u : 74) CONSONNE AX I A L E (axia! consonant) Consonne qui, dans le mot, sépare le radical de la partie morphologique postposée, autrement dit marque physique- ment le seuil mental inscrit dans le mot qui sépare l'idéation notionnelle de l'idéation formelle ou trans-notionnelle. En français, cette consonne joue unrôle très important, amuie &équemment à l'indicatif mais présente au subjonctif (j'entendslque j'enten-d-e), ou marquant la distinction de nombrej('entendsliisenten-d-ent jefinislils fini-ss-ent).Elle est régulièrement présente à l'imparfait, et connait des for- tunes diverses au passé simple(savoirlje saisj le sus, vivrej le visjle vécus). Elle est directeinent intéressée par les vocali- sations ou non vocalisations des désinences qui marquent le paysagechronogénétique français.Son étude,quoique fort compliquée du fait d'interférences phonétiques d'une part et du caractère relativement lâclie de la fonction sémiologique (loi de suffisance expressive) d'autre part, est cependant d'un intérêt considérable et malheureusement trop souvent négli- gée. En effet, les variations phonétiques sont encore trop souvent tenues pour des héritages aléatoires et mineurs. G. Guillaume voit en elles au contraire les traces visibles du travail systématique autant que le résultat des mises enforme physiques nécessaires à l'intercompréhension (analogie). Il appelle ainsi à une véritable grammaire comparée, dont il consiruit les bases avec la glossogénie, qui ne serait plus aveuglément et exclusivement toumée vers le phonétisme mais saurait retrouver sous le phonétisme les structures psy- chiques impliquées.