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Gwendal Idot - Dispositions
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GWENDAL IDOT
MEDUSES DE SEPTEMBRE :
LE CERF VOLANT ET LES MICRO-ONDES.
Dictionnaire des idées nouvelles et brèves en français.
Hiéroglyphes additionnels.
Avant-propos.
La culture est-elle défaite par le néolibéralisme, à l’ère du
digital ? Pour répondre à cette question, ce livre est une
enquête qui collecte les nouvelles idées brèves.
Une Brève est le mode d’expression adéquat de la pensée
contemporaine. Cela peut commencer par une abondance de
questions, pour cerner différents sujets et parvenir à entrer
dedans d’une nouvelle façon. L’expression a été excellemment
illustrée dans le livre de Gourio, Brèves de comptoir (Michel
Lafon). Les Brèves d’ici ont l’humour des chansons paillardes
qui tirent à boulets rouges par la fenêtre.
Parce que sinon la pensée unique, le positivisme ne tiennent
pas compte des différences, des singularités, dont l’écriture et
l’art rendent compte, et que le positivisme présente comme un
Gwendal Idot - Dispositions
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progrès la domination de la science hors de son domaine, ou
dans le meilleur des cas se contente de généralités vides, alors
j’ai rêvé qu’il serait possible d’écrire un livre qui valent quatre
milliards de thèses.
Il y a du bon et du mauvais, et en tout bon un diabolique point
G. Ceci est en partie grâce au ton, et à une dynamique qui est
cellede l’enquête qui souffle la tempête sur des feuilles mortes.
Gwendal Idot - Dispositions
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Si la science littéraire est une combinatoire, comme le projet
Oulipo en poésie, alors les éléments à combiner peuvent être
des définitions, des questions, des thèses…et elle peut avoir
plusieurs entrées soit par notions, soit par auteurs permettant
au public intéressé de participer en fonction de ses affinités, en
prenant la mesure des exigences attendues. Ainsi la science
littéraire peut devenir interactive.
ABSOLU.
 Degré suprême de l’être, qui, en même temps, ne dépend que de soi-même : l’être en
soipeut-il atteindre un état où ilexiste,et estvrai, sans condition ? Laquestion sepose
dès lors que l’on admet chez l’être humain un besoin d’absolu, qui n’est peut-être aussi
qu’un désir infantile qui le détourne de la réalité, à moins que ce soit deux choses
différentes, et auxquelles cherchent à répondre de différentes façon la religion, la
politique et aussi bien les idéologies semblables, qui parfois avancent avec le verni de
la science. Malgré les différences, chaque proposition de réponse se caractérise par le
dogmatisme.
ABSTRAIT.
 Le travail de l’écriture rencontre deux exigences opposées. La première est de s’élever
au niveau des concepts, abstraits, objectifs, et ne pas raconter sa vie. Ne serait-ce que
pour laisser la place à la parole des autres pour la discussion, l’argumentation,
l’opposition dialectique. La seconde est de ne pas sortir les propos de leur contexte,
où ils n’auraient plus de sens, et ils pourraient être facilement détournés à des fins
étrangères. Un concept peut se définir comme une représentation indépendante de la
réalité sensible. Platon semble avoir inventé le travail des concepts en ce sens.
Seulement une lecture plus avancée de Platon peut découvrir qu’il n’y a pas de
séparation entre le monde intelligible et le monde sensible chez Platon, et que celle-ci
est un schéma d’interprétation que les commentateurs postérieurs ont collés de
l’extérieur sur les propos de Platon. D’où l’importance de ne pas sortir les propos de
leur contexte. D’un autre point de vue il est possible de soutenir que les
commentateurs postérieurs avaient plus de recul que l’auteur sur ses propres théories,
et qu’ils ont simplement dégagerainsileur sens implicite. A l’époque moderne ce n’est
plus tellement l’opposition entre les Idées intelligibles et le monde sensible qui est
opérante, en revanche c’est l’opposition entre le concret et l’abstrait, non pas pour
Gwendal Idot - Dispositions
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décider lequel a le plus de réalité ou de valeur, mais lequel vient en premier ou en
seconde position dans l’ordre de la méthode scientifique. A savoir si le point de départ
est l’observation, ladescription des phénomènes regroupés, classésdans des concepts
généraux, qui même s’ils sont une proposition de rigueur, doivent restés ouverts des
modifications exigées par l’expérience, ou bien si le concret, la pratique doivent, au
contraire, être la finalité de la science dont les concepts abstraits se réalisent dans les
outils, et les technologies mises en œuvre pour changer le monde de manière
rationnelle. Toutefois la démarche scientifique en question est celle des sciences
humaines. Une telle opposition aurait du mal à l’appliquer aux concepts
mathématiques en vue par Platon (Ces concepts sont-ils abstraits de l’expérience
également ?), à moins qu’il n’y ait plus de réelle séparation entre la science et la
technique ? C’est l’enjeu des nouvelles sciences, ou idéologies scientifiques, comme la
datascience de faire disparaître la différence classique entre les deux, en soutenant
qu’elle est obsolète et non plus productive. Il en résulte qu’à l’ère de la réalité virtuelle
il n’y a plus rien d’abstrait, sauf les concepts de la non-philosophie.
 L’archéologie du savoir peut être parfois amenée à séparer certains éléments
textuels du contexte auquel ils ont été postérieurement ajoutés pour rétablir la vérité
scientifique ?
 La différence entre le travail des notions et le travail des concepts : les concepts sont
des notions sorties de leur contexte. Les concepts n’ont de plus-value qu’en s’élevant
au-dessus de l’expérience concrète et opérationnelle, pour accéder à une vue
d’ensemble, capable de survoler les différences, et s’imposer de manière Top-down à
la réalité. Tandis que les notions n’ont de sens que remises dans leur contexte. Elles
fonctionnent de manière Bottom-Up.
 Dans un autre domaine on peut aussi se demander si l'économie de moyens dans l'art
abstrait n'évacue pas la perspective, celle-ci est plutôt reconstituée dans la rêverie du
spectateur, non ?
 Peinture abstraite vs. conceptuelle ?
ABSURDE.
 L'inversion des valeurs: une croyance en l'absurde ?
ACCORD.
 Il y a un accord entre des éléments lorsqu’ils restent homogènes et soumis aux mêmes
principes, et ne font pas l’objet des traitements séparés. Un accord peut se baser sur
un principe d’égalité, ou de réciprocité, ou bien sur l’harmonie établie. Lorsqu’il y a un
désaccord entre des parties qui ne peuvent pas fonctionner ensemble, elles peuvent
être conduites à se séparer ou à se rejeter mutuellement, ou à s’empêcher d’agir. Par
exemple les sciences humaines se sont séparé de la philosophie au 19ème siècle, sans
pour autant rejoindre les sciences exactes, en formant une discipline intermédiaire. Il
est question d’un accord entre des notes de musique, ou des instruments qui sont
accordés, ou d’un accord parfois entre un sujet et un objet qui établit un critère de
vérité lorsque l’esprit est en accord avec ses propres exigences, ou un accord entre
une théorie et l’expérience, qui n’explique pas pour autant la réalité matérielle. Il est
aussiquestion d’un accord socialentre des dirigeants et des dirigés,ou entre les dirigés
en politique.
Gwendal Idot - Dispositions
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ACTE.
 Expliquer l’aphorisme de Nebenzahl-Deleuze : « Il n’y a pas d’action, seulement des
actes ». Une explication aussi courte que la formule à expliquer consiste à dire que la
philosophie du 19ème siècle est principalement une philosophie du sujet (le génie du
romantique, l’idéaliste allemand, l’homme d’action) , et que celle du 20ème siècle est
une philosophie de l’objet. Dès lors que c’est l’objet qui devient le centre de
l’attention, seuls des petits actes, dont la provenance passe souvent inaperçue, le
modifient. Cela se tient, seulement la distinction sujet/objet n’est pas pertinente dans
tous les cas.
 La psychanalyse est à la recherche de lapsus, d’actes manqués pour mettre à jour une
vérité cachée qui nous empêche de réaliser nos rêves dans la vie, tant qu’elle reste
refoulée dans l’inconscient ? Cependant des actes manqués volontairement n’ont pas
grand intérêt.
ACTEUR.
 Qu'est-ce que les acteurs de cinéma, lorsqu'on les écoute parler, sont vides,
insignifiants, comparés à des acteurs de théâtre !
AFFECTION.
 Des élèves peuvent avoir de l’affectionpour un professeur, en étant touché par ce qu’il
dit, c’est-à-dire éprouver du sentiment. En ce cas l’expression commune est de dire
que « Ca leur parle ». Cela impressionne. Parce que la pensée développée par le
professeur porte également un témoignage d’une vérité, une expérience. Un individu
dans le public peut ainsi être modifié dans ce qu’il pense au plus profond en écoutant
la parole, le « discours du maître » (Lacan), ici maintenant. C’est un mode de
transmission, et de formation, qui vise à apporter un apprentissage de l’esprit,
emportant avec lui les sentiments, que les élèves s’efforceront, par la suite de
développer, comme les impressions d’une photographie argentique. La question que
cela pose est celle de la relation entre l’esprit et les sentiments, la question de l’âme,
du contenu consistant ou vide dans une parole donnée.
AFFINITE.
 Lamarck : « Les affinités entre diverses sortes de matières sont-elles des forces qui
agissent, ou des convenances qui permettent ? » (Recherches sur l’organisation des
corps vivants, p. 131, Fayard)
AFFIRMATION.
 Le positif pur s'il s'affirme sans restriction, est en même temps sa propre négation ?
Comme la position devient intenable.
ALIENATION.
 Le fait d’être manipulé par différentes instances possibles, ou technologies, et de ne
pas être acteur de sa vie en conséquence, d’être vidé, spolié de son bien propre, ou
bien aussi le fait d’avoir acquis un mode d’existence entièrement dépendante d’un
environnement extérieur artificiel.
 Le travail permet d’échapper à une forme d’aliénation (la paresse, l’ennui...), c’est une
disposition vitale qui crée du lien social, et pas seulement une occupation pour passer
le temps, ou un gagne-pain, et pourtant il peut en produire d’autres formes
d’aliénations, de lobotomies, de névroses, de régression de l’individu ? L’aliénation
Gwendal Idot - Dispositions
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résulte de la domination, et de la répression exercées par la technique dans le travail
rationalisé qui tend vers une organisation totalitaire.
 Autrement l’aliénation est aussi simplement le fait pour un individu de renoncer à son
droit propre. Ainsi pour former le contrat social chaque individu est supposé laisser à
l’Etat la décision sur certains droits naturels. Cela est possible normalement sans
renoncer à sa qualité d’homme, et en gagnant le bénéfice de la citoyenneté, dès lors
que l’Etat laisse une place à la liberté individuelle hors du dispositif de contraintes qui
structure le corps social.
 L’identification s’oppose à l’aliénation, dans la mesure où le moi se constitue en
prenant des morceaux chez les autres, qu’il imite, cela n’implique pas qu’il s’y croit
dans un nouveau rôle automatiquement.
ALLEGORIE.
 Mandela : « Dans son allégorie des métaux, Platon classe les hommes en groupes d’or,
d’argent et de plomb. » (Un long chemin vers la liberté, p.736, Fayard)
AME.
 La question de l’âme semble devenue inactuelle : comment l’âme peut, ou pas, se
connaître elle-même ?
 L’âme psychologique est distincte du sujet qui pense dans les textes modernes
inspirés par Descartes, et d’ailleurs entre l’âme et le corps il n’y a pas de séparation
nette, puisque d’une part, pour la psychanalyse, le concept de pulsion fait le lien, à la
limite entre le psychique et le corporel, et que d’autre part, pour Descartes, les
passions de l’âme ne sont pas séparées du corps.
 Par-delà toute interprétation, par-delà les différences des mots employés, selon
Aristote, les états d’âme qu’ils signifient, et les états de choses correspondants qu’ils
figurent sont les mêmes pour tous.
 L’âme est-elle indépendante de la parole, comme le suggèrent les platoniciens, ou
bien a-t-elle besoin des mots pour exercer la pensée sans se dégrader en utilisant
langage par contrainte ? Un aphorisme de Michel Nebenzahl est le suivant : « Il n’y a
rien en dehors de la parole » (cela paraphrase volontairement la formule de Berkeley
disant « Il n’y a rien en dehors de la perception »).
 L’âme est-elle le mesure du mouvement et par là aussi du temps qui sont relatifs alors
que s’il existe un temps unique et régulier commun pour tous, c’est la mesure d’un
mouvement absolu qui n’a pas besoin de nous pour exister ?
 L’âme se projette dans des images photographiques instantanées, de même que
l’instant pour Kierkegaard, est la projection illusoire mais prometteuse de l’éternité
dans le temps qui passe ?
 Un aphorisme de Michel Nebenzahl sur l’âme est le suivant : « Le temps ne passe
pas ». Cela peut s’entendre des considérations inactuelles pour faire simple. Si le
monde entre dans le temps par l’intermédiaire du sens interne, comme le soutient
Kant, cela peut s’entendre aussi de l’inconscient qui ignore totalement le passage du
temps selonFreud, bien que les images utilisées dans nos rêves soientessentiellement
des images perçues la veille.
Gwendal Idot - Dispositions
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 Les moralistes attribuent à l’âme humaine un libre arbitre pour pouvoir plus
divinement censurer son impuissance, son inconstance, plutôt que d’y reconnaître la
puissance de la Nature. Car pour Spinoza ceux qui croient agir par une libre décision
de leur âme rêvent les yeux ouverts. Les hommes ne sont ni maîtres de leur appétits,
ni de leurs paroles. Pourtant même si l’âme n’est pas responsable de ses actes, elle en
subit forcément les conséquences.
 Le vivant n’est qu’une forme, et sans l’âme pour l’animer, il ne vit pas.
 Socrate : la preuve de l'immortalité de l'âme ne transgresse-t-elle pas l'avertissement
socratique de ne pas s'imaginer savoir ce qu'on ne sait pas ?
 Freud et Socrate face à l'oubli de la question de l'âme, dans la vie publique.
AMITIE.
 De l'amitié : Cicéron vs. Montaigne?
 Un définition de la philosophie pourrait être : Comment se faire des amis ?
 Socrate n'aime pas vraiment la tragédie, même si Euripide est son ami, car elle est,
pour lui, même pas un art, mais comme la rhétorique, une manière de savoir-faire des
flatteries? (Gorgias, Platon)
AMOUR.
 A défaut d’amour choisi, fait d’une rencontre simple, et de l’affection vitale qu’il
procure, l’individu cherche sans cesse des substituts dans des formes dérivées
d’ivresses (la drogue, le sexe..) avec lesquels il construit une réalité virtuelle sous
l’empire d’un destin dont il repousse l’horizon.
 L’essentiel est toujours de bien commencé une relation amoureuse, c’est le souvenir
des premiers moments d’étonnement qui permettra d’affronter les doutes de rester
ensemble ou pas plus tard.
 Une passion (littéraire, sportive…) laisse parfois peu de place à l’amour avec l’autre,
alors que sans lui il ne la passion se perd. Alors commencent les négociations dans les
relations sexuelles.
 Loin des yeux, loin du cœur : Les relations à distance sont-elles plus faciles à l’ère du
numérique, ou à la limite du virtuel ?
 L’amour estaveugle, ilne voit pas les signes de faiblesseetde doute de l’autre, ou bien
il fait tout ce qui est en son pouvoir pour entretenir la petite flamme aphrodisiaque ?
 La femme ukrainienne se place sur un piédestal au-dessus de la femme française,
comme canon esthétique, et elle aspire à avoir autant d’importance sociale, alors
qu’elle fait partie d’une société encore relativement traditionnaliste par rapport à la
société française ?
 Paradoxalement l’amour se mesure parfois à l’indifférence. Les parents sont parfois
apparemment indifférents au comportement de leurs enfants, afin de les laisser
apprendre de leurs propres erreurs.
 L’homme est sujet aux passions : de ce point de vue peut-on dire « il n’y a que des
sujets de la servitude volontaire » ? Si tel est le cas, à quoi peut-il servir de se
comprendre soi-même et la nature.
 Les parents connaissent aussi parfois des moments difficiles, de doutes, de déceptions,
de fatigue, et pas uniquement des moments heureux avec leurs enfants : si les parents
Gwendal Idot - Dispositions
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sont trop occupés par les tâches de la civilisation, et se détournent de leurs enfants,
que feront-ils de leur libido ?
 L’amour se mesure-t-il à la mortification notre amour propre?
 La perte des repères traditionnels en occident, met-elle fin au mariage ?
 Le mariage maintient-il une illusion sociale ?
 L’amour platonique vs. le dionysiaque ? Platon : “ Quant à l’Amour, érôs, parce qu’il
vient du dehors “ se couler dans“ l’âme, esreï, et que le courant, au lieu d’appartenir en
propre au sujet, est importé en lui par le canal des yeux, c’est pour ces raisons, que,
anciennement au moins, il s’appelait esros, dérivé de esreïn; nous employions en effet,
o à la place de ô, tandis que maintenant il s’appelle érôs, du fait que l’o s’est changé en
ô.“ (Cratyle, Platon, Oeuvre complètes, Pleiade, nrf Gallimard, Tome 1, p.661). On
interprète souvent l'amour platonique comme une forme d'orgie, ou de dépravation
des mœurs, parce qu'on découvre rétrospectivement à travers lui l'hédonisme, et
l'orientalisme grecs, mais c'est plutôt le contraire qui est vraisemblable, l'amour
platonique est essentiellement apollinien. Il indique le chemin vers un idéal auquel la
Renaissance a cru de nouveau possible dans les poésies de Michel Ange-Shakespeare.
 Brecht : la question de l'Amour, lequel est le vrai ou le faux (celui de la garde d’enfant,
ou celui de la mère biologique) ?
 Qu’est-ce que l’amour naturel, par opposition à l’amour platonique ? Darwin :
« …quand les amoureux se rencontrent, nous savons que leurs cœurs battent
rapidement, que leurs respirations s’accélèrent et que leurs visages rougissent ; car cet
amour n’est pas inactif comme celui de la mère pour son enfant. » (L’expression des
émotions chez l’homme et les animaux, p. 106, Rivage poche)
 Le pouvoir et la vie sont-ils compatibles ?
a. Mandela : « En amour, contrairement à la politique, en général, la prudence
n’est pas une vertu. Je n’étais pas assez confiant pour penser que je pouvais
réussir ni assez solide pour supporter l’idée d’un échec » (Un long chemin
vers la liberté, Fayard, p.102)
b. Machiavel contrairement à Mandela (qui admet une conception
aristotélicienne de la politique), pense que le politique doit se comporter
avec la fortune comme avec une femme.
 L’amour : remède universel et ou la cause d’un malheur fatal ?
c. Mujica : “The only good addiction is love” (Vote and see, Conversation with
Pepe Mujica, Syncretic Press, Dario Klein, p. 26)
d. Levi-Strauss : « La démarche scientifique est-elle condamnée à détruire son
objet d’analyse, pour lequel le savant ne peut pas ne pas avoir d’amour ni
d’empathie, au risque de ne pas le comprendre ? Sommes-nous condamnés
à détruire ce que nous aimons » ?
ANALYSE.
 Opération identifiant les points clefs qui constituent une situation complexe et
permettant de la clarifier. Plus spécifiquement dans l’expression « jugement
analytique » : opération qui permet de dégager ce qui est latent, ou implicite dans un
sujet de réflexion.
Gwendal Idot - Dispositions
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 Un raisonnement logique et a priori est analytique, alors qu’un raisonnement
mathématique est fécond et synthétique à condition qu’il ne soit pas purement
logique ?
 L'analyse de film en se servant de la fin pour éclairer le début, oublie-t-elle le fait que
l'auteur peut partir aussi, volontairement, d'un cliché avant de parvenir à travail
original?
 Russell critique la méthode dialectique du matérialisme historique, mais Marx a écrit
notamment le Capital en suivant non pas la méthode dialectique, mais la méthode
analytique anglaise ?
ANARCHIE.
 L’anarchie c’est la fin, la disparition de l’Etat. La disparition de l’Etat ne garantit pas
qu’une autre forme d’Etat en prenne simplement la place.
 Paradoxalement il faut parfois défendre la société contre l’Etat (ce qui semble
paradoxal surtout dans une République), et si ce n’est pas l’anarchie, c’est l’incivisme
face à la délinquance à cols blancs qui bénéficie d’une immunité provisoire au regard
de la justice ? C’est ce que montre les événements de la Commune de Paris dont Marx
est l’historien immortel.
1) L’anarchie : provoquée par l’oppression de la tyrannie, et appelant à une autre
tyrannie.
a. Lacan : "Le jour du triomphe des martyrs, c'est le feu universel" (Lacan dans
l'éthique de la psychanalyse, à la fin de ses études sur Antigone).
b. Le paradoxe est que lorsque les anarchistes (ex : Blanqui) imaginent la
société idéale qui remplacerait celle contre laquelle ils se battent, ils
imaginent une société avec un ordre plus strict que l'ordre existant. La
théorie de l’éternel retour est une théorie qui, comme Nietzsche le savait,
conduit à un ordre politique impérialiste (voir les notes de Benjamin à Paris,
capitale du XIXe siècle à ce sujet). Penser au retour éternel (Nietzsche):
théorie anarchiste moderne ou croyance indienne dans la réincarnation?
c. Dans son roman Voyage au pays de la 4ème dimension, Pawlowski revient
sur la conclusion du livre de Blanqui L'éternité par les astres. Blanqui, selon
Pawlowski, expose une théorie scientifiquement exacte sur les bases du
matérialisme, qui est la négation du progrès. Alors que, selon Benjamin,
manière dont Nietzsche fait référence à cette théorie, en la faisant exposée
par César, montre que Nietzsche y voyait surtout une menace impérialiste.
Or ce livre de Blanqui est considéré par Benjamin (Paris capitale du 19ème
siècle, Walter Benjamin) comme l'origine de la doctrine de l'éternel retour
dans la philosophie de Nietzsche. Il semble ainsi que les interprétations de
Pawlowski et celle de Benjamin finissent pas s'annuler ? (Benjamin vs.
Pawlowski).
d. L'éternel retour du même ou de ladifférence ? (Laruellevs.Deleuze) - Selon
Pawlowski la doctrine de l'éternel retour, reprise de Blanqui signifie
initialement l'éternel retour du même dans un sens matérialiste et nihiliste.
Or, Nietzsche s'oppose au nihilisme par ses considérations inactuelles.
L'inactuel (Nietzsche) semble rejoindre la 4ème dimension (Pawlowski) : la
Gwendal Idot - Dispositions
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placepour l'innovation, pour les idées nouvelles et singulières,l'accès àune
part d'immortalité à laquelle ne peut prétendre nul sosie dans l'infinie
pluralité des mondes possibles?
e. Mais Nietzsche contre Heidegger : critique du militarisme, dans Le Cas
Wagner?
2) L’anarchisme ou apolitisme ?
a. Benjamin : les Fleurs du mal (Baudelaire) sont-elles une œuvre nihiliste ou
anarchiste ?
b. Mallarmé : Jamais un coup de dés n'abolira le hasard.
c. Anarchisme et surréalisme : Artaud (le dionysiaque) et Prévert (la bohème
urbaine) ?
d. Ceci n'est pas de l'anarchie : l'Etat n'a plus aucun contenu substantiel ?
e. L’anarchisme ou l’utopie des pirates (Burroughs, Serres) ?
ANGOISSE.
 L’angoisse est-elle existentielle ou structurelle ?Sentiment éprouvé lorsqu’on n’a plus
d’autre alternative que de mentir pour sauver les apparences sociales, lorsque le moi
est conscient de sa servitude, et de son impuissance face aux exigences de la réalité, à
la sévérité des autres, et ses propres passions.
ANIMAUX.
 Les animaux ne parlent pas comme l’homme avec les mots du langage, en revanche ils
partagent des émotions, et disposent de systèmes de signes relativement codifiés et
élaboré selon les espèces, qui leur permet parfois de créer une relation avec l’homme,
et proposer des réponses innovantes à des situations bloquantes.
 Ce qui est l’essence même de l’homme, peut-il être ce qui est animal en lui ? Puisqu’il
s’agitdu désir selon Spinoza, et le désir implique une prise de risque, selon Bataille,qui
est reste une affaire de goût plus que de calcul raisonnable.
 La nature de l’homme se réalise-t-elle dans le lien social ?
1) L’évolution naturelle et la culture vont-elles en sens opposés ?
a. Selon Freud, l'odorat chez l'homme a diminué par rapport aux animaux.
L'odorat développé est-il une distinction culturelle (Le thème du parfum chez
Baudelaire) ou une régression vers l’instinct ?
b. Selon Darwin, la sélection naturelle aurait privilégié l'espèce humaine car elle
a un instinct de solidarité à l'opposé de la lutte des plus aptes ? (La Filiation de
l’homme et la sélection par le sexe, Darwin). Alors que l'individualisme
moderne est le plus égoïste, le plus narcissique, non ?
c. L'animal le plus social ou le plus cruel entre l'homme et le loup ? (Hélène
Grimaud)
d. Les animaux sont comme des machines, sans âme (Descartes).Or, les fontaines
sont des machines. Donc les animaux sont comme des fontaines ?
2) La différence sexuelle comme marqueur de la mode dans la cité, mais aussi dans
l’histoire des animaux, est-elle indigne d’une pensée vraiment libre de ses choix ?
a. Pour une sociologie animale ? La mode est un phénomène qui s'observe
également dans le règne animal : "De même que l'homme en vient à admirer
n'importe quelle mode vestimentaire fugace, de même chez l'oiseau un
Gwendal Idot - Dispositions
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changement, quel qu'il soit, affectant la structure ou la coloration des plumes
du mâle, paraît avoir suscité l'admiration de la femelle" (Darwin, La Filiation de
l'homme et la sélection liée au sexe, édition Syllepse, p.491)
b. Selon Laruelle dans le régime de la pensée non-philosophique l’homme et la
femme sont vraiment égaux (Ethique de l’étranger).
ANTIQUITE.
 Leopardi (Chants) : sur les traces du Discours de la première décade de Tite Live
(Machiavel) ?
 Jonathan Swift : nos ancêtres les Scythes ?
ANTHROPOCENTRISME.
 Illusion naturelle ou religieuse qui consiste à prendre l’homme pour le centre de toute
représentation du monde, et de toute vérité ? Ainsi le fait de croire que le monde a
été créé pour l’homme, ou que laTerre estle centre du monde. A dire vrai ilestdifficile
de déterminer s’il s’agit bien d’une illusion naturelle à l’homme, et alors si elle dérive
de causes anthropologiques, psychologiques ou sociales.
ANTHROPOLOGIE.
 L’anthropologie fait partie des sciences humaines (sociologie, ethnologie,
anthropologie, psychologie avec ses différentes branches, linguistique, biologie..) qui
sont apparues à partir du 19ème siècle à côté des sciences dites dures (les
mathématiques, la physique…), qui sont réputées plus rigoureuses. Avant d’acquérir
une méthode expérimentale et de s’élever au rang de sciences, les sciences humaines
ont fait partie de la philosophie. L’anthropologie a pour objet l’homme, et elle éclaire
la relation entre la nature humaine et la technique en particulier (l’impact des
nouvelles technologies sur les comportements ; la connaissance des cultures
différentes dans le monde ou bien au cours de l’histoire, en fonction des techniques
utilisées…).
 L’anthropologie selon Lévi-Strauss, est-elle un humanisme ? Ce qui contredirait la
thèse de Michel Foucault sur la mort de l’homme.
 L’anthropologie se distingue notamment de l’ethnologie. Ainsi l’ethnologue étudie le
mode vie des peuplades chez lesquelles persistent des traditions. Tandis que
l’anthropologue s’interroge sur le fait qu’ici les membres du clan mangent de la viande
crue, ce qui semble rompre avec la civilisation.
ANTROPOMORPHISME.
 Donner une forme humaine à une représentation, une force étrangère, par
identification, qui en apprend plus au spectateur externe sur la société à laquelle
l’auteur de la représentation appartient (ses croyances…) que sur ce qui est vraiment
représenté (inconnu, vide de consistance et de réalité). Par exemple donner une
représentation humaine à des représentations de divinités.
APHORISME.
 Deux aphorismes de Nebenzahl qui semblent se répéter ou se compléter : d'abord "Il
n'y a rien en dehors de la parole" (en forme de paraphrase de Berkeley sur la
perception) et ensuite "Il n'y a pas d'action, seulement des actes" (Entendez que c'est
la thèse de Deleuze dans ses livres sur le cinéma, à condition de ne pas tronçonner
l'œuvre de Deleuze en morceaux de choix, mais bien de l'appréhender comme un
Gwendal Idot - Dispositions
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tout). La parole et le discours ne s'opposent pas, bien qu'ils semblent s'opposer
d'abord comme liberté et système. Ils ne s'opposent pas comme la parole est en acte
lorsqu'elle s'élabore justement dans l'ordre du discours (Foucault), dans le contexte
des séminaires de l'université de Nanterre Paris X.
ANTAGONISME.
 C’estlorsqu’il y a du pour et du contre dans un sujet. Il y a un conflit. Par exemple entre
les représentants du pouvoir et ses ennemis ou son opposition. La résolution d’un
antagonisme peut se faire par le recours à la violence (verbale, physique) par défaut
d’autre expédient, ou de manière plus tempérée, plus démocratiques, plus juridiques
afin de ne pas laisser libre cours à la violence, aux voies de faits, et de temporiser par
un dispositif de prise de décision qui justifie, et arbitre.
 Un antagonisme estun conflit d’intérêts qui menace l’équilibre des relations. On parle
en ce sens del’antagonisme des classes sociales enfonction des inégalités derichesses,
de droit, de statut. Le principe du fonctionnement démocratique est de laisser
l’opposition s’exprimer. L’antagonismes de classe éclate lors à l’occasion de
manifestations publiques entre les représentants de l’ordre, ou la morale médiatisée,
ou les représentants de la politique d’une part, qui promeuvent certaines réformes, et
s’assoient sur un certain statu quo, et d’autre part, une partie de la population
mobilisée pour sasurvie, qui sevoit privée quelque part de ses moyens, ne sereconnait
pas dans les propositions politiques, et en lutte dès lors pour obtenir une
reconnaissance juridique, ou pour défendre des droits remis en cause par les
changements annoncés.
ANTINOMIE.
 Il y a antinomie entre deux thèses lorsque chacune rayonne uniquement que lorsque
l’autre décroit. Il semble y avoir une antinomie entre les livres de Platon et ceux de
Démocrite. (Platon voulait que tous les livres de Démocrite soient brûlés, disparaissent
dans le néant). Un autre exemple est l’antinomie entre empirisme et rationalisme
selon Dewey : « It is for this reason that the controversy is interminable. Each type of
theory of knowledge has flourished in virtue of the weakness of the other”. (Logic,
British Library, p. 808)
APODICTIQUE.
 Proposition dont la vérité se démontre comme étant entièrement incontestable.
Seulement le mystère est qu’il faille la démontrer, si elle est bien ce qu’elle affirme
être.
APOLOGIE.
 Les trois Apologies de Socrate : Platon, Xénophon, Isocrate. En fait, non, tous les
dialogues socratiques de Platon font partie d’une Apologie de Socrate. Ce qui fait 18
dialogues socratiques plus les Mémorables de Xénophon, plus le discours d’Isocrate
Contre les sophistes, soit au total : 20 apologies de Socrate ?
 Il existe trois Apologies de Socrate, mais aussi une Apologie de Diogène ? (Diogène le
cynique, La vie, les amours et les aventures de Diogène le Cynique, surnommé le
Socrate-fou, édition Hachette, BNF)
 Socrate ne connaissait pas suffisamment sa meilleure alliée : la rhétorique ?
APORIE.
Gwendal Idot - Dispositions
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 Obstacledu raisonnement. Plus généralement, aveu de lapensée qui a suiviun chemin
conduisant à une impasse. Exemples : La phénoménologie est-elle une aporie, selon le
dernier texte de Merleau-Ponty ? La philosophie, le cinéma sont-ils culturellement
morts à un moment donné, siles conditions de leurs activités ne sont plus réunies dans
la société ?
A POSTERIORI.
 Peut se dire de deux façons différente : 1) de ce qu’on ne peut que constater, en étant
au pied du mur, qu’on ne pouvait pas prévoir ; 2) ou bien ce qu’on statue après coup,
mais qu’on aurait pu ou dû prévoir.
APPARENCE.
 Ce qui est perçu à première vue, par les sens, de ce qui existe, et qui n’en donne qu’un
aspect choisi ou relatif à un point de vue. Même si cela peut être trompeur, une
illusion, et doit être souvent corrigé, ou ajusté, la vérité, ou la réalité en soi reste
inaccessible au-delà de l’apparence, et il semble qu’il n’est possible de s’en approcher
que progressivement en remplaçant une apparence première par une autre apparence
etc., et en améliorant son jugement. Cependant la vérité en face peut aussi être
aveuglante et insupportable pour qui n’a pas l’habitude de renoncer à ses illusions qui
lui donnent une première consolation.
APPETIT (DESIR).
 L’appétit, l’envie, le désir qui motivent les actes, les choix, s’opposent ou troublent la
possibilitéd’une décisionpurement rationnelle délibérante, pesant lepour et le contre
avant de choisir le meilleur en connaissance de cause et en toute transparence.
APPRENDRE.
1) Comment apprendre ? Question pour un normalien. Une définition de la
philosophie pourrait être la philosophie est apprendre à apprendre. Mais la
question qui travaille aussi chaque enseignant, et chaque étudiant confronté à une
discipline. On apprend dans un certain contexte, d’où il est défendu des sortir les
propos entendus, et où les écrits des étudiants sont évaluées (un bilan n’est pas un
résumé et tout ce voit pour le professeur).
a. Socrate : "Il n'y a pas d'enseignement, mais un ressouvenir" (Menon, Platon).
b. Galilée (Dialogue sur les deux grands systèmes du monde) indique que
l’enseignant peut aider à voir la vérité qu’aux personnes qui souhaitent déjà la
voir, qui sont déjà en recherche, qui ont déjà le désir de savoir.
c. Alors, demande le professeur, qui s’approprie la philosophie ? (Laruelle).
d. Qu’avez-vous appris ici (Nebenzahl) ?
e. On ne fait pas de la philosophie pour apprendre des topos, et réciter sa leçon
par cœur ? Comme la philosophie est une pensée en mouvement qui se
démontre en marchant ou qui avance en spirales par le travail des définitions
de notion, il s’ensuit que l’étudiant cherche à deviner surtout le contexte pour
accéder au même mode de pensée.
f. Alors, faut-il désapprendre la philosophie pour philosopher ? Déjà il faut
arriver à apprendre la philosophie peut-être en une première étape.
Autrement, c’est peut-être risqué de s’aventurer. Pour cela certains cours,
certains textes préparent peut-être mieux que d’autres qui ne semblent pas
Gwendal Idot - Dispositions
14
très rigoureux, ou pas faciles à comprendre, pas structurés, mais plutôt
improvisés comme une recherche ouverte, vers l’inconnu, sans forme
préétablie.
2) Pour apprendre du nouveau il faut avoir digéré l’ancien ou bien avoir su en faire
l’économie ?
a. Apprendre : s’approprier les paroles, ou les dits du professeur, ou les passages
des auteurs, pour se faire sa pensée, la modéliser, construire son identité, sa
culture. Seulement on ne comprend pas au début une pensée abstraite comme
les mathématiques, ou la non-philosophie, et il faut avancer sans comprendre
la structure derrière les énoncés insaisissables, quand on ne sait pas à quoi les
rattacher. A défaut de comprendre, certains étudiants qui sont touchés par ce
qu’ils entendent se mettent en mouvement de lire des livres dont ils ont
entendu parlé pendant le cours, pour essayer de comprendre.
b. Mais apprendre toujours, c’est la vie de l’esprit qui s’interroge sans cesse, c’est
être capable de changer de sujet, et d’avancer, en étant ouvert à ce qui est
nouveau, aller vers d’autres environnements, se les approprier également,
c’est une faculté d’adaptation, de ne pas rester fasciner par un discours si l’on
ne comprend pas vraiment.
c. Apprendre sans chercher à comprendre pour valider des tests, cela peut aider
? -Selon la psychanalyse (L'interprétation des rêves, Freud) tout ce qui passe
devant nos yeux est photographié dans l'inconscient et disponible pour les
images des rêves. Ainsi les images des rêves sont parfois très détaillées, mais
ce sont toujours ces perceptions antérieures, souvent de la veille, et nullement
des créations ex nihilo de l'imagination.Pour apprendre rapidement, ilsuffit de
se garantir de la mémoire de poisson rouge, en gardant des notes de ses
erreurs pour identifier plus facilement la configuration les éléments et
retrouver ladisposition correcte des éléments. Vouloir comprendre d'abord est
souvent une fausse excuse pour ne pas apprendre. Est-ce que pour apprendre
une langue on se demande à chaque mot pourquoi le mot est tel qu'il est ?
3) Qui s'approprie la philosophie ? Peut-on apprendre quelque chose aux autres s'ils
ne veulent pas savoir la vérité ? "Considérez en premier lieu quelles sont les choses
qu'une personne peut apprendre à une autre. Et vous trouverez que ce sont les
langues, l'histoire, les expériences, et les démonstrations claires et certaines qui
convainquent l'esprit, telles que sont celles des géomètres. Mais pour les opinions
et les maximes des philosophes, aussitôt qu'on les dit, on ne les enseigne pas pour
cela. (...) Et même plusieurs peuvent savoir la même chose, sans qu'aucun l'ait
apprise des autres. Et ilest ridicule et impertinent de s'amuser commevous le faites
avec tant de soin, à distinguer, dans la possession des sciences, ce qui est à vous et
ce qui n'en est pas, comme s'il s'agissait de la possession d'une terre, ou de quelque
somme d'argent. Si vous savez quelque chose, elle est entièrement à vous, encore
que vous l'ayez apprise d'un autre. Pourquoi donc, et quel droit avez-vous, ou plutôt
quelle maladie vous tient, qui vous empêche de pouvoir souffrir que les autres, qui
savent la même chose, puissent dire qu'elle leur appartient ?" (Lettre à Beeckman,
17 oct 1630, Descartes, Œuvres philosophiques, Garnier, p.174)
Gwendal Idot - Dispositions
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A PRIORI.
 Le terme a deux sens contraires : 1) Lorsqu’on dit d’une personne a des a priori, cela
veut dire qu’elle a des préjugés ; 2) Lorsqu’on dit qu’une réflexion doit être menée a
priori, cela veut dire qu’elle ne doit pas être influencée, orientée, par d’autres
connaissances, ou des intérêts subjectifs venant des sens, mais qu’elle est de source
purement rationnelle, et indépendante. Autrement aucun jugement nécessaire et
universel ne serait possible, si tout jugement dépendait entièrement de l’expérience.
Dans les textes l’usagede l’expression a priori a été marqué par le sens et l’importance
que l’expressionapris surtout dans les écrits de Kant : les propositions mathématiques
sont « synthétiques et a priori » selon Kant (Prolégomènes à toute métaphysique
future) et Poincaré ; le concept de causalité exige une cause a priori selon Kant
(Critique de laraison pure) et pas uniquement une généralisationde l’expérience basée
sur la force l’habitude et les répétitions selon Hume ; L’espace, selon Kant opposé ici à
Newton (Principes mathématiques de la philosophie naturelle), est une forme a priori
de notre réceptivité, et non pas une propriété des choses, ni une sorte de réservoir qui
les contient tel qu’un espaceabsolu ; les limites de laconnaissances doivent être fixées
a priori pour avoir une légitimité, selon Kant ; la Critique de la raison pratique est basée
sur un savoir a priori de ce que signifie être moral ou pas.
 A priori et a posteriori sont deux expressions latines de sens opposés. Un jugement a
posteriori est un jugement qui se base sur l’expérience reçue, sur les perceptions des
sens.
ARCHETYPE.
 Modèle parfait garantissant initialement la réalité et la vérité des copies
ressemblantes. On ne sait pas s’il garantit vraiment l’intérêt des copies, ou au
contraire s’il les discrédites comme de simples copies qu’elles sont.
ARBITRAIRE.
 Un lien arbitraire entre deux éléments, est un lien purement conventionnel, qui ne
suppose entre eux aucune attache naturelle. Sous ce rapport un signe se distingue
d’une symbole.
 Le despotisme est arbitraire dans la mesure où le despote est au-dessus des lois.
L’arbitraire n’a pas de limite, il court le risque d’excès, il est imprévisible. L’idée de
justice s’oppose aux décisions arbitraires dans la cité, et favorise le respect des Lois.
ARITHMETIQUE.
 L’arithmétique et la géométrie sont deux branches principales des mathématiques à
l’âges classique qui ont en commun leur caractère démonstratif et qui ont contribué à
élever les mathématiques en modèle pour les autres sciences. A la différence de la
géométrie, l’arithmétique a pour objets les nombres que l’on retrouve dans les lois de
la nature. L’arithmétique procède également par induction à partir de lois analytiques
a priori.
ARCHITECTURE.
 Architecture : Venise vs. Florence?
ARGENT.
 Où se trouve l'agence carte bleue qui renouvelle les cartes ? Dans les pays de l’Est ou
en Afrique. Ce sont des pays qui ont de plus en plus de ressortissants hautement
Gwendal Idot - Dispositions
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qualifiés et expérimentés en informatique. Et, où se trouvent les fraudeurs, selon les
statistiques de l’agence bancaire, qui rend compte aux assurances lorsqu’il y a une
fraude à la carte bleue interceptée avant de parvenir au client ? Pareil.
 Aujourd’hui le contribuable paie un impôt à la source, et ensuite des régularisations
qui sont des montants assez élevés, et tout cela varie chaque mois. Autrement dit, le
contribuable paie deux fois l’impôt, et il ne connait pratiquement jamais le montant
d’impôt qu’il doit payer pour une année donnée ?
 En France chaque banque développe ses propres applications digitales. Un salarié
d’une banque qui change d’employeur doit réapprendre à partir de zéro, comment se
servir des applications informatiques nouvelles. En conséquence elles sont souvent
archaïques. Il n’y a aucune norme standard entre les applications de différentes
banques. C’est une opportunité de marché ou un risque majeur de fraude ?
ARISTOCRATIE.
 Aristocratie vs. Démocratie (Platon vs. Démocrite) ?
ART.
 Est-ce possible de définir l’art dans un premier temps simplement comme un substitut
visant àremplacer ce que l’on n’a pas, pour commencer, par un travail de l’imagination
avec des moyens techniques plastiques, permettant de produire une imitation d’un
objet imaginaire, avec plus ou moins de qualité ? Partant de là les témoignages de
progrès artistiques améliorent la qualité de vie, le lien social. Ensuite plusieurs
questions permettent d’examiner l’objet d’art, l’activité artistique :
 L’art a-t-il pour finalité de faire ressembler la vie à un rêve où tout est possible ?
Comme il partage avec le mythe l’imaginaire venant d’un instinct de vie indomptée.
 L’art prend-il uniquement l’apparence qui l’intéresse des choses, ou bien l’artiste est-
il capable d’expliquer comment sont faits les objets qu’il représente ?
 S’il n’en prend que une apparence du moins lui confère-t-il un sens nouveau qui
valorise l’objet ?
 L’art plait-ilparce qu’il paraît libre manifestation des désirs ou parce qu’il aune qualité
unique fruit d’une maîtrise rare ?
 L’art va-t-il contre la morale à un désir de vie, ou bien la satisfaction des désirs ne se
contente pas de l’art ?
 L’art dresse-t-il un lien entre le monde privé des rêves et le monde commun de la
veille ?
 Libère-t-il de l’oppression sociale ou reflète-t-il de l’ère du temps ?
 Réconcilie-t-il les gens avec les techniques ?
 Les échanges artistiques ont-ils une plus-value dans les liens sociaux ?
 L’art est-il réservé aux loisirs des riches, ou bien est-il ouvert à tous ?
 Qu’est-ce qui est de l’art et ce qui n’en est pas ?
a. L’art semble pouvoir prendre toutes les formes. C’est une question de forme,
et de pratique esthétique et politique. L’artiste est quelqu’un qui invente des
formes, et c’est pour cela qu’il est souvent anticonformiste, et qu’on lui prête
des pouvoirs magiques, comme il sait faire des choses que les autres ne savent
pas faire. Dans la cité l’art a un pouvoir libérateur sur le public à l’égard des
Gwendal Idot - Dispositions
17
formes standards, stéréotypées, et du politiquement correct qui exercent leurs
tyrannies discrètes.
b. C’est le public, in fine, qui aime et qui décide ce qui est de l’art ou pas de façon
démocratique. L’artiste est élu par son public et il développe les dons
artistiques de son public.
c. La question se pose différemment : l’art n’est-il pas plutôt un moyen
d’expression et de libération des passions, ou un moyen de glorification des
puissants ? Paradoxalement celaestcensé toucher le public et en même temps
créer de la représentation, c’est-à-dire une distanciation supposée rendre le
public intelligent par rapport à ce qui est représenté.
d. Pour dire les choses le plus simplement possible l’art imite la vie, c’est une
manière de parler, de s’exposer, de se déplacer et de tisser des relations entre
des personnages ou des figures sur une toile, une scène, dans un livre… qui
produit de l’inspiration.
e. L’art est mort parce que le marché de l’art valorise et reconnait des artistes
sans aucun talent ?
f. L'art est-il étranger au besoin? Russell vs. Hegel : "Art is thought by some to be
independent of sex, but this view has fewer adherents now than it had in former
times. It is fairly clear that the impulse to every kind of aesthetic creation is
psychologically connected with courtship, not necessarily in any direct or
obvious way, but none the less profooundly. (...) Art in the past has had popular
basisn and this has depended upon joy of life. Joy of life, in its turn, depends
upon a certain spontaneity in regard to sex. (...) One of the most dangerous
fallacies of the conventional moralists is the reduction of sex to the sexual act,
in order to be the better able to belabour it (...) The sexual freedom that the
artist needs is freedom to love, not the gross freedom to relieve the bodily need
with some unknown woman (...) If art is to revive after the world has been
Americanized, it will be necessary the America should change (...) Nothing in
America isso painful to the traveller as the lack joy. (...) Menwhose grandfather
danced to the music of the pipe in Balkan or Polish villages sit thoughout the
day glued to their desks, amid typewriters and telephones, serious, important
and worthless..." (The basic writings of Bertrand Russell, Russell, Routledge,
p.330-331)
g. Un art nazi ou fasciste est-il possible ou un contresens ? "Certain good things
such as art and science and friendship, can flourish very well in an aristocratic
society. They existed in Greece on a basis of slavery; they exist among ourselves
on a basis of exploitation. But love, in the form of sympathy, or benevolence,
cannot existfreely in an aristocratic society". (Basicwritings ofBertrand Russell,
Russell, Routledge, p.360)
 Quelles sont les différentes formes de l’art les plus générales ?
a. La différences entre l'art antique et l’art chrétien : représenter des individus
qui se suffisent à eux-mêmes (notamment dans la sculpture), ou des relations
entre les personnages ?
Gwendal Idot - Dispositions
18
b. L’art chrétien : signes historiques, ou symboles d'universalité ? Mais
finalement l'art abstrait : un retour à l'antiquité ?
c. La musique : imiter les passions ou inventer une nouvelle sensibilité ?
d. La danse : suivre la musique avec les gestes, ou suivre une chorégraphie?
e. L'homme est mort, mais pas son théâtre ?
f. Le cinéma est mort, mais pas la corrida ?
 Hitchcock a-t-il inventé le storyboard et porté les techniques de la
télévision au cinéma ?
 Gabin : "On dira ce qu'on veut, mais ce sont les acteurs qui traduisent"
(interview).
g. Le Cubisme renoue-t-il avec le style archaïque par le schématisme de
présentation qui fait l'économie d'un certain réalisme ?
h. Intellectualisation ou démocratisation de l’œuvre d’art ? (Duchamp vs. Beuys)
Duchamp : antisystème, anti-social, ni symboliste, ni naturaliste, et critique
par-dessus le marché du marché de l'art?
 Le Grand verre (Duchamp) : L'artiste, épris de la femme de son collègue
Picabia (Gabrièle Buffet-Picabia), aurait-il sublimé son désir impossible
dans son œuvre ?
 Duchamp : un artiste qui utilise les moyens techniques d'expression de
son époque, qui n'appartiennent plus à l'histoire de la peinture, et qui
fait le pont entre l’internationalité de l'avant-garde et la polytechnique
de fête foraine ?
 Toute réponse à la question de l'art, dans l'art moderne ou post
moderne, ne peut-elle être qu'un acte social dépendant de la situation
historique ?
 Ready made (Duchamp) : En art il n'y a pas d'action, mais uniquement
des actes ? Il n'y a rien en dehors de la parole (lorsqu'elle est en acte, et
non quand elle est vide bien sûr), comme peut l'être une perception,
une gestuelle ?
 Sans l'art les monuments du passé tomberaient-ils dans l'insignifiant ?
i. L’esthétique moderne et l’interprétation des rêves :
 La peinture peut-elle être vraiment abstraite, car la plus abstraite,
comme la plus figurative, vise toujours à faire rêver le spectateur avec
des moyens différents, et le rêve est toujours figuratif lui-même, car il
est composé à partir des images de la veille ?
 L'œuvre d'art moderne n'a plus un sens évident, et elle pose davantage
des questions, et fonctionne par évocations, suggestions, provocation.
 De l'espace aristotélicien dans la peinture au début de l'ère chrétienne
(Riegl) aux premières images-mouvement (Deleuze) dans la peinture ?
j. L’art digital : non art ?
 L' "art digital" (ex. Pascal Dalous; Jean François Colonna...) : que peut
attendre l'esthétique de l'informatique en terme de qualité :
régressions expérimentales du mode de la perception de l'image au
bénéfice uniquement d'une recherche informatique ou des productions
Gwendal Idot - Dispositions
19
de la pensée technique basées sur une unité sacrée du vrai et du beau
(ex. : Gregory Bateson; Jean Claude Perez...) ?
 Les arts emportés sont-ils devenus inactuels ?
ARTIFICIEL.
 Intelligence artificielle : religion qui ne supporte pas la liberté de parole ?
ASTROLOGIE.
 Comte met-il sur le même plan astrologie et astronomie ?
ASTRONOMIE.
 Comment distinguer astronomie et philosophie dans l’antiquité en Grèce et en Chine ?
"Tandis que chez les Grecs, l'astronome est un philosophe, un ami de la vérité, une
individualité scientifique sans mandat officiel, le plus souvent en délicatesse avec le
clergé de sa cité; en Chine au contraire l'astronomie est intimement liée au souverain
pontificat du Fils du Ciel. Elle est une fonction de l'Etat; elle est l'expression de l'ordre
social et religieux." (Saussure, Les origines de l'astronomie chinoise, p. 180, Librairie
orientale et américaine, Maisonneuve Frères - Editeurs )
ATHEISME.
 Quel est le comble de l'athée? Quel est le comble du protestant? Quel athée avait
gagné la confiance de deux papes successifs? - Machiavel. Quelle hérésie est-ce là
d’accuser Hegel d'athéisme?
 L'athéisme est-il hors-la-loi aux USAs dans le monde des affaires? -La raison du procès
de Socrate, de Russell.
ATTRIBUT.
 D'un côté il semble qu'il y ait une contradiction chez Descartes à dire que la volonté
n'est qu'un mode de l'âme, et en même temps qu'elle soit infinie, à l'image du
créateur, alors que l'âme humaine dont l'essence est de penser est finie ? D'un autre
côté pour Spinoza si l'entendement humain n'est qu'une partie finie de l'entendement
divin infini, il semble alors que l'être humain n'a plus d'individualité?
 Dans les textes de philosophie classique (Descartes, Leibniz, Spinoza avec des
différences entre eux), pour comprendre la logique interne, l’attribut exprime CE
qu’EST une substance, un sujet. Il faut le distinguer du mode qui exprime COMMENT il
EST.
AURA.
 L'aura de Walter Benjamin : Comment s’approprier les concepts religieux pour les
libérer de la pensée religieuse ? Associer la notion d'aura avec son opposé, c'est à dire
ce qui est habituel. Il s'agit par là d'un effet photographique, notamment d'amener à
la conscience ce qui jusqu'alors lui avait échappé.
 L'aura(Benjamin) : laphotographie établit-elleune continuité entre le monde terrestre
et le ciel étoilé qui était refusée au télescope lorsque Galilée montra ses images ?
AUTONOMIE.
 Être autonome, c’est être indépendant dans ses décisions, afin de laisser en elles ses
désirs s’exprimer, seréaliser,et ne pas céder aux pressions externes automatiquement
sans réfléchir, sans réserve, et affirmer son pouvoir de prendre ainsi des décisions en
connaissance de cause, avec un esprit critique, en acceptant des risques mesurés. Cela
Gwendal Idot - Dispositions
20
veut dire connaître sa marge de manœuvre et suivre la raison pour ne pas prendre des
risques inconsidérés. C’est sans doute le rôle de la loi de préserver une zone
d’autonomie pour l’action individuelle.
 Le contraire de l’autonomie est un régime d’esclavage sous l’autorité d’un Etat
totalitaire. Alors le numérique favorise-t-il les initiatives individuelles et la liberté ou
bien est-il une extension du pouvoir de l’Etat, et de la bureaucratie des
fonctionnaires ?
 L’autonomie de la science est-elle tenable dans une société numérique ?
 Saussure vs. Hegel : Les lois de la logique ne gouvernent pas le monde, pas même le
monde scientifique, et nombreux sont les facteurs limitant l'indépendance de la
pensée ?
AUTORITE.
 Elle a un certain monopole de la force, naturelle acquis ou pas s’il vient de l’expérience
acquise, des titres obtenus ou pas. Alors l’autorité est une affirmation de valeur, de
domaine, qui permet ou pas à d’autres d’y appartenir, en fonction d’une norme
définie, dans un certain contexte, un lieu donné de relation.
 L’autorité peut se justifier par des titres réels, et la nécessité dans un groupe ou une
organisation, ou la cité d’avoir des repères et des rôles avec des responsabilités
marqués
 L’autorité se manifester par des signes extérieurs éclatants,spectaculaires,qui ne sont
pas toujours justifiés.
 L’autorité se manifeste aussi par le consentement, le besoin des autres d’avoir un rôle
occupé par une personne identifiée au sein d’une organisation pour le bon
fonctionnement des process, et l’amélioration de la communication interne.
 L’autorité est aussi une personne désignée dans l’organisation pour avoir une tête à
couper, autrement dit une personne coupable identifiée d’avance, si jamais rien ne
fonctionne pas comme attendu.
 L’autorité donne un pouvoir de prendre des décisions et une responsabilité pour
rendre des comptes ?
 Le paternalisme, la bienveillance, sont-ils des prétextes au service de l’atteinte des
objectifs ?
 Hors de son domaine de maîtrise le plus grand savant peut perdre pieds et passer du
coq-à-l'âne ?
 Dérives sectaires et personnalité autoritaire ?
 La personnalité autoritaire aux Etats-Unis : Le cas Harry Bennett ?
AUTRE
 Dans l’exercice de l’écriture, lorsqu’il y a plus ou moins du soin apporté, l’auteur
prévoit laplacede l’autre, et pourtant ilne s’agitpas de semettre àla placedes autres.
 L’égalité devant la mort : nous rend-elle responsables les uns des autres, ou bien la
finitude nous met-elle devant un non-sens ?
 La reconnaissance réciproque en tant que conscience de soi, entre des sujets
indépendants et libres, s’obtient-elle par une lutte à mort, ou par la seule apparence
d’un visage humain ?
Gwendal Idot - Dispositions
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 Est-ce la société ou la morale qui garantit l’interdit de l’inceste, et d’abuser des
mineurs ?
 L’exploitation des autres est-elle la base de la société ?
 Que veut le désir au fond de soi : rencontrer d’autres consciences qui désirent
également, ou un souverain bien incorporel ?
 L’idée de Dieu : miroir de l’Altérité ?
 Où sont les autres : dans le collectif, ou intégrés dans ma personnalité ?
 Autrui : une finalité en soi, ou de la nourriture pour augmenter mon égoïsme ?
 Laruelle (Ethique de l'Etranger): L'un et l'autre peuvent-ils être le même ?
 Lévinas : la place de l'autre dans les monologues d'Husserl ?
 L’altérité : une forme d’inhumanité dans l’être humain à l’état latent ?
AVANT-GARDE.
 L'étude panofskienne de Norbert-Bertrand Barbe sur le chef d'œuvre de Marcel
Duchamp ne conduit-elle pas à faire comme siune œuvre abstraite était figurative afin
de sauver l'interprétation de la représentation ?
 Pinoncelli (1993) frappe la Fontaine (Duchamp, 1917) : S'agit-il d'un acte à la manière
de Duchamp ou bien acte de vandalisme et un attentat au musée imaginaire (Malraux)
?
AVENIR.
 Construire des villes sous-marines pour vivre après la fonte des pôles?
 Est-ce le désir d’aller plus loin qui construit son propre avenir ?
 L'avenir peut venir du moteur à eau, qui est encore sous-exploité..
 Construire son avenir c’est se déjouer du destin, ou le prendre en main ?
AVENTURE.

AVEUGLEMENT
 Il suffit souvent de croire qu’on ne fait que suivre son propre intérêt pour s’aveugler
soi-même. Cela montre que la connaissance de soi est paradoxale.
 La vérité peut être aveuglante, dans le sens où tenir une proposition pour vraie, et
principale, du jour au lendemain, alors qu’on ne l’a avouée, qu’en affirmant qu’elle
avait une valeur négligeable pendant des années, et qu’on a construit sa personnalité,
ses relations avec autrui en fonction de cette croyance, cela peut bouleverser tout sa
pensée, et demander un délai long afin de réévaluer le sens de ses souvenirs depuis
plusieurs années. Cependant c’est à ce prix que parfois l’individu avec des secrets de
famille dans son inconscient, peut parvenir à se libérer du destin.
 Que peut représenter une année pour une personne qui n'admet pas que la Terre
tourne autour du Soleil? Même libéré des préjugés coloniaux, la pensée sauvage n'a
pas pour finalité d'enjoliver la réalité : "Le sauvage, qui ne sait même pas
approximativement son âge, se soucie peu de compter les lunes." (Les origines de
l'astronomie chinoise, Saussure, p. 119, Librairie orientale et américaine, Maisonneuve
Frères - Editeurs). Pourtant elle réussit là où le modèle occidental échouera.
AXIOME.
Gwendal Idot - Dispositions
22
 En géométrie un axiome d’Euclide, par exemple, est de dire qu’entre deux points la
ligne droite est la plus courte distance.
BACCHANALE.
 Faust : une bacchanale ?
BARBARIE.
 Adorno (Dialectique négative) a fait d'Auschwitz l'échec de la métaphysique
hégélienne, mais pourtant il y a plusieurs pages des Cours d'esthétique (tome 1) de
Hegel qui condamnent clairement toute forme de nazisme ?
BEATITUDE.
 La béatitude, la conquête du bonheur, est la finalité de toute éthique (religieuse,
philosophique…) qui peut guider la manière de vivre des individus ou des
communautés religieuses. A l’époque moderne il semble que la question ait été très
peu renouvelée depuis l’âge classique, excepté chez quelques auteurs (Freud, Russell,
Darwin, Laruelle, Levinas, Bateson…).
 La béatitude peut-elle être réduite à une question d’attitude positive ou non dans la
cité, face à la pensée unique de la société de consommation ? Le suprême bien est-il
une question relative, un choix laissé à chaque individu qui appartient à sa vie privée.
 « Le mieux est l’ennemi du bien » dit l’expression populaire, pour signifier qu’il faut
savoir se contenter d’un bien qui est accessible, plutôt que courir après des illusions.
 Un autre paradoxe retrouvé par les auteurs anthropologues américains (Margaret
Mead, Gregory Bateson) est que pour atteindre un but, le plus sûr moyen parfois, que
conseille la sagesse, est de « lâcher prise ».
 Lorsqu’on parle de quelqu’un qui a un « sourire béat », satisfait de soi, ou idiot,
incrédule. Ainsi parfois les aînés affichent un « sourire béat » lorsqu’ils écoutent les
plus jeunes.
 Souverain bien : Ce que peut viser de plus haut l’être humain, comme une synthèse,
un superlatifde tous les autres désirs (Est-ce que c’est une grande maison, ou une belle
voiture, le pouvoir politique, un pouvoir d’achat élevé, ou une femme sexy, des enfants
brillants… ?) chez un être humain qui estéquilibré, et non pas névrosé, ou troublé dans
des souvenirs désagréables anormaux, mais purifié de certains désirs potentiellement
mal placés, illusoires, excessifs.
 La conquête du dionysiaque de la sagesse dans la philofolie vs. la légitimation du
bonheur bourgeois ?
 Si vous deviez partir sur une île déserte, quel livre emporteriez-vous ? Michel
Nebenzahl : « L’Ethique (Spinoza) pour occuper la journée, et Nietzsche pour les
soirées. »
 Nebenzahl : « Chaque année je fais une retraite, pendant quelque temps je pars pour
m’isoler, et j’emporte toujours avec moi, uniquement la musique de Webern ».
 La béatitude : Est-ce simplement pouvoir joindre l’utile et d’agréable, si c’est à la
portée de tous ?
BEAU.
 Idéal du beau en soi auquel l’amour platonique s’efforce d’accéder de manière
intellectuelle et paradoxale, en se détournant du beau sensible, qui est cependant son
Gwendal Idot - Dispositions
23
point de départ. Si le beau est objectif et universel, pourtant ne dit-on pas « Entre les
goûts et les couleurs, on ne discute pas », ce qui veut dire que le beau est entièrement
subjectif ?
 L’art fait durer la beauté plus longtemps que dans la vie, et aspire à une beauté
éternelle ?
 Les beautés de la nature que la science nous révèle ne sont accessibles qu’en
surmontant la répugnance que nous inspire l’animalité, l’aspect des araignées, tout
comme la vue du sang, l’aspect des cadavres ?
 Qu'est-ce que l'essence du Beau en soi : un discours brillant et reconnu comme tel, ou
une recherche sans fin dans le langage ? (Hippias majeur, Platon)
 Le Beau est ce qui a du pouvoir, le Laid est ce qui est impuissant ? (Hippias majeur,
Platon)
 L'antinomie du beau et du vrai chez Descartes où l'esthétique n'est abordée que pour
être écartée ? Il ne faut pas s'étonner selon Descartes de trouver parfois plus de
sagessedans lapoésie que dans les écrits des philosophes. La raison de cette merveille
est que l'enthousiasme, l'imagination font sortir de telles sentences dans les poésies
(les Idylles d'Ausone) avec plus de facilité et d'éclat que la Raison dans les écrits des
philosophes, comme elles sont présentes à l'état latent dans l'esprit de tous les
hommes. Mais si l'on ne sépare pas la Sagesse et la Philosophie, alors la poésie semble
conduire à la Philosophie. Mais il faut noter aussi que les vrais savants pour discerner
la vérité se réfèrent à des principes simples et intelligibles : " Mais c'est un défaut
commun aux mortels que de croire plus belles les choses difficiles; et la plupart d'entre
eux n'estiment savoir rien qui vaille, quand ils aperçoivent la cause, parfaitement claire
et simple, de quelque phénomène". (Olympiques, Œuvres philosophiques de Descartes,
Garnier, p. 56; Règles pour la direction de l'esprit, Règle IX, Descartes, p. 124)
 L'antinomie du beau et du vrai chez Descartes où l'esthétique n'est abordée que pour
être écartée, comme uniquement subjective : "Vous m'empêchez autant de me
demander de combien une consonnance est plus agréable qu'une autre, que si vous me
demandiez de combien les fruits me sont plus agréables à manger que les poissons (...)
Pour votre question, savoir si on peut établir la raison du beau, c'est tout de même que
ce que vous demandiez auparavant, pourquoi un son est plus agréable que l'autre,
sinon que le mot de beau semble plus particulièrement se rapporter au sens de la vue.
Mais généralement, ni le beau ni l'agréable ne signifient rien qu'un rapport de notre
jugement à l'objet; et parce que les jugements des hommes sont si différents, on ne
peut dire que le beau ni l'agréable aient aucune mesure déterminée..." (Lettres à
Mersenne, 4Mars, 18 Mars 1630, Œuvres philosophiques, Descartes,vol.1, p.246, 251)
Finalement, l'objet est jugé beau quand, selon notre inclination naturelle, il laisse
quelque chose à désirer, sans pour autant nous imposer, pour atteindre ce "quelque
chose", un effort trop difficile à accomplir (Début de l'abrégé sur la musique, Œuvres
philosophiques, Descartes, vol. 1, p.30)
BESOIN.
 Le besoin s’oppose aux plaisirs nuisibles, excessifs. Cependant la moindre satisfaction
d’un besoin peut-elle se concevoir sans un calcul des risques ?
Gwendal Idot - Dispositions
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 Lacollectivité tente de satisfaireles besoins des individus, mais produit inévitablement
des frustrations alors que pourtant l’individu a aussi besoin du groupe ? La satisfaction
des besoins pris en compte par la société ne fait pas suffisamment envie. Pour cela les
entreprises privées visent à créer toujours de nouveaux besoins qui ne sont plus
seulement naturels. Ce que les gens cherchent n’est-ce pas des « goûts différents » ?
Le besoin de changement, et de se distinguer sont-ils plus fondamentaux, vitaux que
la satisfaction des besoins physiques ?
BIEN.
 Platon : « Le bien, agathon, voilà certainement un nom qui veut s’appliquer à ce qu’il y
a, dans la nature entière, de « digne d’admiration », agaston ; puisqu’il y a marche des
êtres, il s’ensuit en effetqu’à leur marche est inhérente la rapidité, maisinhérente aussi
la lenteur ; ce n’est donc pas tout, mais une partie du tout, qui est « digne
d’admiration », savoir le « rapide », agaston-thoon. » (Cratyle, Platon, Œuvres
complètes, Pléiade, nrf, Gallimard, Tome 1, p.650)
 J’appelle bien ce que je désire, parce que je le désire, ou bien est-ce la vertu
individuelle, ou la justice qui seules peuvent prétendre faire le bien ?
 Peut-on refuser le Bien, et comme Sartre, ou Don Juan, s’opposer à Dieu, même s’il
existait ?
 La différence entre le mal/ bien est-elle une affaire de morale, ou de justice pénale ?
 Le malin est-il plus intéressant, et plus capable de tenir compte des différences
singulières, alors que le bien désigne toujours une généralité vide ?
BIOLOGIE.
 La biologie (Lamarck) : présupposé philosophique de toute biopolitique ?
 La Monadologie se conforme-t-elle à la marche suivie par la nature dans la production
du vivant ?
 L'intelligence artificielle et les failles du darwinisme ?
BONHEUR.
 Le plus court chemin pour être heureux : lire et écrire ?
 Relire Descartes : "Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage..." (Du Bellay) ?
 Bonheur : Tous les droits ou juste le maximum pour un minimum de devoirs ?
 Le bonheur est-ce simplement le fait de joindre non pas seulement les deux bouts à la
fin du mois, mais l’utile et l’agréable ?
 L’activité intellectuelle est-elle un bonheur en soi, qui produit sa propre drogue, et se
satisfait d’apprendre sans cesse et à tout âge?
 Le bonheur qui s’obtient par la sagesse en se détournant de l’imagination n’est pas le
bonheur, si cela consiste à se rassurer, et se fermer des portes ?
 L’argent ne faitpas le bonheur : « Les héritiers de Jean de Witt furent tellementsurpris
de voir Spinoza leur renvoyer letitre de pension auquel ilavait droit, qu’ils lesupplièrent
d’accepter ce qu’ils lui avaient tout d’abord contesté » (Philosophie du travail,
Pawlowski, p. 194, BNF)
BON SENS.
 Le positivisme aplatit la critique, il reste le problème du bon sens?
BOUC EMISSAIRE.
Gwendal Idot - Dispositions
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 Si Platon écrit l’apologie de Socrate, Socrate fait-il l’apologie des boucs émissaires en
général ? (Gorgias, Platon)
BRICOLAGE.
 Dans le cas d'une action bricoleuse de la nature, on comprend l'existence de
particularités de structure inutiles, comme les erreurs de Darwin sont bien prises en
compte par le darwinisme ?
 Perez vs. Raoult : le darwinisme et son dépassement ?
 Dépasser Darwin (Perez) : il serait naïf et non scientifique de décréter que toute
séquence d'ADN humain se doit d'être plus évoluée que les séquences comparables
issues d'autres espèces ?
BUREAUCRATIE.
 St-Exupéry vs. les lois de Parkinson : C'est l'Horloger qui manque le plus dans une
administration qui n'est pas personne dépendante ? Mais pourtant on pensait qu'on
n'en était plus au courage de Platon : il n'y a pas d'action, seulement des actes ? St-
Exupéry : "En somme je fais mon métier. Je n'éprouve rien d'autre que le plaisir
physique d'actes nourris de sens qui se suffisent à eux-mêmes. Je n'éprouve ni le
sentiment d'un grand danger (...), ni le sentiment d'un grand devoir. Le combat entre
l'Occident et le nazisme devient, cette fois-ci, à l'échelle de mes actes, une action sur
des manettes, des leviers et des robinets. C'est bien ainsi." (Pilote de guerre, p. 39)
 La bureaucratie c’est une organisation qui imite le modèle de la fonction publique où
tout le monde est fonctionnaire de l’Etat, ou bien une dérive organisationnelle dont
même le service public tente de se défaire ?
 Ce n’est pas l’Etat qui délègue à des entreprises privées la prise en charge des services
publics, c’est plutôt l’informatique qui rend l’Etat omnipuissant ?
CA.
 Le ça désigne tout ce qui a été refoulé et qui reste maintenu dans l’inconscient par le
moi de tout un chacun, et que la psychanalyse freudienne (Le moi et le ça, in Essais de
psychanalyse, Freud, trad. Laplanche, éditions Payot) , en tant que psychologie des
profondeurs, inversement ramène à la surface afin que le moi gagne du terrain, se
renforce, en s’en réappropriant le contenu, et qu’il puisse ensuite devenir plus
indépendant du Sur-moi. Autrement, constate la psychanalyse, notre moi est agi par
des forces inconnus, tirailléqu’il est entre les passions du ça,les exigences de laréalité,
et celles du Sur-moi, le moi ne peut alors, que sauver les apparences, sous le masque
du bon sens. Le bon sens n’est qu’un moyen de se faire une raison, de se donner une
justification rationnelle, et de cacher la triple servitude du moi.
CACHE, INVISIBLE.
 La littérature au 20ème siècle semble être entré dans l’ère du soupçon, où le lecteur de
roman, et du théâtre apprend à lire entre les lignes du dialogue, à chercher un double
sens, à débusquer les sous-entendus. Il est devenu toujours plus difficile de pour les
auteurs de s’exprimer dans un style simple et clair, et s’ils y arrivent ce n’est peut-être
pas ce à quoi s’attacheront les lecteurs en premier ?
CARICATURE.
Gwendal Idot - Dispositions
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 On se bat avec les armes qu'on a en général. Par exemple, un artiste face à des brutes,
spontanément fera plutôt des caricatures et refusera de prendre un fusil. Est-ce de
l'hypocrisie vraiment ou du machiavélisme ? De même, les scolastiques ont souvent
eu l'étiquette d'être hypocritement soumis à l'Eglise en public, et opposés à elle en
privé. Mais avaient-ils les mêmes armes que les protestants ou les cartésiens ? Les
scolastiques étaient plus exposés à être brûlés pour hérésie, au moindre écart.
 Avant l'invention de photographie, l'essor de la caricature dans la presse au 19ème
siècle pose déjà la question du droit à l'image, ou du crime de lèse-majesté plus
exactement, lors du procès de l'auteur des caricatures de Louis-Philippe en forme de
poire.
CARACTERE.
 Mandela : La vie en prison comme le théâtre grec montre ce qui arrive à un caractère
qui ne plie pas dans les situations les plus difficiles? (Un long chemin vers la liberté, p.
551, Fayard)
CAPITALISME.
1. Petite histoire du capitalisme : Avant.
a. L’origine.
 La figure de l’avare : Balzac (Gobseck) et Molière ?
 A l’origine du capitalisme : pas d’opposition entre mission de
service public et entrepreneuriat ?
 Les compagnons du devoir n’ont-ils pas inventé la notion de
métier par vocation, tout autant que le calvinisme ?
b. Le capitalisme sauvage du XIXème.
 La République bourgeoise : célébrée par l’holocauste des
ouvriers ou celle des paysans ?
 W. Benjamin et M. Weber : le capitalisme comme religion au-
delà de l’anarchisme ? (Bibliographie : Fragments, Walter
Benjamin, édition PUF ; Sociologie des religions, Max Weber).
 Peut-on réduire le capitalisme aux règles du jeu du Monopoly ?
 L'anticapitalisme : Comment vivre sans avoir aucune dette ?
(Spinoza, Nebenzahl)
2. Petite histoire du capitalisme : Maintenant.
a. Capitalisme du XXème siècle.
 Russell critique du système keynésien trop abstrait, et critique
du pragmatisme américain (Logique trop pragmatique) ?
 Le capitalisme ne serait totalitaire qu’en terme de discours,
selon Lyotard : non pas au sens d’une politique totalitaire, mais
seulement parce qu’il implique une hégémonie du discours
économique ?
 La critique libérale du régime communiste n'en a pas moins
profité au progrès de labureaucratie par ladigitalisation.En cela
on voit que la victoire du régime libérale est une illusion.
Finalement à l'ère du réchauffement climatique, le seul modèle
Gwendal Idot - Dispositions
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économique valable est peut-être le communisme des tribus
archaïques ?
b. Capitalisme du XIXème siècle.
 L’économie sans capital est-elle condamnée à répéter l’histoire
du XIXème (Marx La guerre civile en France, et Les luttes de
classes en France) ?
 Le capitalisme sans capital (il reste le -isme) : une contre
révolution bourgeoise qui ne change rien ?
 Face àlapauvreté dans le monde Mujicapréconise une initiative
néo-keynésienne d’envergure internationale (Vote and see,
p.112, Dario Klein, Syncretic Press) ?
3. Conclusion en forme de questions ouvertes : le virus face au capitalisme.
a. Désespoir du confinement (le radeau de la Méduse): où sont passés les
sans-abri? -Dans des appartements vides? - Perdu.
b. Espoir : Comme dans la fin du roman de Wells, La guerre des mondes.
L’humanité sera-t-elle sauvée par des virus contre la politique
martienne libérale ou bien celle-cifinira-t-ellepar imposer auxcadavres
qui votent blanc une ultime réforme de la retraite ?
CARACTERE.
 Mandela : La vie en prison comme le théâtre grec montre ce qui arrive à un caractère
qui ne plie pas dans les situations les plus difficiles? (Un long chemin vers la liberté, p.
551, Fayard)
CATHARSIS.
 C’est la finalité de certaines formes artistiques (traditionnellement la tragédie) de
provoquer des émotions, et partant de là de purifier l’âme d’émotions refoulées.
 Le paradoxe est que l’art en devenant un ultime refuge aux émotions refoulées, et un
moyen de dénoncer laréalité d’un ordre établi, réconcilieen même temps avecce qu’il
dénonce et qu’au fond il ne peut renverser, ni détruire pour satisfaire les forces
chaotiques de l’individu.
CATEGORIE.
 Cadre préalable dans lequel la pensée interroge et identifie la réalité, comme un
avocat interroge un accusé. Assigner un avocat à un accusé se dit en grec ancien
« categorein ». Dans la pratique technique, on dit également qu’un consultant
technique est assigné à un ticket incident (bien souvent on dit en fait qu’on assigne un
ticket à un consultant technique au lieu de l’inverse).
 Dans un plan détaillé les parties et sous-parties et sous-sous-parties : les idées sont
essentiellement séparées par des catégories, ou reliées par un même fil conducteur ?
 Pourquoi faire systématiquement un plan en trois parties dans une dissertation ?
o Thèse / Antithèse / Synthèse.
 Les catégories sont-elles en vue du montage du plan adéquat ? Celles issuesdes études
de droit :
o Exemple :
Gwendal Idot - Dispositions
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I. Notion dedirective communautaire.
II. Régimespécifique (transposition dansledroitnational)
A. Obligationde transpositionpesantsurles Etatsmembres.
B. Sanctionsen cas de non-transposition.
(a) Action en manquementdevantla CJCE (Cour de
Justice des Communautéseuropéennes)
(b) Rôle du juge national.
o Plans descriptifs et généraux.
 Notion / Régime ; Conditions / Effets ; Domaine / Portée ; Critères /
Conséquences ; Principe / Exceptions ; Droit commun / Droits
particuliers ; Droit interne / Droit international ; Légal / Contractuel ;
Légal / Jurisprudentiel ; Titulaire du droit / Contenu.
o Plans comparatifs et parlants.
 Ressemblances / Différences ; Forces / Faiblesses ; Distinction /
Conséquences ; Diminution / Augmentation ; Stabilité / Evolution.
o Plans techniques et nuancés.
 Fait / Droit ; Antinomie de la volonté / Ordre public ; Individuel /
Collectif ; Patrimoniaux / Extra-patrimoniaux ; Créancier / Débiteur ;
Contractuel / Délictuel ; Résiliation / Résolution ; Exécution /
Inexécution ; Nullité absolue / Nullité relative ; Contractants / Tiers ;
Contractuel / Judiciaire ; Par la loi / Par le contrat ; Sanctions civiles /
Sanctions pénales.
o Plans chronologiques ou naturels.
 Avant la loi (ou l’arrêt) / Après ; Droit positif / Ce qu’il faut modifier ;
Formation / Exécution / Rupture ; Création / Effets / Extinction.
o Plans intellectuelles et philosophiques (pour le travail des concepts)
 La lettre / L’esprit ; Droit / Devoir ; Devoir / Obligation ; Incitation /
Obligation ; La fin / Les moyens ; Intérêts / Dangers ; Apparences /
Réalité ; Legal / Licite / Légitime ; Utile / Indispensable ; Pouvoir /
Vouloir.
o Plans d’une institution ou d’une organisation.
 Composition / Rôle ; Composition / Fonctionnement / Attributions ;
Rôle légal / Rôle réel.
o Plans d’une famille ou un ensemble.
 Union / Désunion ; Divorces gracieux / Divorces contentieux ; Epoux /
Parents ; Epouse / Mère ; Filiation légitime / Filiation naturelle ; Effets
personnels / Effets patrimoniaux.
CAUSE.
 Je commence par repérer quelques exemples pour introduire le sujet. Voici mon
premier exemple : Cela s’appelle la « crise de la trentaine chez les femmes». Soudain,
le comportement de la femme dans un couple répond de manière différente, et le
partenaire en couple ne comprend pas pourquoi, il constate simplement qu’il est
nécessaire de changer tous les projets qu’ils avaient en commun. A posteriori on
s’interroge sur la cause, qui est liée simplement au besoin d’avoir un enfant.
Gwendal Idot - Dispositions
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 Second exemple : D’une autre façon, il peut se produire qu’un individu échoue dans
tous ses projets professionnels sans savoir pourquoi, cela ne lui ressemble pas, et il se
sens physiquement déstructuré par des forces chaotiques qu’il ne peut désigner
autrement qu’en les appelant ses « démons du passé ». Son passé ne lui appartient
plus. Il doit tâcher de se le réapproprier. Pour cela il doit trouver une cause… capable
de renverser la vapeur, s’il lui donne un sens différent.
 Troisième exemple : A l’ère numérique, de nombreuses professions sont amenées à se
convertir pour internaliser dans leur entreprise la gestion d’incidents informatiques.
Celle-ci se fait souvent sur le mode de l’urgence, mais pour capitaliser sur l’expérience
sur la durée elle emprunte aux méthodes scientifiques expérimentales la recherche de
la cause racine, de l’origine de l’incident.
 Dans le domaine de la morale l’hypothèse du libre-arbitre est avancée lorsque nous
avons conscience de notre volonté qui détermine, ou cause nos actes, et que nous
ignorons les autres causes extérieures qui nous déterminent ? C’est pourquoi
lorsqu’on cherche une cause racine et une origine, il est plus juste de se poser cinq fois
la question « pourquoi ? », même si nous n’avons pas généralement de réponse à ces
questions.
o Ce qui est cause de soi-même est une contradiction, ou bien échappe à notre
compréhension ? Comme le libre-arbitre suppose une volonté absolue.
o La cause détermine un effet, autrement dit un effet est formé par une cause
ou des circonstances.
o Le passé détermine le présent ?
o L’homme est asservit aux passions que lui donne la nature, et ce n’est même
pas une question d’avoir une âme forte ou faible ?
o L’essentiel n’est pas de faire des photos, ce n’est pas une fin en soi, c’est ce
qu’on fait des photos qu’on fait qui compte ?
 Dans le domaine de la physique moderne, l’idée que l’esprit scientifique postule un
déterminisme universel est dépassée, et le déterminisme de la science est régional, ou
probabiliste, et non plus absolu comme au temps de Laplace. Cependant, la démarche
des sciences positives n’est même plus d’expliquer en donnant les causes, mais
uniquement d’établir des lois constantes entre les phénomènes, afin de faire des
prévisions rationnelles ?
 Selo la Physique d’Aristote il existe trois causes possibles : la nécessité aveugle ; la
production artificielle ; et la finalité naturelle.
 La cause finale : explication puérile, honteuse, ou paresseuse ?
 La cause finale n’épuise pas la nécessité de trouver une cause efficiente. Par exemple,
définir la philosophie comme une machine textuelle faite par un philosophe, selon la
non-philosophie, explique le fonctionnement des textes, mais pas encore leur mode
de production ?
CENSURE.
 Voici non le moindre des paradoxes de la non-philosophie : Laruelle a beaucoup fait
pour définir et défendre une philosophie normale, c’est-à-dire une philosophie qui
rejette de la famille des philosophes des éléments non-philosophiques, qui ne sont
pourtant intégrés non plus dans la non-philosophie standard. Le cas de Kierkegaard
Gwendal Idot - Dispositions
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est le plus connu. Selon Laruelle « Kierkegaard est certes un penseur, mais non un
philosophe ». Il n’y a rien de plus paradoxal en effet que la non-philosophie se trouve
en situation de défendre une philosophie normale et standard. On comprend que
pour définir la non-philosophie, il faut être tombé d’accord sur ce que la philosophie
est ou n’est pas.
 La censure est un mécanisme de rejet, qui repousse ou refoule dans le néant, les
éléments qui tendaient à exister ou à faire partie de la même famille.
 C’est un processus normatif qui maintient l’ordre du discours, et limite ce qui peut
être dit ou pas. Le reste étant anormal.
 L’affirmation de soipeut dans une certaine mesure s’opposer àla censure ou chercher
comment la contourner, ou attendre le bon moment pour passer, ou se révéler être
malade plutôt, et à bout de force.
 Platon se défie d'Homère qu'il exclut de sa République, mais est-ce que c'est dans le
même sens que lorsque Bodin condamnera le théâtre dans ses livres sur la
République, au temps de Shakespeare? En fait,Platon sedéfie surtout de la théogonie
(Homère, également Hésiode), car les procès pour impiété se multiplient à Athènes :
Anaxagore, Socrate, Prodicos (plus tard Aristote). Alors Platon contre la religion : la
méthode de la censure, barrage contre la menace d'inquisition ?
CERTITUDE.
 La certitude pose la question des critères de la vérité, qui semble souvent difficile à
expliquer en elle-même, comme elle s’identifie à ce qui est lumineux et éblouissant. Il
est pourtant nécessaire d’identifier des méthodes pour la mettre en avant, l’isoler du
reste, la regarder en face pour la simple raison qu’il ne suffit pas de l’obtenir, il faut
également souvent être capable de convaincre les autres de partager le même point
de vue, comme étant le plus objectif. Or, chacun est persuadé de détenir la vérité dans
son périmètre d’activité. La vérité pose dès lors indirectement, la question de l’avenir
des illusions qui persistent en fondant sur des croyances indéracinables. D’autant plus
que la vérité scientifique, si elle est dominante, est pourtant amenée à être dépassée
à un moment donné.
 Nécessaire et vraie, hors d’atteinte du doute, c’est-à-dire évidente ou convaincante
une fois qu’elle a été montrée suffisamment clairement et distinctement ou par force
de démonstration et de calcul. Dès lors la question se pose de savoir s’il y a des degrés
de certitude, et ce qui doit être posé en premier comme le plus certain, ou le plus
immédiat pour pouvoir fonder le reste. Ainsi il y a des degrés du savoir.
o Cela peut être la certitude d’une pensée dont il est question, si toutefois elle
déjoue les pièges grammaticaux du langage,
o ou d’une notion simpleet première, dont ilest question, à condition de pouvoir
la définir toutefois,
o ou de l’existence même, qui pourtant résiste à être pensée,
o ou de réalité du monde extérieur, qui n’est que dans la perception.
 La certitude de mourir peut s’opposer à la certitude de l’éternité, et aussi à l’espoir de
l’avenir.
CHANGEMENT.
Gwendal Idot - Dispositions
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 Le changement est le passage du présent à un autre présent. Il peut être continu ou
disruptif. Le changement d’organisation vers le numérique implique une
transformation des outils traditionnels, et des vieux métiers, cela demande de la
souplesse et le moins de rigidité possible de la part de ceux qui effectuent ce
changement, pour pouvoir utiliser et développer des applications permissives, en les
faisant évoluer pour réduire les incidents, et laisser la place aux usages faits par les
clients pour qu’ils se les approprient.
 La conduite du changement dans les organisations se heurte parfois à une perte de
sens qui résulte du changement pour le changement. Le numérique remet ainsi en
cause une vérité héraclitéenne selon laquelle tout change, excepté le changement lui-
même. Non pas qu’il s’agisse de remettre en cause le besoin de changement, même
d’apparence, mais la plus-value qu’il peut y avoir ou pas.
 Un paradoxe qui n’est pas des moindre est que ce qu’on pouvait faire avant l’arrivée
des nouvelles technologies, on ne puisse plus le faire avec les nouvelles technologie à
disposition.
 Le changement du numérique déplace les limites entre le monde privé et le monde
public, ainsi que l’espace de travail. Les problèmes qui se posent sont en terme de
respect des droits de la vie privée : si la juridiction évolue aussi vite ou si un vide
juridique est permissif ?
 Des questions se posent aussi sur le fait que les technologies créent des inégalités
parmi ceux qui y ont accès ou pas, et qui peuvent rencontrer des difficultés à accéder
aux services publics.
 La proposition de valeur du numérique est des applications intuitives et ludiques qui
transforment le travail à l’œuvre dans les vieux métiers en plaisir. Cependant, les
plaisirs nés de l’utilisation des jeux électroniques s’ils conditionnent à avoir les bons
réflexes pour favoriser l’usage intuitif des applications, en contrepartie rendent
normale, et banalisent la manifestation de perversités qui exercent une influence
destructrice sur le lien social.
 Le paradoxe au final est qu’en réalité, derrière ce qu’on appelle le changement, il n’y
a aucun changement réel, dans le sens d’un passage du passé au présent. Il y a
simplement une régression des comportements individuels, un fracture sociale
grandissante entre les anciens et les nouvelles générations qui perdent accès aux
sources qui peuvent les rendre autonomes.
 La promotion du changement et de la digitalisation comme domaine de débouché
pour des nouveaux métiers repose sur une vieille idée de l'économiste J. B. Say qui est
un sophisme que Keynes a mis en évidence en son temps. Il s'agit de l'hypothèse
fondamentale que "le système économique travaille constamment à pleine capacité,
de telle sorte qu'une activité nouvelle se substituerait toujours et ne s'ajouterait jamais
à une autre activité" (La théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie,
Keynes, p. 8, Préface, Payot). En effet, supposer cela, comme le fait le gouvernement
en France aujourd'hui, revient tout simplement à ne pas reconnaître la réalité du
chômage, ni des cycles économiques.
 Le capitalisme sans capital est-il un leurre ou un nouveau paradigme ?
Gwendal Idot - Dispositions
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 Le chômage involontaire est-il comme un inconscient économique ?
 Keynes explique la persistance des schémas de pensée classique, pas la persistance
des schémas de pensée marxiste ?
 Laruelle explique la persistance des schémas de pensée philosophique dans une
théorie générale non-philosophique ?
 La question de l'Etat illimité grâce à l'informatique n'est pas une invention actuelle,
c'est une question latente qui est connue depuis 1978 (L'informatisation de la société,
Alain Minc et Simon Nora, éd. Seuil, 1978), et qui est seulement révélée par la crise
sanitaire ?
CHATIMENT.
 Le châtiment pénal peut être défini comme la forme que prend le destin, lorsqu’un
individu est « rattrapé par son passé », et qu’on n’a pas su se réapproprier le passé,
alors qu’il nous déterminait sans le savoir. En ce sens le châtiment suppose une
personne adulte et responsable pour avoir un sens.
 Le châtiment que les parents infligent aux enfants, est la punissions qui les attend s’il
commettent un écart de discipline, alors qu’ils ont été prévenus.
 Un paradoxe est que ces deux définitions en réalité peuvent être totalement opposées.
 Le châtiment est dans tous les cas une mortification de notre amour propre, une
sanction d’abord externe, dont le sens est d’être intériorisée par la victime, qui
reconnait avoir mérité cela.
 Le châtiment peut être aussi un stimulant de le pulsions vitales, qui réveille des désirs
sado-maso. Alors tout dépend le degré, pour savoir s’il peut provoquer le plaisir ou s’il
dépasseun seuil vital, en quel cas iln’est plus que tourment et non-sens pour la victime
malheureuse.
CHOIX
 « Qui ne choisit pas triche » : Cette maxime éthique semble s’appliquer à d’autres
domaines et pas seulement en amour, comme le dit Freud (Malaise dans la
civilisation) ?
 La différence sexuelle étant le fruit du hasard, n’est pas digne des généralités de la
pensée comme celleénoncée dans laproposition suivante : « Toute différence estune
approximation de l’identité » ? La force de pensée est l’affirmation des choix,
décisions, selon Laruelle (Ethique de l’Etranger), et celle qui est propre au régime de la
pensée non-philosophique semble supérieure à celle propre à la philosophie en tant
que texte transmis, ou machine à produire certains types de textes ou certains
énoncés.
 Pour être libre, et ne pas être le reflet d’un coup de tête, un choix suppose la
délibération selon Aristote (Ethique à Nicomaque), mais cela peut sembler toujours
arbitraire de décréter que tel choix est un coup de tête et tel autre est libre ?
 Selon le niveau des réponses à des attentes exprimées la marge de liberté nécessaire
estplus ou moins importante afind’assurer que les réponses soient optimisées, malgré
la pression des faits ?
 Faire des choix et les assumer, par des actes, en fonction des risques que l’on peut
mesurer, est la démarche d’une pensée qui se prend en main, sans se laisser
Gwendal Idot - Dispositions
33
simplement déterminée par la pression d’un destin extérieur, et participe à la
constitution des réalités collectives qui s’imposeront ensuite au groupe comme
normes, des repères externes, et comme devenus indépendants la volonté humaine ?
CHOSE.
 Une chose identifiée, reconnue ou nommée est-elle un objet qui présuppose un sujet,
homme pour recevoir un nom qui lui est propre et ajusté à son essence ? Ou bien le
sens des mots est-il enfermé dans le langage, dans ses rapports aux autres mots ?
 Les choses en soi sont-elles contenues dans un espace absolu hors de nous, comme le
propose Newton (Principes mathématiques de la philosophie naturelle), ou bien si
l’espace est la forme de notre sensibilité comme le propose Kant (Critique de la Raison
pure), alors les choses sont-elles également contenues en nous finalement ?
CHARISME.
 Le charisme c’est le chef naturel, ou le héros qui portent un rôle comme un choix du
destin, du peuple, ou du public, ou de la famille de manière qu’ils en viennent à avoir
besoin d’eux ? Pourtant Brecht nous prévient gentiment : « Malheur au peuple qui a
besoin de héros ».
 Max Weber : « L’expression de « charisme » doit être comprise dans les analyses qui
suivent comme une qualité extraquotidienne attachée à un homme (peu importe que
cette qualité soit réelle, supposée ou prétendue). « Autorité charismatique » signifie
donc : une domination (qu’elle soit plutôt externe ou plutôt interne) exercée sur des
hommes, à laquelle les dominés se plient en vertu de la croyance en cette qualité
attachée à cette personne en particulier. Le magicien, le prophète, le chef
d’expéditions de chasse ou de rapine, le chef de guerre, le maître « à la César »,
éventuellement le chef de parti dans sa personne, représentent ce type de dominant
(Herrscher) dans ses rapports à ses disciples, à sa suite, à la troupe qu’il a levée, au
parti, etc. La légitimité de leur domination repose sur la croyance et l’abandon à
l’extraordinaire, à ce qui dépasse les qualités humaines normales et qui pour cela
même se trouve valorisé (comme surnaturel, à l’origine). Cette légitimité repose donc
sur la croyance en la magie, en une révélation ou en un héros, croyance qui a sa source
dans la « confirmation » de la qualité charismatique par des miracles, des victoires et
d’autres succès, autrement dit des bienfaits apportés aux dominés… » (Sociologie des
religions, M. Weber, p.370, Tel Gallimard)
CHEF.
 Le vrai chef dans un groupe est peut-être celui qui contrôle le pouvoir, par le contrôle
de sa seule parole ? Ce qui rend les pièces de Shakespeare, et de Racine extrêmement
réalistes lorsqu’elles mettent en scène des personnes occupant des fonctions au
pouvoir, c’est qu’effectivement la maîtrise de langue semble être l’instrument du
pouvoir. Dans l’ordre du discours les mots ont un pouvoir symbolique comme
marques de distinction et ont une efficacitéqui échappe à ceux qui n’en comprennent
pas les sens, alors qu’ils en subissent les décisions qui s’appliquent dans l’ordre du
discours où ils se situent.
 Bateson aattiré l’attention sur les moyens de reconnaître chez les groupes animaliers,
le chef naturel.
Gwendal Idot - Dispositions
34
 Un chef est-il le leader devant tout le monde, ou invisible et derrière l'équipe ? Il
semble que cette réflexion soit récurrente dans l'autobiographie de Nelson Mandela
: " Je me suis toujours efforcé d'écouter ce que chacun avait à dire dans une discussion
avant d'émettre ma propre opinion. (...) Je n'ai jamais oublié l'axiome du régent : un
chef,disait-il, est comme un berger. Il reste derrière son troupeau, illaisse leplus alerte
partir en tête, et les autres suivent sans se rendre compte qu'ils ont tout le temps été
dirigés par-derrière (...) En droit en et philosophie, on pose la question : "Quis custodiet
ipsos custodes?" (Qui gardera les gardiens?) Si le préfet ne respecte pas le règlement,
comment peut-on espérer que les élèves le fassent ? En effet, le préfet était au-dessus
de la loi parce qu'il était la loi et un préfet n'était pas censé en dénoncer un autre. (…)
Je n’avais ni la sécurité ni letemps nécessaires pour discuter de cesquestions avec mon
organisation. Je savais que me camarades (…) condamneraient ma proposition et
qu’ils tueraient mon initiative dans l’œuf. Il y a des moments où un responsable doit
marcher en avant du troupeau, partir dans une nouvelle direction, en se fiant à lui-
même pour s’assurer qu’il mène son peuple sur le bon chemin. En fin de compte, mon
isolement fournissait une excuse à mon organisation au cas où les choses tourneraient
mal ." (Un long chemin vers la liberté, Mandela, Fayard, pp. 31- 53, 634)
 « Quel genre d’avocat et de chef espères-tu être si ne connais pas la langue de ton
propre peuple ? » (Un long chemin vers la liberté, Mandela, p. 105, Fayard)
 Giscard d'Estaing (Le pouvoir et la vie) vs. Nelson Mandela : Comment lire Tolstoï
(Guerre et Paix) ? Mandela : "Le portrait du général Koutouzov, que tout le monde
sous-estimait à la cour du tzar, m'a particulièrement frappé. Koutouzov a vaincu
Napoléon précisément parce qu'il n'était pas influencé par les valeurs superficielles de
la cour et parce qu'il prenait ses décisions à partir d'une compréhension viscérale de
des hommes et de son peuple. Cela m'a rappelé une nouvelle fois que pour bien
conduire son peuple, il faut le connaître parfaitement" (Un long chemin vers la liberté,
Fayard, p.594, Mandela). Aujourd'hui de quel politique peut-on dire "Celui-là connaît
bien les français" ? - Aucun. dans la classe politique française, il sont tous bons à être
expédiés sur Mars en aller simple dès que la fusée est prête au décollage.
 Où trouver un maître qui n'ait pas besoin lui-même d'un maître? Kant vs. Mujica :
"...take the Kung San, from the Kalahari Desert. When anthropologists asked them,
"Don't you have a leader?" they answered, "No, we're our own leaders" (...) Think of
how a person always needs a tribe. And when doesn't have one, he becomes a
Barcelona or a RealMadrid fan..." (p. 44, Vote and see,conversation with Pepe Mujica,
Dario Klein, Syncretic Press)
CHOIX.
 Le choix fait, marque une décision prise, un parti pris volontaire, assumé, qui a mis fin
à une question, qui a été remplacée par une affirmation. Le choix libère en permettant
de passer à autre chose.
 Laquestion estde savoir à quelles conditions un choix faitpeut-il vraiment être assumé
ensuite. Le degré de liberté d’un individu se mesure-t-il à la marge de manœuvre dans
les options qui se présentent à lui en exerçant plus ou moins de pression ?
CHOSE.
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  • 1. Gwendal Idot - Dispositions 1 GWENDAL IDOT MEDUSES DE SEPTEMBRE : LE CERF VOLANT ET LES MICRO-ONDES. Dictionnaire des idées nouvelles et brèves en français. Hiéroglyphes additionnels. Avant-propos. La culture est-elle défaite par le néolibéralisme, à l’ère du digital ? Pour répondre à cette question, ce livre est une enquête qui collecte les nouvelles idées brèves. Une Brève est le mode d’expression adéquat de la pensée contemporaine. Cela peut commencer par une abondance de questions, pour cerner différents sujets et parvenir à entrer dedans d’une nouvelle façon. L’expression a été excellemment illustrée dans le livre de Gourio, Brèves de comptoir (Michel Lafon). Les Brèves d’ici ont l’humour des chansons paillardes qui tirent à boulets rouges par la fenêtre. Parce que sinon la pensée unique, le positivisme ne tiennent pas compte des différences, des singularités, dont l’écriture et l’art rendent compte, et que le positivisme présente comme un
  • 2. Gwendal Idot - Dispositions 2 progrès la domination de la science hors de son domaine, ou dans le meilleur des cas se contente de généralités vides, alors j’ai rêvé qu’il serait possible d’écrire un livre qui valent quatre milliards de thèses. Il y a du bon et du mauvais, et en tout bon un diabolique point G. Ceci est en partie grâce au ton, et à une dynamique qui est cellede l’enquête qui souffle la tempête sur des feuilles mortes.
  • 3. Gwendal Idot - Dispositions 3 Si la science littéraire est une combinatoire, comme le projet Oulipo en poésie, alors les éléments à combiner peuvent être des définitions, des questions, des thèses…et elle peut avoir plusieurs entrées soit par notions, soit par auteurs permettant au public intéressé de participer en fonction de ses affinités, en prenant la mesure des exigences attendues. Ainsi la science littéraire peut devenir interactive. ABSOLU.  Degré suprême de l’être, qui, en même temps, ne dépend que de soi-même : l’être en soipeut-il atteindre un état où ilexiste,et estvrai, sans condition ? Laquestion sepose dès lors que l’on admet chez l’être humain un besoin d’absolu, qui n’est peut-être aussi qu’un désir infantile qui le détourne de la réalité, à moins que ce soit deux choses différentes, et auxquelles cherchent à répondre de différentes façon la religion, la politique et aussi bien les idéologies semblables, qui parfois avancent avec le verni de la science. Malgré les différences, chaque proposition de réponse se caractérise par le dogmatisme. ABSTRAIT.  Le travail de l’écriture rencontre deux exigences opposées. La première est de s’élever au niveau des concepts, abstraits, objectifs, et ne pas raconter sa vie. Ne serait-ce que pour laisser la place à la parole des autres pour la discussion, l’argumentation, l’opposition dialectique. La seconde est de ne pas sortir les propos de leur contexte, où ils n’auraient plus de sens, et ils pourraient être facilement détournés à des fins étrangères. Un concept peut se définir comme une représentation indépendante de la réalité sensible. Platon semble avoir inventé le travail des concepts en ce sens. Seulement une lecture plus avancée de Platon peut découvrir qu’il n’y a pas de séparation entre le monde intelligible et le monde sensible chez Platon, et que celle-ci est un schéma d’interprétation que les commentateurs postérieurs ont collés de l’extérieur sur les propos de Platon. D’où l’importance de ne pas sortir les propos de leur contexte. D’un autre point de vue il est possible de soutenir que les commentateurs postérieurs avaient plus de recul que l’auteur sur ses propres théories, et qu’ils ont simplement dégagerainsileur sens implicite. A l’époque moderne ce n’est plus tellement l’opposition entre les Idées intelligibles et le monde sensible qui est opérante, en revanche c’est l’opposition entre le concret et l’abstrait, non pas pour
  • 4. Gwendal Idot - Dispositions 4 décider lequel a le plus de réalité ou de valeur, mais lequel vient en premier ou en seconde position dans l’ordre de la méthode scientifique. A savoir si le point de départ est l’observation, ladescription des phénomènes regroupés, classésdans des concepts généraux, qui même s’ils sont une proposition de rigueur, doivent restés ouverts des modifications exigées par l’expérience, ou bien si le concret, la pratique doivent, au contraire, être la finalité de la science dont les concepts abstraits se réalisent dans les outils, et les technologies mises en œuvre pour changer le monde de manière rationnelle. Toutefois la démarche scientifique en question est celle des sciences humaines. Une telle opposition aurait du mal à l’appliquer aux concepts mathématiques en vue par Platon (Ces concepts sont-ils abstraits de l’expérience également ?), à moins qu’il n’y ait plus de réelle séparation entre la science et la technique ? C’est l’enjeu des nouvelles sciences, ou idéologies scientifiques, comme la datascience de faire disparaître la différence classique entre les deux, en soutenant qu’elle est obsolète et non plus productive. Il en résulte qu’à l’ère de la réalité virtuelle il n’y a plus rien d’abstrait, sauf les concepts de la non-philosophie.  L’archéologie du savoir peut être parfois amenée à séparer certains éléments textuels du contexte auquel ils ont été postérieurement ajoutés pour rétablir la vérité scientifique ?  La différence entre le travail des notions et le travail des concepts : les concepts sont des notions sorties de leur contexte. Les concepts n’ont de plus-value qu’en s’élevant au-dessus de l’expérience concrète et opérationnelle, pour accéder à une vue d’ensemble, capable de survoler les différences, et s’imposer de manière Top-down à la réalité. Tandis que les notions n’ont de sens que remises dans leur contexte. Elles fonctionnent de manière Bottom-Up.  Dans un autre domaine on peut aussi se demander si l'économie de moyens dans l'art abstrait n'évacue pas la perspective, celle-ci est plutôt reconstituée dans la rêverie du spectateur, non ?  Peinture abstraite vs. conceptuelle ? ABSURDE.  L'inversion des valeurs: une croyance en l'absurde ? ACCORD.  Il y a un accord entre des éléments lorsqu’ils restent homogènes et soumis aux mêmes principes, et ne font pas l’objet des traitements séparés. Un accord peut se baser sur un principe d’égalité, ou de réciprocité, ou bien sur l’harmonie établie. Lorsqu’il y a un désaccord entre des parties qui ne peuvent pas fonctionner ensemble, elles peuvent être conduites à se séparer ou à se rejeter mutuellement, ou à s’empêcher d’agir. Par exemple les sciences humaines se sont séparé de la philosophie au 19ème siècle, sans pour autant rejoindre les sciences exactes, en formant une discipline intermédiaire. Il est question d’un accord entre des notes de musique, ou des instruments qui sont accordés, ou d’un accord parfois entre un sujet et un objet qui établit un critère de vérité lorsque l’esprit est en accord avec ses propres exigences, ou un accord entre une théorie et l’expérience, qui n’explique pas pour autant la réalité matérielle. Il est aussiquestion d’un accord socialentre des dirigeants et des dirigés,ou entre les dirigés en politique.
  • 5. Gwendal Idot - Dispositions 5 ACTE.  Expliquer l’aphorisme de Nebenzahl-Deleuze : « Il n’y a pas d’action, seulement des actes ». Une explication aussi courte que la formule à expliquer consiste à dire que la philosophie du 19ème siècle est principalement une philosophie du sujet (le génie du romantique, l’idéaliste allemand, l’homme d’action) , et que celle du 20ème siècle est une philosophie de l’objet. Dès lors que c’est l’objet qui devient le centre de l’attention, seuls des petits actes, dont la provenance passe souvent inaperçue, le modifient. Cela se tient, seulement la distinction sujet/objet n’est pas pertinente dans tous les cas.  La psychanalyse est à la recherche de lapsus, d’actes manqués pour mettre à jour une vérité cachée qui nous empêche de réaliser nos rêves dans la vie, tant qu’elle reste refoulée dans l’inconscient ? Cependant des actes manqués volontairement n’ont pas grand intérêt. ACTEUR.  Qu'est-ce que les acteurs de cinéma, lorsqu'on les écoute parler, sont vides, insignifiants, comparés à des acteurs de théâtre ! AFFECTION.  Des élèves peuvent avoir de l’affectionpour un professeur, en étant touché par ce qu’il dit, c’est-à-dire éprouver du sentiment. En ce cas l’expression commune est de dire que « Ca leur parle ». Cela impressionne. Parce que la pensée développée par le professeur porte également un témoignage d’une vérité, une expérience. Un individu dans le public peut ainsi être modifié dans ce qu’il pense au plus profond en écoutant la parole, le « discours du maître » (Lacan), ici maintenant. C’est un mode de transmission, et de formation, qui vise à apporter un apprentissage de l’esprit, emportant avec lui les sentiments, que les élèves s’efforceront, par la suite de développer, comme les impressions d’une photographie argentique. La question que cela pose est celle de la relation entre l’esprit et les sentiments, la question de l’âme, du contenu consistant ou vide dans une parole donnée. AFFINITE.  Lamarck : « Les affinités entre diverses sortes de matières sont-elles des forces qui agissent, ou des convenances qui permettent ? » (Recherches sur l’organisation des corps vivants, p. 131, Fayard) AFFIRMATION.  Le positif pur s'il s'affirme sans restriction, est en même temps sa propre négation ? Comme la position devient intenable. ALIENATION.  Le fait d’être manipulé par différentes instances possibles, ou technologies, et de ne pas être acteur de sa vie en conséquence, d’être vidé, spolié de son bien propre, ou bien aussi le fait d’avoir acquis un mode d’existence entièrement dépendante d’un environnement extérieur artificiel.  Le travail permet d’échapper à une forme d’aliénation (la paresse, l’ennui...), c’est une disposition vitale qui crée du lien social, et pas seulement une occupation pour passer le temps, ou un gagne-pain, et pourtant il peut en produire d’autres formes d’aliénations, de lobotomies, de névroses, de régression de l’individu ? L’aliénation
  • 6. Gwendal Idot - Dispositions 6 résulte de la domination, et de la répression exercées par la technique dans le travail rationalisé qui tend vers une organisation totalitaire.  Autrement l’aliénation est aussi simplement le fait pour un individu de renoncer à son droit propre. Ainsi pour former le contrat social chaque individu est supposé laisser à l’Etat la décision sur certains droits naturels. Cela est possible normalement sans renoncer à sa qualité d’homme, et en gagnant le bénéfice de la citoyenneté, dès lors que l’Etat laisse une place à la liberté individuelle hors du dispositif de contraintes qui structure le corps social.  L’identification s’oppose à l’aliénation, dans la mesure où le moi se constitue en prenant des morceaux chez les autres, qu’il imite, cela n’implique pas qu’il s’y croit dans un nouveau rôle automatiquement. ALLEGORIE.  Mandela : « Dans son allégorie des métaux, Platon classe les hommes en groupes d’or, d’argent et de plomb. » (Un long chemin vers la liberté, p.736, Fayard) AME.  La question de l’âme semble devenue inactuelle : comment l’âme peut, ou pas, se connaître elle-même ?  L’âme psychologique est distincte du sujet qui pense dans les textes modernes inspirés par Descartes, et d’ailleurs entre l’âme et le corps il n’y a pas de séparation nette, puisque d’une part, pour la psychanalyse, le concept de pulsion fait le lien, à la limite entre le psychique et le corporel, et que d’autre part, pour Descartes, les passions de l’âme ne sont pas séparées du corps.  Par-delà toute interprétation, par-delà les différences des mots employés, selon Aristote, les états d’âme qu’ils signifient, et les états de choses correspondants qu’ils figurent sont les mêmes pour tous.  L’âme est-elle indépendante de la parole, comme le suggèrent les platoniciens, ou bien a-t-elle besoin des mots pour exercer la pensée sans se dégrader en utilisant langage par contrainte ? Un aphorisme de Michel Nebenzahl est le suivant : « Il n’y a rien en dehors de la parole » (cela paraphrase volontairement la formule de Berkeley disant « Il n’y a rien en dehors de la perception »).  L’âme est-elle le mesure du mouvement et par là aussi du temps qui sont relatifs alors que s’il existe un temps unique et régulier commun pour tous, c’est la mesure d’un mouvement absolu qui n’a pas besoin de nous pour exister ?  L’âme se projette dans des images photographiques instantanées, de même que l’instant pour Kierkegaard, est la projection illusoire mais prometteuse de l’éternité dans le temps qui passe ?  Un aphorisme de Michel Nebenzahl sur l’âme est le suivant : « Le temps ne passe pas ». Cela peut s’entendre des considérations inactuelles pour faire simple. Si le monde entre dans le temps par l’intermédiaire du sens interne, comme le soutient Kant, cela peut s’entendre aussi de l’inconscient qui ignore totalement le passage du temps selonFreud, bien que les images utilisées dans nos rêves soientessentiellement des images perçues la veille.
  • 7. Gwendal Idot - Dispositions 7  Les moralistes attribuent à l’âme humaine un libre arbitre pour pouvoir plus divinement censurer son impuissance, son inconstance, plutôt que d’y reconnaître la puissance de la Nature. Car pour Spinoza ceux qui croient agir par une libre décision de leur âme rêvent les yeux ouverts. Les hommes ne sont ni maîtres de leur appétits, ni de leurs paroles. Pourtant même si l’âme n’est pas responsable de ses actes, elle en subit forcément les conséquences.  Le vivant n’est qu’une forme, et sans l’âme pour l’animer, il ne vit pas.  Socrate : la preuve de l'immortalité de l'âme ne transgresse-t-elle pas l'avertissement socratique de ne pas s'imaginer savoir ce qu'on ne sait pas ?  Freud et Socrate face à l'oubli de la question de l'âme, dans la vie publique. AMITIE.  De l'amitié : Cicéron vs. Montaigne?  Un définition de la philosophie pourrait être : Comment se faire des amis ?  Socrate n'aime pas vraiment la tragédie, même si Euripide est son ami, car elle est, pour lui, même pas un art, mais comme la rhétorique, une manière de savoir-faire des flatteries? (Gorgias, Platon) AMOUR.  A défaut d’amour choisi, fait d’une rencontre simple, et de l’affection vitale qu’il procure, l’individu cherche sans cesse des substituts dans des formes dérivées d’ivresses (la drogue, le sexe..) avec lesquels il construit une réalité virtuelle sous l’empire d’un destin dont il repousse l’horizon.  L’essentiel est toujours de bien commencé une relation amoureuse, c’est le souvenir des premiers moments d’étonnement qui permettra d’affronter les doutes de rester ensemble ou pas plus tard.  Une passion (littéraire, sportive…) laisse parfois peu de place à l’amour avec l’autre, alors que sans lui il ne la passion se perd. Alors commencent les négociations dans les relations sexuelles.  Loin des yeux, loin du cœur : Les relations à distance sont-elles plus faciles à l’ère du numérique, ou à la limite du virtuel ?  L’amour estaveugle, ilne voit pas les signes de faiblesseetde doute de l’autre, ou bien il fait tout ce qui est en son pouvoir pour entretenir la petite flamme aphrodisiaque ?  La femme ukrainienne se place sur un piédestal au-dessus de la femme française, comme canon esthétique, et elle aspire à avoir autant d’importance sociale, alors qu’elle fait partie d’une société encore relativement traditionnaliste par rapport à la société française ?  Paradoxalement l’amour se mesure parfois à l’indifférence. Les parents sont parfois apparemment indifférents au comportement de leurs enfants, afin de les laisser apprendre de leurs propres erreurs.  L’homme est sujet aux passions : de ce point de vue peut-on dire « il n’y a que des sujets de la servitude volontaire » ? Si tel est le cas, à quoi peut-il servir de se comprendre soi-même et la nature.  Les parents connaissent aussi parfois des moments difficiles, de doutes, de déceptions, de fatigue, et pas uniquement des moments heureux avec leurs enfants : si les parents
  • 8. Gwendal Idot - Dispositions 8 sont trop occupés par les tâches de la civilisation, et se détournent de leurs enfants, que feront-ils de leur libido ?  L’amour se mesure-t-il à la mortification notre amour propre?  La perte des repères traditionnels en occident, met-elle fin au mariage ?  Le mariage maintient-il une illusion sociale ?  L’amour platonique vs. le dionysiaque ? Platon : “ Quant à l’Amour, érôs, parce qu’il vient du dehors “ se couler dans“ l’âme, esreï, et que le courant, au lieu d’appartenir en propre au sujet, est importé en lui par le canal des yeux, c’est pour ces raisons, que, anciennement au moins, il s’appelait esros, dérivé de esreïn; nous employions en effet, o à la place de ô, tandis que maintenant il s’appelle érôs, du fait que l’o s’est changé en ô.“ (Cratyle, Platon, Oeuvre complètes, Pleiade, nrf Gallimard, Tome 1, p.661). On interprète souvent l'amour platonique comme une forme d'orgie, ou de dépravation des mœurs, parce qu'on découvre rétrospectivement à travers lui l'hédonisme, et l'orientalisme grecs, mais c'est plutôt le contraire qui est vraisemblable, l'amour platonique est essentiellement apollinien. Il indique le chemin vers un idéal auquel la Renaissance a cru de nouveau possible dans les poésies de Michel Ange-Shakespeare.  Brecht : la question de l'Amour, lequel est le vrai ou le faux (celui de la garde d’enfant, ou celui de la mère biologique) ?  Qu’est-ce que l’amour naturel, par opposition à l’amour platonique ? Darwin : « …quand les amoureux se rencontrent, nous savons que leurs cœurs battent rapidement, que leurs respirations s’accélèrent et que leurs visages rougissent ; car cet amour n’est pas inactif comme celui de la mère pour son enfant. » (L’expression des émotions chez l’homme et les animaux, p. 106, Rivage poche)  Le pouvoir et la vie sont-ils compatibles ? a. Mandela : « En amour, contrairement à la politique, en général, la prudence n’est pas une vertu. Je n’étais pas assez confiant pour penser que je pouvais réussir ni assez solide pour supporter l’idée d’un échec » (Un long chemin vers la liberté, Fayard, p.102) b. Machiavel contrairement à Mandela (qui admet une conception aristotélicienne de la politique), pense que le politique doit se comporter avec la fortune comme avec une femme.  L’amour : remède universel et ou la cause d’un malheur fatal ? c. Mujica : “The only good addiction is love” (Vote and see, Conversation with Pepe Mujica, Syncretic Press, Dario Klein, p. 26) d. Levi-Strauss : « La démarche scientifique est-elle condamnée à détruire son objet d’analyse, pour lequel le savant ne peut pas ne pas avoir d’amour ni d’empathie, au risque de ne pas le comprendre ? Sommes-nous condamnés à détruire ce que nous aimons » ? ANALYSE.  Opération identifiant les points clefs qui constituent une situation complexe et permettant de la clarifier. Plus spécifiquement dans l’expression « jugement analytique » : opération qui permet de dégager ce qui est latent, ou implicite dans un sujet de réflexion.
  • 9. Gwendal Idot - Dispositions 9  Un raisonnement logique et a priori est analytique, alors qu’un raisonnement mathématique est fécond et synthétique à condition qu’il ne soit pas purement logique ?  L'analyse de film en se servant de la fin pour éclairer le début, oublie-t-elle le fait que l'auteur peut partir aussi, volontairement, d'un cliché avant de parvenir à travail original?  Russell critique la méthode dialectique du matérialisme historique, mais Marx a écrit notamment le Capital en suivant non pas la méthode dialectique, mais la méthode analytique anglaise ? ANARCHIE.  L’anarchie c’est la fin, la disparition de l’Etat. La disparition de l’Etat ne garantit pas qu’une autre forme d’Etat en prenne simplement la place.  Paradoxalement il faut parfois défendre la société contre l’Etat (ce qui semble paradoxal surtout dans une République), et si ce n’est pas l’anarchie, c’est l’incivisme face à la délinquance à cols blancs qui bénéficie d’une immunité provisoire au regard de la justice ? C’est ce que montre les événements de la Commune de Paris dont Marx est l’historien immortel. 1) L’anarchie : provoquée par l’oppression de la tyrannie, et appelant à une autre tyrannie. a. Lacan : "Le jour du triomphe des martyrs, c'est le feu universel" (Lacan dans l'éthique de la psychanalyse, à la fin de ses études sur Antigone). b. Le paradoxe est que lorsque les anarchistes (ex : Blanqui) imaginent la société idéale qui remplacerait celle contre laquelle ils se battent, ils imaginent une société avec un ordre plus strict que l'ordre existant. La théorie de l’éternel retour est une théorie qui, comme Nietzsche le savait, conduit à un ordre politique impérialiste (voir les notes de Benjamin à Paris, capitale du XIXe siècle à ce sujet). Penser au retour éternel (Nietzsche): théorie anarchiste moderne ou croyance indienne dans la réincarnation? c. Dans son roman Voyage au pays de la 4ème dimension, Pawlowski revient sur la conclusion du livre de Blanqui L'éternité par les astres. Blanqui, selon Pawlowski, expose une théorie scientifiquement exacte sur les bases du matérialisme, qui est la négation du progrès. Alors que, selon Benjamin, manière dont Nietzsche fait référence à cette théorie, en la faisant exposée par César, montre que Nietzsche y voyait surtout une menace impérialiste. Or ce livre de Blanqui est considéré par Benjamin (Paris capitale du 19ème siècle, Walter Benjamin) comme l'origine de la doctrine de l'éternel retour dans la philosophie de Nietzsche. Il semble ainsi que les interprétations de Pawlowski et celle de Benjamin finissent pas s'annuler ? (Benjamin vs. Pawlowski). d. L'éternel retour du même ou de ladifférence ? (Laruellevs.Deleuze) - Selon Pawlowski la doctrine de l'éternel retour, reprise de Blanqui signifie initialement l'éternel retour du même dans un sens matérialiste et nihiliste. Or, Nietzsche s'oppose au nihilisme par ses considérations inactuelles. L'inactuel (Nietzsche) semble rejoindre la 4ème dimension (Pawlowski) : la
  • 10. Gwendal Idot - Dispositions 10 placepour l'innovation, pour les idées nouvelles et singulières,l'accès àune part d'immortalité à laquelle ne peut prétendre nul sosie dans l'infinie pluralité des mondes possibles? e. Mais Nietzsche contre Heidegger : critique du militarisme, dans Le Cas Wagner? 2) L’anarchisme ou apolitisme ? a. Benjamin : les Fleurs du mal (Baudelaire) sont-elles une œuvre nihiliste ou anarchiste ? b. Mallarmé : Jamais un coup de dés n'abolira le hasard. c. Anarchisme et surréalisme : Artaud (le dionysiaque) et Prévert (la bohème urbaine) ? d. Ceci n'est pas de l'anarchie : l'Etat n'a plus aucun contenu substantiel ? e. L’anarchisme ou l’utopie des pirates (Burroughs, Serres) ? ANGOISSE.  L’angoisse est-elle existentielle ou structurelle ?Sentiment éprouvé lorsqu’on n’a plus d’autre alternative que de mentir pour sauver les apparences sociales, lorsque le moi est conscient de sa servitude, et de son impuissance face aux exigences de la réalité, à la sévérité des autres, et ses propres passions. ANIMAUX.  Les animaux ne parlent pas comme l’homme avec les mots du langage, en revanche ils partagent des émotions, et disposent de systèmes de signes relativement codifiés et élaboré selon les espèces, qui leur permet parfois de créer une relation avec l’homme, et proposer des réponses innovantes à des situations bloquantes.  Ce qui est l’essence même de l’homme, peut-il être ce qui est animal en lui ? Puisqu’il s’agitdu désir selon Spinoza, et le désir implique une prise de risque, selon Bataille,qui est reste une affaire de goût plus que de calcul raisonnable.  La nature de l’homme se réalise-t-elle dans le lien social ? 1) L’évolution naturelle et la culture vont-elles en sens opposés ? a. Selon Freud, l'odorat chez l'homme a diminué par rapport aux animaux. L'odorat développé est-il une distinction culturelle (Le thème du parfum chez Baudelaire) ou une régression vers l’instinct ? b. Selon Darwin, la sélection naturelle aurait privilégié l'espèce humaine car elle a un instinct de solidarité à l'opposé de la lutte des plus aptes ? (La Filiation de l’homme et la sélection par le sexe, Darwin). Alors que l'individualisme moderne est le plus égoïste, le plus narcissique, non ? c. L'animal le plus social ou le plus cruel entre l'homme et le loup ? (Hélène Grimaud) d. Les animaux sont comme des machines, sans âme (Descartes).Or, les fontaines sont des machines. Donc les animaux sont comme des fontaines ? 2) La différence sexuelle comme marqueur de la mode dans la cité, mais aussi dans l’histoire des animaux, est-elle indigne d’une pensée vraiment libre de ses choix ? a. Pour une sociologie animale ? La mode est un phénomène qui s'observe également dans le règne animal : "De même que l'homme en vient à admirer n'importe quelle mode vestimentaire fugace, de même chez l'oiseau un
  • 11. Gwendal Idot - Dispositions 11 changement, quel qu'il soit, affectant la structure ou la coloration des plumes du mâle, paraît avoir suscité l'admiration de la femelle" (Darwin, La Filiation de l'homme et la sélection liée au sexe, édition Syllepse, p.491) b. Selon Laruelle dans le régime de la pensée non-philosophique l’homme et la femme sont vraiment égaux (Ethique de l’étranger). ANTIQUITE.  Leopardi (Chants) : sur les traces du Discours de la première décade de Tite Live (Machiavel) ?  Jonathan Swift : nos ancêtres les Scythes ? ANTHROPOCENTRISME.  Illusion naturelle ou religieuse qui consiste à prendre l’homme pour le centre de toute représentation du monde, et de toute vérité ? Ainsi le fait de croire que le monde a été créé pour l’homme, ou que laTerre estle centre du monde. A dire vrai ilestdifficile de déterminer s’il s’agit bien d’une illusion naturelle à l’homme, et alors si elle dérive de causes anthropologiques, psychologiques ou sociales. ANTHROPOLOGIE.  L’anthropologie fait partie des sciences humaines (sociologie, ethnologie, anthropologie, psychologie avec ses différentes branches, linguistique, biologie..) qui sont apparues à partir du 19ème siècle à côté des sciences dites dures (les mathématiques, la physique…), qui sont réputées plus rigoureuses. Avant d’acquérir une méthode expérimentale et de s’élever au rang de sciences, les sciences humaines ont fait partie de la philosophie. L’anthropologie a pour objet l’homme, et elle éclaire la relation entre la nature humaine et la technique en particulier (l’impact des nouvelles technologies sur les comportements ; la connaissance des cultures différentes dans le monde ou bien au cours de l’histoire, en fonction des techniques utilisées…).  L’anthropologie selon Lévi-Strauss, est-elle un humanisme ? Ce qui contredirait la thèse de Michel Foucault sur la mort de l’homme.  L’anthropologie se distingue notamment de l’ethnologie. Ainsi l’ethnologue étudie le mode vie des peuplades chez lesquelles persistent des traditions. Tandis que l’anthropologue s’interroge sur le fait qu’ici les membres du clan mangent de la viande crue, ce qui semble rompre avec la civilisation. ANTROPOMORPHISME.  Donner une forme humaine à une représentation, une force étrangère, par identification, qui en apprend plus au spectateur externe sur la société à laquelle l’auteur de la représentation appartient (ses croyances…) que sur ce qui est vraiment représenté (inconnu, vide de consistance et de réalité). Par exemple donner une représentation humaine à des représentations de divinités. APHORISME.  Deux aphorismes de Nebenzahl qui semblent se répéter ou se compléter : d'abord "Il n'y a rien en dehors de la parole" (en forme de paraphrase de Berkeley sur la perception) et ensuite "Il n'y a pas d'action, seulement des actes" (Entendez que c'est la thèse de Deleuze dans ses livres sur le cinéma, à condition de ne pas tronçonner l'œuvre de Deleuze en morceaux de choix, mais bien de l'appréhender comme un
  • 12. Gwendal Idot - Dispositions 12 tout). La parole et le discours ne s'opposent pas, bien qu'ils semblent s'opposer d'abord comme liberté et système. Ils ne s'opposent pas comme la parole est en acte lorsqu'elle s'élabore justement dans l'ordre du discours (Foucault), dans le contexte des séminaires de l'université de Nanterre Paris X. ANTAGONISME.  C’estlorsqu’il y a du pour et du contre dans un sujet. Il y a un conflit. Par exemple entre les représentants du pouvoir et ses ennemis ou son opposition. La résolution d’un antagonisme peut se faire par le recours à la violence (verbale, physique) par défaut d’autre expédient, ou de manière plus tempérée, plus démocratiques, plus juridiques afin de ne pas laisser libre cours à la violence, aux voies de faits, et de temporiser par un dispositif de prise de décision qui justifie, et arbitre.  Un antagonisme estun conflit d’intérêts qui menace l’équilibre des relations. On parle en ce sens del’antagonisme des classes sociales enfonction des inégalités derichesses, de droit, de statut. Le principe du fonctionnement démocratique est de laisser l’opposition s’exprimer. L’antagonismes de classe éclate lors à l’occasion de manifestations publiques entre les représentants de l’ordre, ou la morale médiatisée, ou les représentants de la politique d’une part, qui promeuvent certaines réformes, et s’assoient sur un certain statu quo, et d’autre part, une partie de la population mobilisée pour sasurvie, qui sevoit privée quelque part de ses moyens, ne sereconnait pas dans les propositions politiques, et en lutte dès lors pour obtenir une reconnaissance juridique, ou pour défendre des droits remis en cause par les changements annoncés. ANTINOMIE.  Il y a antinomie entre deux thèses lorsque chacune rayonne uniquement que lorsque l’autre décroit. Il semble y avoir une antinomie entre les livres de Platon et ceux de Démocrite. (Platon voulait que tous les livres de Démocrite soient brûlés, disparaissent dans le néant). Un autre exemple est l’antinomie entre empirisme et rationalisme selon Dewey : « It is for this reason that the controversy is interminable. Each type of theory of knowledge has flourished in virtue of the weakness of the other”. (Logic, British Library, p. 808) APODICTIQUE.  Proposition dont la vérité se démontre comme étant entièrement incontestable. Seulement le mystère est qu’il faille la démontrer, si elle est bien ce qu’elle affirme être. APOLOGIE.  Les trois Apologies de Socrate : Platon, Xénophon, Isocrate. En fait, non, tous les dialogues socratiques de Platon font partie d’une Apologie de Socrate. Ce qui fait 18 dialogues socratiques plus les Mémorables de Xénophon, plus le discours d’Isocrate Contre les sophistes, soit au total : 20 apologies de Socrate ?  Il existe trois Apologies de Socrate, mais aussi une Apologie de Diogène ? (Diogène le cynique, La vie, les amours et les aventures de Diogène le Cynique, surnommé le Socrate-fou, édition Hachette, BNF)  Socrate ne connaissait pas suffisamment sa meilleure alliée : la rhétorique ? APORIE.
  • 13. Gwendal Idot - Dispositions 13  Obstacledu raisonnement. Plus généralement, aveu de lapensée qui a suiviun chemin conduisant à une impasse. Exemples : La phénoménologie est-elle une aporie, selon le dernier texte de Merleau-Ponty ? La philosophie, le cinéma sont-ils culturellement morts à un moment donné, siles conditions de leurs activités ne sont plus réunies dans la société ? A POSTERIORI.  Peut se dire de deux façons différente : 1) de ce qu’on ne peut que constater, en étant au pied du mur, qu’on ne pouvait pas prévoir ; 2) ou bien ce qu’on statue après coup, mais qu’on aurait pu ou dû prévoir. APPARENCE.  Ce qui est perçu à première vue, par les sens, de ce qui existe, et qui n’en donne qu’un aspect choisi ou relatif à un point de vue. Même si cela peut être trompeur, une illusion, et doit être souvent corrigé, ou ajusté, la vérité, ou la réalité en soi reste inaccessible au-delà de l’apparence, et il semble qu’il n’est possible de s’en approcher que progressivement en remplaçant une apparence première par une autre apparence etc., et en améliorant son jugement. Cependant la vérité en face peut aussi être aveuglante et insupportable pour qui n’a pas l’habitude de renoncer à ses illusions qui lui donnent une première consolation. APPETIT (DESIR).  L’appétit, l’envie, le désir qui motivent les actes, les choix, s’opposent ou troublent la possibilitéd’une décisionpurement rationnelle délibérante, pesant lepour et le contre avant de choisir le meilleur en connaissance de cause et en toute transparence. APPRENDRE. 1) Comment apprendre ? Question pour un normalien. Une définition de la philosophie pourrait être la philosophie est apprendre à apprendre. Mais la question qui travaille aussi chaque enseignant, et chaque étudiant confronté à une discipline. On apprend dans un certain contexte, d’où il est défendu des sortir les propos entendus, et où les écrits des étudiants sont évaluées (un bilan n’est pas un résumé et tout ce voit pour le professeur). a. Socrate : "Il n'y a pas d'enseignement, mais un ressouvenir" (Menon, Platon). b. Galilée (Dialogue sur les deux grands systèmes du monde) indique que l’enseignant peut aider à voir la vérité qu’aux personnes qui souhaitent déjà la voir, qui sont déjà en recherche, qui ont déjà le désir de savoir. c. Alors, demande le professeur, qui s’approprie la philosophie ? (Laruelle). d. Qu’avez-vous appris ici (Nebenzahl) ? e. On ne fait pas de la philosophie pour apprendre des topos, et réciter sa leçon par cœur ? Comme la philosophie est une pensée en mouvement qui se démontre en marchant ou qui avance en spirales par le travail des définitions de notion, il s’ensuit que l’étudiant cherche à deviner surtout le contexte pour accéder au même mode de pensée. f. Alors, faut-il désapprendre la philosophie pour philosopher ? Déjà il faut arriver à apprendre la philosophie peut-être en une première étape. Autrement, c’est peut-être risqué de s’aventurer. Pour cela certains cours, certains textes préparent peut-être mieux que d’autres qui ne semblent pas
  • 14. Gwendal Idot - Dispositions 14 très rigoureux, ou pas faciles à comprendre, pas structurés, mais plutôt improvisés comme une recherche ouverte, vers l’inconnu, sans forme préétablie. 2) Pour apprendre du nouveau il faut avoir digéré l’ancien ou bien avoir su en faire l’économie ? a. Apprendre : s’approprier les paroles, ou les dits du professeur, ou les passages des auteurs, pour se faire sa pensée, la modéliser, construire son identité, sa culture. Seulement on ne comprend pas au début une pensée abstraite comme les mathématiques, ou la non-philosophie, et il faut avancer sans comprendre la structure derrière les énoncés insaisissables, quand on ne sait pas à quoi les rattacher. A défaut de comprendre, certains étudiants qui sont touchés par ce qu’ils entendent se mettent en mouvement de lire des livres dont ils ont entendu parlé pendant le cours, pour essayer de comprendre. b. Mais apprendre toujours, c’est la vie de l’esprit qui s’interroge sans cesse, c’est être capable de changer de sujet, et d’avancer, en étant ouvert à ce qui est nouveau, aller vers d’autres environnements, se les approprier également, c’est une faculté d’adaptation, de ne pas rester fasciner par un discours si l’on ne comprend pas vraiment. c. Apprendre sans chercher à comprendre pour valider des tests, cela peut aider ? -Selon la psychanalyse (L'interprétation des rêves, Freud) tout ce qui passe devant nos yeux est photographié dans l'inconscient et disponible pour les images des rêves. Ainsi les images des rêves sont parfois très détaillées, mais ce sont toujours ces perceptions antérieures, souvent de la veille, et nullement des créations ex nihilo de l'imagination.Pour apprendre rapidement, ilsuffit de se garantir de la mémoire de poisson rouge, en gardant des notes de ses erreurs pour identifier plus facilement la configuration les éléments et retrouver ladisposition correcte des éléments. Vouloir comprendre d'abord est souvent une fausse excuse pour ne pas apprendre. Est-ce que pour apprendre une langue on se demande à chaque mot pourquoi le mot est tel qu'il est ? 3) Qui s'approprie la philosophie ? Peut-on apprendre quelque chose aux autres s'ils ne veulent pas savoir la vérité ? "Considérez en premier lieu quelles sont les choses qu'une personne peut apprendre à une autre. Et vous trouverez que ce sont les langues, l'histoire, les expériences, et les démonstrations claires et certaines qui convainquent l'esprit, telles que sont celles des géomètres. Mais pour les opinions et les maximes des philosophes, aussitôt qu'on les dit, on ne les enseigne pas pour cela. (...) Et même plusieurs peuvent savoir la même chose, sans qu'aucun l'ait apprise des autres. Et ilest ridicule et impertinent de s'amuser commevous le faites avec tant de soin, à distinguer, dans la possession des sciences, ce qui est à vous et ce qui n'en est pas, comme s'il s'agissait de la possession d'une terre, ou de quelque somme d'argent. Si vous savez quelque chose, elle est entièrement à vous, encore que vous l'ayez apprise d'un autre. Pourquoi donc, et quel droit avez-vous, ou plutôt quelle maladie vous tient, qui vous empêche de pouvoir souffrir que les autres, qui savent la même chose, puissent dire qu'elle leur appartient ?" (Lettre à Beeckman, 17 oct 1630, Descartes, Œuvres philosophiques, Garnier, p.174)
  • 15. Gwendal Idot - Dispositions 15 A PRIORI.  Le terme a deux sens contraires : 1) Lorsqu’on dit d’une personne a des a priori, cela veut dire qu’elle a des préjugés ; 2) Lorsqu’on dit qu’une réflexion doit être menée a priori, cela veut dire qu’elle ne doit pas être influencée, orientée, par d’autres connaissances, ou des intérêts subjectifs venant des sens, mais qu’elle est de source purement rationnelle, et indépendante. Autrement aucun jugement nécessaire et universel ne serait possible, si tout jugement dépendait entièrement de l’expérience. Dans les textes l’usagede l’expression a priori a été marqué par le sens et l’importance que l’expressionapris surtout dans les écrits de Kant : les propositions mathématiques sont « synthétiques et a priori » selon Kant (Prolégomènes à toute métaphysique future) et Poincaré ; le concept de causalité exige une cause a priori selon Kant (Critique de laraison pure) et pas uniquement une généralisationde l’expérience basée sur la force l’habitude et les répétitions selon Hume ; L’espace, selon Kant opposé ici à Newton (Principes mathématiques de la philosophie naturelle), est une forme a priori de notre réceptivité, et non pas une propriété des choses, ni une sorte de réservoir qui les contient tel qu’un espaceabsolu ; les limites de laconnaissances doivent être fixées a priori pour avoir une légitimité, selon Kant ; la Critique de la raison pratique est basée sur un savoir a priori de ce que signifie être moral ou pas.  A priori et a posteriori sont deux expressions latines de sens opposés. Un jugement a posteriori est un jugement qui se base sur l’expérience reçue, sur les perceptions des sens. ARCHETYPE.  Modèle parfait garantissant initialement la réalité et la vérité des copies ressemblantes. On ne sait pas s’il garantit vraiment l’intérêt des copies, ou au contraire s’il les discrédites comme de simples copies qu’elles sont. ARBITRAIRE.  Un lien arbitraire entre deux éléments, est un lien purement conventionnel, qui ne suppose entre eux aucune attache naturelle. Sous ce rapport un signe se distingue d’une symbole.  Le despotisme est arbitraire dans la mesure où le despote est au-dessus des lois. L’arbitraire n’a pas de limite, il court le risque d’excès, il est imprévisible. L’idée de justice s’oppose aux décisions arbitraires dans la cité, et favorise le respect des Lois. ARITHMETIQUE.  L’arithmétique et la géométrie sont deux branches principales des mathématiques à l’âges classique qui ont en commun leur caractère démonstratif et qui ont contribué à élever les mathématiques en modèle pour les autres sciences. A la différence de la géométrie, l’arithmétique a pour objets les nombres que l’on retrouve dans les lois de la nature. L’arithmétique procède également par induction à partir de lois analytiques a priori. ARCHITECTURE.  Architecture : Venise vs. Florence? ARGENT.  Où se trouve l'agence carte bleue qui renouvelle les cartes ? Dans les pays de l’Est ou en Afrique. Ce sont des pays qui ont de plus en plus de ressortissants hautement
  • 16. Gwendal Idot - Dispositions 16 qualifiés et expérimentés en informatique. Et, où se trouvent les fraudeurs, selon les statistiques de l’agence bancaire, qui rend compte aux assurances lorsqu’il y a une fraude à la carte bleue interceptée avant de parvenir au client ? Pareil.  Aujourd’hui le contribuable paie un impôt à la source, et ensuite des régularisations qui sont des montants assez élevés, et tout cela varie chaque mois. Autrement dit, le contribuable paie deux fois l’impôt, et il ne connait pratiquement jamais le montant d’impôt qu’il doit payer pour une année donnée ?  En France chaque banque développe ses propres applications digitales. Un salarié d’une banque qui change d’employeur doit réapprendre à partir de zéro, comment se servir des applications informatiques nouvelles. En conséquence elles sont souvent archaïques. Il n’y a aucune norme standard entre les applications de différentes banques. C’est une opportunité de marché ou un risque majeur de fraude ? ARISTOCRATIE.  Aristocratie vs. Démocratie (Platon vs. Démocrite) ? ART.  Est-ce possible de définir l’art dans un premier temps simplement comme un substitut visant àremplacer ce que l’on n’a pas, pour commencer, par un travail de l’imagination avec des moyens techniques plastiques, permettant de produire une imitation d’un objet imaginaire, avec plus ou moins de qualité ? Partant de là les témoignages de progrès artistiques améliorent la qualité de vie, le lien social. Ensuite plusieurs questions permettent d’examiner l’objet d’art, l’activité artistique :  L’art a-t-il pour finalité de faire ressembler la vie à un rêve où tout est possible ? Comme il partage avec le mythe l’imaginaire venant d’un instinct de vie indomptée.  L’art prend-il uniquement l’apparence qui l’intéresse des choses, ou bien l’artiste est- il capable d’expliquer comment sont faits les objets qu’il représente ?  S’il n’en prend que une apparence du moins lui confère-t-il un sens nouveau qui valorise l’objet ?  L’art plait-ilparce qu’il paraît libre manifestation des désirs ou parce qu’il aune qualité unique fruit d’une maîtrise rare ?  L’art va-t-il contre la morale à un désir de vie, ou bien la satisfaction des désirs ne se contente pas de l’art ?  L’art dresse-t-il un lien entre le monde privé des rêves et le monde commun de la veille ?  Libère-t-il de l’oppression sociale ou reflète-t-il de l’ère du temps ?  Réconcilie-t-il les gens avec les techniques ?  Les échanges artistiques ont-ils une plus-value dans les liens sociaux ?  L’art est-il réservé aux loisirs des riches, ou bien est-il ouvert à tous ?  Qu’est-ce qui est de l’art et ce qui n’en est pas ? a. L’art semble pouvoir prendre toutes les formes. C’est une question de forme, et de pratique esthétique et politique. L’artiste est quelqu’un qui invente des formes, et c’est pour cela qu’il est souvent anticonformiste, et qu’on lui prête des pouvoirs magiques, comme il sait faire des choses que les autres ne savent pas faire. Dans la cité l’art a un pouvoir libérateur sur le public à l’égard des
  • 17. Gwendal Idot - Dispositions 17 formes standards, stéréotypées, et du politiquement correct qui exercent leurs tyrannies discrètes. b. C’est le public, in fine, qui aime et qui décide ce qui est de l’art ou pas de façon démocratique. L’artiste est élu par son public et il développe les dons artistiques de son public. c. La question se pose différemment : l’art n’est-il pas plutôt un moyen d’expression et de libération des passions, ou un moyen de glorification des puissants ? Paradoxalement celaestcensé toucher le public et en même temps créer de la représentation, c’est-à-dire une distanciation supposée rendre le public intelligent par rapport à ce qui est représenté. d. Pour dire les choses le plus simplement possible l’art imite la vie, c’est une manière de parler, de s’exposer, de se déplacer et de tisser des relations entre des personnages ou des figures sur une toile, une scène, dans un livre… qui produit de l’inspiration. e. L’art est mort parce que le marché de l’art valorise et reconnait des artistes sans aucun talent ? f. L'art est-il étranger au besoin? Russell vs. Hegel : "Art is thought by some to be independent of sex, but this view has fewer adherents now than it had in former times. It is fairly clear that the impulse to every kind of aesthetic creation is psychologically connected with courtship, not necessarily in any direct or obvious way, but none the less profooundly. (...) Art in the past has had popular basisn and this has depended upon joy of life. Joy of life, in its turn, depends upon a certain spontaneity in regard to sex. (...) One of the most dangerous fallacies of the conventional moralists is the reduction of sex to the sexual act, in order to be the better able to belabour it (...) The sexual freedom that the artist needs is freedom to love, not the gross freedom to relieve the bodily need with some unknown woman (...) If art is to revive after the world has been Americanized, it will be necessary the America should change (...) Nothing in America isso painful to the traveller as the lack joy. (...) Menwhose grandfather danced to the music of the pipe in Balkan or Polish villages sit thoughout the day glued to their desks, amid typewriters and telephones, serious, important and worthless..." (The basic writings of Bertrand Russell, Russell, Routledge, p.330-331) g. Un art nazi ou fasciste est-il possible ou un contresens ? "Certain good things such as art and science and friendship, can flourish very well in an aristocratic society. They existed in Greece on a basis of slavery; they exist among ourselves on a basis of exploitation. But love, in the form of sympathy, or benevolence, cannot existfreely in an aristocratic society". (Basicwritings ofBertrand Russell, Russell, Routledge, p.360)  Quelles sont les différentes formes de l’art les plus générales ? a. La différences entre l'art antique et l’art chrétien : représenter des individus qui se suffisent à eux-mêmes (notamment dans la sculpture), ou des relations entre les personnages ?
  • 18. Gwendal Idot - Dispositions 18 b. L’art chrétien : signes historiques, ou symboles d'universalité ? Mais finalement l'art abstrait : un retour à l'antiquité ? c. La musique : imiter les passions ou inventer une nouvelle sensibilité ? d. La danse : suivre la musique avec les gestes, ou suivre une chorégraphie? e. L'homme est mort, mais pas son théâtre ? f. Le cinéma est mort, mais pas la corrida ?  Hitchcock a-t-il inventé le storyboard et porté les techniques de la télévision au cinéma ?  Gabin : "On dira ce qu'on veut, mais ce sont les acteurs qui traduisent" (interview). g. Le Cubisme renoue-t-il avec le style archaïque par le schématisme de présentation qui fait l'économie d'un certain réalisme ? h. Intellectualisation ou démocratisation de l’œuvre d’art ? (Duchamp vs. Beuys) Duchamp : antisystème, anti-social, ni symboliste, ni naturaliste, et critique par-dessus le marché du marché de l'art?  Le Grand verre (Duchamp) : L'artiste, épris de la femme de son collègue Picabia (Gabrièle Buffet-Picabia), aurait-il sublimé son désir impossible dans son œuvre ?  Duchamp : un artiste qui utilise les moyens techniques d'expression de son époque, qui n'appartiennent plus à l'histoire de la peinture, et qui fait le pont entre l’internationalité de l'avant-garde et la polytechnique de fête foraine ?  Toute réponse à la question de l'art, dans l'art moderne ou post moderne, ne peut-elle être qu'un acte social dépendant de la situation historique ?  Ready made (Duchamp) : En art il n'y a pas d'action, mais uniquement des actes ? Il n'y a rien en dehors de la parole (lorsqu'elle est en acte, et non quand elle est vide bien sûr), comme peut l'être une perception, une gestuelle ?  Sans l'art les monuments du passé tomberaient-ils dans l'insignifiant ? i. L’esthétique moderne et l’interprétation des rêves :  La peinture peut-elle être vraiment abstraite, car la plus abstraite, comme la plus figurative, vise toujours à faire rêver le spectateur avec des moyens différents, et le rêve est toujours figuratif lui-même, car il est composé à partir des images de la veille ?  L'œuvre d'art moderne n'a plus un sens évident, et elle pose davantage des questions, et fonctionne par évocations, suggestions, provocation.  De l'espace aristotélicien dans la peinture au début de l'ère chrétienne (Riegl) aux premières images-mouvement (Deleuze) dans la peinture ? j. L’art digital : non art ?  L' "art digital" (ex. Pascal Dalous; Jean François Colonna...) : que peut attendre l'esthétique de l'informatique en terme de qualité : régressions expérimentales du mode de la perception de l'image au bénéfice uniquement d'une recherche informatique ou des productions
  • 19. Gwendal Idot - Dispositions 19 de la pensée technique basées sur une unité sacrée du vrai et du beau (ex. : Gregory Bateson; Jean Claude Perez...) ?  Les arts emportés sont-ils devenus inactuels ? ARTIFICIEL.  Intelligence artificielle : religion qui ne supporte pas la liberté de parole ? ASTROLOGIE.  Comte met-il sur le même plan astrologie et astronomie ? ASTRONOMIE.  Comment distinguer astronomie et philosophie dans l’antiquité en Grèce et en Chine ? "Tandis que chez les Grecs, l'astronome est un philosophe, un ami de la vérité, une individualité scientifique sans mandat officiel, le plus souvent en délicatesse avec le clergé de sa cité; en Chine au contraire l'astronomie est intimement liée au souverain pontificat du Fils du Ciel. Elle est une fonction de l'Etat; elle est l'expression de l'ordre social et religieux." (Saussure, Les origines de l'astronomie chinoise, p. 180, Librairie orientale et américaine, Maisonneuve Frères - Editeurs ) ATHEISME.  Quel est le comble de l'athée? Quel est le comble du protestant? Quel athée avait gagné la confiance de deux papes successifs? - Machiavel. Quelle hérésie est-ce là d’accuser Hegel d'athéisme?  L'athéisme est-il hors-la-loi aux USAs dans le monde des affaires? -La raison du procès de Socrate, de Russell. ATTRIBUT.  D'un côté il semble qu'il y ait une contradiction chez Descartes à dire que la volonté n'est qu'un mode de l'âme, et en même temps qu'elle soit infinie, à l'image du créateur, alors que l'âme humaine dont l'essence est de penser est finie ? D'un autre côté pour Spinoza si l'entendement humain n'est qu'une partie finie de l'entendement divin infini, il semble alors que l'être humain n'a plus d'individualité?  Dans les textes de philosophie classique (Descartes, Leibniz, Spinoza avec des différences entre eux), pour comprendre la logique interne, l’attribut exprime CE qu’EST une substance, un sujet. Il faut le distinguer du mode qui exprime COMMENT il EST. AURA.  L'aura de Walter Benjamin : Comment s’approprier les concepts religieux pour les libérer de la pensée religieuse ? Associer la notion d'aura avec son opposé, c'est à dire ce qui est habituel. Il s'agit par là d'un effet photographique, notamment d'amener à la conscience ce qui jusqu'alors lui avait échappé.  L'aura(Benjamin) : laphotographie établit-elleune continuité entre le monde terrestre et le ciel étoilé qui était refusée au télescope lorsque Galilée montra ses images ? AUTONOMIE.  Être autonome, c’est être indépendant dans ses décisions, afin de laisser en elles ses désirs s’exprimer, seréaliser,et ne pas céder aux pressions externes automatiquement sans réfléchir, sans réserve, et affirmer son pouvoir de prendre ainsi des décisions en connaissance de cause, avec un esprit critique, en acceptant des risques mesurés. Cela
  • 20. Gwendal Idot - Dispositions 20 veut dire connaître sa marge de manœuvre et suivre la raison pour ne pas prendre des risques inconsidérés. C’est sans doute le rôle de la loi de préserver une zone d’autonomie pour l’action individuelle.  Le contraire de l’autonomie est un régime d’esclavage sous l’autorité d’un Etat totalitaire. Alors le numérique favorise-t-il les initiatives individuelles et la liberté ou bien est-il une extension du pouvoir de l’Etat, et de la bureaucratie des fonctionnaires ?  L’autonomie de la science est-elle tenable dans une société numérique ?  Saussure vs. Hegel : Les lois de la logique ne gouvernent pas le monde, pas même le monde scientifique, et nombreux sont les facteurs limitant l'indépendance de la pensée ? AUTORITE.  Elle a un certain monopole de la force, naturelle acquis ou pas s’il vient de l’expérience acquise, des titres obtenus ou pas. Alors l’autorité est une affirmation de valeur, de domaine, qui permet ou pas à d’autres d’y appartenir, en fonction d’une norme définie, dans un certain contexte, un lieu donné de relation.  L’autorité peut se justifier par des titres réels, et la nécessité dans un groupe ou une organisation, ou la cité d’avoir des repères et des rôles avec des responsabilités marqués  L’autorité se manifester par des signes extérieurs éclatants,spectaculaires,qui ne sont pas toujours justifiés.  L’autorité se manifeste aussi par le consentement, le besoin des autres d’avoir un rôle occupé par une personne identifiée au sein d’une organisation pour le bon fonctionnement des process, et l’amélioration de la communication interne.  L’autorité est aussi une personne désignée dans l’organisation pour avoir une tête à couper, autrement dit une personne coupable identifiée d’avance, si jamais rien ne fonctionne pas comme attendu.  L’autorité donne un pouvoir de prendre des décisions et une responsabilité pour rendre des comptes ?  Le paternalisme, la bienveillance, sont-ils des prétextes au service de l’atteinte des objectifs ?  Hors de son domaine de maîtrise le plus grand savant peut perdre pieds et passer du coq-à-l'âne ?  Dérives sectaires et personnalité autoritaire ?  La personnalité autoritaire aux Etats-Unis : Le cas Harry Bennett ? AUTRE  Dans l’exercice de l’écriture, lorsqu’il y a plus ou moins du soin apporté, l’auteur prévoit laplacede l’autre, et pourtant ilne s’agitpas de semettre àla placedes autres.  L’égalité devant la mort : nous rend-elle responsables les uns des autres, ou bien la finitude nous met-elle devant un non-sens ?  La reconnaissance réciproque en tant que conscience de soi, entre des sujets indépendants et libres, s’obtient-elle par une lutte à mort, ou par la seule apparence d’un visage humain ?
  • 21. Gwendal Idot - Dispositions 21  Est-ce la société ou la morale qui garantit l’interdit de l’inceste, et d’abuser des mineurs ?  L’exploitation des autres est-elle la base de la société ?  Que veut le désir au fond de soi : rencontrer d’autres consciences qui désirent également, ou un souverain bien incorporel ?  L’idée de Dieu : miroir de l’Altérité ?  Où sont les autres : dans le collectif, ou intégrés dans ma personnalité ?  Autrui : une finalité en soi, ou de la nourriture pour augmenter mon égoïsme ?  Laruelle (Ethique de l'Etranger): L'un et l'autre peuvent-ils être le même ?  Lévinas : la place de l'autre dans les monologues d'Husserl ?  L’altérité : une forme d’inhumanité dans l’être humain à l’état latent ? AVANT-GARDE.  L'étude panofskienne de Norbert-Bertrand Barbe sur le chef d'œuvre de Marcel Duchamp ne conduit-elle pas à faire comme siune œuvre abstraite était figurative afin de sauver l'interprétation de la représentation ?  Pinoncelli (1993) frappe la Fontaine (Duchamp, 1917) : S'agit-il d'un acte à la manière de Duchamp ou bien acte de vandalisme et un attentat au musée imaginaire (Malraux) ? AVENIR.  Construire des villes sous-marines pour vivre après la fonte des pôles?  Est-ce le désir d’aller plus loin qui construit son propre avenir ?  L'avenir peut venir du moteur à eau, qui est encore sous-exploité..  Construire son avenir c’est se déjouer du destin, ou le prendre en main ? AVENTURE.  AVEUGLEMENT  Il suffit souvent de croire qu’on ne fait que suivre son propre intérêt pour s’aveugler soi-même. Cela montre que la connaissance de soi est paradoxale.  La vérité peut être aveuglante, dans le sens où tenir une proposition pour vraie, et principale, du jour au lendemain, alors qu’on ne l’a avouée, qu’en affirmant qu’elle avait une valeur négligeable pendant des années, et qu’on a construit sa personnalité, ses relations avec autrui en fonction de cette croyance, cela peut bouleverser tout sa pensée, et demander un délai long afin de réévaluer le sens de ses souvenirs depuis plusieurs années. Cependant c’est à ce prix que parfois l’individu avec des secrets de famille dans son inconscient, peut parvenir à se libérer du destin.  Que peut représenter une année pour une personne qui n'admet pas que la Terre tourne autour du Soleil? Même libéré des préjugés coloniaux, la pensée sauvage n'a pas pour finalité d'enjoliver la réalité : "Le sauvage, qui ne sait même pas approximativement son âge, se soucie peu de compter les lunes." (Les origines de l'astronomie chinoise, Saussure, p. 119, Librairie orientale et américaine, Maisonneuve Frères - Editeurs). Pourtant elle réussit là où le modèle occidental échouera. AXIOME.
  • 22. Gwendal Idot - Dispositions 22  En géométrie un axiome d’Euclide, par exemple, est de dire qu’entre deux points la ligne droite est la plus courte distance. BACCHANALE.  Faust : une bacchanale ? BARBARIE.  Adorno (Dialectique négative) a fait d'Auschwitz l'échec de la métaphysique hégélienne, mais pourtant il y a plusieurs pages des Cours d'esthétique (tome 1) de Hegel qui condamnent clairement toute forme de nazisme ? BEATITUDE.  La béatitude, la conquête du bonheur, est la finalité de toute éthique (religieuse, philosophique…) qui peut guider la manière de vivre des individus ou des communautés religieuses. A l’époque moderne il semble que la question ait été très peu renouvelée depuis l’âge classique, excepté chez quelques auteurs (Freud, Russell, Darwin, Laruelle, Levinas, Bateson…).  La béatitude peut-elle être réduite à une question d’attitude positive ou non dans la cité, face à la pensée unique de la société de consommation ? Le suprême bien est-il une question relative, un choix laissé à chaque individu qui appartient à sa vie privée.  « Le mieux est l’ennemi du bien » dit l’expression populaire, pour signifier qu’il faut savoir se contenter d’un bien qui est accessible, plutôt que courir après des illusions.  Un autre paradoxe retrouvé par les auteurs anthropologues américains (Margaret Mead, Gregory Bateson) est que pour atteindre un but, le plus sûr moyen parfois, que conseille la sagesse, est de « lâcher prise ».  Lorsqu’on parle de quelqu’un qui a un « sourire béat », satisfait de soi, ou idiot, incrédule. Ainsi parfois les aînés affichent un « sourire béat » lorsqu’ils écoutent les plus jeunes.  Souverain bien : Ce que peut viser de plus haut l’être humain, comme une synthèse, un superlatifde tous les autres désirs (Est-ce que c’est une grande maison, ou une belle voiture, le pouvoir politique, un pouvoir d’achat élevé, ou une femme sexy, des enfants brillants… ?) chez un être humain qui estéquilibré, et non pas névrosé, ou troublé dans des souvenirs désagréables anormaux, mais purifié de certains désirs potentiellement mal placés, illusoires, excessifs.  La conquête du dionysiaque de la sagesse dans la philofolie vs. la légitimation du bonheur bourgeois ?  Si vous deviez partir sur une île déserte, quel livre emporteriez-vous ? Michel Nebenzahl : « L’Ethique (Spinoza) pour occuper la journée, et Nietzsche pour les soirées. »  Nebenzahl : « Chaque année je fais une retraite, pendant quelque temps je pars pour m’isoler, et j’emporte toujours avec moi, uniquement la musique de Webern ».  La béatitude : Est-ce simplement pouvoir joindre l’utile et d’agréable, si c’est à la portée de tous ? BEAU.  Idéal du beau en soi auquel l’amour platonique s’efforce d’accéder de manière intellectuelle et paradoxale, en se détournant du beau sensible, qui est cependant son
  • 23. Gwendal Idot - Dispositions 23 point de départ. Si le beau est objectif et universel, pourtant ne dit-on pas « Entre les goûts et les couleurs, on ne discute pas », ce qui veut dire que le beau est entièrement subjectif ?  L’art fait durer la beauté plus longtemps que dans la vie, et aspire à une beauté éternelle ?  Les beautés de la nature que la science nous révèle ne sont accessibles qu’en surmontant la répugnance que nous inspire l’animalité, l’aspect des araignées, tout comme la vue du sang, l’aspect des cadavres ?  Qu'est-ce que l'essence du Beau en soi : un discours brillant et reconnu comme tel, ou une recherche sans fin dans le langage ? (Hippias majeur, Platon)  Le Beau est ce qui a du pouvoir, le Laid est ce qui est impuissant ? (Hippias majeur, Platon)  L'antinomie du beau et du vrai chez Descartes où l'esthétique n'est abordée que pour être écartée ? Il ne faut pas s'étonner selon Descartes de trouver parfois plus de sagessedans lapoésie que dans les écrits des philosophes. La raison de cette merveille est que l'enthousiasme, l'imagination font sortir de telles sentences dans les poésies (les Idylles d'Ausone) avec plus de facilité et d'éclat que la Raison dans les écrits des philosophes, comme elles sont présentes à l'état latent dans l'esprit de tous les hommes. Mais si l'on ne sépare pas la Sagesse et la Philosophie, alors la poésie semble conduire à la Philosophie. Mais il faut noter aussi que les vrais savants pour discerner la vérité se réfèrent à des principes simples et intelligibles : " Mais c'est un défaut commun aux mortels que de croire plus belles les choses difficiles; et la plupart d'entre eux n'estiment savoir rien qui vaille, quand ils aperçoivent la cause, parfaitement claire et simple, de quelque phénomène". (Olympiques, Œuvres philosophiques de Descartes, Garnier, p. 56; Règles pour la direction de l'esprit, Règle IX, Descartes, p. 124)  L'antinomie du beau et du vrai chez Descartes où l'esthétique n'est abordée que pour être écartée, comme uniquement subjective : "Vous m'empêchez autant de me demander de combien une consonnance est plus agréable qu'une autre, que si vous me demandiez de combien les fruits me sont plus agréables à manger que les poissons (...) Pour votre question, savoir si on peut établir la raison du beau, c'est tout de même que ce que vous demandiez auparavant, pourquoi un son est plus agréable que l'autre, sinon que le mot de beau semble plus particulièrement se rapporter au sens de la vue. Mais généralement, ni le beau ni l'agréable ne signifient rien qu'un rapport de notre jugement à l'objet; et parce que les jugements des hommes sont si différents, on ne peut dire que le beau ni l'agréable aient aucune mesure déterminée..." (Lettres à Mersenne, 4Mars, 18 Mars 1630, Œuvres philosophiques, Descartes,vol.1, p.246, 251) Finalement, l'objet est jugé beau quand, selon notre inclination naturelle, il laisse quelque chose à désirer, sans pour autant nous imposer, pour atteindre ce "quelque chose", un effort trop difficile à accomplir (Début de l'abrégé sur la musique, Œuvres philosophiques, Descartes, vol. 1, p.30) BESOIN.  Le besoin s’oppose aux plaisirs nuisibles, excessifs. Cependant la moindre satisfaction d’un besoin peut-elle se concevoir sans un calcul des risques ?
  • 24. Gwendal Idot - Dispositions 24  Lacollectivité tente de satisfaireles besoins des individus, mais produit inévitablement des frustrations alors que pourtant l’individu a aussi besoin du groupe ? La satisfaction des besoins pris en compte par la société ne fait pas suffisamment envie. Pour cela les entreprises privées visent à créer toujours de nouveaux besoins qui ne sont plus seulement naturels. Ce que les gens cherchent n’est-ce pas des « goûts différents » ? Le besoin de changement, et de se distinguer sont-ils plus fondamentaux, vitaux que la satisfaction des besoins physiques ? BIEN.  Platon : « Le bien, agathon, voilà certainement un nom qui veut s’appliquer à ce qu’il y a, dans la nature entière, de « digne d’admiration », agaston ; puisqu’il y a marche des êtres, il s’ensuit en effetqu’à leur marche est inhérente la rapidité, maisinhérente aussi la lenteur ; ce n’est donc pas tout, mais une partie du tout, qui est « digne d’admiration », savoir le « rapide », agaston-thoon. » (Cratyle, Platon, Œuvres complètes, Pléiade, nrf, Gallimard, Tome 1, p.650)  J’appelle bien ce que je désire, parce que je le désire, ou bien est-ce la vertu individuelle, ou la justice qui seules peuvent prétendre faire le bien ?  Peut-on refuser le Bien, et comme Sartre, ou Don Juan, s’opposer à Dieu, même s’il existait ?  La différence entre le mal/ bien est-elle une affaire de morale, ou de justice pénale ?  Le malin est-il plus intéressant, et plus capable de tenir compte des différences singulières, alors que le bien désigne toujours une généralité vide ? BIOLOGIE.  La biologie (Lamarck) : présupposé philosophique de toute biopolitique ?  La Monadologie se conforme-t-elle à la marche suivie par la nature dans la production du vivant ?  L'intelligence artificielle et les failles du darwinisme ? BONHEUR.  Le plus court chemin pour être heureux : lire et écrire ?  Relire Descartes : "Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage..." (Du Bellay) ?  Bonheur : Tous les droits ou juste le maximum pour un minimum de devoirs ?  Le bonheur est-ce simplement le fait de joindre non pas seulement les deux bouts à la fin du mois, mais l’utile et l’agréable ?  L’activité intellectuelle est-elle un bonheur en soi, qui produit sa propre drogue, et se satisfait d’apprendre sans cesse et à tout âge?  Le bonheur qui s’obtient par la sagesse en se détournant de l’imagination n’est pas le bonheur, si cela consiste à se rassurer, et se fermer des portes ?  L’argent ne faitpas le bonheur : « Les héritiers de Jean de Witt furent tellementsurpris de voir Spinoza leur renvoyer letitre de pension auquel ilavait droit, qu’ils lesupplièrent d’accepter ce qu’ils lui avaient tout d’abord contesté » (Philosophie du travail, Pawlowski, p. 194, BNF) BON SENS.  Le positivisme aplatit la critique, il reste le problème du bon sens? BOUC EMISSAIRE.
  • 25. Gwendal Idot - Dispositions 25  Si Platon écrit l’apologie de Socrate, Socrate fait-il l’apologie des boucs émissaires en général ? (Gorgias, Platon) BRICOLAGE.  Dans le cas d'une action bricoleuse de la nature, on comprend l'existence de particularités de structure inutiles, comme les erreurs de Darwin sont bien prises en compte par le darwinisme ?  Perez vs. Raoult : le darwinisme et son dépassement ?  Dépasser Darwin (Perez) : il serait naïf et non scientifique de décréter que toute séquence d'ADN humain se doit d'être plus évoluée que les séquences comparables issues d'autres espèces ? BUREAUCRATIE.  St-Exupéry vs. les lois de Parkinson : C'est l'Horloger qui manque le plus dans une administration qui n'est pas personne dépendante ? Mais pourtant on pensait qu'on n'en était plus au courage de Platon : il n'y a pas d'action, seulement des actes ? St- Exupéry : "En somme je fais mon métier. Je n'éprouve rien d'autre que le plaisir physique d'actes nourris de sens qui se suffisent à eux-mêmes. Je n'éprouve ni le sentiment d'un grand danger (...), ni le sentiment d'un grand devoir. Le combat entre l'Occident et le nazisme devient, cette fois-ci, à l'échelle de mes actes, une action sur des manettes, des leviers et des robinets. C'est bien ainsi." (Pilote de guerre, p. 39)  La bureaucratie c’est une organisation qui imite le modèle de la fonction publique où tout le monde est fonctionnaire de l’Etat, ou bien une dérive organisationnelle dont même le service public tente de se défaire ?  Ce n’est pas l’Etat qui délègue à des entreprises privées la prise en charge des services publics, c’est plutôt l’informatique qui rend l’Etat omnipuissant ? CA.  Le ça désigne tout ce qui a été refoulé et qui reste maintenu dans l’inconscient par le moi de tout un chacun, et que la psychanalyse freudienne (Le moi et le ça, in Essais de psychanalyse, Freud, trad. Laplanche, éditions Payot) , en tant que psychologie des profondeurs, inversement ramène à la surface afin que le moi gagne du terrain, se renforce, en s’en réappropriant le contenu, et qu’il puisse ensuite devenir plus indépendant du Sur-moi. Autrement, constate la psychanalyse, notre moi est agi par des forces inconnus, tirailléqu’il est entre les passions du ça,les exigences de laréalité, et celles du Sur-moi, le moi ne peut alors, que sauver les apparences, sous le masque du bon sens. Le bon sens n’est qu’un moyen de se faire une raison, de se donner une justification rationnelle, et de cacher la triple servitude du moi. CACHE, INVISIBLE.  La littérature au 20ème siècle semble être entré dans l’ère du soupçon, où le lecteur de roman, et du théâtre apprend à lire entre les lignes du dialogue, à chercher un double sens, à débusquer les sous-entendus. Il est devenu toujours plus difficile de pour les auteurs de s’exprimer dans un style simple et clair, et s’ils y arrivent ce n’est peut-être pas ce à quoi s’attacheront les lecteurs en premier ? CARICATURE.
  • 26. Gwendal Idot - Dispositions 26  On se bat avec les armes qu'on a en général. Par exemple, un artiste face à des brutes, spontanément fera plutôt des caricatures et refusera de prendre un fusil. Est-ce de l'hypocrisie vraiment ou du machiavélisme ? De même, les scolastiques ont souvent eu l'étiquette d'être hypocritement soumis à l'Eglise en public, et opposés à elle en privé. Mais avaient-ils les mêmes armes que les protestants ou les cartésiens ? Les scolastiques étaient plus exposés à être brûlés pour hérésie, au moindre écart.  Avant l'invention de photographie, l'essor de la caricature dans la presse au 19ème siècle pose déjà la question du droit à l'image, ou du crime de lèse-majesté plus exactement, lors du procès de l'auteur des caricatures de Louis-Philippe en forme de poire. CARACTERE.  Mandela : La vie en prison comme le théâtre grec montre ce qui arrive à un caractère qui ne plie pas dans les situations les plus difficiles? (Un long chemin vers la liberté, p. 551, Fayard) CAPITALISME. 1. Petite histoire du capitalisme : Avant. a. L’origine.  La figure de l’avare : Balzac (Gobseck) et Molière ?  A l’origine du capitalisme : pas d’opposition entre mission de service public et entrepreneuriat ?  Les compagnons du devoir n’ont-ils pas inventé la notion de métier par vocation, tout autant que le calvinisme ? b. Le capitalisme sauvage du XIXème.  La République bourgeoise : célébrée par l’holocauste des ouvriers ou celle des paysans ?  W. Benjamin et M. Weber : le capitalisme comme religion au- delà de l’anarchisme ? (Bibliographie : Fragments, Walter Benjamin, édition PUF ; Sociologie des religions, Max Weber).  Peut-on réduire le capitalisme aux règles du jeu du Monopoly ?  L'anticapitalisme : Comment vivre sans avoir aucune dette ? (Spinoza, Nebenzahl) 2. Petite histoire du capitalisme : Maintenant. a. Capitalisme du XXème siècle.  Russell critique du système keynésien trop abstrait, et critique du pragmatisme américain (Logique trop pragmatique) ?  Le capitalisme ne serait totalitaire qu’en terme de discours, selon Lyotard : non pas au sens d’une politique totalitaire, mais seulement parce qu’il implique une hégémonie du discours économique ?  La critique libérale du régime communiste n'en a pas moins profité au progrès de labureaucratie par ladigitalisation.En cela on voit que la victoire du régime libérale est une illusion. Finalement à l'ère du réchauffement climatique, le seul modèle
  • 27. Gwendal Idot - Dispositions 27 économique valable est peut-être le communisme des tribus archaïques ? b. Capitalisme du XIXème siècle.  L’économie sans capital est-elle condamnée à répéter l’histoire du XIXème (Marx La guerre civile en France, et Les luttes de classes en France) ?  Le capitalisme sans capital (il reste le -isme) : une contre révolution bourgeoise qui ne change rien ?  Face àlapauvreté dans le monde Mujicapréconise une initiative néo-keynésienne d’envergure internationale (Vote and see, p.112, Dario Klein, Syncretic Press) ? 3. Conclusion en forme de questions ouvertes : le virus face au capitalisme. a. Désespoir du confinement (le radeau de la Méduse): où sont passés les sans-abri? -Dans des appartements vides? - Perdu. b. Espoir : Comme dans la fin du roman de Wells, La guerre des mondes. L’humanité sera-t-elle sauvée par des virus contre la politique martienne libérale ou bien celle-cifinira-t-ellepar imposer auxcadavres qui votent blanc une ultime réforme de la retraite ? CARACTERE.  Mandela : La vie en prison comme le théâtre grec montre ce qui arrive à un caractère qui ne plie pas dans les situations les plus difficiles? (Un long chemin vers la liberté, p. 551, Fayard) CATHARSIS.  C’est la finalité de certaines formes artistiques (traditionnellement la tragédie) de provoquer des émotions, et partant de là de purifier l’âme d’émotions refoulées.  Le paradoxe est que l’art en devenant un ultime refuge aux émotions refoulées, et un moyen de dénoncer laréalité d’un ordre établi, réconcilieen même temps avecce qu’il dénonce et qu’au fond il ne peut renverser, ni détruire pour satisfaire les forces chaotiques de l’individu. CATEGORIE.  Cadre préalable dans lequel la pensée interroge et identifie la réalité, comme un avocat interroge un accusé. Assigner un avocat à un accusé se dit en grec ancien « categorein ». Dans la pratique technique, on dit également qu’un consultant technique est assigné à un ticket incident (bien souvent on dit en fait qu’on assigne un ticket à un consultant technique au lieu de l’inverse).  Dans un plan détaillé les parties et sous-parties et sous-sous-parties : les idées sont essentiellement séparées par des catégories, ou reliées par un même fil conducteur ?  Pourquoi faire systématiquement un plan en trois parties dans une dissertation ? o Thèse / Antithèse / Synthèse.  Les catégories sont-elles en vue du montage du plan adéquat ? Celles issuesdes études de droit : o Exemple :
  • 28. Gwendal Idot - Dispositions 28 I. Notion dedirective communautaire. II. Régimespécifique (transposition dansledroitnational) A. Obligationde transpositionpesantsurles Etatsmembres. B. Sanctionsen cas de non-transposition. (a) Action en manquementdevantla CJCE (Cour de Justice des Communautéseuropéennes) (b) Rôle du juge national. o Plans descriptifs et généraux.  Notion / Régime ; Conditions / Effets ; Domaine / Portée ; Critères / Conséquences ; Principe / Exceptions ; Droit commun / Droits particuliers ; Droit interne / Droit international ; Légal / Contractuel ; Légal / Jurisprudentiel ; Titulaire du droit / Contenu. o Plans comparatifs et parlants.  Ressemblances / Différences ; Forces / Faiblesses ; Distinction / Conséquences ; Diminution / Augmentation ; Stabilité / Evolution. o Plans techniques et nuancés.  Fait / Droit ; Antinomie de la volonté / Ordre public ; Individuel / Collectif ; Patrimoniaux / Extra-patrimoniaux ; Créancier / Débiteur ; Contractuel / Délictuel ; Résiliation / Résolution ; Exécution / Inexécution ; Nullité absolue / Nullité relative ; Contractants / Tiers ; Contractuel / Judiciaire ; Par la loi / Par le contrat ; Sanctions civiles / Sanctions pénales. o Plans chronologiques ou naturels.  Avant la loi (ou l’arrêt) / Après ; Droit positif / Ce qu’il faut modifier ; Formation / Exécution / Rupture ; Création / Effets / Extinction. o Plans intellectuelles et philosophiques (pour le travail des concepts)  La lettre / L’esprit ; Droit / Devoir ; Devoir / Obligation ; Incitation / Obligation ; La fin / Les moyens ; Intérêts / Dangers ; Apparences / Réalité ; Legal / Licite / Légitime ; Utile / Indispensable ; Pouvoir / Vouloir. o Plans d’une institution ou d’une organisation.  Composition / Rôle ; Composition / Fonctionnement / Attributions ; Rôle légal / Rôle réel. o Plans d’une famille ou un ensemble.  Union / Désunion ; Divorces gracieux / Divorces contentieux ; Epoux / Parents ; Epouse / Mère ; Filiation légitime / Filiation naturelle ; Effets personnels / Effets patrimoniaux. CAUSE.  Je commence par repérer quelques exemples pour introduire le sujet. Voici mon premier exemple : Cela s’appelle la « crise de la trentaine chez les femmes». Soudain, le comportement de la femme dans un couple répond de manière différente, et le partenaire en couple ne comprend pas pourquoi, il constate simplement qu’il est nécessaire de changer tous les projets qu’ils avaient en commun. A posteriori on s’interroge sur la cause, qui est liée simplement au besoin d’avoir un enfant.
  • 29. Gwendal Idot - Dispositions 29  Second exemple : D’une autre façon, il peut se produire qu’un individu échoue dans tous ses projets professionnels sans savoir pourquoi, cela ne lui ressemble pas, et il se sens physiquement déstructuré par des forces chaotiques qu’il ne peut désigner autrement qu’en les appelant ses « démons du passé ». Son passé ne lui appartient plus. Il doit tâcher de se le réapproprier. Pour cela il doit trouver une cause… capable de renverser la vapeur, s’il lui donne un sens différent.  Troisième exemple : A l’ère numérique, de nombreuses professions sont amenées à se convertir pour internaliser dans leur entreprise la gestion d’incidents informatiques. Celle-ci se fait souvent sur le mode de l’urgence, mais pour capitaliser sur l’expérience sur la durée elle emprunte aux méthodes scientifiques expérimentales la recherche de la cause racine, de l’origine de l’incident.  Dans le domaine de la morale l’hypothèse du libre-arbitre est avancée lorsque nous avons conscience de notre volonté qui détermine, ou cause nos actes, et que nous ignorons les autres causes extérieures qui nous déterminent ? C’est pourquoi lorsqu’on cherche une cause racine et une origine, il est plus juste de se poser cinq fois la question « pourquoi ? », même si nous n’avons pas généralement de réponse à ces questions. o Ce qui est cause de soi-même est une contradiction, ou bien échappe à notre compréhension ? Comme le libre-arbitre suppose une volonté absolue. o La cause détermine un effet, autrement dit un effet est formé par une cause ou des circonstances. o Le passé détermine le présent ? o L’homme est asservit aux passions que lui donne la nature, et ce n’est même pas une question d’avoir une âme forte ou faible ? o L’essentiel n’est pas de faire des photos, ce n’est pas une fin en soi, c’est ce qu’on fait des photos qu’on fait qui compte ?  Dans le domaine de la physique moderne, l’idée que l’esprit scientifique postule un déterminisme universel est dépassée, et le déterminisme de la science est régional, ou probabiliste, et non plus absolu comme au temps de Laplace. Cependant, la démarche des sciences positives n’est même plus d’expliquer en donnant les causes, mais uniquement d’établir des lois constantes entre les phénomènes, afin de faire des prévisions rationnelles ?  Selo la Physique d’Aristote il existe trois causes possibles : la nécessité aveugle ; la production artificielle ; et la finalité naturelle.  La cause finale : explication puérile, honteuse, ou paresseuse ?  La cause finale n’épuise pas la nécessité de trouver une cause efficiente. Par exemple, définir la philosophie comme une machine textuelle faite par un philosophe, selon la non-philosophie, explique le fonctionnement des textes, mais pas encore leur mode de production ? CENSURE.  Voici non le moindre des paradoxes de la non-philosophie : Laruelle a beaucoup fait pour définir et défendre une philosophie normale, c’est-à-dire une philosophie qui rejette de la famille des philosophes des éléments non-philosophiques, qui ne sont pourtant intégrés non plus dans la non-philosophie standard. Le cas de Kierkegaard
  • 30. Gwendal Idot - Dispositions 30 est le plus connu. Selon Laruelle « Kierkegaard est certes un penseur, mais non un philosophe ». Il n’y a rien de plus paradoxal en effet que la non-philosophie se trouve en situation de défendre une philosophie normale et standard. On comprend que pour définir la non-philosophie, il faut être tombé d’accord sur ce que la philosophie est ou n’est pas.  La censure est un mécanisme de rejet, qui repousse ou refoule dans le néant, les éléments qui tendaient à exister ou à faire partie de la même famille.  C’est un processus normatif qui maintient l’ordre du discours, et limite ce qui peut être dit ou pas. Le reste étant anormal.  L’affirmation de soipeut dans une certaine mesure s’opposer àla censure ou chercher comment la contourner, ou attendre le bon moment pour passer, ou se révéler être malade plutôt, et à bout de force.  Platon se défie d'Homère qu'il exclut de sa République, mais est-ce que c'est dans le même sens que lorsque Bodin condamnera le théâtre dans ses livres sur la République, au temps de Shakespeare? En fait,Platon sedéfie surtout de la théogonie (Homère, également Hésiode), car les procès pour impiété se multiplient à Athènes : Anaxagore, Socrate, Prodicos (plus tard Aristote). Alors Platon contre la religion : la méthode de la censure, barrage contre la menace d'inquisition ? CERTITUDE.  La certitude pose la question des critères de la vérité, qui semble souvent difficile à expliquer en elle-même, comme elle s’identifie à ce qui est lumineux et éblouissant. Il est pourtant nécessaire d’identifier des méthodes pour la mettre en avant, l’isoler du reste, la regarder en face pour la simple raison qu’il ne suffit pas de l’obtenir, il faut également souvent être capable de convaincre les autres de partager le même point de vue, comme étant le plus objectif. Or, chacun est persuadé de détenir la vérité dans son périmètre d’activité. La vérité pose dès lors indirectement, la question de l’avenir des illusions qui persistent en fondant sur des croyances indéracinables. D’autant plus que la vérité scientifique, si elle est dominante, est pourtant amenée à être dépassée à un moment donné.  Nécessaire et vraie, hors d’atteinte du doute, c’est-à-dire évidente ou convaincante une fois qu’elle a été montrée suffisamment clairement et distinctement ou par force de démonstration et de calcul. Dès lors la question se pose de savoir s’il y a des degrés de certitude, et ce qui doit être posé en premier comme le plus certain, ou le plus immédiat pour pouvoir fonder le reste. Ainsi il y a des degrés du savoir. o Cela peut être la certitude d’une pensée dont il est question, si toutefois elle déjoue les pièges grammaticaux du langage, o ou d’une notion simpleet première, dont ilest question, à condition de pouvoir la définir toutefois, o ou de l’existence même, qui pourtant résiste à être pensée, o ou de réalité du monde extérieur, qui n’est que dans la perception.  La certitude de mourir peut s’opposer à la certitude de l’éternité, et aussi à l’espoir de l’avenir. CHANGEMENT.
  • 31. Gwendal Idot - Dispositions 31  Le changement est le passage du présent à un autre présent. Il peut être continu ou disruptif. Le changement d’organisation vers le numérique implique une transformation des outils traditionnels, et des vieux métiers, cela demande de la souplesse et le moins de rigidité possible de la part de ceux qui effectuent ce changement, pour pouvoir utiliser et développer des applications permissives, en les faisant évoluer pour réduire les incidents, et laisser la place aux usages faits par les clients pour qu’ils se les approprient.  La conduite du changement dans les organisations se heurte parfois à une perte de sens qui résulte du changement pour le changement. Le numérique remet ainsi en cause une vérité héraclitéenne selon laquelle tout change, excepté le changement lui- même. Non pas qu’il s’agisse de remettre en cause le besoin de changement, même d’apparence, mais la plus-value qu’il peut y avoir ou pas.  Un paradoxe qui n’est pas des moindre est que ce qu’on pouvait faire avant l’arrivée des nouvelles technologies, on ne puisse plus le faire avec les nouvelles technologie à disposition.  Le changement du numérique déplace les limites entre le monde privé et le monde public, ainsi que l’espace de travail. Les problèmes qui se posent sont en terme de respect des droits de la vie privée : si la juridiction évolue aussi vite ou si un vide juridique est permissif ?  Des questions se posent aussi sur le fait que les technologies créent des inégalités parmi ceux qui y ont accès ou pas, et qui peuvent rencontrer des difficultés à accéder aux services publics.  La proposition de valeur du numérique est des applications intuitives et ludiques qui transforment le travail à l’œuvre dans les vieux métiers en plaisir. Cependant, les plaisirs nés de l’utilisation des jeux électroniques s’ils conditionnent à avoir les bons réflexes pour favoriser l’usage intuitif des applications, en contrepartie rendent normale, et banalisent la manifestation de perversités qui exercent une influence destructrice sur le lien social.  Le paradoxe au final est qu’en réalité, derrière ce qu’on appelle le changement, il n’y a aucun changement réel, dans le sens d’un passage du passé au présent. Il y a simplement une régression des comportements individuels, un fracture sociale grandissante entre les anciens et les nouvelles générations qui perdent accès aux sources qui peuvent les rendre autonomes.  La promotion du changement et de la digitalisation comme domaine de débouché pour des nouveaux métiers repose sur une vieille idée de l'économiste J. B. Say qui est un sophisme que Keynes a mis en évidence en son temps. Il s'agit de l'hypothèse fondamentale que "le système économique travaille constamment à pleine capacité, de telle sorte qu'une activité nouvelle se substituerait toujours et ne s'ajouterait jamais à une autre activité" (La théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie, Keynes, p. 8, Préface, Payot). En effet, supposer cela, comme le fait le gouvernement en France aujourd'hui, revient tout simplement à ne pas reconnaître la réalité du chômage, ni des cycles économiques.  Le capitalisme sans capital est-il un leurre ou un nouveau paradigme ?
  • 32. Gwendal Idot - Dispositions 32  Le chômage involontaire est-il comme un inconscient économique ?  Keynes explique la persistance des schémas de pensée classique, pas la persistance des schémas de pensée marxiste ?  Laruelle explique la persistance des schémas de pensée philosophique dans une théorie générale non-philosophique ?  La question de l'Etat illimité grâce à l'informatique n'est pas une invention actuelle, c'est une question latente qui est connue depuis 1978 (L'informatisation de la société, Alain Minc et Simon Nora, éd. Seuil, 1978), et qui est seulement révélée par la crise sanitaire ? CHATIMENT.  Le châtiment pénal peut être défini comme la forme que prend le destin, lorsqu’un individu est « rattrapé par son passé », et qu’on n’a pas su se réapproprier le passé, alors qu’il nous déterminait sans le savoir. En ce sens le châtiment suppose une personne adulte et responsable pour avoir un sens.  Le châtiment que les parents infligent aux enfants, est la punissions qui les attend s’il commettent un écart de discipline, alors qu’ils ont été prévenus.  Un paradoxe est que ces deux définitions en réalité peuvent être totalement opposées.  Le châtiment est dans tous les cas une mortification de notre amour propre, une sanction d’abord externe, dont le sens est d’être intériorisée par la victime, qui reconnait avoir mérité cela.  Le châtiment peut être aussi un stimulant de le pulsions vitales, qui réveille des désirs sado-maso. Alors tout dépend le degré, pour savoir s’il peut provoquer le plaisir ou s’il dépasseun seuil vital, en quel cas iln’est plus que tourment et non-sens pour la victime malheureuse. CHOIX  « Qui ne choisit pas triche » : Cette maxime éthique semble s’appliquer à d’autres domaines et pas seulement en amour, comme le dit Freud (Malaise dans la civilisation) ?  La différence sexuelle étant le fruit du hasard, n’est pas digne des généralités de la pensée comme celleénoncée dans laproposition suivante : « Toute différence estune approximation de l’identité » ? La force de pensée est l’affirmation des choix, décisions, selon Laruelle (Ethique de l’Etranger), et celle qui est propre au régime de la pensée non-philosophique semble supérieure à celle propre à la philosophie en tant que texte transmis, ou machine à produire certains types de textes ou certains énoncés.  Pour être libre, et ne pas être le reflet d’un coup de tête, un choix suppose la délibération selon Aristote (Ethique à Nicomaque), mais cela peut sembler toujours arbitraire de décréter que tel choix est un coup de tête et tel autre est libre ?  Selon le niveau des réponses à des attentes exprimées la marge de liberté nécessaire estplus ou moins importante afind’assurer que les réponses soient optimisées, malgré la pression des faits ?  Faire des choix et les assumer, par des actes, en fonction des risques que l’on peut mesurer, est la démarche d’une pensée qui se prend en main, sans se laisser
  • 33. Gwendal Idot - Dispositions 33 simplement déterminée par la pression d’un destin extérieur, et participe à la constitution des réalités collectives qui s’imposeront ensuite au groupe comme normes, des repères externes, et comme devenus indépendants la volonté humaine ? CHOSE.  Une chose identifiée, reconnue ou nommée est-elle un objet qui présuppose un sujet, homme pour recevoir un nom qui lui est propre et ajusté à son essence ? Ou bien le sens des mots est-il enfermé dans le langage, dans ses rapports aux autres mots ?  Les choses en soi sont-elles contenues dans un espace absolu hors de nous, comme le propose Newton (Principes mathématiques de la philosophie naturelle), ou bien si l’espace est la forme de notre sensibilité comme le propose Kant (Critique de la Raison pure), alors les choses sont-elles également contenues en nous finalement ? CHARISME.  Le charisme c’est le chef naturel, ou le héros qui portent un rôle comme un choix du destin, du peuple, ou du public, ou de la famille de manière qu’ils en viennent à avoir besoin d’eux ? Pourtant Brecht nous prévient gentiment : « Malheur au peuple qui a besoin de héros ».  Max Weber : « L’expression de « charisme » doit être comprise dans les analyses qui suivent comme une qualité extraquotidienne attachée à un homme (peu importe que cette qualité soit réelle, supposée ou prétendue). « Autorité charismatique » signifie donc : une domination (qu’elle soit plutôt externe ou plutôt interne) exercée sur des hommes, à laquelle les dominés se plient en vertu de la croyance en cette qualité attachée à cette personne en particulier. Le magicien, le prophète, le chef d’expéditions de chasse ou de rapine, le chef de guerre, le maître « à la César », éventuellement le chef de parti dans sa personne, représentent ce type de dominant (Herrscher) dans ses rapports à ses disciples, à sa suite, à la troupe qu’il a levée, au parti, etc. La légitimité de leur domination repose sur la croyance et l’abandon à l’extraordinaire, à ce qui dépasse les qualités humaines normales et qui pour cela même se trouve valorisé (comme surnaturel, à l’origine). Cette légitimité repose donc sur la croyance en la magie, en une révélation ou en un héros, croyance qui a sa source dans la « confirmation » de la qualité charismatique par des miracles, des victoires et d’autres succès, autrement dit des bienfaits apportés aux dominés… » (Sociologie des religions, M. Weber, p.370, Tel Gallimard) CHEF.  Le vrai chef dans un groupe est peut-être celui qui contrôle le pouvoir, par le contrôle de sa seule parole ? Ce qui rend les pièces de Shakespeare, et de Racine extrêmement réalistes lorsqu’elles mettent en scène des personnes occupant des fonctions au pouvoir, c’est qu’effectivement la maîtrise de langue semble être l’instrument du pouvoir. Dans l’ordre du discours les mots ont un pouvoir symbolique comme marques de distinction et ont une efficacitéqui échappe à ceux qui n’en comprennent pas les sens, alors qu’ils en subissent les décisions qui s’appliquent dans l’ordre du discours où ils se situent.  Bateson aattiré l’attention sur les moyens de reconnaître chez les groupes animaliers, le chef naturel.
  • 34. Gwendal Idot - Dispositions 34  Un chef est-il le leader devant tout le monde, ou invisible et derrière l'équipe ? Il semble que cette réflexion soit récurrente dans l'autobiographie de Nelson Mandela : " Je me suis toujours efforcé d'écouter ce que chacun avait à dire dans une discussion avant d'émettre ma propre opinion. (...) Je n'ai jamais oublié l'axiome du régent : un chef,disait-il, est comme un berger. Il reste derrière son troupeau, illaisse leplus alerte partir en tête, et les autres suivent sans se rendre compte qu'ils ont tout le temps été dirigés par-derrière (...) En droit en et philosophie, on pose la question : "Quis custodiet ipsos custodes?" (Qui gardera les gardiens?) Si le préfet ne respecte pas le règlement, comment peut-on espérer que les élèves le fassent ? En effet, le préfet était au-dessus de la loi parce qu'il était la loi et un préfet n'était pas censé en dénoncer un autre. (…) Je n’avais ni la sécurité ni letemps nécessaires pour discuter de cesquestions avec mon organisation. Je savais que me camarades (…) condamneraient ma proposition et qu’ils tueraient mon initiative dans l’œuf. Il y a des moments où un responsable doit marcher en avant du troupeau, partir dans une nouvelle direction, en se fiant à lui- même pour s’assurer qu’il mène son peuple sur le bon chemin. En fin de compte, mon isolement fournissait une excuse à mon organisation au cas où les choses tourneraient mal ." (Un long chemin vers la liberté, Mandela, Fayard, pp. 31- 53, 634)  « Quel genre d’avocat et de chef espères-tu être si ne connais pas la langue de ton propre peuple ? » (Un long chemin vers la liberté, Mandela, p. 105, Fayard)  Giscard d'Estaing (Le pouvoir et la vie) vs. Nelson Mandela : Comment lire Tolstoï (Guerre et Paix) ? Mandela : "Le portrait du général Koutouzov, que tout le monde sous-estimait à la cour du tzar, m'a particulièrement frappé. Koutouzov a vaincu Napoléon précisément parce qu'il n'était pas influencé par les valeurs superficielles de la cour et parce qu'il prenait ses décisions à partir d'une compréhension viscérale de des hommes et de son peuple. Cela m'a rappelé une nouvelle fois que pour bien conduire son peuple, il faut le connaître parfaitement" (Un long chemin vers la liberté, Fayard, p.594, Mandela). Aujourd'hui de quel politique peut-on dire "Celui-là connaît bien les français" ? - Aucun. dans la classe politique française, il sont tous bons à être expédiés sur Mars en aller simple dès que la fusée est prête au décollage.  Où trouver un maître qui n'ait pas besoin lui-même d'un maître? Kant vs. Mujica : "...take the Kung San, from the Kalahari Desert. When anthropologists asked them, "Don't you have a leader?" they answered, "No, we're our own leaders" (...) Think of how a person always needs a tribe. And when doesn't have one, he becomes a Barcelona or a RealMadrid fan..." (p. 44, Vote and see,conversation with Pepe Mujica, Dario Klein, Syncretic Press) CHOIX.  Le choix fait, marque une décision prise, un parti pris volontaire, assumé, qui a mis fin à une question, qui a été remplacée par une affirmation. Le choix libère en permettant de passer à autre chose.  Laquestion estde savoir à quelles conditions un choix faitpeut-il vraiment être assumé ensuite. Le degré de liberté d’un individu se mesure-t-il à la marge de manœuvre dans les options qui se présentent à lui en exerçant plus ou moins de pression ? CHOSE.