2. Savoir et rapport au savoir
Beillerot, J. (1996). Les savoirs, leurs conceptions et leur nature. In Pour une clinique du rapport au savoir, Paris, L’Harmattan.
L’évidence ne suffit pas à fonder la validité d’une notion.
Connaissance ≠ savoir
Foucault : « [Un] ensemble d’éléments, formés de manière régulière par une pratique discursive et qui sont indispensables à
la constitution d’une science, bien qu’ils ne soient pas destinés nécessairement à lui donner lieu, on peut l’appeler savoir.
Un savoir c’est ce dont on peut parler dans une pratique discursive qui se trouve spécifiée… »
• La connaissance est l’intimité, intuition ou expérience de l’être d’une part, la démarche intellectuelle, abstraite
manifestant l’exercice de la raison, d’autre part.
• Le savoir est le produit de la raison fonctionnelle.
Un savoir n’existe que du rapport entre un langage et des actions dans le champ d’une pratique sociale déterminée.
« Savoir-faire » technique de transformation ≠ « comment savoir faire » discursif à prescriptif.
Foucault : « Les savoirs sont des produits donnés dans un contexte historique et social, ils font référence à des cultures,
expriment, témoignent des modes de socialisations et d’appropriations. Les savoirs, en dénommant des modes d’action dans
une société, contribuent à ses contradictions et à ses conflits. »
Schlanger distingue 7 savoirs : perceptif, technique (artistique), éthico-politique, esthétique, ontologique, historique, réflexif.
Van der Maren: scientifique, stratégiques et al.; Malglaive: théoriques, procéduraux, etc.
3. Les conceptions du savoir (cf. Beillerot)
• 1. Le savoir comme stocks de connaissances répertoriées, classées, accumulées dans des livres, dans des expériences
humaines…
• 2. Le savoir comme processus, rapport du savoir et du psychisme. Il s’agit de comprendre les apprentissages des savoirs :
comment ils sont acquis ou pas, etc. et comment les mécanismes cognitifs sont à l’œuvre.
• 3. Le savoir comme ordre du fantasme et qui génère un désir de savoir (cf. Freud).
= le savoir devient alors l’objet d’une lutte, d’un enjeu => donc un processus et non un résultat ou un produit fini.
La nature des savoirs
Philosophique / théologique / scientifique / etc.
Le savoir est de l’ordre du discours
4. L’analyse de B. Charlot porte sur le rapport au savoir d’un sujet singulier inscrit dans un espace social. (Cf. Canguilhem ;
Vygotski ; Saint-Augustin)
« Le rapport au savoir est un rapport du sujet au monde, à soi-même et aux autres. Il est rapport au monde comme ensemble
de significations mais aussi comme espace d’activités et il s’inscrit dans le temps. » (Charlot, 2002, 90)
- Rapports aux systèmes symboliques (iconiques; langages; sonores);
- Rapports au temps : « Ce temps, enfin, se déploie en trois dimensions qui s’interpénètrent et se superposent l’un à
l’autre : le présent, le passé, l’avenir. » (cf. Saint-Augustin);
- Rapport au savoir et désir de savoir (Cf. Freud), le désir d’apprendre;
- Rapport au savoir et représentation du savoir;
- Rapport au savoir et rapport de savoir;
CHARLOT, B. (2002). Le rapport au savoir : concept et définitions (VI). In Du rapport au savoir. Eléments pour une théorie.
Paris, Anthropos.
5. Les définitions du rapport au savoir
1982 :
« J’appelle rapport au savoir l’ensemble d’images, d’attentes et de jugements qui portent à la fois sur le sens et
la fonction sociale du savoir et de l’école, sur la discipline enseignée, sur la situation d’apprentissage et sur
soi-même. » Accumulation de rapport au savoir qui occulte la relation entre les différents aspects.
1992, « Le rapport au savoir est une relation de sens, et donc de valeur, entre un individu (ou un groupe) et les
processus ou produits du savoir. » Accent sur la relation, mais défaut sur la pluralité des rapports, et peu
opératoire.
2002, le rapport au savoir est le rapport au monde, à l’autre et à soi-même confronté à la nécessité d’apprendre ;
- le rapport au savoir est l’ensemble (organisé) des relations qu’un sujet entretient avec tout ce qui relève de
« l’apprendre » et du savoir ;
- le rapport au savoir est l’ensemble des relations qu’un sujet entretient avec un objet, un « contenu de
pensée », une activité, une relation interpersonnelle, un lieu, une personne, une situation, une occasion, une
obligation, etc., liés en quelques façons à l’apprendre et au savoir – par là même, il est rapport au langage,
rapport au temps, rapport à l’activité dans le monde et sur le monde, rapport aux autres, et rapport à soi-
même comme plus ou moins capable d’apprendre telle chose, dans telle situation.
6. B.-M. Barth formule cinq catégories pour décrire le savoir comme étant à la fois :
- Structuré, il a une forme, il est déterminé, il répond à des questions ou des attentes;
- Evolutif, il n’est pas le même selon les époques, les cultures, etc.;
- Culturel, certains savoirs sont attachés à une société (ex. la musique occidentale);
- Contextualisé, certains savoirs sont circonscrits à une circonstance;
- Affectif, nous entretenons un rapport affectif au savoir;
Le savoir est un processus dynamique, un processus de constante interprétation dynamique,
modelé par l’interaction avec les autres.
Les 4 modèles explicatifs de la provenance du savoir :
• 1re Le modèle explicatif comportementaliste (Pavlov, Watson, Skinner, etc.) : à un stimulus extérieur correspond une
« réponse » intérieure.
• 2e Le modèle explicatif de type rationnel, kantien, où la raison de l’apprenant est perçue comme étant à la l’origine du sens.
C’est cette raison qui détermine le sens. Le mouvement va de l’intérieur vers l’extérieur.
• 3e Le modèle constructiviste piagétien, le sens prend son origine dans l’action du sujet avec l’objet : l’action se transforme
en pensée.
• 4e Le modèle socioconstructiviste où l’apprentissage est approché comme processus de participation, dans une culture
donnée, dans un espace dédié à l’action même, et dans le dialogue qui s’élabore. Il existe des interactions entre les individus,
entre les individus et leur culture.
Le savoir n’est pas un contenu statique, un programme, qui se transmet par un cours magistral,
mais un ensemble « d’outils culturels » qu’il faut apprendre à utiliser.
Barth, B.-M. (1987). L’apprentissage de l’abstraction. Paris, Retz.