La réussite et la persévérance scolaire constituent des enjeux de société majeurs partout dans le
monde. De nombreuses étapes existent pour qu’un élève persévère : l’élève doit s’engager dans
les apprentissages, venir et rester en classe sans s’absenter, le tout sur la durée et en dépassant
des difficultés. La question du décrochage semble donc toujours faire écho à celle de la
persévérance, pour lutter contre les inégalités. De nombreux facteurs socioculturels impactent
9
la réussite des élèves, comme les minorités ethniques, l’origine migratoire, le milieu socio-
économique (populaire), ou le niveau de diplôme des parents (Hattie, 2009 ; Bernard, 2017).
Face à ces facteurs déterminants dans la réussite des élèves, la question de la distance culturelle
dans la relation pédagogique se pose directement. En 1966, Bourdieu avançait que l’école
transforme les inégalités devant la culture en inégalités d’apprentissage et de réussite scolaires.
Pour certains élèves, il peut même s’agir d’un choc quotidien des cultures, influençant
directement l’échec scolaire (Perrenoud, 1990).
Plusieurs questions se posent alors : comment permettre de rapprocher les communautés
culturelles, qu’elles soient ethniques ou scolaires et changer les perceptions des autres cultures ?
Comment un enseignant peut-il permettre aux élèves de tous parler le même langage ?
Comment outiller les élèves pour les amener à réussir ? Si les recherches montrent aujourd’hui
que le niveau de diplôme contribue au développement social à travers une meilleure
connaissance de sa culture et à une ouverture à celle des autres (Gaudreault et al., 2018), des
questions restent sans réponse concernant la persévérance dans les apprentissages pour les
élèves « à risque » de décrochage et l’effet sur leur réussite scolaire. Notre étude prend place
au cœur d’une zone géographique fortement marquée par des inégalités socioculturelles et
économiques, dans une école du 15ème arrondissement de Marseille, avec des élèves de cours
préparatoire (CP). Elle s’attache à comprendre et décrire les actions qu’un élève en difficulté
scolaire précoce met en œuvre et qui lui permettent de s’engager ou de se réengager face à une
tâche donnée, en rétroaction par rapport à celles de l’enseignant.
Cette communication s’appuiera sur un état de l’art sur le décrochage/la persévérance scolaires
et le réengagement des élèves, ainsi que sur les premiers résultats d’analyse des données
obtenues dans le cadre d’observations de séances d’enseignement centrées sur les interactions
enseignant/élève.
8. Engagement
Interactions
avec
l’enseignant
Interactions
avec les pairs
Engagement
dans la tâche
Interactions
négatives
Engagement positif avec
l’enseignant
Communication avec
l’enseignant
Sociabilité
Affirmation de soi
Communication avec les
pairs
Engagement
Autonomie
Conflit avec l’enseignant
Contrôle du
comportement
Conflit avec les pairs
Comportemental
Cognitif
Agentique
Émotionnel
18. Manières Qualité
Processus
d’interaction
Gestes
Posture
Ton de la voix
Proximité
Soutien
émotionnel
Organisation de
la classe
Soutien à
l’apprentissage
Climat positif
Absence de climat négatif
Sensibilité de l’enseignant
Prise en considération
du point de vue de l’enfant
Gestion des
comportements
Productivité
Modalités
d’apprentissage
Développement
de concepts
Qualité de la
rétroaction
Modelage langagier
Les facteurs de risque sociaux :
âge : âge d’entrée en sixième (Coudrin, 2006), redoublement ou grade retention (Rumberger, 2004a),
genre : garçon (Caille, 1999 ; Coudrin, 2006 ; Afsa, 2013 ; RERS, 2017),
minorité ethnique et origine migratoire (Rumberger, 1995 ; Cameron et Heckman, 2001 ; Hauser et al., 2004 ; Lofstrom, 2007),
milieu socio-économique : milieu populaire, niveau de diplôme des parents (Caille, 1999 ; Hauser et al., 2004 ; Coudrin, 2006 ; Afsa, 2013),
structure familiale : enfants issus de familles monoparentales (Janosz, 2000 ; Hauser et al., 2004 ; Bénabou et al., 2004 ; Afsa, 2006),
composition sociale de l’établissement scolaire (Boudesseul et al., 2016), développement social et émotionnel faible autour du climat scolaire (Durlak, Weissberg, Dimnicki, Taylor et Schellinger, 2011),
orientation psychosociale de l’élève : troubles du comportement, comportements agressifs, conduites délinquantes, états dépressifs (Jimerson et al., 2000 ; Fortin et al., 2004 ; Blaya, 2010).
Les facteurs de risque scolaires :
caractéristiques scolaires : difficultés scolaires précoces (Franklin et Streeter, 1995 ; Janosz et al. 1997 ; Broccholichi, 1998 ; Jimerson et al., 2000 ; Battin-Pearson et al., 2000) avec comme plus forts prédicteurs le redoublement en collège (Caille, 1999), le niveau à l’entrée en sixième (Coudrin, 2006), le redoublement en primaire (Bénabou et al., 2004), et le niveau de compétences en mathématiques et en français (Afsa, 2013),
environnement scolaire : « effets-établissements » (Borman et Dowling, 2010 ; Khouaja et Moullet, 2016), grand nombre d’élèves défavorisés (Bryk et Thum, 1989 ; Rumberger, 1995 ; McNeal, 1997 ; Rumberger et Palardy, 2005).
Tautologie
Bibliotheque fermée
63 écoles pour 10600 élèves, 2 écoles fermées pour 800 élèves de plus
Les écoles de cet arrondissement regroupent ainsi un grand nombre de facteurs de risque sociaux et scolaires qui semblent déterminants dans le processus de décrochage : minorité ethnique et origine migratoire, milieu socio-économique (milieu populaire, niveau de diplôme des parents), enfants issus de familles monoparentales, composition sociale de l’établissement scolaire, « effets-établissements », grand nombre d’élèves défavorisés. L’offre culturelle est pauvre, le nombre d’écoles diminue malgré l’augmentation du nombre d’enfants en âge d’être scolarisés.
Persévérance = engagement sophistiqué
Analyse des données par approche de codage à deux dimensions tirées de Gioia et al. (2013)
Permet de confronter résultats à la littérature et de faire émerger de nouveaux thèmes et concepts.
Les différents concepts seront ensuite discutés au regard de la littérature académique. `
Couplage entre évolution de l’approche méthodologique et développement des modélisations processuelles (Langley 1999 cité par Gioia et al.: p.2 : Special Issue AMJ 2013)
Nous avons choisi l’utilisation de la méthode de Gioia et al (2013) : prise de notes afin d’avoir un cadre fiable pour notre étude qualitative. Cela consiste à enregistrer et à prendre des notes sur ce que les personnes nous disent, en essayant consciencieusement d'utiliser leurs termes, et non les nôtres, pour nous aider à comprendre leurs expériences de vie.
Ce faisant, nous avons identifié dans les phrases des personnes questionnées chaque terme qui paraissait être des concepts importants pour notre recherche. Gioia et al (2013) parlent de concept de 1er ordre.
Par la suite, toutes les phrases sont classées dans un grand thème qui ressort des entretiens. Nous organisons donc les codes de premier ordre en thèmes de deuxième ordre (centrés sur la théorie) (Gioia et al. 2013).
Pour finir, nous allons rapprocher ces thèmes trouvés dans nos entretiens avec la revue de litté- rature ce que Gioia et al. (2013) appelle un thème agrégé
Travail d’explicitation des notions – définitions, méthodologie – pas toujours évident