2. TRAVAIL PRESCRIT- TRAVAIL REEL
• Il existe toujours un ECART entre le travail prescrit (ce
qui est à faire, les consignes, les règlements, les
procédures) et le travail réel (ce que font les sujets,
l e u r a c t i v i t é … )
Il existe 2 manières de comprendre cet écart :
3. Modèle A :
Le prescrit est «parfait». Si le
travail est désajusté par
rapport à lui, c est que le
travail n est que le résidu du
manque de technique chez
les opérateurs.
THEORIE
TECHNIQUES
TRAVAIL
Modèle B :
Quelle que soit la qualité de la
prescription, il y aura toujours un
écart entre celle-ci et le travail réel.
Le travail est le lieu de l adaptation
humaine du prescrit, le lieu de
l expérience déployée face à des
situations inédites, imprévues et
imprévisibles.
C est parce qu il y a écart, qu il y a expérience … et créativité
TECHNIQUES
TRAVAIL
PRODUCTION DE
SAVOIRS
4. Modèle A :
§ Non respect de la norme
§ Infraction
§ Prise de risque individuelle
et culpabilité
§ Perte d efficacité et
souffrance au travail
CONSEQUENCES en termes de SANTE, EFFICACITE et de PLAISIR travail
Modèle B :
§ Machine à produire de
l’expérience
§ Reconnaissance collective de
la contribution de chacun
§ Développement de l’efficacité
et plaisir au travail
ECART PRESCRIT / REEL
5. COÛTS
Ce que « ça demande »
PRESCRIPTIONS
Ce qu « on demande »
D'après F. Hubault 1992
Résultats
Ce qu « on fait »
Effets du Travail
COMPROMIS
EFFICACITÉ
« Malgré tout »
OBJET
DU TRAVAIL
Ce qu on « voit »
SUJET
Ce que « ça fait »
6. • « La subjectivité, c’est alors uniquement l’insatisfaction.
Mais c’est peut-être là la vie elle-même » ( Canguilhem,
1983, p. 364)
• L’action est une activité réalisée par rapport à des
possibilités non réalisées, esquissées, suspendues,
contrariées empêchées, qui font partie de l’activité
• Toute personne est au quotidien un sujet intentionnel,
motivé et finalisé, dont les activités et les actions
répondent à des normes qui les encadrent, à des motifs
qui les poussent et à des buts qui les tirent plus ou moins
contradictoirement (Rabardel, 2005)
7. • Le sujet au travail est sollicité par plusieurs forces à la fois, il
est engagé dans une pluralité de cadres de signification de
ses actes (Malrieu, 1983)
• Il lui revient alors la tâche d’organiser ces cadres pour ne
pas être condamné à l’inefficacité ou à l’absurde (Ibid.)
• Le travail est une activité forcée (Wallon, Meyerson) qui
oblige le sujet à une efficacité « malgré tout »
• Cette efficacité est à considérer comme une dynamique
d’atteinte et de production de buts, dont le moteur se
trouve dans les rapports entre sens et efficience
• Elle contribue ainsi au renouvellement des fins et des
moyens, elle autorise à imaginer autre chose avec les
moyens rendus disponibles
8. • Le concept d’activité pourrait pointer cette dynamique,
cette dialectique problématique […] où le vivant
humain […] cherche à retravailler les normes reçues
et/ou imposées en fonction de celles que son histoire a
incorporées en lui » (Schwartz, 2002)
• Vivre au travail c’est développer son activité, ses objets,
ses instruments en affectant son milieu de travail par
ses initiatives
• L’activité catachrestique « prend sa source dans une
amputation du pouvoir d’agir, [elle permet de]
transformer une expérience vécue comme un obstacle
en moyen de vivre une autre expérience » (Clot, 2003)
9. Activité
« collision dramatique »
Conflits moteurs
L’activité n’existe dans un contexte qu’en produisant du contexte pour exister : « le contexte est inclus dans l’unité
d’analyse » Wisner 1997
Þ faire l’expérience de se sentir pour quelque chose dans ce qui nous arrive
plaisir
- Sortir de soi pour faire quelque chose
- Retrouver l’énergie potentielle laissée stockée dans des artefacts qui sont de véritables
accumulateurs- outil, langues, œuvres, règles et institutions (Vygotski, 1997)
- Activité rallumée dans l’instrument technique ou symbolique qui rétablit le contact entre le sujet, l’objet et
autrui dans l’activité en cours (Rabardel, 2005 ; Mayen, 2012).
- L’activité est médiatisée et médiatisante.
10. • Santé : « Je me porte bien dans la mesure où je me sens capable de porter la responsabilité de mes actes, de porter
des choses à l’existence et de créer entre les choses des rapports qui ne leur viendraient pas sans moi » (Canguilhem 2002)
• Créativité : vivre de manière créative c’est tourner le dos à une relation de soumission à la réalité extérieure pour
entretenir avec elle des rapports d’appropriation active, notamment par le moyen du jeu qui permet l’exercice de la
capacité de l’homme à ne pas être uniquement ce qu’il est et comme il est, à mettre en communication monde
externe et monde interne, réel et irréel.
(d’après Winnicott, 1971)
• Evénement :
Hubault (1993) :
- associe « événement » à « performance » qui « dépend de la manière d’assurer la pérennité des intentions à
travers la grande diversité des événements : c’est-à-dire, malgré ce qui pourrait l’altérer et/ou grâce à ce qui
pourrait l’enrichir (…).
- parle de « culture de l’événement ». Pour lui « une culture de l’incident est une médiation obligée pour que puisse
s’opérer la recherche, l’acceptation, l’interprétation, et l’intégration de ce qui émerge. » (Hubault, 1993)
• SENS :
Clot : « il n’y a pas de sens sans inattendu »,
« il n’y a pas de fiabilité sans accès au sens. La fiabilité ressort ainsi comme une problématique de la prise en charge de
l’inattendu, et non plus comme celles du respect des procédures ». (Hubault, 1993)
11. Ainsi, « l’activité instrumentée, enrichie par la confrontation
au réel, rejaillit sur la construction de l’instrument. Ainsi peut
s’instaurer un mouvement circulaire de développement et de
renouvellement mutuel, l’activité en développement exigeant
de l’instrument de nouvelles avancées opératoires et
artefactuelles et celui-ci ouvrant à l’activité des perspectives
inédites d’action » (Vérillon, 2005).
12. Références
- Canguilhem, G. (1984). Puissance et limites de la rationalité en médecine. Médecine, science et technique, Charles Marx
(éd.) Paris : Éd. du CNRS « Fondements des sciences ». 109-130.
- Canguilhem, G. (2002). Écrits sur la médecine. Paris : Seuil.
- Clot, Y. (2003). “ Vygotski, la conscience comme liaison ”, in Lev Vygotski, Conscience, inconscience, émotions, Paris : La
Dispute. 7-59.
- Espinassy, L., Saujat, F. (2016). Enseigner les arts plastiques : organiser le travail des élèves pour tenir ensemble les
dimensions didactiques, ergonomiques et créatives de l’activité des élèves et du professeur. 51me Congrès de la SELF.
Marseille, 21-23/09/16. 307-315.
- Hubault, F. (1993). « Le travail, ou l’interface anthropotechnologique à l’épreuve », Performances Humaines &
Techniques, n° hors série Septembre 1993. 2-11.
- Malrieu, P. [1983]. Genèse réciproque de l’idéologie et de la personnalisation. Psychologie et Education, 1-2, 35-42.-
Meyerson, I. (1987). Ecrits, 1920-1983. Pour une psychologie historique. Paris : PUF.
- Rabardel, P., (2005) - Instrument subjectif et développement du pouvoir d’agir, in Rabardel, P., Pastré, P., - Modèles du
sujet pour la conception : dialectiques activités développement, p 11-29, Octares, Toulouse.
- Schwartz, Y. (2002). Les évolutions du champ de la prescription. Conférence du XXXVIIème congrès de la SELF.
- Vérillon, P. (2005). Processus productifs et constructifs dans les activités physiques et sportives : la place de
l’instrument. Impulsions, 4, 305-325.
- Vygotski, L.S. ([1934] - 1997). Pensée et langage. Paris : La Dispute (réedition, 1885, 1997) 3ème : 2002)
- Wallon, H. (1938). La vie mentale. Encyclopédie française Tome VIII réed Paris : Editions sociales 1982.
- Winnicott, D.W. (1971). Jeu et réalité. L’espace potentiel. Paris : Gallimard.
- Wisner, A. (1997). Anthropotechnologie, vers un monde industriel polycentrique. Toulouse : Octares.
- Wolff, F. (2015). Pourquoi la musique ? Paris : Fayard.