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Analyse du discours et de
l’énonciation
Salma Iguafayne
L’analyse de discours est une approche
multidisciplinaire qui s'est développée en France,
en Grande-Bretagne et aux États-Unis à partir des
années 1960. Elle emprunte de nombreux concepts
aux champs de la sociologie, de la philosophie, de
la psychologie, de l’informatique, des sciences de
la communication, de la linguistique et de la
statistique textuelle ou de l’histoire. Elle s'applique
à des objets aussi variés que le discours politique,
religieux, scientifique, artistique.
l’analyse de discours s’intéresse aux concepts, à la
linguistique et à l’organisation narrative des
discours oraux et écrits qu’elle étudie.
La problématique du discours a toujours
occupé une place dans l’étude du langage.
Cela a commencé avec le ‘Cours de
linguistique générale’ de Ferdinand de
Saussure (1857-1913) qui fonde la linguistique
structurale excluant l’étude du sens et ne
traitant que du mot, il n’en postule pas moins
la nécessité d’une « linguistique de la parole »
Historique de l’analyse du
discours .
• Le terme « analyse du
discours » tel qu’il est
appréhendé actuellement,
est emprunté au linguiste
américain Zellig Sabbetai
Harris (1909 -1992) qui, en
1952, publie « Discoures
analysis » dans la revue
américaine Language .
• Il s’agit de l’application des
méthodes de la linguistique
distributionnelle américaine
à l’unité transphrastique ou
texte.
C’est dans les années 1970, en Europe surtout,
que la convergence entre différents courants va
constituer un champ d’analyse du discours.
grâce aux apports de Jakobson, Benveniste et
Harris.
Une émergence de courants, issus de diverses
disciplines et relativement indépendants les uns
des autres, marquera cette époque .
Ils avaient en commun de poser la question du
langage et de la textualité d’une manière
différente de celle de la linguistique structurale .
• En France, en particulier, plusieurs travaux contestent les
présupposés traditionnels sur les textes et la manière de
les étudier : structuralisme littéraire, sémiotique inspirée
de M. Greimas, analyse automatique du discours de
Pêcheux inspirée du marxisme (L. Althusser) et la
psychanalyse (J. Lacan), la pensée de Michel Foucault... ,
.l’analyse du discours française est née d’une conjoncture
intellectuelle où, autour du structuralisme s'engage toute
une réflexion sur "l'écriture" qui associait linguistique
structurale, marxisme althusserien et psychanalyse
lacanienne.
• Le corpus privilégié était le discours politique où on ne
s’intéressait quasiment qu’à l’idéologie, avec tout ce
qu’elle présuppose en termes d’idée de système, de
cohérence et de globalité.
• C’est le début de ce qui deviendra plus tard l’École
française d’analyse du discours, où le mot analyse ne
signifie pas simplement étude, mais une sorte de
psychanalyse du discours.
L’école française de l’analyse du
discours .
• l’ADF, née dans la décennie
1960-1970, est centrée à ses
débuts sur l’analyse du discours
politique et des discours
institutionnels (partis, syndicats,
etc.). Mais, autour des années
1980, certains travaux se
préoccupent davantage du
comportement langagier des
groupes sociaux et des
communautés multilingues,
des paroles d’ouvrières et
d’ouvriers, etc., glissement qui
s’explique également par la
découverte, en France, des
travaux de sociolinguistique,
interactionnelle ou
variationniste, nord-américains.
• En 1968 , Dubois fait une
communication au colloque de
Saint Cloud où il propose une
méthode d’analyse
distributionnelle appliquée au
discours politique qui dépasse la
lexicologie .
• Il dirige des thèses qui ont
marqué les débuts de l’école
française de l’analyse du discours
,à titre d’exemple : celle de
Maldifier sur le discours
politique de la guerre de l’algérie
Les indices énociatifs
Les déictiques
• des unités linguistiques qui
ne prennent de sens que
par rapport à la situation
d’énonciation: les pronoms
personnels (je, tu, il, etc.),
les démonstratifs (ce, cette,
ces) et les indicateurs
spatiotemporels (ici, hier,
demain, etc., ainsi que les
temps des verbes).
Les verbes
• Une étude des verbes
employés par le locuteur
permet enfin de caractériser
la façon dont celui-ci souhaite
être perçu par ses
allocutaires. Nous reprenons
dans nos analyses la
classification qui comprend
les verbes d’action nommés «
factifs », les verbes «
déclaratifs », « performatifs »
et « statifs ».
Les modalisateurs
Les adverbes
• – Les « modalisateurs » signalent
le degré d’adhésion (forte ou
mitigée, incertitude ou rejet) de
l’énonciateur aux contenus
énoncés. Ils recouvrent des
unités linguistiques très variées
comme les adverbes, les
italiques, guillemets,
conditionnels, termes subjectifs
(affectifs et/ou évaluatifs), etc.
L’étude des modalisateurs
permet d’appréhender le degré
d’implication directe de
l’émetteur dans sa production
discursive :
Les termes subjectifs
• l’énoncé est-il « objectif », l’énonciateur
ayant alors gommé toute marque
d’adhésion ou de distance par rapport à
l’énoncé ? Est-il a contrario « subjectif »,
le locuteur assumant dans ce cas ses
propos et se présentant comme source et
garant de l’assertion ? Un simple
comptage des occurrences de pronoms
sujets ne peut permettre de répondre à
cette question : le discours le plus
subjectif peut se parer d’une apparence
d’objectivité ; l’énoncé est alors présenté
comme une démonstration
universellement pertinente et non
comme un argumentaire assumé par un
sujet. Une analyse plus fine d’indicateurs
tels les modalisateurs s’avère ainsi
nécessaire
Les indices référentiels
L’analyse du champ sémantique
• Les « champs sémantiques » désignent
l’ensemble des mots utilisés pour
caractériser une notion, une activité, une
personne, etc., Analyser le champ
sémantique d’une notion, c’est relever dans
un énoncé tous les termes s’y rattachant
afin de comprendre la perception que
l’énonciateur en a, et/ou qu’il vise à faire
partager par l’énonciataire du discours. Les
textes argumentatifs sont généralement
construits sur des champs sémantiques
contradictoires, les uns valorisés, les autres
dévalorisés (exemples : couples passé/avenir
; apparence/réalité). – Analyser la « nature
des arguments » permet de savoir si
l’argumentation relève de l’ethos, du pathos
ou du logos
La nature des arguments
• – « L’identification des thèses en
présence » : les textes
argumentatifs sont construits sur
le principe d’une confrontation
entre une (des) thèse(s)
proposée(s) par l’auteur et une
(des) thèse(s) refusée(s). Ce
schéma peut être explicite – le
discours se présente clairement
dans sa dimension dialogique –
ou bien implicite:
l’argumentation prend alors les
apparences d’une présentation
neutre ou d’une démonstration
logique.
Les indices organisationnels
Les connecteurs
• Les « connecteurs » (mais,
car, parce que, afin que,
etc.) témoignent de
l’orientation argumentative
du discours, du
cheminement que le
locuteur souhaite faire
suivre au récepteur
La progression thématique
• – La « progression
thématique » analyse la
structuration de l’énoncé à
travers la chronologie des
arguments afin de mettre en
évidence la logique
persuasive. Il s’agit ici de
s’affranchir du strict
comptage d’occurrences pour
s’intéresser aux différentes
séquences qui composent la
structure du discours
Le discours qu’Hitler prononce
le 30 janvier 1939 – pour
célébrer le sixième
anniversaire de la prise du
pouvoir par les nazis –
• En ce jour mémorable, peut-être pas seulement
pour nous Allemands, il y a une chose que je
voudrais dire : dans ma vie j’ai été très souvent
prophète et le plus souvent on a ri de moi. À
l’époque de mon combat pour le pouvoir, c’était
au premier chef le peuple juif qui accueillait mes
prophéties par le rire. Je prophétisais qu’un jour
je prendrais en Allemagne la direction de l’État
et par cela celle du peuple entier et qu’alors,
parmi beaucoup d’autres problèmes, je
résoudrais le problème juif. Je crois que ce rire
sonore d’alors du judaïsme (Judentum) en
Allemagne s’est entre-temps étouffé dans la
gorge. Je veux aujourd’hui de nouveau être un
prophète : si le judaïsme financier international
en et hors d’Europe devait réussir à pousser les
peuples une fois encore dans une guerre
mondiale, alors le résultat ne sera pas la
bolchévisation de la Terre et par là la victoire du
judaïsme, mais l’anéantissement de la race juive
en Europe1 .
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Fonctionnement globale du texte

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  • 2. L’analyse de discours est une approche multidisciplinaire qui s'est développée en France, en Grande-Bretagne et aux États-Unis à partir des années 1960. Elle emprunte de nombreux concepts aux champs de la sociologie, de la philosophie, de la psychologie, de l’informatique, des sciences de la communication, de la linguistique et de la statistique textuelle ou de l’histoire. Elle s'applique à des objets aussi variés que le discours politique, religieux, scientifique, artistique. l’analyse de discours s’intéresse aux concepts, à la linguistique et à l’organisation narrative des discours oraux et écrits qu’elle étudie.
  • 3. La problématique du discours a toujours occupé une place dans l’étude du langage. Cela a commencé avec le ‘Cours de linguistique générale’ de Ferdinand de Saussure (1857-1913) qui fonde la linguistique structurale excluant l’étude du sens et ne traitant que du mot, il n’en postule pas moins la nécessité d’une « linguistique de la parole »
  • 4. Historique de l’analyse du discours . • Le terme « analyse du discours » tel qu’il est appréhendé actuellement, est emprunté au linguiste américain Zellig Sabbetai Harris (1909 -1992) qui, en 1952, publie « Discoures analysis » dans la revue américaine Language . • Il s’agit de l’application des méthodes de la linguistique distributionnelle américaine à l’unité transphrastique ou texte.
  • 5. C’est dans les années 1970, en Europe surtout, que la convergence entre différents courants va constituer un champ d’analyse du discours. grâce aux apports de Jakobson, Benveniste et Harris. Une émergence de courants, issus de diverses disciplines et relativement indépendants les uns des autres, marquera cette époque . Ils avaient en commun de poser la question du langage et de la textualité d’une manière différente de celle de la linguistique structurale .
  • 6. • En France, en particulier, plusieurs travaux contestent les présupposés traditionnels sur les textes et la manière de les étudier : structuralisme littéraire, sémiotique inspirée de M. Greimas, analyse automatique du discours de Pêcheux inspirée du marxisme (L. Althusser) et la psychanalyse (J. Lacan), la pensée de Michel Foucault... , .l’analyse du discours française est née d’une conjoncture intellectuelle où, autour du structuralisme s'engage toute une réflexion sur "l'écriture" qui associait linguistique structurale, marxisme althusserien et psychanalyse lacanienne. • Le corpus privilégié était le discours politique où on ne s’intéressait quasiment qu’à l’idéologie, avec tout ce qu’elle présuppose en termes d’idée de système, de cohérence et de globalité. • C’est le début de ce qui deviendra plus tard l’École française d’analyse du discours, où le mot analyse ne signifie pas simplement étude, mais une sorte de psychanalyse du discours.
  • 7. L’école française de l’analyse du discours . • l’ADF, née dans la décennie 1960-1970, est centrée à ses débuts sur l’analyse du discours politique et des discours institutionnels (partis, syndicats, etc.). Mais, autour des années 1980, certains travaux se préoccupent davantage du comportement langagier des groupes sociaux et des communautés multilingues, des paroles d’ouvrières et d’ouvriers, etc., glissement qui s’explique également par la découverte, en France, des travaux de sociolinguistique, interactionnelle ou variationniste, nord-américains. • En 1968 , Dubois fait une communication au colloque de Saint Cloud où il propose une méthode d’analyse distributionnelle appliquée au discours politique qui dépasse la lexicologie . • Il dirige des thèses qui ont marqué les débuts de l’école française de l’analyse du discours ,à titre d’exemple : celle de Maldifier sur le discours politique de la guerre de l’algérie
  • 8. Les indices énociatifs Les déictiques • des unités linguistiques qui ne prennent de sens que par rapport à la situation d’énonciation: les pronoms personnels (je, tu, il, etc.), les démonstratifs (ce, cette, ces) et les indicateurs spatiotemporels (ici, hier, demain, etc., ainsi que les temps des verbes). Les verbes • Une étude des verbes employés par le locuteur permet enfin de caractériser la façon dont celui-ci souhaite être perçu par ses allocutaires. Nous reprenons dans nos analyses la classification qui comprend les verbes d’action nommés « factifs », les verbes « déclaratifs », « performatifs » et « statifs ».
  • 9. Les modalisateurs Les adverbes • – Les « modalisateurs » signalent le degré d’adhésion (forte ou mitigée, incertitude ou rejet) de l’énonciateur aux contenus énoncés. Ils recouvrent des unités linguistiques très variées comme les adverbes, les italiques, guillemets, conditionnels, termes subjectifs (affectifs et/ou évaluatifs), etc. L’étude des modalisateurs permet d’appréhender le degré d’implication directe de l’émetteur dans sa production discursive : Les termes subjectifs • l’énoncé est-il « objectif », l’énonciateur ayant alors gommé toute marque d’adhésion ou de distance par rapport à l’énoncé ? Est-il a contrario « subjectif », le locuteur assumant dans ce cas ses propos et se présentant comme source et garant de l’assertion ? Un simple comptage des occurrences de pronoms sujets ne peut permettre de répondre à cette question : le discours le plus subjectif peut se parer d’une apparence d’objectivité ; l’énoncé est alors présenté comme une démonstration universellement pertinente et non comme un argumentaire assumé par un sujet. Une analyse plus fine d’indicateurs tels les modalisateurs s’avère ainsi nécessaire
  • 10. Les indices référentiels L’analyse du champ sémantique • Les « champs sémantiques » désignent l’ensemble des mots utilisés pour caractériser une notion, une activité, une personne, etc., Analyser le champ sémantique d’une notion, c’est relever dans un énoncé tous les termes s’y rattachant afin de comprendre la perception que l’énonciateur en a, et/ou qu’il vise à faire partager par l’énonciataire du discours. Les textes argumentatifs sont généralement construits sur des champs sémantiques contradictoires, les uns valorisés, les autres dévalorisés (exemples : couples passé/avenir ; apparence/réalité). – Analyser la « nature des arguments » permet de savoir si l’argumentation relève de l’ethos, du pathos ou du logos La nature des arguments • – « L’identification des thèses en présence » : les textes argumentatifs sont construits sur le principe d’une confrontation entre une (des) thèse(s) proposée(s) par l’auteur et une (des) thèse(s) refusée(s). Ce schéma peut être explicite – le discours se présente clairement dans sa dimension dialogique – ou bien implicite: l’argumentation prend alors les apparences d’une présentation neutre ou d’une démonstration logique.
  • 11. Les indices organisationnels Les connecteurs • Les « connecteurs » (mais, car, parce que, afin que, etc.) témoignent de l’orientation argumentative du discours, du cheminement que le locuteur souhaite faire suivre au récepteur La progression thématique • – La « progression thématique » analyse la structuration de l’énoncé à travers la chronologie des arguments afin de mettre en évidence la logique persuasive. Il s’agit ici de s’affranchir du strict comptage d’occurrences pour s’intéresser aux différentes séquences qui composent la structure du discours
  • 12. Le discours qu’Hitler prononce le 30 janvier 1939 – pour célébrer le sixième anniversaire de la prise du pouvoir par les nazis – • En ce jour mémorable, peut-être pas seulement pour nous Allemands, il y a une chose que je voudrais dire : dans ma vie j’ai été très souvent prophète et le plus souvent on a ri de moi. À l’époque de mon combat pour le pouvoir, c’était au premier chef le peuple juif qui accueillait mes prophéties par le rire. Je prophétisais qu’un jour je prendrais en Allemagne la direction de l’État et par cela celle du peuple entier et qu’alors, parmi beaucoup d’autres problèmes, je résoudrais le problème juif. Je crois que ce rire sonore d’alors du judaïsme (Judentum) en Allemagne s’est entre-temps étouffé dans la gorge. Je veux aujourd’hui de nouveau être un prophète : si le judaïsme financier international en et hors d’Europe devait réussir à pousser les peuples une fois encore dans une guerre mondiale, alors le résultat ne sera pas la bolchévisation de la Terre et par là la victoire du judaïsme, mais l’anéantissement de la race juive en Europe1 .