3. La lexicologie est l’étude du lexique, du
vocabulaire d’une langue, dans ses relations
avec les autres composants de la langue,
phonologiques et syntaxiques, et avec les
facteurs sociaux, culturels et psychologiques
4. • Le terme apparaît la première fois dans
l’Encyclopédie en 1765, ainsi que le terme
lexicographie
• C’est à partir de Ferdinand de Saussure que la
lexicologie acquiert son autonomie
5. • Étymologie :
• Léxis › léxikon › lexicon › lexique m.
• Léxis : « mot, récit », ne pas confondre avec
logos, la même racine que lego en grec ancien
et en latin : ramasser, recueillir, cueillir ;
enlever, réunir ; lire (à haute voix)
6. Objet de la lexicologie
1) La lexicologie a pour tâche d’établir la liste
des unités qui constituent le lexique, et de
décrire les relations entre ces unités
D’autre part, on va plus loin, le lexique
s’organise sur les deux plans du sens et de la
forme :
7. • La sémantique lexicale qui analyse le sens
des mots et les relations de sens qu’ils
entretiennent entre eux
• La morphologie lexicale qui analyse la
structure des mots et les relations de forme
qui existe entre eux
8. • La forme des mots variables est liée à leur
emploi dans la phrase
• Cette variation est appelée flexion :
conjugaison, déclinaison (en français chez les
pronoms uniquement de façon rudimentaire),
nombre, genre
• La flexion est l’objet de la morphologie
flexionnelle
9. Domaines voisins
1) Le lexique est partiellement représenté et
décrit dans les dictionnaires
La fabrication/composition et l’études des
dictionnaires est la lexicographie
2) On distingue le lexique général, appelé aussi
lexique commun et les lexiques de spécialités.
L’étude des lexiques des spécialités est la
terminologie
10. 3) Les mots sont attestés dans des textes, donc,
la lexicologie est liée à la stylistique et l’analyse
du discours
4) La lexicométrie ou statistique lexicale mesure
la fréquence des mots dans un texte ou dans un
ensemble de textes que l’on appelle le corpus
11. LE MOT
• Le mot est l’unité lexicale
• L’identité d’un mot est constituée de trois
éléments :
- une forme
- un sens
- une classe grammaticale ou partie du discours
12. Les classes grammaticales/parties du
discours
Il en existe neuf, selon le rôle syntaxique :
- noms
- pronoms
- verbes
- adjectifs
- déterminants
- adverbes
- prépositions
- conjonctions
- interjections
13. D’après la présence ou l’absence de flexion, on
distingue les :
- variables : noms, pronoms, adjectifs, verbes,
déterminants
- invariables : prépositions, conjonctions,
interjections
14. Les unités constituantes de la phrase
• Noms : désignent des personnes, des objets,
des créations de la pensée ou des lieux, se
sont des substantif
• Verbes et adjectifs, groupés sous le nom de
verbaux, désignent des procès et des états
15. • Adverbes représentent une propriété de
même nature que l’adjectif, pais concernant le
procès, lié au verbe ou un état, lié à l’adjectif
(on ne peut pas les lier au nom : très table)
• Prépositions et conjonctions indiquent une
relation logique entre les parties du discours
et les phrases
16. • Articles déterminent les substantifs
• Pronoms se substituent aux noms ou se
réfèrent aux actants de la communication
• NB! Interjections sont des mots qui sont des
phrases ou des mots-phrases et non des
constituants de la phrase
17. • On oppose aussi les parties du discours
majeures : noms, verbes, adjectifs et
adverbes, celles qui ont un sens, et
• les parties du discours mineures : celles qui
ne signifient rien elles-mêmes
18. • NB ! Parfois on dit pour classes
grammaticales/parties du discours, catégorie
grammaticale
• Les catégories grammaticales définissent les
modifications que peuvent subir les parties du
discours : le temps, la personne, le nombre, le
genre
19. La forme
• Les mots variables, qui ont une flexion :
conjugaison, déclinaison, genre, nombre, ont
plusieurs formes
Ex : parler, parles, parlent etc.
Je, me, moi etc.
Chat, chatte, chats, chattes
20. • On utilise, et cela conventionnellement, l’une
des formes du mot pour le nommer en tant
qu’unité lexicale :
- le masc sg des noms (pas dans toutes les
langues)
- l’infinitif des verbes (pas dans toutes les
langues)
21. • NB ! Tous les mots graphiques ne sont pas
nécessairement des unités lexicales
Exemple : leu ne signifie plus rien en français
moderne, entre uniquement dans la locution à
la queue leu leu
D’un autre côté : 3 unités lexicales : pomme, de,
terre peuvent en former une quatrième :
pomme de terre
22. Le problème existe dans la nature-même du mot
français. Il est beaucoup plus aisé de définir un
phonème et un morphème en français qu’un
mot !
23. Le sens
• En principe, il y a autant de mots qu’il y a des
sens, donc :
Bise „vent du nord“
Bise „baiser“, sont deux mots différents
24. Le lexique
• L’ensemble de mots d’une langue constitue
son lexique
• La statistique lexicale oppose lexique et
vocabulaire (ne pas confondre avec le sens
dans la langue de tous les jours !)
• Cette opposition correspond à celle entre la
langue et le discours
25. • Les unités du lexique (unités lexicales) sont
appelées aussi les lexèmes [unités (virtuelles)
qui composent le lexique]
• les unités du discours sont les vocables (un
lexème dans le discours)
• les mots (n’importe quelle réalisation en
parole)
26. • Exemple :
Le petit garçon caresse le petit chat, comporte 7
mots, 5 vocables
27. • D’après cette formulation, le lexème est une
unité lexicale faisant partie du lexique – le
stock potentiel de l’individu ou de toute une
langue
• Le vocable et le mot sont des unités de
vocabulaire, unités effectivement employées
dans un acte de communication donné
28. Les sous-ensembles du lexique
• Le lexique général est commun à tous les
locuteurs
• Les lexiques de spécialités sont liés à des
domaines précis. L’étude des lexiques de
spécialités est la terminologie
29. • Le lexique varie partiellement selon trois facteurs
principaux : le temps, l’espace, le registre
• Le temps : la variation diachronique
• L’espace : la variation diatopique
• Le registre : la variation diastratique
familier (langue parlée), littéraire (dans des textes
littéraires), argotique (langue parlée spécifique),
vulgaire (jugement moral ou esthétique) etc.
• La détermination reste difficile
30. • Souvent, on sous-entend sous „registre“
toutes les variations possibles!
31. • La fréquence : Un petit nombre de mots très
fréquents constituent un noyau autour duquel
se superposent des couches de fréquence
moindre, jusqu’aux très rares et hapax, (‛άπαξ
λεγόμενον) attestés une seule fois
• La fréquence peut être contestée, sauf, si elle
est tirée d’un corpus
32. Les mots problématiques
Les noms propres
• En principe, ils ne sont pas des mots de la
langue, il n’ont pas de sens
• Beaucoup de noms de villes et de pays ont
une forme française, qui doit être répertoriée
dans le lexique du français : Londres, Milan,
Gênes, Nouvelle-Orléans etc.
33. Les noms de personnes entrent dans le lexique
dans les cas suivants :
• Les noms de personnes désignant une classe
d’individus : tartuffe, don Juan
• Cela s’appelle antonomase
• Elle peut être très cachée par l’évolution du
language : renard, c’était Renart du «Roman
de Renart », au lieu de « goupil »‹ vulpiculus ‹
vulpes
34. • NB ! Certains linguistes les placent sous le
phénomène de métonymie – une figure de
rhétorique consistant à désigner un objet ou
une notion par un terme autre que celui qu’il
faudrait :
un Picasso = un tableau de Pablo Picasso
Le Robert etc.
35. • Les noms de personnes entrent également
dans des comparaisons figées à valeur
intensive : riche comme Crésus, vieux comme
Hérode
• Ces noms propres ne sont pas normalement
considérés comme des unités lexicales, ils
n’entrent pas dans Le Robert par exemple
36. Des produits fabriqués sont nommés par le nom
de leur inventeur :
• poubelle (d’après le nom du préfet de la Seine
qui imposa ce récipient destiné aux ordures en
1884)
• guillotine (d’après le docteur Guillotin, qui
préconisa l’usage de ce moyen d’exécution)
37. Des produits fabriqués ont un nom de marque :
• frigidaire (‹ frigidarium « glacière »)
• velcro [‹ vel(ours) + cro(chet)], deux rubans
qui s’agrippent
• sopalin, calepin etc.
• L’emploi de noms de marque est souvent
critiqué
38. • Le nom propre peut être intégré
complètement dans la langue, une minorité
connaît de quoi il s’agissait au départ :
poubelle
39. Les noms propres entrent massivement dans le
lexique par leurs dérivés:
• par les noms de lieux : français, parisien etc.
• par les noms d’auteurs ou de personnages :
marxisme, proustien, gargantuesque etc.
40. Les mots „virtuels“
• On peut improviser des mots, qui ne sont pas
nécessairement parties intégrantes du lexique
• Tel ou tel mot „virtuel“ peut se lexicaliser au fur
et à mesure que l’usage l’impose - il est
lexicalisé ; tel autre ne le sera peut être jamais,
parce que les mécanismes de la formation n’ont
pas été respectés
• Ces mécanismes ne sont pas encore totalement
décrits
41. Les mots étrangers
• Les emprunt ont de différents niveaux
d’intégration :
- ils peuvent être assimilés quand ils sont
conformes aux structures du français :
sentimental (un anglicisme, qui devrait être
*sentimentel), mais convient quand-même
42. - les emprunts qui coulent, un peu changés
parfois, à peu près dans les moules phonétiques,
orthographiques et morphologiques : bifteck ‹
beeftsteak, relooker ‹ look
- les emprunts qui ne peuvent pas tout à fait
appartenir à la langue française par leur
phonétisme (ou l’orthographe) : apartheid,
tchador, building etc.
43. • Emprunt : tout élément provenant d’une autre
langue
• Calque : l’emprunt qui résulte d’une traduction
littérale soit d’une expression :
col blanc ‹ white-collar
soit d’une acception :
souris „boîtier connecté à un ordinateur“ ‹ mouse
• Xénisme : l’emprunt qui correspond à une réalité
étrangère : toundra, steppe, kolkhose etc.
44. Le signe linguistique
• La sémantique lexicale a pour objet l’étude du
sens des unités lexicales
45. Le signe linguistique et le référent
• Ferdinand de Saussure définit le signe comme
une entité à double face
- l’une sensible, qui est son signifiant,
- l’autre abstraite, qui est son signifié
46. • Le signifiant est l’aspect formel du signe qui
évoque un contenu sémantique
• Le signifié est le contenu sémantique évoqué
par le signifiant
• L’opposition expression/contenu est parfois
équivalente à signifiant/signifié
47. • Au signifiant orale et graphique pomme est
associé le signifié (sens) « fruit du pommier »
• Les signes linguistiques permettent au
locuteur de parler de la réalité qui l’entoure
• Un locuteur a la propriété de pouvoir renvoyer
aux objets du monde qui sont extérieurs à la
langue, ces objets sont les référents
48. • Il ne faut pas confondre les signes
linguistiques et les référents
• On mange la pomme, le fruit, et non le mot ou
signifiant pomme, ni le signifié de pomme
49. • Les référents peuvent être matériels ou
conceptuels : êtres, objets, lieux, processus,
propriétés, événements etc.
• Ils peuvent relever du monde complètement
fictif, contesté par certains
50. Extension et intension
• Il existe deux possibilités pour définir une
classe d’objets :
- définition en extension, quand on énumère les
éléments dont se compose la classe ;
- définition en intension, quand on définie la
classe à l’aide des propriétés communes aux
objets de la classe
51. • Sur le plan lexical :
- l’extension d’un signe est l’ensemble des
référents auxquels il s’applique
- l’intension d’un signe est l’ensemble des traits
qui constituent son signifié
52. • Exemple :
- l’extension de fleur est l’ensemble des différentes
fleurs
- l’intension de fleur est le sens de fleur composé
des traits sémantiques : colorée, des végétaux,
odorantes etc.
• Extension et intension sont complémentaire : par
exemple la couleur jaune, par définition en
intension « coloré », après, on devrait continuer
en extension « couleur de crocus, de soleil etc.
53. Dénotation et connotation
• La dénotation est l’élément stable, non
subjectif et analysable hors du discours, de la
signification d’une unité lexicale
54. • La connotation représente les valeurs
sémantiques secondes, subjectives ou
variables selon le contexte, qui viennent se
greffer sur le sens dénotatif. Les valeurs
connotatives sont variables selon les locuteurs
• Les valeurs connotatives ne sont pas faciles à
définir, parce que les informations qu’elles
fournissent portent sur autre chose que le
référent
55. • Exemple :
Nuit :
- Dénotation : opposé de jour, intervalle entre
coucher et lever du soleil etc.
- connotation (pour certains locuteurs, dans
certains contextes) : « tristesse, deuil, période
lointaine du temps (la nuit des temps) etc.
56. La définition par inclusion
• Cela veut dire à peu près « ce qui fait partie »
et est répandue dans les dictionnaires
• Effectivement, il est possible de répondre à la
question « Qu’est-ce que Z ? » en reformulant
en plusieurs mots ce qui a été exprimé en un
seul
57. • La définition par inclusion est une définition
en intension du signe
• Le modèle aristotélicien
Cette représentation du sens lexical a été établi
par Aristote, selon les catégories logiques genre
et espèce
58. • La définition selon Aristote consiste à désigner
d’abord le genre (la classe générale), dont
relève le référent du nom à définir, puis à
spécifier ce qui le différencie des autres
espèces appartenant au même genre
• Exemple :
bronze : alliage de cuivre et d’étain
59. • Cette définition (du Robert) se compose de
l’incluant, alliage, qui nomme la catégorie
générale à laquelle appartient le référent et
deux traits différenciateurs, cuivre et étain qui
le distinguent des autres alliages, c’est-à-dire
des autres référents de la catégorie
• Alliage est l’incluant ou l’hyperonyme de
bronze : mot qui lui sert de classificateur
60. Exemples :
- pastis : boisson alcoolisée à l’anis
- oreille : l’un des deux organes constituant
l’appareil auditif
- fauteuil : siège à dossier et à bras, à une seul
place
• La lecture de la définition peut s’arréter après
l’incluant : le fauteuil est un siège
61. • Aristote recommandait le genre prochain :
siège est le genre prochain à fauteuil ; meuble
est le genre prochain à siège etc.
62. • On peut vérifier la relation d’identité à l’aide
de la double question, c’est alors que la visée
référentielle apparaît
63. • Si la réponse est affirmative dans les deux cas,
la définition est juste :
- Est-ce que tous les objets appelés bronze sont
des alliages qui sont constitués de cuivre et
d’étain ?
- Est-ce que tous les alliages qui sont constitués
de cuivre et d’étain sont du bronze ?
64. • Les substantifs conviennent mieux au modèle
aristotélicien de la définition, mais peut il
s’appliquer également pour les verbes et les
adjectifs
• Exemples :
- sauter : quitter le sol, abandonner tout appui
pendant un instant, par un ensemble de
mouvements…
- minime : très petit…
65. Définitions hypospécifiques,
suffisantes et hyperspécifiques
• La définition est hypospécifique quand le
nombre de traits spécifiques est insuffisant,
seule la première question reçoit une réponse
positive :
66. • Croissant : petite pâtisserie feuilletée
• Est-ce que tous les croissants sont des petites
pâtisseries feuilletées ?
• Est-ce que toutes les petites pâtisseries
feuilletées sont des croissants ?
• La définition ne permet pas de différencier
l’entité dénotée des entités partageant le
même genre prochain
67. • La définition est suffisante quand elle répond
positivement à la double question et on peut
isoler de façon distinctive la classe des
référents à laquelle renvoie le signe :
• Croissant : petite pâtisserie feuilletée, en
forme de croissant
68. • La définition est hyperspécifique quand elle
énumère trop de traits, allant au-delà de la
description nécessaire, elles sont appelées
traditionnellement des définitions
encyclopédiques :
69. • Sauterelle : insecte orthoptère sauteur, aux
très longues pattes postérieures, aux larges
ailes, aux longues antennes fines, dont une
espèce, la sauterelle verte, est commune en
été dans les prairies. (Le mâle fait entendre à
la fin du jour et la nuit une stridulation très
forte.)
70. • La définition par inclusion présente une grande
variété du contenu. Il est difficile de sélectionner
l’incluant et les traits différenciateurs. Déjà,
l’incluant qui correspond au genre prochain
risque d’être peu connu : insecte orthoptère, de
l’autre côté, il n’est pas toujours facile de trouver
l’incluant adéquat.
• Dans la langue parlée, nous utilisons fait, objet,
truc, machin, chose etc.
71. • NB ! Deux catégories de mots entrent
difficilement dans l’analyse par inclusion:
- les mots primitifs
- les mots grammaticaux
72. • Mots primitifs : sont souvent les mots à quoi
on aboutit en remontant la chaîne des
inclusions : être, chose, personne, objet etc.
• Leur analyse est quasi impossible, parce que
en analysant il faut utiliser des unités
sémantiquement plus pauvres, or elles
n’existent pas
• On dit qu’ils subissent la circularité de type : A
est définit par B lequel est défini par A
73. • Mots grammaticaux : ont un contenu pauvre,
quasi réduit à leur fonction : car, que, si etc. :
- que : pronom relatif désignant une personne
ou une chose
- pronom n’est pas un incluant de l’univers des
référents mais un incluant de l’univers des
signes
74. • Il y a un autre groupe de mots, appelés
termes collectifs, qui entrent difficilement
dans le système de l’inclusion, ils attirent le
soi-disant « faux-incluant » :
troupeau : réunion d’animaux domestiques
qu’on élève, nourrit ensemble