Annemieke Dubois et Geneviève Heintz dirigent à Bruxelles “Berkeley International”, une agence de rencontre pour hauts profils professionnels. Des cœurs à prendre exigeants, aux agendas combles : “Certaines personnes ont peur d’aimer, quand d’autres en sont à leur troisième mariage, et que certains couples sont toujours très heureux avec leur premier amour. Il faut chercher du côté du lien d’attachement primitif avec nos parents. L’enfant développe son style d’attachement par le lien intime avec ses parents. Et ces compétences seront déterminantes dans ses futures capacités relationnelles.”
La DH parle de Berkeley International: comment sortir avec un entrepreneur
Berkeley International: A t on peur de l'amour quid la libre 1 2.pdf
1. LA QUESTION À POSER (OU PAS)
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QUID 7/13 JANVIER 2017
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QUID 7/13 JANVIER 2017
A-t-on peur de l’amour ?
Analyse des grands sentime nts à notre époque 2.0
L’amour est-il sociétal ?
ndré Rauch* est sociologue. Pour
lui, l’amour ne serait pas “la
grande peur” d’une génération :
“Avant la fin du XVIIIe
siècle, le
droit des familles l’emportait sur
tout autre. L’intégrité familiale
était préservée audelà du bien
être de l’individu. C’est d’ailleurs
la base de tous les grands drames
romantiques. Car l’amour est un
obstacle à l’ordre et à l’obéissance
aux parents, à Dieu, aux conve
nances. Avec le siècle des Lumières,
l’amour est devenu le pilier du ma
riage, ce qui était nouveau et im
portant du point de vue sociétal”.
Quand aimer comme on veut
rendait hors-la-loi
Car jusquelà, quand on voulait
s’aimer hors des normes, il fallait
s’enfuir et se cacher. Progressive
ment, le regard de la société a
évolué, et le sentiment s’est con
fondu avec son acception char
nelle. S’aimer comme on le veut
est devenu liberté (à peu près)
acquise. “Mais désormais, lorsque
le désir s’éteint, on se quitte. Et ça,
c’est nouveau dans l’histoire du
couple et de la famille. La violence
de la séparation est proportion
nelle à la violence de l’effondre
ment du désir.”
De la tolérance à l’hypercon-
sommation
La “solution” jusqu’à il y a peu
était de tolérer l’adultère pour
préserver la stabilité de la fa
mille. Mais la pilule passe beau
coup moins bien à l’ère des ré
seaux sociaux. “Love Me, Tin
der ?” Pour André Rauch, la
cause du célibat dans les grandes
villes serait à chercher du côté de
la valorisation de l’individua
lisme : “Aimer un autre implique
de s’aimer un peu moins soi
même.”
D’ailleurs, la mise à distance
d’un sentiment “compromet
tant” ne serait pas si nouveau
que ça, selon Charlotte Ledent**,
psychothérapeute et sexologue :
“on est passé de ‘on devra rester
ensemble toute notre vie parce
qu’on est mariés’, au zapping in
tempestif. De la résignation dont
les valeurs poussaient au moins à
travailler la relation, à l’hypercon
sommation sans efforts.”
U (*) André Rauch est l’auteur de
“Luxure, une histoire entre péché et
jouissance” (Armand Colin) et de
“L’amour à la lumière du crime.
19362007”, (Hachette). Plus
d’infos sur andrerauch.eu
U (**) Pour plus d’infos : charlotte
ledent.com
En mode sentimental
Elisabeth Clauss
A force de regarder autour de
nous, les gens qui se cherchent,
les gens qui s’(en) fuient, les
gens qui se perdent dans
l’amour ou ceux qui décident de
faire la course en solitaire, on a
cherché à savoir si l’amour était
soluble dans le temps et dans
les réseaux sociaux ?
L’amour et son extension
sociale, l’engagement,
sont-ils devenus une peur du
notre époque ?
Après la peur du noir, du loup,
de l’épidémie, a-t-on peur
aujourd’hui de ses sentiments ?
A
CHAPITRE 1
“ Avec le siècle des Lumières, l’amour est
devenu le pilier du mariage, c’était
nouveau du point de vue sociétal. „
André Rauch
Sociologue
“Love Me, Tinder?” Tout en donnant
l’impression de la transparence, les
relations connectées (comme sur le
site de rencontres Tinder) créent
surtout un hiatus entre personne
réelle et alias virtuel, toujours sous
son meilleur jour.
REPORTERS