Exposé à propos de l'oeuvre "L'épreuve", de Marivaux, présenté au sein de la discipline Littérature Française - Théâtre.
Ce travail présente une analyse de la métamorphose de la figure féminine à l'intérieur de la pièce, surtout en ce qui concerne le rôle d'Angélique.
Proposition d'analyse de cette scène célèbre que les Dévots* ont censurée le soir même de sa première interprétation par Molière, le 15 février 1665.
* congrégation du Saint-Sacrement
Exposé à propos de l'oeuvre "L'épreuve", de Marivaux, présenté au sein de la discipline Littérature Française - Théâtre.
Ce travail présente une analyse de la métamorphose de la figure féminine à l'intérieur de la pièce, surtout en ce qui concerne le rôle d'Angélique.
Proposition d'analyse de cette scène célèbre que les Dévots* ont censurée le soir même de sa première interprétation par Molière, le 15 février 1665.
* congrégation du Saint-Sacrement
Lecture analytique d'un extrait du chapitre 22 de CANDIDE dans lequel Voltaire dénonce la rouerie de certains libertins, mais aussi la corruption généralisée.
It would be wrong to attribute a mythical dimension to the characters, despite the aura that gives them their name. We are in full immanence subsumed by a transcendence of a purely cosmic nature (the presence of an arbiter would have transformed it into a sacred transcendence). Gradually, eclyptically, the fatality that weighs on the two protagonists sees its energy exhausted in a "chemically pure" context, that is, cut off from all relations with society, so present in the theatrical microcosm and in the romantic setting.
Lecture analytique d'un extrait du chapitre 22 de CANDIDE dans lequel Voltaire dénonce la rouerie de certains libertins, mais aussi la corruption généralisée.
It would be wrong to attribute a mythical dimension to the characters, despite the aura that gives them their name. We are in full immanence subsumed by a transcendence of a purely cosmic nature (the presence of an arbiter would have transformed it into a sacred transcendence). Gradually, eclyptically, the fatality that weighs on the two protagonists sees its energy exhausted in a "chemically pure" context, that is, cut off from all relations with society, so present in the theatrical microcosm and in the romantic setting.
À l’occasion d’un reportage sur la noblesse pour 24h01, Pierre Paulus, Maxence Dedry et moi-même avons tenté de pénétrer les sphères aristocratiques de la Belgique.
Textes de famille concernant les guerres V2.pdfMichel Bruley
Différents textes relatifs à des épisodes de guerre, écrits par, ou concernant des membres de ma famille. Cette deuxième version est augmentée et passe de 88 à 128 pages. Les textes sont classés dans l'ordre chronologiques :
Guerres napoléoniennes,
Première guerre mondiale,
Deuxième guerre mondiale.
Bonne lecture,
Michel Bruley
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Bonne lecture et bienvenue aux activités proposées.
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1. LA n° 1 La Princesse de Clèves, Madame de La Fayette (1678)
Elle avait ouï parler de ce prince à tout le monde, comme de ce qu'il y avait de mieux fait et de plus
agréable à la cour ; et surtout madame la dauphine le lui avait dépeint d'une sorte, et lui en avait parlé tant de fois,
qu'elle lui avait donné de la curiosité, et même de l'impatience de le voir.
Elle passa tout le jour des fiançailles chez elle à se parer, pour se trouver le soir au bal et au festin royal qui se
faisaient au Louvre. Lorsqu'elle arriva, l'on admira sa beauté et sa parure ; le bal commença, et comme elle dansait
avec monsieur de Guise, il se fit un assez grand bruit vers la porte de la salle, comme de quelqu'un qui entrait, et à
qui on faisait place. Madame de Clèves acheva de danser et pendant qu'elle cherchait des yeux quelqu'un qu'elle
avait dessein de prendre, le roi lui cria de prendre celui qui arrivait. Elle se tourna, et vit un homme qu'elle crut
d'abord ne pouvoir être que monsieur de Nemours, qui passait par-dessus quelques sièges pour arriver où l'on
dansait. Ce prince était fait d'une sorte, qu'il était difficile de n'être pas surprise de le voir quand on ne l'avait jamais
vu, surtout ce soir-là, où le soin qu'il avait pris de se parer augmentait encore l'air brillant qui était dans sa personne
; mais il était difficile aussi de voir madame de Clèves pour la première fois, sans avoir un grand étonnement.
Monsieur de Nemours fut tellement surpris de sa beauté, que, lorsqu'il fut proche d'elle, et qu'elle lui fit la
révérence, il ne put s'empêcher de donner des marques de son admiration. Quand ils commencèrent à danser, il
s'éleva dans la salle un murmure de louanges. Le roi et les reines se souvinrent qu'ils ne s'étaient jamais vus, et
trouvèrent quelque chose de singulier de les voir danser ensemble sans se connaître. Ils les appelèrent quand ils
eurent fini, sans leur donner le loisir de parler à personne, et leur demandèrent s'ils n'avaient pas bien envie de
savoir qui ils étaient, et s'ils ne s'en doutaient point.
- Pour moi, Madame, dit monsieur de Nemours, je n'ai pas d'incertitude ; mais comme madame de Clèves n'a pas
les mêmes raisons pour deviner qui je suis que celles que j'ai pour la reconnaître, je voudrais bien que Votre
Majesté eût la bonté de lui apprendre mon nom.
- Je crois, dit madame la dauphine, qu'elle le sait aussi bien que vous savez le sien.
- Je vous assure, Madame, reprit madame de Clèves, qui paraissait un peu embarrassée, que je ne devine pas si bien
que vous pensez.
- Vous devinez fort bien, répondit madame la dauphine ; et il y a même quelque chose d'obligeant pour monsieur de
Nemours, à ne vouloir pas avouer que vous le connaissez sans l'avoir jamais vu.
La reine les interrompit pour faire continuer le bal ; monsieur de Nemours prit la reine dauphine. Cette princesse
était d'une parfaite beauté, et avait paru telle aux yeux de monsieur de Nemours, avant qu'il allât en Flandre ; mais
de tout le soir, il ne put admirer que madame de Clèves.
Le chevalier de Guise, qui l'adorait toujours, était à ses pieds, et ce qui se venait de passer lui avait donné une
douleur sensible. Il prit comme un présage, que la fortune destinait monsieur de Nemours à être amoureux de
madame de Clèves ; et soit qu'en effet il eût paru quelque trouble sur son visage, ou que la jalousie fit voir au
chevalier de Guise au-delà de la vérité, il crut qu'elle avait été touchée de la vue de ce prince, et il ne put
s'empêcher de lui dire que monsieur de Nemours était bien heureux de commencer à être connu d'elle, par une
aventure qui avait quelque chose de galant et d'extraordinaire.
Madame de Clèves revint chez elle, l'esprit si rempli de tout ce qui s'était passé au bal, que, quoiqu'il fût fort tard,
elle alla dans la chambre de sa mère pour lui en rendre compte ; et elle lui loua monsieur de Nemours avec un
certain air qui donna à madame de Chartres la même pensée qu'avait eue le chevalier de Guise.
2. I Des personnages majestueux
• citons les personnes royales : non décrites mais apportent à la scène et aux
protagonistes une dimension supérieure
Nemours:
• « à tout le monde » : sa réputation le précède, elle fait l'unanimité.
• L'adverbe « et surtout : introduit la garantie d'un avis qui fait autorité. La dauphine
est élogieuse voire dithyrambique à son égard puisque le CC « tant de fois » signale
ses fréquents compliments
• ce qu'il y avait de mieux fait,de plus agréable » des hyperboles pour souligner l'être
d'exception
• « augmentait l'air brillant qui était dans sa personne » : le raffinement tout autant
physique que moral et inné, par essence. Celui de l'aristocrate cultivé,élégant, figure
de l'honnête homme
Mme de Clèves
• lorsqu'elle arriva on remarqua sa beauté et sa parure : dès l'entrée sa prestance est
signalée
• il ne put admirer qur Mme de Clèves : le restrictif associé aux termes mélioratifs
« parfaite beauté cette beauté supporte la comparaison avec une princesse de haut
rang, la dauphine
Comment cette scène de rencontre permet-elle de dresser une peinture de la société du 17
ème ?
Le motif de la rencontre amoureuse : une scène dramatisée
Un coup de foudre mutuel
• l'importance du regard : le coup de foudre a lieu au premier regard mis en valeur
par une expression identique pour les deux personnages, le terme « surprise » . de
plus,la simultanéité de ce coup de foudre par le rythme binaire de la phrase « 'il était
difficile de n'être pas surprise de le voir (...) ;mais il était difficile aussi de voir Mme
de Clèves pour la première fois sans avoir un grand étonnement."
• L'absence d'échanges verbaux : le coup de foudre traditionnel : le regard seul suffit
, les transports de l'âme sont essentiels Quand il la voit Nemours "ne put s'empêcher
de donner des marques de son admiration." c'est donc le regard,l'expression du
visage qui révèle le sentimentet qui lui donne une puissance plus importance que
lelangage
3. • la danse : rapproche les personnages, réunion intime des deux protagonistes qui
évoque la sensualité, il n'y a aucun échange verbal intime, la réunion des corps a
suffi.
Une rencontre dramatisée
• Les termes mélioratifs « le festin royal » soulignent le Cadre et occasion
prestigieux : au Louvre, fiançailles de la dauphine de France, la référence
historique renforce l'illusion de la véracité du récit.
• Dramatisée (théâtralisée) par l'analepse initiale « elle avait oui parler » qui insiste
sur le caractère exceptionnel , la réputation excellente de Nemours .
• Par l'impatience de Clèves et (celle du lecteur) et le temps passé à préparer cette
rencontre « tout le jour à se parer » pour elle et « le soin qu'il avait pris à se parer »
pour lui : est sous entendu ici une sorte de fatalité
• « fit voir au chevalier de Guise au-delà de la vérité, il crut qu'elle avait été touchée
de la vue de ce prince » la figure du rival , jaloux impuissant/ une figure classique
qui ici a pour fonction de révéler l'évidence et l'intensité de l'amour naissant.
• Une aventure...quelque chose de galant et d'extraordinaire: la périphrase
hyperbolique qui désigne ainsi ladanse, insiste sur l'aspect exceptionnel : le
sentiment qui nait sous les yeux de tous surpasse tout autre (celui que de Guise
ressent pour elle)
Un amour inévitable
• Il s'éleva dans la salle un murmure de louanges : un amour salué et admiré par tous
qui réunit les êtres et les nimbe de majesté, semblent par essence susciter
l'étonnement ,deux êtres uniques
• "ne put s'empêcher de donner des marques ", "il était difficile de n'être pas surpris",
"ne put qu'admirer"... des négatives qui montrent que les personnages agissent
malgré eux, il est impossible d'agir autrement. La fatalité se dessine ici, et induit des
personnages d'élection
• le "présage que la fortune destinait » de Guise concernant le bonheur à venir de
Nemours semble cruel mais surtout prédestine à une vie exceptionnelle
•
soumis aux regards d'un monde qui aime les intrigues
• oui parler,impatience de le voir : deux groupes verbaux qui font allusion aux
comportements de cette cour du 17ème :
4. • l'apparence d'abord : paraître est essentiel chacun est scruté par l'assemblée . Une
idée que soustend le champ lexical de la vue présent dans le texte : « cherchait des
yeux,avait paru,les voir danser... »
• la multiplicité des points de vue dans le texte : nous commençons par celui de Mme
de C,puis de Nemours,des personnes royales ,de Guise. Révélateur des conventions
sociales de la Cour où chacun était vu, évalué, jugé par l'autre. Ainsi le bal était-il
l'occasion de se montrer pour se forger une réputation
• "le roi lui cria de prendre celui qui arrivait",le rois semble être médiateur qui
favorise et décide même des rencontres et destins de ses sujets. Ainsi vaut-il mieux
se construire une parfaite réputation afin d'obtenirses faveurs
• " les appelèrent quand ils eurent fini sans leur donner le loisir de parler à personne et
leur demander s'ils n'avaient pas bien envie de savoir qui ils étaient et s'ils ne s'en
doutaient point. la famille royale semble mettre en scène, ils sont à l'origine des
premiers propos échangés : la curiosité des puissants et de la cour entière à son
comble. Cela semble être devenu un jeu : la scène intime devient attrait ou jeu social
• situation risquée car la cour attise les passions mais pur mieux les condamner, le
sentiment individuel devient source d'intrigue,le jeu préféré des courtisans
désoeuvrés
• occurrence de deviner : La cour aimait à dévoile les secrets de chacun, les identités
et percent l'intimité des personnages.
la princesse de Clèves et le duc de Nemours, qui représentent en quelque sorte l’idéal du
courant précieux du 17ème : beaux, cultivés et raffinés ,leur perfection les place au-dessus
des autres humains.
Mais cette scène est aussi révélatrice de ce que fut la cour à Versailles : chacun devait y
être vu, si possible admiré pour obtenir les faveurs du roi,se protéger des critiques et
assurer sa survie dans un monde d'intrigue qui aimait se repaitre des secrets
5. Un portrait qui justifie l'importance de chaque personnage
•
•
-Effets de surprise : l'arrivée de Nemours peu discrète attire toute l'attention, "Il se
fit un assez grand bruit", mystère quant à l'identité des deux personnages, ils ne se
6. connaissent pas et sont amenés à danser ensemble par hasard, leur identité n'est
dévoilée qu'à la fin.
-Les deux héros : portrait commun, grande beauté, voir les hyperboles, et surtout
reconnaissance mutuelle des dux êtres d'exception, nés pour susciter "l'étonnement",
un "murmure de louanges" s'élève à leur vue. Au premier regard, Mme de
Clèves sait à qui elle a affaire "Elle vit un homme qu'elle crut d'abord ne pouvoir
être que M. de Nemours". Le vocabulaire de la surprise est utilisé pour chacun des
personnages, la soirée est fastueuse, à l'image des
convives.
B- le rôle de la cour
-Rencontre inévitable, placée sous le signe du destin, la cour favorise cette
rencontre, il s'agit d'un jeu, noter le mouvement dans lequel s'inscrit la rencontre,
•
• Mme de Clèves est en train de danser, le duc d'entrer dans la salle de bal, le roi est le
médiateur "le roi lui cria de prendre celui qui arrivait",
•
• le romanesque se poursuit dans les réflexions que soulève cette danse imprévue "le
roi et les reines se souvinrent qu'ils ne s'étaient jamais vus, et trouvèrent de singulier
de les voir danser ensemble sans se connaître." La singularité est signe d'élection.
•
• De même, la famille royale continue la mise en scène, ils décident des acteurs, des
gestes, et des dialogues puisqu'ils " les appelèrent quand ils eurent fini sans leur
donner le loisir de parler à personne et leur demander s'ils n'avaient pas bien envie
de savoir qui ils étaient et s'ils ne s'en doutaient point." Le suspense est ménagé, la
curiosité des puissants et des témoins à son comble.
-La cour dévoile les mystères de chacun, les identités et percent l'intimité des
personnages. Mme de Clèves est "un peu embarassée" quand la dauphine veut lui
faire qu'elle a reconnu Nemours, cela sousentend qu'elle s'est déjà intéressé à lui
sans le connaître. La princesse perçoit le danger, car la cour attise les passions mais
les condamne, et condamne bien plus une femme qu'un homme, car la réputation
d'homme à femmes de Nemours est une de ses qualités.
–
7. Elle avait ouï parler de ce prince à tout le monde, comme de ce qu'il y avait de mieux fait
et de plus agréable à la cour ; et surtout madame la dauphine le lui avait dépeint d'une
sorte, et lui en avait parlé tant de fois, qu'elle lui avait donné de la curiosité, et même de
l'impatience de le voir.
Elle passa tout le jour des fiançailles chez elle à se parer, pour se trouver le soir au bal et
au festin royal qui se faisaient au Louvre. Lorsqu'elle arriva, l'on admira sa beauté et sa
parure ; le bal commença, et comme elle dansait avec monsieur de Guise, il se fit un assez
grand bruit vers la porte de la salle, comme de quelqu'un qui entrait, et à qui on faisait
place. Madame de Clèves acheva de danser et pendant qu'elle cherchait des yeux
quelqu'un qu'elle avait dessein de prendre, le roi lui cria de prendre celui qui arrivait. Elle
se tourna, et vit un homme qu'elle crut d'abord ne pouvoir être que monsieur de Nemours,
qui passait par-dessus quelques sièges pour arriver où l'on dansait. Ce prince était fait
d'une sorte, qu'il était difficile de n'être pas surprise de le voir quand on ne l'avait jamais
vu, surtout ce soir-là, où le soin qu'il avait pris de se parer augmentait encore l'air brillant
qui était dans sa personne ; mais il était difficile aussi de voir madame de Clèves pour la
première fois, sans avoir un grand étonnement.
Monsieur de Nemours fut tellement surpris de sa beauté, que, lorsqu'il fut proche d'elle, et
qu'elle lui fit la révérence, il ne put s'empêcher de donner des marques de son admiration.
Quand ils commencèrent à danser, il s'éleva dans la salle un murmure de louanges. Le roi
et les reines se souvinrent qu'ils ne s'étaient jamais vus, et trouvèrent quelque chose de
singulier de les voir danser ensemble sans se connaître. Ils les appelèrent quand ils eurent
fini, sans leur donner le loisir de parler à personne, et leur demandèrent s'ils n'avaient pas
bien envie de savoir qui ils étaient, et s'ils ne s'en doutaient point.
- Pour moi, Madame, dit monsieur de Nemours, je n'ai pas d'incertitude ; mais comme
madame de Clèves n'a pas les mêmes raisons pour deviner qui je suis que celles que j'ai
pour la reconnaître, je voudrais bien que Votre Majesté eût la bonté de lui apprendre mon
nom.
- Je crois, dit madame la dauphine, qu'elle le sait aussi bien que vous savez le sien.
- Je vous assure, Madame, reprit madame de Clèves, qui paraissait un peu embarrassée,
que je ne devine pas si bien que vous pensez.
- Vous devinez fort bien, répondit madame la dauphine ; et il y a même quelque chose
d'obligeant pour monsieur de Nemours, à ne vouloir pas avouer que vous le connaissez
sans l'avoir jamais vu.
La reine les interrompit pour faire continuer le bal ; monsieur de Nemours prit la reine
dauphine. Cette princesse était d'une parfaite beauté, et avait paru telle aux yeux de
monsieur de Nemours, avant qu'il allât en Flandre ; mais de tout le soir, il ne put admirer
que madame de Clèves.
8. Le chevalier de Guise, qui l'adorait toujours, était à ses pieds, et ce qui se venait de passer
lui avait donné une douleur sensible. Il prit comme un présage, que la fortune destinait
monsieur de Nemours à être amoureux de madame de Clèves ; et soit qu'en effet il eût
paru quelque trouble sur son visage, ou que la jalousie fit voir au chevalier de Guise au-
delà de la vérité, il crut qu'elle avait été touchée de la vue de ce prince, et il ne put
s'empêcher de lui dire que monsieur de Nemours était bien heureux de commencer à être
connu d'elle, par une aventure qui avait quelque chose de galant et d'extraordinaire.
Madame de Clèves revint chez elle, l'esprit si rempli de tout ce qui s'était passé au bal,
que, quoiqu'il fût fort tard, elle alla dans la chambre de sa mère pour lui en rendre compte ;
et elle lui loua monsieur de Nemours avec un certain air qui donna à madame de Chartres
la même pensée qu'avait eue le chevalier de Guise.