1. Question 3 : Dynamiques des espaces productifs dans la mondialisation
Etude de cas :
Roissy, plate-forme multimodale et hub mondial
I. Un hub aéroportuaire mondial
II. Une plate-forme multimodale qui dynamise l’économie et le développement territorial
III. Les défis et les contraintes du développement
Dynamiques de localisation des activités et mondialisation
Introduction :
La France est la 6ème économie mondiale, et la 3ème européenne après l’Allemagne et le Royaume-Uni. La France est
donc bien insérée dans la mondialisation, elle génère et reçoit des flux importants.
De ce fait, l’économie française est fortement concurrencée sur les marchés européens et mondiaux.
Pour y faire face, l’économie française peut s’appuyer sur des secteurs dynamiques dans le domaine agricole,
industriel et tertiaire.
Néanmoins, l’insertion de l’économie française dans la mondialisation a des effets variés sur le territoire : certains
en profitent considérablement tandis que d’autres en restent à l’écart et ne parviennent pas à résister à la
concurrence. La mondialisation entraine donc une recomposition spatiale des espaces productifs.
Quelles sont les dynamiques spatiales des espaces productifs en France et comment sont-ils intégrés
à la mondialisation ?
I. La mutation des espaces agricoles
1) Les mutations des espaces agricoles
La France est le 1er producteur agricole de l’Union européenne, notamment dans le domaine des céréales, de
l’élevage et des productions à forte valeur ajoutée (vins, fromages…).
La France compte environ 500 000 exploitants (moins de 3 % des actifs) et dispose de la plus vaste Surface agricole
utile (SAU) d’Europe.
Cependant, les nombre d’exploitations et d’agriculteurs baisse depuis plusieurs décennies sous l’effet du
regroupement d’exploitations dans de plus vastes mais aussi de la périurbanisation qui grignote les terres agricoles
(l’équivalent de la surface d’un département tous les 10 ans !). Alors que la part de l’agriculture représentait encore
4 % du PIB en 1980, elle n’est aujourd’hui que d’1,5 %.
L’agriculture française est aujourd’hui très intégrée à la filière agro-alimentaire qui intègre, en amont, les
entreprises de production (engrais, matériel agricole…) et en aval la transformation, le transport et la distribution.
C’est une agriculture essentiellement intensive et productiviste qui s’appuie sur quelques FTN. Ce modèle agricole
a été soutenu par la PAC (Politique agricole commune) qui a encouragé la modernisation des agricultures vers le
productivisme, en favorisant les grandes exploitations, afin de mieux faire face à la concurrence mondialisée.
L’agriculture productiviste joue toujours un rôle majeur dans l’économie française. Elle permet à la France d’être le
5ème exportateur mondial de produits agricoles.
Cependant, le productivisme est aujourd’hui accusé d’avoir provoqué des dégradations environnementales
(pollution des rivières, irrigation excessive, pollution des sols), certains producteurs se lancent dans l’agriculture
raisonnée qui limite l’utilisation de produits chimiques.
2. La nouvelle PAC encourage désormais une agriculture plus respectueuse de l’environnement et répondant aux
principes du développement durable (agriculture biologique certifiée par des labels français ou européens…).
En finançant la recherche, l’Etat soutient la compétitivité de l’agriculture française (INRA…). L’Etat encourage
également le développement des agrocarburants et finance la recherche sur les OGM.
2) Une agriculture inégalement intégrée à la mondialisation
L’espace agricole français est inégalement intégré à la mondialisation :
La céréaliculture du bassin parisien, les régions d’élevage intensifs en Bretagne, les grands vignobles, les
cultures maraîchères de la Vallée du Rhône… sont bien intégrés aux marchés européens et mondiaux. Ce
sont de vastes exploitations liées à l’agrobusiness, fortement mécanisées qui génèrent des rendements et
des revenus élevés. Ce sont des espaces très compétitifs sur le marché mondial.
La compétition mondiale engendre une spécialisation des régions agricoles => 24 % des exploitations sont
spécialisées dans les céréales et les cultures industrielles, 24 % dans l’élevage bovin et 14 % dans la
viticulture. A l’inverse, la polyculture régresse.
La mondialisation accentue les disparités avec les espaces agricoles moins bien insérés, victimes de la
déprise agricole (abandon de l’activité agricole). Il s’agit de régions enclavées (zones de montagne d’élevage
extensif, espaces de polyculture…). Dans ces espaces, la SAU régresse, les agriculteurs sont de moins en
moins nombreux, ont du mal à investir pour se moderniser et n’arrivent plus à se verser un revenu suffisant.
Beaucoup d’entre eux exercent souvent une autre activité : tourisme vert, agritourisme, vente directe à la
ferme… Ces petits agriculteurs misent désormais sur la qualité en bénéficiant de labels AOC ou AOP.
Depuis le début des années 2000, la libéralisation du marché agricole a touché de plein fouet des agriculteurs qui
jusque-là étaient protégés par des subventions et des mesures protectionnistes. Les prix agricoles dépendent
désormais des prix du marché.
II. Les dynamiques industrielles face à la mondialisation
1) Un secteur en crise ?
L’espace français reste marqué par les héritages de l’industrialisation. Les régions du nord et de l’est, ainsi que la
vallée du Rhône, restent les plus industrialisées.
Cependant, la France est aujourd’hui touchée par la désindustrialisation. Depuis 1980, elle a perdu 2 millions
d’emplois industriels. En 1968, l’emploi industriel représentait 40 % de l’emploi total, contre 13 % aujourd’hui.
Le textile (Nord, région lyonnaise…), la métallurgie (Lorraine, Massif Central…), l’automobile (Nord-Ouest, Ile-de-
France…) sont les secteurs les plus touchés par ce déclin.
Les facteurs de la désindustrialisation sont variés mais reposent surtout sur la nouvelle division internationale du
travail qui repose sur la délocalisation par les FTN de la fabrication à l’étranger pour bénéficier d’une main d’œuvre
moins chère et de normes sociales et environnementales moins contraignantes. A cela il faut ajouter les progrès
de la robotisation qui ont réduit le nombre d’emplois industriels.
Néanmoins, la France maintient son statut de grande puissance industrielle. Même si sa part dans le PIB régresse
(19 %), l’industrie représente 76 % des exportations nationales et certains secteurs sont en forte croissance
(aéronautique, pharmacie, chimie). La France est la 8ème puissance industrielle mondiale, et la 4ème européenne.
De même, le territoire français demeure attractif pour les FTN étrangères qui continuent à investir massivement en
France (Toyota à Valenciennes, Smart en Lorraine…) en raison de la qualité de la main d’œuvre, de sa productivité,
des infrastructures de transport performantes et d’un marché de consommation important.
3. 2) Les stratégies d’adaptation à la mondialisation
Pour rester compétitive, l’industrie française doit s’adapter à la mondialisation :
Pour renforcer leur attractivité, les entreprises recherchent la proximité d’infrastructures de transport
performantes (autoroutes, gares TGV, aéroports…). La France dispose d’un atout important car elle est au
cœur de l’Europe et de ses échanges et dispose d’infrastructures denses.
Développement de technopôles pour favoriser l’innovation et rapprocher la recherche et l’industrie
(Sophia-Antipolis…).
Les entreprises, soutenues par l’Etat, investissent dans le R & D (recherche et développement). La France
occupe le 4ème rang mondial pour le dépôt de brevets.
Certains espaces industriels en crise ont su se reconvertir, en se tournant vers le luxe par exemple (ganterie
de Millau, coutellerie à Thiers…), ou vers le tertiaire (culture à Lens, logistique à Nancy…)
Ces mutations de l’espace productif modifient la géographie des activités industrielles : l’opposition entre une
France agricole, située à l’Ouest d’une ligne La Havre-Marseille, et d’une France industrielle située à l’Est de cette
ligne, tend à s’effacer. Les activités se concentrent désormais dans des espaces urbains ou périurbains bien reliés
aux infrastructures de communication :
Le métropolisation des activités industrielles renforce la place de Paris et de l’Ile-de-France, première région
industrielle, ainsi que de la région lyonnaise.
Depuis les années 60, la déconcentration industrielle a rééquilibré le territoire français : elle a permis
l’industrialisation de l’Ouest et le développement des Zones industrialo-portuaires sur les littoraux (Le
Havre, Fos-sur-mer…).
Les métropoles régionales se spécialisent dans des activités de haute technologie (aéronautique à Toulouse,
informatique à Nice, biotechnologie à Grenoble…)
Les pôles de compétitivité, impulsés par l’Etat, regroupent sur un même territoire des entreprises, des
laboratoires de recherche, des universités… dans l’objectif de soutenir l’innovation et de créer des emplois.
On observe une littoralisation des activités en raison de l’attractivité de l’Ouest et du Sud.
Le coût élevé de la main d’œuvre française est compensé par sa productivité et ses savoir-faire. La mauvaise qualité
de la production dans les pays-ateliers incite certaines FTN à relocaliser leurs entreprises en France.
III. La tertiarisation de l’économie
1) Un rôle économique majeur
La tertiarisation de l’économie désigne une société post-industrielle dans laquelle une très forte proportion de la
part de la population active travaille dans le secteur tertiaire. Aujourd’hui, le secteur tertiaire concentre 80 % des
emplois et représente ¼ des exportations et 80 % du PIB.
La croissance de l’emploi depuis 30 ans est essentiellement due à l’essor du tertiaire. Une partie des emplois
primaires et secondaires détruits a été absorbée par la croissance des emplois tertiaires. En effet, pour diminuer
leurs coûts de fonctionnement, beaucoup d’entreprises industrielles ont externalisé une partie de leurs activités
(entretien, informatique, maintenance, services…), ce qui explique la place grandissante des services.
Le rayonnement économique et culturel de la France est étroitement associé au secteur tertiaire :
Transports (Air France…)
Banque et assurance (Société Générale, BNP, AXA…)
Télécommunications (Orange…)
Commerce (Carrefour, Auchan…)
Hôtellerie et loisirs (Accor…)
4. 2) Les mutations spatiales liées au tertiaire
L’essor du secteur tertiaire a contribué à recomposer les espaces :
Les services structurent la hiérarchie urbaine.
Les grandes villes concentrent le tertiaire supérieur, c’est-à-dire les fonctions de décisions des
entreprises et les services qui leur sont liés (sièges sociaux, recherche, conception, finance,
communication, publicité, conseil…). Les emplois tertiaires y sont surreprésentés (cadres,
ingénieurs, chercheurs, experts, banquiers…).
Le dynamisme du tertiaire supérieur est donc un facteur de métropolisation.
Les villes moyennes concentrent des services spécifiques (assurances au Mans, vente par
correspondance à Roubaix…), tandis que les petites villes offrent des services élémentaires
(supermarchés, services publics…).
Par les réseaux qui les relient (télécommunications, transports…), les villes génèrent des flux et structurent le
territoire.
Le tourisme est un secteur majeur du tertiaire. Il favorise l’insertion de la France dans la mondialisation. Son
attractivité repose sur la richesse de son patrimoine culturel et naturel et sur la qualité de ses équipements.
La France dispose d’un vaste espace touristique :
Paris est la 1ère ville touristique au monde. C’est également la porte d’entrée des touristes
étrangers en France.
Les stations balnéaires (Languedoc, Manche, côte atlantique, Côte d’Azur…)+ les littoraux des
DROM
Les stations de sports d’hiver (Alpes, Pyrénées, Vosges, Jura, Massif Central…)
Le tourisme culturel et de loisirs (Vallée de la Loire…)
Le tourisme vert concerne les espaces ruraux.
Le tourisme est un atout économique majeur. Avec plus de 80 millions de touristes/an, le tourisme
représente plus de 7 % du PIB et 2 millions d’emplois directs et indirects.
Conclusion :
L’organisation des espaces productifs français évolue sous l’effet d’une mutation de l’économie (déclin des activités
agricoles et industrielles, tertiarisation) mais aussi de la mondialisation qui met en concurrence les territoires. Dans
ce contexte, on assiste à une redistribution des activités à l’échelle nationale qui renforce les inégalités entre les
territoires. Leur compétitivité dépend de leur attractivité, de leur capacité à innover, à attirer les IDE et à s’insérer
dans la mondialisation.