1. Efficacité énergétique : l’économie suisse
montre l’exemple
Les mesures volontaires portent leurs fruits
En matière d’efficacité énergétique, l’économie suisse peut se prévaloir de résultats incontestables.
Ainsi, à la fin 2009, les quelque 2000 entreprises affiliées à l’Agence de l'énergie pour l'économie
avaient globalement amélioré leur efficacité énergétique de 18 %. Cela correspond à une réduction de
la consommation d’énergie de quelque 5000 millions de kWh d’électricité et de chaleur par année.
Dans le domaine des émissions de CO2, elles ont obtenu une réduction de plus d’un million de tonnes
par année et l’impact des mesures prises en matière d’efficacité de la consommation électrique se
chiffre à 800 millions de kWh par an. C'est là la preuve que les mesures volontaires portent leurs fruits
et que l’économie est prête à consentir des efforts pour améliorer l'efficacité énergétique.
Dans le domaine privé également, beaucoup a déjà été fait : les nouveaux appareils électriques sont
ainsi nettement moins gourmands en électricité que les anciens modèles.
Plus d’habitants, plus d’appareils, plus de mobilité
En dépit de toutes les mesures d’efficacité mises en œuvre, la consommation d’électricité a augmenté
de plus de 20 % au cours des deux dernières décennies. Il y a plusieurs raisons à cela :
Depuis 1990, la population s’est accrue de plus d’un million de personnes, dépassant 7,7 millions
d’habitants. D’ici à 2035, l’Office fédéral de la statistique table sur une nouvelle augmentation de
12,5 %.
Les appareils électriques affichent une meilleure efficacité énergétique, mais dans le même temps,
ils sont toujours plus nombreux et plus gros. On le voit pour la télévision. Les écrans actuels
consomment nettement moins d’électricité, mais ce bénéfice est annulé par le fait que les
téléviseurs sont toujours plus gros et que leur nombre par ménage augmente aussi. Les nouveaux
appareils comme les smartphones et autres tablettes électroniques sont également toujours plus
nombreux.
La mobilité progresse rapidement : en 2010, les CFF ont vu le nombre de leurs passagers
augmenter de 6 % par rapport à 2009 et 951 000 personnes prennent le train chaque jour.
L’électricité se substitue de plus en plus aux autres énergies (les chauffages à mazout sont par
exemple remplacés par des pompes à chaleur). C’est bénéfique pour le climat, dans la mesure où
les émissions de CO2 baissent et où l’efficacité d’utilisation de l’énergie augmente, mais cela fait
grimper la consommation d’électricité. Si la dépendance vis-à-vis du pétrole doit être
progressivement réduite, il s’ensuivra obligatoirement une augmentation de la consommation
électrique.
Dans ce contexte, il apparaît clairement que les mesures d’amélioration de l’efficacité énergétique
permettront au mieux de stabiliser la consommation électrique. Celles-ci représentent toutefois un
élément déterminant de la politique énergétique et vont dans le sens des intérêts de l'économie,
puisque chaque kWh économisé permet de réduire les coûts et contribue à améliorer la compétitivité
des entreprises.
2. Il faudra du temps pour changer tous les appareils
En dépit de leurs avantages, les gains en efficacité énergétique ont leurs limites. Si nous utilisions tout
de suite la meilleure technologie existante, nous pourrions économiser approximativement un tiers de
l’électricité consommée car les appareils électriques sont toujours plus économes. Dans la pratique,
cela supposerait toutefois que tous les appareils et toutes les installations électriques de Suisse soient
rapidement et systématiquement remplacés par des systèmes à la pointe de la technologie. Cela
équivaudrait par exemple à imposer du jour au lendemain l’adaptation de tous les bâtiments de Suisse
aux normes Minergie, ce qui est parfaitement impossible, aussi bien économiquement que
techniquement. Il faut par ailleurs tenir compte de l’énergie nécessaire à la production des nouveaux
appareils.
Dans la réalité, cela prend souvent des décennies avant que tous les appareils d’un certain type aient
été remplacés. Il faut aussi que cela vaille la peine financièrement. Remplacer un chauffage électrique
par une pompe à chaleur, par exemple, coûte au bas mot 50 000 francs et ne vaut l'investissement
financier que si le remplacement de l'ancienne installation s'impose ou si une maison est si mal isolée
qu'une grande quantité d'électricité peut ainsi être économisée sur le long terme.
L’aménagement de dispositifs d’incitation intelligents en la matière relève de la compétence des
politiques. L’exemple de l’Agence de l’énergie pour l’économie montre que le modèle de solutions
volontaires relevant de l’économie de marché fonctionne et doit être développé.
Considérer l'énergie globalement
L’efficacité énergétique doit en réalité être examinée sous l’angle du système énergétique dans son
ensemble. L’électricité ne représente qu’un quart de la consommation énergétique globale, le reste
étant le fait d’énergies fossiles (pétrole, carburants, gaz naturel). Si l’on considère la situation
globalement, il peut tout à fait être dans l’intérêt de la Suisse de remplacer les énergies fossiles par
l'électricité, si le but est de garantir un approvisionnement énergétique fiable et indépendant de
l'étranger.
En résumé : l’efficacité est importante, mais elle n’est pas la seule solution
L’amélioration de l’efficacité énergétique continuera de jouer un rôle important dans la politique
énergétique de la Suisse. Mais compte tenu de la hausse de la consommation, une stratégie
d'efficacité énergétique seule ne saurait pallier à la pénurie d’électricité.