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Printemps – Eté 2017
Notre coup de cœur – Collection Privée
Vincent PETERS - Photographe
.
C’est comme un souffle que l’on retient à la vue de ses photos…Puis, c’est comme si nous pouvions
souffler sur la flamme d’une bougie sans l’éteindre, et contempler sa grâce. Les photos de
Vincent Peters sont des lumières de douceur, des lueurs d’authenticité données par ses modèles, ce sont
les mouvements discrets d’une danse que l’on imagine lente, précise et sensuelle…Le résultat mérite un
qualificatif qui taquinerait l’adjectif « somptueux » avant de s’élancer vers le « sublime ». Les photos
de Vincent Peters invitent aux coulisses d’un esthétisme mystérieux et rare. En effet, l’ensemble de ses
photos sait magnifier toute l’élégance des sujets. Vincent Peters photographie ses valeurs : la générosité,
le don, la bienveillance, le partage, l'écoute. Il en fait ressortir son don : la « créativité naturelle » sans
efforts, sinon celui de reproduire l’extraordinaire de notre monde, et de nous l’offrir en partage. Les
portraits ou les scènes sont des cadeaux de beauté qui vous portent vers une chanson où les notes sont
toutes harmonieusement disposées. Les photos de Vincent Peters sont des mélodies qui ne vous lâcheront
plus … Grand photographe de mode, il est aussi un grand poète. Dans chacune de ses photos, si l’on prête
une fine attention, l’on entend alors ses petites compositions musicales. A votre tour de regarder de plus
près, et de vous laisser doucement porter par ces notes rythmées comme la partition du Boléro de Ravel.
.
Edito
L’heure de la grandeur
.
L’Europe respire. Les élections en France auront été le soulagement d’un être exténué par les
conséquences des errements de politiques médiocres, et qui va enfin reprendre confiance. « L’expérience
prouve que celui qui n’a jamais confiance en personne ne sera jamais déçu » : La boutade du grand
Maître Leonard de Vinci pourrait alors prendre un nouveau sens. Et si la déception pouvait s’éloigner ?
L’arrivée du nouveau gouvernement d’Emmanuel Macron nous invite à espérer. « Demain » peut être
une voie tracée vers de véritables solutions. Les actions européennes font des clins d’œil à celles du
marché américain. L’effet de changement aurait donc son poids sur les marchés. L'économie est une
affaire d'Hommes ! Depuis quelques jours il est intéressant de lire les déclarations des nouveaux
ministres. Le contenu est fort d’une sémantique sophistiquée. Des termes réapparaissent comme ceux
évoqués à l’époque des philosophes grecs. On parle d’un Président tourné vers la culture, curieux et
mystique. Ce contexte amène à réfléchir sur les prochaines actions qui vont toucher le monde de la
culture. Tout d’abord, pour la première fois la génération Y est évoquée comme une véritable source
de valeur économique. On s’attarde sur cette force. C’est un tournant dans l’art, ce sont de nouveaux
visages, de nouvelles aspirations : visiteurs de musées ou collectionneurs.
Le sujet du numérique détient une place très importante dans la prochaine histoire de la culture. Emmanuel
Macron souhaite montrer un exemple « d’émancipation », apporter des réponses aux « barrières
invisibles de notre société ». Une prise de conscience sur l’accès à la culture est fondamentalement en
marche. Un pass culture crédité d’un montant de 500 euros est prévu pour les jeunes à partir de 18 ans
permettant un accès culturel plus étendu ; plus encore, un projet Erasmus des professionnels de la
culture est évoqué afin de travailler sur une circulation des artistes, commissaires d’expositions et
conservateurs…Le soutien au mécénat sera définitivement conforté par l’exonération des œuvres d’art
dans l’assiette ISF… Enfin, une femme inattendue et exceptionnelle vient d’être nommée. On retrouve
en Françoise Nyssen une personnalité littéraire, éduquée, bienveillante, multiculturelle et curieuse qui
pourra rendre accessible ce sujet à tous sans pour autant tomber dans l’erreur du nivellement. Sa
personnalité défricheuse de talents littéraires la conduit aujourd’hui vers des projets innovants : elle
pourra à la fois construire, surprendre et faire grandir.
Il semblerait que la place de l’Etat dans la culture reprenne forme dans l’esprit fécond développé
dans l’ancien régime par François1er : "Car tel est mon bon plaisir". De Gaulle en 1959 avait créé le
Ministère de la Culture attribué à André Malraux. Ce dernier avait expliqué que sa mission était de
« rendre accessibles les œuvres capitales de l’humanité, et d’abord de la France, au plus grand
nombre possible de Français, d'assurer la plus vaste audience à notre patrimoine culturel et de
favoriser la création de l'art et de l'esprit qui l'enrichisse ». Cela semble bien reparti. La culture sera
aussi traitée sous un angle plus numérique. C’est une réponse pour utiliser la force de la modernité au
service de la culture et aussi pour s’adapter au marché. Il est intéressant de noter les derniers chiffres de
l’art, ils correspondent à cette nouvelle tendance. Les ventes aux enchères sur Internet ont progressé de
24% en 2015, et ont poursuivi de 15% en 2016…(Rapport Hiscox). L’art en ligne constitue 8,4% du
business global en 2016. Les ventes en salle ont baissé de 16% en 2016. Le volume est en recul comme
nous en avions parlé dans notre précédente lettre. Parallèlement, il est nécessaire de noter en 2016 les
84% de hausse de ventes en ligne chez Christie’s…
Le monde de la culture traverserait donc une nouvelle dimension…L’art peut être à notre portée. Ce
nouveau gouvernement peut donner un exemple à l’Europe, il peut aller plus loin et créer des opportunités
pour de nouveaux talents, sans parler des emplois. Ainsi, il va être incontournable de suivre les nouvelles
mesures de travail dans ce secteur : les appréciations des informations, les mouvements des cotes. Les
stratégies des valeurs nominales changeront certainement dans ce nouveau schéma. Nous pouvons
imaginer des Musées en ligne…Nous pouvons imaginer aussi des promotions d’artistes encore plus
faciles, plus rapides…La très bonne nouvelle sera dans la possibilité de rendre plus d’un enfant sur deux
intéressé à l’art… On peut alors se projeter dans la confiance autour d’un sujet qui depuis la nuit des
temps a su structurer l’humain par le partage des idées et la réflexion. "L’oeuvre d’art n’est pas le reflet,
l’image du monde ; mais elle est à l’image du monde" expliquait Eugène Ionesco.
Nous pensons qu’il y aura ainsi de nouvelles dimensions. La culture deviendrait un sujet accessible.
Elle marquerait hautement la responsabilité d’un pays dans sa volonté d’instruction.
Le conseil en art devient alors essentiel... Il faudra étudier la qualité des informations sur les artistes, entre
ceux qui seront de « passage », et ceux qui perdureront. L’art est un phénomène de société mais pas de
mode. La vigilance devra être encore plus forte, mais tout aussi intéressante pour conserver le goût du
discernement encore plus précis. Tout comme en finance, il y aura alors plus que jamais les valeurs
refuges qui devront éviter les volatilités, et les valeurs plus spéculatives qui alimenteront le goût des
nouveaux collectionneurs. Dans ces élans créatifs, il faudra ainsi conseiller avec un sur-mesure
irréprochable : détenir des explications réelles pour comprendre l'avenir d'une oeuvre. Allons-nous
découvrir de nouvelles motivations ? D'un côté resteront les plus classiques et conservateurs. Puis il y
aura la génération Y, elle aimera acheter, revendre et acheter à nouveau, puis s’inscrire dans la nouvelle
dynamique de la connaissance de nouveaux sujets. Un monde qui change est un monde qui entraîne de
nouvelles mentalités. Dans tous les cas, elles seront ici éduquées par un nouveau modèle de
communication : digitale et de grande proximité. L'art restera dans son conseil une véritable affaire
d'Hommes !
Minutes Interview – Entretien exclusif Eleart
Paroles de Marc Levy – Ecrivain
Si nous devons évoquer le mot « Art », comment pourriez-vous le définir ?
Mon père était éditeur de livres d’art. Grandir dans un monde où se côtoyaient peintres, sculpteurs, acteurs
et musiciens fut un privilège. De cette enfance, je garde le souvenir des ateliers d’artistes, empreints
d’odeurs de bois, de papier, de colles, de peintures, d’alcools, ou de peaux quand nous visitions les grands
relieurs italiens. Mais parmi tous ces souvenirs, le plus marquant reste celui d'avoir été témoin de la
passion qui animait ces artistes et artisans, une passion qui gagnait jusqu’à leurs conversations. Et
combien de fois ai-je pu entendre ces débats et questionnements sans fin sur ce qui est de l’art et ce qui
ne l’est pas. Je n’en retiens qu’une seule réponse, l’art est une promesse, de partage, de découvertes,
l’art provoque des sensations, suscite des émotions. L’art est la traduction du vivant et cela prime sur
toute considération académique. L’art est puissant et humble à la fois. Et c’est peut-être en cela que la
relation que nous entretenons avec l’art est si personnelle. Comment aimer l’art et vouloir imposer ce qui
est artistique ou ce qui ne l’est pas. Je me souviens des mots d’un grand ébéniste qui restaurait une
magnifique commode. « On peut s’émerveiller devant la beauté d’un meuble, mais chaque fois que je me
mets à l’œuvre, je pense à ceux dont il a fait partie du quotidien, aux vies qui se sont succédées, à tout ce
dont ce meuble a été témoin. » Alors, je crois que l’art, c’est ce qui vous transporte, ce qui vous fait
ressentir, l’art transcende nos différences, nous relie les uns aux autres, l’art nous fait aimer, l’artiste
est un semeur d’humanité. Si mon quotidien ressemble à une oeuvre de Bansky, chaque fois que je dois
me plonger dans le monde imaginaire où j’écris, je pose mon regard sur un tableau d’Yves Lévêque et le
voyage commence. C’est peut-être aussi cela l’art, un moyen de voyager en restant immobile, une force
qui vous transporte ailleurs.
Un écrivain a-t-il la même ambition qu’un artiste d’art visuel ?
Mais l’écriture est aussi une peinture, des gens, de la société, du vécu, et de l’imaginaire de l’écrivain.
Lorsqu’on me questionne sur l’écriture, j’utilise souvent le mot peinture et quand on m’interroge sur mes
personnages, j’évoque aussi souvent la façon dont je les dessine. Quand on parle d’un roman, on insiste
sur le « portrait » de tel ou tel personnage. Le pinceau et la plume sont deux moyens de raconter ou
de témoigner. Le peintre et l’écrivain partagent une émotion, un questionnement. Une
peinture, figurative ou abstraite, révèle une histoire. Je crois qu’on entre dans un tableau comme on entre
dans un livre.
Que signifie être transporté par l’art ?
Pour être transporté, il faut être troublé. Je voudrais nommer un peintre qui me transporte. Yves
Lévêque. Ce peintre de la terre m’immerge dans ce que la nature a de plus beau. La lumière qui émane
de ses tableaux est aussi belle que troublante. Ses tableaux évoquent pour moi l’humanité, la sagesse et
la force, une philosophie de la vie. C’est un artiste qui me transporte vers un ailleurs. Il parvient à
reproduire ce contraste étonnant des forces et de la passivité de la nature : Arbres, champs …C’est un
peintre de la Vie. Lorsque je regarde un de ses tableaux, c’est une transposition immédiate qui me
projette au cœur de son œuvre et également qui déclenche mon imaginaire. Un peu à la façon d’Alice,
je passe de l’autre côté du miroir. C’est aussi un peintre de la matière ! On a envie d’effleurer la toile et
ce contact physique est enivrant. Certaines de ses toiles aux dimensions imposantes vous entrainent
instantanément dans un milieu ou force et sérénité se marient.
Comment voyez-vous l’évolution du marché de l’art ?
J’aime la peinture, comme la sculpture, pour l’émotion qu’elles suscitent. L’aspect financier du marché
de l’art est une tout autre chose. Certaines ventes aux enchères relèvent du spectacle de par la démesure
des prix qu’atteignent certaines œuvres. En voyant de tels prix, je ne peux m’empêcher de penser à la vie
que menaient les artistes et que la plupart d’entre eux mènent toujours. Vivre de son art n’est pas chose
courante, loin de là. Et je ressens un profond respect et une admiration immense en pensant à
l’amour, la persistance, la résilience de l’artiste. Les prix qu’atteignent certaines œuvres d’art moderne
sont parfois étonnants, pour ne pas dire choquants. S’agit-il encore d’un marché de l’art ou d’un marché
financier ? Je n’ai pas la compétence d’en juger. Le marché de l’art est pour moi bien plus abstrait que
l’art abstrait…. Si l’envolée des prix de certaines œuvres permet à des galeristes de faire découvrir des
talents moins côtés, alors tant mieux. Quoi qu’il en soit l’artiste, s’il travaille seul, contribue par son
travail à faire vivre toute une chaîne de métiers.
Aujourd’hui nous évoquons l’importance du monde du digital. Quel est d’après vous l’utilité de c
cette nouvelle façon de consommer l’art ?
Nous passons une partie de notre temps dans ce monde virtuel ou l’accès à l’information est instantané.
Voir sur un écran d’ordinateur une œuvre d’art ne provoque évidemment pas la même émotion
que lorsqu’on se trouve face à elle. Mais j’y vois une complémentarité. Il en est de même pour la
musique, écouter une chanson sur un support digital n’est pas la même chose que d’aller voir un artiste
sur scène, ou d’aller écouter un concert dans une salle ou un festival. Les sensations ne sont pas les mêmes.
Mais les émotions se complètent. Internet permet de rendre visibles des œuvres que la plupart d’entre
nous ne pourrions jamais aller voir là où elles se trouvent. Et puis l’appréciation d’une œuvre se fait aussi
en fonction d’un contexte. Voir un tableau dans un musée ou lors d’une exposition n’est pas non plus
totalement neutre. Autour de l’œuvre, règne l’effervescence du public, tout comme l’empreinte des lieux,
autant de choses qui affectent notre perception. Aller voir un tableau au Louvre ou au Metropolitan
Museum pour ne citer que ces deux musées, revient d’abord à parcourir tout un chemin, où nous
nous imprégnons de toutes les œuvres d’art en présence. Hier, nous sommes allés en famille admirer
des tableaux de Van Gogh au Metropolitan, mais avant d’accéder à ceux-ci, nous avons traversé plusieurs
salles, où étaient exposées des pièces d’art Byzantin, de l’ancienne Égypte … pour nous retrouver enfin
devant les Tournesols de Van Gogh, eux-mêmes entourés d’œuvres de Matisse et de Degas… Et nos yeux
ne savaient plus où se poser tant il y avait à voir. Tout cela pour dire que ce monde virtuel à ses vertus,
dont celle de rendre l’art accessible à chacun. Ce que font aussi d’ailleurs les livres d’art. Donner le goût
de découvrir, d’apprendre, d’aimer, de se passionner… et aussi de se concentrer. Et pourquoi pas aussi
de donner l’envie d’aller voir l’œuvre physique, là où elle est exposée.
Si votre dernier livre* était un tableau… ?
L’une des « Femmes à la fenêtre » d’Edward Hopper… car l’un de ses tableaux est au cœur de l’enquête
*La Dernière des Stanfield (Robert Laffont/Versilio)
« C’est un artiste qui me transporte vers un ailleurs »
Peinture de Yves Lévêque.
Les Expositions aimées vues par Eleart
Barcelone
Fondation MIRO
Le lieu est une invitation à séjourner pour quelques jours sur les lieux. Le concept architectural est l’idée
d’une maison de maitre ou de collectionneur dominant sur l’intensité de la ville. La fondation MIRO est
toujours le lieu culte pour comprendre les ambitions de l’artiste dans un écrin, l’évolution de sa technique
au cœur d’une maison généreuse de connaissances et de souvenirs précieux. Il faut découvrir ou revoir
cet endroit pour mieux comprendre ce que l’art contemporain apporte aujourd’hui. Le cri des artistes a
toujours été présent, c’est comme la capacité à devenir unique et traverser le temps. Miro en fait
partie par son style et plus que jamais nous avons ici le parcours d’un homme qui a su s’imposer avec la
période du surréalisme. Approcher l’inconscient est ici une promesse.
Paris
Le Grand Palais – Rodin - jusqu’au 31 juillet
Le pouvoir de l’expression de l’art est ici un spectacle. C’est plus qu’un anniversaire, c’est de nouveau
une révélation sur les courbes et voyages que la sculpture peut nous apporter. Il y a comme une magie
dans les formes. On attend qu’elles se mettent toutes à bouger.
Venise – Biennale – Jusqu’au 16 novembre
Viva Arte Viva.
Courrez à la 57ème
Biennale d’art contemporain. C’est la parfaite liberté d’expression. 800 œuvres des
années 1960 à aujourd’hui…Un choix impressionnant entre différentes nationalités et surtout des
générations opposées. 85 pavillons vont vous permettre de vous laisser surprendre par l’ensemble des
mediums dirigés pour vous faire réagir. Chaque œuvre détient un message bien particulier et, plus
loin encore, une réflexion particulière devient systématiquement la complice de chaque œuvre. A
vous de le découvrir et de vous laisser porter par plein d’émotions différentes aux gouts très variés. La
joie, le chagrin, la peur, l’intrigue, …Oui vous vous sentirez bien vivant !
Belgique – Palais des Beaux -Arts – Jusqu’au 20 août
Yves Klein – Le théâtre du vide
Il faut profiter de l’exposition des œuvres de l’artiste qui sont présentées pour la première fois ! Précurseur
du Happening et du Body Art, il faut se rendre sur place pour « respirer » sa technique si personnelle : sa
recherche de spiritualité et sa sempiternelle volonté de se rapprocher de l’immatériel. C’est un
nouveau trouble, une rencontre avec celui qui aura su bouleverser le monde de l’art et le faire vibrer
autrement.
Rencontre Expert – Marché de l’art
Interview de Catherine CATHIARD, Avocat aux Barreaux de Paris et
de Luxembourg, director chez WILDGEN au Grand-Duché de Luxembourg
En votre qualité d’Avocate, quelle est votre connexion à l’art et la nature de vos interventions
dans le domaine de l’art ?
Passionnée d’art et ayant étudié l’histoire de l’Art à l’Ecole du Louvre et à l’Université de la Sorbonne,
j’ai depuis plusieurs années intégré l’Art dans mon activité professionnelle. Au sein du cabinet d’avocats
WILDGEN à Luxembourg, j’ai été à l’initiative de la création d’un département « ART » : nos
experts sont appelés à intervenir dans de nombreux domaines en lien avec l’art : fiscalité,
assurances, propriété intellectuelle, contrats, financement d’acquisitions, assistance en matière de
déclarations administratives, structuration de la détention du patrimoine, gestion des conflits pré-
contentieux et contentieux. Grâce à notre réseau international de correspondants, nous pouvons traiter
des dossiers internationaux en lien avec plusieurs juridictions. Je suis également membre de l’Institut Art
& Droit en France. Au Luxembourg, je représente WILDGEN en tant que membre de la Luxembourg Art
Law & Art and Finance Association (LAFA). Ces associations ont notamment pour but de mettre en
relation les professionnels des métiers de l’art et d’organiser des évènements autour de l’art, en relation
avec d’autres associations à l’étranger.
L’Art a-t-il nécessairement besoin du droit ?
Aujourd’hui peut-être plus encore qu’hier. On remarque d’ailleurs que depuis quelques années seulement
le droit de l’art est intégré dans le cursus d’enseignement de certaines universités.
Le marché de l’art est parsemé de contraintes administratives et juridiques à respecter.
Les évolutions techniques de ces dernières années et des années à venir sont fulgurantes. Le marché de
l’art comme les artistes s’approprient les nouvelles technologies et deviennent les vecteurs de mutations
artistiques : les ventes en ligne d’œuvres d’art se banalisent et de nouveaux modes artistiques sont nés :
art vidéo, art numérique, art multimédia, art virtuel, street art, œuvres artistiques créées par une
intelligence artificielle. Dans ce contexte, tous les acteurs du marché de l’art doivent se protéger :
l’artiste doit s’assurer de la protection de ses droits d’auteur, l’acheteur d’une œuvre d’art doit
connaître et comprendre ce qu’il achète, s’assurer de la provenance et de l’authenticité notamment.
Ceci n’est pas nouveau mais l’environnement mondial en mutation dans lequel opère aujourd’hui le
marché de l’art est source de difficultés, et de fraudes à détecter si l’on ne veut pas en être victime. Se
faire accompagner par un avocat ou un spécialiste en droit de l’art est donc fortement conseillé et devient
nécessaire. J’organise à ce sujet, avec WILDGEN et LAFA, une conférence en octobre prochain à
Luxembourg. Nous prévoyons des tables rondes réunissant artistes, acteurs du marché de l’art et juristes
à l’effet d’évoquer les questions soulevées par les nouvelles technologies, les risques dont il faut se
protéger et les réponses apportées par le droit. Vaste et passionnant sujet ...
D’après vous, la législation est-elle encore adaptée face aux mutations artistiques que nous
connaissons ?
C’est une question très pertinente. Dans l’art comme dans les autres domaines, le droit a généralement
un temps de retard par rapport aux évolutions technologiques. Il existe en effet un certain nombre de
modifications législatives nécessaires.
En France, début 2017, l’Institut Art & Art a porté devant le Ministère de la culture des propositions en
matière fiscale. Ces propositions visent à modifier la rédaction de l’article du Code général des impôts
énumérant les catégories d’œuvres d’art pouvant bénéficier du taux réduit de TVA à 5,5% afin de tenir
compte des pratiques artistiques contemporaines. Ces propositions ont été accueillies favorablement et le
Ministère de l’économie et des finances a été saisi en vue de la modification de l’article en question dans
le sens de ces propositions. Au Luxembourg, en partenariat avec l’équipe Art & Finance de
DELOITTE, nous avons émis des propositions tendant à adapter le droit luxembourgeois aux
mutations artistiques et à rendre la place de Luxembourg plus attractive, comme par exemple la
réforme des ventes aux enchères. Elle pourrait permettre à des maisons de vente de procéder à des
ventes aux enchères sur le sol luxembourgeois. Il devient urgent de légiférer
Newsletter ELEART - Emmanuelle Brame – de La Coussaye ebrame@eleart.eu www.eleart.eu

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Tourisme culturel; la clientèle. François Perroy
 

Eleart Newsletter Printemps Eté 2017

  • 1. NEWSLETTER Printemps – Eté 2017 Notre coup de cœur – Collection Privée Vincent PETERS - Photographe . C’est comme un souffle que l’on retient à la vue de ses photos…Puis, c’est comme si nous pouvions souffler sur la flamme d’une bougie sans l’éteindre, et contempler sa grâce. Les photos de Vincent Peters sont des lumières de douceur, des lueurs d’authenticité données par ses modèles, ce sont les mouvements discrets d’une danse que l’on imagine lente, précise et sensuelle…Le résultat mérite un qualificatif qui taquinerait l’adjectif « somptueux » avant de s’élancer vers le « sublime ». Les photos de Vincent Peters invitent aux coulisses d’un esthétisme mystérieux et rare. En effet, l’ensemble de ses photos sait magnifier toute l’élégance des sujets. Vincent Peters photographie ses valeurs : la générosité, le don, la bienveillance, le partage, l'écoute. Il en fait ressortir son don : la « créativité naturelle » sans efforts, sinon celui de reproduire l’extraordinaire de notre monde, et de nous l’offrir en partage. Les portraits ou les scènes sont des cadeaux de beauté qui vous portent vers une chanson où les notes sont toutes harmonieusement disposées. Les photos de Vincent Peters sont des mélodies qui ne vous lâcheront plus … Grand photographe de mode, il est aussi un grand poète. Dans chacune de ses photos, si l’on prête une fine attention, l’on entend alors ses petites compositions musicales. A votre tour de regarder de plus près, et de vous laisser doucement porter par ces notes rythmées comme la partition du Boléro de Ravel. .
  • 2. Edito L’heure de la grandeur . L’Europe respire. Les élections en France auront été le soulagement d’un être exténué par les conséquences des errements de politiques médiocres, et qui va enfin reprendre confiance. « L’expérience prouve que celui qui n’a jamais confiance en personne ne sera jamais déçu » : La boutade du grand Maître Leonard de Vinci pourrait alors prendre un nouveau sens. Et si la déception pouvait s’éloigner ? L’arrivée du nouveau gouvernement d’Emmanuel Macron nous invite à espérer. « Demain » peut être une voie tracée vers de véritables solutions. Les actions européennes font des clins d’œil à celles du marché américain. L’effet de changement aurait donc son poids sur les marchés. L'économie est une affaire d'Hommes ! Depuis quelques jours il est intéressant de lire les déclarations des nouveaux ministres. Le contenu est fort d’une sémantique sophistiquée. Des termes réapparaissent comme ceux évoqués à l’époque des philosophes grecs. On parle d’un Président tourné vers la culture, curieux et mystique. Ce contexte amène à réfléchir sur les prochaines actions qui vont toucher le monde de la culture. Tout d’abord, pour la première fois la génération Y est évoquée comme une véritable source de valeur économique. On s’attarde sur cette force. C’est un tournant dans l’art, ce sont de nouveaux visages, de nouvelles aspirations : visiteurs de musées ou collectionneurs. Le sujet du numérique détient une place très importante dans la prochaine histoire de la culture. Emmanuel Macron souhaite montrer un exemple « d’émancipation », apporter des réponses aux « barrières invisibles de notre société ». Une prise de conscience sur l’accès à la culture est fondamentalement en marche. Un pass culture crédité d’un montant de 500 euros est prévu pour les jeunes à partir de 18 ans permettant un accès culturel plus étendu ; plus encore, un projet Erasmus des professionnels de la culture est évoqué afin de travailler sur une circulation des artistes, commissaires d’expositions et conservateurs…Le soutien au mécénat sera définitivement conforté par l’exonération des œuvres d’art dans l’assiette ISF… Enfin, une femme inattendue et exceptionnelle vient d’être nommée. On retrouve en Françoise Nyssen une personnalité littéraire, éduquée, bienveillante, multiculturelle et curieuse qui pourra rendre accessible ce sujet à tous sans pour autant tomber dans l’erreur du nivellement. Sa personnalité défricheuse de talents littéraires la conduit aujourd’hui vers des projets innovants : elle pourra à la fois construire, surprendre et faire grandir. Il semblerait que la place de l’Etat dans la culture reprenne forme dans l’esprit fécond développé dans l’ancien régime par François1er : "Car tel est mon bon plaisir". De Gaulle en 1959 avait créé le Ministère de la Culture attribué à André Malraux. Ce dernier avait expliqué que sa mission était de « rendre accessibles les œuvres capitales de l’humanité, et d’abord de la France, au plus grand nombre possible de Français, d'assurer la plus vaste audience à notre patrimoine culturel et de favoriser la création de l'art et de l'esprit qui l'enrichisse ». Cela semble bien reparti. La culture sera aussi traitée sous un angle plus numérique. C’est une réponse pour utiliser la force de la modernité au service de la culture et aussi pour s’adapter au marché. Il est intéressant de noter les derniers chiffres de l’art, ils correspondent à cette nouvelle tendance. Les ventes aux enchères sur Internet ont progressé de 24% en 2015, et ont poursuivi de 15% en 2016…(Rapport Hiscox). L’art en ligne constitue 8,4% du business global en 2016. Les ventes en salle ont baissé de 16% en 2016. Le volume est en recul comme nous en avions parlé dans notre précédente lettre. Parallèlement, il est nécessaire de noter en 2016 les 84% de hausse de ventes en ligne chez Christie’s…
  • 3. Le monde de la culture traverserait donc une nouvelle dimension…L’art peut être à notre portée. Ce nouveau gouvernement peut donner un exemple à l’Europe, il peut aller plus loin et créer des opportunités pour de nouveaux talents, sans parler des emplois. Ainsi, il va être incontournable de suivre les nouvelles mesures de travail dans ce secteur : les appréciations des informations, les mouvements des cotes. Les stratégies des valeurs nominales changeront certainement dans ce nouveau schéma. Nous pouvons imaginer des Musées en ligne…Nous pouvons imaginer aussi des promotions d’artistes encore plus faciles, plus rapides…La très bonne nouvelle sera dans la possibilité de rendre plus d’un enfant sur deux intéressé à l’art… On peut alors se projeter dans la confiance autour d’un sujet qui depuis la nuit des temps a su structurer l’humain par le partage des idées et la réflexion. "L’oeuvre d’art n’est pas le reflet, l’image du monde ; mais elle est à l’image du monde" expliquait Eugène Ionesco. Nous pensons qu’il y aura ainsi de nouvelles dimensions. La culture deviendrait un sujet accessible. Elle marquerait hautement la responsabilité d’un pays dans sa volonté d’instruction. Le conseil en art devient alors essentiel... Il faudra étudier la qualité des informations sur les artistes, entre ceux qui seront de « passage », et ceux qui perdureront. L’art est un phénomène de société mais pas de mode. La vigilance devra être encore plus forte, mais tout aussi intéressante pour conserver le goût du discernement encore plus précis. Tout comme en finance, il y aura alors plus que jamais les valeurs refuges qui devront éviter les volatilités, et les valeurs plus spéculatives qui alimenteront le goût des nouveaux collectionneurs. Dans ces élans créatifs, il faudra ainsi conseiller avec un sur-mesure irréprochable : détenir des explications réelles pour comprendre l'avenir d'une oeuvre. Allons-nous découvrir de nouvelles motivations ? D'un côté resteront les plus classiques et conservateurs. Puis il y aura la génération Y, elle aimera acheter, revendre et acheter à nouveau, puis s’inscrire dans la nouvelle dynamique de la connaissance de nouveaux sujets. Un monde qui change est un monde qui entraîne de nouvelles mentalités. Dans tous les cas, elles seront ici éduquées par un nouveau modèle de communication : digitale et de grande proximité. L'art restera dans son conseil une véritable affaire d'Hommes !
  • 4. Minutes Interview – Entretien exclusif Eleart Paroles de Marc Levy – Ecrivain Si nous devons évoquer le mot « Art », comment pourriez-vous le définir ? Mon père était éditeur de livres d’art. Grandir dans un monde où se côtoyaient peintres, sculpteurs, acteurs et musiciens fut un privilège. De cette enfance, je garde le souvenir des ateliers d’artistes, empreints d’odeurs de bois, de papier, de colles, de peintures, d’alcools, ou de peaux quand nous visitions les grands relieurs italiens. Mais parmi tous ces souvenirs, le plus marquant reste celui d'avoir été témoin de la passion qui animait ces artistes et artisans, une passion qui gagnait jusqu’à leurs conversations. Et combien de fois ai-je pu entendre ces débats et questionnements sans fin sur ce qui est de l’art et ce qui ne l’est pas. Je n’en retiens qu’une seule réponse, l’art est une promesse, de partage, de découvertes, l’art provoque des sensations, suscite des émotions. L’art est la traduction du vivant et cela prime sur toute considération académique. L’art est puissant et humble à la fois. Et c’est peut-être en cela que la relation que nous entretenons avec l’art est si personnelle. Comment aimer l’art et vouloir imposer ce qui est artistique ou ce qui ne l’est pas. Je me souviens des mots d’un grand ébéniste qui restaurait une magnifique commode. « On peut s’émerveiller devant la beauté d’un meuble, mais chaque fois que je me mets à l’œuvre, je pense à ceux dont il a fait partie du quotidien, aux vies qui se sont succédées, à tout ce dont ce meuble a été témoin. » Alors, je crois que l’art, c’est ce qui vous transporte, ce qui vous fait ressentir, l’art transcende nos différences, nous relie les uns aux autres, l’art nous fait aimer, l’artiste est un semeur d’humanité. Si mon quotidien ressemble à une oeuvre de Bansky, chaque fois que je dois me plonger dans le monde imaginaire où j’écris, je pose mon regard sur un tableau d’Yves Lévêque et le voyage commence. C’est peut-être aussi cela l’art, un moyen de voyager en restant immobile, une force qui vous transporte ailleurs. Un écrivain a-t-il la même ambition qu’un artiste d’art visuel ? Mais l’écriture est aussi une peinture, des gens, de la société, du vécu, et de l’imaginaire de l’écrivain. Lorsqu’on me questionne sur l’écriture, j’utilise souvent le mot peinture et quand on m’interroge sur mes personnages, j’évoque aussi souvent la façon dont je les dessine. Quand on parle d’un roman, on insiste sur le « portrait » de tel ou tel personnage. Le pinceau et la plume sont deux moyens de raconter ou de témoigner. Le peintre et l’écrivain partagent une émotion, un questionnement. Une peinture, figurative ou abstraite, révèle une histoire. Je crois qu’on entre dans un tableau comme on entre dans un livre. Que signifie être transporté par l’art ? Pour être transporté, il faut être troublé. Je voudrais nommer un peintre qui me transporte. Yves Lévêque. Ce peintre de la terre m’immerge dans ce que la nature a de plus beau. La lumière qui émane de ses tableaux est aussi belle que troublante. Ses tableaux évoquent pour moi l’humanité, la sagesse et la force, une philosophie de la vie. C’est un artiste qui me transporte vers un ailleurs. Il parvient à reproduire ce contraste étonnant des forces et de la passivité de la nature : Arbres, champs …C’est un peintre de la Vie. Lorsque je regarde un de ses tableaux, c’est une transposition immédiate qui me projette au cœur de son œuvre et également qui déclenche mon imaginaire. Un peu à la façon d’Alice, je passe de l’autre côté du miroir. C’est aussi un peintre de la matière ! On a envie d’effleurer la toile et ce contact physique est enivrant. Certaines de ses toiles aux dimensions imposantes vous entrainent instantanément dans un milieu ou force et sérénité se marient.
  • 5. Comment voyez-vous l’évolution du marché de l’art ? J’aime la peinture, comme la sculpture, pour l’émotion qu’elles suscitent. L’aspect financier du marché de l’art est une tout autre chose. Certaines ventes aux enchères relèvent du spectacle de par la démesure des prix qu’atteignent certaines œuvres. En voyant de tels prix, je ne peux m’empêcher de penser à la vie que menaient les artistes et que la plupart d’entre eux mènent toujours. Vivre de son art n’est pas chose courante, loin de là. Et je ressens un profond respect et une admiration immense en pensant à l’amour, la persistance, la résilience de l’artiste. Les prix qu’atteignent certaines œuvres d’art moderne sont parfois étonnants, pour ne pas dire choquants. S’agit-il encore d’un marché de l’art ou d’un marché financier ? Je n’ai pas la compétence d’en juger. Le marché de l’art est pour moi bien plus abstrait que l’art abstrait…. Si l’envolée des prix de certaines œuvres permet à des galeristes de faire découvrir des talents moins côtés, alors tant mieux. Quoi qu’il en soit l’artiste, s’il travaille seul, contribue par son travail à faire vivre toute une chaîne de métiers. Aujourd’hui nous évoquons l’importance du monde du digital. Quel est d’après vous l’utilité de c cette nouvelle façon de consommer l’art ? Nous passons une partie de notre temps dans ce monde virtuel ou l’accès à l’information est instantané. Voir sur un écran d’ordinateur une œuvre d’art ne provoque évidemment pas la même émotion que lorsqu’on se trouve face à elle. Mais j’y vois une complémentarité. Il en est de même pour la musique, écouter une chanson sur un support digital n’est pas la même chose que d’aller voir un artiste sur scène, ou d’aller écouter un concert dans une salle ou un festival. Les sensations ne sont pas les mêmes. Mais les émotions se complètent. Internet permet de rendre visibles des œuvres que la plupart d’entre nous ne pourrions jamais aller voir là où elles se trouvent. Et puis l’appréciation d’une œuvre se fait aussi en fonction d’un contexte. Voir un tableau dans un musée ou lors d’une exposition n’est pas non plus totalement neutre. Autour de l’œuvre, règne l’effervescence du public, tout comme l’empreinte des lieux, autant de choses qui affectent notre perception. Aller voir un tableau au Louvre ou au Metropolitan Museum pour ne citer que ces deux musées, revient d’abord à parcourir tout un chemin, où nous nous imprégnons de toutes les œuvres d’art en présence. Hier, nous sommes allés en famille admirer des tableaux de Van Gogh au Metropolitan, mais avant d’accéder à ceux-ci, nous avons traversé plusieurs salles, où étaient exposées des pièces d’art Byzantin, de l’ancienne Égypte … pour nous retrouver enfin devant les Tournesols de Van Gogh, eux-mêmes entourés d’œuvres de Matisse et de Degas… Et nos yeux ne savaient plus où se poser tant il y avait à voir. Tout cela pour dire que ce monde virtuel à ses vertus, dont celle de rendre l’art accessible à chacun. Ce que font aussi d’ailleurs les livres d’art. Donner le goût de découvrir, d’apprendre, d’aimer, de se passionner… et aussi de se concentrer. Et pourquoi pas aussi de donner l’envie d’aller voir l’œuvre physique, là où elle est exposée. Si votre dernier livre* était un tableau… ? L’une des « Femmes à la fenêtre » d’Edward Hopper… car l’un de ses tableaux est au cœur de l’enquête *La Dernière des Stanfield (Robert Laffont/Versilio) « C’est un artiste qui me transporte vers un ailleurs » Peinture de Yves Lévêque.
  • 6. Les Expositions aimées vues par Eleart Barcelone Fondation MIRO Le lieu est une invitation à séjourner pour quelques jours sur les lieux. Le concept architectural est l’idée d’une maison de maitre ou de collectionneur dominant sur l’intensité de la ville. La fondation MIRO est toujours le lieu culte pour comprendre les ambitions de l’artiste dans un écrin, l’évolution de sa technique au cœur d’une maison généreuse de connaissances et de souvenirs précieux. Il faut découvrir ou revoir cet endroit pour mieux comprendre ce que l’art contemporain apporte aujourd’hui. Le cri des artistes a toujours été présent, c’est comme la capacité à devenir unique et traverser le temps. Miro en fait partie par son style et plus que jamais nous avons ici le parcours d’un homme qui a su s’imposer avec la période du surréalisme. Approcher l’inconscient est ici une promesse. Paris Le Grand Palais – Rodin - jusqu’au 31 juillet Le pouvoir de l’expression de l’art est ici un spectacle. C’est plus qu’un anniversaire, c’est de nouveau une révélation sur les courbes et voyages que la sculpture peut nous apporter. Il y a comme une magie dans les formes. On attend qu’elles se mettent toutes à bouger. Venise – Biennale – Jusqu’au 16 novembre Viva Arte Viva. Courrez à la 57ème Biennale d’art contemporain. C’est la parfaite liberté d’expression. 800 œuvres des années 1960 à aujourd’hui…Un choix impressionnant entre différentes nationalités et surtout des générations opposées. 85 pavillons vont vous permettre de vous laisser surprendre par l’ensemble des mediums dirigés pour vous faire réagir. Chaque œuvre détient un message bien particulier et, plus loin encore, une réflexion particulière devient systématiquement la complice de chaque œuvre. A vous de le découvrir et de vous laisser porter par plein d’émotions différentes aux gouts très variés. La joie, le chagrin, la peur, l’intrigue, …Oui vous vous sentirez bien vivant ! Belgique – Palais des Beaux -Arts – Jusqu’au 20 août Yves Klein – Le théâtre du vide Il faut profiter de l’exposition des œuvres de l’artiste qui sont présentées pour la première fois ! Précurseur du Happening et du Body Art, il faut se rendre sur place pour « respirer » sa technique si personnelle : sa recherche de spiritualité et sa sempiternelle volonté de se rapprocher de l’immatériel. C’est un nouveau trouble, une rencontre avec celui qui aura su bouleverser le monde de l’art et le faire vibrer autrement.
  • 7. Rencontre Expert – Marché de l’art Interview de Catherine CATHIARD, Avocat aux Barreaux de Paris et de Luxembourg, director chez WILDGEN au Grand-Duché de Luxembourg En votre qualité d’Avocate, quelle est votre connexion à l’art et la nature de vos interventions dans le domaine de l’art ? Passionnée d’art et ayant étudié l’histoire de l’Art à l’Ecole du Louvre et à l’Université de la Sorbonne, j’ai depuis plusieurs années intégré l’Art dans mon activité professionnelle. Au sein du cabinet d’avocats WILDGEN à Luxembourg, j’ai été à l’initiative de la création d’un département « ART » : nos experts sont appelés à intervenir dans de nombreux domaines en lien avec l’art : fiscalité, assurances, propriété intellectuelle, contrats, financement d’acquisitions, assistance en matière de déclarations administratives, structuration de la détention du patrimoine, gestion des conflits pré- contentieux et contentieux. Grâce à notre réseau international de correspondants, nous pouvons traiter des dossiers internationaux en lien avec plusieurs juridictions. Je suis également membre de l’Institut Art & Droit en France. Au Luxembourg, je représente WILDGEN en tant que membre de la Luxembourg Art Law & Art and Finance Association (LAFA). Ces associations ont notamment pour but de mettre en relation les professionnels des métiers de l’art et d’organiser des évènements autour de l’art, en relation avec d’autres associations à l’étranger. L’Art a-t-il nécessairement besoin du droit ? Aujourd’hui peut-être plus encore qu’hier. On remarque d’ailleurs que depuis quelques années seulement le droit de l’art est intégré dans le cursus d’enseignement de certaines universités. Le marché de l’art est parsemé de contraintes administratives et juridiques à respecter. Les évolutions techniques de ces dernières années et des années à venir sont fulgurantes. Le marché de l’art comme les artistes s’approprient les nouvelles technologies et deviennent les vecteurs de mutations artistiques : les ventes en ligne d’œuvres d’art se banalisent et de nouveaux modes artistiques sont nés : art vidéo, art numérique, art multimédia, art virtuel, street art, œuvres artistiques créées par une intelligence artificielle. Dans ce contexte, tous les acteurs du marché de l’art doivent se protéger : l’artiste doit s’assurer de la protection de ses droits d’auteur, l’acheteur d’une œuvre d’art doit connaître et comprendre ce qu’il achète, s’assurer de la provenance et de l’authenticité notamment. Ceci n’est pas nouveau mais l’environnement mondial en mutation dans lequel opère aujourd’hui le marché de l’art est source de difficultés, et de fraudes à détecter si l’on ne veut pas en être victime. Se faire accompagner par un avocat ou un spécialiste en droit de l’art est donc fortement conseillé et devient nécessaire. J’organise à ce sujet, avec WILDGEN et LAFA, une conférence en octobre prochain à Luxembourg. Nous prévoyons des tables rondes réunissant artistes, acteurs du marché de l’art et juristes à l’effet d’évoquer les questions soulevées par les nouvelles technologies, les risques dont il faut se protéger et les réponses apportées par le droit. Vaste et passionnant sujet ... D’après vous, la législation est-elle encore adaptée face aux mutations artistiques que nous connaissons ? C’est une question très pertinente. Dans l’art comme dans les autres domaines, le droit a généralement un temps de retard par rapport aux évolutions technologiques. Il existe en effet un certain nombre de modifications législatives nécessaires. En France, début 2017, l’Institut Art & Art a porté devant le Ministère de la culture des propositions en matière fiscale. Ces propositions visent à modifier la rédaction de l’article du Code général des impôts énumérant les catégories d’œuvres d’art pouvant bénéficier du taux réduit de TVA à 5,5% afin de tenir compte des pratiques artistiques contemporaines. Ces propositions ont été accueillies favorablement et le Ministère de l’économie et des finances a été saisi en vue de la modification de l’article en question dans le sens de ces propositions. Au Luxembourg, en partenariat avec l’équipe Art & Finance de DELOITTE, nous avons émis des propositions tendant à adapter le droit luxembourgeois aux mutations artistiques et à rendre la place de Luxembourg plus attractive, comme par exemple la réforme des ventes aux enchères. Elle pourrait permettre à des maisons de vente de procéder à des ventes aux enchères sur le sol luxembourgeois. Il devient urgent de légiférer Newsletter ELEART - Emmanuelle Brame – de La Coussaye ebrame@eleart.eu www.eleart.eu