Synthèse prospective réalisée à partir des résultats des études réalisées par l'Apec en 2021 ainsi que l'étude Pratiques et difficultés de recherche des cadres seniors demandeurs d’emploi, Apec-Pôle emploi, publiée en janvier 2022.
Etude Apec - Attractivité des entreprises et emplois cadres à la Réunion, no...
Etude Apec - 5 enjeux pour l'emploi cadre en 2022, février 2022
1. HORS-SÉRIE
01. Des besoins en compétences cadres toujours
plus importants
02. Des difficultés de recrutement de plus en plus
marquées, qui peuvent freiner le développement
des entreprises
03. Des compétences disponibles sous-employées,
enjeu d’un marché du travail plus inclusif
04. La recherche de sens, surtout chez les jeunes cadres
05. Une nécessaire évolution des pratiques managériales
5 enjeux
pour
l’emploi cadre
en 2022
2. 02.
Des besoins en
compétences cadres
toujours plus importants
04.
Des difficultés de recrutement
de plus en plus marquées,
qui peuvent freiner le
développement des
entreprises
5 enjeux pour l’emploi
cadre en 2021
Des compétences sous-
employées, enjeu d’un
marché du travail plus
inclusif
06.
La recherche de sens, surtout
chez les jeunes cadres
08.
Une nécessaire évolution des
pratiques managériales
10.
3. Apec, 5 enjeux pour l’emploi cadre en 2022 — 1
Vers un record en matière de
recrutement de cadres ?
Chaque année, l’Observatoire de l’Apec s’efforce d’identifier
les grands enjeux de l’année qui s’ouvre pour l’emploi cadre.
Début 2022, de nombreuses incertitudes demeurent
: que ce soit l’issue
de la pandémie liée au Covid-19, les tensions inflationnistes ou encore les
perturbations dans la chaîne d’approvisionnement des entreprises. Ce qui
rend l’exercice toujours complexe mais nécessaire pour éclairer l’ensemble
des acteurs.
Cette publication décrit les 5 enjeux pour l’emploi cadre en 2022, la plupart
des tendances de fond s’inscrivant dans le prolongement des précédentes.
2022 pourrait être marquée avant tout par un record en matière de
recrutement de cadres.
Lapremièretendancedevraiteneffetêtrelaprogressiondesoffresd’emploi,
associée à une mobilité externe accrue des cadres. Mais à la condition que
toutes les entreprises trouvent les profils recherchés et surmontent leurs
difficultés pour attirer et recruter.
Ces difficultés de recrutement seront donc un enjeu majeur en 2022,
notamment pour les métiers cadres au cœur de la transformation des
entreprises, ceux à fort contenu d’expertise comme ceux des fonctions
support.
Si, au global, l’insertion professionnelle des jeunes diplômé.e.s et le retour
à l’emploi des cadres demandeurs d’emploi, vont s’améliorer, certains
seraient toujours en difficulté pour accéder à l’emploi. Ils constituent un
vivier de compétences vers lequel les entreprises devraient davantage se
tourner en cas de difficultés de recrutement. C’est le 3e enjeu.
Autre tendance, celle de la recherche de sens comme moteur de choix
professionnels, une tendance qui s’affirme un peu plus dans l’après-crise,
en particulier chez les jeunes cadres. En effet, les moins de 35 ans aspirent
de plus en plus à occuper un métier qui a du sens et à prendre du plaisir au
travail. Et la crise sanitaire leur a souvent donné, comme à d’autres cadres,
l’envie d’entamer une reconversion professionnelle. En outre, ils sont les plus
nombreux en proportion à pouvoir renoncer au statut de cadre.
Dernière tendance
: l’aspiration à un nouveau paradigme dans les
relations managériales. Il est en lien avec l’évolution des modes de travail
orientés vers davantage de fonctionnement hybride par rapport à la
situation d’avant crise. Un défi à relever en 2022 pour les managers et les
entreprises, notamment en matière de formation et d’accompagnement
aux changements, mais aussi pour attirer et recruter des cadres managers.
Gilles Gateau,
directeur général de l’Apec
4. 2 — Apec, 5 enjeux pour l’emploi cadre en 2022
01. Des besoins en compétences
cadres toujours plus importants
La poursuite de la reprise économique portée par les
services, et dans une moindre mesure par l’industrie,
se traduirait par un nombre très élevé de cadres recrutés
L’année 2022 se dessine sous des aus-
pices différents de ceux d’il y a un an,
avec une reprise de l’économie française
au 3e
trimestre 2021 et une dynamique
retrouvée des recrutements de cadres
dès la mi-année 2021 (#1). Celle-ci devrait
se poursuivre et se traduire par une volu-
métrie d’offres d’emploi cadre supérieure
à celle d’avant crise. Sous l’effet des
transformations à l’œuvre (numérique,
énergétique, etc.), certaines activités
de services : informatiques et télécoms,
conseil et gestion des entreprises, ingé-
nierie - R&D, devraient retrouver un niveau
d’activité et de recrutements équivalent
voire supérieur à celui de 2019, année
record pour les recrutements de cadres.
Toutes les régions devraient profiter de
cette bonne orientation et voir augmenter
de façon significative leur volume d’offres
d’emploi cadre, y compris l’Île-de-France
et l’Occitanie, qui, en 2021, ont été les
deux seules régions à ne pas retrouver
leur situation d’avant crise. Au final, le
volume de recrutements de cadres pour-
rait dépasser le niveau de 2019.
Les cadres aspireraient à davantage de mobilité,
notamment pour les moins de 35 ans
Dans la continuité de la tendance obser-
vée fin 2021, les cadres seraient de plus en
plus nombreux à considérer le change-
ment d’entreprise comme une opportunité
plutôt qu’un risque. Les cadres de moins
de 35 ans resteraient les plus enclins au
changement d’entreprise, avec la pers-
pective d’une meilleure rémunération
mais aussi de meilleures conditions de
travail et des possibilités d’évolution plus
importantes (#2). En outre, le désir de
mobilité pourrait progresser chez les
cadres en milieu de carrière, sous l’effet
de la poursuite de l’amélioration du mar-
ché de l’emploi cadre.
Aussi, avec les différents confinements
successifs mal vécus, davantage de
cadres pourraient chercher à gagner en
qualité de vie en changeant de région,
voire de métier, quittant parfois les
grandes métropoles pour d’autres ter-
ritoires et pouvant être attirés par des
entreprises proposant la possibilité de
télétravail (#3).
L’enjeu déterminant en 2022 pour les jeunes diplômé·e·s et les cadres
concerne la poursuite de la reprise des opportunités d’emploi, pour s’insérer
ou se ré-insérer. Cela suppose, comme le souligne l’Insee dans sa dernière
note de conjoncture, que les restrictions sanitaires ne se durciraient pas
davantage et que les difficultés d’approvisionnement se dissiperaient avec
le temps. Les services demeureraient la locomotive du marché de l’emploi
cadre sous l’effet des transformations à l’œuvre.
#1 Intentions de
recrutement et de
mobilité des cadres,
Apec, baromètre du
3e
trimestre 2021.
#2 Intentions de
recrutement et de
mobilité des cadres,
Apec, baromètre du
4e
trimestre 2021.
#3 Télétravail des
cadres, Apec, janvier
2022.
Études citées
Sa
5. Apec, 5 enjeux pour l’emploi cadre en 2022 — 3
Les offres d’emploi ont dépassé leur niveau d’avant-crise depuis juin 2021
Évolution 2020-2021 du nombre d’offres d’emploi cadre
publiées sur apec.fr par rapport à 2019
Source : offres d’emploi cadre publiées sur apec.fr (hors doublons et hors offres partenaires)
Source : offres d’emploi cadre publiées sur apec.fr (hors doublons et hors offres partenaires)
Ensemble des postes cadres Postes cadres accessibles aux jeunes diplômés
-19 %
-46 %
-5 %
-24 %
-35 %
-41 %
-39 %
-29 %
-32 %
-29 %
-27 %
-40 %
-47 %
-43 %
-45 %
-60 %
-68 %
+21 %
+21 %
-3 %
+3 %
+2 %
+22 %
-62 %
+33 %
+24 %
+21 %
+8 %
+10 %
+8 %
+2 %
-12 %
-17 %
-24 %
-22 %
-20 %
-17 %
-18 %
-19 %
-27 %
-37 %
-30 %
-35 %
-52 %
-39 %
-14 %
sept-20
déc-20
oct-20
janv-21
nov-20
fév-21
m
ars-21
avr-21
m
ai-21
juin-21
juil-21
août-21
sep-21
oct-21
nov-21
déc-21
fév-20
m
ars-20
avr-20
m
ai-20
juin-20
juil-20
août-20
Une reprise hétérogène selon les secteurs d’activité
Évolution entre 2019 et 2021 du nombre d’offres d’emploi cadre publiées sur apec.fr
Secteurs en fort retrait en 2021 par
rapport au niveau d’avant-crise
Secteurs avec une forte
dynamique en 2021 par rapport
au niveau d’avant-crise
anté-action-sociale
+46 %
Santé -
action sociale
-24 %
Automobile,
aéronautique
+27 %
Immobilier
-22 %
Conseil et
gestion des
entreprises
+21 %
Industrie
pharma
-19 %
Équipements
électriques et
électroniques
6. 4 — Apec, 5 enjeux pour l’emploi cadre en 2022
02. Des difficultés de
recrutement de plus en plus
marquées, qui peuvent freiner le
développement des entreprises
Les difficultés de recrutement s’intensifieraient dans
les métiers au cœur des transformations
Depuis le début de la crise, des difficultés
structurelles ont persisté dans certains
métiers cadres pour lesquels les profils
correspondant aux besoins des entre-
prises sont rares et convoités. C’est le cas
de l’informatique, des études - R&D, de la
production industrielle et des chantiers ou
encore de l’expertise comptable.
Aussi, certaines tensions se sont accrues
sous l’effet de l’accélération de la digi-
talisation des entreprises, pour des
métiers à forte expertise technique ou
qui requièrent une double compétence
technique et managériale, voire de nou-
velles compétences autour du big data ou
de l’intelligence artificielle.
De plus, la complexification de nombreux
métiers de l’informatique et de l’ingénierie
- R&D devrait maintenir les tensions à un
niveau élevé en 2022 (#4).
Le manque de profils disponibles sur le
marché et le décalage entre les candida-
tures et les profils recherchés devraient
rester les deux premières difficultés ren-
contrées par les recruteurs.
Mais les candidats et les candidates pour-
raient aussi se montrer plus exigeants
à l’égard des recruteurs, en termes de
rémunération, de conditions de travail et
de quête de sens.
Pour pallier ces difficultés, des stratégies plus
offensives devront être déployées
En matière de recrutement, toutes les
entreprises ne sont pas logées à la même
enseigne, leur implantation géographique
jouant un rôle important sur l’attractivité
des postes à pourvoir En particulier, les
entreprises des territoires ruraux ou éloi-
gnés des grands centres urbains souffrent
d’un déficit d’attractivité subissent la
concurrence des entreprises des métro-
poles et des grandes aires urbaines.
D’autres, de par leur taille ou leur activi-
té, et souvent faute de moyens suffisants
en matière de RH, pâtissent d’un déficit
d’image. Elles ne peuvent rivaliser avec
les plus grandes entreprises, pour recruter
des cadres à forte expertise technique,
mais aussi dans les fonctions supports.
Les entreprises ont conscience de devoir
mobiliser plusieurs leviers d’actions pour
optimiser leur attractivité et maximiser
leurs chances d’attirer les compétences
recherchées (#5).
Diversifier les canaux de sourcing, investir
sur la marque et la promesse employeur
sont autant de solutions comme celle
de professionnaliser leurs pratiques de
recrutement.
Au-delà du poste et des conditions d’em-
ploi proposés, les entreprises peuvent
aussi valoriser le territoire en menant
des actions en coordination avec des
acteurs de l’écosystème local. Ces leviers
contribuent à réduire les difficultés de
recrutement.
Les tensions, qui se sont accentuées en 2021, devraient persister en 2022,
sous l’effet d’embauches de cadres plus nombreuses, en particulier pour
des postes requérant une forte expertise et des compétences dans les nou-
velles technologies liées au digital. Cela obligera les entreprises à continuer
à se montrer très réactives.
#4 Recrutements
dans les métiers
de l’informatique
et de la R&D, Apec,
décembre 2021.
#5 Attractivité
des entreprises
et emplois
cadres, Apec,
décembre 2021
(16 publications
régionales).
Études citées
7. Apec, 5 enjeux pour l’emploi cadre en 2022 — 5
Les difficultés de recrutement se stabilisent à un niveau historiquement haut
Source : Apec, 2022 Base : entreprises anticipant des difficultés de recrutement de cadres au 1er
trimestre 2022
Part des entreprises proposant des formations au management à distance
Le manque de profils
disponibles sur le marché
Les prétentions salariales des
candidats
Le décalage entre candidatures
que vous pourriez recevoir et le
profil que vous recherchez
Le manque d’attractivité ou de
notoriété de votre entreprise
La concurrence d’autres
employeurs sur les mêmes profils
Le manque d’attractivité du territoire sur
lequel est implantée votre entreprise
21 %
Onapasmaltravaillésurlamarqueemployeur
en 2019, Par contre, on a eu un arrêt brutal en
mars 2020. Donc là, on est en train d’essayer de
reprendre petit à petit, mais ça a du mal. »
Bureau d’études et d’ingénierie industrielle,
Normandie
On n’a pas de site internet. ça fait partie des
choses qu’il va falloir absolument développer.
La marque employeur il faut qu’on la mette en
avant. Je ne sais pas si ça changera quelque
chose, mais clairement, c’est un des objectifs
parce qu’on n’est pas assez visible. »
Entreprise de l’industrie électrique et électronique,
Centre-Val-de-Loire
Quand on a le candidat, on essaie de traiter
en dix jours, parce qu’un candidat comptable
trouve trois ou quatre propositions sur la région
en une semaine. On doit absolument quand
on a un CV réagir sous 48 heures. Il y a deux
à trois entretiens, on redescend à deux quand
on n’arrive pas à réorganiser le troisième dans
les dix jours. »
Entreprise d’expertise comptable,
Grand Est
L’attractivité pour montrer qu’on a de belles
infrastructures, de belles entreprises, une belle
qualité de vie et donner envie de venir rejoindre
« la marque Réunion » en terme d’employeur,
n’est pas faite . On a un déficit d’image. On
pense à cocotiers. Ou requin ou autre. C’est
dommage car on peut faire une belle carrière
ou un bon bout de carrière ici. »
Entreprise de services à forte valeur ajoutée,
La Réunion
Aujourd’hui, il ne suffit plus de mettre une
gentille annonce, bien sympathique, pour que
le candidat postule et qu’il ait envie de venir
chez nous. Il faut aller le chercher. Il faut aller là
où il est. Ça peut être sur les réseaux sociaux,
sur d’autres espaces, et pour nous, ça veut dire
être partout. »
Entreprise de l’industrie agroalimentaire,
Auvergne-Rhône-Alpes
On joue un peu le rôle d’un office de tou-
risme parfois, et de centre d’orientation.
On n’est quand même pas dans un dépar-
tement sous-développé, mais ça peut aider,
effectivement, de rassurer les candidats, pour
leur dire qu’il y a quand même tout ce qu’il
faut en Sarthe et qu’ils n’arrivent pas dans un
désert total. »
Entreprise de formation continue,
Pays de la Loire
Les entreprises peuvent mobiliser
plusieurs leviers pour les pallier
Développer sa promesse employeur
et cultiver sa marque employeur
Professionnaliser son recrutement
et faciliter l’intégration
Valoriser son territoire
Part des entreprises anticipant
des difficultés de recrutement
Nature des difficultés anticipées
(en décembre 2021)
87 %
44 %
51 %
32 %
24 %
19 %
85 %
75 %
35 %
45 %
55 %
65 %
58 %
66 %
59 %
76 % 78 % 78 %
sept-20 juin-21
déc-20 sept-21
mars-21 déc-21
Intervalle de
confiance
8. 6 — Apec, 5 enjeux pour l’emploi cadre en 2022
03. Des compétences
sous-employées, enjeu d’un
marché du travail plus inclusif
Les jeunes diplômé·e·s issus de certaines disciplines
de formation et des QPV seraient les plus fragilisés
Sous l’effet de la poursuite de la reprise
du marché de l’emploi cadre, les jeunes
diplômé·e·s seront mieux lotis en 2022 que
leurs aînés ces deux dernières années.
Pour autant, la chute drastique en 2020
des recrutements de jeunes diplômé·e·s
sur des postes cadres (-26 %) pourrait
ne pas être rattrapée, les prévisions 2021
étant elles-mêmes en retrait de 16 % par
rapport à la très bonne année 2019 (#6).
En effet, les recruteurs continueront à pri-
vilégier les profils de cadres ayant entre 1
et 10 ans d’expérience pour 60 % de leurs
embauches. Et, même si certains recru-
tements difficiles peuvent profiter à des
jeunes diplômé·e·s, lorsque le recruteur
ne peut pas trouver le profil idéal, cela
pourrait ne pas suffire.
Dans ce contexte, les jeunes diplômé·e·s
issus de certaines disciplines de for-
mation pourraient demeurer fragilisés
dans leur primo-insertion. Ainsi, en 2021,
seulement 57 % des derniers diplômé.e.s
universitaires promus en lettres, langues
et arts étaient en emploi, 12 mois après
l’obtention de leur diplôme et une minorité
d’entre eux sur un poste cadre (#7). Aussi,
les jeunes diplômé·e·s issus des quartiers
prioritaires de la politique de la ville (QPV)
pourraient rencontrer des difficultés dans
leur primo-insertion, en particulier pour
accéder à un poste cadre. En 2022, les
dispositifs d’accompagnement renforcé
devraient donc se poursuivre pour aider
les jeunes diplômé·e·s à pallier leurs dif-
ficultés.
Les cadres seniors de 55 ans et plus, en emploi ou en
recherche d’emploi, resteraient pénalisés par leur âge
Les profils des cadres seniors en emploi
sont appréciés pour leur expérience et leur
niveau d’expertise, mais aussi pour jouer
un rôle de régulateur des relations sociales
au sein de l’entreprise. Ainsi, un quart des
managers de cadres seniors jugent que
leur principal atout est leur expérience
des cas et situations possibles, devant leur
expertise technique (20 %). Pour autant,
les cadres seniors jugent que leurs com-
pétences et leur expérience ne sont pas
suffisamment reconnues et valorisées par
leur entreprise, surtout chez les 60 ans ou
plus (#8). Si seulement 2 cadres seniors
sur 3 se sentent menacés par le risque de
licenciement, les trois quarts doutent de
leur capacité à rebondir en cas de perte
d’emploi (versus 1 cadre sur 2 au global).
Lorsqu’ils se retrouvent inscrits à Pôle
emploi, suite à une perte d’emploi le plus
souvent à l’initiative de leur précédent
employeur, les cadres seniors recherchent
souvent un nouvel emploi en miroir de
l’emploi perdu, d’un même niveau de res-
ponsabilité (pour 75 % d’entre eux), dans
la même région/le même département
(71 %) ou dans le même métier (70 %) (#9).
Et, parmi les difficultés multiples de retour
à l’emploi, les deux principaux freins sont
leur âge, qui renvoie souvent à des repré-
sentations négatives chez les recruteurs,
et aussi l’inadéquation entre les profils
de cadres recherchés et ceux des cadres
seniors. Pour y faire face, les cadres
seniors doivent actionner certains leviers
voire faire des concessions.
Malgré la poursuite de la reprise du marché de l’emploi cadre, certains
jeunes diplômé·e·s rencontreraient toujours des difficultés dans leur pri-
mo-insertion, tout comme les cadres seniors, en emploi ou en recherche
d’emploi, qui continueraient à être pénalisés par leur âge. Et ceux-ci consti-
tuent alors un vivier de compétences vers lequel les entreprises devraient
se tourner davantage en cas de difficultés.
#6 Prévisions
Apec 2021, Apec,
mai 2021.
#7 Baromètre 2021
de l’insertion des
jeunes diplômé.e.s,
Apec, mai 2021.
#8 Les cadres
seniors, Apec, juin
2021.
#9 Pratiques et
difficultés de
recherche des
cadres seniors
demandeurs
d’emploi, Apec-
Pôle emploi,
janvier 2022.
Études citées
9. Apec, 5 enjeux pour l’emploi cadre en 2022 — 7
Les cadres seniors demandeurs d’emploi prêts à davantage de
concessions quand leur recherche d’emploi se prolonge
Temporalité des concessions des cadres seniors de 55 ans et plus demandeurs d’emploi
au cours de leur recherche d’emploi
Concession dès le début
Le temps de transport
Le temps de travail
Le métier
Le secteur
La responsabilité
Le salaire
Le type de contrat
Concession plus tard Pas de concession
66 %
52 %
25 %
25 %
23 % 28 % 49 %
16 % 44 % 40 %
35 %
28 %
30 % 28 %
27 %
50 %
37 %
23 %
42 %
23 %
9 %
Source : Pôle emploi / Apec, 2022 Base : cadres demandeurs d’emploi de 55 ans et plus
Certains jeunes diplômé·e·s davantage fragilisés par la crise
Évolution du taux d’emploi à 12 mois selon la discipline de formation
Promotion 2017
interrogée en 2019
Promotion 2018
interrogée en 2020
Promotion 2019
interrogée en 2021
Ensemble Lettres, langues
et arts (LLA)
Sciences
humaines et
sociales (SHS)
Droit, économie,
gestion (DEG)
Sciences
technologiques
Sciences
fondamentales
76 %
85 %
69 % 68 %
84 %
76 %
78 %
91 %
84 %
67 %
86 %
66 %
72 %
84 %
70 %
69 %
57 %
83 %
Source : Apec, 2021 Base : Ensemble des jeunes diplômé·e·s de niveau Bac+5 et plus
10. 8 — Apec, 5 enjeux pour l’emploi cadre en 2022
04. La recherche de sens,
surtout chez les jeunes cadres
En quête de sens dans leur métier et de plaisir
au travail, les cadres expriment des envies de
reconversion professionnelle
Pour la très grande majorité des cadres,
occuper un métier qui a du sens et
prendre du plaisir au travail sont des
aspects importants de la vie profession-
nelle, devant le fait d’avoir une sécurité de
l’emploi et d’entreprendre de nouveaux
projets ou encore de percevoir des
revenus élevés (#10). En outre, la crise
sanitaire a globalement donné l’envie aux
cadres d’entamer une reconversion pro-
fessionnelle. Interrogés en décembre 2021,
ils étaient un tiers à se projeter dans cette
perspective, et beaucoup plus en propor-
tion chez les cadres de la construction et
du commerce (respectivement 48 % et
42 % d’entre eux) et aussi chez ceux de
moins de 35 ans (42 %).
Aussi, si pour 81 % des cadres, le statut de
cadre est important voire très important
à leurs yeux, 4 sur 10 seraient prêts à y
renoncer s’ils devaient perdre leur emploi
ou si leur recherche venait à durer. Et, la
proportion est plus forte chez ceux de
moins de 35 ans et ceux ayant obtenu ce
statut en cours de carrière (#11).
À noter que 2 cadres de moins de 35 ans
sur 3 pourraient envisager de candidater
un jour à un poste de contractuel dans le
secteur public, versus un cadre sur deux
au global. Selon eux, la sécurité de l’em-
ploi est le premier atout de ces postes
(#12).
Et de nombreux cadres pourraient chercher
à redéfinir les contours du salariat
Si le salariat et le CDI restent les formes
dominantes d’emploi des cadres dans le
secteur privé en France (#13), les nou-
velles formes d’emploi alternatives au
salariat (micro-entreprenariat, portage
salarial, coopératives d’activité et d’em-
ploi, groupements d’employeurs, etc.) , se
sont peu à peu développées sous l’effet de
la tertiarisation de l’économie et aussi du
comportement des actifs. Et, aujourd’hui,
ce sont 4 cadres sur 10 qui sont ouverts à
des formes d’emploi alternatives au sala-
riat, et davantage chez les moins de 35
ans (47 % d’entre eux) et ceux cherchant
à changer d’entreprise (46 %).
Ces formes d’emploi ne sont pas encore
bien connues des cadres mais 1 cadre sur 2
est demandeur d’informations. Dans ce
contexte, une minorité de cadres pour-
raient être amenée à quitter le salariat
en 2022 (#14).
Et, ce sont avant tout le développement
d’une idée ou d’un projet, le changement
de domaine d’activité ou la possibilité
d’exercer le même métier dans d’autres
conditions qui motivent les cadres ouverts
à d’autres formes d’emploi pour envisager
de quitter le salariat. C’est notamment vrai
là où le salariat génère des frustrations,
comme le fait de devoir composer avec
une hiérarchie (pour 37 % des cadres), le
manque de reconnaissance (36 %) ou
encore le manque de liberté pour s’orga-
niser ou prendre des décisions (28 %).
La crise sanitaire a exacerbé les envies des cadres, déjà présentes avant
la crise, de se tourner vers des métiers davantage porteurs de sens. Le
contexte économique plus favorable pourrait favoriser la concrétisation
de ces projets, que ce soit des mobilités horizontales en vue d’améliorer
leurs conditions de travail ou des reconversions plus profondes, y compris
en dehors du salariat.
#10 Baromètre
Apec des
intentions de
recrutement
et mobilité des
cadres, janvier
2022.
#11 Omnibus
cadres Apec,
janvier 2021.
#12 Omnibus
cadres Apec, juin
2021.
#13 Portrait
statistiques des
cadres du secteur
privé, juillet 2021.
#14 Omnibus
cadres Apec,
novembre 2021.
Études citées
11. Apec, 5 enjeux pour l’emploi cadre en 2022 — 9
47 % des jeunes cadres et 46 % des cadres cherchant à changer
d’entreprise sont ouverts à des formes alternatives d’emploi au salariat
Part des cadres ouverts à d’autres formes d’emploi que le salariat
« Pourraient renoncer au salariat sous certaines conditions » + « Préfèreraient être à leur compte »
Source : Apec, novembre 2021
46% des cadres qui envisagent de changer d’entreprise dans les 12 mois se déclarent potentiellement ouverts à d’autres formes
d’emploi que le salariat, contre 30% des cadres qui n’envisagent pas de changement d’entreprise.
Base : ensemble des cadres
Des envies de reconversion exprimées par 4 jeunes cadres sur 10
Part des cadres qui indiquent que la crise sanitaire leur a globalement donné envie
d’entamer une reconversion professionnelle
Source : Apec, 2021 Base : ensemble des cadres
sept-20 juin-21
déc-20 sept-21
mars-21 déc-21
55 ans et plus
35-54 ans
Moins de 35 ans
42 %
36 %
19 %
40 %
Hommes
37 %
Femmes
47 %
Moins de
35 ans
38 %
35 à 54 ans
31 %
55 ans
et plus
46 %
Projet de
mobilité externe
à 12 mois
30 %
Ensemble
39 %
Pas de projet de
mobilité externe
à 12 mois
12. 10 — Apec, 5 enjeux pour l’emploi cadre en 2022
05. Une nécessaire évolution
des pratiques managériales
L’évolution des pratiques managériales devrait
se poursuivre et s’ancrer dans la durée
L’idée que la crise sanitaire et la généra-
lisation du travail hybride supposent une
évolution des pratiques managériales
reste aujourd’hui largement partagée
par les cadres (91 %) et par les managers
eux-mêmes (89 %), et ce, quel que soit leur
âge, leur secteur d’activité ou la taille de
leur entreprise.
Dans les faits, la crise a été l’occasion
pour les entreprises d’éprouver leurs pra-
tiques managériales et d’en expérimenter
de nouvelles.
Ainsi, 1 cadre sur 2 estime que les pra-
tiques managériales ont évolué au sein de
leur entreprise depuis le début de la crise,
en particulier dans les grandes entre-
prises, et pour un peu plus d’un tiers des
cadres, de façon durable (#15).
Aussi, depuis le début de la crise, près
de 4 cadres sur 10 ont perçu un change-
ment de posture managériale, qui s’est
traduit par un gain d’autonomie dans
leurs missions, en particulier parmi les
plus jeunes. Les managers évoquent des
points d’équipe plus réguliers, pour 41 %
d’entre eux, tandis qu’un peu plus d’un
tiers des cadres (38 %) estiment échanger
davantage avec leur N+1 (#16).
La formation des cadres managers demeure
prioritaire pour accompagner ces changements
Conscientes des enjeux soulevés par le
télétravail en termes de management et
du besoin d’accompagner les managers,
rares sont les entreprises à être passées
à l’action.
Ainsi, moins de 4 cadres managers sur
10 concernés par la problématique du
télétravail disent avoir bénéficié d’une
formation au management. Et, la part
des entreprises proposant des forma-
tions au management à distance varie
fortement selon la taille de l’entreprise :
seulement 21 % des entreprises ayant au
moins 250 salarié.e.s contre 9 % des TPE et
13 % des PME (#16). Pour elles, la cohésion
d’équipe, le management par la confiance
et la coordination de l’activité sont les
trois premiers axes de développement.
Au-delà de l’évolution des pratiques
managériales sous l’effet des nouveaux
modes de travail, à peine plus d’un tiers
des entreprises considèrent que le télé-
travail soulève de nouveaux défis en
matière de relations sociales, de pilotage
du temps de travail, de recrutement ou
encore de développement des compé-
tences. Et, seules les grandes entreprises
y voient pour le moment un changement
de paradigme. Cet enjeu pourrait être clé
pour les entreprises qui chercheraient
à attirer, recruter et fidéliser des cadres
managers.
Bousculées par la transformation digitale et les nouvelles aspirations des
salarié.e.s, les entreprises n’ont pas attendu la crise sanitaire pour impulser
de nouveaux modes de management, tout en favorisant le bien-être au
travail, l’intelligence collective et la responsabilisation. Et, la crise liée au
Covid-19 a accéléré le déploiement de nouveaux modes de travail hybride
auxquels les cadres n’étaient pas préparés. Cette évolution se poursuivra
en 2022 et la transformation des pratiques managériales devrait concerner
davantage d’entreprises.
#15 Baromètre
des intentions de
recrutement et
de mobilité, Apec,
octobre 2021.
#16 Télétravail
des cadres, Apec,
janvier 2022.
Études citées
13. Apec, 5 enjeux pour l’emploi cadre en 2022 — 11
Les entreprises identifient des besoins en termes de management
à distance mais ne proposent que peu de formations
Dimensions du management à distance sur lesquelles les entreprises identifient
un besoin de formation de leurs managers
Source : Apec, 2022 Base : entreprises autorisant le télétravail
Part des entreprises proposant des formations au management à distance
Management par la confiance
Prévention des RPS
Coordination de l’activité
Cadrage du télétravail
Cohésion d’équipe
Pilotage et reporting
Utilisation de la visioconférence
Pas de besoin particulier
40 %
40 %
40 %
33 %
30 %
30 %
26 %
36 %
des entreprises citent
au moins un élément
64 %
TPE
- de 10 salarié.e.s
PME
10 à 249 salarié.e.s
ETI-GE
250 salarié.e.s et +
21 %
13 %
9 %
Les cadres ont constaté une évolution des pratiques managériales
que beaucoup voient perdurer au-delà de la crise
Part des cadres ayant constaté une évolution des pratiques managériales au sein de
leur entreprise depuis le début de la crise
Source : Apec, 2022 Base : entreprises autorisant le télétravail
pensent qu’elles auront été
durablement transformées
pensent qu’elles reviendront à ce
qu’elles étaient avant la crise
de l’ensemble des
cadres en poste
52 %
37 %
15 %
14. 12 — Apec, 5 enjeux pour l’emploi cadre en 2022
Études de l’Apec
citées dans ce document
# Intentions de recrutement et de mobilité des cadres, Apec, baromètre du 1er
trimestre 2022.
# Pratiques et difficultés de recherche des cadres seniors demandeurs d’emploi, Apec-Pôle emploi,
janvier 2022.
# Télétravail des cadres, Apec, janvier 2022.
# Recrutements dans les métiers de l’informatique et de la R&D, Apec, décembre 2021.
# Attractivité des entreprises et emplois cadres, Apec, décembre 2021 (16 publications régionales).
# Intentions de recrutement et de mobilité des cadres, Apec, baromètre du 4e
trimestre 2021.
# Intentions de recrutement et de mobilité des cadres, Apec, baromètre du 3e
trimestre 2021.
# Portrait statistiques des cadres du secteur privé, juillet 2021.
# Les cadres seniors, Apec, juin 2021.
# Baromètre 2021 de l’insertion des jeunes diplômé.e.s, Apec, mai 2021.
# Prévisions Apec 2021, Apec, mai 2021.
Toutes les études de l’Apec sont disponibles
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