SlideShare une entreprise Scribd logo
1  sur  15
Télécharger pour lire hors ligne
1
Innovation sociale et entrepreneuriat social :
Une analyse comparative entre le Maroc et le Canada
Chaymae OUACHANI 1
; Taoufik BENKARAACHE ²
1
Doctorante, jardins Gueliz Mabrouka, Marrakech, Maroc
²Professeur-Chercheur à l’Université Hassan II de Casablanca, Maroc
Laboratoire de recherche en Régulation Economiques et Intelligence Stratégique (REIS),
FSJES Mohammedia – Université Hassan II de Casablanca.
chaymaeouachani@gmail.com , benkaraache@gmail.com
Résumé :
L’innovation sociale n’est pas un phénomène nouveau, on voit son intérêt s’accentuer dans le contexte
actuel. Elle s’impose partout dans le monde comme une des solutions nouvelles aux défis que nous vivons
aujourd’hui. Dans ce sens, nous avons cherché à travers cette communication d’abord à mieux expliciter le
concept de l’innovation sociale par une revue de littérature, puis, à travers une étude de cas, s’inspirer d’un
modèle réussi en matière d’innovation sociale et d’entrepreneuriat social (le modèle Québécois) pour
comprendre et tirer des enseignements et les meilleurs pratiques. Nous analysons ensuite le cas marocain
à la lumière de l’étude du cas québécois, pour comprendre l’évolution de l’innovation sociale et son
interdépendance avec l’entrepreneuriat social.
Mots-clés : innovation sociale, entrepreneuriat social.
Abstract:
Social innovation is not a new phenomenon, but its interest is growing in the current context. It is becoming
increasingly important throughout the world as one of the new solutions to the challenges we are facing
today. In this sense, we have sought through this paper first to better explain the concept of social innovation
through a literature review, then, through a case study, to draw inspiration from a successful model of social
innovation and social entrepreneurship (the Quebec model) to understand and draw lessons and best
practices. We then analyse the Moroccan case in the light of the Quebec case study, to understand the
evolution of social innovation and its interdependence with social entrepreneurship
Keywords : social innovations, social entrepreneurship
2
Introduction
Une société harmonieuse et résiliente ne repose pas uniquement sur le couple Etat-marché, elle se démarque
par la diversité des initiatives qui produisent de la ‘richesse’ notamment par les entreprises d’économies
sociale. Dans le contexte marocain, on se trouve face à de nombreux défis auxquels l’Etat et le marché se
trouvent contraints à y répondre seuls. La société marocaine rencontre d’énormes problèmes sur tous les
volets et notamment depuis la crise sanitaire du Covid19 qui a accentué les inégalités économiques et
sociales, des enjeux énergétiques et environnementaux, un recul de l’intervention de l’Etat dans des secteurs
clés notamment celui de la santé et de l’éducation. D’après ce qui précède, plusieurs raisons nous pousse à
s’intéresser à l’économie plurielle au sens de Mintzberg, En effet, l’innovation sociale n’est pas un
phénomène récent, on voit son intérêt s’accentuer dans le contexte actuel. Elle s’impose partout dans le
monde comme une des solutions nouvelles aux défis que nous vivons aujourd’hui. D’ailleurs le Québec a
pu développer son économie sociale, et son modèle mérite d’être étudié, pour cela il nous parait intéressant
de mettre la lumière sur l’expérience Québécoise afin d’en tirer les meilleurs pratiques. Dans ce sens, nous
cherchons à travers cette communication à répondre aux questions suivantes :
1- Que signifie réellement l’innovation sociale et l’entrepreneuriat social ?
2- Comment peut-on devenir entrepreneur social ?
3- Quelle est la relation entre l'innovation sociale et l'entrepreneuriat social ?
4- Quel est l’état des lieux du Maroc en termes d’entrepreneuriat social ?
5- Quels sont les points forts du modèle Québécois en termes d’entrepreneuriat social et d’innovation sociale ?
Enfin, nous proposons une analyse SWOT pour le contexte marocain et conclure par des recommandations
et enseignements pour développer un écosystème d’entrepreneuriat social.
I- Innovation sociale et entrepreneuriat sociale : une revue de littérature
Le concept d’innovation est communément utilisé dans le domaine de la science et de la technologie. L’on
doit la mise en place de ses fondements à SCHUMPETER, le père fondateur de l’innovation. Les
dimensions de l’innovation ont été analysées premièrement sous les aspects économiques et technologiques
puis sociaux et politiques. Quant à l’entrepreneuriat social qui essaie de créer de la valeur sociale par
opposition à la création de richesse dans le sens capitalistique. De ce fait, nous allons essayer dans ce qui
suit de bien expliciter les concepts de l’innovation sociale et de l’entrepreneuriat social tout en établissant
la relation qui les unit.
1- Innovation Sociale
1-1 Origine et définition
L’Innovation Sociale (IS) a été reconnu à partir des années 1970, nous pouvons la définir, en se référant
aux travaux du CRISES (Centre de Recherche sur les Innovations Sociales de l’université de Québec à
Montréal) comme tous les nouveaux biens, services, idées, processus…dont l’objectif est de répondre à des
besoins sociaux, non satisfaits par le marché et/ ou l’Etat, au profit des populations défavorisées. Dans la
même dynamique, en 2013, l’IS est définie par la Commission Européenne comme "le développement et
la mise en œuvre de nouvelles idées (produits, services et modèles) pour répondre à des besoins sociaux
[nouveaux ou mal satisfaits] et créer de nouvelles relations ou collaborations sociales", ajoutant que ces
innovations "sont sociales à la fois dans leurs finalités et dans leurs moyens". Ainsi, l’IS s’articule comme
un sous-ensemble de l'innovation, et distinct de l'innovation commerciale ou technologique. Selon l’article
15 de la loi sur l’économie sociale et solidaire du 31 juillet 2014, l’IS se définit comme un projet consistant
à offrir des produits et services répondant soit à des besoins sociaux non ou mal satisfaits, soit à des besoins
3
sociaux déjà dressés par le marché en introduisant une innovation (forme d’entreprise innovante, un
processus innovant de production, ou encore par un mode innovant d’organisation du travail).Ainsi l’un
des enjeux clés de l’innovation sociale est son modèle économique qui peut recouvrir des réalités très
diverses, le projet peut être purement non marchand, 100% marchand, ou repose sur un modèle marchand.
L’entrepreneuriat social intervient dans les deux dernières formes.
1-2 Ecosystème de l’innovation sociale
Pour créer des innovations sociales, plusieurs acteurs peuvent être impliqués. On peut citer les associations,
coopératives, mutuelles, fondations, entreprise sociale, syndicats, acteurs territoriaux, les pouvoirs publics,
les collectivités territoriales, … Aux côtés de ces acteurs opèrent plusieurs autres intervenants plus
particulièrement : les parties-prenantes de mouvements citoyens (bénévoles), les parties prenantes
d’accompagnement (incubateurs et financeurs), les parties-prenantes universitaires. La réussite de
l’innovation sociale dépend de multiples facteurs notamment lorsqu’il y a une meilleure interaction au sein
de son écosystème. En effet, pour faire émerger de l’innovation social, il est important de se reposer sur un
écosystème efficace, un écosystème qui se repose sur les points suivants :
-Les pouvoirs et politiques publiques ont la capacité de créer un environnement propice à l’IS, de ce fait
les pouvoirs publics peuvent mettre en place plusieurs actions notamment le soutien financier, un cadre
légal, des structures de soutien et d’accompagnement, l’évolution de la recherche …
-Le soutien financier (bénévoles, et autres organismes, …) des projets sociaux et ce dans les différentes
phases du projet.
-En plus du soutien financier, il est crucial de disposer de structures d’accompagnement sous forme
d’incubateur, de hubs, ou d’accélérateurs. Il a pour objectif d’accompagner les porteurs de projets depuis
l’étude de la faisabilité du projet à la création de la structure juridique. L’accompagnement se fait sur une
longue durée et porte sur la structuration et la modélisation du projet et ce un bon développement des
projets.
-La participation de l’ensemble de la société à l’innovation sociale influence fortement son succès. Pour se
faire, il est indispensable de favoriser la visibilité des initiatives en matière d’innovation sociale (via les
médias, les réseaux sociaux, …) afin d’arriver à une prise de conscience et une reconnaissance publique de
tels dispositifs. Cela donne naissance à des vocations de l’innovation sociale et par conséquent à un
écosystème dynamique.
-L’évaluation et le suivi des projets en innovation sociale par l’adoption d’un processus de suivi et
l’élaboration des indicateurs adéquats. Cela à un intérêt aussi bien au porteur de projets et au parties
prenantes de l’écosystème.
2- Entrepreneuriat social
L’entrepreneuriat social repose sur la combinaison de plusieurs facteurs entre autres, la passion pour une
mission sociale, la discipline d'une entreprise, l'innovation et la détermination.Les grandes institutions du
secteur social sont souvent considérées comme inefficaces, inefficientes et peu réactives. Les entrepreneurs
sociaux demeurent indispensables pour un nouveau modèle de développement. Le langage de
l'entrepreneuriat social est peut-être nouveau, mais le phénomène ne l'est pas. Nous avons toujours eu des
entrepreneurs sociaux, même si nous ne les appelions pas ainsi. Cependant, ce concept tire son importance
dans la mesure où il implique plusieurs secteurs. En plus des entreprises innovantes à but non lucratif,
l'entrepreneuriat social peut inclure des entreprises sociales, comme les banques de développement
communautaire à but lucratif, et des organisations hybrides combinant des éléments à but lucratif et non
4
lucratif. Le nouveau langage permet d'élargir le champ d'action social. Les entrepreneurs sociaux
recherchent les méthodes les plus efficaces pour servir leurs missions sociales. Bien que le concept
d'entrepreneuriat social gagne en popularité, il n'a pas la même signification pour tout le monde. Cela peut
prêter à confusion. Certains associent l'entrepreneuriat social exclusivement à organisations à but non
lucratif qui lancent des projets à but lucratif. D'autres l'utilisent pour décrire toute personne qui crée une
organisation à but non lucratif. D'autres encore l'utilisent pour désigner les propriétaires d'entreprises qui
intègrent la responsabilité sociale dans leurs activités. Que signifie réellement l'entrepreneuriat social ? Que
faut-il pour être un entrepreneur social ? Dans ce qui suit, nous allons essayer de répondre à ces questions
tout en commençant par examiner les racines du terme entrepreneur.
2-1 Origine et fondements théoriques
Dans le langage courant, être un entrepreneur est associé à la création d'une entreprise, mais c'est un terme
qui a une histoire riche et une signification beaucoup plus importante. Le terme "entrepreneur" trouve son
origine dans l'économie française dès le 17ème
et 18ème
siècle. En français, il signifie quelqu'un qui
entreprend un projet ou une activité importante. Plus précisément, il a fini par être utilisé pour identifier les
personnes audacieuses qui stimulaient le progrès économique en trouvant de nouvelles et meilleures façons
de faire les choses. Cette signification trouve son origine dans les écrits de Jean Baptiste Say dans les années
1800, qui l'a formulé ainsi : "L'entrepreneur déplace les ressources économiques d'une zone de faible
productivité vers une zone de plus grande productivité et de plus grand rendement. Les entrepreneurs créent
de la valeur". Au 20e siècle, l'économiste le plus étroitement associé à ce terme était Joseph Schumpeter. Il
a décrit les entrepreneurs comme les innovateurs qui conduisent le processus créatif-destructif du
capitalisme. Selon lui, la fonction des entrepreneurs est de réformer ou de révolutionner le modèle de
production. Ils peuvent le faire de plusieurs manières : fabrication de produits nouveaux, l'adoption de
procédés et de techniques inédits, l'utilisation de nouvelles matières premières ou l'ouverture de nouveaux
débouchés etc. Quant à Peter Drucker, débute son analyse par la définition de Say mais l'amplifie par la
notion d'opportunité. Selon Drucker l'entrepreneur recherche toujours le changement, y réagit et l'exploite
comme une opportunité. Les entrepreneurs ont un état d'esprit qui voit les possibilités plutôt que les
problèmes créés par le changement. Pour Drucker, la création d'une entreprise n'est ni nécessaire ni
suffisante pour l’entrepreneuriat. Il n'y a rien de particulièrement innovant ni de porteur de changement
dans ce cas. Nous pouvons constater ainsi que la définition de l’entrepreneuriat ne se limite pas à la simple
création d'entreprises. D’après Karim Messeghem, Howard Stevenson, l'un des principaux théoriciens de
l'entreprenariat à la Harvard Business School ont ajouté un élément important à la définition axée sur
l'opportunité, sur la base de recherches qu'ils ont mené pour déterminer ce qui distingue la gestion
entrepreneuriale des formes les plus courantes de gestion administrative. Il suggère de définir le cœur de la
gestion entrepreneuriale comme la poursuite d'une opportunité sans tenir compte des ressources
actuellement contrôlées. Il a constaté que les entrepreneurs non seulement voient et poursuivent des
opportunités qui échappent aux gestionnaires administratifs ; les entrepreneurs ne permettent pas à leurs
propres ressources initiales de limiter leurs choix. Ils mobilisent les ressources des autres pour atteindre
leurs objectifs entrepreneuriaux. Les administrateurs laissent leurs ressources existantes et leur description
de poste restreindre leurs visions et leurs actions.
2-2 Définitions et critères
L'entreprise sociale et l'entrepreneuriat social offrent un point de vue différent aux notions classiques
d'entreprise et d'entrepreneuriat. Le secteur privé est dominé par des entreprises à but lucratif, dont l'objectif
principal est de faire du profit et maximiser la valeur des propriétaires. Une grande partie des partisans de
la responsabilité sociale des entreprises (RSE) ne remet pas en cause la motivation première des entreprises
à but lucratif, mais soutient le fait que les dirigeants de ces dernières ne doivent pas tenir en compte
5
uniquement l'intérêt des propriétaires mais aussi l'intérêt des autres parties prenantes qui peuvent affecter
ou être affecté par l'activité de ces entreprises (Mitchell, Agle,& Wood, 1997). D'autres études vont jusqu'à
suggérer que les politiques et pratiques en matière de RSE améliorent la performance des entreprises à but
lucratif (Bayoud,Kavannagh, & Slaughter, 2012 ; Hillenbrand, Money et Ghobadian, 2013 ;Michelon,
Boesso et Kumar, 2013 ; Orlitzky, Schmidt et Rynes, 2003 ; Waddock & Graves, 1997; Weshah, Dahiyat,
Awwad et Hajjat, 2012). En d'autres termes, la RSE constitue un facteur de rentabilité.
Dees (1998) dans son article « The Meaning of Social Entrepreneurship » explique que toute définition de
l'entrepreneuriat social doit tenir compte de la discipline de marché qui fonctionne pour les entrepreneurs
commerciaux. La définition suivante combine l'accent mis sur la discipline et la responsabilité avec les
notions de création de valeur tirées de Say, d'innovation et les agents de changement de Schumpeter,
d'opportunité de Drucker et d'ingéniosité de Stevenson. Dees donne les éléments de définitions des
entrepreneurs sociaux, ils jouent le rôle d'agents de changement dans le secteur social, en :
-Adoptant une mission visant à créer et à maintenir une valeur sociale (et pas seulement une valeur privée),
-Reconnaissant et recherchant sans cesse de nouvelles opportunités pour servir cette mission,
-S’engageant dans un processus d'innovation, d'adaptation et d'apprentissage continus,
-Agir avec audace sans être limité par les ressources dont il dispose,
-Faire preuve d'une responsabilité accrue envers les bénéficiaires.
Il s'agit clairement d'une définition idéalisée. Les leaders du secteur social incarneront ces caractéristiques
de différentes manières et à différents degrés. Plus une personne s'approche de la satisfaction de toutes ces
conditions, plus elle correspond au modèle de l'entrepreneur social.
Dans ce qui suit, nous allons essayer de relever le lien qui existe entre innovation sociale et entrepreneuriat
social.
3- Liens entre Innovation sociale et entrepreneuriat social
D’après notre lecture de la littérature, on a essayé de recenser les principaux travaux qui ont fait le lien
entre l’innovation sociale et l’entrepreneuriat social, qui se présente ci-dessous :
AUTEURS SOURCES RELATION
Schumpeter, J. A The Theory of Economic
Development. (1934)
L’innovation est l’essence de
l’entreprenariat, ainsi
l'innovation sociale est donc
associée à "l'entrepreneuriat
social"
Peter Drucker Innovation
and Entrepreneurship » (1985)
L’innovation est l’outil
privilégié des entrepreneurs,
elle permet aux entrepreneurs
d’exploiter le changement
pour créer des business ou des
services différents
Henri Amblard Les Nouvelles approches
sociologiques des organisations
(2005)
L’innovation Sociale est l’un
des éléments autour desquels
s’articule la logique
entrepreneuriale
J. Defourny, M. Nyssens Conceptions of social enterprise
and social entrepreneurship in
Europe and the United States :
convergences and divergences
(2010)
Peu de lien ont été établi entre
l’innovation sociale et
l’entreprenariat social
6
de Bruin A. M., Bounded opportunity: A
knowledge-based approach to
opportunity recognition and
development. Entrepreneurship
Research Journal, (2011)
les entrepreneurs sociaux
exploitent l'innovation à un
niveau systémique pour
provoquer un changement
dans l'équilibre social
Paolo Popoli Social Enterprise and Social
Innovation: A Look Beyond
Corporate Social Responsibility
(2015)
L’innovation est une
caractéristique intrinsèque des
entreprises sociales
Phillips et all Social innovation and social
entrepreneurship: a systematic
review (2015)
L’innovation est cruciale pour
la capacité des entrepreneurs
sociaux à créer de la valeur
sociale
João M. S. Carvalho Social Innovation and
Entrepreneurship
The Case of Porto Region (2017)
L’innovation sociale orientée
vers le marché joue un rôle
crucial dans le développement
de l'entrepreneuriat social
Lubberink et al Innovation for society: towards a
typology of developing
innovations by social
entrepreneurs (2018)
Les innovations sociales
apparaissent comme étant
directement liées à la nature
des entreprises sociales, et
constituent un outil pertinent
pour générer de la valeur
sociale
II- L’expérience de l’Innovation sociale au Québec (Canada) : Spécificités et bonnes pratiques
Dans cette partie, nous allons essayer de présenter l’expérience du Québec en matière d’innovation sociale,
nous avons choisi ce modèle pour les raisons suivantes :
-Une expérience réussie : on peut la prendre comme modèle pour en tirer les Best Practices
-Le modèle Québécois suscite un grand intérêt au Canada et ailleurs
-L’innovation social au Québec est un vrai vecteur de développement socioéconomique du pays
-Le Québec fait preuve d’une dynamique très importante en matière d’innovation sociale
-La première définition de l’innovation sociale basée sur l’aspect institutionnel a été élaborée au Québec
-70% de la population francophone de la région sont membres de coopératives.
-Plusieurs auteurs québécois ont étudié l’innovation sociale, deux centres de recherche de la même région
(CRISES et RQIS) lui sont dédiés
- Au Québec, on assiste à une culture participative, les acteurs tels que les gouvernements, les entreprises,
les citoyens, les universités et les organismes collaborent ensemble afin de promouvoir la cocréation de
solutions innovantes aux problèmes sociaux et favorisent la synergie des ressources et des expertises.
7
- Il existe une diversité dans les mécanismes de financement consacré à l’innovation sociale tels que le
Réseau d’investissement social du Québec (RISQ), des subventions gouvernementales et privés. Ce qui
permet le développement de projets innovants à vocation sociale.
-le travail de Benoît Lévesque, professeur à l’Université du Québec à Montréal. Il a présenté un schéma
illustrant les composantes du système d’innovation sociale au Québec qui constituent les points forts de
sa réussite.
- La réussite du modèle Québécois est due à plusieurs particularités liées à sa culture, sa langue, sa
religion et son code civil, Ainsi que les modalités de gouvernance où l’acteur public (l’État) et l’acteur
social (particulièrement l’économie sociale) sont au centre d’un « régime » caractérisé par la pluralité et
par l’hybridation des formes organisationnelles (Lévesque, 2001a; Fontan, Klein et Tremblay, 2005;
Bouchard, Bernier et Lévesque, 2003).
-Le Québec possède l'une des économies les plus saines en Amérique du Nord, notamment parce qu'il a su
préserver l'équilibre entre les secteurs public, privé et communautaire. (H.Mintzberg)
-L’innovation sociale dans l’économie sociale a réussi à gagner du terrain grâce à des années de travail
collectif et intensif de la part des acteurs sociaux et des chercheurs
-L’économie sociale au Québec est le fruit d’une longue histoire, s’appuyant sur un mouvement coopératif
dynamique. Ainsi dans les années 1990, l’économiste Jacques Defourny (1994) affirmait que le Québec
représentait, à son sens, « l’Eldorado de la recherche coopérative ».
Dans ce sens il nous semble important de présenter les avancées de ce modèle afin de pouvoir tirer les
meilleurs pratiques. Par la suite, nous allons présenter le contexte marocain en termes d’entreprenariat et
d’innovation sociale, puis présenter une analyse SWOT de la situation du Maroc. Enfin, tirer les
enseignements de la comparaison des systèmes d’entrepreneuriat social du Québec et du Maroc
1- Le développement de l’économie sociale au Québec
Au cours des dernières décennies, le Québec a pu développer son économie sociale. D’ailleurs plusieurs
innovations sociales ont vu le jour. Que ce soit par le centre de la petite enfance (CPE) ou de carrefours
jeunesse emploi, les entreprises d’économie sociale d’aide à domicile (EESAD), Ressourceries (gestion de
matières résiduelles), …Le Québec constitue toujours une véritable pépinière d’innovation sociale, qui ont
fait l’objet de plusieurs initiatives, parfois par des entreprises privées, des pouvoirs publics, et dans la
majorité des cas par les milieux associatifs. La culture de concertation occupe une place cruciale au Québec,
elle contribue à trouver des réponses communes à des enjeux de société et de ce fait à innover. Dans ce
sens, l’économie sociale est au centre du développement des territoires. Elle a des répercussions sur
l’ensemble de la société, elle a été réellement reconnue au Québec en 1996, lors du Sommet sur l’économie
et l’emploi. L’année 2008 a donné lieu au Plan d’action gouvernemental pour l’entrepreneuriat collectif qui
a aidé au développement de l’économie sociale. Alors qu’en 2013, le gouvernement admettait l’apport
particulier de l’économie sociale au développement socio-économique du Québec, d’où l’adoption de la Loi
sur l’économie sociale. Puis, en 2021 le gouvernement du Québec vient de rendre public le Plan d’action
gouvernemental en économie sociale 2020-2025. Il a comme ambition de répondre aux grands enjeux
auxquelles sont opposer les entreprises d’économie sociale.
L’économie sociale au Québec contient près de onze mille deux cents (11200) entreprises, elles
comprennent soixante- quinze pour cent (75%) d’organisation à but non lucratif (OBNL), vingt-et-un pour
8
cent (21%) des coopératives non financières et environ trois pour cent (3%) des coopératives financières
ou des mutuelles. Ensemble, elles rassemblent treize millions quatre cent mille (13,4 M) d’adhérents. Il est
à noter que les entreprises d’économie sociale se basent sur la participation d’environ quatre-vingt-dix
mille (90000) bénévoles dont cinquante-et-un pour cent (51%) des femmes et vingt pour cent 20% des
jeunes. Le chiffre d’affaires de ces derniers s’élève à quarante-sept milliard huit cent millions (47,8 MM)
de dollars (M. Pierre Fitzgibbon (2022), L’innovation sociale au cœur du développement des territoires). Il
est à noter que 70% de la population Québécoise francophone est membre d’une coopération.
D’après les chiffres présentés, il nous parait important de mettre la lumière sur le modèle d’innovation
sociale au Québec tout en essayant de tirer les points forts menant à sa réussite.
2- Analyse du système de l’innovation sociale au Québec
Pour mieux expliciter le système du Québec en terme d’IS, on s’est basé principalement sur le travail de
Benoît Lévesque, professeur à l’Université du Québec à Montréal. Il a mis en avant un schéma illustrant
les composantes du système d’innovation sociale au Québec. Qu’on va présenter ci-dessous tout en
expliquant ces différentes composantes.
Fig.1 : Système d’innovation sociale en économie sociale au Québec
On va essayer de décortiquer le modèle tout en expliquant chacune de ses composantes, mais dans un
premier temps on va présenter le volet de la gouvernance qui présente le socle du modèle.
9
2.1 La gouvernance :
La gouvernance dans le modèle du Québec en matière d’innovation sociale se caractérise par les points
suivants :
-Un partenariat liant les entreprises et les syndicats dans la mesure ou ces derniers coopèrent avec les
entreprises non uniquement pour leurs modernisations mais essentiellement par des innovations sociales.
En effet, près de 40% des entreprises adhèrent à cette approche (Juan-Luis Klein, Jean-Marc Fontan, Denis
Harrisson, Benoît Lévesque (2009) « L’innovation sociale au Québec : un système d’innovation fondé sur
la concertation ». Page 22). Cette coopération a aussi pour but la création et le maintien d’emploi. A titre
d’exemple, le Fonds de solidarité de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec qui représente
le fonds de capital de risque le plus marquant au Canada, il se distingue par une gouvernance partenariale
tout en ayant la capacité d’exiger aux entreprises, principalement les PME, des orientations avantageuses à
la formation, à l’emploi et à la participation des travailleurs. Il a contribué depuis sa naissance à la
constitution et à la préservation de presque 116 644 emplois, il est aussi partenaire et lié par une convention
d’actionnaires avec des entreprises privées. L’innovation de cette organisation syndicale réside dans le fait
de mettre en place de courtiers ouvriers, nommés représentants locaux (RL), il mène ainsi une analyse
financière avant de se lancer dans un partenariat. Tout en complétant cette analyse par un bilan social.
-Le chantier de l’économie sociale au Québec se compose d’un conseil d’administration, un des facteurs
déterminant dans la bonne gouvernance.
-Loi sur l’économie sociale (2013).
-Plan d’action gouvernemental pour l’entrepreneuriat collectif (2008) et en économie sociale (2015).
- Plan d’action gouvernemental en économie sociale 2020-2025
2.2 La recherche et le transfert de connaissances :
La recherche partenariale et le transfert de savoir sont les principaux facteurs de l’innovation notamment
l’innovation sociale. Cette composante de l’écosystème vise à développer et à renforcer les liens entre le
monde de la recherche et les praticiens. Ce qui a donné lieu à la création du Territoires innovants en
économie sociale et solidaire (TIESS), un organisme qui réunit plusieurs participants à l’économie sociale
et solidaire et permet le transfert de l’innovation sociale. Il participe au développement territorial par le fait
d’outiller ces différents participants à pouvoir remédier aux enjeux de société de manière innovante. Le
Centre de transfert pour la réussite éducative du Québec (CTREQ) est un pont aidant la synergie entre la
recherche et le terrain afin de favoriser l’association entre les connaissances émanant de la recherche et de
l’expérience. Sur le plan international, il y’a le centre international de transfert d’innovations et de
connaissances en économie sociale et solidaire (C.I.T.I.E.S) qui permet l’intégration de bonnes pratiques
en innovation sociale à l’échelle internationale tout en promouvant le partage des connaissances et la
transmission des expériences d’économie sociale et solidaire. C’est un projet en partenariat avec d’autre
centre d’innovation sociale entre autres ceux du Pays Basque, du Séoul, de Catalogne et d’ailleurs.
2.3 La formation & éducation :
La formation et l’éducation constituent les bases indispensables afin de renforcer la capacité à innover. La
réussite éducative dépasse la réussite scolaire dans la mesure qu’elle permet le développement du potentiel
de l’individu dans plusieurs volets de sa vie (intellectuel, social, physique, affectif et professionnel), cette
composante de l’écosystème vise la sensibilisation de la population à l’importance de l’économie sociale,
cela se fait par l’éducation populaire et la formation continue via des programmes pointus en économie
sociale et ce dans les institutions d’enseignement supérieur. Des formations ont été élaboré en collaboration
10
avec des organismes de formation et des réseaux d’acteurs. De ce fait, Le Conseil québécois de la
coopération et de la mutualité (CQCM) a mis en place la Fondation pour l’éducation à la coopération et à
la mutualité. Qui a pour principal objectif de soutenir la mission éducative du CQCM en aidant le grand
public dans leur apprentissage à la coopération et à la mutualité et cela afin de développer des compétences
en la matière.
2.4 L’accompagnement et le financement :
Les entreprises d’économie sociale peuvent se référer à différents organismes en matière
d’accompagnement, ce qui leurs permet de mener au mieux leurs plan d’affaires. Cet accompagnement
dépasse le soutien financier et technique. Les années entre 1997 à 2015 sont marquées par un modèle
d’accompagnement qui se base sur un ensemble de structures territoriales d’accompagnement et de
développement intégrant des acteurs de la société civile et les municipalités avec la contribution financière
du gouvernement du Québec. Il y’a par exemple La Coopérative de développement régional du Québec
(CDRQ) qui a pour but de soutenir la création et le développement de coopératives et cela couvre plusieurs
phases à savoir celle du démarrage, de croissance et également en cas de redressement. Plusieurs
organismes de financement ont vu le jour au Québec afin de développer ce secteur coopératif (banques,
anges financiers, capital de risque). On peut citer le réseau d’investissement social du Québec, Ministère
de l’Économie de l’Innovation et de l’Énergie, Micro-Entreprendre, Investissement Québec, Le Fonds
d’innovation pour la gouvernance et la gestion des entreprises collectives, … Les institutions financières
travaillent en complémentarité au sein d’un réseau bien soudé. Ce qui a entrainé la mise en place d’une
panoplie d’outils plus particulièrement une grille d’analyse permettant une étude plus fiable des projets en
économie sociale en termes d’investissement.
III- Analyse de l’écosystème de l’innovation sociale et entrepreneuriat sociale au Maroc :
L'innovation sociale est un concept qui prend de l’ampleur dans de nombreux pays à travers le monde, et
le Maroc ne fait pas exception. En tant que pays en développement, le Maroc fait aujourd’hui face à de
nombreux défis sociaux, économiques et environnementaux qui exigent des solutions créatives et durables.
L'innovation sociale émerge comme un moyen prometteur de relever ces défis de manière inclusive et
efficace. Dans ce sens, nous allons essayer dans ce qui suit de présenter tout d’abord le contexte marocain,
l’historique d’entrepreneuriat social au Maroc et ensuite analyser les forces et les faiblesses de l’écosystème
de l’entrepreneuriat social au Maroc par une analyse SWOT.
1- Un besoin urgent de développement social
Dans le contexte marocain, on est face à une multitude de défis auxquels l’Etat et le marché se trouvent
contraints à y répondre seuls. La société marocaine rencontre d’énormes problèmes sur tous les volets et
notamment depuis la crise sanitaire du Covid19 qui a accentué les inégalités économiques et sociales, des
enjeux énergétiques et environnementaux, un recul de l’intervention de l’Etat dans des secteurs clés
notamment celui de la santé et de l’éducation, ... Ce qui a donné naissance à de nombreuses manifestations.
La multiplication des manifestations à Jerada contre la fermeture de la mine de charbon qui constituait la
première source de revenu pour la ville, les manifestations à Al Hoceima pour la réalisation des besoins
fondamentaux (hôpitaux, facultés…), des manifestations contre la pénurie d’eau à Zagora, un taux
d’inflation qui s’élève à 7,4% fin 2022 (HCP, Point de conjoncture du quatrième trimestre 2022 et perspectives
pour le premier trimestre 2023) ,un taux de chômage qui s’est élevé à 18,2 % au cours du deuxième trimestre
2022 et ce en milieu urbain (HCP, Activité, Emploi et Chômage, Deuxième trimestre 2022), …Cette situation
menace la cohésion sociale du pays et entraine une déstabilisation de la société. Pour cela, il est primordial
de solliciter d’autres voie de développement répondant aux besoins sociaux. D’où l’intérêt de l’innovation
11
sociale et de l’entrepreneuriat social. De ce fait, nous allons présenter ci-dessous l’état des lieux de
l’entrepreneuriat social au Maroc.
2- Historique d’entrepreneuriat social au Maroc
L’entreprenariat social au Maroc a commencé à voir le jour dans les années 2000, essentiellement avec la
création d’Enactus (anciennement SIFE) en 2003. Association très active en matière de la promotion de
l’entrepreneuriat social. D’ailleurs, on peut avancer comme exemple la participation de l'équipe Enactus
École Mohammadia d’Ingénieurs (EMI) au World Cup Enactus en Novembre 2022, Ce groupe a représenté
le Maroc dans cette grande compétition mondiale d'entrepreneuriat social estudiantin aux côtés de 35 pays,
plusieurs innovations sociales ont été présentées à cet effet notamment "Smart Clean", "Argacare",
"Nuwood", "S-ilk". En effet, la participation des jeunes étudiants à cette ONG a permis la promotion de
l’entreprenariat social. À compter de 2010, de nombreux événements ont marqué l’entreprenariat social au
Maroc, à savoir, la Gobal Social Venture Competition (GSVC) qui est t une compétition internationale
ayant pour mission d’inciter et d’encadrer les jeunes entrepreneurs sociaux en leur offrant l’occasion de
transformer leurs visions en projets réels, la constitution du Moroccan Center of Innovation and Social
Entrepreneurship (MCISE) une organisation à but non lucratif qui a pour principale mission la quête de
réponses entrepreneuriales et innovantes afin de pouvoir répondre aux défis sociaux du Maroc, ou encore
la création en 2012 du Centre Marocain des Études et Recherches sur l’Entreprises Sociale (CMERES)
pour la promotion de l’entreprenariat sociale.
L’année 2013 a donné lieu aux premiers débats portant sur l’entreprenariat social, ils étaient sous forme de
colloques scientifiques internationaux. Alors que l’année 2014, elle a été marquée par l’accomplissement
de la première étude d’innovation sociale à l’échelle nationale en collaboration avec le Moroccan Center
for Innovation and Social Entrepreneurship (MCISE), la Banque Mondiale, et le Social Entreprise UK.
L’année 2015 a connu une grande avancé avec l’avènement des incubateurs d’entreprises sociales
notamment Bidaya l'incubateur Social Green Tech au Maroc qui a pu accompagner plus de 60 startups à
fort impact social ou environnemental, Dare Inc qui vise à son tour à épauler les start-ups ayant un impact
économique, social ou environnemental, et Impact Lab qui s’insère également dans le même sens de
l’innovation sociale.
Le discours royal du 20 Aout 2018 a permis d’attirer plus d’attention à l’intérêt de la création d’entreprises
sociales, en mettant l’importance sur l’entreprise sociale en tant que mécanisme de création d’emploi.
Ensuite, le Maroc a fait en 2019 l’objet de deux projets internationaux sur l’analyse comparée des modèles
d’entreprise sociale : le projet ICSEM3, dont les résultats ont été présentés lors de la septième conférence
internationale d’un réseau regroupant des centres de recherche universitaires renommés sous l’acronyme
EMES4, et le projet MedUp (Project5) qui couvre la région MENA et repose en un mapping des structures
de soutien à l’entrepreneuriat social et un needs assessment de ces dernières et des entrepreneurs sociaux.
Enfin, nous présentons ci-dessous la structure de l’économie sociale et ses sources de financement.
12
Source : étude ‘Répondre aux besoins sociaux au Maroc par l’Entrepreneuriat Social’, CISE 2013
3- Analyse des forces et faiblesses de l’écosystème de l’entrepreneuriat social au Maroc
Afin de dégager les éléments permettant de comprendre de relever les déficits en matière de développement
de l’entrepreneuriat social au Maroc, nous procédons à une analyse SWOT pour identifier les actions
nécessaires à mettre en place pour améliorer les conditions de développement de l’ES.
Voici l’essentiel de nos résultats obtenus à l’aide de l’analyse SWOT :
IV- Enseignements de la comparaison des systèmes d’entrepreneuriat social du Québec et du Maroc
FORCES FAIBLESSES
• La volonté de sa majesté le roi Mohammed VI de
promouvoir l’entrepreneuriat social.
• L’INDH.
• Capital humain : élites bien formées ;
• La religion.
• Absence du cadre législatif
• Absence d’un statut juridique claire qui représente
l’entreprise sociale :
• Manque de promotion du concept d’entrepreneuriat social
et d’innovation sociale. (Sur tous les niveaux : primaires,
collèges, lycées, universités)
• Manque de Formation.
• Centralisation des incubateurs dans l’axe Casablanca-
Rabat.
• Un écosystème fragile : manque de participation de toutes
les parties prenantes.
• Absence de mécanisme de financement.
OPPORTUNITES MENACES
• La Zakat (Instauration d’un fond de Zakat)
• La politique de régionalisation avancée.
• Le registre social unique.
• L’appui des bailleurs de fond étrangers
• La création du Fonds Mohamed VI pour
l’investissement
• Réflexion sur le régime des Habous
• Disparités territoriales remarquables ;
• Risques incessants de troubles socio-économiques ;
• Migration à l’étranger des compétences ;
• Fracture sociale persistante.
• Inflation.
13
Nous avons vu dans la section II que le modèle québécois se base essentiellement sur des facteurs clés de
succès tels que :
- Un écosystème basé sur la bonne gouvernance (loi, plan d’action, organes de gestion …)
- Des liens étroitement renforcés entre le monde de la recherche et les praticiens
- La formation et l’éducation
- L’accompagnement des entreprises d’économie sociale
- Un financement important
- Des méthodes de sélection des projets, à travers la mise en place de grilles d’analyse permettant une étude
plus fiable des projets en économie sociale en termes d’investissement.
- Un réseau fort, le RQIS, qui a pour but une meilleure implication de l’ensemble des membres de
l’écosystème dans les sphères de la recherche et de l’innovation.
- Nous résumons ci-dessous les principaux résultats des comparaisons entre les systèmes d’entrepreneuriat
social des deux régions :
La comparaison du système québécois et du système marocain fait ressortir plusieurs déficits dans
l’écosystème marocain de l’Entrepreneuriat social :
Constat Québec Maroc
Implication de la population Forte Faible
Présence de la femme Forte Faible
Cadre législatif Présent Absent
Présence des jeunes Forte Faible
Chiffre d’affaires réalisé par
le secteur social
Fort Faible
Expérience en termes de
traitement du sujet en IS
Ancien Récent
Interaction des parties
prenantes
Forte Faible
Nous terminons par résumer, à partir des « leçons à tirer » de l’expérience québécoise et des déficits
constatés de l’expérience marocaine, les principales recommandations pour promouvoir l’écosystème de
l’entrepreneuriat social au Maroc :
- Développer un écosystème efficace et actif autour des principaux intervenants
- Une accélération de la mise en place d’un statut juridique destinés aux acteurs du développement sociale,
à l’instar de l’expérience du Québec.
- Un régime fiscal incitatif pour les entreprises sociales marocaines.
- Une mise en place d’une grille d’évaluation des projets socialement innovateurs
- La création d’un fonds d’investissement dédiés à l’entreprenariat sociale
- La mise en place de plan de formation et de sensibilisation sur l’économie sociale et l’entrepreneuriat social
au sein des écoles et universités marocaines.
- Revue innovante du régime des Habous et de la zakat afin qu’il reprenne son rôle dans l’entreprenariat
sociale.
- Un audit des programmes de financement des projets d’innovation sociale et des études d’impact sur les
projets qui ont été réalisé
14
Conclusion
Devant les défis sociaux auxquels nous vivons aujourd’hui, la société a besoin de différents types et styles
de leadership. Les entrepreneurs sociaux sont un type particulier de leaders, ils nous aident à trouver de
nouvelles opportunités d'amélioration sociale, à l'aube de cette décennie marquée notamment par la crise
Covid 19 et la guerre Ukraine-Russe. L’innovation social et l’entrepreneuriat social apportent une réponse
à ces défis. L’analyse de la littérature montre un intérêt académique significatif à partir de 2017, ainsi 80%
des études ont été effectué sur cette période. Il ressort une divergence énorme sur les définitions des deux
concepts, certes, ils partagent des points en commun, notamment dans le processus d'identification des
opportunités de résolution de problèmes pour les besoins sociaux non satisfaits et sur la création de valeur.
Notre communication a fait le point sur les travaux qui ont été réalisé et qui ont cherché à faire le point sur
la relation entre l’innovation sociale et l’entreprenariat social. Cette relation reste mitigée et non prouvée,
du fait de l’instabilité des définitions.
Pour conclure, différentes tentatives ont été et sont faites pour rendre justice à l'hétérogénéité du lien entre
l'innovation sociale et l'entrepreneuriat social, le "social" apparaissant comme un sous-concept connexe qui
peut être considéré comme le cœur et le défi des deux courants, l'innovation sociale repose sur les activités
des entrepreneurs sociaux et ces derniers utilisent l'innovation pour répondre aux besoins sociaux.
Notre analyse a été limité seulement sur le modèle québécois, ce qui nous a permis de sortir les éléments
clés de son succès, qui passe principalement par la mise en place d’un écosystème basé sur la bonne
gouvernance, la recherche partenariale et le transfert de savoir, la formation, l’éducation,
l’accompagnement des entreprises, le financement de l’économie sociale, etc.
Une revue de l’existant au niveau du Maroc, nous a permis de mettre le point sur une dynamique qui a
démarré dans le début des années 2000 et qui s’est accentué dernièrement, notamment après les discours
de sa majesté le roi Mohamed 6, qui est la locomotive de cette dynamique.
Enfin, nous avons proposé une analyse SWOT qui nous a permis d’identifier un certain nombre de
recommandations afin de contribuer à l’émergence d’un entrepreneuriat social apte à générer un
développement socio-économique durable.
Bibliographie :
Livres :
Peter DRUCKER, 1985, Innovation and Entrepreneurship »
Schumpeter, J. A. 1934. (Reprinted in 1980.) The Theory of Economic Development. London: Oxford University
Press
Articles:
RICARDO GRILO A, ANTONIO CARRIZO MOREIRA, (2022), The social as the heart of social innovation
and social entrepreneurship: An emerging area or an old crossroads?
M. Pierre FITZGIBBON, (2022), L’innovation sociale au cœur du développement des territoires
Salma IDRISSI BOUTAYBI, (2021), entrepreneuriat social au Maroc, Algérie et Tunisie, Challenges et
Perspectives, post Covid
Youssef NAFIL (2020), Innovation sociale dans le monde, Quels bénéfices ?
Marie J. BOUCHARD, (2019), Le système d’innovation sociale en économie sociale au Québec
15
R. LUBBERINK, V. BLOK, J. VAN OPHEM, G. VAN DER VELDE, et O. OMTA, (2018), Innovation for
society: towards a typology of developing innovations by social entrepreneurs Journal of Social Entrepreneurship,
pp. 52-78,
JOÃO M. S. CARVALHO, (2017), Social Innovation and Entrepreneurship: The Case of Porto
Region, Entrepreneurship (pp.850-887)
W. PHILLIPS, H. LEE, A. GHOBADIAN, N. O'REGAN, et P. JAMES (2015), Social innovation and social
entrepreneurship: a systematic review Group Organ. Manag., 40 (3) pp. 428-461
Hamza DEBBARH, (2014), Répondre aux besoins sociaux au Maroc par l’Entrepreneuriat Social
LEHNER O. M., KANSIKAS J. (2012). Opportunity recognition in social entrepreneurship: A thematic meta
analysis. Journal of Entrepreneurship, 21, 25-58.
BRUIN A. M., FERRANTE F. M. (2011). Bounded opportunity: A knowledge-based approach to opportunity
recognition and development. Entrepreneurship Research Journal, 1(4), 1-21.
DEES, J. G. 2001. The Meaning of "Social Entrepreneurship". Stanford, CA: Stanford Graduate Business School.
J. DEFOURNY, M. NYSSENS (2010) “Conceptions of social enterprise and social entrepreneurship in Europe and
the United States: convergences and divergences” J. Soc. Entrepreneur., 1 (1) pp. 32-53,
ZAHRA S. A., GEDAJLOVIC E., NEUBAUM D. O., et SHULMAN J. M. (2009). A typology of social
entrepreneurs: Motives, search processes and ethical challenges. Journal of Business Venturing, 24, 519-532
Juan-Luis KLEIN, Jean-Marc FONTAN, Denis HARRISSON et Benoît LEVESQUE (2009) « L’innovation
sociale au Québec : un système d’innovation fondé sur la concertation ».

Contenu connexe

Similaire à https://fr.slideshare.net/JoelOmenguele/suivi-et-valuation-du-projet-dimplmentation-de-la-stratgie-de-la-science-la-technologie-et-de-linnovation-en-afrique-stisa2024-par-les-pays-africains

Pourquoi l'innovation sociale?
Pourquoi l'innovation sociale?Pourquoi l'innovation sociale?
Pourquoi l'innovation sociale?Walid Abaidi
 
2012 03-06-entrepreneuriatsocial-na 268
2012 03-06-entrepreneuriatsocial-na 2682012 03-06-entrepreneuriatsocial-na 268
2012 03-06-entrepreneuriatsocial-na 268eforum
 
Innovation sociale et commons CNAM 2015
Innovation sociale et commons CNAM 2015Innovation sociale et commons CNAM 2015
Innovation sociale et commons CNAM 2015David VALLAT
 
L'innovation sociale, un levier pour le développement des territoires
L'innovation sociale, un levier pour le développement des territoiresL'innovation sociale, un levier pour le développement des territoires
L'innovation sociale, un levier pour le développement des territoiresAvise
 
ASIS - Guideline #2 - Comment mettre en œuvre la coopération pour l’innovatio...
ASIS - Guideline #2 - Comment mettre en œuvre la coopération pour l’innovatio...ASIS - Guideline #2 - Comment mettre en œuvre la coopération pour l’innovatio...
ASIS - Guideline #2 - Comment mettre en œuvre la coopération pour l’innovatio...armelleguillermet
 
ASIS - Training #8 - Formation des formateurs – Comment soutenir l’entreprene...
ASIS - Training #8 - Formation des formateurs – Comment soutenir l’entreprene...ASIS - Training #8 - Formation des formateurs – Comment soutenir l’entreprene...
ASIS - Training #8 - Formation des formateurs – Comment soutenir l’entreprene...armelleguillermet
 
Relancement du programme more social champions in tunisia
Relancement du programme more social champions in tunisiaRelancement du programme more social champions in tunisia
Relancement du programme more social champions in tunisiaInstitut-idec
 
le Guide des 7 Questions Clés Qu'un Entrepreneur Social Doit Se Poser
le Guide des 7 Questions Clés Qu'un Entrepreneur Social Doit Se Poserle Guide des 7 Questions Clés Qu'un Entrepreneur Social Doit Se Poser
le Guide des 7 Questions Clés Qu'un Entrepreneur Social Doit Se Poserbamaemmanuel
 
Innovation sociale
Innovation socialeInnovation sociale
Innovation socialeGenève Lab
 
Attractivité des Territoires - Impacts mesurés
Attractivité des Territoires - Impacts mesurésAttractivité des Territoires - Impacts mesurés
Attractivité des Territoires - Impacts mesurésGAUTIERGORRE
 
Différencier l’entrepreneur social de l’acteur associatif et le travailleur s...
Différencier l’entrepreneur social de l’acteur associatif et le travailleur s...Différencier l’entrepreneur social de l’acteur associatif et le travailleur s...
Différencier l’entrepreneur social de l’acteur associatif et le travailleur s...Ismail Chaaouf
 
Finance Innovation - Livre Blanc Innovation dans l'Assurance - PARTIE 4 : FIL...
Finance Innovation - Livre Blanc Innovation dans l'Assurance - PARTIE 4 : FIL...Finance Innovation - Livre Blanc Innovation dans l'Assurance - PARTIE 4 : FIL...
Finance Innovation - Livre Blanc Innovation dans l'Assurance - PARTIE 4 : FIL...Alban Jarry (Bibliothèque de Documents)
 
Les tic et la société d'aujourd'hui
Les tic et la société d'aujourd'huiLes tic et la société d'aujourd'hui
Les tic et la société d'aujourd'huiGenel MILEROSE
 
Entrepreneuriat social
Entrepreneuriat socialEntrepreneuriat social
Entrepreneuriat socialTayssirLimem
 
Programme Ashoka Changemakers' City
Programme Ashoka Changemakers' CityProgramme Ashoka Changemakers' City
Programme Ashoka Changemakers' CityLisaBernat
 
Programme ashoka changemakers' city
Programme ashoka changemakers' cityProgramme ashoka changemakers' city
Programme ashoka changemakers' cityLisaBernat
 

Similaire à https://fr.slideshare.net/JoelOmenguele/suivi-et-valuation-du-projet-dimplmentation-de-la-stratgie-de-la-science-la-technologie-et-de-linnovation-en-afrique-stisa2024-par-les-pays-africains (20)

Pourquoi l'innovation sociale?
Pourquoi l'innovation sociale?Pourquoi l'innovation sociale?
Pourquoi l'innovation sociale?
 
Communautés 2.0 - Introduction
Communautés 2.0 -  IntroductionCommunautés 2.0 -  Introduction
Communautés 2.0 - Introduction
 
2012 03-06-entrepreneuriatsocial-na 268
2012 03-06-entrepreneuriatsocial-na 2682012 03-06-entrepreneuriatsocial-na 268
2012 03-06-entrepreneuriatsocial-na 268
 
Innovation sociale et commons CNAM 2015
Innovation sociale et commons CNAM 2015Innovation sociale et commons CNAM 2015
Innovation sociale et commons CNAM 2015
 
More social champions in tunisia! TCSE_Fellowship_Programme
More social champions in tunisia! TCSE_Fellowship_ProgrammeMore social champions in tunisia! TCSE_Fellowship_Programme
More social champions in tunisia! TCSE_Fellowship_Programme
 
L'innovation sociale, un levier pour le développement des territoires
L'innovation sociale, un levier pour le développement des territoiresL'innovation sociale, un levier pour le développement des territoires
L'innovation sociale, un levier pour le développement des territoires
 
Barometre des Entreprises Sociales 2014
Barometre des Entreprises Sociales 2014Barometre des Entreprises Sociales 2014
Barometre des Entreprises Sociales 2014
 
ASIS - Guideline #2 - Comment mettre en œuvre la coopération pour l’innovatio...
ASIS - Guideline #2 - Comment mettre en œuvre la coopération pour l’innovatio...ASIS - Guideline #2 - Comment mettre en œuvre la coopération pour l’innovatio...
ASIS - Guideline #2 - Comment mettre en œuvre la coopération pour l’innovatio...
 
ASIS - Training #8 - Formation des formateurs – Comment soutenir l’entreprene...
ASIS - Training #8 - Formation des formateurs – Comment soutenir l’entreprene...ASIS - Training #8 - Formation des formateurs – Comment soutenir l’entreprene...
ASIS - Training #8 - Formation des formateurs – Comment soutenir l’entreprene...
 
Relancement du programme more social champions in tunisia
Relancement du programme more social champions in tunisiaRelancement du programme more social champions in tunisia
Relancement du programme more social champions in tunisia
 
le Guide des 7 Questions Clés Qu'un Entrepreneur Social Doit Se Poser
le Guide des 7 Questions Clés Qu'un Entrepreneur Social Doit Se Poserle Guide des 7 Questions Clés Qu'un Entrepreneur Social Doit Se Poser
le Guide des 7 Questions Clés Qu'un Entrepreneur Social Doit Se Poser
 
Innovation sociale
Innovation socialeInnovation sociale
Innovation sociale
 
Attractivité des Territoires - Impacts mesurés
Attractivité des Territoires - Impacts mesurésAttractivité des Territoires - Impacts mesurés
Attractivité des Territoires - Impacts mesurés
 
Ehile
EhileEhile
Ehile
 
Différencier l’entrepreneur social de l’acteur associatif et le travailleur s...
Différencier l’entrepreneur social de l’acteur associatif et le travailleur s...Différencier l’entrepreneur social de l’acteur associatif et le travailleur s...
Différencier l’entrepreneur social de l’acteur associatif et le travailleur s...
 
Finance Innovation - Livre Blanc Innovation dans l'Assurance - PARTIE 4 : FIL...
Finance Innovation - Livre Blanc Innovation dans l'Assurance - PARTIE 4 : FIL...Finance Innovation - Livre Blanc Innovation dans l'Assurance - PARTIE 4 : FIL...
Finance Innovation - Livre Blanc Innovation dans l'Assurance - PARTIE 4 : FIL...
 
Les tic et la société d'aujourd'hui
Les tic et la société d'aujourd'huiLes tic et la société d'aujourd'hui
Les tic et la société d'aujourd'hui
 
Entrepreneuriat social
Entrepreneuriat socialEntrepreneuriat social
Entrepreneuriat social
 
Programme Ashoka Changemakers' City
Programme Ashoka Changemakers' CityProgramme Ashoka Changemakers' City
Programme Ashoka Changemakers' City
 
Programme ashoka changemakers' city
Programme ashoka changemakers' cityProgramme ashoka changemakers' city
Programme ashoka changemakers' city
 

https://fr.slideshare.net/JoelOmenguele/suivi-et-valuation-du-projet-dimplmentation-de-la-stratgie-de-la-science-la-technologie-et-de-linnovation-en-afrique-stisa2024-par-les-pays-africains

  • 1. 1 Innovation sociale et entrepreneuriat social : Une analyse comparative entre le Maroc et le Canada Chaymae OUACHANI 1 ; Taoufik BENKARAACHE ² 1 Doctorante, jardins Gueliz Mabrouka, Marrakech, Maroc ²Professeur-Chercheur à l’Université Hassan II de Casablanca, Maroc Laboratoire de recherche en Régulation Economiques et Intelligence Stratégique (REIS), FSJES Mohammedia – Université Hassan II de Casablanca. chaymaeouachani@gmail.com , benkaraache@gmail.com Résumé : L’innovation sociale n’est pas un phénomène nouveau, on voit son intérêt s’accentuer dans le contexte actuel. Elle s’impose partout dans le monde comme une des solutions nouvelles aux défis que nous vivons aujourd’hui. Dans ce sens, nous avons cherché à travers cette communication d’abord à mieux expliciter le concept de l’innovation sociale par une revue de littérature, puis, à travers une étude de cas, s’inspirer d’un modèle réussi en matière d’innovation sociale et d’entrepreneuriat social (le modèle Québécois) pour comprendre et tirer des enseignements et les meilleurs pratiques. Nous analysons ensuite le cas marocain à la lumière de l’étude du cas québécois, pour comprendre l’évolution de l’innovation sociale et son interdépendance avec l’entrepreneuriat social. Mots-clés : innovation sociale, entrepreneuriat social. Abstract: Social innovation is not a new phenomenon, but its interest is growing in the current context. It is becoming increasingly important throughout the world as one of the new solutions to the challenges we are facing today. In this sense, we have sought through this paper first to better explain the concept of social innovation through a literature review, then, through a case study, to draw inspiration from a successful model of social innovation and social entrepreneurship (the Quebec model) to understand and draw lessons and best practices. We then analyse the Moroccan case in the light of the Quebec case study, to understand the evolution of social innovation and its interdependence with social entrepreneurship Keywords : social innovations, social entrepreneurship
  • 2. 2 Introduction Une société harmonieuse et résiliente ne repose pas uniquement sur le couple Etat-marché, elle se démarque par la diversité des initiatives qui produisent de la ‘richesse’ notamment par les entreprises d’économies sociale. Dans le contexte marocain, on se trouve face à de nombreux défis auxquels l’Etat et le marché se trouvent contraints à y répondre seuls. La société marocaine rencontre d’énormes problèmes sur tous les volets et notamment depuis la crise sanitaire du Covid19 qui a accentué les inégalités économiques et sociales, des enjeux énergétiques et environnementaux, un recul de l’intervention de l’Etat dans des secteurs clés notamment celui de la santé et de l’éducation. D’après ce qui précède, plusieurs raisons nous pousse à s’intéresser à l’économie plurielle au sens de Mintzberg, En effet, l’innovation sociale n’est pas un phénomène récent, on voit son intérêt s’accentuer dans le contexte actuel. Elle s’impose partout dans le monde comme une des solutions nouvelles aux défis que nous vivons aujourd’hui. D’ailleurs le Québec a pu développer son économie sociale, et son modèle mérite d’être étudié, pour cela il nous parait intéressant de mettre la lumière sur l’expérience Québécoise afin d’en tirer les meilleurs pratiques. Dans ce sens, nous cherchons à travers cette communication à répondre aux questions suivantes : 1- Que signifie réellement l’innovation sociale et l’entrepreneuriat social ? 2- Comment peut-on devenir entrepreneur social ? 3- Quelle est la relation entre l'innovation sociale et l'entrepreneuriat social ? 4- Quel est l’état des lieux du Maroc en termes d’entrepreneuriat social ? 5- Quels sont les points forts du modèle Québécois en termes d’entrepreneuriat social et d’innovation sociale ? Enfin, nous proposons une analyse SWOT pour le contexte marocain et conclure par des recommandations et enseignements pour développer un écosystème d’entrepreneuriat social. I- Innovation sociale et entrepreneuriat sociale : une revue de littérature Le concept d’innovation est communément utilisé dans le domaine de la science et de la technologie. L’on doit la mise en place de ses fondements à SCHUMPETER, le père fondateur de l’innovation. Les dimensions de l’innovation ont été analysées premièrement sous les aspects économiques et technologiques puis sociaux et politiques. Quant à l’entrepreneuriat social qui essaie de créer de la valeur sociale par opposition à la création de richesse dans le sens capitalistique. De ce fait, nous allons essayer dans ce qui suit de bien expliciter les concepts de l’innovation sociale et de l’entrepreneuriat social tout en établissant la relation qui les unit. 1- Innovation Sociale 1-1 Origine et définition L’Innovation Sociale (IS) a été reconnu à partir des années 1970, nous pouvons la définir, en se référant aux travaux du CRISES (Centre de Recherche sur les Innovations Sociales de l’université de Québec à Montréal) comme tous les nouveaux biens, services, idées, processus…dont l’objectif est de répondre à des besoins sociaux, non satisfaits par le marché et/ ou l’Etat, au profit des populations défavorisées. Dans la même dynamique, en 2013, l’IS est définie par la Commission Européenne comme "le développement et la mise en œuvre de nouvelles idées (produits, services et modèles) pour répondre à des besoins sociaux [nouveaux ou mal satisfaits] et créer de nouvelles relations ou collaborations sociales", ajoutant que ces innovations "sont sociales à la fois dans leurs finalités et dans leurs moyens". Ainsi, l’IS s’articule comme un sous-ensemble de l'innovation, et distinct de l'innovation commerciale ou technologique. Selon l’article 15 de la loi sur l’économie sociale et solidaire du 31 juillet 2014, l’IS se définit comme un projet consistant à offrir des produits et services répondant soit à des besoins sociaux non ou mal satisfaits, soit à des besoins
  • 3. 3 sociaux déjà dressés par le marché en introduisant une innovation (forme d’entreprise innovante, un processus innovant de production, ou encore par un mode innovant d’organisation du travail).Ainsi l’un des enjeux clés de l’innovation sociale est son modèle économique qui peut recouvrir des réalités très diverses, le projet peut être purement non marchand, 100% marchand, ou repose sur un modèle marchand. L’entrepreneuriat social intervient dans les deux dernières formes. 1-2 Ecosystème de l’innovation sociale Pour créer des innovations sociales, plusieurs acteurs peuvent être impliqués. On peut citer les associations, coopératives, mutuelles, fondations, entreprise sociale, syndicats, acteurs territoriaux, les pouvoirs publics, les collectivités territoriales, … Aux côtés de ces acteurs opèrent plusieurs autres intervenants plus particulièrement : les parties-prenantes de mouvements citoyens (bénévoles), les parties prenantes d’accompagnement (incubateurs et financeurs), les parties-prenantes universitaires. La réussite de l’innovation sociale dépend de multiples facteurs notamment lorsqu’il y a une meilleure interaction au sein de son écosystème. En effet, pour faire émerger de l’innovation social, il est important de se reposer sur un écosystème efficace, un écosystème qui se repose sur les points suivants : -Les pouvoirs et politiques publiques ont la capacité de créer un environnement propice à l’IS, de ce fait les pouvoirs publics peuvent mettre en place plusieurs actions notamment le soutien financier, un cadre légal, des structures de soutien et d’accompagnement, l’évolution de la recherche … -Le soutien financier (bénévoles, et autres organismes, …) des projets sociaux et ce dans les différentes phases du projet. -En plus du soutien financier, il est crucial de disposer de structures d’accompagnement sous forme d’incubateur, de hubs, ou d’accélérateurs. Il a pour objectif d’accompagner les porteurs de projets depuis l’étude de la faisabilité du projet à la création de la structure juridique. L’accompagnement se fait sur une longue durée et porte sur la structuration et la modélisation du projet et ce un bon développement des projets. -La participation de l’ensemble de la société à l’innovation sociale influence fortement son succès. Pour se faire, il est indispensable de favoriser la visibilité des initiatives en matière d’innovation sociale (via les médias, les réseaux sociaux, …) afin d’arriver à une prise de conscience et une reconnaissance publique de tels dispositifs. Cela donne naissance à des vocations de l’innovation sociale et par conséquent à un écosystème dynamique. -L’évaluation et le suivi des projets en innovation sociale par l’adoption d’un processus de suivi et l’élaboration des indicateurs adéquats. Cela à un intérêt aussi bien au porteur de projets et au parties prenantes de l’écosystème. 2- Entrepreneuriat social L’entrepreneuriat social repose sur la combinaison de plusieurs facteurs entre autres, la passion pour une mission sociale, la discipline d'une entreprise, l'innovation et la détermination.Les grandes institutions du secteur social sont souvent considérées comme inefficaces, inefficientes et peu réactives. Les entrepreneurs sociaux demeurent indispensables pour un nouveau modèle de développement. Le langage de l'entrepreneuriat social est peut-être nouveau, mais le phénomène ne l'est pas. Nous avons toujours eu des entrepreneurs sociaux, même si nous ne les appelions pas ainsi. Cependant, ce concept tire son importance dans la mesure où il implique plusieurs secteurs. En plus des entreprises innovantes à but non lucratif, l'entrepreneuriat social peut inclure des entreprises sociales, comme les banques de développement communautaire à but lucratif, et des organisations hybrides combinant des éléments à but lucratif et non
  • 4. 4 lucratif. Le nouveau langage permet d'élargir le champ d'action social. Les entrepreneurs sociaux recherchent les méthodes les plus efficaces pour servir leurs missions sociales. Bien que le concept d'entrepreneuriat social gagne en popularité, il n'a pas la même signification pour tout le monde. Cela peut prêter à confusion. Certains associent l'entrepreneuriat social exclusivement à organisations à but non lucratif qui lancent des projets à but lucratif. D'autres l'utilisent pour décrire toute personne qui crée une organisation à but non lucratif. D'autres encore l'utilisent pour désigner les propriétaires d'entreprises qui intègrent la responsabilité sociale dans leurs activités. Que signifie réellement l'entrepreneuriat social ? Que faut-il pour être un entrepreneur social ? Dans ce qui suit, nous allons essayer de répondre à ces questions tout en commençant par examiner les racines du terme entrepreneur. 2-1 Origine et fondements théoriques Dans le langage courant, être un entrepreneur est associé à la création d'une entreprise, mais c'est un terme qui a une histoire riche et une signification beaucoup plus importante. Le terme "entrepreneur" trouve son origine dans l'économie française dès le 17ème et 18ème siècle. En français, il signifie quelqu'un qui entreprend un projet ou une activité importante. Plus précisément, il a fini par être utilisé pour identifier les personnes audacieuses qui stimulaient le progrès économique en trouvant de nouvelles et meilleures façons de faire les choses. Cette signification trouve son origine dans les écrits de Jean Baptiste Say dans les années 1800, qui l'a formulé ainsi : "L'entrepreneur déplace les ressources économiques d'une zone de faible productivité vers une zone de plus grande productivité et de plus grand rendement. Les entrepreneurs créent de la valeur". Au 20e siècle, l'économiste le plus étroitement associé à ce terme était Joseph Schumpeter. Il a décrit les entrepreneurs comme les innovateurs qui conduisent le processus créatif-destructif du capitalisme. Selon lui, la fonction des entrepreneurs est de réformer ou de révolutionner le modèle de production. Ils peuvent le faire de plusieurs manières : fabrication de produits nouveaux, l'adoption de procédés et de techniques inédits, l'utilisation de nouvelles matières premières ou l'ouverture de nouveaux débouchés etc. Quant à Peter Drucker, débute son analyse par la définition de Say mais l'amplifie par la notion d'opportunité. Selon Drucker l'entrepreneur recherche toujours le changement, y réagit et l'exploite comme une opportunité. Les entrepreneurs ont un état d'esprit qui voit les possibilités plutôt que les problèmes créés par le changement. Pour Drucker, la création d'une entreprise n'est ni nécessaire ni suffisante pour l’entrepreneuriat. Il n'y a rien de particulièrement innovant ni de porteur de changement dans ce cas. Nous pouvons constater ainsi que la définition de l’entrepreneuriat ne se limite pas à la simple création d'entreprises. D’après Karim Messeghem, Howard Stevenson, l'un des principaux théoriciens de l'entreprenariat à la Harvard Business School ont ajouté un élément important à la définition axée sur l'opportunité, sur la base de recherches qu'ils ont mené pour déterminer ce qui distingue la gestion entrepreneuriale des formes les plus courantes de gestion administrative. Il suggère de définir le cœur de la gestion entrepreneuriale comme la poursuite d'une opportunité sans tenir compte des ressources actuellement contrôlées. Il a constaté que les entrepreneurs non seulement voient et poursuivent des opportunités qui échappent aux gestionnaires administratifs ; les entrepreneurs ne permettent pas à leurs propres ressources initiales de limiter leurs choix. Ils mobilisent les ressources des autres pour atteindre leurs objectifs entrepreneuriaux. Les administrateurs laissent leurs ressources existantes et leur description de poste restreindre leurs visions et leurs actions. 2-2 Définitions et critères L'entreprise sociale et l'entrepreneuriat social offrent un point de vue différent aux notions classiques d'entreprise et d'entrepreneuriat. Le secteur privé est dominé par des entreprises à but lucratif, dont l'objectif principal est de faire du profit et maximiser la valeur des propriétaires. Une grande partie des partisans de la responsabilité sociale des entreprises (RSE) ne remet pas en cause la motivation première des entreprises à but lucratif, mais soutient le fait que les dirigeants de ces dernières ne doivent pas tenir en compte
  • 5. 5 uniquement l'intérêt des propriétaires mais aussi l'intérêt des autres parties prenantes qui peuvent affecter ou être affecté par l'activité de ces entreprises (Mitchell, Agle,& Wood, 1997). D'autres études vont jusqu'à suggérer que les politiques et pratiques en matière de RSE améliorent la performance des entreprises à but lucratif (Bayoud,Kavannagh, & Slaughter, 2012 ; Hillenbrand, Money et Ghobadian, 2013 ;Michelon, Boesso et Kumar, 2013 ; Orlitzky, Schmidt et Rynes, 2003 ; Waddock & Graves, 1997; Weshah, Dahiyat, Awwad et Hajjat, 2012). En d'autres termes, la RSE constitue un facteur de rentabilité. Dees (1998) dans son article « The Meaning of Social Entrepreneurship » explique que toute définition de l'entrepreneuriat social doit tenir compte de la discipline de marché qui fonctionne pour les entrepreneurs commerciaux. La définition suivante combine l'accent mis sur la discipline et la responsabilité avec les notions de création de valeur tirées de Say, d'innovation et les agents de changement de Schumpeter, d'opportunité de Drucker et d'ingéniosité de Stevenson. Dees donne les éléments de définitions des entrepreneurs sociaux, ils jouent le rôle d'agents de changement dans le secteur social, en : -Adoptant une mission visant à créer et à maintenir une valeur sociale (et pas seulement une valeur privée), -Reconnaissant et recherchant sans cesse de nouvelles opportunités pour servir cette mission, -S’engageant dans un processus d'innovation, d'adaptation et d'apprentissage continus, -Agir avec audace sans être limité par les ressources dont il dispose, -Faire preuve d'une responsabilité accrue envers les bénéficiaires. Il s'agit clairement d'une définition idéalisée. Les leaders du secteur social incarneront ces caractéristiques de différentes manières et à différents degrés. Plus une personne s'approche de la satisfaction de toutes ces conditions, plus elle correspond au modèle de l'entrepreneur social. Dans ce qui suit, nous allons essayer de relever le lien qui existe entre innovation sociale et entrepreneuriat social. 3- Liens entre Innovation sociale et entrepreneuriat social D’après notre lecture de la littérature, on a essayé de recenser les principaux travaux qui ont fait le lien entre l’innovation sociale et l’entrepreneuriat social, qui se présente ci-dessous : AUTEURS SOURCES RELATION Schumpeter, J. A The Theory of Economic Development. (1934) L’innovation est l’essence de l’entreprenariat, ainsi l'innovation sociale est donc associée à "l'entrepreneuriat social" Peter Drucker Innovation and Entrepreneurship » (1985) L’innovation est l’outil privilégié des entrepreneurs, elle permet aux entrepreneurs d’exploiter le changement pour créer des business ou des services différents Henri Amblard Les Nouvelles approches sociologiques des organisations (2005) L’innovation Sociale est l’un des éléments autour desquels s’articule la logique entrepreneuriale J. Defourny, M. Nyssens Conceptions of social enterprise and social entrepreneurship in Europe and the United States : convergences and divergences (2010) Peu de lien ont été établi entre l’innovation sociale et l’entreprenariat social
  • 6. 6 de Bruin A. M., Bounded opportunity: A knowledge-based approach to opportunity recognition and development. Entrepreneurship Research Journal, (2011) les entrepreneurs sociaux exploitent l'innovation à un niveau systémique pour provoquer un changement dans l'équilibre social Paolo Popoli Social Enterprise and Social Innovation: A Look Beyond Corporate Social Responsibility (2015) L’innovation est une caractéristique intrinsèque des entreprises sociales Phillips et all Social innovation and social entrepreneurship: a systematic review (2015) L’innovation est cruciale pour la capacité des entrepreneurs sociaux à créer de la valeur sociale João M. S. Carvalho Social Innovation and Entrepreneurship The Case of Porto Region (2017) L’innovation sociale orientée vers le marché joue un rôle crucial dans le développement de l'entrepreneuriat social Lubberink et al Innovation for society: towards a typology of developing innovations by social entrepreneurs (2018) Les innovations sociales apparaissent comme étant directement liées à la nature des entreprises sociales, et constituent un outil pertinent pour générer de la valeur sociale II- L’expérience de l’Innovation sociale au Québec (Canada) : Spécificités et bonnes pratiques Dans cette partie, nous allons essayer de présenter l’expérience du Québec en matière d’innovation sociale, nous avons choisi ce modèle pour les raisons suivantes : -Une expérience réussie : on peut la prendre comme modèle pour en tirer les Best Practices -Le modèle Québécois suscite un grand intérêt au Canada et ailleurs -L’innovation social au Québec est un vrai vecteur de développement socioéconomique du pays -Le Québec fait preuve d’une dynamique très importante en matière d’innovation sociale -La première définition de l’innovation sociale basée sur l’aspect institutionnel a été élaborée au Québec -70% de la population francophone de la région sont membres de coopératives. -Plusieurs auteurs québécois ont étudié l’innovation sociale, deux centres de recherche de la même région (CRISES et RQIS) lui sont dédiés - Au Québec, on assiste à une culture participative, les acteurs tels que les gouvernements, les entreprises, les citoyens, les universités et les organismes collaborent ensemble afin de promouvoir la cocréation de solutions innovantes aux problèmes sociaux et favorisent la synergie des ressources et des expertises.
  • 7. 7 - Il existe une diversité dans les mécanismes de financement consacré à l’innovation sociale tels que le Réseau d’investissement social du Québec (RISQ), des subventions gouvernementales et privés. Ce qui permet le développement de projets innovants à vocation sociale. -le travail de Benoît Lévesque, professeur à l’Université du Québec à Montréal. Il a présenté un schéma illustrant les composantes du système d’innovation sociale au Québec qui constituent les points forts de sa réussite. - La réussite du modèle Québécois est due à plusieurs particularités liées à sa culture, sa langue, sa religion et son code civil, Ainsi que les modalités de gouvernance où l’acteur public (l’État) et l’acteur social (particulièrement l’économie sociale) sont au centre d’un « régime » caractérisé par la pluralité et par l’hybridation des formes organisationnelles (Lévesque, 2001a; Fontan, Klein et Tremblay, 2005; Bouchard, Bernier et Lévesque, 2003). -Le Québec possède l'une des économies les plus saines en Amérique du Nord, notamment parce qu'il a su préserver l'équilibre entre les secteurs public, privé et communautaire. (H.Mintzberg) -L’innovation sociale dans l’économie sociale a réussi à gagner du terrain grâce à des années de travail collectif et intensif de la part des acteurs sociaux et des chercheurs -L’économie sociale au Québec est le fruit d’une longue histoire, s’appuyant sur un mouvement coopératif dynamique. Ainsi dans les années 1990, l’économiste Jacques Defourny (1994) affirmait que le Québec représentait, à son sens, « l’Eldorado de la recherche coopérative ». Dans ce sens il nous semble important de présenter les avancées de ce modèle afin de pouvoir tirer les meilleurs pratiques. Par la suite, nous allons présenter le contexte marocain en termes d’entreprenariat et d’innovation sociale, puis présenter une analyse SWOT de la situation du Maroc. Enfin, tirer les enseignements de la comparaison des systèmes d’entrepreneuriat social du Québec et du Maroc 1- Le développement de l’économie sociale au Québec Au cours des dernières décennies, le Québec a pu développer son économie sociale. D’ailleurs plusieurs innovations sociales ont vu le jour. Que ce soit par le centre de la petite enfance (CPE) ou de carrefours jeunesse emploi, les entreprises d’économie sociale d’aide à domicile (EESAD), Ressourceries (gestion de matières résiduelles), …Le Québec constitue toujours une véritable pépinière d’innovation sociale, qui ont fait l’objet de plusieurs initiatives, parfois par des entreprises privées, des pouvoirs publics, et dans la majorité des cas par les milieux associatifs. La culture de concertation occupe une place cruciale au Québec, elle contribue à trouver des réponses communes à des enjeux de société et de ce fait à innover. Dans ce sens, l’économie sociale est au centre du développement des territoires. Elle a des répercussions sur l’ensemble de la société, elle a été réellement reconnue au Québec en 1996, lors du Sommet sur l’économie et l’emploi. L’année 2008 a donné lieu au Plan d’action gouvernemental pour l’entrepreneuriat collectif qui a aidé au développement de l’économie sociale. Alors qu’en 2013, le gouvernement admettait l’apport particulier de l’économie sociale au développement socio-économique du Québec, d’où l’adoption de la Loi sur l’économie sociale. Puis, en 2021 le gouvernement du Québec vient de rendre public le Plan d’action gouvernemental en économie sociale 2020-2025. Il a comme ambition de répondre aux grands enjeux auxquelles sont opposer les entreprises d’économie sociale. L’économie sociale au Québec contient près de onze mille deux cents (11200) entreprises, elles comprennent soixante- quinze pour cent (75%) d’organisation à but non lucratif (OBNL), vingt-et-un pour
  • 8. 8 cent (21%) des coopératives non financières et environ trois pour cent (3%) des coopératives financières ou des mutuelles. Ensemble, elles rassemblent treize millions quatre cent mille (13,4 M) d’adhérents. Il est à noter que les entreprises d’économie sociale se basent sur la participation d’environ quatre-vingt-dix mille (90000) bénévoles dont cinquante-et-un pour cent (51%) des femmes et vingt pour cent 20% des jeunes. Le chiffre d’affaires de ces derniers s’élève à quarante-sept milliard huit cent millions (47,8 MM) de dollars (M. Pierre Fitzgibbon (2022), L’innovation sociale au cœur du développement des territoires). Il est à noter que 70% de la population Québécoise francophone est membre d’une coopération. D’après les chiffres présentés, il nous parait important de mettre la lumière sur le modèle d’innovation sociale au Québec tout en essayant de tirer les points forts menant à sa réussite. 2- Analyse du système de l’innovation sociale au Québec Pour mieux expliciter le système du Québec en terme d’IS, on s’est basé principalement sur le travail de Benoît Lévesque, professeur à l’Université du Québec à Montréal. Il a mis en avant un schéma illustrant les composantes du système d’innovation sociale au Québec. Qu’on va présenter ci-dessous tout en expliquant ces différentes composantes. Fig.1 : Système d’innovation sociale en économie sociale au Québec On va essayer de décortiquer le modèle tout en expliquant chacune de ses composantes, mais dans un premier temps on va présenter le volet de la gouvernance qui présente le socle du modèle.
  • 9. 9 2.1 La gouvernance : La gouvernance dans le modèle du Québec en matière d’innovation sociale se caractérise par les points suivants : -Un partenariat liant les entreprises et les syndicats dans la mesure ou ces derniers coopèrent avec les entreprises non uniquement pour leurs modernisations mais essentiellement par des innovations sociales. En effet, près de 40% des entreprises adhèrent à cette approche (Juan-Luis Klein, Jean-Marc Fontan, Denis Harrisson, Benoît Lévesque (2009) « L’innovation sociale au Québec : un système d’innovation fondé sur la concertation ». Page 22). Cette coopération a aussi pour but la création et le maintien d’emploi. A titre d’exemple, le Fonds de solidarité de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec qui représente le fonds de capital de risque le plus marquant au Canada, il se distingue par une gouvernance partenariale tout en ayant la capacité d’exiger aux entreprises, principalement les PME, des orientations avantageuses à la formation, à l’emploi et à la participation des travailleurs. Il a contribué depuis sa naissance à la constitution et à la préservation de presque 116 644 emplois, il est aussi partenaire et lié par une convention d’actionnaires avec des entreprises privées. L’innovation de cette organisation syndicale réside dans le fait de mettre en place de courtiers ouvriers, nommés représentants locaux (RL), il mène ainsi une analyse financière avant de se lancer dans un partenariat. Tout en complétant cette analyse par un bilan social. -Le chantier de l’économie sociale au Québec se compose d’un conseil d’administration, un des facteurs déterminant dans la bonne gouvernance. -Loi sur l’économie sociale (2013). -Plan d’action gouvernemental pour l’entrepreneuriat collectif (2008) et en économie sociale (2015). - Plan d’action gouvernemental en économie sociale 2020-2025 2.2 La recherche et le transfert de connaissances : La recherche partenariale et le transfert de savoir sont les principaux facteurs de l’innovation notamment l’innovation sociale. Cette composante de l’écosystème vise à développer et à renforcer les liens entre le monde de la recherche et les praticiens. Ce qui a donné lieu à la création du Territoires innovants en économie sociale et solidaire (TIESS), un organisme qui réunit plusieurs participants à l’économie sociale et solidaire et permet le transfert de l’innovation sociale. Il participe au développement territorial par le fait d’outiller ces différents participants à pouvoir remédier aux enjeux de société de manière innovante. Le Centre de transfert pour la réussite éducative du Québec (CTREQ) est un pont aidant la synergie entre la recherche et le terrain afin de favoriser l’association entre les connaissances émanant de la recherche et de l’expérience. Sur le plan international, il y’a le centre international de transfert d’innovations et de connaissances en économie sociale et solidaire (C.I.T.I.E.S) qui permet l’intégration de bonnes pratiques en innovation sociale à l’échelle internationale tout en promouvant le partage des connaissances et la transmission des expériences d’économie sociale et solidaire. C’est un projet en partenariat avec d’autre centre d’innovation sociale entre autres ceux du Pays Basque, du Séoul, de Catalogne et d’ailleurs. 2.3 La formation & éducation : La formation et l’éducation constituent les bases indispensables afin de renforcer la capacité à innover. La réussite éducative dépasse la réussite scolaire dans la mesure qu’elle permet le développement du potentiel de l’individu dans plusieurs volets de sa vie (intellectuel, social, physique, affectif et professionnel), cette composante de l’écosystème vise la sensibilisation de la population à l’importance de l’économie sociale, cela se fait par l’éducation populaire et la formation continue via des programmes pointus en économie sociale et ce dans les institutions d’enseignement supérieur. Des formations ont été élaboré en collaboration
  • 10. 10 avec des organismes de formation et des réseaux d’acteurs. De ce fait, Le Conseil québécois de la coopération et de la mutualité (CQCM) a mis en place la Fondation pour l’éducation à la coopération et à la mutualité. Qui a pour principal objectif de soutenir la mission éducative du CQCM en aidant le grand public dans leur apprentissage à la coopération et à la mutualité et cela afin de développer des compétences en la matière. 2.4 L’accompagnement et le financement : Les entreprises d’économie sociale peuvent se référer à différents organismes en matière d’accompagnement, ce qui leurs permet de mener au mieux leurs plan d’affaires. Cet accompagnement dépasse le soutien financier et technique. Les années entre 1997 à 2015 sont marquées par un modèle d’accompagnement qui se base sur un ensemble de structures territoriales d’accompagnement et de développement intégrant des acteurs de la société civile et les municipalités avec la contribution financière du gouvernement du Québec. Il y’a par exemple La Coopérative de développement régional du Québec (CDRQ) qui a pour but de soutenir la création et le développement de coopératives et cela couvre plusieurs phases à savoir celle du démarrage, de croissance et également en cas de redressement. Plusieurs organismes de financement ont vu le jour au Québec afin de développer ce secteur coopératif (banques, anges financiers, capital de risque). On peut citer le réseau d’investissement social du Québec, Ministère de l’Économie de l’Innovation et de l’Énergie, Micro-Entreprendre, Investissement Québec, Le Fonds d’innovation pour la gouvernance et la gestion des entreprises collectives, … Les institutions financières travaillent en complémentarité au sein d’un réseau bien soudé. Ce qui a entrainé la mise en place d’une panoplie d’outils plus particulièrement une grille d’analyse permettant une étude plus fiable des projets en économie sociale en termes d’investissement. III- Analyse de l’écosystème de l’innovation sociale et entrepreneuriat sociale au Maroc : L'innovation sociale est un concept qui prend de l’ampleur dans de nombreux pays à travers le monde, et le Maroc ne fait pas exception. En tant que pays en développement, le Maroc fait aujourd’hui face à de nombreux défis sociaux, économiques et environnementaux qui exigent des solutions créatives et durables. L'innovation sociale émerge comme un moyen prometteur de relever ces défis de manière inclusive et efficace. Dans ce sens, nous allons essayer dans ce qui suit de présenter tout d’abord le contexte marocain, l’historique d’entrepreneuriat social au Maroc et ensuite analyser les forces et les faiblesses de l’écosystème de l’entrepreneuriat social au Maroc par une analyse SWOT. 1- Un besoin urgent de développement social Dans le contexte marocain, on est face à une multitude de défis auxquels l’Etat et le marché se trouvent contraints à y répondre seuls. La société marocaine rencontre d’énormes problèmes sur tous les volets et notamment depuis la crise sanitaire du Covid19 qui a accentué les inégalités économiques et sociales, des enjeux énergétiques et environnementaux, un recul de l’intervention de l’Etat dans des secteurs clés notamment celui de la santé et de l’éducation, ... Ce qui a donné naissance à de nombreuses manifestations. La multiplication des manifestations à Jerada contre la fermeture de la mine de charbon qui constituait la première source de revenu pour la ville, les manifestations à Al Hoceima pour la réalisation des besoins fondamentaux (hôpitaux, facultés…), des manifestations contre la pénurie d’eau à Zagora, un taux d’inflation qui s’élève à 7,4% fin 2022 (HCP, Point de conjoncture du quatrième trimestre 2022 et perspectives pour le premier trimestre 2023) ,un taux de chômage qui s’est élevé à 18,2 % au cours du deuxième trimestre 2022 et ce en milieu urbain (HCP, Activité, Emploi et Chômage, Deuxième trimestre 2022), …Cette situation menace la cohésion sociale du pays et entraine une déstabilisation de la société. Pour cela, il est primordial de solliciter d’autres voie de développement répondant aux besoins sociaux. D’où l’intérêt de l’innovation
  • 11. 11 sociale et de l’entrepreneuriat social. De ce fait, nous allons présenter ci-dessous l’état des lieux de l’entrepreneuriat social au Maroc. 2- Historique d’entrepreneuriat social au Maroc L’entreprenariat social au Maroc a commencé à voir le jour dans les années 2000, essentiellement avec la création d’Enactus (anciennement SIFE) en 2003. Association très active en matière de la promotion de l’entrepreneuriat social. D’ailleurs, on peut avancer comme exemple la participation de l'équipe Enactus École Mohammadia d’Ingénieurs (EMI) au World Cup Enactus en Novembre 2022, Ce groupe a représenté le Maroc dans cette grande compétition mondiale d'entrepreneuriat social estudiantin aux côtés de 35 pays, plusieurs innovations sociales ont été présentées à cet effet notamment "Smart Clean", "Argacare", "Nuwood", "S-ilk". En effet, la participation des jeunes étudiants à cette ONG a permis la promotion de l’entreprenariat social. À compter de 2010, de nombreux événements ont marqué l’entreprenariat social au Maroc, à savoir, la Gobal Social Venture Competition (GSVC) qui est t une compétition internationale ayant pour mission d’inciter et d’encadrer les jeunes entrepreneurs sociaux en leur offrant l’occasion de transformer leurs visions en projets réels, la constitution du Moroccan Center of Innovation and Social Entrepreneurship (MCISE) une organisation à but non lucratif qui a pour principale mission la quête de réponses entrepreneuriales et innovantes afin de pouvoir répondre aux défis sociaux du Maroc, ou encore la création en 2012 du Centre Marocain des Études et Recherches sur l’Entreprises Sociale (CMERES) pour la promotion de l’entreprenariat sociale. L’année 2013 a donné lieu aux premiers débats portant sur l’entreprenariat social, ils étaient sous forme de colloques scientifiques internationaux. Alors que l’année 2014, elle a été marquée par l’accomplissement de la première étude d’innovation sociale à l’échelle nationale en collaboration avec le Moroccan Center for Innovation and Social Entrepreneurship (MCISE), la Banque Mondiale, et le Social Entreprise UK. L’année 2015 a connu une grande avancé avec l’avènement des incubateurs d’entreprises sociales notamment Bidaya l'incubateur Social Green Tech au Maroc qui a pu accompagner plus de 60 startups à fort impact social ou environnemental, Dare Inc qui vise à son tour à épauler les start-ups ayant un impact économique, social ou environnemental, et Impact Lab qui s’insère également dans le même sens de l’innovation sociale. Le discours royal du 20 Aout 2018 a permis d’attirer plus d’attention à l’intérêt de la création d’entreprises sociales, en mettant l’importance sur l’entreprise sociale en tant que mécanisme de création d’emploi. Ensuite, le Maroc a fait en 2019 l’objet de deux projets internationaux sur l’analyse comparée des modèles d’entreprise sociale : le projet ICSEM3, dont les résultats ont été présentés lors de la septième conférence internationale d’un réseau regroupant des centres de recherche universitaires renommés sous l’acronyme EMES4, et le projet MedUp (Project5) qui couvre la région MENA et repose en un mapping des structures de soutien à l’entrepreneuriat social et un needs assessment de ces dernières et des entrepreneurs sociaux. Enfin, nous présentons ci-dessous la structure de l’économie sociale et ses sources de financement.
  • 12. 12 Source : étude ‘Répondre aux besoins sociaux au Maroc par l’Entrepreneuriat Social’, CISE 2013 3- Analyse des forces et faiblesses de l’écosystème de l’entrepreneuriat social au Maroc Afin de dégager les éléments permettant de comprendre de relever les déficits en matière de développement de l’entrepreneuriat social au Maroc, nous procédons à une analyse SWOT pour identifier les actions nécessaires à mettre en place pour améliorer les conditions de développement de l’ES. Voici l’essentiel de nos résultats obtenus à l’aide de l’analyse SWOT : IV- Enseignements de la comparaison des systèmes d’entrepreneuriat social du Québec et du Maroc FORCES FAIBLESSES • La volonté de sa majesté le roi Mohammed VI de promouvoir l’entrepreneuriat social. • L’INDH. • Capital humain : élites bien formées ; • La religion. • Absence du cadre législatif • Absence d’un statut juridique claire qui représente l’entreprise sociale : • Manque de promotion du concept d’entrepreneuriat social et d’innovation sociale. (Sur tous les niveaux : primaires, collèges, lycées, universités) • Manque de Formation. • Centralisation des incubateurs dans l’axe Casablanca- Rabat. • Un écosystème fragile : manque de participation de toutes les parties prenantes. • Absence de mécanisme de financement. OPPORTUNITES MENACES • La Zakat (Instauration d’un fond de Zakat) • La politique de régionalisation avancée. • Le registre social unique. • L’appui des bailleurs de fond étrangers • La création du Fonds Mohamed VI pour l’investissement • Réflexion sur le régime des Habous • Disparités territoriales remarquables ; • Risques incessants de troubles socio-économiques ; • Migration à l’étranger des compétences ; • Fracture sociale persistante. • Inflation.
  • 13. 13 Nous avons vu dans la section II que le modèle québécois se base essentiellement sur des facteurs clés de succès tels que : - Un écosystème basé sur la bonne gouvernance (loi, plan d’action, organes de gestion …) - Des liens étroitement renforcés entre le monde de la recherche et les praticiens - La formation et l’éducation - L’accompagnement des entreprises d’économie sociale - Un financement important - Des méthodes de sélection des projets, à travers la mise en place de grilles d’analyse permettant une étude plus fiable des projets en économie sociale en termes d’investissement. - Un réseau fort, le RQIS, qui a pour but une meilleure implication de l’ensemble des membres de l’écosystème dans les sphères de la recherche et de l’innovation. - Nous résumons ci-dessous les principaux résultats des comparaisons entre les systèmes d’entrepreneuriat social des deux régions : La comparaison du système québécois et du système marocain fait ressortir plusieurs déficits dans l’écosystème marocain de l’Entrepreneuriat social : Constat Québec Maroc Implication de la population Forte Faible Présence de la femme Forte Faible Cadre législatif Présent Absent Présence des jeunes Forte Faible Chiffre d’affaires réalisé par le secteur social Fort Faible Expérience en termes de traitement du sujet en IS Ancien Récent Interaction des parties prenantes Forte Faible Nous terminons par résumer, à partir des « leçons à tirer » de l’expérience québécoise et des déficits constatés de l’expérience marocaine, les principales recommandations pour promouvoir l’écosystème de l’entrepreneuriat social au Maroc : - Développer un écosystème efficace et actif autour des principaux intervenants - Une accélération de la mise en place d’un statut juridique destinés aux acteurs du développement sociale, à l’instar de l’expérience du Québec. - Un régime fiscal incitatif pour les entreprises sociales marocaines. - Une mise en place d’une grille d’évaluation des projets socialement innovateurs - La création d’un fonds d’investissement dédiés à l’entreprenariat sociale - La mise en place de plan de formation et de sensibilisation sur l’économie sociale et l’entrepreneuriat social au sein des écoles et universités marocaines. - Revue innovante du régime des Habous et de la zakat afin qu’il reprenne son rôle dans l’entreprenariat sociale. - Un audit des programmes de financement des projets d’innovation sociale et des études d’impact sur les projets qui ont été réalisé
  • 14. 14 Conclusion Devant les défis sociaux auxquels nous vivons aujourd’hui, la société a besoin de différents types et styles de leadership. Les entrepreneurs sociaux sont un type particulier de leaders, ils nous aident à trouver de nouvelles opportunités d'amélioration sociale, à l'aube de cette décennie marquée notamment par la crise Covid 19 et la guerre Ukraine-Russe. L’innovation social et l’entrepreneuriat social apportent une réponse à ces défis. L’analyse de la littérature montre un intérêt académique significatif à partir de 2017, ainsi 80% des études ont été effectué sur cette période. Il ressort une divergence énorme sur les définitions des deux concepts, certes, ils partagent des points en commun, notamment dans le processus d'identification des opportunités de résolution de problèmes pour les besoins sociaux non satisfaits et sur la création de valeur. Notre communication a fait le point sur les travaux qui ont été réalisé et qui ont cherché à faire le point sur la relation entre l’innovation sociale et l’entreprenariat social. Cette relation reste mitigée et non prouvée, du fait de l’instabilité des définitions. Pour conclure, différentes tentatives ont été et sont faites pour rendre justice à l'hétérogénéité du lien entre l'innovation sociale et l'entrepreneuriat social, le "social" apparaissant comme un sous-concept connexe qui peut être considéré comme le cœur et le défi des deux courants, l'innovation sociale repose sur les activités des entrepreneurs sociaux et ces derniers utilisent l'innovation pour répondre aux besoins sociaux. Notre analyse a été limité seulement sur le modèle québécois, ce qui nous a permis de sortir les éléments clés de son succès, qui passe principalement par la mise en place d’un écosystème basé sur la bonne gouvernance, la recherche partenariale et le transfert de savoir, la formation, l’éducation, l’accompagnement des entreprises, le financement de l’économie sociale, etc. Une revue de l’existant au niveau du Maroc, nous a permis de mettre le point sur une dynamique qui a démarré dans le début des années 2000 et qui s’est accentué dernièrement, notamment après les discours de sa majesté le roi Mohamed 6, qui est la locomotive de cette dynamique. Enfin, nous avons proposé une analyse SWOT qui nous a permis d’identifier un certain nombre de recommandations afin de contribuer à l’émergence d’un entrepreneuriat social apte à générer un développement socio-économique durable. Bibliographie : Livres : Peter DRUCKER, 1985, Innovation and Entrepreneurship » Schumpeter, J. A. 1934. (Reprinted in 1980.) The Theory of Economic Development. London: Oxford University Press Articles: RICARDO GRILO A, ANTONIO CARRIZO MOREIRA, (2022), The social as the heart of social innovation and social entrepreneurship: An emerging area or an old crossroads? M. Pierre FITZGIBBON, (2022), L’innovation sociale au cœur du développement des territoires Salma IDRISSI BOUTAYBI, (2021), entrepreneuriat social au Maroc, Algérie et Tunisie, Challenges et Perspectives, post Covid Youssef NAFIL (2020), Innovation sociale dans le monde, Quels bénéfices ? Marie J. BOUCHARD, (2019), Le système d’innovation sociale en économie sociale au Québec
  • 15. 15 R. LUBBERINK, V. BLOK, J. VAN OPHEM, G. VAN DER VELDE, et O. OMTA, (2018), Innovation for society: towards a typology of developing innovations by social entrepreneurs Journal of Social Entrepreneurship, pp. 52-78, JOÃO M. S. CARVALHO, (2017), Social Innovation and Entrepreneurship: The Case of Porto Region, Entrepreneurship (pp.850-887) W. PHILLIPS, H. LEE, A. GHOBADIAN, N. O'REGAN, et P. JAMES (2015), Social innovation and social entrepreneurship: a systematic review Group Organ. Manag., 40 (3) pp. 428-461 Hamza DEBBARH, (2014), Répondre aux besoins sociaux au Maroc par l’Entrepreneuriat Social LEHNER O. M., KANSIKAS J. (2012). Opportunity recognition in social entrepreneurship: A thematic meta analysis. Journal of Entrepreneurship, 21, 25-58. BRUIN A. M., FERRANTE F. M. (2011). Bounded opportunity: A knowledge-based approach to opportunity recognition and development. Entrepreneurship Research Journal, 1(4), 1-21. DEES, J. G. 2001. The Meaning of "Social Entrepreneurship". Stanford, CA: Stanford Graduate Business School. J. DEFOURNY, M. NYSSENS (2010) “Conceptions of social enterprise and social entrepreneurship in Europe and the United States: convergences and divergences” J. Soc. Entrepreneur., 1 (1) pp. 32-53, ZAHRA S. A., GEDAJLOVIC E., NEUBAUM D. O., et SHULMAN J. M. (2009). A typology of social entrepreneurs: Motives, search processes and ethical challenges. Journal of Business Venturing, 24, 519-532 Juan-Luis KLEIN, Jean-Marc FONTAN, Denis HARRISSON et Benoît LEVESQUE (2009) « L’innovation sociale au Québec : un système d’innovation fondé sur la concertation ».