1. 19/05/2010 http://www.valls.fr
La « société du soin » ne guérit pas du Sarkozysme
14 mai 2010
Voici la tribune que je viens de faire paraître dans les colonnes du Monde de ce jour, n’hésitez pas à
me faire part de votre opinion. Bonne lecture !
Le débat qui précède l’élection présidentielle en moment privilégié de la vie démocratique où les forces vives
de la nation s’extirpent de la gestion du quotidien pour faire un état des lieux précis des difficultés et tracer les
voies de l’amélioration. La gauche, par l’intermédiaire des primaires ouvertes à l’ensemble des Français, s’est
dotée d’un outil efficace pour mener à bien ce travail et faire émerger un projet qui sera porté par son
candidat. Il importe donc dans cette étape primordiale, d’être clairvoyant et de définir le bon diagnostic.
De quoi souffrent les Français ? D’une perte de confiance généralisée. Perte de confiance – crise oblige-,
dans l’avenir, dans la capacité de la puissance publique rongée par la dette – comme aujourd’hui en Grèce et
peut être demain en Espagne – à conduire le pays, mais aussi, et c’est encore plus grave, dans leur capacité
individuelle à se construire un avenir et pire, à assurer le quotidien. Dans ce contexte de défiance alimenté par
la double insécurité, économique et physique, chacun se recentre sur soi, se calfeutre, les écarts de richesses
se creusent, les violences physiques explosent, les liens sociaux se distendent et les communautés
redeviennent des lieux où l’on cherche à retrouver, au moins, la chaleur d’un « entre-soi ».
Et, face à cette société qui se durcit, une tendance à gauche consiste à penser – et c’est tout à fait louable
dans l’intention – qu’il faut mettre l’accent sur l’autre, sur l’attention qu’on lui porte et les soins qu’on lui
prodigue. La tentation est grande de promouvoir comme panacée une « société du soin ». Je pense
que cette intention aussi noble soit-elle, est une erreur profonde et constitue même un recul pour la
gauche et pour le pays.
Car l’individu n’est ni malade, ni en demande de soins. En tous les cas, il n’appartient pas aux
politiques d’en statuer. Non, il demande à pouvoir agir en toute liberté car partout il est empêché.
Un chômeur en fin de droit, par exemple, n’est pas malade de ne pas avoir de travail, il est empêché dans sa
capacité d’agir et de répondre aux besoins essentiels de sa famille. Cette distinction n’est pas superficielle,
elle est primordiale car elle fonde tout le rapport démocratique que l’individu entretient avec la
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