Question orale Véronique Salvi à la Ministre Greoli : Le cahier de revendicat...
L'avenir prisons - mars 2017
1. 8 L’INFO MERCREDI 22 MARS 2017
O
n connaît bien sûr les chif
fres du vieillissement de la
population. Les plus de 65
ans devraient être presque trois
fois plus nombreux d’ici à 2050.
Mais ce vieillissement pourrait
aussi permettre la création de
70 000 emplois en Wallonie dans
les 15 années à venir : on parle
d’une « silver économie », ou le
marché des cheveux argentés,
soit l’ensemble des activités de
biens ou de services liées aux per
sonnes âgées. Logement, tou
risme, santé, autonomie, loisirs,
technologies diverses, etc.
La formule entre doucement
dans le langage commun chez
nous. Les députés wallons ont
commencé à creuser le sujet.
Leurs travaux les ont notam
ment déjà menés en France, où la
filière « silver économie » existe
depuis 2013. Étape suivante : hier,
en commissions réunies de l’Éco
nomie et de l’Action sociale, une
proposition de résolution portée
par le député cdH Dimitri Fourny
a été adoptée à l’unanimité.
Elle suggère donc au gouverne
ment wallon de soutenir le déve
loppement d’une filière du
même acabit. « Il faut des mesures
pour soutenir les PME et toutes les
activités existantes au service des
personnes âgées », résume Fourny.
La France en plein essor
Soutien sans réserve des minis
tres wallons Marcourt (Écono
mie) et Prévot (Action sociale).
« Il ne s’agit pas de voir les seniors
comme un marché juteux. C’est le
marché qui doit être au service des
personnes âgées, pas l’inverse. Il faut
d’abord identifier les besoins exis
tants, allier bienêtre des personnes
âgées et création d’emplois », ras
sure Dimitri Fourny.
« En France, la filière va représen
ter un marché de 130 milliards € à
l’horizon 2020, soit une croissance de
41 %. La Silver Valley en région pa
risienne rassemblée 260 membres,
fournisseurs de biens, collectivités,
startup, etc. » explique encore le
député wallon.
D’autres missions doivent en
core être programmées, notam
ment à Metz. ■ P.S.
EMPLOI
L’économie des seniors :
une « silver valley » wallonne
● Pascale SERRET
«Q
uand on parle des pri
sons, on s’émeut souvent
des problèmes de récidi
ves, de la surpopulation,
des mètres carrés… On parle trop
de briques, pas assez de l’humain »,
considère Maxime Prévot.
Le ministre wallon de la Santé
a donc commandé il y a quel
ques mois un rapport parlemen
taire sur la santé des détenus
dans les prisons wallonnes.
C’est la députée Véronique Salvi
(cdH) qui s’y est collée. Elle l’a
présenté hier à ses collègues, en
commission de l’Action sociale
et de la Santé. On pouvait le
pressentir : son rapport est acca
blant.
Elle partait de rien, vivait avec
son paquet d’a priori sur les dé
tenus. Aujourd’hui, après avoir
tâté du terrain jusque dans les
cachots de sept prisons wallon
nes (Andenne, Jamioulx, Lantin,
LeuzeenHainaut, Marcheen
Famenne, Tournai et Namur),
rencontré des médecins, des in
firmiers, des détenus, des asso
ciations, elle dit avoir complète
ment changé sa manière de voir.
1. Zéro stats Les chiffres
déjà n’existent pas. « On
n’a pas de statistiques sur la santé
des détenus. À part le taux de mor
talité et les suicides… » résume Vé
ronique Salvi.
2. Santé, le parent
pauvre La santé, le ca
det des soucis des autorités ? Les
moyens sont en tout cas ri
kiki. Si un détenu coûte en
moyenne 49 000 €/an, sa santé
pèse 6 % de la charge (3 000 €/
an/détenu). « Ça peut paraître
beaucoup, mais la situation reste
dramatique. Les médecins sont de
moins en moins nombreux, le turn
over des infirmiers est de 20 à 25 %
et, en 3 ou 4 heures de temps, un mé
decin voit environ 30 déte
nus. Autant dire qu’ils n’ont de
temps que pour le curatif, pas pour
la prévention », relève la députée.
3. Les médocs, à défaut
Puisqu’on ne peut pas
soigner en profondeur les déte
nus, on compense avec les médi
caments. Ils en prennent beau
coup, souvent trop. Au moins,
ça les fait dormir… « C’est encore
souvent les agents pénitentiaires
qui distribuent les médicaments.
Autant dire que le secret profession
nel dans tout ça… »
4.Dépistage ? Pas moins
de 42 % des détenus con
somment des psychotropes : des
médicaments, de la cocaïne, du
cannabis, de l’héroïne, etc. Ils
courent 16 fois plus de risques
de devenir tuberculeux. En tout
cas, pour peu qu’on puisse se
fier aux maigres données dispo
nibles. Le dépistage du sida ? Il
n’y en a pas. On ne parle pas des
tatouages que 12 % des détenus
se font faire en prison, « sans se
ringues, avec des bics qu’on
vide ». Ni de l’alimentation (« à
3,58 € le budget pour 3 repas par
jour, il n’y a pas de miracle… »),
des dossiers médicaux qui ne
suivent pas le détenu, encore
moins de la santé mentale. « Je
défie quiconque de sortir intact de 3
ou 4 ans de prison, dans ces condi
tions de promiscuité, d’hygiène, en
core aujourd’hui… » La députée
prévient : « Ce dossier n’est pas du
tout porteur politiquement. » Mais
elle conclut avec 27 recomman
dations (cicontre), surtout pour
le fédéral. Une proposition de
résolution doit suivre. ■
SANTÉ
Prisons : des détenus mal en point
La santé en prison est au cœur d’un rapport
parlementaire wallon. Les chiffres manquent, mais
c’est une réalité qui fait enfin son entrée en politique.
La Région est compétente pour la
promotion de la santé.Y compris
en prison. Le chantier est
immense.
LUDOVIC/REA
L’
initiative est partie de Face
book. Le directeur de commu
nication au CHU de Liège,
Louis Maraite, lance un appel à
l’aide : Mathieu, un éleveur de
Lierneux est en grande détresse. Il
n’en peut plus. Burnout, endette
ment… Et la réponse va être là, très
vite. La solidarité se met en place.
Tout le monde veut l’aider. Avec
l’eurodéputé Marc Tarabella,
Louis lance même une page sur
Facebook « SOS agriculteurs wal
lons en détresse ». Parce que, en ef
fet, combien de Mathieu en Wal
lonie ?
C’est précisément cette problé
matique que le groupe PS du Parle
ment wallon approche en ce mo
ment, avec un texte qu’il défendra
aujourd’hui en séance plénière. Il
propose un meilleur suivi de la so
litude sociale des agriculteurs.
L’initiative a déjà été débattue et
votée en commission, où elle a été
adoptée à l’unanimité.
« Il est urgent de s’attaquer à ce mal
sourd et profond qui touche le monde
agricole : le suicide », disent les por
teurs du texte (les députés Cou
rard, Prévot, Poulin, Lefebvre, Stof
fels et Collignon).
La priorité va à l’amélioration
des procédures visant au soutien
social des agriculteurs. Mais le
groupe propose aussi de mieux
cerner la situation en comman
dant une étude sur les chiffres du
suicide des agriculteurs, avec
aussi une analyse du taux de pré
carité des familles d’agriculteurs
(endettement et surendettement).
Ceci dit, on ne part pas tout à fait
de zéro en matière d’assistance
aux agriculteurs. L’association
Agricall Wallonie bat déjà la cam
pagne depuis plus de
15 ans. L’ASBL se spécialise dans
l’accompagnement des agricul
teurs en difficultés, qu’elles soient
économiques, psychologiques,
techniques, sociales ou juridiques.
« Hélas, Agricall ne peut intervenir
qu’à la demande des agriculteurs eux
mêmes, alors qu’une intervention an
ticipée pourrait prévenir de situations
difficiles, note les signataires du
texte. Les partenaires des agricul
teurs comme les vétérinaires de
vraient pouvoir faire des signale
ments à Agricall. Et surtout qu’ils
soient suivis d’une visite à domicile ou
d’une prise en charge. » ■ P.S.
AGRICULTURE
La solitude sociale des fermiers
À l’heure où les réseaux
sociaux se mobilisent
pour aider un
agriculteur wallon en
détresse, le Parlement
wallon tente d’agir.
Et si on tentait de briser la
solitude des agriculteurs
wallons ?
IMAGEGLOBE
VITE DIT
Extirper la santé du
sécuritaire Les
recommandations de Véronique
Salvi s’adressent finalement
surtout au fédéral, la Région
n’étant compétente que pour la
prévention et la promotion de la
santé. Elle propose avant tout
que les matièresSanté passent
du SPF Justice au SPF Santé.« Le
cursus aujourd’hui est
exclusivement sécuritaire ». Elle
plaide aussi pour que le SPF
Justice fournisse des chiffres
plus clairs.
« Cinq fruits et légumes »,
vraiment ? Le chantier est
immense pour amorcer une
promotion et une prévention de
la santé en prison. Et vu le
niveau de l’alimentation intra-
muros, le ministre Prévot se voit
mal aller coller des affichettes
préconisant les fameux 5 fruits
et légumes par jour. « Ce ne
serait pas respectueux face aux
manques en termes de santé et
d’hygiène », grince-t-il. Mais on
peut tenter entre autres de
s’insérer dans « une case encore
trop vide » : le concept élargi de
réductions des risques pour la
santé mentale et les
assuétudes… Financer des
emplois dédiés à la promotion
de la santé en prison ? Maxime
Prévot ne promet rien.Il verra ce
qu’il peut dégager au budget
wallon.