Conférence donnée dans le cadre du 1er colloque " Créer une collectivité intelligente à votre mesure" http://collectivite-intelligente.com/, Victoriaville, 14 octobre 2015.
9. Le lieu urbain
“...le véritable lieu urbain est celui qui nous modifie, nous ne
serons plus en le quittant celui que nous étions en y
pénétrant” Pierre Sansot
f ( )
Faire le lien avec ce qui a été dit sur ville intelligente (Paul) et la question plus spécifique, et sérieuse, de la gouvernance (Sehl).
Je dois avouer que je n’ai pas beaucoup, et de moins en moins l’idée de parler de ville intelligente, elle laisse penser qu’il existe des villes qui ne le sont pas.
Mais il faut bien reconnaître que notre monde change et que ces changements (économiques, sociaux, démographiques…) qui pris à l’échelle planétaire impactent les domaines de la santé, de la sécurité, de la sécurité alimentaire en particulier, se réalisent à des vitesses et des rythmes qui ne permettront plus les modes de transition « doux », mai vont inévitablement impliquer des ruptures, certaines douloureuses.
Le numérique est à la fois une cause profonde de changement en même temps qu’une de ses composantes. L’essentiel est d’en faire un instrument permettant de monter en puissante la capacité de résilience et et le caractère « durable » des regroupements humains.
La vertu de ces discussions sur la ville intelligente, et ont peu remercier les géants des TI qui n’avaient sans doute pas cela en tête lorsqu’ils ont flairé ce marché juteux, et que justement elles remettent au cœur des débats de société la question de l’urbanité (plus que de la ville) et je vais m’expliquer.
L’urbanité décrit les spécificités, points de vue, réactions et modes de pensée associés au fait de vivre en ville. La racine latine « urbanitas », qui définit les qualités humaines acquises en société.
Jacques Lévis propose de définir ce qui fait la ville par son urbanité, c'est-à-dire par la conjonction de deux facteurs : densité et diversité des objets de société. Ne séparant plus les villes des non-villes, l’urbanité permet de qualifier des sous-espaces selon des gradients d’urbanité, c'est-à-dire de l’urbanité la plus grande, à l’urbanité la plus faible. . Ce modèle comparatif devient ainsi un instrument de mesure élémentaire et universel de la ville
Je parle d’avantage d’urbanité que de ville et cela pour deux raisons essentielles :
La première c’est que la ville telle que conçue au moyen âge par opposition aux campagnes et surtout telle que définitivement scellée à l’époque industrielle n’existe plus. Ce mode d’organisation spatiale des activités humaines ne fonctionne plus
La seconde c’est que l’on assiste depuis quelques décennies déjà à un véritable nivèlement des comportements traditionnellement caractéristiques des villes et des « campagnes », des milieux ruraux. Les ruptures entre ces deux modes d’organisation spatiale des sociétés humaines s’apparentent par ailleurs de plus en plus à des continuum (le péri-urbain français, les banlieues…). Bien sur cela ne veut pas dire que les différences n’existent plus (surtout dans des milieux les plus singuliers), mais cela signifie que les modes de vie, le comportements face à la consommation, à l’information… sont de moins en moins différents.
Cela justifie pleinement en tout cas de se poser la question de l’intelligence urbaine au delà des frontières des grandes agglomérations caractérisées par des densités élevées et de diversités importantes. C’est bien pour cela que nous sommes là aujourd’hui.
Au fond trois idées me semblent centrales et c’est autour de ces trois idées que je vais organiser mes propos.
Intelligence urbaine
Raisonnement spatial (échelle, le lieux, le quartier…)
Engagement
Le terme est dérivé du latin intellegentia, « faculté de comprendre », dont le préfixe inter- (« entre »), et le radical legere (« choisir, cueillir ») ou ligare (« lier ») suggèrent essentiellement l'aptitude à lier des éléments entre eux.
Tout cela est très spatial… laissez moi vous raconter la petite histoire de John Snow
Épidémie de choléra de Broad Street (1854)
Il a l’idée de … doit se battre avec les fonctionnaires municipaux pour faire avancer son hypothèse
Et magie, l’analyse spatiale (ce qui est considéré comme le premier cas) permet de résoudre l’énigme et par la même d’endiguer l’épidémie de choléra.
Première loi de géographie de Tobler
Raisonner spatialement
Et au fond et je terminerai sur cette idée que je colporte depuis déjà quelques années maintenant, mais qui me semble être au cœur de la citoyenneté urbaine contemporaine.
L’idée que nous ne pourrons pas nous engager sans cultiver activement notre capacité à raisonner spatialement,
Échelle
Référentiel
Perspective
Sortir de notre perception égocentrée / allocentrée
Distance
Corrélation spatiales
Anomalies spatiales
Le coeur de tout cela, le coeur des urbanités c’est le lieux….
Je partage mon point de vue avec vous. Le lieu est une fonction d’un nom, d’un évènement et d’une localisation
Certains sont permanents, certains sont ephèmères, certains sont récurrents, certains sont mobiles, dans le temps et dans l’espaces,
Mais ce sont bien les lieux mis en opération et en tension par le jeux des densités, des mobilités, de la diversité de l’altérité qui façonnent les urbanités contemporaines.
Intelligence des lieux. La capacité à décrypter leur genèse, leur dynamique, leurs interrelations.
Il n’a jamais été aussi important pour le citoyen urbain de s’engager, précisément car l’intelligence urbaine, cette sciences des lieux urbains, ne peut pas être sans une composante citoyenne marquée, pas seulement comme contrepouvoir comme le préconise Chomsky ou Saski Sassen, mais aussi comme source de connaissances sensibles des lieux.
Les sciences citoyennes sont en réalité une innovation ancienne… tradition des naturalistes amateurs, dans le fil des sociétés savantes des siècles passés, remises au gout du jour sous l’ impulsion au web 2 et à la géolocalisation mobile en particulier.
Pression, gérer les attentes et frustrations
Pas un marché de dupes, jouer le jeux d’une nouvelle forme de démocratie plus directe, c’est le prix de l’intelligence urbaine moderne
Des espaces qui apprennent mais aussi des espaces d’apprentissage