1. Qui est Marie CURIE ?
Polonaise naturalisée française, Maria Salomea Sklodowska est née le 7 novembre 1867 à
Varsovie et est morte le 4 juillet 1934 à Sancellemoz en France. Elle est née sous le signe
des sciences, d’un père professeur de mathématiques et de sciences physiques et d’une
mère institutrice. Brillante élève, elle excelle dans toutes les matières et obtient son
diplôme de fin d’études avec une médaille d’or en 1883. Mais dans la Pologne à cette
époque, l’accès des universités est interdit aux femmes. Maria s’exile donc à Paris en 1892
pour poursuivre ses études de sciences à la Sorbonne où elle finit la première de sa
promotion, et deviendra même la première femme à enseigner à la Sorbonne. Elle obtient
en 1903 le prix Nobel de physique avec son mari Pierre Curie pour leurs travaux sur la
radioactivité ; prix qu’ils partagent avec Henri Becquerel. En 1911, elle obtient son second
prix Nobel, cette fois-ci en chimie, pour ses travaux sur le polonium et le radium.
Son parcours reste encore aujourd’hui unique : elle est la seule femme à avoir reçu deux
prix Nobel dont celui de physique ; l’unique lauréate de la Médaille Davy qu’elle partage
avec son mari ; la première femme à enseigner à la Sorbonne. Elle est toujours la seule
femme honorée au Panthéon pour ses propres mérites. Entre-temps, elle fut mère de deux
filles, Irène, scientifique et prix Nobel de chimie, et Eve, femme de Lettres ; mobilisée
pendant la seconde guerre mondiale, elle crée les « Petites Curies », des unités
chirurgicales mobiles de radiographies et part jusque sur le front pour soigner les blessés.
L’année 2011 fête le centenaire du prix Nobel de chimie de Marie Curie et met à l’honneur
une femme extraordinaire dont le parcours reste, encore en France, exceptionnel.
Contexte historique et scientifique :
Les travaux de Marie Curie s’inscrivent dans une période de fort développement industriel
qui caractérise le XIXème siècle en Europe. L’équilibre politique républicain que connaît la
France en cette fin de siècle permet de grandes transformations économiques, politiques et
sociales. C’est dans ce contexte et dans un esprit progressiste que Marie Curie développe
ses recherches sur la radioactivité. Elle appliquera les résultats de sa recherche
essentiellement dans le domaine médical, à l’Institut du Radium.
C’est à l’École supérieure de physique et de chimie industrielles de la ville de Paris, qu’au
printemps 1896, le physicien français Henri Becquerel met en évidence un phénomène bien
mystérieux : l’uranium émet continuellement, et sans qu’une exposition à la lumière soit
nécessaire, un rayonnement pénétrant de nature encore inconnue. Marie Curie choisit
comme sujet de thèse l’étude de ces rayonnements, que l’on nomme alors « rayons
uraniques ». Elle les observe d’abord sur le thorium et remarque l’intensité anormalement
élevée du rayonnement émis par certaines impuretés de la pechblende, minerai d’uranium.
Pierre Curie abandonne son travail sur les cristaux pour assister sa femme dans l’étude de
ce phénomène. Cette étude aboutit, après un travail acharné, à la découverte successive,
en 1898, de deux radioéléments nouveaux, le polonium, ainsi baptisé en hommage au pays
natal de Marie, et le radium. L’activité des deux atomes en fut mesurée et cette découverte
remit en cause la conception grecque antique qui stipulait que la matière était insécable et
éternelle, et qu’il existait donc un nombre fini d’atomes stables.
Découverte(s) principale(s) et retombées :
La radioactivité connaît de nombreuses applications scientifiques et techniques. Dans le
domaine de la santé, les rayonnements découverts par les Curie ont donné naissance à la
radiologie. Pendant la guerre 14-18, cette technique a permis d’améliorer la qualité des
soins apportés aux blessés en localisant précisément les balles reçues. Aujourd’hui, ces
rayonnements permettent de traiter certains cancers par radiothérapie. À l’origine de ces
recherches, l’Institut du Radium dédié à la recherche médicale contre le cancer qui réunit
l’équipe de physique-chimie dirigée par Marie Curie et le laboratoire Pasteur consacré à la
radiothérapie.

2. La radioactivité est également utilisée en géochimie isotopique. Elle permet, par exemple,
de dater des roches ou des échantillons contenant de la matière organique récente, par la
technique du carbone 14 (datation).
Anecdote :
Marie Curie est un modèle pour de nombreuses femmes du début du XXème siècle et
celles-ci le lui rendent bien : au cours des années 1920, deux collectes auprès des
Américaines lui permettent de financer ses recherches. Le 20 mai 1921, lors de son
premier voyage aux États-Unis, elle peut acheter un gramme de radium à l’usine de
Pittsburgh, suite à une collecte de 100 000 dollars auprès des femmes américaines,
organisée par la journaliste Marie Mattingly Meloney. En 1929, toujours grâce aux femmes
américaines, elle reçoit un nouveau gramme de radium, dont elle fait don à l’Université de
Varsovie.
Jelena Jeftic
Enseignante-chercheuse, École Nationale Supérieure de Chimie de Rennes.
I Répondez aux questions suivantes :
1. Qu’est-ce qui a prédisposé Marie Curie à la carrière qu’elle a eue ?
2. En quoi la carrière de Marie Curie est-elle exceptionnelle ?
3. Que signifie l’expression « pour ses propres mérites » ici à votre avis ?
4. En quoi le contexte historique et politique favorisa-t-il le développement des recherches
de MC ?
5. Comment MC en vient-elle à s’intéresser à la radioactivité ?
6. Qu’est-ce que ses découvertes ont remis en question ?
7. Trouvez dans le texte un synonyme du mot « répercussions ».
8. À quoi exactement ont servi les « Petites Curies » pendant la guerre de 14-18 ?
9. En quoi MC fut-elle une féministe de la première heure ?
10. Mettre tout le texte au passé simple
II Discussion et production écrite/orale façon mini-programme radio:
Si, au lieu de naître en 1867 à Varsovie, MC était née en 1987 à Paris ou Madrid, a votre
avis quels seraient son parcours et sa vie aujourd’hui ?