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Le Complexe gingivo­stomatite chronique féline : aspects immunopathologiques
 
 
 
Le complexe gingivo­stomatite chronique féline (CGSCF) est l’ensemble des affections buccales du chat caractérisées par une inflammation chronique d’une ou plusieurs
régions de la bouche.
Ces affections, dont les mécanismes restent inconnus à ce jour, sont le plus souvent rebelles aux traitements et représentent un véritable défi thérapeutique pour le
clinicien. Plusieurs éléments montrent clairement l’intervention d’une composante immunopathologique.
 
Caractéristiques cliniques et biologiques
Plusieurs éléments épidémiologiques, cliniques, lésionnels et biologiques méritent d’être notés :
Certaines races de chats semblent prédisposées au CGSCF (siamois, abyssins, persans, himalayens). Ceci suggère l’intervention d’une composante génétique.
L’inflammation peut concerner le palais et/ou la base de la langue (palato­glossites), les gencives (gingivites), les joues, babines et vestibule oral (bucco­stomatites) et/ou
les plis et fosses palatoglosses .
 
Les lésions observées sont soit hyperplasiques (réponse inflammatoire réparatrice exacerbée), soit ulcéreuses (destruction de l’épithélium mucosal).
Chez les jeunes, on observe fréquemment une forme hyperplasique : on parle alors de « gingivite hyperplasique juvénile » .
Les  lésions  sont  caractérisées  à  l’histologie  par  un  infiltrat  lympho­plasmocytaire,  caractérisant  une  réponse  immunitaire  exacerbée.  De  plus,  une
hypergammaglobulinémie est fréquemment rencontrée.
­ Les cytokines IFNγ, IL2, IL12, IL6 et IL10 sont retrouvées dans les lésions en quantité augmentée.
­ Les IgG et IgM sont augmentées dans le sang et la salive.
­ Les IgA sont augmentées dans le sang et diminuées dans la salive.
­ Les lésions contiennent de nombreux LT CD8+ (précurseurs des LT cytotoxiques).
 
Une réponse immunitaire de type Th1
La réponse immunitaire développée contre un antigène peut être de type Th1 ou Th2. L’orientation de la réponse vers Th1 ou Th2 dépend à la fois de l’agent contre lequel
est dirigée la réponse (virus, bactérie intracellulaire, bactérie extracellulaire) et du tissu dans lequel elle est mise en place. Il faut savoir que la réponse immunitaire ne peut
pas être mixte (à la fois Th1 et Th2) car les cytokines de la réponse Th1 inhibent la réponse Th2, et vice versa. Plusieurs éléments permettent d’affirmer que la réponse
immunitaire mise en place dans les lésions du CGSCF est de type Th1 (cf. figure 1) :
­ IFNγ, IL2 et IL12 sont caractéristiques de la réponse Th1. IL6 et IL10 ne permettent pas de conclure car ces cytokines peuvent intervenir aussi bien dans la réponse Th1
que dans la réponse Th2.
­ Lors d’une réponse Th1, les Ig synthétisées sont essentiellement les Ig pro­inflammatoires (i.e. IgG et IgM), alors qu’une réponse Th2 aboutit à la synthèse d’IgA
majoritairement.
­ L’immunité à médiation cellulaire, qui intervient lors d’une réponse Th1, fait intervenir des phénomènes cytotoxiques (notamment par l’action des LT cytotoxiques)
responsables de la dégradation de l’épithélium mucosal.
La réponse de type Th1 est à la fois cellulaire (LT cytotoxiques) et humorale (IgG et IgM). C’est une réponse inadaptée dans les muqueuses car les LT cytotoxiques
dégradent l’épithélium mucosal, provoquant l’exposition de la muqueuse à un nombre croissant d’antigène, aboutissant à l’exacerbation de la réponse immunitaire. De
plus, les IgG et IgM, qui sont des Ig pro­inflammatoires, activent le complément, favorisant le développement d’une réaction inflammatoire non spécifique importante,
aboutissant elle aussi à la dégradation de l’épithélium mucosal.
La réponse adaptée aux muqueuses est de type Th2. C’est une réponse uniquement humorale, qui fait appel aux IgA. Ces Ig sont capables de rejeter les agents bactériens
et viraux hors de l’organisme tout en préservant l’intégrité de l’épithélium mucosal.
 
La réponse de type Th1 prouve qu’une réponse immunitaire inadaptée intervient effectivement dans la pathogénie du CGSCF.Reste à savoir pourquoi la réponse est
orientée Th1. Dans l’organisme, d’une manière générale, les agents intracellulaires (bactéries intracellulaires et virus) induisent plutôt une réponse de type Th1, alors que
les agents extracellulaires induisent une réponse de type Th2. Mais ceci n’est pas valable dans les muqueuses, où la réponse normale, de type Th2, sera efficace aussi
bien sur les agents intracellulaires que sur les agents extracellulaires, grâces aux particularités d’action des IgA. Il est intéressant de noter qu’une population particulière de
LT appelés LT régulateurs (notamment les LT CD4+CD25+) ont un rôle modulateur de la réponse immunitaire, et sont indispensables au phénomène de tolérance, qui
permet de limiter les réactions inflammatoires aux niveau des muqueuses. En effet, sans ce système modulateur, les muqueuses étant sans cesse exposées à une
quantité importante d’Ag seraient constamment inflammées. Les LT régulateurs ont pou rôle de moduler la réponse immunitaire vis­à­vis des antigènes habituellement
rencontrés à la surface des muqueuses. Ils moduleraient surtout la réponse Th1. Un déficit quantitatif ou qualitatif de ces LT régulateurs, d’origine génétique par exemple,
pourrait être responsable de l’orientation Th1 et de l’exacerbation de la réponse immunitaire. Cependant, ceci ne reste qu’une hypothèse et aucune étude n’a été menée à
propos des LT régulateurs dans les lésions de CGSCF.
 
Les facteurs prédisposants
 
Plusieurs facteurs semblent prédisposer au CGSCF :
­ Certains virus : FCV (calicivirus félin) et FIV.
­ Les bactéries, elles­mêmes favorisées par la maladie parodontale ou les lésions odontoclastiques du collet.
Tous ces facteurs ne sont pas déterminants, mais simplement favorisants. En effet, aucun n’est retrouvé de façon systématique lors de CGSCF. Néanmoins, si l’on ne
s’intéresse qu’à la forme « stomatite caudale », on s’aperçoit que FCV est présent dans quasiment 100% des cas.
 
Proposition d’un schéma pathogénique
 
Il est possible, d’après les hypothèses que nous avons décrites, d’établir un schéma pathogénique hypothétique (cf. figure 2).
A la surface de la muqueuse, des antigènes viraux (FCV ou FIV) et/ou bactériens sont présentés aux LT par les cellules M présentes dans les tonsilles. Ces LT activés sont
alors orientés vers une réponse Th1, suite à un déficit des LT régulateur (ou par un autre mécanisme ?). La réponse Th1 est à la fois cellulaire, avec intervention des LT
cytotoxiques, et humorale, avec production d’IgG et d’IgM, responsables de la mise en place d’une réaction inflammatoire non spécifique. Par ailleurs, il est possible
qu’interviennent une réaction auto­immune : Un déficit des LT régulateurs peuvent conduire non seulement à une intolérance vis­à­vis d’antigènes étrangers, mais aussi
vis­à­vis du soi. Tout ceci conduirait à la destruction de l’épithélium mucosal, facilitant ainsi la pénétration d’antigènes de plus en plus nombreux dans la muqueuse,
activant un nombre de plus en plus grand de LT, etc… Un cercle vicieux s’installe et la réponse immunitaire s’emballe.
Plusieurs mécanismes distincts ?
 
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Etant donnée la multitude des formes lésionnelles et des bilans virologiques, il me paraît important de souligner que le CGSCF est avant tout un complexe, c'est­à­dire
un  ensemble  d’affections  distinctes.  Les  formes  lésionnelles  et  les  bilans  virologiques  permettent  de  distinguer  différentes  entités  auxquelles  peuvent  correspondre
différents  mécanismes  pathologiques.  Il  est  possible,  par  exemple,  que  les  «  stomatites  caudales  FCV­positives  FIV­négatives  »,  les  «  gingivites  hyperplasiques
juvéniles FCV­positives » et les « bucco­stomatites FIV­positives FCV­négatives » aient des mécanismes différents. Partant de cette hypothèse, il sera impossible de
découvrir les mécanismes du CGSCF tant que les études seront menées sur une population mélangeant les différentes formes de GSCF.
De  plus,  si  des  mécanismes  différents  sont  responsables  des  différentes  formes  lésionnelles,  on  peut  supposer  que  ces  dernières  nécessitent  des  traitements
différents. Par conséquent, si les études destinées à tester l’efficacité des traitements (corticoïdes, antibiotiques, interféron oméga, extractions…) ont donné jusqu’ici des
résultats souvent décevants, et surtout très hétérogènes en fonction des chats, c’est peut­être tout simplement parce que les différentes formes de GSCF y étaient étudiées
simultanément. L’étude de leur efficacité sur une seule forme lésionnelle aboutirait peut­être à des résultats beaucoup plus encourageants. De telles études, menées sur
des populations atteintes d’une même forme lésionnelle de GSCF, commencent à être mises en place. C’est le cas d’études récentes qui concernent exclusivement la
forme « stomatite caudale ».
D'aprés D.M et G.C
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  • 1. Le Complexe gingivo­stomatite chronique féline : aspects immunopathologiques       Le complexe gingivo­stomatite chronique féline (CGSCF) est l’ensemble des affections buccales du chat caractérisées par une inflammation chronique d’une ou plusieurs régions de la bouche. Ces affections, dont les mécanismes restent inconnus à ce jour, sont le plus souvent rebelles aux traitements et représentent un véritable défi thérapeutique pour le clinicien. Plusieurs éléments montrent clairement l’intervention d’une composante immunopathologique.   Caractéristiques cliniques et biologiques Plusieurs éléments épidémiologiques, cliniques, lésionnels et biologiques méritent d’être notés : Certaines races de chats semblent prédisposées au CGSCF (siamois, abyssins, persans, himalayens). Ceci suggère l’intervention d’une composante génétique. L’inflammation peut concerner le palais et/ou la base de la langue (palato­glossites), les gencives (gingivites), les joues, babines et vestibule oral (bucco­stomatites) et/ou les plis et fosses palatoglosses .   Les lésions observées sont soit hyperplasiques (réponse inflammatoire réparatrice exacerbée), soit ulcéreuses (destruction de l’épithélium mucosal). Chez les jeunes, on observe fréquemment une forme hyperplasique : on parle alors de « gingivite hyperplasique juvénile » . Les  lésions  sont  caractérisées  à  l’histologie  par  un  infiltrat  lympho­plasmocytaire,  caractérisant  une  réponse  immunitaire  exacerbée.  De  plus,  une hypergammaglobulinémie est fréquemment rencontrée. ­ Les cytokines IFNγ, IL2, IL12, IL6 et IL10 sont retrouvées dans les lésions en quantité augmentée. ­ Les IgG et IgM sont augmentées dans le sang et la salive. ­ Les IgA sont augmentées dans le sang et diminuées dans la salive. ­ Les lésions contiennent de nombreux LT CD8+ (précurseurs des LT cytotoxiques).   Une réponse immunitaire de type Th1 La réponse immunitaire développée contre un antigène peut être de type Th1 ou Th2. L’orientation de la réponse vers Th1 ou Th2 dépend à la fois de l’agent contre lequel est dirigée la réponse (virus, bactérie intracellulaire, bactérie extracellulaire) et du tissu dans lequel elle est mise en place. Il faut savoir que la réponse immunitaire ne peut pas être mixte (à la fois Th1 et Th2) car les cytokines de la réponse Th1 inhibent la réponse Th2, et vice versa. Plusieurs éléments permettent d’affirmer que la réponse immunitaire mise en place dans les lésions du CGSCF est de type Th1 (cf. figure 1) : ­ IFNγ, IL2 et IL12 sont caractéristiques de la réponse Th1. IL6 et IL10 ne permettent pas de conclure car ces cytokines peuvent intervenir aussi bien dans la réponse Th1 que dans la réponse Th2. ­ Lors d’une réponse Th1, les Ig synthétisées sont essentiellement les Ig pro­inflammatoires (i.e. IgG et IgM), alors qu’une réponse Th2 aboutit à la synthèse d’IgA majoritairement. ­ L’immunité à médiation cellulaire, qui intervient lors d’une réponse Th1, fait intervenir des phénomènes cytotoxiques (notamment par l’action des LT cytotoxiques) responsables de la dégradation de l’épithélium mucosal. La réponse de type Th1 est à la fois cellulaire (LT cytotoxiques) et humorale (IgG et IgM). C’est une réponse inadaptée dans les muqueuses car les LT cytotoxiques dégradent l’épithélium mucosal, provoquant l’exposition de la muqueuse à un nombre croissant d’antigène, aboutissant à l’exacerbation de la réponse immunitaire. De plus, les IgG et IgM, qui sont des Ig pro­inflammatoires, activent le complément, favorisant le développement d’une réaction inflammatoire non spécifique importante, aboutissant elle aussi à la dégradation de l’épithélium mucosal. La réponse adaptée aux muqueuses est de type Th2. C’est une réponse uniquement humorale, qui fait appel aux IgA. Ces Ig sont capables de rejeter les agents bactériens et viraux hors de l’organisme tout en préservant l’intégrité de l’épithélium mucosal.   La réponse de type Th1 prouve qu’une réponse immunitaire inadaptée intervient effectivement dans la pathogénie du CGSCF.Reste à savoir pourquoi la réponse est orientée Th1. Dans l’organisme, d’une manière générale, les agents intracellulaires (bactéries intracellulaires et virus) induisent plutôt une réponse de type Th1, alors que les agents extracellulaires induisent une réponse de type Th2. Mais ceci n’est pas valable dans les muqueuses, où la réponse normale, de type Th2, sera efficace aussi bien sur les agents intracellulaires que sur les agents extracellulaires, grâces aux particularités d’action des IgA. Il est intéressant de noter qu’une population particulière de LT appelés LT régulateurs (notamment les LT CD4+CD25+) ont un rôle modulateur de la réponse immunitaire, et sont indispensables au phénomène de tolérance, qui permet de limiter les réactions inflammatoires aux niveau des muqueuses. En effet, sans ce système modulateur, les muqueuses étant sans cesse exposées à une quantité importante d’Ag seraient constamment inflammées. Les LT régulateurs ont pou rôle de moduler la réponse immunitaire vis­à­vis des antigènes habituellement rencontrés à la surface des muqueuses. Ils moduleraient surtout la réponse Th1. Un déficit quantitatif ou qualitatif de ces LT régulateurs, d’origine génétique par exemple, pourrait être responsable de l’orientation Th1 et de l’exacerbation de la réponse immunitaire. Cependant, ceci ne reste qu’une hypothèse et aucune étude n’a été menée à propos des LT régulateurs dans les lésions de CGSCF.   Les facteurs prédisposants   Plusieurs facteurs semblent prédisposer au CGSCF : ­ Certains virus : FCV (calicivirus félin) et FIV. ­ Les bactéries, elles­mêmes favorisées par la maladie parodontale ou les lésions odontoclastiques du collet. Tous ces facteurs ne sont pas déterminants, mais simplement favorisants. En effet, aucun n’est retrouvé de façon systématique lors de CGSCF. Néanmoins, si l’on ne s’intéresse qu’à la forme « stomatite caudale », on s’aperçoit que FCV est présent dans quasiment 100% des cas.   Proposition d’un schéma pathogénique   Il est possible, d’après les hypothèses que nous avons décrites, d’établir un schéma pathogénique hypothétique (cf. figure 2). A la surface de la muqueuse, des antigènes viraux (FCV ou FIV) et/ou bactériens sont présentés aux LT par les cellules M présentes dans les tonsilles. Ces LT activés sont alors orientés vers une réponse Th1, suite à un déficit des LT régulateur (ou par un autre mécanisme ?). La réponse Th1 est à la fois cellulaire, avec intervention des LT cytotoxiques, et humorale, avec production d’IgG et d’IgM, responsables de la mise en place d’une réaction inflammatoire non spécifique. Par ailleurs, il est possible qu’interviennent une réaction auto­immune : Un déficit des LT régulateurs peuvent conduire non seulement à une intolérance vis­à­vis d’antigènes étrangers, mais aussi vis­à­vis du soi. Tout ceci conduirait à la destruction de l’épithélium mucosal, facilitant ainsi la pénétration d’antigènes de plus en plus nombreux dans la muqueuse, activant un nombre de plus en plus grand de LT, etc… Un cercle vicieux s’installe et la réponse immunitaire s’emballe. Plusieurs mécanismes distincts ?            Suivre ce blog Rechercher    Connexion Créer mon blog 
  • 2. Etant donnée la multitude des formes lésionnelles et des bilans virologiques, il me paraît important de souligner que le CGSCF est avant tout un complexe, c'est­à­dire un  ensemble  d’affections  distinctes.  Les  formes  lésionnelles  et  les  bilans  virologiques  permettent  de  distinguer  différentes  entités  auxquelles  peuvent  correspondre différents  mécanismes  pathologiques.  Il  est  possible,  par  exemple,  que  les  «  stomatites  caudales  FCV­positives  FIV­négatives  »,  les  «  gingivites  hyperplasiques juvéniles FCV­positives » et les « bucco­stomatites FIV­positives FCV­négatives » aient des mécanismes différents. Partant de cette hypothèse, il sera impossible de découvrir les mécanismes du CGSCF tant que les études seront menées sur une population mélangeant les différentes formes de GSCF. De  plus,  si  des  mécanismes  différents  sont  responsables  des  différentes  formes  lésionnelles,  on  peut  supposer  que  ces  dernières  nécessitent  des  traitements différents. Par conséquent, si les études destinées à tester l’efficacité des traitements (corticoïdes, antibiotiques, interféron oméga, extractions…) ont donné jusqu’ici des résultats souvent décevants, et surtout très hétérogènes en fonction des chats, c’est peut­être tout simplement parce que les différentes formes de GSCF y étaient étudiées simultanément. L’étude de leur efficacité sur une seule forme lésionnelle aboutirait peut­être à des résultats beaucoup plus encourageants. De telles études, menées sur des populations atteintes d’une même forme lésionnelle de GSCF, commencent à être mises en place. C’est le cas d’études récentes qui concernent exclusivement la forme « stomatite caudale ». D'aprés D.M et G.C Partager cette page       Published by   Repost 0