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Université de Perpignan Via Domitia
Master 1ère
Année BIMoPoDD, Biologie Intégrée : Molécules, Populations et Développement Durable
-Parcours Professionnel-
Année Universitaire 2012-2013
Sous la direction de : Nathalie GILABERTE
Fédération Départementale des Chasseurs des Pyrénées-Orientales (FDC66),
47 avenue Giraudoux BP 91021 - 66101 Perpignan CEDEX
Tel : 04.68.08.21.41 - Fax : 04.68.08.21.42
L’IMPLICATION DU MONDE CYNEGETIQUE DANS LA CONSERVATION DES
ESPECES D’INTERET COMMUNAUTAIRE :
DEVELOPPEMENT D’UN RESEAU DE CULTURES A BUT FAUNISTIQUE ET
ENVIRONNEMENTAL SUR LA ZPS BASSES-CORBIERES (66)
Nicolas PUIGMAL
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Remerciements
Je tiens à remercier le Président et le Directeur de la Fédération Départementales des
Chasseurs des Pyrénées-Orientales, respectivement M. Alain ESCLOPE et M. Gilles TIBIE
pour m’avoir permis de réaliser ce stage au sein de leur structure ainsi que pour leur accueil
chaleureux.
Je remercie chaleureusement ma tutrice Nathalie GILABERTE pour tout le temps
consacré à l’encadrement de mon stage, pour son dévouement, sa patience et pour les
corrections apportées à ce mémoire.
Mes remerciements s’adressent également à toute l’équipe de la Fédération :
Benjamin, Christian, Christine, Cyril, Fabien, Jérôme, Julie, Olivier, Paul et Sandra. J’ai été
très touché par leur accueil, leur sympathie, leur joie de vivre, leur bonne humeur mais surtout
leur disponibilité tout au long du stage, répondant et m’apprenant tous les jours un peu plus
sur leur travail mais également leur passion.
Je n’oublierai pas non plus l’accueil de l’équipe de la commune et de l’ACCA de
Claira qui m’ont permis de réaliser bon nombre de sortie, toujours dans la joie et la
convivialité.
Je remercie finalement M. Michel FORT pour sa bienveillance, son amitié et pour
m’avoir non seulement guidé vers cette structure mais également pour m’avoir soutenu dans
mes démarches. Ses conseils et son dévouement sont pour beaucoup dans la bonne mise en
œuvre de mon projet professionnel.
Crédits photographiques pour la page de garde :
- Nicolas PUIGMAL (photographies du centre et de droite)
- Fédération Départementale des Chasseurs des Pyrénées-Orientales (photographie de
gauche)
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Sommaire
Glossaire et Abréviations
Introduction.......................................................................................................................... 1
I- Matériels et Méthodes............................................................................................. 4
I.1- Contexte de la zone d’étude .................................................................................... 4
I.1.1- Les problématiques en Languedoc-Roussillon : crise viticole, urbanisme et
biodiversité.......................................................................................................................... 4
I.1.2- Territoire d’étude : La ZPS Basses-Corbières et la commune de Calce ................... 6
I.2- Un aménagement cynégétique incontournable : les cultures faunistiques.. 9
I.2.1- Présentation du dispositif .......................................................................................... 9
I.2.2- Mise en place des cultures...................................................................................... 12
I.3- Démarche de communication et de concertation.............................................. 15
I.3.1- Réalisation des documents de supports................................................................... 15
I.3.2- Réorientation de mission......................................................................................... 17
II- Résultats....................................................................................................................... 19
II.1- Retombées des cultures faunistiques................................................................ 19
II.2- Natura 2000 : une parenthèse de 2 ans.............................................................. 22
III- Discussion et perspectives............................................................................... 23
Conclusion.......................................................................................................................... 25
Bibliographie........................................................................................................................ 26
Annexes...............................................................................................................28
Annexe 1 : ........................................................................................................29
Annexe 2 : ........................................................................................................30
Annexe 3 : ........................................................................................................31
Annexe 4 : ........................................................................................................32
Annexe 5 : ........................................................................................................33
0
Glossaire et Abréviations
Remarques : les termes précédés de « * » renvoient au glossaire
Adventices : plante qui pousse spontanément dans une culture et qui peut entrer en
compétition avec l’espèce cultivée.
Allogène : organisme étranger du milieu d’étude.
Appétence : intensité avec laquelle une plante est consommée par un animal. Cette intensité
peut être variable selon le stade de développement de la plante.
Auxiliaire : regroupe les organismes (insectes, mammifère, etc) ayant une action de
régulation sur les espèces déprédatrices (ex : larves de coccinelle consommant les pucerons).
Avifaune : ensemble des espèces d’oiseaux présent dans une zone d’étude.
Cynégétique : qui concerne la chasse.
Déprédateurs : organismes occasionnant des dégâts sur des biens humains (ex : cultures
agricoles, élevages, etc).
Disquage : travail du sol réalisé avec de larges disques métalliques et visant à aérer le sol.
Lisière : espace à l'interface de deux milieux (synonyme : écotone)
Entomofaune : ensemble des espèces d’insectes présent dans une zone d’étude.
Estive : pâturage en montagne pratiqué l’été dans les Pyrénées. Dans les Alpes on parle
d’alpage.
Garenne : ensemble des terriers du lapin et par extension de l’espace dans lequel il vit.
Girobroyage : action de broyer des végétaux.
Messicoles : désigne les plantes annuelles qui poussent dans les champs de céréales. On y
retrouve des espèces aux couleurs ternes comme des espèces aux couleurs vives.
G & A
0
Produit phytosanitaire : produit utilisé sur les végétaux afin de prévenir les maladies liées
aux micro-organismes (bactéries, champignons, etc). On utilise également se terme pour
désigner les produits visant à limiter le développement d’insectes ou de plantes non
désirables.
ACCA : Association Communale de Chasse Agréée
AICA : Association Intercommunale de Chasse Agréée
BC : Basses-Corbières
CEN LR : Conservatoire des Espaces Naturels du Languedoc-Roussillon
CF : Cultures Faunistiques
CREN : Conservatoire Régional des Espaces Naturels
DH : Directive Habitats
DIREN : Direction Régionale de l’Environnement
DO : Directive Oiseaux
DOCOB : Documents d’Objectifs
DREAL : Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement
FDC66 : Fédération Départementale des Chasseurs des Pyrénées-Orientales
FRC : Fédération Régionale des Chasseurs
LR : Languedoc-Roussillon
N2000 : Natura 2000
ONCFS : Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage
PO : Pyrénées-Orientales
SDGC : Schéma Départemental de Gestion Cynégétique
SIG : Système d’Information Géographique
ZNIEFF : Zone Naturelle d’Intérêt Economique, Faunistique et Floristique
ZPS : Zone de Protection Spéciale
ZSC : Zone Spéciale de Conservation
G & A
1
Introduction
Ce rapport s’inscrit dans le cadre du stage de 2nd
semestre de la 1ère
année de Master
BiMoPoDD de l’Université de Perpignan Via Domitia. Le stage a été réalisé du 11 février au
3 mai 2013 à la Fédération Départementale des Chasseurs des Pyrénées-Orientales (FDC66),
une association Loi 1901 agréée au titre de la protection de l’environnement (AP n°2013057-
0002 du 26/02/2013). Elle est dirigée par un Conseil d’Administration composé de 16 élus,
un Président, des personnels administratifs et techniques.
La FDC66 regroupe et représente l’ensemble des Associations (inter-)Communales
des Chasseurs Agréées (ACCA et AICA) et des chasses gardées. Ainsi fédérés, les chasseurs
ont rédigés le Schéma Départemental de Gestion Cynégétique* (SDCG) qui fixe les
orientations de gestion sur une période de six ans. La Loi chasse 2000 a modifié les statuts des
FDC et a donné une dimension plus environnementale à ces structures en les impliquant dans
la gestion de l’ensemble de la faune sauvage et de ses habitats. Cette gestion est d’autant plus
complexe que le département des Pyrénées-Orientales (PO) fait partie d’une région à la
diversité exceptionnelle.
En effet, la région Languedoc-Roussillon (LR) possède une diversité faunistique et
floristique remarquable qui se traduit sur le terrain par l’élaboration de nombreux inventaires
et actions de gestion ayant amenés à la création d’espaces protégés. Ainsi, la région possède
33,2% de son territoire intégré au réseau Natura 2000 (INSEE, 2013b), 65% en espaces
naturels protégés dont 45% sont des territoires en Zones Naturelles d’Intérêt Ecologique,
Faunistique et Floristique (ZNIEFF), soit près du double de la moyenne nationale (Fédération
Régionale des Chasseurs du Languedoc-Roussillon (FRC LR), 2010). Du point de vue
européen, un réseau a été mis en place afin de mettre en commun les efforts des États
membres sur des questions environnementales.
Le réseau européen Natura 2000 (N2000) a été créé dans le but de « restaurer et
maintenir la biodiversité en Europe » (DREAL LR, 2010). Ce réseau repose sur deux
directives : la Directive « Oiseaux » (DO) de 1979 (revue en 2009) qui a abouti à la création
de Zones de Protection Spéciales (ZPS) pour la conservation des habitats d’oiseaux
répertoriés dans l’annexe 1 de la DO et la Directive « Habitat Faune Flore » (DH) de 1992 qui
a permis la délimitation des Zones Spéciales de Conservation (ZSC) pour la conservation
2
d’habitat naturel et d’habitat d’espèces (DREAL LR, 2010). Le département des Pyrénées-
Orientales compte 25 sites dont 8 ZPS et 17 ZSC, soit 1/3 du territoire départemental. Pour
chaque site, un Document d’Objectif (DOCOB) est élaboré et validé par le Préfet afin de
définir des mesures de gestions adéquates à mettre en œuvre. Par la suite, des « contrats
Natura 2000 » peuvent être passés par les acteurs locaux (ACCA, propriétaire de parcelle, etc)
pour mettre en place les actions de restauration ou d’entretien des espaces naturels définies
dans le DOCOB. Face à cela, la FDC66 a voulu dépasser le débat pro ou anti N2000 en
faisant le choix de s’impliquer dans la démarche de préservation de ces « cœurs de nature »
tout en défendant une vision de la conservation de la nature plaçant l’Homme et les activités
socio-économiques au cœur de la gestion.
Ainsi, la Fédération est co-animatrice de la ZPS en Basses-Corbières (BC) depuis
2010. Le DOCOB donnant une place importante aux aménagements à but faunistique, celle-ci
a pour mission de développer sur cette zone un réseau de culture à but faunistique et
environnemental (CF) dans le cadre de contrat N2000. L’objectif étant de permettre la
création d’une mosaïque de milieux favorable à l’avifaune* mais également le développement
des ressources alimentaires (espèces-proies) des rapaces ayant permis la création du site (ex :
aigle de Bonelli). Après trois ans de travail en collaboration entre les services de l’Etat
(DREAL), le Groupe Ornithologique du Roussillon (GOR), la Ligue de Protection des
Oiseaux de l’Aude (LPO 11) et la FDC66, le cahier des charges a été validé le 21 mars 2012
permettant la signature de contrat N2000.
Lors de ce stage mon travail a principalement était orienté vers la mise en œuvre de
ces contrats N2000. Mes missions consistaient (avec l’équipe de la FDC66) à :
- affiner l’argumentaire sur l’intérêt des CF pour la biodiversité en consultant les
dernières études portant sur leurs efficacités ;
- élaborer la démarche de concertation des acteurs locaux (supports de
communication, grille d’entretien) ;
- apporter un appui technique et administratif pour la mise en place d’un contrat ;
- réaliser une étude de faisabilité (pré-diagnostic de terrain) permettant de vérifier
l’éligibilité et la pertinence des parcelles proposées.
3
Au vu de ces missions j’ai accès mon étude sur trois problématiques me paraissant être au
cœur des enjeux relevés par les aménagements faunistiques : Quels sont leurs apports
cynégétiques et écologiques que nous pouvons valoriser auprès des acteurs locaux? Quels
sont les principaux facteurs limitant leur mise en place ? Quels outils peut-on utiliser afin de
surmonter ces obstacles ?
Nous le verrons assez vite, les CF ont des atouts indéniables tant sur le plan
cynégétique, écologique que social (communication, sensibilisation). Néanmoins le cadre de
travail dans lequel ces derniers doivent être implantés freine considérablement leur mise en
place. En effet, le réseau N2000 va se révéler être un outil très complexe dont les nombreux
rouages vont perturber le bon déroulement de mon stage.
4
Graphique 1 : Evolution du nombre d'exploitation agricole en Languedoc-Roussillon de 2000 à 2007. (Modifié d’après
C. Foyer-Bénos, 2009)
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
100
2000 2007
Milliers
Pyrénées-orientales
Lozère
Hérault
Gard
Aude
Languedoc-Roussillon
I- Matériels et Méthodes
I.1- Contexte de la zone d’étude
I.1.1- Les problématiques en Languedoc-Roussillon : crise viticole, urbanisme et
biodiversité
La région Languedoc-Roussillon est située dans le Sud-Est de la France métropolitaine
et est composée de 5 départements (Aude, Gard, Hérault, Lozère et Pyrénées-Orientales)
bordant pour quatre d’entre-eux la Mer Méditerranée. Relief et nature des roches variés,
climat changeant et paysages riches : autant de facteurs qui ont favorisé le pastoralisme, des
exploitations agricoles diversifiées mais également le développement d’une faune et flore
reflétant la richesse de ses écosystèmes. Depuis des siècles, la région a surtout orienté sa
production agricole vers la viticulture et l’élevage d’herbivore (ovins, bovins, caprins),
modelant le milieu en créant et/ou en maintenant des espaces ouverts ainsi qu’une mosaïque
de paysage favorable à un certain nombre d’espèces inféodées à ces types de milieux.
Néanmoins, depuis plus d’une vingtaine d’années l’intensification des méthodes
d’exploitation des sols, l’abandon du pastoralisme et l’urbanisation ont un impact important
sur ces paysages.
En effet, les méthodes modernes de cultures (cultures intensives, monocultures) et la
mise en concurrence entre les pays producteurs de denrées alimentaires ont eu pour effet la
5
Photographie 1 : Fermeture d'un milieu (ancienne vigne) à Claira. On notera les strates herbacées, la
présence de ligneux bas (ex : pistachier : Pistacia lentiscus, Linné 1753) et de ligneux hauts (ex : olivier :
Olea europaea, Linné 1753), (Source personnelle, Avril 2013).
Strates
herbacées
Ligneux hauts
Ligneux bas
baisse du nombre d’exploitations agricoles en LR (G. César, 2002). Dans la région, la déprise
agricole a entrainé de grandes campagnes d’arrachage de pieds de vigne (15% de leur surface
cultivée) et la perte de nombreuses exploitations dans les années 1990 (C. Foyer-Bénos,
2009). Ce phénomène s’est poursuivi jusqu’en 2007 (Graphique1) sur tout type de cultures
(arboricole, viticole, etc) avec une perte de 13% du nombre d’exploitations régionales. Cette
tendance semble se prolonger au vu des dernières données de 2010 avec une baisse constante
(INSEE, 2013c). Mise à part le problème économique que cela pose, l’absence fréquent
d’entretien des terres non exploitées a depuis plus d’une vingtaine d’années, posé la question
du devenir des espèces ou des écosystèmes inféodés à ces parcelles.
Cultiver des végétaux ou faire paître des animaux sur des terrains, nécessite et
implique une exploitation des ressources liées au terrain. Dans un premier cas, l’agriculteur
exploite le sol et y fait pousser ses semences d’intérêts aux dépens des végétaux autochtones.
Cela passe soit par l’usage de produits chimiques (herbicides) soit par le fauchage des
« mauvaises herbes ». Pour les troupeaux (bovins, ovins et caprins) des Pyrénées, l’estive* est
la période de l’année où ils paissent et consomment toutes les jeunes pousses de l’année. La
pression exercée par ces troupeaux permet le maintien d’une pelouse rase favorable à des
6
espèces de tout ordre (oiseaux, insectes, mammifères,…) et souvent ayant un fort intérêt
écologique et économique (Voir I.1.2). Ainsi l’arrêt de l’exploitation (et donc de l’entretien)
des cultures ou de l’estive sur une parcelle a pour conséquence la fermeture du milieu
(Photographie 1). Cela passe dans un premier temps, par la densification des strates
herbacées, puis par le développement de petits ligneux (buisson) et enfin, au stade final, le
recouvrement par une forêt. Un tel processus est certes long (et variable selon la richesse du
sol et le climat) mais l’absence de mesures fortes ces dernières années a permis la progression
des strates boisées de 10% en 15 ans (C. Foyer-Bénos, 2009). Laissées à l’abandon, ces terres
sont parfois rachetées à des fins immobilières afin de répondre au besoin du second poumon
économique de la région : le tourisme.
En effet, tourisme et urbanisme sont particulièrement intenses dans le Sud-Est du pays.
Du fait du cadre de vie, la population du LR augmente constamment depuis plusieurs
décennies : passant de 2,3 millions en 1999 à près de 2,7 millions en 2012 (INSEE, 2013a).
Les constructions nécessaires à l’hébergement, l’accueil ou l’acheminement de ces
populations (fixes ou touristiques) ont un impact direct sur le paysage local via l’occupation
importante des sols, la fragmentation des espaces naturels et des nuisances qui en découlent
(pollutions chimiques, acoustiques, etc).
I.1.2- Territoire d’étude : La ZPS Basses-Corbières et la commune de Calce
Massif à la fois calcaire et granitique de 150 à 1230m d’altitude, partant à l’Est des
plaines du Roussillon jusqu’à l’Ouest vers le « Pech de Bugarach » sur 60km, le massif des
Basses-Corbières offre un relief accidenté forgé de collines, plateaux et barres rocheuses
(Annexe 1). Le climat global peut être qualifié de méditerranéen semi-aride : caractérisé par
des hivers doux et des étés chauds. La répartition biogéographique de la végétation se fait par
étages. On retrouve ainsi du littoral aux plus hauts sommets : une végétation herbacée de
plaines, des séries de chêne-liège, des séries de genêts scorpion, cistes ou de chênes verts, des
étages de chênes caducifoliés ou de pins sylvestres, des étages plus typiques de l’altitude avec
des espèces montagnardes comme le bouleau ou le sapin. Le paysage quant à lui a été façonné
en grande partie par l’action de l’Homme. En effet d’un point de vue historique, les BC ont
été exploitées à des fins agricoles et pastorales. Ainsi durant des décennies le paysage local
offrait un panorama de zones ouvertes avec des terrasses de cultures viticoles ou de grandes
7
prairies d’herbe rase. Autant de milieux extrêmement favorables au développement de
populations d’invertébrés, de mammifères et d’oiseaux : proies ou prédateurs. Ils offrent :
gîtes de repos ou de reproduction et nourriture grâce aux aménagements viticoles (haies,
barrières de roches, cassots en pierre, etc) ou aux strates herbacées du pastoralisme. En 2010,
une étude de la Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement
du Languedoc-Roussillon (DREAL LR) a quantifié l’avancement de l’obstruction des terres
et le recul des parcelles ouvertes en BC par l’analyse de photographies aériennes sur 48000 ha
de 1978 à 2004 (Graphique 2). L’analyse des données s’est portée sur : les pelouses ouvertes
(PO), les pelouses en voie de fermetures (PF), les ligneux bas clairs (LBC), les ligneux bas
denses (LBD), les ligneux bas denses sous ligneux haut clairs (LBDLHC), les ligneux hauts
(LH) et les ligneux haut denses (LHD). Il en ressort l’augmentation (+6,2%) des formations
arbustives denses (LBD) ainsi que des milieux forestiers (+6,8%). A l’inverse, les parcelles
que l’on peut qualifier « d’ouvertes » (PO, PF et LBC), ont reculés respectivement de 2,2%,
4,9% et 6,5%.
Cette étude montre ainsi l’ampleur de la fermeture des milieux en Basses-Corbières, et
l’importance de prendre des mesures concrètes pour restaurer ces espaces naturels afin de
protéger les espèces les composant.
Par l’arrêté du 7 décembre 2000 faisant référence à la DO, la France a été condamnée
par la cour de justice européenne sur deux motifs : insuffisance de ZPS et insuffisance de
mesures de conservation sur ces sites. En réponse à ce jugement, la France a entrepris
l’expertise et le recensement de plusieurs sites avec l’aide et les propositions d’associations
-8%
-6%
-4%
-2%
0%
2%
4%
6%
8%
PO
PF
LB
C
LB
D
LB
D
LH
C
LH
LH
D
Formations végétales
Rapportdupourcentagede
recouvremententre1978et
2004
Graphique 2 : Evolution du recouvrement des formations végétaux en Basses-Corbières de 1978 à 2004 (Modifié
d’après DREAL LR 2010).
Milieux
« ouverts »
Milieux
« en fermeture »
8
locales dans le but de dynamiser son réseau N2000. Suite aux propositions de délimitation de
périmètre par l’arrêté préfectoral n°1526/2001 du 14 mai 2001, la désignation de la ZPS en
Basses-Corbières fut effective le 5 février 2003 (DREAL LR, 2010).
L’arrêté concerne 29380 ha répartis entre le département de l’Aude et des Pyrénées-
Orientales : respectivement 15148 ha et 14235 ha. La ZPS en BC a pour objectif la protection
et la conservation de vingt-six espèces d’oiseaux répertoriées dans l’annexe 1 de la DO : on y
retrouve l’aigle Royal (Aquila chrysaetos, Linné 1758), la perdrix grise de montagne (Perdrix
perdrix, Linné 1758) et surtout l’emblématique aigle de Bonelli (Hieraaëtus fasciatus,
Vieillot 1822) dont les effectifs ont chuté de 50% en 3 décennies (Ministère de l’Ecologie et
du Développement Durable, 1999). Les BC offrent un environnement propice au
développement d’espèces proies (perdrix, lapins) mais également de leurs prédateurs dont
font partis les rapaces. On compte 20 communes concernées par le réseau N2000 dans les
Basses-Corbières (Annexe 1), à des degrés différents en fonction de l’étendue de la ZPS sur
leur territoire mais surtout par leur niveau d’implication lié à la mobilisation des acteurs
locaux (élus et associations).
Ma mission s’est concentrée essentiellement sur la commune de Calce (66030),
entourée de plusieurs autres communes (Estagel, Cases-de-Pène et Baixas) appartenant au
canton de Saint-Estève. Calce est un village de 226 habitants qui s’étend sur 2372 ha,
constitué en grande partie de garrigue (ligneux bas, clair ou dense) et de parcelles viticoles qui
restent son principal pôle économique (DREAL LR, 2010). La ZPS Basses-Corbières occupe
une place importante du territoire communal : celle-ci occupe 1013,2 ha soit 43% du territoire
(Annexe 2). L’ACCA de Calce (150 adhérents) a entrepris depuis plusieurs années des projets
d’aménagement des parcelles en friches. En 2008, la création de la « Zone pilote :
conservation et restauration des habitats de la petite faune de plaine » a permis sur 3ans
(financée par la FDC66, le Conseil Général et Régional à hauteur de 120 000 euros), la
réouverture de friches viticoles à des fins de restauration et de prévention du risque incendie
des milieux propices à la petite faune de plaine. L’ampleur de l’avancée des friches est tel sur
Calce, que deux personnes ont été employées par l’ACCA pour assurer la bonne mise en
place de ces aménagements. En 2010, en parallèle la Communauté d’Agglomération de
Perpignan a sollicité l’ACCA dans le cadre de leur projet « Vigne patrimoine » qui avait deux
objectifs :
9
- le sauvetage du patrimoine viticole : les exploitants souhaitant arracher leur vignes
touchent leur prime d’arrachage mais ne le réalise pas et laissent leur exploitation à
un jeune agriculteur qui prend le relais ;
- sur les vignes déjà arrachées et/ou en friche, des aménagements (ex : cultures
faunistiques) sont réalisés sur plus de 12 ha afin de ré-ouvrir les milieux.
A l’heure actuelle cette dynamique risque d’être rompue par manque de financement.
Par conséquent j’ai réalisé de nombreux supports (documents de concertation) au sein de la
FDC66 afin de présenter, expliquer et accompagner les acteurs locaux de Calce dans la
souscription de contrats Natura 2000 leur permettant ainsi de maintenir en bon état les
nombreux aménagements déjà présents et d’en implanter de nouveaux. Néanmoins avant
d’entrer dans le détail des documents de concertation, il me paraissait important de faire un
point sur l’aménagement faunistique et cynégétique qui est au cœur de ma mission : les
cultures faunistiques.
I.2- Un aménagement cynégétique incontournable : les cultures faunistiques
I.2.1- Présentation du dispositif
Les aménagements faunistiques et cynégétiques ont un même objectif : favoriser la
biodiversité en ouvrant et préservant des terrains laissés à l'abandon et en friche. Haies,
girobroyage* des sols, points d'eau, garennes* : il existe un grand nombre d'aménagements
qui apportent chacun un intérêt particulier pour les espèces (apports de nourriture, création
d'abris favorables à la protection ou à la reproduction) ou pour la parcelle (aération, limitation
de l'érosion du sol). Sur le terrain, il est intéressant de coupler le plus possible ces différents
aménagements sur plusieurs parcelles voisines afin de recréer une mosaïque de milieux (FRC
LR 2010). La jonction entre les parcelles restaurées permet la circulation des espèces
(corridors) mais également le développement de lisères* souvent particulièrement riches
(Photographie 2).
Lors de mes missions, je me suis particulièrement intéressé aux cultures à but
faunistique. Comme nous l'avons vu précédemment, le monde cynégétique a pour ambition
de favoriser la petite faune. Cela n'est possible que par la restauration du milieu associé à ces
espèces. Ainsi, bien qu’une telle action paraisse restreinte aux seules espèces chassables, il en
10
découle un bénéfice sur tout le réseau trophique (Voir II.2).
D’une façon générale les cultures faunistiques sont des parcelles réaménagées où sont
implantées (ou favorisées) des semences (ou adventices*) de préférences locales ayant un
intérêt pour la faune sauvage (FRC LR, 2008 et 2010). L'intérêt va principalement être
nutritionnel et lié à la protection qu'offrent ces cultures. Néanmoins, il ne faut pas voir cela
comme des parcelles de cultures dites "classiques" (souvent monospécifiques) comme
peuvent réaliser les exploitants agricoles. Le but poursuivi est de : recréer un habitat riche et
diversifié, or cela ne peut être possible qu'avec des semences variées et un espace ouvert.
C’est pour cela que, les techniciens de la FDC66 utilisent des mélanges de semences à densité
variable (selon les contraintes et les objectifs) regroupant plusieurs groupes de végétaux.
Chaque groupe possède des avantages, on y trouve:
- Les céréales classiques ou anciennes (blé de consommation, épeautre, seigle forestier, etc)
: à la base des cultures car elles sont consommables tant durant leur phase de croissance (en
"vert") que lors de la production de graines (en "graine"). Elles offrent des strates herbacées
Photographie 2 : Exemple de mosaïque de milieux sur une parcelle à Claira (66530) (Source personnelle, Mars 2013).
Haie Haie
Blé
Zone lisière
(Girobroyée)
Friche
Perdrix rouge
11
servant d'abris pour l’ensemble de la faune;
- Les légumineuses (Fabacées) à intérêt mellifère ou faunistique (sainfoin, trèfle incarnat)
: consommées en "vert", elles attirent les pollinisateurs, aèrent et enrichissent les sols en
azote ;
- Les messicoles* et autres plantes à fleurs (coquelicot, bleuet, phacélie) : attirent les
pollinisateurs, protègent les cultures voisines (insectes auxiliaires*), sont d’un attrait paysagé
important, et d’un intérêt particulier pour les espèces d’oiseaux insectivores (nourrissage des
juvéniles/oisillons) ;
- Les plantes spontanées (ou adventices) annuelles ou non (liserons des haies, chardon,
chiendent) : très souvent des espèces locales, très appétantes*, formant des strates herbacées
aérées, consommable en "vert" ou en "graine", peu onéreuses (semences naturelles). Leur
mise en place se fait par le girobroyage* et/ou le disquage* du sol et favorise l'effet lisière*.
Figure 1 : Exemple de plusieurs végétaux utilisés dans des CF (semences et adventices). On y retrouve : (1) le blé (Triticum sp), (2) le bleuet
(Centaurea cyanus), (3) le coquelicot (Papaver rhoeas), (4) la phacélie (Phacelia tanacetifolia), (5) le trèfle incarnat (Trifolium incarnatum),
(6) le chardon (Carduus defloratus), (7) le chiendent (Elytrigia repens), (8) sainfoin (Onobrychis saxatilis). Au centre des exemples de
graines (9) avec : (9a) le bleuet, (9b) le coquelicot, (9c) le trèfle incarnat et (9d) la phacélie. (Sources : FDC66 et Nicolas PUIGMAL, Mars
2013 ; J.-C Rameau et al, 2008)
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58
7
a b
c d
9
6
12
En parallèle du choix des semences, contrôler les densités de semis permet d’assurer
un milieu peu dense, permettant la circulation et le développement, à la fois des espèces
animales mais également des adventices. La densité de semi dépend également des mélanges
utilisés. En effet, plusieurs années d’expérimentation sur les parcelles ont permis de relever
les associations optimales en fonction des objectifs et des espèces utilisées. Des mélanges sont
ainsi réalisés afin d’obtenir selon les cas un intérêt plus nutritionnel, paysagé ou dissuasif
(pour les espèces déprédatrices* qui se nourrissent alors des CF et moins des cultures
agricoles voisines). La composition des mélanges varie souvent selon l’effet recherché : une
ACCA se concentrera surtout sur l’attractivité pour la faune (forte proportion en céréales)
tandis qu’une commune privilégiera un aspect paysagé (forte proportion en fleurs). Il s’agira
alors de proposer l’emploi de mélanges répondant aux demandes des structures tout en
favorisant au maximum tout le réseau trophique des parcelles.
I.2.2- Mise en place des cultures
On regroupe sous le terme "cultures à but faunistique" plusieurs types d'aménagements
qui varient selon les moyens financiers disponibles, de l'état du milieu à restaurer et de
l'objectif principal (paysager, valorisation d’une espèce en particulier, etc).
Néanmoins chacune d’elle s’inscrit dans un cadre commun :
- Date de semis (et travail du sol) d’octobre à janvier afin de respecter le rythme des
saisons : développement naturel des plantes avec les pluies d’automne et du
printemps (sans arrosage supplémentaire) ;
- Non entretien entre avril et août (période de nidification) ;
- Non utilisation de produits phytosanitaires* ;
- Semer (de préférence) des espèces locales ;
- Adapter les dosages aux besoins :
 Utiliser des dosages importants pour favoriser une culture dense si un
meilleur ré-enfouissage des graines disponibles ou non consommées est
souhaité (re-semis naturel). En effet, les plantes ne sont pas destinées à être
récoltées ou fauchées (sauf plants ayant plusieurs années de repousse) après
chaque fin d’année les parcelles sont retournées afin d’enfouir ces
semences naturelles. Un fort dosage peut également compenser la pauvreté
d’un sol ;
13
 Utiliser un faible dosage pour favoriser la pousse d’adventices ;
- Privilégier des cultures en bandes ou des parcelles comprises entre 0,3 et 1 ha afin
de favoriser l’effet mosaïque ;
- Entretenir (de préférence) chaque année par un girobroyage* et/ou un re-semis.
Ces différents aménagements reflètent avant tout l’évolution des techniques et des
connaissances de l’impact des CF, on retrouve ainsi : la culture faunistique « simple », la
culture fleurie, la culture en mélange et le girobroyage*/disquage* (L. Bassou et O. Galaup,
2012).
Les cultures « simples » font partie des premiers aménagements réalisés. Le but étant
d’apporter à la faune nourriture et abris via la mise en place d’un « milieu de vie optimal ».
La semence de prédilection est très souvent une céréale (blé ou avoine) car son coût faible
facilite sa mise en place (environ 0,4€/ kg ; I. Arnault et C. Bouquet, 2009) et un dosage plus
important puis le ré-enfouissage des graines non consommées permettent un re-semis naturel.
Les cultures fleuries se concentrent avant tout sur un aspect paysagé et mellifère avec
l’utilisation d’espèces comme le coquelicot ou le bleuet. De fortes contraintes pèsent sur ces
cultures : d’une part par les communes (principale demandeuses) et d’autre part par la faune
locale. En effet, les communes et notamment les villes touristiques, ont tendance à privilégier
des semences « exotiques » pour des questions purement esthétiques. Par exemple dans les
PO c’est surtout le jaune que l’on veut associer au rouge afin de recréer les couleurs du
drapeau catalan, or pour le jaune on utilise souvent le pavot de Californie (Eschscholzia
californica, Cham 1820) une plante allogène*. La faune exerce aussi de fortes contraintes sur
ces cultures par la consommation des jeunes plantes en « vert ». Or au vu du prix des
semences comme le coquelicot (35€/kg ; I. Arnault et C. Bouquet, 2009) très prisé des
lagomorphes, il est souvent nécessaire de clôturer les parcelles, au moins le temps que les
plants développent leur fleurs et soient moins appétants*.
Les cultures en mélanges ont été mises en place dans deux buts : répondre à la
problématique précédente (pression de la faune sur les jeunes pousses de fleurs) et diversifier
au maximum les parcelles en culture tout en répondant aux exigences esthétiques et
cynégétiques. Les mélanges consistent à mettre sur la même culture, différents groupes de
végétaux (Voir Figure 1) ce qui permet d’accroitre leur potentiel. Cette synergie est possible
14
par exemple par le décalage dans le temps du développement des différentes semences. Ainsi,
mettre des céréales avec des fleurs (phacélie, coquelicot) permet de protéger ces dernières
pendant leur phase de germination (en « vert »). Les céréales étant souvent plus nombreuses
en proportion (50 à 75% contre 5 à 15% pour des fleurs) et germant plus tôt, les herbivores
(notamment les lagomorphes : lapins et lièvres) consomment préférentiellement les céréales,
laissant ainsi la possibilité aux pousses de coquelicots ou bleuets de fleurir. Leurs fleurs
attirent toute l’entomofaune* et notamment les pollinisateurs et auxiliaires offrant de
nombreux services aux cultures agricoles avoisinantes. Le couvert végétal qu’offre les
céréales et légumineuses permet d’abriter autant l’avifaune* que les petits mammifères ou les
insectes : donc toute une biocénose.
L’ouverture d’une parcelle en friche passe dans un premier temps par son
girobroyage*, ce qui correspond à l’action que peut avoir un troupeau d’herbivores sur une
prairie. Le travail du sol peut également être complété par un disquage*. Quoi qu’il en soit la
parcelle ainsi prête peut soit être ensemencée, soit être laissée telle quelle. Dans ce dernier
cas, elle sera colonisée par des adventices et le travail effectué de façon régulière (rectiligne,
en bande, sur une parcelle) donnera un aspect entretenu au futur tapis végétal (et à moindre
coût par les semences naturelles). De plus, ce type de tapis apporte une certaine garantie
quant à la pérennité et à la qualité faunistique de la culture, en effet la plupart des plantes
viendront de semences locales et donc adaptées au milieu.
D’autre part, outre la composition de la culture, sa disposition, sa forme et sa
superficie ont un rôle direct non seulement dans la richesse des milieux restaurés mais
également dans la synergie des aménagements. En effet, le Conservatoire des Espaces
Naturels du Languedoc-Roussillon (CEN LR) et la FDC66, recommande de travailler sur des
surfaces réduites de 0,3 ha à 1 ha afin de favoriser une mosaïque de milieux (Photographie 2).
En plus des cultures, la mise en place d’autres aménagements faunistiques et cynégétiques
permet de créer des couloirs de circulation (corridors) dans cette mosaïque de milieux : haies,
cultures ou lisières* en bandes, bosquets, assurent la connexion entre les parcelles restaurées
et entre les différentes populations (Voir Figure 2).
Tous ces dispositifs faunistiques, ne peuvent néanmoins voir le jour sans l’implication
des acteurs locaux. Souvent peu averties sur les enjeux environnementaux de leur territoire, il
est donc nécessaire d’aller à leur rencontre. C’est pour cela que je suis passé à la rédaction de
documents qui me serviront de supports afin de sensibiliser le plus large public possible :
15
acteurs du milieu déjà sensibilisés, nouveau acteurs, etc.
I.3- Démarche de communication et de concertation
I.3.1- Réalisation des documents de supports
Quelle utilitée pour de tels documents ? Cette question simple est pourtant essentielle
pour justifier le temps et l’énergie dépensée à leur réalisation. Dans mon travail je me suis
attelé dans les premiers jours à étudier les CF : qu’est que c’est ? Pourquoi ? Où ? Comment ?
Autant de questions abordées précédemment. Néanmoins, la plupart de ces questions trouvent
une réponse basée sur la mise en place et l’entretien des CF. Et trop souvent le « rendement »
ou les bienfaits d’un point de vue faunistique sont seulement déduits par des observations de
terrains. Aussi, bien que conséquentes ces déductions se doivent d’être confrontées à des
protocoles et des expériences scientifiques rigoureuses afin de faire valoir leur légitimité.
Les publications concernant les CF étant nombreuses mais hétéroclites j’ai donc
réalisé un répertoire bibliographique regroupant le maximum de publications mettant l’accent
sur les avantages des CF en fonction des enjeux (essentiellement basées sur des intérêts
locaux comme le petit gibier). J’ai ainsi créé dans un premier temps, un tableau synthétique
regroupant les avantages des CF selon plusieurs catégories (agricole, faunistique,
Figure 2 : Schéma d'un réseau de cultures en mosaïque (Modifié d’après A. Dupont 2007)
16
cynégétique) et sous catégories (auto entretien des sols, services de régulation,…), toutes
référencées sur des sites de publications numériques (ex : ScienceDirect) ou papiers (ONCFS,
CEN LR,…). Ce tableau a pour but de conforter plusieurs observations de terrain, comme
l’augmentation de la survie des jeunes perdrix rouges nichant dans des CF (Voir III.1). De
plus, lors d’une réunion avec des élus ou des ACCA, un tel travail synthétique doit apporter
une plus-value à l’argumentaire et à la concertation sur le terrain par le recours à des
références scientifiques. Toutefois, dans un souci de clarté et simplicité de lecture, j’ai
entrepris de réaliser trois fiches techniques sur la base de mon tableau. Disponible sur le site
de la FDC66 ces fiches m’ont paru être des supports de communication plus esthétiques et
surtout plus simples de lecture, accessibles aux chasseurs (via le site) et utilisables sur le
terrain comme outils de communication (Annexe : Fiche 1 à 3). Une fois ce travail achevé,
j’ai plus particulièrement œuvré sur ma zone d’étude : les Basses-Corbières.
La ZPS BC est le 1er
site du département où le DOBOC a été validé (2006). Cette
première a entrainé l’opposition du monde cynégétique du fait des incertitudes qui entourer
les aspects réglementaires liés à la mise en œuvre du réseau N2000 en France, et à une
éventuelle remise en cause de la chasse. Si dans les autres sites du département les tensions se
sont apaisés permettant ainsi d’aboutir à un travail collégial entre animateurs et acteurs
locaux, dans la ZPS BC un contexte particulier s’est installé. L’absence de structure
animatrices et de mobilisation locale a provoqué le blocage du dossier et maintenu une image
peu favorable de N2000. Or la mise en œuvre de tout projet de terrain étant dépendant de son
appropriation par l’ensemble des acteurs et de leur participation, une importante opération de
communication auprès des chasseurs était nécessaire. Il a ainsi été décidé d’entreprendre des
démarches auprès de ces ACCA concerné par la ZPS BC (Annexe : Carte 1) afin de les
informer de nos actions en faveur de l’environnement et de la faune, mais également de leur
possibilité à souscrire des contrats N2000. J’ai alors entrepris deux projets : la création d’un
document d’information sur la ZPS Basses-Corbières et un dossier de communication par
commune contenant une carte avec la délimitation communale et le tracé de la ZPS (réalisé
sous MapInfo®). Le premier document est une synthèse expliquant ce qu’est une ZPS et
N2000, puis l’importance d’un tel dispositif dans les BC. Le but est ici d’informer et
sensibiliser le public le plus large et avant tout les acteurs locaux qui seraient intéressés par un
contrat N2000 ; justifiant la mise en ligne du document. Dans le même temps, un outil
cartographique permettant aux acteurs locaux de connaitre les zones éligibles était
indispensable. J’ai donc réalisé des cartes numériques (à haute résolution pour une impression
17
au format A3) via logiciel SIG à partir de fond de carte IGN et de couches vectorielles mises
à jour par les techniciens et chargés de missions de la Fédération. Sur chaque fond de carte et
pour chaque commune concernée, j’ai superposé les limites communales ainsi que l’étendu de
la ZPS, le tout associé à une lettre à l’intention du Président de l’ACCA ou du Maire de la
commune. Pour Calce, j’ai complété la carte avec les aménagements que la commune a mis
en place ces dernières années (Annexe : Carte 2). J’ai pris soin de différencier les
aménagements à l’intérieur et à l’extérieur de la ZPS afin que les responsables locaux puissent
identifier les aménagements susceptibles de bénéficier d’un contrat. L’objectif affiché était de
faire souscrire un contrat pour chaque aménagement déjà présent en ZPS et ainsi d’en assurer
leur entretien. Ces quatorze aménagements représentent plus de 4 ha réparties sur tout le
territoire et entre autant propriétaires, ce qui complique parfois les démarches lors des
signatures de contrats car bien qu’enclin à des accords verbaux ces derniers sont plus réticent
à tout accord écrit.
En parallèle, une réunion (du 22 mars 2013) à la DREAL du Languedoc-Roussillon
(représentant du Ministère de l’Environnement dans la région) devait être pour nous un
tournant dans la mise en œuvre du projet en posant un cadre officiel à la mise en œuvre des
aménagements cynégétiques sur les sites N2000 en finalisant les cahiers des charges pour la
mise en place de cultures faunistiques et de garennes. Néanmoins et comme nous le verrons
plus tard, l’issue de cette réunion aura de lourdes répercussions sur ma mission.
I.3.2- Réorientation de mission
La réunion du 22 mars 2013 à la DREAL LR s’est conclue sur une information
principale : le blocage des financements pour de nouveau contrats N2000 en 2013 en raison
des restrictions budgétaires nationales et une « année blanche » pour 2014. Cette nouvelle m’a
obligé à réorienter mon stage pour plusieurs raisons. Tout d’abord, une telle décision a
nécessité de recontacter les structures que nous avions sollicité quelques semaines auparavant
(ex : Calce) et qui étaient susceptibles de souscrire un contrat. En parallèle, le montage d’un
dossier pour la cherche d’autres financements (auprès du Conseil Général, Conseil Régional
par exemple) est envisagé mais retarde de plusieurs mois l’avancée du projet. Ma tutrice m’a
donc proposé de suivre l’évolution de deux autres projets. Toujours en relation avec les
18
cultures faunistiques, sur deux communes de plaines : Claira (66530) et Saint-Nazaire
(66570), qui serviront de vitrine pour la mise en œuvre du réseau de CF sur la ZPS.
Cette réorientation a été radicale, me faisant passer de la théorie à la pratique : les dossiers
sur ces deux communes étant à des stades différents mais reflétant bien la diversité de cas
susceptible d’être rencontré en BC.
Saint-Nazaire (commune bordant l’étang de Canet) a souhaité consulter la FDC66 dans le
but d’installer des CF sur ses terres. Pour cela, un administrateur, ma tutrice et moi-même
avons participé à une réunion avec le Maire et le Président de l’ACCA de la commune. Nous
avons exposé les activités de la FDC66 en faveur de l’environnement et des bénéfices de
l’implantation de CF. Suite à cette réunion, les plans cadastraux de la commune ont permis de
repérer précisément les terrains susceptibles d’accueillir les cultures. Une étude de faisabilité
sur ces parcelles permet de se rendre compte de leur état d’enfrichement, de leur exposition
(vent, ensoleillement, visuel pour les populations locales ou saisonnières) et de la qualité du
sol. Ces informations sont notées et permettront de choisir les moyens techniques, les
semences et les dosages les plus adaptés. Par la suite, un compte-rendu sera présenté à la
mairie avec les suggestions de la Fédération ainsi que les coûts de réalisation des travaux
d’aménagement.
Claira est une commune qui dans le passé était entourée de cultures viticoles. Depuis la
déprise, la commune n’est plus entourée que de vieilles friches nuisant non seulement à la
faune liée aux milieux ouvert, mais également à l’esthétisme de la commune. Très impliquée
dans le maintien du gibier local, l’ACCA de Claira a depuis plus de 20 ans entrepris, avec la
Fédération, d’investir dans les aménagements faunistiques. Haies, agrainoirs, CF sont rentrés
dans les habitudes des chasseurs de la communes. Grâce aux techniciens de la Fédération, j’ai
pu faire plusieurs sorties sur le terrain afin d’observer des cultures mises en place depuis
plusieurs années et ayant servi d’expérimentation. Expérience non concluante ou succès
indéniable, tous les cas de figure m’ont été exposés. Grâce à mes connaissances théoriques,
j’ai pu déceler les bonnes et les mauvaises pratiques éprouvées sur le terrain, comme par
exemple une plus large utilisation d’espèces fruitières dans les haies (comme le grenadier ou
le cerisier afin de soutenir l’apport nutritionnel). Les résultats obtenus sont également entrés
en application dans un projet agricole en partenariat avec des éleveurs du Vallespir et la
mairie de Claira. Souhaitant à la fois revaloriser les friches, préserver la biodiversité et
19
restaurer des circuits courts, des parcelles fourragères et faunistiques vont être implantées sur
la commune. La FDC66 a été consultée pour l’aménagement des cultures. Un repérage sur le
terrain nous a permis (comme à Saint-Nazaire) de relever les principaux facteurs clés afin
d’évaluer la somme de travail. Néanmoins, l’objectif étant plus productif qu’environnemental
nous avons négocié une proportion de 10% de lisière en bordure de champs afin de favoriser
les espèces animales locales et des pratiques agricoles respectueuses des périodes de
nidifications.
Le cahier des charges N2000 prévoit notamment des suivis sur l’impact des CF sur la
faune sauvage. Enfin, d’assurer le suivi de l’intérêt de ces aménagements sur le terrain, j’ai
participé à un comptage de perdrix rouge/lagomorphes sur la commune de Claira avec
l’ACCA locale, suivant la méthode de « battue à blanc » utilisée pour la perdrix grise
(ONCFS, 2010). Après avoir fait deux traques de plus 374 ha, les résultats obtenus sont
recueillis et serviront notamment à prévoir les actions de l’ACCA et les prélèvements
possibles pour la saison prochaine. Pour la Fédération le but est de suivre les populations de
gibiers et de confronter ces chiffres avec ceux des communes n’ayant pas investi dans des
aménagements faunistiques et n’ayant pas de politique de chasse raisonnée. Ces données
seront également utilisées pour promouvoir, auprès d’autres ACCA, une meilleure gestion de
leurs territoires cynégétiques.
II- Résultats
II.1- Retombées des cultures faunistiques
Les cultures faunistiques sont aujourd’hui des dispositifs faisant le sujet de
nombreuses études, notamment du fait de la prise de conscience des enjeux écologiques et
anthropiques du maintien de milieux ouverts. Néanmoins, les scientifiques en relation directe
avec les acteurs locaux comme les ACCA, travaillent depuis de nombreuses années sur
l’aménagement de parcelles en friche.
À la FDC66, cela fait plus de 20 ans que des techniciens comme M. Oliver GALAUP,
travaillent à la mise en place et au suivi de ces cultures faunistiques. Ces années
d’expérimentation, souvent par des méthodes empiriques, ont permis d’acquérir un grand
nombre d’informations qui ont abouti à la normalisation du cahier des charges des cultures,
mais surtout de mieux comprendre leurs impacts sur l’environnement. Les données qui
20
découlent de ces expériences de terrain ont, par exemple, permis de mettre en évidence des
associations de semences particulièrement efficaces pour le développement de certaines
espèces chassables comme la Perdrix rouge. Aujourd’hui, ces données ont été intégrées dans
le « dossier amélioration », récapitulatif des aménagements réalisés par une ACCA sur
l’année. De plus et afin d’aider les associations, une ancienne stagiaire de la FDC66 a réalisée
des fiches techniques synthétisant toutes les données techniques relatives aux CF, garennes et
autres aménagements. On y retrouve notamment des tableaux avec différentes associations de
semences et leurs intérêts faunistiques et cynégétiques (L. Bassou et O. Galaup, 2012). Ce
document est donc un support technique pour la bonne mise en place de ces aménagements,
néanmoins il n’apporte pas de solides arguments scientifiques. C’est pour compléter ce
travail fait en amont que j’ai réalisé mes fiches bibliographiques (Annexe 3, 4 et 5).
Les études portées sur les cultures faunistiques ont longtemps été marginales. Depuis
une dizaine d’années une meilleure compréhension de l’impact du milieu sur les organismes
et des réseaux trophiques a encouragé les expérimentations à grandes échelles, sur des
parcelles pas ou peu entretenues. Ainsi, des études portant soit sur des terres en friches soit
sur des terres en jachère sont publiées régulièrement : dans les deux cas c’est le résultat de
leur restauration qui nous intéresse. Dans le monde cynégétique les études portent
essentiellement sur les espèces de petit gibier, lagomorphes (lapins, lièvres, etc) et oiseaux
(perdrix, faisans, etc), mais également sur des espèces patrimoniales et/ou protégées (comme
l’aigle de Bonelli). Le plus souvent, elles se focalisent sur une ou plusieurs espèces.
Cependant, il semble aussi important de prendre en compte les bénéfices des CF pour le
monde agricole : par l’occupation des sols non exploités, des plantes comme les céréales ou
les fabacées apportent une plus-value certaine (L.G. Firbank et S.M. Smartn, 2003).
Limitation de l’érosion des sols, enrichissement en azote, dégradation des produits
phytosanitaires (M. Besoli, 2007 ; G. Dhellemmes, 2004), limitation de la dérive des
pesticides de 95% en zone lisière (G.R. de Snoo, 1999) ou encore attractivité pour les
auxiliaires de cultures (W. Delannoy, 2009 ; F.A.N. van Alebeek et al, 2003) : autant
d’avantages qui ont fait l’objet de publications tant en France qu’à l’étranger. Des études
régionales ont été menées pour le compte de la Fédération Régionale des Chasseurs du
Languedoc-Roussillon afin de connaître l’impact de la réouverture et l’aménagement des
parcelles en friche sur le petit gibier. Il ressort de ces travaux une meilleure réussite de la
reproduction et du taux de survie des adultes grâce aux strates herbacées, à l’apport de
nourriture et à la protection face aux prédateurs (G. Dhellemmes, 2004 ; FRC LR 2010). De
21
façon plus précise, Françoise Ponce-Boutin (2006) a suivi des populations de perdrix rouges
dans l’Hérault. Elle a pu observer, grâce à la mise en place de CF couplée à une politique de
chasse raisonnée, une survie accrue des jeunes de 30%. Cette augmentation vient notamment
d’un meilleur couvert végétal et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord il offre un refuge
pour la faune en particulier lors de la période de reproduction (CEN LR, 2008). Les mélanges
de semences et la restauration des milieux permettent la diversification du tapis végétal et une
plus large disponibilité des ressources alimentaires dans le temps dû au différentiel de
croissance des plantes (Md Lutfor Rahman et al, 2011 et 2012 ; Tim G. Benton et al, 2003 ;
M. Bourgeois, 2007). En Basses-Corbières ces milieux restaurés sont à la fois attractifs pour
les petits mammifères mais aussi pour des espèces protégées comme l’aigle de Bonelli, ou le
busard cendré (Circus pygargus, Linné 1758) (M. Bourgeois, 2007). L’impact sur les
populations de prédateurs est un bon indicateur de la qualité de la restauration et de
l’ensemble du réseau trophique. En effet, les prédateurs de ces milieux consomment
essentiellement des proies herbivores ou insectivores. Or les CF agissent étroitement sur ces
deux régimes alimentaires : de façon directe pour les herbivores (apport de nutrition en vert
ou en graine) et de façon indirecte pour les insectivores via le développement de
l’entomofaune*. Celle-ci profite en effet de la richesse des cultures en mélanges et se
développe d’avantage dans des CF que sur des parcelles monoculturales (D. Pibarot, 1998).
D’autre part, S. Jaulin, & D. Gautier (2009) ont montré que les strates herbacées des milieux
restaurés étaient favorables au développement des orthoptères, maillon essentiel pour
beaucoup d’insectivores. Dans cette publication les auteurs mettent en avant notamment des
légumineuses et des crucifères comme la moutarde (Sinapis alba, Linné 1753) qui attirent
fortement pucerons et coléoptères, denrées alimentaires de choix pour la plupart des jeunes
d’espèces d’oiseaux comme la perdrix rouge.
La synergie entre les différents aménagements faunistiques et cynégétique a été mise
en évidence. Les haies par exemple, sont à la fois des sources de nourriture (selon les espèces
végétales utilisées) mais servent également d’abris et de postes d’observation (Hinsley, S.A.
et Bellamy, P.E. 2000). La création de CF et la synergie avec les autres dispositifs
faunistiques et cynégétiques permettent avant tout le développement d’une mosaïque de
milieux qui assure la diversification des espèces par leur maintien mais également par des
échanges génétiques entre les populations (Tim G. Benton et al, 2003 ; voir Figure 2).
22
II.2- Natura 2000 : une parenthèse de 2 ans
Travailler dans le cadre de Natura 2000 reste complexe. Le côté administratif et le
cadre européen crée un système complexe avec des remontées d’information lentes entrainant
souvent un flou administratif de la part des instances dirigeantes ou relais (DREAL). Un tel
système dissuade souvent les acteurs locaux d’utiliser cet outil pour s’investir dans des
actions de restauration.
Le premier obstacle constaté lors de ma mission est donc la complexité administrative
des contrats N2000. Une fois les pages de dossier remplies (type de milieu, localisation de la
parcelle, superficie, estimation détaillée du coût des travaux, devis, etc), il faut ensuite fournir
de nombreuses pièces justificatives comme par exemple l’acte de fondation de l’ACCA
(parfois difficile à retrouver étant donné que certaines ACCA ont un demi-siècle). Bien que la
Fédération accompagne les démarches, il reste un obstacle de taille : le remboursement des
frais d’engendrés. En effet, le remboursement des aménagements comme les CF, ne se fait
que sur présentation de justificatif de dépenses c’est-à-dire sur facture, obligeant ainsi les
ACCA à faire appel à des prestataires plutôt qu’utiliser la main d’œuvre bénévole. De plus les
structures doivent avancer les frais pour les actions de restauration qui ne seront remboursés
que plusieurs mois plus tard. Or les maries ou les ACCA ne peuvent pas toujours avancer les
fonds nécessaires qui bien souvent s’élèvent à plusieurs milliers d’euros. La FDC66 avance
parfois les sommes nécessaires mais ce long délais de remboursement de la part de l’Etat et de
l’Europe (50/50% des frais) reste fortement dissuasif.
Les Basses-Corbières comptent une vingtaine de communes (et autant d’ACCA) dont
Calce. Ma première constatation a été la nécessité d’améliorer l’image du réseau N2000 sur
la ZPS BC afin d’y impliquer les acteurs locaux les plus retissant et méfiants. L’ACCA de
Calce, d’ores et déjà très dynamique et impliqué dans la restauration des milieux avec la zone
pilote, peut être une zone vitrine où démarrer le projet afin de l’étendre aux autres secteurs.
Elle se montre en effet totalement investie et volontaire pour tout autre dispositif lui
permettant d’entretenir les aménagements déjà réalisés. Cette motivation a d’ailleurs pu être
soulignée lors de conversations téléphoniques avec le Président de l’ACCA de la commune.
C’est pourquoi ma mission semblait alors se recentrer sur Calce. Suite à la réunion à la
DREAL LR du 22 mars 2013, les cahiers des charges de CF et de garennes devaient être
23
finalisés et le point devait être fait sur N2000 dans la région. Mais l’information principale qui
en est ressortie était tout autre.
Le financement de N2000 repose sur un modèle sensiblement identique à la Politique
Agricole Commune (PAC). De ce fait, une enveloppe est allouée pour financer les projets sur
7ans : celle-ci s’élève à 6,1 milliards d’euros par an en Europe, dont la moitié est assumée par
les Etats (European Commission, 2013). Or 2013 était la dernière année de financement avant
le redéploiement d’une enveloppe pour 2014-2021. Malheureusement, en mars, les budgets
alloués au financement de nouveau contrat sont suspendus (seul le financement des postes des
animateurs est maintenu). De plus, l’année 2014 étant dédiée au vote du budget 2014/2021
celle-ci sera probablement une « année blanche » sans possibilité de souscription à de
nouveaux contrats. C’est donc une parenthèse de 2 ans qui s’installe pour Natura 2000 ce qui
n’est pas sans conséquence sur l’animation des sites et in fine sur ma mission.
III- Discussion et perspectives
Les cultures faunistiques sont aujourd’hui, de par leurs intérêts environnementaux,
pédagogiques, paysager et agricoles, des aménagements clés dans la restauration des milieux
jusqu’alors en friche. Les nombreuses années de terrain mêlées aux études scientifiques ont
permis d’accumuler une somme de connaissances importantes pour la maîtrise mais surtout
l’anticipation des impacts de ces aménagements sur la faune sauvage. Les phases de terrain
ont permis avant tout d’expérimenter différentes associations de plantes et de pratiques
culturales en fonction des conditions environnementales (terrain, pH du sol, etc) et les
objectifs de la restauration (visuel, impact sur du gibier, etc). Il est à noter que les résultats
obtenus restent fidèles aux conclusions des études faites à postériori dans plusieurs pays. Les
associations de plantes, les pratiques de girobroyage ou de fauches hors période de
nidification, l’aménagement de lisières ou d’espaces pour les adventices participent
grandement au développement de tout un réseau trophique. Les études scientifiques
contribuent ainsi grandement à la légitimité des CF par l’apport de résultats chiffrés sur leurs
impacts environnementaux. Ces résultats restent encore difficiles à obtenir car les protocoles
nécessaires à leur mise en place sont dépendants de grandes surfaces au sol et de la bonne
collaboration entre pouvoirs publics, chasseurs et agriculteurs. Si de nombreuses recherches
ont permis de faire ressortir des valeurs sur l’impact des aménagements faunistiques (dont les
CF) il serait néanmoins exagéré de leur attribuer tout le mérite. En effet le contexte local est à
24
prendre en compte et notamment (dans le cas cynégétique) de la gestion des populations de
gibier par les associations de chasse et de la pression qu’elles exercent. Il est raisonnable de
penser que la réouverture d’un milieu ne peut pas, à elle seule, suffire au bon développement
des espèces chassables. C’est pour cela qu’une pression de chasse raisonnée, passant parfois
par l’interdiction temporaire, doit y être associée. Finalement, il semblerait que l’avenir des
CF se porte d’avantage sur des besoins communaux liés au tourisme. Souvent plus décidées à
lever les fonds nécessaires à la mise en place de cultures, les communes du département sont
de plus en plus volontaires pour se débarrasser des friches les bordant afin de revaloriser ainsi
leurs sols et leur image. Les ACCA ne sont pas en reste, mais la baisse du nombre de
chasseurs (moins 2000 chasseurs en 15 ans) et l’augmentation de leur moyenne d’âge tant à
limiter leur action.
Bien qu’il existe des outils pour les aider dans leur actions, certains d’entre-eux m’ont
semblé non sans conséquences. Pour Natura 2000, mon expérience m’a révélé sa complexité
et son opacité sur le plan administratif et financier. En Basses-Corbières, comme sur d’autres
sites, ces aspects freinent beaucoup d’acteurs locaux pour la signature de contrat N2000. Bien
que Calce (par ses expériences passées dans la zone pilote) souhaitait souscrire un contrat, la
réunion à la DREAL a mis fin à leur ambition. L’image de N2000 étant encore a amélioré,
l’arrêt du financement des contrats fin mars a pu consolider l’opinion de beaucoup de
réticents. Toutefois les nombreux documents que j’ai réalisés (cartographie, fiches
techniques, etc) et le temps investi au montage des différents dossiers permettront un
redémarrage plus rapide de l’animation en 2015. Nous avons décidé d’accompagner la
commune de Calce pour des démarches de financement autre que N2000 dans le but que les
aménagements réalisés dans le passé puissent être entretenus grâce au Conseil Général. Grâce
à cela, Calce pourrait s’inscrire comme une commune modèle dans le secteur des BC, en
représentant une référence en termes d’investissement pour la faune sauvage.
L’accompagnement de la Fédération pour de tels dossiers est essentiel. Si pour des
structures déjà impliquées, il s’agit surtout d’un appui administratif et financier (ex : Zone
Pilote de Calce), pour d’autres, (Saint-Nazaire) il a été nécessaire de présenter les actions de
la FDC66 et les aménagements qu’elle réalise. C’est dans ce cadre que s’intègrent les
documents que j’ai réalisé. Bien que je n’aie pu les exploiter sur le terrain, les techniciens et
administrateurs de la Fédération les utiliseront lors de leurs entretiens. En complément du
travail fait en amont (L. Bassou et O. Galaup, 2012), la Fédération possède désormais tous les
25
outils pour présenter, valoriser et rendre accessible ses actions pour l’environnement au public
le plus large.
C’est d’ailleurs auprès d’un un plus large public que les cultures faunistiques devraient
trouver un regain d’intérêt. Les différentes missions que j’ai pu effectuer, après ma
réorientation de mission, m’ont permis de constater l’application de cet aménagement sur le
milieu agricole. Les anciennes pratiques culturales mêlées aux connaissances actuelles sur le
fonctionnement et l’apport des différents groupes de végétaux semblent être destinés à
s’intégrer dans la future révolution agricole. Les besoins alimentaires actuels et futurs, ainsi
que la prise de conscience des enjeux écologiques permettent dès aujourd’hui de penser et
d’expérimenter des pratiques agricoles basées sur le modèle d’écosystèmes complexes. C’est
dans cette optique que les cultures faunistiques apportent leur pierre à l’édifice en étant
l’esquisse d’un réseau conciliant la chasse, l’urbanisme et l’agriculture.
Conclusion
C’est sans réel apriori que j’ai intégré pour ces trois mois, la Fédération
Départementale des Chasseurs des Pyrénées-Orientales. Bien loin du stéréotype du chasseur,
j’ai découvert une structure réellement impliquée et active sur des questions écologiques et
environnementales de notre temps. Ma mission sur la ZPS en Basses-Corbières fut riche en
d’enseignement. Bien qu’avorté par manque de financement, ce travail m’a permis d’assimiler
une grande partie de la théorie des CF et de l’environnement de Natura 2000. Bien que très
théorique, cette première moitié de stage était essentielle pour la suite. En effet, le contexte
peu favorable vis-à-vis de N2000 en BC a nécessité de travailler à la réalisation de nombreux
supporte de communication indispensable non seulement pour sensibiliser et impliquer les
acteurs locaux mais également pour les informer sur leur capacité à s’investir dans la
restauration de leurs territoires. Les nombreuses sorties sur le terrain : visites de parcelles,
réunions avec les acteurs locaux (élus, agriculteurs, chasseurs ou représentant de l’Etat) et les
comptages sont autant de cas concrets rentrant soit dans des objectifs de concertation soit dans
le cahier des charges de N2000. Ces différentes expériences ont été autant de chance où mes
nouvelles connaissances et compétences ont pu être mis en œuvre et être confronter aux
réalités du terrain. Je pense ainsi voir pu montrer, au travers de la réalisation de documents de
travail et de mes suggestions sur le terrain, ma réelle motivation et mon intérêt pour ces
aménagements faunistiques et des missions qui en découlent.
26
Bibliographie
C. Foyer-Bénos (2009). Enquête sur la structure des exploitations en 2007 La crise viticole
accélère le rythme de concentration (France: Agreste Languedoc-Roussillon).
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Ecology & Evolution 18, 182–188.
W. Delannoy (2010). Impact des cultures intermédiaires sur les populations d’insectes
(France: ONCFS, FNC, Argrifaune).
28
Annexes
29
Carte 1 : Limites des communes concernées par la ZPS en Basses-Corbières
Annexe 1 :
30
Annexe 2 :
Hors de la ZPS
Dans la ZPS
La Zone de Protection Spéciale (ZPS) en
Basses-Corbières occupe 29562ha. Elle
représente une proportion important du
territoire de la commune de Calce et
s’étend sur 2017ha, ce qui représente prêt
de 43% du territoire de Calce (et 3,5%
de la ZPS en Basses-Corbières).
Un certain nombre d’aménagements ont
été mise en place sur la commune : 61
d’après les dernières chiffres, dont 14 en
ZPS (soit 23%).
Carte 2 : Délimitation de la ZPS dans la commune de Calce (en bleu) et des aménagements à l'extérieur (en point rouge) et à l'intérieur (point vert), de la
ZPS (Source : IGN et DREAL LR, par Nicolas PUIGMAL, Février 2013).
1
Crédits photo : FDC66 et Nicolas PUIGMAL
Références scientifiques
M. Besoli, (2007), Enjeu de la
jachère face au contexte
actuel de la biodiversité.
Fédération National des
Chasseurs
G. Dhellemmes, 2004.
Jachère Environnement Faune
Sauvage en, Nord Pas-de-
Calais, Bilan National- Suivi
scientifique. Fédération
Régionale des Chasseurs du
Nord Pas-de-Calais. 41p
G.R. de Snoo, 1999,
Unsprayed field margins:
effects on environment,
biodiversity and agricultural
practice, Landscape and
Urban Planning 46 (1999)
151-160)
W. Delannoy (2009), Impact
des cultures intermédiaires
sur les populations d’insectes,
2008
Arnaud et Bouquet (2009),
Couvert faunistiques et
floristiques
F.A.N. van Alebeek et al,
2003, Manipulating
biodiversity in arable farming
for better pest suppression:
which species and what scale?
Fédération Régionale des
chasseurs du Languedoc-
Roussillon (2010), Expertise
agro-environnementale du
dispositif « cultures
faunistiques » en région
Languedoc-Roussillon (2003-
2009) et proposition
d’orientation, p83-84
Auto-entretien des sols :
- Limitation de l’érosion.
- Amélioration de la qualité du sol :
apport de matière organique, azote
et aération.
- Rétention et dégradation des
pesticides par les zones tampons
(bordure de champs).
Services de régulation :
- Zone refuge pour les auxiliaires de cultures
(coccinelles, carabes, papillons, lombrics).
- Consommation d’espèces déprédatrices par
ces auxiliaires.
Services généraux :
- Limitation de l’impact des espèces déprédatrices
(lapins, sangliers,…) sur des cultures agricoles
avoisinantes.
- Maintien des populations de pollinisateurs.
- Protection contre les incendies (pare-feu).
- Non ajout d’amendement (engrais).
- Entretien de terres ne pouvant être travaillées
par leurs propriétaires.
- Possibilité de faire entrer les cultures
faunistiques dans les critères d’éco-
conditionnalité des Bonnes Conditions Agro-
Environnementales de la PAC.
Intérêts agricoles
L’Intérêt des Cultures Faunistiques
FDC 66, 47 avenue Giraudoux – BP 91021 – 66010 PERPIGNAN
Tel : 04.68.08.21.41 Fax : 04.68.08.21.42 Mél : fdc66@fdc66.fr
SIRET : 77616003800027-913E
Fiche n°1
Annexe 3 :
31
2
Crédits photo : FDC66 et Nicolas PUIGMAL
Références scientifiques
Md Lutfor Rahman et al, 2012, Influence of
habitat quality, landscape structure and
food resources on breeding skylark (Alauda
arvensis) territory distribution on restored
landfill sites, Landscape and Urban Planning
105 (2012) 281–287)
Rahman, M. L. et al (2011). The
conservation value of restored landfill sites
in the East Midlands UK for supporting bird
communities. Biodiversity and
Conservation, 20, 1879–1893
Bourgeois M. (2007). Relation entre
avifaune des Corbière et les cultures
faunistiques. Master Sciences de
l’Environnement Terrestre de l’Université
Paul Cézanne, Aix-Marseille III. LPO Aude.
23p
Ponce-Boutin et al, (2006), Impact des
cultures faunistiques et d’un plan de chasse
sur la dynamique des populations de perdrix
rouge
Hinsley, S.A. and Bellamy, P.E. (2000) The
influence of hedge structure, management
and landscape context on the value of
hedgerows to birds: a review
CEN LR, 2008, Les cultures faunistiques.
Fiche technique pour le choix des MAE pour
améliorer la gestion de l’environnement, la
préservation des milieux. Fiche 21
Jaulin, S. & Gautier, D. (2006). Etude des
Orthoptères des sites expérimentaux du
LIFE Basses Corbières. 1ère année de
prospections. Rapport d’étude OPIE-LR,
Perpignan, 35 p.
D. Pibarot (1998), Comparaison des
peuplements d’invertébrés de trois milieux
herbacés sur le Causse du Larzac. Institut
Méditerranéen du Patrimoine Cynégétique
et Faunistique, 112p
Tim G. Benton et al, 2003, Farmland
biodiversity: is habitat heterogeneity the
key? TRENDS in Ecology and Evolution
Vol.18 No.4 April 2003
Intérêts faunistiques
Généralités
- Réouverture de milieu et restauration d’un
habitat favorable permettant le retour, le
maintien et le développement d’espèces
d’intérêt patrimonial, protégées et/ou d’intérêt
cynégétique
Maintien d’un couvert : refuge et reproduction de la faune
- Favorisation de la survie des jeunes Perdrix rouge
(Alectoris rufa) si les cultures sont associées à une
régulation de la chasse
- Refuge pour la faune, en particulier lors de la
période de reproduction : petits mammifères,
passereaux, espèces gibier.
Développement d’une végétation source de nourriture
- Observation d’espèces proies se nourrissant dans
ces parcelles faunistiques (lapin, lièvre,
passereau,…) ainsi que des espèces protégées (ex :
le Busard cendré,…)
- Les cultures sont une source de nourriture directe
(graines, parties vertes, fleurs, fruits), ou indirecte
(insectes qui s’y installent).
Développement d’une parcelle diversifiée
- Facilitation du développement de populations
d’invertébrés, due à la variété des semences utilisée
: on en trouve plus en culture faunistique qu’en
parcelle monospécifique
- Mosaïque paysagère des espèces végétales
permettant la diversification des espèces animales
L’Intérêt des Cultures Faunistiques
FDC 66, 47 avenue Giraudoux – BP 91021 – 66010 PERPIGNAN
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SIRET : 77616003800027-913E
Fiche n°2
Annexe 4 :
32
3
Crédits photo : FDC66
Références scientifiques
Fédération Régionale des
chasseurs du Languedoc-
Roussillon (2010),
Expertise agro-
environnementale du
dispositif « cultures
faunistiques » en région
Languedoc-Roussillon
(2003-2009) et proposition
d’orientation.
G. Dhellemmes, 2004.
Jachère Environnement
Faune Sauvage en, Nord
Pas-de-Calais, Bilan
National- Suivi scientifique.
Fédération Régionale des
Chasseurs du Nord Pas-de-
Calais. 41p.
Intérêts cynégétiques
Maintenir et développer des populations de petit
gibier
- Augmentation de la réussite de la
reproduction et du taux de survie des adultes
due à aux strates herbacés (apport de
nourriture et protection des prédateurs)
Apport au détenteur du droit de chasse
- Valorisation de l’image des chasseurs :
légitimation en tant que gestionnaire
- Possibilité de financement pour la mise en œuvre
des « contrats Natura 2000 » qui peut permettre
l’achat de matériel
- Plus de 600.000 euros dépensés pour les FDC et
400.000 euros d’investissement humain de la part
des chasseurs (bénévolat) par an : aucune autre
activité extra-professionnelle ne peut se prévaloir
d’un tel effort en faveur des espaces naturels et
ruraux (2010)
- Mise en contact avec des structures agricoles
(pour les semences), les associations de forestiers,
randonneurs, permet de faire connaître les
structures via les cultures faunistiques
L’Intérêt des Cultures Faunistiques
FDC 66, 47 avenue Giraudoux – BP 91021 – 66010 PERPIGNAN
Tel : 04.68.08.21.41 Fax : 04.68.08.21.42 Mél : fdc66@fdc66.fr
SIRET : 77616003800027-913E
Fiche n°3
Annexe 5 :
33
4
5
Les cultures faunistiques sont des aménagements permettant de revaloriser des
parcelles non entretenues. Très nombreuses dans le département du fait de la déprise viticole,
ces parcelles souvent en friche traduisent la fermeture naturelle d’un milieu ouvert. Toutefois
du fait du fort passé viticole et pastoral des Pyrénées-Orientales, des espèces telles que la
perdrix rouge (Alectoris rufa) ou l’aigle de Bonelli (Hieraaëtus fasciatus) ont colonisé ces
espaces et participé aux traditions cynégétiques. Afin de protéger ces espèces et ce
patrimoine, les Associations Communales des Chasseurs Agrées (ACCA) et les mairies
sollicitent la Fédération Départementale des Chasseurs des Pyrénées-Orientales (FDC 66)
pour réaliser des cultures faunistiques sur leurs territoires. Grâce aux années
d’expérimentation, le cahier des charges de ces cultures permet d’adapter les pratiques selon
la nature du milieu à restaurer. Néanmoins ce dispositif s’accompagne de coûts humains et
financiers conséquents et le constat sur le terrain fait état d’une complexité administrative
souvent rédhibitoire. C’est donc un travail complexe d’accompagnement, de communication
et concertation qui est nécessaire sur le terrain afin de mobiliser le plus possible les acteurs
locaux afin de restaurer et préserver pour les générations à venir ce riche patrimoine naturel.
Mots clés : Aménagement / Faunistique / Cynégétique / Natura 2000 / Basses-Corbières
Faunistic cultures are upgrading facilities applied to unfarmed plots. Numerous in the
county due to grape vine abandonment : these wasteland often see the natural closure of an
opened environment. However, because of a strong wine and pastoral tradition the Pyrénées-
Orientales species such as red-legged partridge (Alectoris rufa) or Bonelli's eagle (Hieraaëtus
fasciatus) have colonized these ecosystems and involved in hunting habits. To protect these
species and this legacy the Associations Communales des Chasseurs Agrées (ACCA -
Communal Associations of Chartered Hunters) and municipalities rely on the Fédération
Départementales des Chasseurs des Pyrénées-Orientales (FDC 66 – Hunters Departmental
Federation from the Pyrénées-Orientales) to carry out faunal crops on their territory. Thanks
to many years of experimentation : specifications of these crops can be adjusted according to
the ecosystem to restore. Yet this device is associated with substantial human and financial
costs and field experiment often show dissuassive administrative complexity. Therefore it’s
an intricate work for support, communication and cooperation needed on the spot to mobilize
increasingly local stakeholders in order to restore and preserve this rich natural heritage for
future generations.
Keywords : Facilities / Faunistic / Cynegetic / Natura 2000 / Basses-Corbières
Résumé
Abstract

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Memoire de stage: Implication du monde cynégétique dans la conservation des espèces d'intérêt communautaire : développement d'un réseau de cultures à but faunistique et environnementale sur la ZPS Basses-Corbières

  • 1. 0 Université de Perpignan Via Domitia Master 1ère Année BIMoPoDD, Biologie Intégrée : Molécules, Populations et Développement Durable -Parcours Professionnel- Année Universitaire 2012-2013 Sous la direction de : Nathalie GILABERTE Fédération Départementale des Chasseurs des Pyrénées-Orientales (FDC66), 47 avenue Giraudoux BP 91021 - 66101 Perpignan CEDEX Tel : 04.68.08.21.41 - Fax : 04.68.08.21.42 L’IMPLICATION DU MONDE CYNEGETIQUE DANS LA CONSERVATION DES ESPECES D’INTERET COMMUNAUTAIRE : DEVELOPPEMENT D’UN RESEAU DE CULTURES A BUT FAUNISTIQUE ET ENVIRONNEMENTAL SUR LA ZPS BASSES-CORBIERES (66) Nicolas PUIGMAL
  • 2. 0 Remerciements Je tiens à remercier le Président et le Directeur de la Fédération Départementales des Chasseurs des Pyrénées-Orientales, respectivement M. Alain ESCLOPE et M. Gilles TIBIE pour m’avoir permis de réaliser ce stage au sein de leur structure ainsi que pour leur accueil chaleureux. Je remercie chaleureusement ma tutrice Nathalie GILABERTE pour tout le temps consacré à l’encadrement de mon stage, pour son dévouement, sa patience et pour les corrections apportées à ce mémoire. Mes remerciements s’adressent également à toute l’équipe de la Fédération : Benjamin, Christian, Christine, Cyril, Fabien, Jérôme, Julie, Olivier, Paul et Sandra. J’ai été très touché par leur accueil, leur sympathie, leur joie de vivre, leur bonne humeur mais surtout leur disponibilité tout au long du stage, répondant et m’apprenant tous les jours un peu plus sur leur travail mais également leur passion. Je n’oublierai pas non plus l’accueil de l’équipe de la commune et de l’ACCA de Claira qui m’ont permis de réaliser bon nombre de sortie, toujours dans la joie et la convivialité. Je remercie finalement M. Michel FORT pour sa bienveillance, son amitié et pour m’avoir non seulement guidé vers cette structure mais également pour m’avoir soutenu dans mes démarches. Ses conseils et son dévouement sont pour beaucoup dans la bonne mise en œuvre de mon projet professionnel. Crédits photographiques pour la page de garde : - Nicolas PUIGMAL (photographies du centre et de droite) - Fédération Départementale des Chasseurs des Pyrénées-Orientales (photographie de gauche)
  • 3. 0 Sommaire Glossaire et Abréviations Introduction.......................................................................................................................... 1 I- Matériels et Méthodes............................................................................................. 4 I.1- Contexte de la zone d’étude .................................................................................... 4 I.1.1- Les problématiques en Languedoc-Roussillon : crise viticole, urbanisme et biodiversité.......................................................................................................................... 4 I.1.2- Territoire d’étude : La ZPS Basses-Corbières et la commune de Calce ................... 6 I.2- Un aménagement cynégétique incontournable : les cultures faunistiques.. 9 I.2.1- Présentation du dispositif .......................................................................................... 9 I.2.2- Mise en place des cultures...................................................................................... 12 I.3- Démarche de communication et de concertation.............................................. 15 I.3.1- Réalisation des documents de supports................................................................... 15 I.3.2- Réorientation de mission......................................................................................... 17 II- Résultats....................................................................................................................... 19 II.1- Retombées des cultures faunistiques................................................................ 19 II.2- Natura 2000 : une parenthèse de 2 ans.............................................................. 22 III- Discussion et perspectives............................................................................... 23 Conclusion.......................................................................................................................... 25 Bibliographie........................................................................................................................ 26 Annexes...............................................................................................................28 Annexe 1 : ........................................................................................................29 Annexe 2 : ........................................................................................................30 Annexe 3 : ........................................................................................................31 Annexe 4 : ........................................................................................................32 Annexe 5 : ........................................................................................................33
  • 4. 0 Glossaire et Abréviations Remarques : les termes précédés de « * » renvoient au glossaire Adventices : plante qui pousse spontanément dans une culture et qui peut entrer en compétition avec l’espèce cultivée. Allogène : organisme étranger du milieu d’étude. Appétence : intensité avec laquelle une plante est consommée par un animal. Cette intensité peut être variable selon le stade de développement de la plante. Auxiliaire : regroupe les organismes (insectes, mammifère, etc) ayant une action de régulation sur les espèces déprédatrices (ex : larves de coccinelle consommant les pucerons). Avifaune : ensemble des espèces d’oiseaux présent dans une zone d’étude. Cynégétique : qui concerne la chasse. Déprédateurs : organismes occasionnant des dégâts sur des biens humains (ex : cultures agricoles, élevages, etc). Disquage : travail du sol réalisé avec de larges disques métalliques et visant à aérer le sol. Lisière : espace à l'interface de deux milieux (synonyme : écotone) Entomofaune : ensemble des espèces d’insectes présent dans une zone d’étude. Estive : pâturage en montagne pratiqué l’été dans les Pyrénées. Dans les Alpes on parle d’alpage. Garenne : ensemble des terriers du lapin et par extension de l’espace dans lequel il vit. Girobroyage : action de broyer des végétaux. Messicoles : désigne les plantes annuelles qui poussent dans les champs de céréales. On y retrouve des espèces aux couleurs ternes comme des espèces aux couleurs vives. G & A
  • 5. 0 Produit phytosanitaire : produit utilisé sur les végétaux afin de prévenir les maladies liées aux micro-organismes (bactéries, champignons, etc). On utilise également se terme pour désigner les produits visant à limiter le développement d’insectes ou de plantes non désirables. ACCA : Association Communale de Chasse Agréée AICA : Association Intercommunale de Chasse Agréée BC : Basses-Corbières CEN LR : Conservatoire des Espaces Naturels du Languedoc-Roussillon CF : Cultures Faunistiques CREN : Conservatoire Régional des Espaces Naturels DH : Directive Habitats DIREN : Direction Régionale de l’Environnement DO : Directive Oiseaux DOCOB : Documents d’Objectifs DREAL : Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement FDC66 : Fédération Départementale des Chasseurs des Pyrénées-Orientales FRC : Fédération Régionale des Chasseurs LR : Languedoc-Roussillon N2000 : Natura 2000 ONCFS : Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage PO : Pyrénées-Orientales SDGC : Schéma Départemental de Gestion Cynégétique SIG : Système d’Information Géographique ZNIEFF : Zone Naturelle d’Intérêt Economique, Faunistique et Floristique ZPS : Zone de Protection Spéciale ZSC : Zone Spéciale de Conservation G & A
  • 6. 1 Introduction Ce rapport s’inscrit dans le cadre du stage de 2nd semestre de la 1ère année de Master BiMoPoDD de l’Université de Perpignan Via Domitia. Le stage a été réalisé du 11 février au 3 mai 2013 à la Fédération Départementale des Chasseurs des Pyrénées-Orientales (FDC66), une association Loi 1901 agréée au titre de la protection de l’environnement (AP n°2013057- 0002 du 26/02/2013). Elle est dirigée par un Conseil d’Administration composé de 16 élus, un Président, des personnels administratifs et techniques. La FDC66 regroupe et représente l’ensemble des Associations (inter-)Communales des Chasseurs Agréées (ACCA et AICA) et des chasses gardées. Ainsi fédérés, les chasseurs ont rédigés le Schéma Départemental de Gestion Cynégétique* (SDCG) qui fixe les orientations de gestion sur une période de six ans. La Loi chasse 2000 a modifié les statuts des FDC et a donné une dimension plus environnementale à ces structures en les impliquant dans la gestion de l’ensemble de la faune sauvage et de ses habitats. Cette gestion est d’autant plus complexe que le département des Pyrénées-Orientales (PO) fait partie d’une région à la diversité exceptionnelle. En effet, la région Languedoc-Roussillon (LR) possède une diversité faunistique et floristique remarquable qui se traduit sur le terrain par l’élaboration de nombreux inventaires et actions de gestion ayant amenés à la création d’espaces protégés. Ainsi, la région possède 33,2% de son territoire intégré au réseau Natura 2000 (INSEE, 2013b), 65% en espaces naturels protégés dont 45% sont des territoires en Zones Naturelles d’Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique (ZNIEFF), soit près du double de la moyenne nationale (Fédération Régionale des Chasseurs du Languedoc-Roussillon (FRC LR), 2010). Du point de vue européen, un réseau a été mis en place afin de mettre en commun les efforts des États membres sur des questions environnementales. Le réseau européen Natura 2000 (N2000) a été créé dans le but de « restaurer et maintenir la biodiversité en Europe » (DREAL LR, 2010). Ce réseau repose sur deux directives : la Directive « Oiseaux » (DO) de 1979 (revue en 2009) qui a abouti à la création de Zones de Protection Spéciales (ZPS) pour la conservation des habitats d’oiseaux répertoriés dans l’annexe 1 de la DO et la Directive « Habitat Faune Flore » (DH) de 1992 qui a permis la délimitation des Zones Spéciales de Conservation (ZSC) pour la conservation
  • 7. 2 d’habitat naturel et d’habitat d’espèces (DREAL LR, 2010). Le département des Pyrénées- Orientales compte 25 sites dont 8 ZPS et 17 ZSC, soit 1/3 du territoire départemental. Pour chaque site, un Document d’Objectif (DOCOB) est élaboré et validé par le Préfet afin de définir des mesures de gestions adéquates à mettre en œuvre. Par la suite, des « contrats Natura 2000 » peuvent être passés par les acteurs locaux (ACCA, propriétaire de parcelle, etc) pour mettre en place les actions de restauration ou d’entretien des espaces naturels définies dans le DOCOB. Face à cela, la FDC66 a voulu dépasser le débat pro ou anti N2000 en faisant le choix de s’impliquer dans la démarche de préservation de ces « cœurs de nature » tout en défendant une vision de la conservation de la nature plaçant l’Homme et les activités socio-économiques au cœur de la gestion. Ainsi, la Fédération est co-animatrice de la ZPS en Basses-Corbières (BC) depuis 2010. Le DOCOB donnant une place importante aux aménagements à but faunistique, celle-ci a pour mission de développer sur cette zone un réseau de culture à but faunistique et environnemental (CF) dans le cadre de contrat N2000. L’objectif étant de permettre la création d’une mosaïque de milieux favorable à l’avifaune* mais également le développement des ressources alimentaires (espèces-proies) des rapaces ayant permis la création du site (ex : aigle de Bonelli). Après trois ans de travail en collaboration entre les services de l’Etat (DREAL), le Groupe Ornithologique du Roussillon (GOR), la Ligue de Protection des Oiseaux de l’Aude (LPO 11) et la FDC66, le cahier des charges a été validé le 21 mars 2012 permettant la signature de contrat N2000. Lors de ce stage mon travail a principalement était orienté vers la mise en œuvre de ces contrats N2000. Mes missions consistaient (avec l’équipe de la FDC66) à : - affiner l’argumentaire sur l’intérêt des CF pour la biodiversité en consultant les dernières études portant sur leurs efficacités ; - élaborer la démarche de concertation des acteurs locaux (supports de communication, grille d’entretien) ; - apporter un appui technique et administratif pour la mise en place d’un contrat ; - réaliser une étude de faisabilité (pré-diagnostic de terrain) permettant de vérifier l’éligibilité et la pertinence des parcelles proposées.
  • 8. 3 Au vu de ces missions j’ai accès mon étude sur trois problématiques me paraissant être au cœur des enjeux relevés par les aménagements faunistiques : Quels sont leurs apports cynégétiques et écologiques que nous pouvons valoriser auprès des acteurs locaux? Quels sont les principaux facteurs limitant leur mise en place ? Quels outils peut-on utiliser afin de surmonter ces obstacles ? Nous le verrons assez vite, les CF ont des atouts indéniables tant sur le plan cynégétique, écologique que social (communication, sensibilisation). Néanmoins le cadre de travail dans lequel ces derniers doivent être implantés freine considérablement leur mise en place. En effet, le réseau N2000 va se révéler être un outil très complexe dont les nombreux rouages vont perturber le bon déroulement de mon stage.
  • 9. 4 Graphique 1 : Evolution du nombre d'exploitation agricole en Languedoc-Roussillon de 2000 à 2007. (Modifié d’après C. Foyer-Bénos, 2009) 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 2000 2007 Milliers Pyrénées-orientales Lozère Hérault Gard Aude Languedoc-Roussillon I- Matériels et Méthodes I.1- Contexte de la zone d’étude I.1.1- Les problématiques en Languedoc-Roussillon : crise viticole, urbanisme et biodiversité La région Languedoc-Roussillon est située dans le Sud-Est de la France métropolitaine et est composée de 5 départements (Aude, Gard, Hérault, Lozère et Pyrénées-Orientales) bordant pour quatre d’entre-eux la Mer Méditerranée. Relief et nature des roches variés, climat changeant et paysages riches : autant de facteurs qui ont favorisé le pastoralisme, des exploitations agricoles diversifiées mais également le développement d’une faune et flore reflétant la richesse de ses écosystèmes. Depuis des siècles, la région a surtout orienté sa production agricole vers la viticulture et l’élevage d’herbivore (ovins, bovins, caprins), modelant le milieu en créant et/ou en maintenant des espaces ouverts ainsi qu’une mosaïque de paysage favorable à un certain nombre d’espèces inféodées à ces types de milieux. Néanmoins, depuis plus d’une vingtaine d’années l’intensification des méthodes d’exploitation des sols, l’abandon du pastoralisme et l’urbanisation ont un impact important sur ces paysages. En effet, les méthodes modernes de cultures (cultures intensives, monocultures) et la mise en concurrence entre les pays producteurs de denrées alimentaires ont eu pour effet la
  • 10. 5 Photographie 1 : Fermeture d'un milieu (ancienne vigne) à Claira. On notera les strates herbacées, la présence de ligneux bas (ex : pistachier : Pistacia lentiscus, Linné 1753) et de ligneux hauts (ex : olivier : Olea europaea, Linné 1753), (Source personnelle, Avril 2013). Strates herbacées Ligneux hauts Ligneux bas baisse du nombre d’exploitations agricoles en LR (G. César, 2002). Dans la région, la déprise agricole a entrainé de grandes campagnes d’arrachage de pieds de vigne (15% de leur surface cultivée) et la perte de nombreuses exploitations dans les années 1990 (C. Foyer-Bénos, 2009). Ce phénomène s’est poursuivi jusqu’en 2007 (Graphique1) sur tout type de cultures (arboricole, viticole, etc) avec une perte de 13% du nombre d’exploitations régionales. Cette tendance semble se prolonger au vu des dernières données de 2010 avec une baisse constante (INSEE, 2013c). Mise à part le problème économique que cela pose, l’absence fréquent d’entretien des terres non exploitées a depuis plus d’une vingtaine d’années, posé la question du devenir des espèces ou des écosystèmes inféodés à ces parcelles. Cultiver des végétaux ou faire paître des animaux sur des terrains, nécessite et implique une exploitation des ressources liées au terrain. Dans un premier cas, l’agriculteur exploite le sol et y fait pousser ses semences d’intérêts aux dépens des végétaux autochtones. Cela passe soit par l’usage de produits chimiques (herbicides) soit par le fauchage des « mauvaises herbes ». Pour les troupeaux (bovins, ovins et caprins) des Pyrénées, l’estive* est la période de l’année où ils paissent et consomment toutes les jeunes pousses de l’année. La pression exercée par ces troupeaux permet le maintien d’une pelouse rase favorable à des
  • 11. 6 espèces de tout ordre (oiseaux, insectes, mammifères,…) et souvent ayant un fort intérêt écologique et économique (Voir I.1.2). Ainsi l’arrêt de l’exploitation (et donc de l’entretien) des cultures ou de l’estive sur une parcelle a pour conséquence la fermeture du milieu (Photographie 1). Cela passe dans un premier temps, par la densification des strates herbacées, puis par le développement de petits ligneux (buisson) et enfin, au stade final, le recouvrement par une forêt. Un tel processus est certes long (et variable selon la richesse du sol et le climat) mais l’absence de mesures fortes ces dernières années a permis la progression des strates boisées de 10% en 15 ans (C. Foyer-Bénos, 2009). Laissées à l’abandon, ces terres sont parfois rachetées à des fins immobilières afin de répondre au besoin du second poumon économique de la région : le tourisme. En effet, tourisme et urbanisme sont particulièrement intenses dans le Sud-Est du pays. Du fait du cadre de vie, la population du LR augmente constamment depuis plusieurs décennies : passant de 2,3 millions en 1999 à près de 2,7 millions en 2012 (INSEE, 2013a). Les constructions nécessaires à l’hébergement, l’accueil ou l’acheminement de ces populations (fixes ou touristiques) ont un impact direct sur le paysage local via l’occupation importante des sols, la fragmentation des espaces naturels et des nuisances qui en découlent (pollutions chimiques, acoustiques, etc). I.1.2- Territoire d’étude : La ZPS Basses-Corbières et la commune de Calce Massif à la fois calcaire et granitique de 150 à 1230m d’altitude, partant à l’Est des plaines du Roussillon jusqu’à l’Ouest vers le « Pech de Bugarach » sur 60km, le massif des Basses-Corbières offre un relief accidenté forgé de collines, plateaux et barres rocheuses (Annexe 1). Le climat global peut être qualifié de méditerranéen semi-aride : caractérisé par des hivers doux et des étés chauds. La répartition biogéographique de la végétation se fait par étages. On retrouve ainsi du littoral aux plus hauts sommets : une végétation herbacée de plaines, des séries de chêne-liège, des séries de genêts scorpion, cistes ou de chênes verts, des étages de chênes caducifoliés ou de pins sylvestres, des étages plus typiques de l’altitude avec des espèces montagnardes comme le bouleau ou le sapin. Le paysage quant à lui a été façonné en grande partie par l’action de l’Homme. En effet d’un point de vue historique, les BC ont été exploitées à des fins agricoles et pastorales. Ainsi durant des décennies le paysage local offrait un panorama de zones ouvertes avec des terrasses de cultures viticoles ou de grandes
  • 12. 7 prairies d’herbe rase. Autant de milieux extrêmement favorables au développement de populations d’invertébrés, de mammifères et d’oiseaux : proies ou prédateurs. Ils offrent : gîtes de repos ou de reproduction et nourriture grâce aux aménagements viticoles (haies, barrières de roches, cassots en pierre, etc) ou aux strates herbacées du pastoralisme. En 2010, une étude de la Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement du Languedoc-Roussillon (DREAL LR) a quantifié l’avancement de l’obstruction des terres et le recul des parcelles ouvertes en BC par l’analyse de photographies aériennes sur 48000 ha de 1978 à 2004 (Graphique 2). L’analyse des données s’est portée sur : les pelouses ouvertes (PO), les pelouses en voie de fermetures (PF), les ligneux bas clairs (LBC), les ligneux bas denses (LBD), les ligneux bas denses sous ligneux haut clairs (LBDLHC), les ligneux hauts (LH) et les ligneux haut denses (LHD). Il en ressort l’augmentation (+6,2%) des formations arbustives denses (LBD) ainsi que des milieux forestiers (+6,8%). A l’inverse, les parcelles que l’on peut qualifier « d’ouvertes » (PO, PF et LBC), ont reculés respectivement de 2,2%, 4,9% et 6,5%. Cette étude montre ainsi l’ampleur de la fermeture des milieux en Basses-Corbières, et l’importance de prendre des mesures concrètes pour restaurer ces espaces naturels afin de protéger les espèces les composant. Par l’arrêté du 7 décembre 2000 faisant référence à la DO, la France a été condamnée par la cour de justice européenne sur deux motifs : insuffisance de ZPS et insuffisance de mesures de conservation sur ces sites. En réponse à ce jugement, la France a entrepris l’expertise et le recensement de plusieurs sites avec l’aide et les propositions d’associations -8% -6% -4% -2% 0% 2% 4% 6% 8% PO PF LB C LB D LB D LH C LH LH D Formations végétales Rapportdupourcentagede recouvremententre1978et 2004 Graphique 2 : Evolution du recouvrement des formations végétaux en Basses-Corbières de 1978 à 2004 (Modifié d’après DREAL LR 2010). Milieux « ouverts » Milieux « en fermeture »
  • 13. 8 locales dans le but de dynamiser son réseau N2000. Suite aux propositions de délimitation de périmètre par l’arrêté préfectoral n°1526/2001 du 14 mai 2001, la désignation de la ZPS en Basses-Corbières fut effective le 5 février 2003 (DREAL LR, 2010). L’arrêté concerne 29380 ha répartis entre le département de l’Aude et des Pyrénées- Orientales : respectivement 15148 ha et 14235 ha. La ZPS en BC a pour objectif la protection et la conservation de vingt-six espèces d’oiseaux répertoriées dans l’annexe 1 de la DO : on y retrouve l’aigle Royal (Aquila chrysaetos, Linné 1758), la perdrix grise de montagne (Perdrix perdrix, Linné 1758) et surtout l’emblématique aigle de Bonelli (Hieraaëtus fasciatus, Vieillot 1822) dont les effectifs ont chuté de 50% en 3 décennies (Ministère de l’Ecologie et du Développement Durable, 1999). Les BC offrent un environnement propice au développement d’espèces proies (perdrix, lapins) mais également de leurs prédateurs dont font partis les rapaces. On compte 20 communes concernées par le réseau N2000 dans les Basses-Corbières (Annexe 1), à des degrés différents en fonction de l’étendue de la ZPS sur leur territoire mais surtout par leur niveau d’implication lié à la mobilisation des acteurs locaux (élus et associations). Ma mission s’est concentrée essentiellement sur la commune de Calce (66030), entourée de plusieurs autres communes (Estagel, Cases-de-Pène et Baixas) appartenant au canton de Saint-Estève. Calce est un village de 226 habitants qui s’étend sur 2372 ha, constitué en grande partie de garrigue (ligneux bas, clair ou dense) et de parcelles viticoles qui restent son principal pôle économique (DREAL LR, 2010). La ZPS Basses-Corbières occupe une place importante du territoire communal : celle-ci occupe 1013,2 ha soit 43% du territoire (Annexe 2). L’ACCA de Calce (150 adhérents) a entrepris depuis plusieurs années des projets d’aménagement des parcelles en friches. En 2008, la création de la « Zone pilote : conservation et restauration des habitats de la petite faune de plaine » a permis sur 3ans (financée par la FDC66, le Conseil Général et Régional à hauteur de 120 000 euros), la réouverture de friches viticoles à des fins de restauration et de prévention du risque incendie des milieux propices à la petite faune de plaine. L’ampleur de l’avancée des friches est tel sur Calce, que deux personnes ont été employées par l’ACCA pour assurer la bonne mise en place de ces aménagements. En 2010, en parallèle la Communauté d’Agglomération de Perpignan a sollicité l’ACCA dans le cadre de leur projet « Vigne patrimoine » qui avait deux objectifs :
  • 14. 9 - le sauvetage du patrimoine viticole : les exploitants souhaitant arracher leur vignes touchent leur prime d’arrachage mais ne le réalise pas et laissent leur exploitation à un jeune agriculteur qui prend le relais ; - sur les vignes déjà arrachées et/ou en friche, des aménagements (ex : cultures faunistiques) sont réalisés sur plus de 12 ha afin de ré-ouvrir les milieux. A l’heure actuelle cette dynamique risque d’être rompue par manque de financement. Par conséquent j’ai réalisé de nombreux supports (documents de concertation) au sein de la FDC66 afin de présenter, expliquer et accompagner les acteurs locaux de Calce dans la souscription de contrats Natura 2000 leur permettant ainsi de maintenir en bon état les nombreux aménagements déjà présents et d’en implanter de nouveaux. Néanmoins avant d’entrer dans le détail des documents de concertation, il me paraissait important de faire un point sur l’aménagement faunistique et cynégétique qui est au cœur de ma mission : les cultures faunistiques. I.2- Un aménagement cynégétique incontournable : les cultures faunistiques I.2.1- Présentation du dispositif Les aménagements faunistiques et cynégétiques ont un même objectif : favoriser la biodiversité en ouvrant et préservant des terrains laissés à l'abandon et en friche. Haies, girobroyage* des sols, points d'eau, garennes* : il existe un grand nombre d'aménagements qui apportent chacun un intérêt particulier pour les espèces (apports de nourriture, création d'abris favorables à la protection ou à la reproduction) ou pour la parcelle (aération, limitation de l'érosion du sol). Sur le terrain, il est intéressant de coupler le plus possible ces différents aménagements sur plusieurs parcelles voisines afin de recréer une mosaïque de milieux (FRC LR 2010). La jonction entre les parcelles restaurées permet la circulation des espèces (corridors) mais également le développement de lisères* souvent particulièrement riches (Photographie 2). Lors de mes missions, je me suis particulièrement intéressé aux cultures à but faunistique. Comme nous l'avons vu précédemment, le monde cynégétique a pour ambition de favoriser la petite faune. Cela n'est possible que par la restauration du milieu associé à ces espèces. Ainsi, bien qu’une telle action paraisse restreinte aux seules espèces chassables, il en
  • 15. 10 découle un bénéfice sur tout le réseau trophique (Voir II.2). D’une façon générale les cultures faunistiques sont des parcelles réaménagées où sont implantées (ou favorisées) des semences (ou adventices*) de préférences locales ayant un intérêt pour la faune sauvage (FRC LR, 2008 et 2010). L'intérêt va principalement être nutritionnel et lié à la protection qu'offrent ces cultures. Néanmoins, il ne faut pas voir cela comme des parcelles de cultures dites "classiques" (souvent monospécifiques) comme peuvent réaliser les exploitants agricoles. Le but poursuivi est de : recréer un habitat riche et diversifié, or cela ne peut être possible qu'avec des semences variées et un espace ouvert. C’est pour cela que, les techniciens de la FDC66 utilisent des mélanges de semences à densité variable (selon les contraintes et les objectifs) regroupant plusieurs groupes de végétaux. Chaque groupe possède des avantages, on y trouve: - Les céréales classiques ou anciennes (blé de consommation, épeautre, seigle forestier, etc) : à la base des cultures car elles sont consommables tant durant leur phase de croissance (en "vert") que lors de la production de graines (en "graine"). Elles offrent des strates herbacées Photographie 2 : Exemple de mosaïque de milieux sur une parcelle à Claira (66530) (Source personnelle, Mars 2013). Haie Haie Blé Zone lisière (Girobroyée) Friche Perdrix rouge
  • 16. 11 servant d'abris pour l’ensemble de la faune; - Les légumineuses (Fabacées) à intérêt mellifère ou faunistique (sainfoin, trèfle incarnat) : consommées en "vert", elles attirent les pollinisateurs, aèrent et enrichissent les sols en azote ; - Les messicoles* et autres plantes à fleurs (coquelicot, bleuet, phacélie) : attirent les pollinisateurs, protègent les cultures voisines (insectes auxiliaires*), sont d’un attrait paysagé important, et d’un intérêt particulier pour les espèces d’oiseaux insectivores (nourrissage des juvéniles/oisillons) ; - Les plantes spontanées (ou adventices) annuelles ou non (liserons des haies, chardon, chiendent) : très souvent des espèces locales, très appétantes*, formant des strates herbacées aérées, consommable en "vert" ou en "graine", peu onéreuses (semences naturelles). Leur mise en place se fait par le girobroyage* et/ou le disquage* du sol et favorise l'effet lisière*. Figure 1 : Exemple de plusieurs végétaux utilisés dans des CF (semences et adventices). On y retrouve : (1) le blé (Triticum sp), (2) le bleuet (Centaurea cyanus), (3) le coquelicot (Papaver rhoeas), (4) la phacélie (Phacelia tanacetifolia), (5) le trèfle incarnat (Trifolium incarnatum), (6) le chardon (Carduus defloratus), (7) le chiendent (Elytrigia repens), (8) sainfoin (Onobrychis saxatilis). Au centre des exemples de graines (9) avec : (9a) le bleuet, (9b) le coquelicot, (9c) le trèfle incarnat et (9d) la phacélie. (Sources : FDC66 et Nicolas PUIGMAL, Mars 2013 ; J.-C Rameau et al, 2008) 1 2 3 4 58 7 a b c d 9 6
  • 17. 12 En parallèle du choix des semences, contrôler les densités de semis permet d’assurer un milieu peu dense, permettant la circulation et le développement, à la fois des espèces animales mais également des adventices. La densité de semi dépend également des mélanges utilisés. En effet, plusieurs années d’expérimentation sur les parcelles ont permis de relever les associations optimales en fonction des objectifs et des espèces utilisées. Des mélanges sont ainsi réalisés afin d’obtenir selon les cas un intérêt plus nutritionnel, paysagé ou dissuasif (pour les espèces déprédatrices* qui se nourrissent alors des CF et moins des cultures agricoles voisines). La composition des mélanges varie souvent selon l’effet recherché : une ACCA se concentrera surtout sur l’attractivité pour la faune (forte proportion en céréales) tandis qu’une commune privilégiera un aspect paysagé (forte proportion en fleurs). Il s’agira alors de proposer l’emploi de mélanges répondant aux demandes des structures tout en favorisant au maximum tout le réseau trophique des parcelles. I.2.2- Mise en place des cultures On regroupe sous le terme "cultures à but faunistique" plusieurs types d'aménagements qui varient selon les moyens financiers disponibles, de l'état du milieu à restaurer et de l'objectif principal (paysager, valorisation d’une espèce en particulier, etc). Néanmoins chacune d’elle s’inscrit dans un cadre commun : - Date de semis (et travail du sol) d’octobre à janvier afin de respecter le rythme des saisons : développement naturel des plantes avec les pluies d’automne et du printemps (sans arrosage supplémentaire) ; - Non entretien entre avril et août (période de nidification) ; - Non utilisation de produits phytosanitaires* ; - Semer (de préférence) des espèces locales ; - Adapter les dosages aux besoins :  Utiliser des dosages importants pour favoriser une culture dense si un meilleur ré-enfouissage des graines disponibles ou non consommées est souhaité (re-semis naturel). En effet, les plantes ne sont pas destinées à être récoltées ou fauchées (sauf plants ayant plusieurs années de repousse) après chaque fin d’année les parcelles sont retournées afin d’enfouir ces semences naturelles. Un fort dosage peut également compenser la pauvreté d’un sol ;
  • 18. 13  Utiliser un faible dosage pour favoriser la pousse d’adventices ; - Privilégier des cultures en bandes ou des parcelles comprises entre 0,3 et 1 ha afin de favoriser l’effet mosaïque ; - Entretenir (de préférence) chaque année par un girobroyage* et/ou un re-semis. Ces différents aménagements reflètent avant tout l’évolution des techniques et des connaissances de l’impact des CF, on retrouve ainsi : la culture faunistique « simple », la culture fleurie, la culture en mélange et le girobroyage*/disquage* (L. Bassou et O. Galaup, 2012). Les cultures « simples » font partie des premiers aménagements réalisés. Le but étant d’apporter à la faune nourriture et abris via la mise en place d’un « milieu de vie optimal ». La semence de prédilection est très souvent une céréale (blé ou avoine) car son coût faible facilite sa mise en place (environ 0,4€/ kg ; I. Arnault et C. Bouquet, 2009) et un dosage plus important puis le ré-enfouissage des graines non consommées permettent un re-semis naturel. Les cultures fleuries se concentrent avant tout sur un aspect paysagé et mellifère avec l’utilisation d’espèces comme le coquelicot ou le bleuet. De fortes contraintes pèsent sur ces cultures : d’une part par les communes (principale demandeuses) et d’autre part par la faune locale. En effet, les communes et notamment les villes touristiques, ont tendance à privilégier des semences « exotiques » pour des questions purement esthétiques. Par exemple dans les PO c’est surtout le jaune que l’on veut associer au rouge afin de recréer les couleurs du drapeau catalan, or pour le jaune on utilise souvent le pavot de Californie (Eschscholzia californica, Cham 1820) une plante allogène*. La faune exerce aussi de fortes contraintes sur ces cultures par la consommation des jeunes plantes en « vert ». Or au vu du prix des semences comme le coquelicot (35€/kg ; I. Arnault et C. Bouquet, 2009) très prisé des lagomorphes, il est souvent nécessaire de clôturer les parcelles, au moins le temps que les plants développent leur fleurs et soient moins appétants*. Les cultures en mélanges ont été mises en place dans deux buts : répondre à la problématique précédente (pression de la faune sur les jeunes pousses de fleurs) et diversifier au maximum les parcelles en culture tout en répondant aux exigences esthétiques et cynégétiques. Les mélanges consistent à mettre sur la même culture, différents groupes de végétaux (Voir Figure 1) ce qui permet d’accroitre leur potentiel. Cette synergie est possible
  • 19. 14 par exemple par le décalage dans le temps du développement des différentes semences. Ainsi, mettre des céréales avec des fleurs (phacélie, coquelicot) permet de protéger ces dernières pendant leur phase de germination (en « vert »). Les céréales étant souvent plus nombreuses en proportion (50 à 75% contre 5 à 15% pour des fleurs) et germant plus tôt, les herbivores (notamment les lagomorphes : lapins et lièvres) consomment préférentiellement les céréales, laissant ainsi la possibilité aux pousses de coquelicots ou bleuets de fleurir. Leurs fleurs attirent toute l’entomofaune* et notamment les pollinisateurs et auxiliaires offrant de nombreux services aux cultures agricoles avoisinantes. Le couvert végétal qu’offre les céréales et légumineuses permet d’abriter autant l’avifaune* que les petits mammifères ou les insectes : donc toute une biocénose. L’ouverture d’une parcelle en friche passe dans un premier temps par son girobroyage*, ce qui correspond à l’action que peut avoir un troupeau d’herbivores sur une prairie. Le travail du sol peut également être complété par un disquage*. Quoi qu’il en soit la parcelle ainsi prête peut soit être ensemencée, soit être laissée telle quelle. Dans ce dernier cas, elle sera colonisée par des adventices et le travail effectué de façon régulière (rectiligne, en bande, sur une parcelle) donnera un aspect entretenu au futur tapis végétal (et à moindre coût par les semences naturelles). De plus, ce type de tapis apporte une certaine garantie quant à la pérennité et à la qualité faunistique de la culture, en effet la plupart des plantes viendront de semences locales et donc adaptées au milieu. D’autre part, outre la composition de la culture, sa disposition, sa forme et sa superficie ont un rôle direct non seulement dans la richesse des milieux restaurés mais également dans la synergie des aménagements. En effet, le Conservatoire des Espaces Naturels du Languedoc-Roussillon (CEN LR) et la FDC66, recommande de travailler sur des surfaces réduites de 0,3 ha à 1 ha afin de favoriser une mosaïque de milieux (Photographie 2). En plus des cultures, la mise en place d’autres aménagements faunistiques et cynégétiques permet de créer des couloirs de circulation (corridors) dans cette mosaïque de milieux : haies, cultures ou lisières* en bandes, bosquets, assurent la connexion entre les parcelles restaurées et entre les différentes populations (Voir Figure 2). Tous ces dispositifs faunistiques, ne peuvent néanmoins voir le jour sans l’implication des acteurs locaux. Souvent peu averties sur les enjeux environnementaux de leur territoire, il est donc nécessaire d’aller à leur rencontre. C’est pour cela que je suis passé à la rédaction de documents qui me serviront de supports afin de sensibiliser le plus large public possible :
  • 20. 15 acteurs du milieu déjà sensibilisés, nouveau acteurs, etc. I.3- Démarche de communication et de concertation I.3.1- Réalisation des documents de supports Quelle utilitée pour de tels documents ? Cette question simple est pourtant essentielle pour justifier le temps et l’énergie dépensée à leur réalisation. Dans mon travail je me suis attelé dans les premiers jours à étudier les CF : qu’est que c’est ? Pourquoi ? Où ? Comment ? Autant de questions abordées précédemment. Néanmoins, la plupart de ces questions trouvent une réponse basée sur la mise en place et l’entretien des CF. Et trop souvent le « rendement » ou les bienfaits d’un point de vue faunistique sont seulement déduits par des observations de terrains. Aussi, bien que conséquentes ces déductions se doivent d’être confrontées à des protocoles et des expériences scientifiques rigoureuses afin de faire valoir leur légitimité. Les publications concernant les CF étant nombreuses mais hétéroclites j’ai donc réalisé un répertoire bibliographique regroupant le maximum de publications mettant l’accent sur les avantages des CF en fonction des enjeux (essentiellement basées sur des intérêts locaux comme le petit gibier). J’ai ainsi créé dans un premier temps, un tableau synthétique regroupant les avantages des CF selon plusieurs catégories (agricole, faunistique, Figure 2 : Schéma d'un réseau de cultures en mosaïque (Modifié d’après A. Dupont 2007)
  • 21. 16 cynégétique) et sous catégories (auto entretien des sols, services de régulation,…), toutes référencées sur des sites de publications numériques (ex : ScienceDirect) ou papiers (ONCFS, CEN LR,…). Ce tableau a pour but de conforter plusieurs observations de terrain, comme l’augmentation de la survie des jeunes perdrix rouges nichant dans des CF (Voir III.1). De plus, lors d’une réunion avec des élus ou des ACCA, un tel travail synthétique doit apporter une plus-value à l’argumentaire et à la concertation sur le terrain par le recours à des références scientifiques. Toutefois, dans un souci de clarté et simplicité de lecture, j’ai entrepris de réaliser trois fiches techniques sur la base de mon tableau. Disponible sur le site de la FDC66 ces fiches m’ont paru être des supports de communication plus esthétiques et surtout plus simples de lecture, accessibles aux chasseurs (via le site) et utilisables sur le terrain comme outils de communication (Annexe : Fiche 1 à 3). Une fois ce travail achevé, j’ai plus particulièrement œuvré sur ma zone d’étude : les Basses-Corbières. La ZPS BC est le 1er site du département où le DOBOC a été validé (2006). Cette première a entrainé l’opposition du monde cynégétique du fait des incertitudes qui entourer les aspects réglementaires liés à la mise en œuvre du réseau N2000 en France, et à une éventuelle remise en cause de la chasse. Si dans les autres sites du département les tensions se sont apaisés permettant ainsi d’aboutir à un travail collégial entre animateurs et acteurs locaux, dans la ZPS BC un contexte particulier s’est installé. L’absence de structure animatrices et de mobilisation locale a provoqué le blocage du dossier et maintenu une image peu favorable de N2000. Or la mise en œuvre de tout projet de terrain étant dépendant de son appropriation par l’ensemble des acteurs et de leur participation, une importante opération de communication auprès des chasseurs était nécessaire. Il a ainsi été décidé d’entreprendre des démarches auprès de ces ACCA concerné par la ZPS BC (Annexe : Carte 1) afin de les informer de nos actions en faveur de l’environnement et de la faune, mais également de leur possibilité à souscrire des contrats N2000. J’ai alors entrepris deux projets : la création d’un document d’information sur la ZPS Basses-Corbières et un dossier de communication par commune contenant une carte avec la délimitation communale et le tracé de la ZPS (réalisé sous MapInfo®). Le premier document est une synthèse expliquant ce qu’est une ZPS et N2000, puis l’importance d’un tel dispositif dans les BC. Le but est ici d’informer et sensibiliser le public le plus large et avant tout les acteurs locaux qui seraient intéressés par un contrat N2000 ; justifiant la mise en ligne du document. Dans le même temps, un outil cartographique permettant aux acteurs locaux de connaitre les zones éligibles était indispensable. J’ai donc réalisé des cartes numériques (à haute résolution pour une impression
  • 22. 17 au format A3) via logiciel SIG à partir de fond de carte IGN et de couches vectorielles mises à jour par les techniciens et chargés de missions de la Fédération. Sur chaque fond de carte et pour chaque commune concernée, j’ai superposé les limites communales ainsi que l’étendu de la ZPS, le tout associé à une lettre à l’intention du Président de l’ACCA ou du Maire de la commune. Pour Calce, j’ai complété la carte avec les aménagements que la commune a mis en place ces dernières années (Annexe : Carte 2). J’ai pris soin de différencier les aménagements à l’intérieur et à l’extérieur de la ZPS afin que les responsables locaux puissent identifier les aménagements susceptibles de bénéficier d’un contrat. L’objectif affiché était de faire souscrire un contrat pour chaque aménagement déjà présent en ZPS et ainsi d’en assurer leur entretien. Ces quatorze aménagements représentent plus de 4 ha réparties sur tout le territoire et entre autant propriétaires, ce qui complique parfois les démarches lors des signatures de contrats car bien qu’enclin à des accords verbaux ces derniers sont plus réticent à tout accord écrit. En parallèle, une réunion (du 22 mars 2013) à la DREAL du Languedoc-Roussillon (représentant du Ministère de l’Environnement dans la région) devait être pour nous un tournant dans la mise en œuvre du projet en posant un cadre officiel à la mise en œuvre des aménagements cynégétiques sur les sites N2000 en finalisant les cahiers des charges pour la mise en place de cultures faunistiques et de garennes. Néanmoins et comme nous le verrons plus tard, l’issue de cette réunion aura de lourdes répercussions sur ma mission. I.3.2- Réorientation de mission La réunion du 22 mars 2013 à la DREAL LR s’est conclue sur une information principale : le blocage des financements pour de nouveau contrats N2000 en 2013 en raison des restrictions budgétaires nationales et une « année blanche » pour 2014. Cette nouvelle m’a obligé à réorienter mon stage pour plusieurs raisons. Tout d’abord, une telle décision a nécessité de recontacter les structures que nous avions sollicité quelques semaines auparavant (ex : Calce) et qui étaient susceptibles de souscrire un contrat. En parallèle, le montage d’un dossier pour la cherche d’autres financements (auprès du Conseil Général, Conseil Régional par exemple) est envisagé mais retarde de plusieurs mois l’avancée du projet. Ma tutrice m’a donc proposé de suivre l’évolution de deux autres projets. Toujours en relation avec les
  • 23. 18 cultures faunistiques, sur deux communes de plaines : Claira (66530) et Saint-Nazaire (66570), qui serviront de vitrine pour la mise en œuvre du réseau de CF sur la ZPS. Cette réorientation a été radicale, me faisant passer de la théorie à la pratique : les dossiers sur ces deux communes étant à des stades différents mais reflétant bien la diversité de cas susceptible d’être rencontré en BC. Saint-Nazaire (commune bordant l’étang de Canet) a souhaité consulter la FDC66 dans le but d’installer des CF sur ses terres. Pour cela, un administrateur, ma tutrice et moi-même avons participé à une réunion avec le Maire et le Président de l’ACCA de la commune. Nous avons exposé les activités de la FDC66 en faveur de l’environnement et des bénéfices de l’implantation de CF. Suite à cette réunion, les plans cadastraux de la commune ont permis de repérer précisément les terrains susceptibles d’accueillir les cultures. Une étude de faisabilité sur ces parcelles permet de se rendre compte de leur état d’enfrichement, de leur exposition (vent, ensoleillement, visuel pour les populations locales ou saisonnières) et de la qualité du sol. Ces informations sont notées et permettront de choisir les moyens techniques, les semences et les dosages les plus adaptés. Par la suite, un compte-rendu sera présenté à la mairie avec les suggestions de la Fédération ainsi que les coûts de réalisation des travaux d’aménagement. Claira est une commune qui dans le passé était entourée de cultures viticoles. Depuis la déprise, la commune n’est plus entourée que de vieilles friches nuisant non seulement à la faune liée aux milieux ouvert, mais également à l’esthétisme de la commune. Très impliquée dans le maintien du gibier local, l’ACCA de Claira a depuis plus de 20 ans entrepris, avec la Fédération, d’investir dans les aménagements faunistiques. Haies, agrainoirs, CF sont rentrés dans les habitudes des chasseurs de la communes. Grâce aux techniciens de la Fédération, j’ai pu faire plusieurs sorties sur le terrain afin d’observer des cultures mises en place depuis plusieurs années et ayant servi d’expérimentation. Expérience non concluante ou succès indéniable, tous les cas de figure m’ont été exposés. Grâce à mes connaissances théoriques, j’ai pu déceler les bonnes et les mauvaises pratiques éprouvées sur le terrain, comme par exemple une plus large utilisation d’espèces fruitières dans les haies (comme le grenadier ou le cerisier afin de soutenir l’apport nutritionnel). Les résultats obtenus sont également entrés en application dans un projet agricole en partenariat avec des éleveurs du Vallespir et la mairie de Claira. Souhaitant à la fois revaloriser les friches, préserver la biodiversité et
  • 24. 19 restaurer des circuits courts, des parcelles fourragères et faunistiques vont être implantées sur la commune. La FDC66 a été consultée pour l’aménagement des cultures. Un repérage sur le terrain nous a permis (comme à Saint-Nazaire) de relever les principaux facteurs clés afin d’évaluer la somme de travail. Néanmoins, l’objectif étant plus productif qu’environnemental nous avons négocié une proportion de 10% de lisière en bordure de champs afin de favoriser les espèces animales locales et des pratiques agricoles respectueuses des périodes de nidifications. Le cahier des charges N2000 prévoit notamment des suivis sur l’impact des CF sur la faune sauvage. Enfin, d’assurer le suivi de l’intérêt de ces aménagements sur le terrain, j’ai participé à un comptage de perdrix rouge/lagomorphes sur la commune de Claira avec l’ACCA locale, suivant la méthode de « battue à blanc » utilisée pour la perdrix grise (ONCFS, 2010). Après avoir fait deux traques de plus 374 ha, les résultats obtenus sont recueillis et serviront notamment à prévoir les actions de l’ACCA et les prélèvements possibles pour la saison prochaine. Pour la Fédération le but est de suivre les populations de gibiers et de confronter ces chiffres avec ceux des communes n’ayant pas investi dans des aménagements faunistiques et n’ayant pas de politique de chasse raisonnée. Ces données seront également utilisées pour promouvoir, auprès d’autres ACCA, une meilleure gestion de leurs territoires cynégétiques. II- Résultats II.1- Retombées des cultures faunistiques Les cultures faunistiques sont aujourd’hui des dispositifs faisant le sujet de nombreuses études, notamment du fait de la prise de conscience des enjeux écologiques et anthropiques du maintien de milieux ouverts. Néanmoins, les scientifiques en relation directe avec les acteurs locaux comme les ACCA, travaillent depuis de nombreuses années sur l’aménagement de parcelles en friche. À la FDC66, cela fait plus de 20 ans que des techniciens comme M. Oliver GALAUP, travaillent à la mise en place et au suivi de ces cultures faunistiques. Ces années d’expérimentation, souvent par des méthodes empiriques, ont permis d’acquérir un grand nombre d’informations qui ont abouti à la normalisation du cahier des charges des cultures, mais surtout de mieux comprendre leurs impacts sur l’environnement. Les données qui
  • 25. 20 découlent de ces expériences de terrain ont, par exemple, permis de mettre en évidence des associations de semences particulièrement efficaces pour le développement de certaines espèces chassables comme la Perdrix rouge. Aujourd’hui, ces données ont été intégrées dans le « dossier amélioration », récapitulatif des aménagements réalisés par une ACCA sur l’année. De plus et afin d’aider les associations, une ancienne stagiaire de la FDC66 a réalisée des fiches techniques synthétisant toutes les données techniques relatives aux CF, garennes et autres aménagements. On y retrouve notamment des tableaux avec différentes associations de semences et leurs intérêts faunistiques et cynégétiques (L. Bassou et O. Galaup, 2012). Ce document est donc un support technique pour la bonne mise en place de ces aménagements, néanmoins il n’apporte pas de solides arguments scientifiques. C’est pour compléter ce travail fait en amont que j’ai réalisé mes fiches bibliographiques (Annexe 3, 4 et 5). Les études portées sur les cultures faunistiques ont longtemps été marginales. Depuis une dizaine d’années une meilleure compréhension de l’impact du milieu sur les organismes et des réseaux trophiques a encouragé les expérimentations à grandes échelles, sur des parcelles pas ou peu entretenues. Ainsi, des études portant soit sur des terres en friches soit sur des terres en jachère sont publiées régulièrement : dans les deux cas c’est le résultat de leur restauration qui nous intéresse. Dans le monde cynégétique les études portent essentiellement sur les espèces de petit gibier, lagomorphes (lapins, lièvres, etc) et oiseaux (perdrix, faisans, etc), mais également sur des espèces patrimoniales et/ou protégées (comme l’aigle de Bonelli). Le plus souvent, elles se focalisent sur une ou plusieurs espèces. Cependant, il semble aussi important de prendre en compte les bénéfices des CF pour le monde agricole : par l’occupation des sols non exploités, des plantes comme les céréales ou les fabacées apportent une plus-value certaine (L.G. Firbank et S.M. Smartn, 2003). Limitation de l’érosion des sols, enrichissement en azote, dégradation des produits phytosanitaires (M. Besoli, 2007 ; G. Dhellemmes, 2004), limitation de la dérive des pesticides de 95% en zone lisière (G.R. de Snoo, 1999) ou encore attractivité pour les auxiliaires de cultures (W. Delannoy, 2009 ; F.A.N. van Alebeek et al, 2003) : autant d’avantages qui ont fait l’objet de publications tant en France qu’à l’étranger. Des études régionales ont été menées pour le compte de la Fédération Régionale des Chasseurs du Languedoc-Roussillon afin de connaître l’impact de la réouverture et l’aménagement des parcelles en friche sur le petit gibier. Il ressort de ces travaux une meilleure réussite de la reproduction et du taux de survie des adultes grâce aux strates herbacées, à l’apport de nourriture et à la protection face aux prédateurs (G. Dhellemmes, 2004 ; FRC LR 2010). De
  • 26. 21 façon plus précise, Françoise Ponce-Boutin (2006) a suivi des populations de perdrix rouges dans l’Hérault. Elle a pu observer, grâce à la mise en place de CF couplée à une politique de chasse raisonnée, une survie accrue des jeunes de 30%. Cette augmentation vient notamment d’un meilleur couvert végétal et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord il offre un refuge pour la faune en particulier lors de la période de reproduction (CEN LR, 2008). Les mélanges de semences et la restauration des milieux permettent la diversification du tapis végétal et une plus large disponibilité des ressources alimentaires dans le temps dû au différentiel de croissance des plantes (Md Lutfor Rahman et al, 2011 et 2012 ; Tim G. Benton et al, 2003 ; M. Bourgeois, 2007). En Basses-Corbières ces milieux restaurés sont à la fois attractifs pour les petits mammifères mais aussi pour des espèces protégées comme l’aigle de Bonelli, ou le busard cendré (Circus pygargus, Linné 1758) (M. Bourgeois, 2007). L’impact sur les populations de prédateurs est un bon indicateur de la qualité de la restauration et de l’ensemble du réseau trophique. En effet, les prédateurs de ces milieux consomment essentiellement des proies herbivores ou insectivores. Or les CF agissent étroitement sur ces deux régimes alimentaires : de façon directe pour les herbivores (apport de nutrition en vert ou en graine) et de façon indirecte pour les insectivores via le développement de l’entomofaune*. Celle-ci profite en effet de la richesse des cultures en mélanges et se développe d’avantage dans des CF que sur des parcelles monoculturales (D. Pibarot, 1998). D’autre part, S. Jaulin, & D. Gautier (2009) ont montré que les strates herbacées des milieux restaurés étaient favorables au développement des orthoptères, maillon essentiel pour beaucoup d’insectivores. Dans cette publication les auteurs mettent en avant notamment des légumineuses et des crucifères comme la moutarde (Sinapis alba, Linné 1753) qui attirent fortement pucerons et coléoptères, denrées alimentaires de choix pour la plupart des jeunes d’espèces d’oiseaux comme la perdrix rouge. La synergie entre les différents aménagements faunistiques et cynégétique a été mise en évidence. Les haies par exemple, sont à la fois des sources de nourriture (selon les espèces végétales utilisées) mais servent également d’abris et de postes d’observation (Hinsley, S.A. et Bellamy, P.E. 2000). La création de CF et la synergie avec les autres dispositifs faunistiques et cynégétiques permettent avant tout le développement d’une mosaïque de milieux qui assure la diversification des espèces par leur maintien mais également par des échanges génétiques entre les populations (Tim G. Benton et al, 2003 ; voir Figure 2).
  • 27. 22 II.2- Natura 2000 : une parenthèse de 2 ans Travailler dans le cadre de Natura 2000 reste complexe. Le côté administratif et le cadre européen crée un système complexe avec des remontées d’information lentes entrainant souvent un flou administratif de la part des instances dirigeantes ou relais (DREAL). Un tel système dissuade souvent les acteurs locaux d’utiliser cet outil pour s’investir dans des actions de restauration. Le premier obstacle constaté lors de ma mission est donc la complexité administrative des contrats N2000. Une fois les pages de dossier remplies (type de milieu, localisation de la parcelle, superficie, estimation détaillée du coût des travaux, devis, etc), il faut ensuite fournir de nombreuses pièces justificatives comme par exemple l’acte de fondation de l’ACCA (parfois difficile à retrouver étant donné que certaines ACCA ont un demi-siècle). Bien que la Fédération accompagne les démarches, il reste un obstacle de taille : le remboursement des frais d’engendrés. En effet, le remboursement des aménagements comme les CF, ne se fait que sur présentation de justificatif de dépenses c’est-à-dire sur facture, obligeant ainsi les ACCA à faire appel à des prestataires plutôt qu’utiliser la main d’œuvre bénévole. De plus les structures doivent avancer les frais pour les actions de restauration qui ne seront remboursés que plusieurs mois plus tard. Or les maries ou les ACCA ne peuvent pas toujours avancer les fonds nécessaires qui bien souvent s’élèvent à plusieurs milliers d’euros. La FDC66 avance parfois les sommes nécessaires mais ce long délais de remboursement de la part de l’Etat et de l’Europe (50/50% des frais) reste fortement dissuasif. Les Basses-Corbières comptent une vingtaine de communes (et autant d’ACCA) dont Calce. Ma première constatation a été la nécessité d’améliorer l’image du réseau N2000 sur la ZPS BC afin d’y impliquer les acteurs locaux les plus retissant et méfiants. L’ACCA de Calce, d’ores et déjà très dynamique et impliqué dans la restauration des milieux avec la zone pilote, peut être une zone vitrine où démarrer le projet afin de l’étendre aux autres secteurs. Elle se montre en effet totalement investie et volontaire pour tout autre dispositif lui permettant d’entretenir les aménagements déjà réalisés. Cette motivation a d’ailleurs pu être soulignée lors de conversations téléphoniques avec le Président de l’ACCA de la commune. C’est pourquoi ma mission semblait alors se recentrer sur Calce. Suite à la réunion à la DREAL LR du 22 mars 2013, les cahiers des charges de CF et de garennes devaient être
  • 28. 23 finalisés et le point devait être fait sur N2000 dans la région. Mais l’information principale qui en est ressortie était tout autre. Le financement de N2000 repose sur un modèle sensiblement identique à la Politique Agricole Commune (PAC). De ce fait, une enveloppe est allouée pour financer les projets sur 7ans : celle-ci s’élève à 6,1 milliards d’euros par an en Europe, dont la moitié est assumée par les Etats (European Commission, 2013). Or 2013 était la dernière année de financement avant le redéploiement d’une enveloppe pour 2014-2021. Malheureusement, en mars, les budgets alloués au financement de nouveau contrat sont suspendus (seul le financement des postes des animateurs est maintenu). De plus, l’année 2014 étant dédiée au vote du budget 2014/2021 celle-ci sera probablement une « année blanche » sans possibilité de souscription à de nouveaux contrats. C’est donc une parenthèse de 2 ans qui s’installe pour Natura 2000 ce qui n’est pas sans conséquence sur l’animation des sites et in fine sur ma mission. III- Discussion et perspectives Les cultures faunistiques sont aujourd’hui, de par leurs intérêts environnementaux, pédagogiques, paysager et agricoles, des aménagements clés dans la restauration des milieux jusqu’alors en friche. Les nombreuses années de terrain mêlées aux études scientifiques ont permis d’accumuler une somme de connaissances importantes pour la maîtrise mais surtout l’anticipation des impacts de ces aménagements sur la faune sauvage. Les phases de terrain ont permis avant tout d’expérimenter différentes associations de plantes et de pratiques culturales en fonction des conditions environnementales (terrain, pH du sol, etc) et les objectifs de la restauration (visuel, impact sur du gibier, etc). Il est à noter que les résultats obtenus restent fidèles aux conclusions des études faites à postériori dans plusieurs pays. Les associations de plantes, les pratiques de girobroyage ou de fauches hors période de nidification, l’aménagement de lisières ou d’espaces pour les adventices participent grandement au développement de tout un réseau trophique. Les études scientifiques contribuent ainsi grandement à la légitimité des CF par l’apport de résultats chiffrés sur leurs impacts environnementaux. Ces résultats restent encore difficiles à obtenir car les protocoles nécessaires à leur mise en place sont dépendants de grandes surfaces au sol et de la bonne collaboration entre pouvoirs publics, chasseurs et agriculteurs. Si de nombreuses recherches ont permis de faire ressortir des valeurs sur l’impact des aménagements faunistiques (dont les CF) il serait néanmoins exagéré de leur attribuer tout le mérite. En effet le contexte local est à
  • 29. 24 prendre en compte et notamment (dans le cas cynégétique) de la gestion des populations de gibier par les associations de chasse et de la pression qu’elles exercent. Il est raisonnable de penser que la réouverture d’un milieu ne peut pas, à elle seule, suffire au bon développement des espèces chassables. C’est pour cela qu’une pression de chasse raisonnée, passant parfois par l’interdiction temporaire, doit y être associée. Finalement, il semblerait que l’avenir des CF se porte d’avantage sur des besoins communaux liés au tourisme. Souvent plus décidées à lever les fonds nécessaires à la mise en place de cultures, les communes du département sont de plus en plus volontaires pour se débarrasser des friches les bordant afin de revaloriser ainsi leurs sols et leur image. Les ACCA ne sont pas en reste, mais la baisse du nombre de chasseurs (moins 2000 chasseurs en 15 ans) et l’augmentation de leur moyenne d’âge tant à limiter leur action. Bien qu’il existe des outils pour les aider dans leur actions, certains d’entre-eux m’ont semblé non sans conséquences. Pour Natura 2000, mon expérience m’a révélé sa complexité et son opacité sur le plan administratif et financier. En Basses-Corbières, comme sur d’autres sites, ces aspects freinent beaucoup d’acteurs locaux pour la signature de contrat N2000. Bien que Calce (par ses expériences passées dans la zone pilote) souhaitait souscrire un contrat, la réunion à la DREAL a mis fin à leur ambition. L’image de N2000 étant encore a amélioré, l’arrêt du financement des contrats fin mars a pu consolider l’opinion de beaucoup de réticents. Toutefois les nombreux documents que j’ai réalisés (cartographie, fiches techniques, etc) et le temps investi au montage des différents dossiers permettront un redémarrage plus rapide de l’animation en 2015. Nous avons décidé d’accompagner la commune de Calce pour des démarches de financement autre que N2000 dans le but que les aménagements réalisés dans le passé puissent être entretenus grâce au Conseil Général. Grâce à cela, Calce pourrait s’inscrire comme une commune modèle dans le secteur des BC, en représentant une référence en termes d’investissement pour la faune sauvage. L’accompagnement de la Fédération pour de tels dossiers est essentiel. Si pour des structures déjà impliquées, il s’agit surtout d’un appui administratif et financier (ex : Zone Pilote de Calce), pour d’autres, (Saint-Nazaire) il a été nécessaire de présenter les actions de la FDC66 et les aménagements qu’elle réalise. C’est dans ce cadre que s’intègrent les documents que j’ai réalisé. Bien que je n’aie pu les exploiter sur le terrain, les techniciens et administrateurs de la Fédération les utiliseront lors de leurs entretiens. En complément du travail fait en amont (L. Bassou et O. Galaup, 2012), la Fédération possède désormais tous les
  • 30. 25 outils pour présenter, valoriser et rendre accessible ses actions pour l’environnement au public le plus large. C’est d’ailleurs auprès d’un un plus large public que les cultures faunistiques devraient trouver un regain d’intérêt. Les différentes missions que j’ai pu effectuer, après ma réorientation de mission, m’ont permis de constater l’application de cet aménagement sur le milieu agricole. Les anciennes pratiques culturales mêlées aux connaissances actuelles sur le fonctionnement et l’apport des différents groupes de végétaux semblent être destinés à s’intégrer dans la future révolution agricole. Les besoins alimentaires actuels et futurs, ainsi que la prise de conscience des enjeux écologiques permettent dès aujourd’hui de penser et d’expérimenter des pratiques agricoles basées sur le modèle d’écosystèmes complexes. C’est dans cette optique que les cultures faunistiques apportent leur pierre à l’édifice en étant l’esquisse d’un réseau conciliant la chasse, l’urbanisme et l’agriculture. Conclusion C’est sans réel apriori que j’ai intégré pour ces trois mois, la Fédération Départementale des Chasseurs des Pyrénées-Orientales. Bien loin du stéréotype du chasseur, j’ai découvert une structure réellement impliquée et active sur des questions écologiques et environnementales de notre temps. Ma mission sur la ZPS en Basses-Corbières fut riche en d’enseignement. Bien qu’avorté par manque de financement, ce travail m’a permis d’assimiler une grande partie de la théorie des CF et de l’environnement de Natura 2000. Bien que très théorique, cette première moitié de stage était essentielle pour la suite. En effet, le contexte peu favorable vis-à-vis de N2000 en BC a nécessité de travailler à la réalisation de nombreux supporte de communication indispensable non seulement pour sensibiliser et impliquer les acteurs locaux mais également pour les informer sur leur capacité à s’investir dans la restauration de leurs territoires. Les nombreuses sorties sur le terrain : visites de parcelles, réunions avec les acteurs locaux (élus, agriculteurs, chasseurs ou représentant de l’Etat) et les comptages sont autant de cas concrets rentrant soit dans des objectifs de concertation soit dans le cahier des charges de N2000. Ces différentes expériences ont été autant de chance où mes nouvelles connaissances et compétences ont pu être mis en œuvre et être confronter aux réalités du terrain. Je pense ainsi voir pu montrer, au travers de la réalisation de documents de travail et de mes suggestions sur le terrain, ma réelle motivation et mon intérêt pour ces aménagements faunistiques et des missions qui en découlent.
  • 31. 26 Bibliographie C. Foyer-Bénos (2009). Enquête sur la structure des exploitations en 2007 La crise viticole accélère le rythme de concentration (France: Agreste Languedoc-Roussillon). CEN Languedoc-Roussillon, and FRC Languedoc-Roussillon (2008). Agriculture et environnement en Languedoc-Roussillon : les cultures faunistiques (Fiche n°21). DREAL Languedoc-Roussillon (2010). DOCOB des Basses Corbières. A. Dupont (2007). Projet de loi de finances pour 2008 : Écologie, développement et aménagement durables. European Commission (2013). Financing Natura 2000 (Europe: Commission Européenne). F. A. N. Alebeek Manipulating biodiversity in arable farming for better pest suppression: which species and what scale? IOBC/WPRS Bulletin 26 (2003) 4. F. Ponce-Boutin, and J.-F. Mathon (2006). Impact des cultures faunistiques et d’un plan de chasse sur la dynamique des populations de perdrix rouge. ONCFS Rapport Scientifique 2006 66–70. Fédération Régionale des Chasseurs du Languedoc-Roussillon (2010). Expertise agro- environnementale du dispositif « cultures faunistiques » en région Languedoc-Roussillon (2003-2009) et proposition d’orientation Fédération Régionale des Chasseurs du Languedoc-Roussillon, and CEN LR (2008). Les cultures faunistiques. Fiche technique pour le choix des MAE pour améliorer la gestion de l’environnement, la préservation des milieux. Fintan Bracken, and Thomas Bolger (2006). Effects of set-aside management on birds breeding in lowland Ireland. Agriculture, Ecosystems & Environment 117, 178–184. G. César (2002). L’avenir de la viticulture française (Paris: Sénat). G. Dhellemmes (2004). Jachère Environnement Faune Sauvage en Nord Pas-de-Calais, (Bilan National.). G.R de Snoo (1999). Unsprayed field margins: effects on environment, biodiversity and agricultural practice. Landscape and Urban Planning 46, 151–160. I. Arnault, and C. Bouquet (2009). Aménagements. Intégrer la Biodiversité dans les Système d’exploitation agricoles : Espaces de Biodiversité. Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) (2013a). Évolution de la population totale au 1er janvier 2012 en Languedoc-Roussillon (INSEE). Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) (2013b). Surface des sites Natura 2000 en 2012 : comparaisons régionales (INSEE). Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) (2013c). Utilisation des
  • 32. 27 terres agricoles : comparaisons régionales (INSEE). J. M. Tourard (2007). Innovation, construction des marchés et filières (Supagro). J.-C.Rameau, D. Mansion, G.Dumé, and C. Gauberville (2008). Flore Forestière Française, guide écologique illustré (régions Méditerranéennes) (France: Perron). L.G. Firbank, and S.M. Smart (2003). Agronomic and ecological costs and benefits of set- aside in England. Agriculture, Ecosystems & Environment 95, 73–85. L. Bassou, and O. Galaup (2012). Dossier d’amélioration  : Fiches Techniques (n° 1 à 14). M. Besoli (2007). Enjeu de la jachère face au contexte actuel de la biodiversité (Fédération Nationale des Chasseurs). M. Bourgeois (2007). Relation entre avifaune des Corbières et les cultures faunistiques (Ligue de Protection des Osieaux de l’Aude: Université Paul-Cézanne, Aix-Marseille III). Md Lutfor Rahman, and Sam Tarrant (2012). Influence of habitat quality, landscape structure and food resources on breeding skylark (Alauda arvensis) territory distribution on restored landfill sites. Landscape and Urban Planning 105, 281–287. Md Lutfor Rahman, Sam Tarrant, Duncan McCollin, and Jeff Ollerton (2011). The conservation value of restored landfill sites in the East Midlands, UK for supporting bird communities. Biodiversity and Conservation 20, 1879–1893. Ministère de l’Ecologie et du Développement Durable (1999). Plan de restauration national de l’Aigle de Bonelli (France: Ministère de l’Ecologie et du Développement Durable). Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS) (2010). Protocole de comptage en battue des perdrix grises. Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS) (2011). Rapport scientifique 2011 (France: ONCFS). D. Pibarot (1998). Comparaison des peuplements d’invertébrés de trois milieux herbacés sur le Causse du Larzac. 112. S. Jaulin, and D. Gautier (2009). Etude des Orthoptères des sites expérimentaux du LIFE Basses Corbières. Synthèse des 4 années de prospections, 51 p. (Perpignan: OPIE Perpignan). S.A Hinsley, and P.E Bellamy (2000). The influence of hedge structure, management and landscape context on the value of hedgerows to birds: A review. Journal of Environmental Management 60, 33–49. Tim G. Benton (2003). Farmland biodiversity: is habitat heterogeneity the key? Trends in Ecology & Evolution 18, 182–188. W. Delannoy (2010). Impact des cultures intermédiaires sur les populations d’insectes (France: ONCFS, FNC, Argrifaune).
  • 34. 29 Carte 1 : Limites des communes concernées par la ZPS en Basses-Corbières Annexe 1 :
  • 35. 30 Annexe 2 : Hors de la ZPS Dans la ZPS La Zone de Protection Spéciale (ZPS) en Basses-Corbières occupe 29562ha. Elle représente une proportion important du territoire de la commune de Calce et s’étend sur 2017ha, ce qui représente prêt de 43% du territoire de Calce (et 3,5% de la ZPS en Basses-Corbières). Un certain nombre d’aménagements ont été mise en place sur la commune : 61 d’après les dernières chiffres, dont 14 en ZPS (soit 23%). Carte 2 : Délimitation de la ZPS dans la commune de Calce (en bleu) et des aménagements à l'extérieur (en point rouge) et à l'intérieur (point vert), de la ZPS (Source : IGN et DREAL LR, par Nicolas PUIGMAL, Février 2013).
  • 36. 1 Crédits photo : FDC66 et Nicolas PUIGMAL Références scientifiques M. Besoli, (2007), Enjeu de la jachère face au contexte actuel de la biodiversité. Fédération National des Chasseurs G. Dhellemmes, 2004. Jachère Environnement Faune Sauvage en, Nord Pas-de- Calais, Bilan National- Suivi scientifique. Fédération Régionale des Chasseurs du Nord Pas-de-Calais. 41p G.R. de Snoo, 1999, Unsprayed field margins: effects on environment, biodiversity and agricultural practice, Landscape and Urban Planning 46 (1999) 151-160) W. Delannoy (2009), Impact des cultures intermédiaires sur les populations d’insectes, 2008 Arnaud et Bouquet (2009), Couvert faunistiques et floristiques F.A.N. van Alebeek et al, 2003, Manipulating biodiversity in arable farming for better pest suppression: which species and what scale? Fédération Régionale des chasseurs du Languedoc- Roussillon (2010), Expertise agro-environnementale du dispositif « cultures faunistiques » en région Languedoc-Roussillon (2003- 2009) et proposition d’orientation, p83-84 Auto-entretien des sols : - Limitation de l’érosion. - Amélioration de la qualité du sol : apport de matière organique, azote et aération. - Rétention et dégradation des pesticides par les zones tampons (bordure de champs). Services de régulation : - Zone refuge pour les auxiliaires de cultures (coccinelles, carabes, papillons, lombrics). - Consommation d’espèces déprédatrices par ces auxiliaires. Services généraux : - Limitation de l’impact des espèces déprédatrices (lapins, sangliers,…) sur des cultures agricoles avoisinantes. - Maintien des populations de pollinisateurs. - Protection contre les incendies (pare-feu). - Non ajout d’amendement (engrais). - Entretien de terres ne pouvant être travaillées par leurs propriétaires. - Possibilité de faire entrer les cultures faunistiques dans les critères d’éco- conditionnalité des Bonnes Conditions Agro- Environnementales de la PAC. Intérêts agricoles L’Intérêt des Cultures Faunistiques FDC 66, 47 avenue Giraudoux – BP 91021 – 66010 PERPIGNAN Tel : 04.68.08.21.41 Fax : 04.68.08.21.42 Mél : fdc66@fdc66.fr SIRET : 77616003800027-913E Fiche n°1 Annexe 3 : 31
  • 37. 2 Crédits photo : FDC66 et Nicolas PUIGMAL Références scientifiques Md Lutfor Rahman et al, 2012, Influence of habitat quality, landscape structure and food resources on breeding skylark (Alauda arvensis) territory distribution on restored landfill sites, Landscape and Urban Planning 105 (2012) 281–287) Rahman, M. L. et al (2011). The conservation value of restored landfill sites in the East Midlands UK for supporting bird communities. Biodiversity and Conservation, 20, 1879–1893 Bourgeois M. (2007). Relation entre avifaune des Corbière et les cultures faunistiques. Master Sciences de l’Environnement Terrestre de l’Université Paul Cézanne, Aix-Marseille III. LPO Aude. 23p Ponce-Boutin et al, (2006), Impact des cultures faunistiques et d’un plan de chasse sur la dynamique des populations de perdrix rouge Hinsley, S.A. and Bellamy, P.E. (2000) The influence of hedge structure, management and landscape context on the value of hedgerows to birds: a review CEN LR, 2008, Les cultures faunistiques. Fiche technique pour le choix des MAE pour améliorer la gestion de l’environnement, la préservation des milieux. Fiche 21 Jaulin, S. & Gautier, D. (2006). Etude des Orthoptères des sites expérimentaux du LIFE Basses Corbières. 1ère année de prospections. Rapport d’étude OPIE-LR, Perpignan, 35 p. D. Pibarot (1998), Comparaison des peuplements d’invertébrés de trois milieux herbacés sur le Causse du Larzac. Institut Méditerranéen du Patrimoine Cynégétique et Faunistique, 112p Tim G. Benton et al, 2003, Farmland biodiversity: is habitat heterogeneity the key? TRENDS in Ecology and Evolution Vol.18 No.4 April 2003 Intérêts faunistiques Généralités - Réouverture de milieu et restauration d’un habitat favorable permettant le retour, le maintien et le développement d’espèces d’intérêt patrimonial, protégées et/ou d’intérêt cynégétique Maintien d’un couvert : refuge et reproduction de la faune - Favorisation de la survie des jeunes Perdrix rouge (Alectoris rufa) si les cultures sont associées à une régulation de la chasse - Refuge pour la faune, en particulier lors de la période de reproduction : petits mammifères, passereaux, espèces gibier. Développement d’une végétation source de nourriture - Observation d’espèces proies se nourrissant dans ces parcelles faunistiques (lapin, lièvre, passereau,…) ainsi que des espèces protégées (ex : le Busard cendré,…) - Les cultures sont une source de nourriture directe (graines, parties vertes, fleurs, fruits), ou indirecte (insectes qui s’y installent). Développement d’une parcelle diversifiée - Facilitation du développement de populations d’invertébrés, due à la variété des semences utilisée : on en trouve plus en culture faunistique qu’en parcelle monospécifique - Mosaïque paysagère des espèces végétales permettant la diversification des espèces animales L’Intérêt des Cultures Faunistiques FDC 66, 47 avenue Giraudoux – BP 91021 – 66010 PERPIGNAN Tel : 04.68.08.21.41 Fax : 04.68.08.21.42 Mél : fdc66@fdc66.fr SIRET : 77616003800027-913E Fiche n°2 Annexe 4 : 32
  • 38. 3 Crédits photo : FDC66 Références scientifiques Fédération Régionale des chasseurs du Languedoc- Roussillon (2010), Expertise agro- environnementale du dispositif « cultures faunistiques » en région Languedoc-Roussillon (2003-2009) et proposition d’orientation. G. Dhellemmes, 2004. Jachère Environnement Faune Sauvage en, Nord Pas-de-Calais, Bilan National- Suivi scientifique. Fédération Régionale des Chasseurs du Nord Pas-de- Calais. 41p. Intérêts cynégétiques Maintenir et développer des populations de petit gibier - Augmentation de la réussite de la reproduction et du taux de survie des adultes due à aux strates herbacés (apport de nourriture et protection des prédateurs) Apport au détenteur du droit de chasse - Valorisation de l’image des chasseurs : légitimation en tant que gestionnaire - Possibilité de financement pour la mise en œuvre des « contrats Natura 2000 » qui peut permettre l’achat de matériel - Plus de 600.000 euros dépensés pour les FDC et 400.000 euros d’investissement humain de la part des chasseurs (bénévolat) par an : aucune autre activité extra-professionnelle ne peut se prévaloir d’un tel effort en faveur des espaces naturels et ruraux (2010) - Mise en contact avec des structures agricoles (pour les semences), les associations de forestiers, randonneurs, permet de faire connaître les structures via les cultures faunistiques L’Intérêt des Cultures Faunistiques FDC 66, 47 avenue Giraudoux – BP 91021 – 66010 PERPIGNAN Tel : 04.68.08.21.41 Fax : 04.68.08.21.42 Mél : fdc66@fdc66.fr SIRET : 77616003800027-913E Fiche n°3 Annexe 5 : 33
  • 39. 4
  • 40. 5 Les cultures faunistiques sont des aménagements permettant de revaloriser des parcelles non entretenues. Très nombreuses dans le département du fait de la déprise viticole, ces parcelles souvent en friche traduisent la fermeture naturelle d’un milieu ouvert. Toutefois du fait du fort passé viticole et pastoral des Pyrénées-Orientales, des espèces telles que la perdrix rouge (Alectoris rufa) ou l’aigle de Bonelli (Hieraaëtus fasciatus) ont colonisé ces espaces et participé aux traditions cynégétiques. Afin de protéger ces espèces et ce patrimoine, les Associations Communales des Chasseurs Agrées (ACCA) et les mairies sollicitent la Fédération Départementale des Chasseurs des Pyrénées-Orientales (FDC 66) pour réaliser des cultures faunistiques sur leurs territoires. Grâce aux années d’expérimentation, le cahier des charges de ces cultures permet d’adapter les pratiques selon la nature du milieu à restaurer. Néanmoins ce dispositif s’accompagne de coûts humains et financiers conséquents et le constat sur le terrain fait état d’une complexité administrative souvent rédhibitoire. C’est donc un travail complexe d’accompagnement, de communication et concertation qui est nécessaire sur le terrain afin de mobiliser le plus possible les acteurs locaux afin de restaurer et préserver pour les générations à venir ce riche patrimoine naturel. Mots clés : Aménagement / Faunistique / Cynégétique / Natura 2000 / Basses-Corbières Faunistic cultures are upgrading facilities applied to unfarmed plots. Numerous in the county due to grape vine abandonment : these wasteland often see the natural closure of an opened environment. However, because of a strong wine and pastoral tradition the Pyrénées- Orientales species such as red-legged partridge (Alectoris rufa) or Bonelli's eagle (Hieraaëtus fasciatus) have colonized these ecosystems and involved in hunting habits. To protect these species and this legacy the Associations Communales des Chasseurs Agrées (ACCA - Communal Associations of Chartered Hunters) and municipalities rely on the Fédération Départementales des Chasseurs des Pyrénées-Orientales (FDC 66 – Hunters Departmental Federation from the Pyrénées-Orientales) to carry out faunal crops on their territory. Thanks to many years of experimentation : specifications of these crops can be adjusted according to the ecosystem to restore. Yet this device is associated with substantial human and financial costs and field experiment often show dissuassive administrative complexity. Therefore it’s an intricate work for support, communication and cooperation needed on the spot to mobilize increasingly local stakeholders in order to restore and preserve this rich natural heritage for future generations. Keywords : Facilities / Faunistic / Cynegetic / Natura 2000 / Basses-Corbières Résumé Abstract