1. 44 SPORTS LeMatinDimanche I18 AOÛT 2013
Contrôle qualité
Une sensation de bien-être dans un corps qui se muscle entièrement. Imago Sportfotodienst
INVENTÉ POUR DEVENIR UN VÉLO SUR L’EAU
ORIGINES Plusieurs histoires
se racontent à propos des origines
du stand-up paddle. Les prémices
auraient pour origine Hawaii, quand
les professeurs de surf se sont mis
debout sur leurs planches pour
mieux observer leurs élèves. Mais
celui qui a vraiment lancé le phéno-
mène au niveau mondial s’appelle
Laird Hamilton: le surfeur améri-
cain, originaire d’Hawaii, avait pré-
dit que le stand-up paddle devien-
drait un véritable «vélo sur l’eau».
Même si le nombre d’amateurs qui
pratiquent la discipline comme loisir
a considérablement augmenté ces
dernières années, les compétiteurs
restent rares. On dénombre
environ 60 paddleurs romands
aux championnats suisses,
selon Gaël Vuillemin.
La dimension des planches varie
selon les disciplines techniques
ou longue distance. La longueur
peut aller de 2,50 à 4,10 m.
Quant à la largeur, elle fluctue
entre 66 et 80 centimètres. x
GLISSE Le phénomène séduit des milliers d’amateurs grâce à ses vertus relaxantes
Le bel élan du «paddle» pourrait
l’emmener aux Jeux olympiques
Ce sport tend vers
un mouvement parfaitement
limpide. Il se décline aussi
sur un mode compétition, où
les fédérations se l’arrachent.
Simon Vuille
simon.vuille@lematindimanche.ch
Le regard fixe l’horizon. Le corps se
penche, lui, légèrement vers l’avant,
avant de se redresser pour retrouver
la position verticale. Les coups de
rame donnent la cadence dans un
mouvement calme et régulier, pres-
que poétique.
«Le stand-up paddle, c’est surtout
du feeling et de l’instinct. Comme
pourleski,ilfautavoiruneglissepar-
faite»,expliqueGaëlVuillemin,vice-
président de l’Association suisse de
stand-up paddle (ASSUP).
D’origine hawaiienne, ce sport ré-
cent se pratique aussi bien pour le
plaisir qu’en compétition. Depuis
2011, l’ASSUP organise des cham-
pionnats nationaux pour départager
les meilleurs paddleurs helvétiques. Il
y a deux types de compétition: la lon-
gue distance entre 15 et 20 km, et la
technical race, une course spectacu-
laire avec des virages et des passages
sur terre ferme.
Le potentiel d’attrait de la disci-
pline est tel qu’une entrée aux Jeux
olympiques est envisagée. Les Fédé-
rations internationales de canoë et de
surf se battent pour récupérer ce
sport, selon Gaël Vuillemin. «En pre-
nant le stand-up paddle sous son aile,
la Fédération de surf espère pouvoir
accéder enfin aux JO.»
La star suisse
Tous les spécialistes de la discipline
s’accordent sur un point: s’il y a une
star du stand-up paddle en Suisse,
c’est Steeve Fleury.
«Ce type a un talent inné pour la
glisse. Il n’a pas l’âme d’un compéti-
teur, mais il est triple champion
suisse», s’étonne Gaël Vuillemin,
égalementfondateurduclubSUPGe-
nève.
Steeve Fleury est un véritable pas-
sionné des sports de glisse. Enthou-
siasmé par un reportage sur le phé-
nomène, il s’est jeté à l’eau en 2007
et n’a plus quitté la planche. «Ac-
tuellement, je jongle avec les petits
boulots pour pouvoir passer le plus
de temps possible sur le lac», ra-
conte l’homme au crâne rasé et à la
longue barbe.
La connaissance de l’eau et de la
glisse est donc un élément essentiel
du stand-up paddle», comme le
confirme Robert Etienne, président
de l’ASSUP. «La beauté de ce sport
réside dans le fait qu’il ne suffit pas
de s’entraîner comme un fou pour
gagner. Bien sûr, la condition phy-
sique est importante, mais il faut
surtout avoir le toucher et la techni-
que adéquats.»
Très peu d’argent à gagner
Steeve Fleury s’est frotté à l’élite de la
discipline, lors des championnats du
monde organisés par la Fédération
internationale de surf. «Sans grande
préparation, je me suis classé à la
15e place. Je pense pouvoir atteindre
le top 10 ces prochaines années.»
Même s’il y a plus d’une centaine
de compétiteurs à travers la Suisse, il
existepeud’occasionspourlespadd-
leurs de se mesurer les uns aux
autres. Le Naish Tour propose une
dizaine de rendez-vous de mai à oc-
tobre, mais les distances et les modes
de compétition diffèrent d’un week-
end à l’autre.
«Nous sommes en discussion avec
les organisateurs du Naish Tour pour
essayer de créer un championnat of-
ficiel avec plusieurs manches tout au
long de l’année», confie Gaël Vuille-
min. Un sport qui reste malgré tout
au niveau amateur, explique Raphaël
Dutoit, distributeur commercial de
la marque Nidecker pour la Suisse.
«Nous développons du matériel
chaque année avec les meilleurs
paddleurs, mais il y a très peu d’ar-
gent à gagner dans les compétitions
pour l’instant.»
Recentrage sur soi
Si le stand-up paddle rencontre un tel
succès, c’est d’abord pour sa capacité
à être relaxant.
«Le mouvement répétitif et la
proximité avec l’eau créent un état
presque méditatif», explique Cédric
Reynard, fondateur d’un centre de
stand-up paddle en Lavaux.
Des vertus confirmées par Gaël
Vuillemin: «Sur l’eau, on ne pense
plus aux soucis de la vie quotidienne,
on se recentre sur soi.»
Ce sport est aussi un excellent
moyen de renforcer sa musculature:
des grands croisés aux fessiers en
passant par les abdos, presque tous
les muscles du corps sont sollicités.
«Dans une société où les gens souf-
frent du dos, ce sport est une excel-
lente opportunité pour prévenir ce
genre de problèmes», conclut Cé-
dric Reynard. x
SENSATION
«Le mouvement
répétitif et la
proximité avec l’eau
créent un état
presque méditatif»
«C’est surtout
du feeling
et de l’instinct.
Comme pour le ski,
il faut avoir
une glisse parfaite»
GAËL VUILLEMIN
Vice-président de l’association suisse